Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Chaîne autour du soleil

Chaîne autour du soleil 01Un mode d’invasion original pour un récit qui l’est tout autant…

Auteur de nationalité américaine, Clifford D. Simak est une référence incontournable du paysage de la science-fiction. On lui doit notamment les ouvrages suivants : Demain les chiens (l’un de ses plus connus), Voisins d’ailleurs, ou encore Frères Lointains.

Avec Chaîne autour du soleil, il nous entraine dans une sf originale où l’invasion des Mtants est en marche, mais pas d’une façon traditionnelle… en effet, l’une des plus grandes faiblesses de l’homme est son système économique, et elle va être exploitée jusqu’à la corde…

Effondrer l’économie de l’homme comme garantie de victoire

Quand les dispositifs ont débarqués dans les boutiques, c’était un véritable événement. En effet, le fabriquant promettait un produit absolument inusable. Ça a commencé avec des rasoirs, puis des ampoules, puis des objets de la vie quotidienne de plus en plus gros et importants.

Peu à peu, c’est l’économie mondiale qui est menacée, et qui se met en devoir d’agir pour protéger ses intérêts, et aussi ceux de ses milliers d’employés au passage. Mais est-ce qu’un congloméra – si puissant soit-il – d’hommes dirigeants des multinationales suffira à éliminer la menace qui pèse sur tous ? C’est en tout cas ce qui est tenté à travers la personne de Jay Vickers, écrivain fauché à succès de son état. Quel rapport et quel poids peut-il avoir dans l’affaire ? Lui-même l’ignore…

Chaîne autour du soleil 03Déstabilisant, mais dans le bon sens du terme

L’intrigue de chaîne autour du soleil est extrêmement séduisante de par le mode d’invasion original utilisé. Après tout, sans économie, c’est tout ce qui fait notre société qui s’effondre : plus d’argent et c’est l’anarchie assurée à toutes les échelles. Rien que pour cette idée qui change des invasions de vaisseaux spatiaux surarmés, on salue Clifford D. Simak.

Tout comme Jay Vickers, le lecteur est trimballé sans réellement connaître les enjeux ou les risques que tout cela implique. On appréciera l’intrigue qui nous emmène de révélations en révélations à un tel point que l’on ne sait plus si ce que l’on sait est la vérité ou non. C’est une histoire déstabilisante, mais agréable à lire.

Le seul point noir selon moi est en rapport avec la toupie de son enfance que notre héros retrouve. Son utilisation étrange, entre surréalisme et onirisme nous égare littéralement dans le délire de l’auteur, que l’on a un peu de mal à suivre sur ce passage. Cette partie du récit désoriente sérieusement le lecteur, mais ne doutons pas que ce soit là le résultat escompté par l’auteur, qui maîtrise donc parfaitement son récit.

Chaîne autour du soleil 02En conclusion, Chaîne autour du soleil est un bon petit classique de la science-fiction. Plus édité pour le moment, il n’en reste pas moins incontournable, de son début intriguant, jusqu’à sa fin, maligne et parfaite. A lire par tout amateur de sf. Si vous tombez dessus au détour d’une brocante ou autre, n’hésitez pas ! Cependant, ne lisez pas la quatrième de couverture qui révèle l’intrigue jusqu’à un point assez avancé du roman…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique jeunesse : Roby ne pleure jamais

Roby ne pleure jamaisParu en août 2013, Roby ne pleure jamais est une nouvelle de science-fiction sortie dans la collection Mini Syros Soon.

L’auteur, Eric Simard a déjà publié de nombreux écrits de science-fiction pour la jeunesse, on lui doit notamment L’enfaon, Robot mais pas trop, Les aigles de pluie et en octobre dernier Le cycle des destins qui est le premier tome d’une nouvelle saga.

Robots et sentiments : deux termes incompatibles

Roby fait partie d’une des toutes dernières générations de robots, programmé pour ressentir une foule de choses : le froid, la douleur, les nuances du toucher.

Sa mission, prendre soin et distraire la jeune Cyrielle, ses parents étant partis sur la planète Mars. Cependant, être un robot n’a pas forcément que des avantages, et quand Roby accompagne la jeune Cyrielle à l’école, ce dernier est harcelé par des garçons de sa classe. Coups, paroles méchantes, le harcèlement que subit Roby va crescendo sans qu’il ne puisse riposter, en effet, un robot ne peut lever la main sur un humain uniquement si la vie d’un autre être humain est en danger.

Mais à force de frustration et de tensions, Roby va franchir la ligne qu’un robot ne doit jamais franchir, et pour cela, il risque son arrêt définitif.

Une belle leçon sur ce qui défini l’homme

Roby devient ainsi le symbole d’une cause et d’un idéal, dépassant de loin la portée de son acte. Une histoire bien construite, le tout sur le fond d’une légère romance, l’histoire a l’avantage de pouvoir parler aussi bien aux filles qu’aux garçons. A sa manière, ce petit roman fait penser à la nouvelle L’homme bicentenaire d’Isaac Asimov, où la frontière entre l’homme et la machine devient de plus en plus floue et ténue. Le clin d’œil a beau ne pas être perceptible pour les jeunes lecteurs, la voie est tout de même ouverte à la méditation.

On appréciera la réflexion que la lecture de ce petit livre offre aux jeunes lecteurs. A creuser pourquoi pas en classe ; les livres de la collection Mini Syros ayant souvent cet usage dans les écoles, celui-ci offre une belle opportunité à la discussion et au débat. A lire dès l’âge de huit ans environ.

AUTEUR :
EDITEUR : , ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Cache-cache avec les zombies

Cache-cache avec les zombisNouveauté parue au début du mois d’octobre 2013, Cache-cache avec les zombies se base sur les mêmes principes que la série de livres Où est Charlie, mais en beaucoup plus gore.

L’illustrateur Paul Moran a déjà fait d’autres ouvrages du type cherche et trouve aux éditions Flammarion avec le livre Cache-cache avec les suricates qui était destiné à de jeunes lecteurs.

Mais où est donc la famille zombie ?

Avant d’être une famille de zombies, les Peters étaient respectables et surtout normaux. Mais les choses ont changé quand le virus ZX-5 a atteint le père de famille, contaminant ainsi sa femme, ses enfants et ses parents… La propagation du virus commence, et plus on avance dans ce livre cache-cache plus il devient difficile de trouver la famille Peters… les zombis de toutes sortent envahissant les pages.

Cherche et trouve zombis (2)Nous commençons notre quête de zombies dans une grande salle de mise en quarantaine. Peu de zombis au début, mais déjà beaucoup de détails qui fourmillent. Les trouver n’est pas si simple que cela, surtout si l’on ajoute les animaux domestiques de la famille : leur chien et leur chat (ou plutôt leur squelette).

On continue notre recherche de la famille zombies à travers de nombreuses scènes : lycée, station de métro, ville, campagne, hypermarché, même le Bureau ovale n’est pas épargné… les pages deviennent de plus en plus sanglantes au fil de l’avancement de l’histoire.

Cherche et trouve zombis (1)Massacre de vaches zombies, gens fusillés à bout portant et éclaboussures sanglantes sur de nombreux murs… l’ambiance est posée : c’est gore, et c’est fun ! Le tout regorge d’une foule de petits détails tous plus amusants et terribles les uns que les autres : zombies écrasés par un scooter, homme dévoré vivant, zombies croisés avec des animaux donnant un résultat des plus horribles…

Petit plus, à la toute fin du livre, vous retrouverez la solution de chaque double-page, et surtout, vous avez d’autres missions : retrouver huit alligators, un rouleau de papier toilette ou encore un homme avec une cravate bleue. Vous pouvez cocher ensuite la mission quand vous l’aurez accomplie !

En bref, on se distrait autant à chercher la famille Peters qu’à trouver des détails amusants. Le dessin de Paul Moran est très détaillé, efficace et fort plaisant à parcourir.

Cache-cache avec les zombies conviendra parfaitement à des lecteurs âgés d’environ treize ans minimum, scènes sanglantes omniprésentes oblige.

Cherche et trouve zombis (3)

AUTEUR :
GENRE : Horreur, Humour
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Cleer, une fantasy corporate

Cleer (une fantasy corporate)Un roman d’une nébuleuse clarté

Cleer est un roman qui avait fait parler de lui dans le petit monde de la science-fiction française à sa sortie en 2010. A la fois fascinant et étrange, urbain et fantastique, ce texte aux multiples facettes est difficile à cerner. Paru chez Lunes d’Encre en grand format, l’édition de poche est quant à elle sortie chez Folio SF en mars dernier, comme les autres titres de l’écrivain.

Son auteur, Laurent Kloetzer et sa femme Laure ont notamment écrit ensemble l’Anamnèse de Lady Star (Lunes d’Encre) qui vient de paraître en avril dernier. Docteur en psychologie et consultant, Lautent Kloetzer noue à la fois sa passion pour l’anticipation et ses connaissances professionnelles pour nous offrir le portrait d’une entreprise qui engloutit tout sur son passage.

L’image corporate avant l’humain

Cleer est une superpuissance économique, elle touche à tous les domaines, tous les secteurs d’activité et englobe même des marchés dont on ignore tout. Cleer est immense, omniprésente et donne l’image d’une entreprise tentaculaire et inébranlable. Et c’est le cas. Mais si il y a bien une chose à laquelle on peut s’attaquer, c’est son image et la façon dont le monde la perçoit.

Ainsi, pour protéger ses intérêts et son image, Cleer possède un service bien spécial où travaillent la jeune et prometteuse Charlotte ainsi que l’ambitieux Vinh. Ce duo peu probable mais complémentaire va devoir affronter des problématiques bien différentes, mettant toutes d’une façon ou d’une autre le doigt sur un disfonctionnement de l’entreprise. A eux de résoudre les problèmes sous peine de remettre en question leur carrière au sein du groupe… mais est-ce seulement cela qui est en jeu ?

Suicides en chaîne dans un centre d’appels, mutations génétiques dans des champs, ou encore trafics dans une usine… les missions seront nombreuses.

CleerUn roman complexe et exigeant

Autant l’annoncer d’emblée, Cleer est un texte à l’écriture assurée et fluide, mais pas aisément accessible. Trop de non-dits, de symboliques à élucider pour prendre un réel plaisir à la lecture. Les différentes enquêtes que traitent Vinh et Charlotte sont de plus en plus étranges et mènent le lecteur à un point de non-retour où il devient difficile de suivre l’auteur dans son cheminement.

La première moitié du roman est très plaisante, on apprend à découvrir l’univers froid et cruel du monde en entreprise et ses pressions. La relation ambigüe qu’entretiennent nos deux protagoniste, entre attirance et aversion est également fort bien nourrie par leur dialogues, leur comportements.

Mais la seconde moitié du roman nous amène au cœur de ce qu’est réellement Cleer : quelque chose de plus grand encore que ce que l’on croyait. Une entreprise qui mène ai cieux ou tout droit en enfer…

On arrive alors à des scènes nébuleuses, peu compréhensibles qui dissipent le plaisir premier de la première partie, même si cela reste volontaire de la part de l’auteur. En effet, les voies de Cleer sont impénétrables….

cleer-barelogoEn conclusion, Cleer est un roman qui tranche définitivement avec l’idée que l’on pourrait se faire de la science-fiction. A la fois roman psychologique teinté d’un côté aseptisé propres aux grandes institutions déshumanisées, on en sort changé et déstabilisé.

Une chose est certaine, il s’agit là d’un texte de qualité, mais difficile d’accès par son manque de précision et d’explications (voulues par l’auteur), à réserver à ceux qui n’ont pas peur de se perdre dans les méandres de la superpuissance qu’est Cleer (logo de l’entreprise ci-dessous)…

Cet article a été chroniqué pour le site ActuSF.

AUTEUR :
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La Fille-Sortilège

La fille-sortilègeSorti en mars dernier dans la collection ado du Pré aux Clerc nommée Pandore, La Fille-Sortilège est un roman de fantasy à l’univers accrocheur et à l’histoire bien construite. Le livre vient d’ailleurs de recevoir le prix Elbakin 2013 du meilleur roman fantasy français jeunesse.

Son auteur, Marie Pavlenko, est française et commence à se faire un nom dans le monde de l’imaginaire français. Elle a commencé à faire parler d’elle à la sortie de son premier roman : Le livre de Saskia (chez Scrinéo Jeunesse), qui fait partie d’une trilogie. A la mi-octobre, Marie Pavlenko va d’ailleurs clore son cycle de Saskia.

La Cité des Six, une belle utopie… pour qui y vit bien

Plantée en plein désert se trouve la Cité. Magnifique, prolifique, magique… les superlatifs ne manquent pas pour décrire la Cité des Six dont les origines légendaires sont connues de tous. Elle regroupe six clans au savoir-faire unique et nécessaire aux autres, leur équilibre est la source de leur harmonie.

Ainsi trouve-t-on les clans suivants : Les Planteurs, Les Sourciers, Les Dresseurs, Les Façonniers, Les Coutelliers et les Guérisseurs. Chacun utilise une magie particulière connue uniquement des membres dudit Clan. Les bases d’un univers sont posées.

Les habitants des Clans n’ont guère à se plaindre de leur mode de vie. Leur seul devoir étant de fournir à la ville les objets ou savoir-faire demandés pour le bien-être de tous, en contrepartie la ville leur fourni nourriture, vêtements, etc.

Mais dès que l’on sort de l’univers bien propret des Clans, nous découvrons aux abords de la Cité des Six les habitations des Orklas : des gens qui n’ont pas de clan et qui sont considéré comme des moins que rien. C’est dans ces quartiers peu recommandables que vit Erine, notre héroïne.

Quand commence notre histoire, nous somme en pleine nuit, suivant les pas feutrés d’Érine. Dans un cimetière, cette dernière déterre des cadavres. Pourquoi ? Elle-même l’ignore. La seule chose qu’elle sait, c’est qu’elle est payée pour cela, alors hors de question de faire la fine bouche. Bien payé mais risqué, le travail d’Érine est éreintant.

Mais sa tâche nocturne n’est rien comparé aux dangers qui vont lui tomber dessus sous peu : chantage, poursuite, cavale, complots… la jeune Erine va devenir le centre d’une tornade sociale et magique dont elle ignore la portée…

La fille-sortilège propositionUne fantasy originale qui donne un souffle d’air frais au genre

Difficile de décrire et de résumer un univers aussi dense et prolifique que celui imaginé dans la Fille-Sortilège. Tant de nuances et de paramètres entrent en ligne de compte que vous les décrire serait fastidieux.

Mais ce que l’on peut en dire de façon certaine c’est que l’on a affaire à un très bon roman dans le style fantasy. Loin des stéréotypes du genre (ici point de dragons et autres créatures habituelles), Marie Pavlenko nous offre son imaginaire sur un plateau avec son propre bestiaire et sa magie bien à elle. Le fait d’avoir implanté son univers dans une sorte de monde oriental est également plaisant, on aime à sentir le souffle chaud du désert entre les lignes…

On y parle de thèmes forts, universels, tels que l’injustice sociale, l’amitié qui fait tomber beaucoup de barrières, notamment quand nous n’avons plus rien à quoi nous raccrocher… La souffrance est là, omniprésente, qu’elle soit physique ou morale, mais elle nous fait découvrir les forces cachées de nos protagonistes. On y voit également leur beauté à travers ces nombreux maux qu’ils traversent.

Érine, que l’on suivrait les yeux fermés est belle par sa force et sa persévérance. Ne se laissant jamais aller à la facilité, cette dernière nous transporte dans son univers, à la fois cruel et fascinant. On y découvre aussi celui qu’elle a pris sous son aile : Arkadi, un jeune homme encore en plein dans l’adolescence, son histoire est encore plus cruelle que celle d’Erine. On ne peut que se sentir intime avec des personnages dont l’histoire passe par des sentiments vrais et forts.

Bien que paru dans la collection Pandore (destinée principalement aux adolescents), ce roman s’adresse selon moi avec plus d’efficacité encore à des adultes… mais la frontière devient bien mince entre les deux lectorats.

Atypique, captivant et remarquable, la Fille-Sortilège ne vous fera pas passer un bon moment, mais vivre une très belle expérience de lecture. On en vient presque à regretter que ce roman soit un one-shot, mais c’est aussi ce qui fait son charme. En bref, un roman qui marque !

Chronique : Velvet

VelvetUne nouvelle fois, Mary Hooper nous montre tout son talent pour le dramatique et le roman historique

 Paru en août 2012 chez Les Grandes Personnes, Velvet est le troisième roman de Mary Hooper à paraître chez l’éditeur. Elle y avait précédemment sorti Waterloo Necropolis et La messagère de l’au-delà. Aux éditions Gallimard Jeunesse, elle a sorti une trilogie intitulée La maison du magicien, toujours dans une ambiance et un univers historique.

Retrouver Mary Hooper fut un vrai plaisir, que je vais tenter de vous communiquer au mieux par cette chronique.

 Dans l’enfer des blanchisseries

A l’époque dans laquelle vit Velvet, au début des années 1900, la vie est toujours aussi dure et cruelle avec les gens pauvres. Il faut travailler dur (quand on a la chance de travailler), et il faut se battre tous les jours pour garder sa place et ses maigres revenus.

C’est ce que fait la jeune Velvet, qui travaille comme blanchisseuse à Londres : un travail ingrat, difficile, et qui rend propice les évanouissements à cause de l’intense chaleur qui y règne constamment.

Après de nombreux malaises, Velvet va devoir perdre sa place, c’est inéluctable. Mais un revirement de situation va bouleverser sa vie et son destin : l’une des clientes dont elle nettoie la toilette la fait mander par le directeur de la blanchisserie. Et loin d’être une mauvaise nouvelle, cette convocation est une véritable manne pour Velvet qui se voit recrutée par Madame Savoya, une des médiums les plus en vogue de Londres. Elle voit en elle une jeune fille débrouillarde à qui elle veut donner sa chance dans le monde.

Ainsi commence la lente progression de Velvet dans le monde nébuleux et étrange du spiritisme…

Velvet ukUn art en vogue à l’époque victorienne

Mary Hooper a décidé de planter son décor dans une thématique mystérieuse à laquelle notre héroïne (et nous par extension) commençons à croire au fil des pages. Discussion avec les morts, matérialisation d’êtres chers et disparus, tables tournantes… Toutes les ficelles du spiritismes sont ici tirées pour nous emmener dans un univers où l’on est aussi perdu que fasciné.

La jeune Velvet, émerveillée est en totale adulation face à sa maîtresse et fait tout ce qu’il faut pour être la mieux vue possible auprès d’elle. Elle a d’autant plus de raisons de s’attacher à elle qu’elle s’amourache assez vite de son assistant, George.

Impossible de décrocher de l’histoire de notre attachante Velvet, que l’on pressent glisser doucement dans un monde dont elle ne connaît rien. Mary Hooper aime à créer des héroïnes à la fois fortes et facilement flouées par un changement brutal d’univers, le plus souvent somptueux. Le passage d’un monde de pauvreté à l’opulence baisse la garde de ses héroïnes au point qu’elle deviennent des victimes faciles.

La lecture de Velvet est également l’occasion de découvrir d’autres éléments de l’Histoire, ainsi, saviez-vous que Sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes était un féru de spiritisme ? C’est aussi pour cette culture apportée au gré de ses phrases que les romans de Mary Hooper font mouche. Elle réussi à nous parler de côtés sombres et méconnus de l’Histoire qui sont le plus souvent fascinants.

Vous trouverez en fin d’ouvrage toute une explication du contexte historique du roman et de la réalité sociologique de l’époque, notamment concernant le travail des femmes et la naissance du spiritisme.

Encore une fois, Mary Hooper réussit l’exploit de nous brosser un magnifique portrait de l’époque victorienne et de ses usages. On se plonge dans ce roman pour n’en sortir qu’une fois terminé, tant l’écriture est parfaite, l’intrigue habillement tournée. Cette incursion dans le monde du spiritisme est intéressante et donne d’ailleurs envie de se pencher de plus près sur le thème, qui est déjà bien creusé par l’auteure. Velvet est un très bon roman historique que je ne saurais que trop vous recommander. A lire dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique ado : La brigade des fous – Tome 1 – Blackzone

La brigade des fous 01Une équipe complètement barrée pour faire front aux plus grands problèmes écologiques mondiaux

Blackzone est le premier tome de La brigade des fous, paru chez Rageot, dans la collection Thriller. La série est écrite par Philip Le Roy, un auteur déjà bien connu dans son domaine : le thriller.

Pour les adultes, il a notamment écrit les romans suivants, tous chez Points : La dernière arme, Le dernier testament ou encore, Couverture dangereuse.

Avec La brigade des fous, il s’essaye au roman pour adolescents.

Des adolescents en marge de tout

Tout commence avec un meurtre et un adolescent autiste qui semble violent et renfermé sur lui-même. Il a été trouvé près de son père tué. Est-ce lui le coupable ? Sa force surhumaine et son comportement semblent le désigner selon la police, mais c’était sans compter sur l’avis du Docteur Anton Sheffer… Notre jeune s’appelle Diego, et il vient d’être recruté par une mystérieuse association…

La brigades des fous est en marche : elle comprend six adolescents aux talents bien particuliers. Petit génie de l’informatique, jeune fille totalement désinhibée, une autre qui n’a peur de rien…

Ils ont étés rassemblés par le Docteur Sheffer au cours de ses travaux, et maintenant, ils vont passer à l’action. Le nom de leur première mission : Blackzone. Leur but ? Mettre à jour un immense trafic en allant dans le fief même du principal suspect. Ainsi commence l’aventure, qui ressemble fort à une mission suicide. En effet, comment six jeunes sans éxpérience sur le terrain vont-ils pouvoir se débrouiller face à des professionnels mafieux surentraînés ?

Un roman qui se lit comme on regarde un bon film d’action

Si vous aimez les romans où l’action démarre au quart de tour et où le rythme est soutenu, Blackzone sera un roman parfait. Aucun temps mort. Beaucoup de tension et de surprises.

Les adolescents sont des antihéros parfaits, et loin des stéréotypes que l’on aurait pensé pouvoir croiser. Ils sont complètement sur une autre planète, et ils s’en fichent. Leur réactions et répliques sont très souvent imprévisibles, tellement parfois qu’elles en deviennent drôles. Je pense notamment à Laurie, qui ne semble jamais avoir connu le sentiment de peur. Elle effraye tout le monde par son manque total de peur, la mort, la douleur, rien de tout cela ne la fait sourciller, bien au contraire : ça la fascine.

Sans vous en dire trop, sachez que leur mission, bien élaborée au départ va devenir comiquement catastrophique. Tout part dans tous les sens, rien ne se passe comme prévu… et on a droit à de belles surprises en retour.

Ce premier tome de la série est un très bon départ. La collection Rageot Thriller promet toujours à ses lecteurs de l’action et du suspense, mission accomplie. Blackzone est un bon page-turner qui donne envie d’en savoir plus sur cette brigade des fous qui ne se livre pas tant que cela au final dans ce premier opus. Affaire à suivre de près donc avec le second tome de la série, Red Code, paru en juin dernier.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : L’épreuve de l’ange

L'épreuve de l'angeUn Anne Rice peu convaincant…

Anne Rice est une auteur que l’on ne présente plus, grâce a ses écrits vampiriques contemporains. Elle a remit la légende des monstres aux dents longues d’actualité avec ses Chroniques des vampires comprenant notamment Entretien avec un vampire ou encore La reine des damnés. Elle a également écrit La saga des sorcières.

Avec la série en deux tomes Les Chansons du Séraphin, Anne Rice explore l’univers des anges… L’épreuve de l’ange est le second ouvrage. Son dernier roman en date sorti en France est Le Don du Loup, sorti aux éditions Michel Lafon en septembre dernier.

Voyage dans le Rome du XVIème siècle

A peine débarqué dans le monde de la Renaissance au bout de quelques dizaines de pages, il est difficile de s’immerger dans les problématiques du héros, Toby O’Dare (qui est un ancien tueur à gages). Ce dernier doit remplir la mission de Malchiah (son ange gardien) qui est d’innocenter un jeune homme soupçonné d’un des pires maux de l’époque : la sorcellerie.

Soupçons faussement orientés, histoires d’esprits… Toby va devoir élucider cette affaire sans se brûler les ailes…

Une aventure peu convaincante

L’immersion dans la belle ville de Rome à l’époque de la Renaissance a beau être bien faite, il est difficile d’accrocher à l’intrigue proposée. Simple et tirant sur des ficelles bien grosses, la surprise n’est pas au rendez-vous.

Les personnages manquent d’attraits et de charisme, le fil du roman se perd trop facilement… bref, ce second volume n’est pas convaincant.

En conclusion, cet ouvrage est une déception quand on sait de quoi est capable Anne Rice en terme de personnages crédibles et captivants. Les deux tomes constituant Les Chansons du Séraphin paraissent bien légers comparé à ses écrits précédents. Dommage, l’idée de traiter la thématique des anges était plaisante…

AUTEUR :
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain ldp jeunesseUn magnifique roman sur les choses de la vie, à la fois poignant et authentique.

Faïza Guène est une jeune écrivain de nationalité française, née à Bobigny en 1985. Son incroyable succès est dû à son premier roman : Kiffe kiffe demain, paru en 2004, qui raconte à la première personne la vie de Doria, une jeune fille d’origine maghrébine qui vit en banlieue parisienne, désabusée sur son avenir.

Vendu à plus de 400 000 exemplaires et traduit dans plus de 25 langues, cet ouvrage coup de poing criant de réalisme a connu un succès amplement mérité. Par la suite, Faïza Guène a écrit deux autres romans : Du rêve pour les oufs (2006), Les gens du balto (2008). Et non contente d’être un écrivain reconnu, elle est également réalisatrice de nombreux courts-métrages, dont certains ayant remportés des prix reconnus.

La « banlieue » revue et corrigée

Doria a quinze ans, elle vit avec sa mère dans la banlieue parisienne. Son père les a quittés il y a quelques années pour retourner « au pays » et se marier avec une femme beaucoup plus jeune que sa mère. Doria n’a pas de problèmes à proprement parler, c’est juste qu’elle n’est pas spécialement heureuse dans la vie.

Kiffe kiffe demain ldpLes amis d’enfance, la famille, tout cela se mélange pour donner un mélange détonnant d’une joyeuse tristesse. La vie de Doria suit son cours, et nous la découvrons dans toute son étonnante diversité. La culture de la banlieue est mise au jour sous un angle humoristique sans être moqueur, un véritable délice ! : « La responsable de la grève au Formule 1, c’est Fatouma Konaré, une collègue avec qui maman s’entend bien. Elle m’a raconté qu’au début, elle croyait que « Fatoumakonaré » c’était juste son prénom et qu’elle trouvait ça long pour un prénom… ».

Mais malgré l’humour constant du roman, Faïza Guène soulève également les nombreuses injustices qui font qu’être une fille dans une cité (mais aussi ailleurs, par extension) peut être un handicap si l’on ne naît pas avec des parents complaisants. Doria parle ainsi d’une de ses voisines, enfermée chez elle, sans aucune liberté : « Quand Samra était enfermée chez elle, dans sa cage en béton, personne n’en parlait, comme si les gens trouvaaient ça normal. Et maintenant qu’elle a réussi à se libérer de son dictateur de frère et de son tortionnaire de père, les gens l’accusent. J’y comprends rien. ».

Le point fort de Kiffe kiffe demain réside dans son écriture : très proche du parlé, remplie d’humour, de jeux de mots et de langage familier, impossible de ne pas sourire franchement aux tournures de phrases offertes.

Pour terminer je vous dirais qu’il faut lire Kiffe kiffe demain pour de nombreuses raisons. Tout d’abord sa langue piquante et drôle. Ensuite sa facilité d’accès, bien loin de la « littérature » comme certains aiment à l’appeler de façon élitiste, ce roman fait pour moi partie des indispensables. Enfin, culturellement parlant, ce récit ouvre les yeux sur un pan de notre quotidien actuel, que l’on vive en cité ou non, certaines problématiques sont universelles. Un magnifique récit positif et rempli de beaux élans d’enthousiasme. Dès 13 ans environ.

Chronique jeunesse : Sakuya, la princesse des fleurs de cerisiers

Sakuya princesse des fleurs de cerisiersUne terrible et belle histoire d’amour issue d’une légende du Japon

Paru en septembre 2012 dans la collection Perles du ciel aux éditions Chan-Ok, Sakuya reprend une légende japonaise en l’adaptant à de jeunes lecteurs.

L’adaptation et le travail de réécriture est assurée par Céline Lavignette-Ammoun, qui est éditrice de manuels scolaires et a déjà écrit Les étoiles amoureuses chez Chan-Ok. L’illustration est quant à elle réalisée par Claire Degans à qui l’on doit l’illustration de très nombreux albums jeunesse : Comptines et berceuses des rizières, L’arbre à pluie, La fille d’or et de cendres

Sympathique… mais on reste sur sa faim

La jeune Sakuya était la princesse des fleurs de cerisiers, sa soeur Iwanaga était quant à elle la déesse des rochers. Un jour où Sakuya se baladait au pied du Mont Fuji, elle fit une rencontre qui bouleversa son existence : Ninigi, le petit-fils de la reine du soleil et des plaines célestes. A peine né, leur amour est indestructible, mais c’était sans compter sur la jalousie innée d’Iwanaga, cette dernière va tout tenter pour séparer les deux tourtereaux, même après leur mariage, alors que Sakuya attend l’arrivée d’un enfant…

L’idée d’adapter pour les jeunes lecteur un conte d’origine japonaise est louable et même bonne, cependant l’histoire n’est pas assez mise en valeur. On aurait aimé un peu plus de texte (cela aurait pu être possible même si c’est un ouvrage jeunesse) et d’éléments sur la culture nippone.

Et on aurait également apprécié ne pas rencontrer certaines phrases très fleur bleue du type « Coup de foudre, coup d’amour » ou encore « Coup de foudre, amour passion » qui coupent le texte dans son élan narratif. Le reste du texte ne possède cependant pas ce genre de défaut et rempli son office.

En ce qui concerne les illustrations, elles sont très belles, épurées et sont en parfait accord avec l’univers et l’esprit du conte. A la fois douces et évanescentes, les dessins nous permettent de retrouver avec simplicité un univers japonisant.

En conclusion Sakuya est un bel album, mais qui manque de poésie et d’émotion. Joli, sympathique, mais pas mémorable…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :