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Interview de Daph Nobody – Partie 3/3

L'enfant nucléaireJiminy subit de nombreuses transformations aussi bien physiques que psychologiques… comment avez-vous trouvé les idées pour faire « muter » votre personnage dans l’horreur ?

Encore une fois, par logique. L’empathie et l’intensité psychologique ont toujours été les points forts de mes écrits. J’essaye de me glisser dans la peau du personnage et de me poser toutes les questions possibles et imaginables quant à « ce qu’il se passerait SI », et psychologiquement, et socialement, et physiquement.

J’ai étudié les effets secondaires de l’exposition aux substances radioactives, j’ai interrogé une amie qui étudie la médecine par rapport à certains points précis… Je n’ai finalement utilisé que très peu d’informations de toutes celles que j’avais rassemblées en préparation de la deuxième mouture du roman, mais j’avais besoin de ces points de repères, même si mon roman est un roman de fiction qui prend beaucoup de libertés par rapport à la logique scientifique…

IW Enfant nucléaire 04J’ai beaucoup pensé à Edward Scissorhands en décrivant Jiminy, car le personnage du film de Tim Burton est à la fois un monstre et à la fois un personnage fabuleux. Dans le fond, si j’avais écrit Edward aux Mains d’Argent, peut-être l’aurais-je confronté à des tueurs et aurait-il été amené à se servir de ses doigts-ciseaux pour autre chose que pour couper des cheveux, si vous voyez ce que je veux dire. Après, dès lors qu’on installe un élément fantastique, chacun le développera de manière différente. Si Tim Burton vire davantage dans le fantastique, moi je vire naturellement dans l’horreur, parce que mes livres sont des prétextes à critiquer l’extrême violence qui mine notre monde, et que je supporte mal. Je connais bien la violence car j’ai grandi dans un arrondissement violent.

Je ressens le besoin de parler de ce qui me dérange, davantage que de ce qui me plaît. Quand tout va bien, finalement, on n’a pas trop envie de parler, on se contente de jouir en silence. C’est quand quelque chose ne va pas qu’on ouvre sa gueule. Au fond, mes bouquins crient… ou plutôt, ils rient jaune. Parce qu’ils sont empreints d’ironie. Certains lecteurs m’ont écrit qu’ils s’étaient marrés en lisant mes livres. Et j’en étais content, parce que, croyez-le ou non, c’était le but : regarder ce qui ne va pas, mais avec beaucoup d’ironie, et parvenir à en rire tellement ce que j’écris est poussé à l’extrême. Même si je maintiens que mes deux romans sont aussi impossibles que ne l’était le voyage sur la lune de Jules Verne en son temps. Ce n’est qu’une question de temps. Cependant, pour l’heure, ces romans sont volontairement excessifs.

IW Enfant nucléaire 05Les sujets traités sont douloureux, et pour cette raison je ne voulais pas traiter ces récits de manière trop réaliste. Tout comme dans les films d’horreur italiens le sang qui gicle est volontairement d’une consistance et d’une couleur ridicules, pour décrédibiliser les scènes de meurtre à l’arme blanche, parce que s’ils étaient traités de manière trop réaliste, on tomberait dans une horreur insupportable comme dans Hostel, The Human Centipede ou A Serbian Film. un genre de films qui ne cadre pas avec mon éthique personnelle. On ne raconte pas une histoire pour aller le plus loin possible dans la torture, mais pour émettre un regard critique sur un point problématique de la société humaine.

Après, bien sûr, chacun fait ce qu’il veut. Mais j’estime qu’un auteur a une responsabilité vis-à-vis de son lectorat. À ce titre, il ne devrait pas écrire des choses immorales. Un auteur se doit d’avoir une éthique. Il y a des limites à ne pas dépasser. La démocratie, la liberté de penser, ne signifient pas produire des saloperies. Nuance !

La triste fin du petit enfant huître (et autres histoires)Si on a envie de lire des romans dans le même genre que L’enfant nucléaire, que nous conseillez-vous ?

C’est difficile à dire, parce que j’ai voulu, justement, que ce roman ne ressemble à aucun autre… Mais ce qui peut se rapprocher de Jiminy, en tout cas au niveau de l’ambiance et du personnage, c’est La Triste Fin du Petit Enfant Huître et autres histoires, un recueil de poèmes du réalisateur Tim Burton, ou les comic books The Toxic Avenger de chez Marvel et Big Baby de Charles Burns. Mais je ne sais pas s’il y a des romans qui se rapprochent de L’Enfant Nucléaire (Pica Morfal Boy).

Et d’après ce que j’ai compris de mon éditeur, c’est précisément parce que c’est un livre trop différent de ce qui existe, inclassable, qu’il a eu du mal à trouver sa place dans les rayonnages des librairies, et dans les choix des lectrices/lecteurs, et qu’il est aujourd’hui condamné.

La couverture de L’enfant nucléaire n’est autre qu’une œuvre de Kris Kuksi intitulée Original Sin. Je trouve qu’elle colle parfaitement à l’esprit sombre du roman. Avez-vous eu votre mot à dire sur ce choix visuel ? Auriez-vous vu autre chose ?

Je n’ai pas eu le choix de la couverture. En général, un auteur n’a pas le droit de choisir sa couverture, c’est l’éditeur qui choisit. Mais Tibo Bérard de Sarbacane m’a envoyé son idée de couverture pour avoir mon avis, et j’ai beaucoup aimé son choix, cette œuvre de Kris Kuksi (qui m’a envoyé un clin d’œil sur facebook, d’ailleurs, au moment de la parution du livre – c’est parce qu’il avait été convaincu par le sujet du roman qu’il a autorisé Sarbacane à utiliser cette œuvre pour la couverture, ce qui est plutôt flatteur pour moi), même si cela donnait une couverture très noire.

Les cadavres ressucités ancienne éditionTrop noire, peut-être ? Au départ, j’avais en tête une couverture plus colorée. J’aurais repris une scène du roman, celle où Jiminy se met au défi de boire du carburant directement au pistolet d’une pompe à essence. Je voyais bien cette scène en couverture, mais sans aucun public, montrant la solitude de Jiminy, dans un décor crépusculaire, au bord d’une autoroute perdue dans une vaste contrée désertique typique des États-Unis. Et tout ça dans un graphisme semblable à celui de certaines couvertures de romans d’épouvante édités chez J’AI LU, comme Les Enfants du Rasoir de Joe R. Lansdale, Les Cadavres ressuscités de Patrick Whalen, Livre de Sang de Clive Barker (première édition) ou encore La Vallée des Lumières de Stephen Gallagher.

Une couverture, c’est quelque chose de très personnel. Avant, j’aimais les couvertures très sombres. Aujourd’hui, je les préfère avec des couleurs vives. Une couverture de type comic book aurait aussi convenu à L’Enfant Nucléaire (Pica Morfal Boy). J’aime beaucoup la couverture que Sarbacane a conçue pour Blood Bar, avec la femme qui boit du sang.

Blood Bar 01Vous avez annoncé une suite à Blood Bar sur les réseaux sociaux… pour quand est-elle prévue ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Il est aussi question d’une adaptation en bd du premier tome ? Qu’en est-il ?

Alors, l’idée est de sortir Blood Bar 2 en même temps que la bande dessinée de Blood Bar 1. Mais tout a pris du retard parce qu’aucun des dessinateurs qui se sont présentés ne convenait à l’éditeur. Nous cherchons des dessinateurs dans la veine des comic books tels que Preacher, Transmetropolitan ou The Dark Tower.

J’avais un dessinateur prévu à la base, très branché western, ce que je trouvais intéressant pour Blood Bar car ce roman accuse un caractère cow-boy – ce n’est d’ailleurs pas par hasard que j’ai appelé un des personnages principaux Bob Wayne, allusion à John Wayne, et dans son attitude, et dans son habillement, et dans sa démarche, et dans son parler. Mais cet ami dessinateur a eu des soucis personnels et n’a pas pu attaquer le projet, alors que j’ai attendu ses essais pendant trois ans.

Je suis pour l’heure en pourparlers avec Sarbacane pour la suite de Blood Bar. Le problème, lorsque les années passent, c’est que les gens perdent leur motivation. J’ai élaboré le deuxième volume de Blood Bar de telle sorte que s’il ne paraît pas comme une suite de Blood Bar, il peut être retravaillé de manière à constituer un roman à part entière sans la thématique des bars à sang. Avec l’expérience, on apprend à devenir astucieux, parce qu’une carrière littéraire en dépend.

Blood Bar 01 deuxième couvertureLa machine éditoriale est devenue si lente, si complexe, qu’on arrive à peine à faire paraître un livre tous les trois-quatre ans. De nos jours, un Simenon n’aurait pas pu publier un 50ème de son œuvre. Il n’y a plus que les stars qui peuvent produire avec régularité. Et en même temps, ce système d’un roman à chaque rentrée littéraire les dessert parce que les appauvrit. On écrit parce qu’on a quelque chose à dire, pas parce qu’on est sous contrat ou pour l’argent. Dans l’idéal, je veux dire. Et quand on n’a plus rien à dire, il faut avoir la décence et la sagesse de se retirer et de laisser place aux nouveaux…

Beaucoup de romans qui paraissent m’ennuient. Je feuillette les sorties littéraires dans les librairies, et après une heure, j’ai lu deux-trois pages d’une vingtaine de bouquins, et pas un seul ne m’a séduit. C’est terrible à dire, mais de nos jours je m’emmerde royalement. Peut-être, au fond, que j’écris les livres que j’aimerais trouver dans les librairies et que je ne trouve pas.

Je me plonge de plus en plus dans les autobiographies de gens qui ont vécu des histoires difficiles, violentes et douloureuses, que je chronique d’ailleurs sur mon blog daphnobody.blogspot.com. Ces livres-là m’apportent aujourd’hui beaucoup plus que la fiction. Dans un registre plus « fiction », j’aime énormément me plonger dans la bande dessinée aussi. On m’a d’ailleurs dit plus d’une fois que mes romans se rapprochent très fort de l’univers sombre et délirant des comics américains. Donc, Blood Bar 2, en attente…

Académie Balzac logoVotre ouvrage L’enfant nucléaire traverse une mauvaise passe en ce moment : pouvez expliquer à nos lecteurs quels sont les problèmes qu’il rencontre actuellement ?

Comme je le disais, ce roman était trop différent de tout ce qui existe, du coup difficile à classer. L’éditeur a eu du mal à le promouvoir, la plupart des librairies ne suivaient pas, étouffées par des montagnes de best-sellers, eux, très facilement classables et vendables. Ça a découragé la distribution, et le livre est quasi passé inaperçu, même s’il a eu beaucoup d’échos sur des blogs littéraires et sur les réseaux sociaux – il fait d’ailleurs partie aujourd’hui des romans pour lesquels les gens peuvent voter dans le cadre de ma candidature à l’Académie Balzac, donc le roman n’est pas mort, il existe encore.

Je pense qu’il est trop en avance sur son temps. Je suis sûr qu’un jour, quand les problèmes du nucléaire atteindront des limites périlleuses à l’échelle mondiale, ce roman trouvera davantage sa place sur les étals qu’aujourd’hui. Ce ne sera pas la première fois qu’une œuvre rencontre du succès dix ans, vingt ans ou un siècle après sa création. Il faut être patient dans ce métier. Affaire à suivre, donc…

Comment les lecteurs de La Bibliothèque de Glow peuvent-ils vous aider à leur échelle ?

Je crois qu’il n’y a pas de secret. De nos jours, la concurrence dans le marché du livre est telle qu’un nouvel auteur a de plus en plus de mal à se démarquer. Alors, la seule façon de l’aider, c’est de le mettre en avant, de lui consacrer des étals, des vitrines, parler de lui.

C’est psychologique. Si dans une journée une personne entend parler à dix reprises d’un livre, pour peu que la littérature l’intéresse elle ira le feuilleter dans une librairie ou dans une bibliothèque. Ce n’est pas dit qu’elle l’achètera ou l’empruntera, mais sa curiosité de le feuilleter aura été suscitée. Alors qu’un livre dont personne ne parle et qui ne se trouve nulle part, a peu de chances de rencontrer le succès, ou même tout bonnement l’intérêt du public.

Tout est une question de visibilité. Les majors de l’édition achètent des étals, des encarts dans les journaux, des affichages dans les métros et sur les quais de gares… Les petits éditeurs n’ont pas les moyens de se payer telles opérations, par conséquent les jeunes auteurs peu connus ont peu de chances d’obtenir de la visibilité, et se retrouvent noyés dans un océan de best-sellers garantis.

 Autre chose à ajouter ?

Mon prochain roman – et c’est un scoop – s’intitule Pop Life Killer et paraîtra bientôt chez Rebelle Editions.

C’est un roman très différent des précédents. Très énigmatique. Une sorte de labyrinthe psychologique qui mène d’un personnage à un autre… à moins que ce ne soit d’un personnage à lui-même…

Chronique : Féline

FélineUn chat ne recherche pas l’affection de tout le monde ; seulement de ceux qu’il a choisi d’aimer – Helen Thomson

Premier roman de Hui-ryeong Bu à paraître en France, Féline nous conte l’histoire d’un chat des rues qui vit de nombreuses péripéties à travers les rues de Séoul. Traduit du coréen, l’ouvrage est paru en 2009 aux éditions Picquier Jeunesse, et pour le moment c’est le seul de l’auteur qui soit disponible en France. L’ouvrage est paru en Corée sous le titre original Koyangi Sonyeo.

Dans la peau d’un petit chat survivant seul dans les rues de Séoul…

Livré à lui-même, notre héros félin est plutôt mal en point : affamé, croisant souvent des matous bien plus gros et fort que lui, la survie est une lutte sans trêve. En effet, les quartiers abritant restaurants et marchés sont très prisés par tous, la loi du plus fort est ainsi la seule qui fasse foi dans ce monde de chats parallèle à celui des humains.

Mais la courte vie de notre chat héros (et errant) va se retrouver bouleversée par une rencontre inattendue avec une jeune demoiselle : le chat se sent attiré par elle d’une façon inexplicable. Cette fille qui hypnotise notre chat narrateur s’appelle Minyeong, elle vit avec sa grand-mère, est en plein âge ingrat et a une réputation plutôt mitigée au sein de ses camarades.

Pourquoi Minyeong recueille-t-elle tous les chats qu’elle croise sur son chemin alors que sa grand-mère ne tolère pas les animaux dans son appartement ? Et que fait-elle de tous ces chats accueillis chez elle et qui ne restent que quelques jours ? Cette attraction que ressent le chat est-elle une dangereuse erreur de jugement ou Minyeong mérite-t-elle vraiment que l’on s’attache à elle ?

Un récit à la tendre beauté…

Point besoin de toujours avoir une intrigue extrêmement développée pour créer un récit de qualité. Féline est un livre aussi charmant qu’efficace : attendrissant, parfois triste, souvent axé sur les sentiments et les ressentis de chacun.

Écrit du point de vue du chat, nous vivons ce récit original à travers ses peurs et ses désirs. C’est une Corée du Sud à la fois urbaine et naturelle que nous découvrons grâce à ce récit. Ses parcs, ses rues marchandes et ses dangers d’un point de vue félin…

Le récit en devient trop court… on aurait adoré se plonger un peu plus dans ce pays exotique dont on sait si peu de choses. Féline est un roman jeunesse parfait pour faire découvrir à des lecteurs d’environ 11 ans une nouvelles culture, en particulier culinaire ! En effet, le chat errant et narrateur n’en finit pas de nous conter les différents mets que l’on consent à lui donner… et certains ont l’air délicieux : Kimbap, kimchi ou encore ramen vont devenir des nouveaux mots indispensables !

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En conclusion ce court roman est à conseiller sans bornes : de l’exotisme asiatique tout en restant dans un univers très familier, le mélange est parfait. Le tout sans oublier la légère partie fantastique… il ne faut pas oublier que notre narrateur est un chat tout de même !

Actualité editoriale : la rentrée littéraire 2014 du côté imaginaire partie 1/3

Les vacances ne sont pas finies, et déjà on pense aux nouveautés littéraires à venir… et il y en a qui nous donnent déjà envie de se précipiter en librairie ! En attendant notre heure, voici un petit tour d’horizon des nouveautés à ne pas manquer en littérature adulte et ado dans les merveilleuses sphères de l’imaginaire. Certains sont de pures nouveautés et d’autres nous on fait patienter pendant de longs mois voir années avant de paraître.

La guerre du Lotus 01Stormdancer – Tome 1 – La guerre du Lotus de Jay Kristoff chez Bragelonne

Une nouvelle série débarque aux éditions Bragelonne, et elle semble captivante ! Si vous aimez les univers fantastiques jouant sur le thème du Japon féodal avec des éléments steampunk, Stormdancer pourrait bien être votre nouvelle lecture. Avouons que l’annonce d’un tel mélange de genre a de quoi furieusement intéresser… Alors rendez-vous le 17 septembre prochain pour voir de quoi il retourne…

La couverture utilisée par Bragelonne est une création française (ci-contre). Celle présentée en bas d’article est celle utilisée aux Royaumes Unis, réalisée par Colin Thomas, elle a été nominée pour le Ravenheart Award (la meilleure illustration de couverture) au sein du prestigieux David Gemmell Legend Award 2013.

La guerre du Lotus 01 VO ukRésumé de La Guerre du Lotus – Tome 1 – Stormdancer :

On disait éteinte la race des griffons, ces créatures mythiques menées par les danseurs d’orage. Pourtant Yukiko et son père reçoivent l’ordre d’en capturer un pour le cruel Shogun des îles de Shima.

Contre toute attente, ils y parviennent, mais Yukiko se retrouve perdue dans une forêt sauvage, avec pour seule compagnie un griffon mutilé qu’elle nomme Buruu. Unis dans l’adversité, la jeune fille et l’animal s’entraident.

Yukiko serait-elle la véritable danseuse d’orage, ultime espoir du peuple ?

Intemporia 01 Le sceau de la reine miniIntemporia – Tome 1 – Le sceau de la reine de Claire-Lise Margier aux editions du Rouergue

Ce roman est un petit événement aussi bien pour la littérature imaginaire française que pour les éditions du Rouergue puisqu’il étrenne une toute nouvelle collection : Épik. Intemporia ouvre ainsi le bal pour les éditions du Rouergue, et on avoue en attendre beaucoup. L’éditeur est réputé pour ses choix de textes qualitatifs, et on se doute qu’il en sera de même avec Épik.

Dire que l’on est impatient de lire Intemporia et de vous en faire l’article est donc un doux euphémisme ! Rendez-vous le 3 septembre pour le découvrir sur les tables des librairies.

Résumé d’Intemporia – Tome 1 – Le sceau de la reine : Yélana a tué le roi Arden et asservi son royaume par la force. Après avoir pris sa place sur le trône, sa soif de pouvoir la mène à convoiter l’Aïguaviata, un objet magique aux étranges pouvoirs.

Mais un obstacle se dresse sur sa route : la paisible communauté de la Plaine et le dôme magique qui la protège. La reine lance alors un puissant sortilège dont les conséquences sont terribles pour les habitants…

Une épidémie mortelle ravage la communauté et bientôt la très jeune épouse de Yoran tombe malade. Le garçon de 16 ans n’a plus le choix : s’il veut la sauver, il va devoir contrecarrer les plans de la reine en se lançant dans une quête dangereuse qui le changera à jamais.

Abaton miniAbaton de C. Jeltsch et O. Kraemer chez La Joie de Lire

La Joie de lire se lance dans le récit de science-fiction et le thriller avec Abaton. Véritable enjeu pour l’éditeur, il faut avouer que le résumé est accrocheur…mais on vous laisse juge ! Mais quand on mélange Histoire, intrigue contemporaine et surnaturel, ça peut donner quelque chose de franchement bien. Et surtout, ça fait réfléchir, ce qui n’est pas du luxe… Vous trouverez en fin d’article la bande-annonce du livre. En librairie le 18 septembre prochain.

Pour ce qui est des auteurs, ils sont de nationalité allemande : Christian Jeltsch a été joueur de football et étudié la psychologie avant de travailler dans la mise en scène. Olaf Kraemer a quant à lui étudié l’ethnologie et la publicité, a fait du journalisme pendant 12 ans, et a été chanteur et parolier d’un groupe. Les deux auteurs se connaissent depuis l’enfance.

Résumé d’Abaton : Trois adolescents, Linus, Simon et la ravissante Edda se rencontrent dans ce qu’ils croient être un camp d’aventure aux abords de Berlin mais se révèlera être un camp géré par une organisation secrète GENE-SYS. Son but est de sélectionner des personnes à haut potentiel qui, après avoir été soumises à un traitement particulier, pourront jeter les bases d’un «monde idéal» tel que l’avait imaginé un certain Carl Bernikoff avant la deuxième guerre mondiale. Les trois jeunes intéressent et inquiètent particulièrement la mystérieuse organisation car leur trio forme une « masse critique » au potentiel jamais égalé. Commence alors une traque, sans que les adolescents ne comprennent qui se cache derrière leur poursuivant ni pour quelles raisons ils sont pourchassés.

Interview de Daph Nobody – Partie 2/3

Blood Bar 01Dans L’enfant nucléaire, Jiminy est un véritable prodige de la nature mais va très vite devenir instrumentalisé… n’est-ce pas le processus inverse que vous avez voulu créer dans Blood Bar ?

C’est vrai qu’AALIANA est littéralement « fabriquée »… pour servir les intérêts de l’État et du commerce de sang, tandis que JIMINY est « né prodige » et devient des années plus tard instrument du gouvernement et d’autres individus aux desseins exécrables.

En même temps, il y a un point commun entre les deux personnages, et qui rejoint une idée-maîtresse des deux romans ainsi que le regard que je porte sur le monde. AALIANA, tout comme JIMINY, sont des personnages innocents, au cœur pur, qui ne causent du mal que parce qu’ils y sont contraints par des gens ignobles, ou parce qu’ils agissent en réponse à des pulsions qui habitent toute espèce animale (l’instinct de survie, l’instinct de prédation…) et qui, même chez l’être humain, peuvent resurgir dans des situations extrêmes. On a bien vu ce que des soldats parviennent à perpétrer comme horreurs dans une guerre, alors que dans la vie de tous les jours ce sont des gens comme tout le monde.

Dans un contexte où peur et violence deviennent paroxystiques, l’humain peut se mettre à torturer, à violer des femmes ou même des hommes, à massacrer des enfants, sans aucun scrupule ou cas de conscience. Et lorsqu’il rentre au pays, si tant est qu’il n’est pas traumatisé par toute cette horreur qu’il a vécue, il retrouve sa femme et ses enfants et redevient un homme normal, un mari aimant et un père modèle. Ce fut flagrant lors de la Deuxième Guerre Mondiale, avec ces généraux allemands qui ont fui en Amérique du Sud et se sont reconstruit une vie normale avec un autre nom, comme si de rien n’était. Alors que certains avaient balancé des enfants parfois vivants dans les fours, en Amérique du Sud ils étaient connus pour être très gentils avec les enfants, par exemple. C’est fou, non ?…

Dans Blood Bar et L’Enfant Nucléaire, les deux protagonistes sont L'enfant nucléaire exprimeux aussi confrontés à des situations extrêmes, inhumaines, et leur animalité refait alors surface. Mais autant dans la relation entre Jiminy et Leia, que dans l’épilogue d’Aaliana, on trouve beaucoup de tendresse et de simplicité, et on découvre ces personnages dans leur état normal, qui est naturellement doux, amène, paisible. Pour en revenir à ce dont je parlais il y a un instant, ce point qui m’importait dans le regard que je porte sur le monde…

Quand on y pense, dans les deux romans, ce sont les personnages les plus innocents qui survivent et s’en sortent. Tous les autres meurent, ou sont anéantis. D’où l’importance des épilogues dans les deux romans, épilogues pour lesquels je me suis battu car au départ l’éditeur n’était pas convaincu, mais pour moi ils donnent tout leur sens aux romans. Si les romans s’étaient arrêtés avant l’épilogue, ils seraient toujours cohérents, mais leur sens profond serait très différent. Aaliana et Jiminy parviennent à se sauver tous les deux. Quand ce sont au final les deux plus belles personnes qui réchappent à la mort, on peut dire qu’il s’agit d’un happy ending.

Pourquoi autant de noirceur dans ce roman ? Qu’est-ce qui vous a poussé à créer une ambiance aussi glauque (et il faut l’avouer, fascinante) ?

En fait, j’ai écrit ce roman avec le plus de logique possible. Nous savons parfaitement que dans notre monde, lorsque     quelqu’un possède un talent, que ce soit une aptitude sportive, artistique, scientifique… on finit par l’exploiter à mauvais escient, à violer toute éthique pour faire de ce quelqu’un un « monstre ». Imaginez que quelqu’un ait le pouvoir de Jiminy… FORCÉMENT les gouvernements vont tenter de mettre la main dessus pour se débarrasser de déchets qu’ils ne parvenaient pas à éliminer depuis des plombes, FORCÉMENT des assassins vont s’en servir pour faire disparaître les corps de leurs victimes, FORCÉMENT quelqu’un va l’exploiter financièrement pour en faire un show hollywoodien. J’ai écrit ce roman en pensant « sois logique et imagine un personnage qui aurait un tel don dans un monde comme le nôtre au 21ème siècle ». Les scènes et les rebondissements sont venus tous seuls… En tout cas, dans un deuxième temps. En effet, pendant des années ce livre est resté dans un tiroir, parce que j’étais parti sur l’idée d’une success story, où Jiminy devenait une superstar à Hollywood, point barre. Mais après 150 pages, je me suis dit : et puis quoi ? Il devient une star, et qui en a quelque chose à foutre ??? Alors ce roman a été oublié dans un tiroir de mon bureau et de mon crâne… jusqu’à ce qu’un jour, après la publication de BLOOD BAR, je me dise : et si Jiminy ne devenait pas une star, mais tombait dans les mains de personnes mal-intentionnées comme on en rencontre tant en une vie sur Terre… Le reste s’est élaboré de manière très fluide, par simple logique. Sombre logique peut-être, mais simple logique quand même.

IW Enfant nucléaire 03Je crois aussi que ce qui assombrit terriblement le roman sont les parties qui traitent de politique. Là encore, je dirais qu’à mes yeux il est important qu’un roman reflète son époque.

Dans cette optique, il me paraissait difficile d’évoquer les États-Unis des années 2000 sans faire indirectement allusion à l’administration Bush et à toutes les horreurs, magouilles et escroqueries qui ont symbolisé ces deux mandats présidentiels occupés par un des pires êtres humains que la planète ait jamais connu. Je ne sais même pas comment ce type peut encore se regarder dans une glace.

Si aujourd’hui le monde vit dans la peur, la paranoïa, l’horreur, si on se fait tous fouiller dans les aéroports et les gares comme si on était tous des terroristes – moi ça me coupe l’envie de voyager –, si on est tous sur écoute, surveillés sur internet et fichés, c’est à cause de lui. Avec George W. Bush, un nouveau monde est né. Et ce monde-là est absolument immonde. Pour certains religieux, le monde d’aujourd’hui représente l’avènement de Satan sur Terre. Après, on en pense ce qu’on veut… Moi je me contenterai de dire que le monde d’aujourd’hui est en train d’exploser, de vivre ses derniers jours, et qu’à l’issue d’une troisième guerre mondiale plus redoutable et ravageuse que toutes les guerres que la Terre ait jamais connues, un nouveau monde se reconstruira, avec très peu de survivants mais beaucoup de paix et de raison. Le monde que nous connaissons aujourd’hui est infernal, et à ce titre George Bush est aussi « respectable » qu’Adolf Hitler. Il y a trop de fous et de salauds qui nous ont gouvernés en quelques milliers d’années…

IW Enfant nucléaireOn comprend rapidement que le nucléaire est pour vous un enjeu de taille à travers votre roman. Pouvez-vous nous expliquer votre position sur ce sujet ?

Elle est compliquée. Je pense que dès le départ on aurait dû envisager d’autres sources d’énergie que celle-là. On a le sentiment que, même si ça a occasionné énormément de recherche scientifique, le nucléaire était malgré tout la solution de facilité. En outre, à l’époque où tout ce système s’est mis en place, on n’avait pas un regard « ecolo » sur les choses, on gaspillait, on testait, c’était l’apogée de l’industrialisation, et on ne pensait pas aux conséquences de quoi que ce soit. D’où l’effet de serre accru, l’amiante, le bisphenol A, le silicone cancérigène…

Aujourd’hui, c’est un peu difficile de dire : très bien, on boucle toutes les centrales nucléaires du monde demain matin au petit déjeuner ! Force est d’admettre que la demande en énergie au 21ème siècle est colossale, et que sans le nucléaire pour l’instant, on ne peut pas fournir en électricité tous les foyers des pays industrialisés. Rien qu’une ville comme Las Vegas consomme une énergie faramineuse, peut-être autant que la Belgique tout entière. Alors, dans l’absolu, contre le nucléaire, OUI. Mais ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. Le mieux était de ne jamais se lancer dans le nucléaire… et surtout pour fabriquer des bombes ! Rien que les bombes que l’on a fait exploser à titre de test, que ce soit pour le compte de la France, des États-Unis ou de la Russie, ont causé des dégâts que la nature mettra des siècles à réparer. Et je ne parle même pas d’Hiroshima et de Nagasaki, qui ne sont que la partie visible de l’iceberg…

Il faut savoir aussi que le nucléaire a une place importante dans le milieu de la médecine. Que faire des déchets nucléaires émanant quotidiennement des hôpitaux ? Ce sont, quantitativement parlant, les déchets les plus lourds à porter. Supprimer du jour au lendemain les radios, les scanners, tout ce qui implique des substances radioactives ? Ces dernières années, on a supprimé les thermomètres à mercure pour les remplacer par des thermomètres électroniques, ce qui est une première mesure pour éviter des déchets radioactifs… mais minime et risible par rapport aux quantités de déchets radioactifs qui s’entassent un peu partout chaque jour qui passe. C’est mieux que rien, mais on est loin du compte.

IW Enfant nucléaire 02Vu la conjoncture technologique actuelle, il faudra plusieurs décennies pour remplacer le nucléaire par d’autres sources d’énergie. D’autant plus que le lobby du nucléaire fait pression pour qu’on conserve les centrales nucléaires, parce que c’est une affaire qui rapporte des milliards.

Même Fukushima n’y a rien fait. L’Allemagne a cependant entamé sa sortie du nucléaire, mais elle-même qui ouvre le bal ne prévoit cette sortie que pour 2022, et au coût de plusieurs centaines de milliards. C’est donc un investissement de poids. Et comme on le sait, on préfère investir dans l’armement, la guerre, que dans les choses positives ou humanitaires. Parce que le mal est plus rentable que le bien, et cela ce n’est pas de la négativité de ma part, mais une réalité incontestable. Sans doute parce que le mal est plus spectaculaire, et le bien plus discret. Quand on me dit que je suis sombre, je réponds que le monde est bien plus sombre que moi ; après tout, moi je n’ai jamais volé, violé, tué, massacré, empoisonné qui que ce soit. Décrire une réalité sombre et être une réalité sombre, ce n’est pas pareil. Comme je le répète souvent, il ne faut pas confondre le regardant et le regardé. Si je décris le plus terrible accident de voiture dans les moindres détails, ce n’est pas ma description qui est horrible et qui a tué des usagers de la route, c’est l’accident lui-même.

Mais je m’égare. C’est un défaut d’écrivain, je suppose.

Donc, pour revenir à la question… Le problème est qu’il est trop tard pour faire marche arrière en un claquement de doigts. On peut faire marche arrière, mais ça prendra du temps. À moins que nous acceptions tous de renoncer à notre confort technologique, à n’allumer nos lampes, ordinateurs, télévisions, qu’une heure par jour voire deux jours par semaine. Mais accepterions-nous ce régime-là ? Parce que dès qu’on a une panne de courant d’une heure, tout le monde râle déjà. Alors, il faut être cohérent… On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Nous sommes tous prisonniers de notre confort matériel et technologique, et beaucoup sont prêts à changer les choses à condition que ça n’affecte pas d’un poil leur mode de vie. Ce qui est pratiquement impossible, comme nous le savons. Sans quelques petits sacrifices, on ne résout rien.

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Chronique Jeunesse : Le mystère du majordome

Le mystère du majordomeImaginez le décor parfait : un château splendide, un cadre raffiné… et des disparitions étranges !

Écrit par Norma Huidobro – une auteur traduite de l’argentin – Le mystère du majordome est un roman jeunesse paru à l’école des Loisirs en 2013. L’histoire se déroule durant la période des vacances scolaires dans un lieu de charme : un véritable palais de style européen en pleine Amérique du Sud ! Norma Huidobro a également écrit Une soupe de diamants et Un secret à la fenêtre chez le même éditeur.

Impossible de se reposer pour Tomás… même en pleines vacances !

A chaque fois qu’un événement ou une festivité de taille se prépare dans la famille de Tomás, c’est toujours la même chose : il est mis à l’écart. Mais quelle meilleure mise de côté que d’être logé, nourri et blanchi dans un palais de charme pendant plus de 10 jours ? Pour une fois, cette situation plaît à Tomás… et on le comprend aisément.

Mais à peine arrivé, le jeune homme se montre vite trop curieux. Premièrement, Tomás n’aurait jamais dû commencer à compter les beignets qui étaient dans la cuisine : tout cela n’aurait jamais eu lieu… Alors qui vole la nourriture rangée dans la cuisine ? Est-ce quelqu’un qui gagne à ne pas être découvert ? Un bandit ? Un criminel ? Autre chose ? Et d’où viennent ces bruits étranges dans l’une des tours du château ?

Un parfait petit roman policier pour l’été… mais pas seulement

Une chose est certaine, ce roman est fort sympathique et plaira sans problèmes aux enfants dès l’âge de 9 ans. Le corps des mots est assez gros, permettant aux jeunes lecteurs de lire un vrai roman sans être submergés de texte.

L’intrigue est bien menée, l’idée de commencer tous ces mystères par des disparitions  de denrées alimentaires est amusante. Tomás est un jeune homme attachant dont la plume est simple et efficace. Il va se faire aussi bien des amis que des ennemis parmi les domestiques de la maisonnée et se faire une alliée inattendue en la personne de Camila, une petite fille fan de Barbie. Même si la communication est difficile au début, les deux enfants vont s’entendre afin de résoudre l’affaire.

« […] elle a fait demi-tour, emmenant la surprise et son sac de Barbie. Inutile de préciser que j’aurais préféré un plat de beignets à la pate de coings. S’il y a quelque chose que déteste c’est bien les Barbie. »

….

Drôle et parfait pour passer un bon moment, on appréciera de découvrir une auteur qui vient d’Argentine : cela a le mérite de changer des très nombreuses traductions anglo-saxonnes. A lire pour découvrir le style policier sans oublier une dose d’humour et de suspense !

TRANCHE d´ÂGE :

Interview de Daph Nobody – Partie 1/3

Daph NobodyPourriez-vous nous raconter votre parcours ? Comment en êtes-vous venu à devenir auteur ?

Je crois que je suis devenu auteur par solitude. J’ai été très coupé du monde dans mon enfance, et l’écriture a été un moyen de communication qui remplaçait les échanges oraux, physiques… bien qu’il ait fallu des années pour avoir des lecteurs et donc pour que cela devienne de la communication à proprement parler. Ma première lectrice fut ma mère. Elle doit d’ailleurs être la seule à saisir tout ce que je raconte en filigrane dans mes livres, parce qu’elle a avisé mes souffrances de près. Donc, je pourrais dire aussi que je suis devenu écrivain par souffrance. Ou parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire, vu que lorsqu’on grandit dans une famille sans le sou, il n’y a pas beaucoup d’activités accessibles. La Belgique a une grande tradition du livre d’occasion, et acheter des livres était plus ou moins le seul « artifice » que nous pouvions nous permettre. Quand j’étais gosse, un magazine pour enfants s’achetait l’équivalent de 10 cents, une bande dessinée 1 à 2 euros, un livre de poche 50 cents. À ce prix-là, on pouvait se permettre d’aller une fois par mois faire des achats. Mais c’était tout. Pas de télévision, pas de vacances, pas de cinéma (en dehors des sorties scolaires, je crois n’avoir pas été plus de cinq fois au cinéma entre mes 6 et 12 ans), rien de ce qui coûtait plus de 5-6 euros.

Danse macabreAlors, bien sûr, on ne devient pas écrivain juste parce qu’on est seul et qu’on souffre. Il y a des lectures qui vous marquent, et qui, dans un contexte favorable à ce type de discipline, permettent de définir la tendance stylistique et de genre d’un futur auteur. Je crois qu’on ne peut devenir écrivain que si on découvre au préalable des auteurs qui s’inscrivent comme une révélation – pour ne pas dire une révolution – dans votre vie et dans votre mode de pensée. J’écris depuis l’âge de sept ans, mais à cet âge-là, il n’y avait pas encore d’écrivain qui m’avait frappé, qui avait bouleversé ma vision des choses.

Ce n’est qu’à l’âge de douze ans que j’ai découvert la littérature d’épouvante, et que j’ai compris dans quel genre littéraire j’allais travailler. Si je n’avais pas découvert ces livres qui m’ont tant fasciné (Danse Macabre de Stephen King, Ghost Story de Peter Straub, Livres de Sang de Clive Barker, Les Enfants du Rasoir de Joe R. Lansdale, L’Heure des Chauves-Souris de Leigh Nichols…), je ne me serais peut-être pas mis à écrire en vue d’être publié. Ghost StoryÀ côté de ces auteurs dits de « genre », j’aime aussi Boris Vian, Marguerite Duras, Catherine Breillat, Hervé Bazin… mais même si je passe un agréablement moment avec un de leurs romans dans les mains, je ne peux pas dire que ce soient eux qui m’aient donné l’envie d’écrire. Ils ont été des plaisirs isolés, mais pas une stimulation. Ils me sont d’ailleurs très exotiques, tant par la forme que par le fond. Alors que lorsque je lis un roman d’épouvante anglo-saxon, ça me parle, je m’y retrouve complètement, il pense ce que je pense. Maintenant, à la question de savoir pourquoi je suis attiré par cette littérature très spécifique, je n’ai pas d’autre réponse que « parce que c’est comme ça ». Il faut de tout pour faire un monde. Certains naissent avec la vocation de juriste, d’autres avec celle de danseur, d’autres encore avec celle de vétérinaire. Eh bien, il faut croire qu’il y a des gens qui naissent avec la vocation d’écrire des romans fantastiques ou à suspense. Je crois qu’il y a des questions qu’il ne faut pas trop se poser, parce qu’elles font perdre plus de temps qu’autre chose.

Livre de sang 01Tout psychanalyser est une erreLivre de sang ancienne éditionur. L’important, c’est de créer, quelle que soit notre nature, quels que soient nos goûts et nos aspirations. Tout ce que je peux dire, c’est que cette littérature me parle parce qu’elle présente une grande intensité psychologique, qu’elle creuse dans l’âme humaine pour en dénuder les strates les plus obscures et pour tenter d’expliquer les accès de brutalité difficilement compréhensibles d’un point de vue logique et rationnel, sauf si on part du postulat que l’homme est un animal féroce à l’instar de l’alligator ou du requin. J’ai toujours essayé de comprendre l’être humain dans son penchant pour faire le mal, dans son plaisir de faire la guerre, d’envahir, de conquérir, de détruire, et cette littérature-là est celle qui m’apporte le plus de réponses sur le problème des « pulsions » et de l’existence potentielle d’une entité maléfique que certains appellent « Satan » et d’autres la « folie » sous toutes ses déclinaisons psychiatriques. J’essaye de comprendre pourquoi on trouve autant de cruauté dans notre monde, mais plus je cherche, moins je trouve. L’espèce humaine est à mes yeux la plus grande énigme de l’Histoire universelle. Ça peut paraître bizarre, mais j’ai le sentiment de mieux saisir Dieu que je ne saisis l’être humain… J’ai récemment vécu une histoire assez terrible avec une secte jéhoviste-sataniste à Lyon, et cette mésaventure à la perversité insoutenable m’a profondément affecté. J’en arrive à me demander si parce que je m’intéresse aux côtés obscurs de l’être humain, cette Intelligence à la source de la vie ne me propulse pas sur des sentiers qui mènent aux gens les plus ténébreux qui soient en ce monde… Je ne crois pas au hasard. Il n’y a pas de hasard. Comme l’a si bien dit je-ne-sais-plus-quel auteur : « Le hasard est la seule manière que Dieu a trouvée pour agir en toute discrétion »…

Les enfants du rasoirLes enfants du rasoir ancienne éditionJ’espère ne pas m’être trop égaré de la question de départ… Pour résumer ce dernier point : est-ce parce que j’écris des choses assez sombres que ma vie est sombre ? Ou est-ce parce que ma vie est sombre depuis ma petite enfance que j’écris des choses relativement sombres ? Le fait est qu’il y a toujours eu beaucoup de ténèbres dans ma vie, et que je ne peux pas en faire abstraction. De la même manière, on ne peut pas ignorer le fait d’avoir un pied bot, même si ça n’empêche pas de marcher ou de construire une maison. C’est quelque chose qu’on traîne avec soi du jour où l’on naît à celui où on part pour le Grand Voyage Intersidéral. La vie, c’est apprendre à apprivoiser ses handicaps et les injustices du destin.

Mon parcours a été un peu désordonné. Parce que ma jeunesse avait été difficile, et que j’avais été fortement défavorisé par rapport aux autres autour de moi, j’avais perdu toute confiance en moi. J’avais donc fait une croix sur des études supérieures, me disant que de toute façon j’allais échouer. S’en sont suivies des années très difficiles psychologiquement, où je ne trouvais pas ma place et où je sombrais, même si j’écrivais énormément, beaucoup plus qu’aujourd’hui. Et puis, poussé par un employé de l’Office National de l’Emploi à Bruxelles, à 25 ans j’ai entamé des études à la Faculté de Lettres, que j’ai réussies haut-la-main, et ces années universitaires ont complètement changé ma vie. C’est là que toute ma vie actuelle s’est mise en place. Pendant mes études, j’ai commencé à publier des livres, à travailler pour des maisons de production de films, à faire du théâtre… C’est entre 2000 et 2004 que tout s’est joué pour moi. Depuis, je n’ai jamais arrêté de travailler dans les domaines de la littérature, du cinéma et du théâtre… trois déclinaisons qui se complètement bien, je trouve.

 

L'enfant nucléaireLe pica est une maladie fort méconnue, comment en êtes-vous venu à la découvrir ?

Il y a des choses que j’ai découvertes par de curieux biais. A mes 20 ans, sentant que mes connaissances dans la langue française étaient assez pauvres, je me suis mis à lire le dictionnaire de A à Z. De cette manière, j’ai découvert des mots que je n’avais jamais entendus. Je les mémorisais, les classais dans un dictionnaire d’analogies que je me constituais au fil de cette lecture, afin de pouvoir retrouver des mots rares assez facilement. C’est ainsi que j’ai découvert les mots PICA et MORFAL. J’aimais la résonance de ces mots ; je suis très sensible aux sonorités. Et lorsque j’ai appris leur signification, je les ai associés, et ça a donné PICA MORFAL BOY. J’aimais ce titre, parce que ça donnait un aspect comic book américain, presque superhéros. D’une certaine manière, Jiminy est plus qu’un antihéros, c’est un antisuperhéros ou un superantihéros. Oui, c’est donc par le truchement d’un dictionnaire que j’ai découvert cette maladie. C’est amusant, non ? J’ai commencé à écrire ce roman il y a 17 ans sur base de ce titre, de cette association de mots. Les mots sont puissants. Un seul mot peut vous inspirer une saga tout entière. C’est le cas de Blood Bar, dont je suis en train d’écrire la suite.

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Chronique Album Jeunesse : Bonjour Facteur

Bonjour FacteurEt si c’était le facteur qui livrait les bébés maintenant ?

Illustré par Matthieu Maudet (http://matthieumaudet.blogspot.fr) et écrit par Michaël Escoffier, Bonjour facteur nous montre le travail de deux auteurs au sommet de leur forme. L’ouvrage est paru en 2012 à l’école des Loisirs.

Matthieu Maudet est né à Nantes et a toujours dessiné, que ce soit dans les marges de ses cahiers ou pour le travail. Quant à Michaël Escoffier (http://michaelescoffier.canalblog.com), il est né en France dans les années 70 et a apparemment été élevé par une famille de tricératops (dixit le site de l’école des Loisirs).

Si vous et vos enfants aimez les histoires à chutes, vous allez être servis !

Bonjour Facteur inside 01Un facteur très gentil mais tête en l’air…

Les histoires de cigognes qui livrent des bébés, c’est démodé, place au facteur ! Et même si il perd un peu les pédales, vous allez constater qu’il est très attachant.

Tout commence avec une famille d’hippopotames se prélassant tranquillement dans l’eau. Ces derniers vont avoir une surprise de taille quand le facteur va leur apporter… leur bébé ! Et ça continue avec une famille de singe qui avoir non pas un bébé mais deux. Ils sont tous deux très mignons et ressemblent bien à leurs parents…

Mais le facteur est un être faillible, comme tout un chacun, et ce sont les pingouins qui vont en faire les frais… mais je ne vous en dit pas plus ! Quoi qu’il en soit, la chute est excellente. Et même si vous pensez avoir deviné de quoi il retourne, je suis certaine que vous n’aurez pas tout découvert.

L’alliance des dessins drôles et simples avec un texte bien choisi et court est d’une redoutable efficacité, c’est un coup de cœur à partager d’urgence avec les petits. On en redemande ! A lire dès l’âge de 2 ans pour rire des étourderies d’un facteur amusant malgré lui. Et si vous avez adoré Bonjour facteur, un autre ouvrage dans le même genre (avec les mêmes auteurs) devrait également vous plaire, il s’agit de Bonjour docteur.

Bonjour Facteur inside 02

Zoom livre en VO : Hungry de H. A. Swain

Hungry VONon encore traduit en France, voici une parution américaine qui a l’air vraiment captivante. Hungry vient tout juste de paraître aux États-Unis en juin dernier aux éditions Feiwel & Friends. Cette nouveauté est classée en littérature young-adult dans le genre dystopique. Imaginez-vous un futur où la nourriture est devenue inutile, superflue… grâce à un simple comprimé. Ce futur est-il vraiment un paradis ? C’est que ce propose de développer Hungry, le premier roman à destination des ados écrit par H. A. Swain.

On notera la très belle couverture du roman ; cette fourchette aux extrémités pliées, comme si elle appelait désespérément la nourriture à elle. Un choix graphique simple et extrêmement percutant qui marquera les esprits. Alors, à quand une publication française ?

Quatrième de couverture :

Dans le monde de Thalia, il n’y a plus de nourriture mais cette dernière ne manque à personne, car tout le monde prend des médicaments contre la faim. Thalia et sa famille mènent une vie privilégiée : en effet ses parents sont employés par la compagnie qui a développé ce médicament miracle atténuant les besoins nutritionnels de chacun. C’est lorsqu’elle rencontre un garçon faisant partie d’un réseau clandestin cherchant à rendre sa place à la nourriture, qu’elle réalise qu’il existe un monde totalement à l’opposé du sien. Elle commence également à ressentir la faim, tout comme le garçon. Les cachets ne feraient-ils plus effet ?

Ensemble, ils se lancent à la recherche de la seule chose qui calmera leur faim : de la vraie nourriture. Thalia va alors participer à un voyage qui bouleversera toutes ses certitudes. Mais est-ce qu’une personne comme elle peut vraiment participer à une révolution ?

Merci à Erwan Devos et Hermine Hémon pour leur traduction.

hungry logo

Chronique : Nés à Minuit – Tome 1 – Attirances

Nés à minuit 01Bienvenue à Shadow Falls, colonie de vacances pour êtres surnaturels…

Paru en France aux éditions Michel Lafon, Nés à Minuit est une série de romance fantastique écrite par l’américaine C. C. Hunter. Le premier tome en grand format était sorti en 2011 avant de paraître dans la très jolie collection Michel Lafon Poche en début d’année 2014.

En langue originale, la série s’intitule Shadow Falls et comprend 5 tomes (traduits en France), plus deux nouvelles (inédites pour le moment chez nous). Un nouveau cycle se déroulant dans l’univers de Shadow Falls est en cours de publication aux États-Unis sous le titre Shadow Falls : After Dark. Autant dire que si vous vous lancez dans cette série, vous aurez de quoi faire !

Une colo pour cas sociaux

Voilà l’idée préconçue de Kylie quand celle-ci débarque à Shadow Falls. Elle n’y connaît personne, ses parents viennent de divorcer, et elle a été plaquée il y a peu… pour de bonnes vacances, autant dire que c’est très mal parti.

Et ça, c’est sans compter sur l’étrangeté de ses compagnons de vacances : ils ont tous une étrange manie, celle de froncer les sourcils, comme s’ils pouvaient voir quelque chose d’inaccessible à Kylie… Alors quand Holiday explique aux nouveaux venus de Shadow Falls qu’ils sont des surnaturels, s’en est trop pour Kylie. Sa vie s’effondre déjà bien assez comme cela pour en plus y ajouter une dose de fantastique ! Elle décide de tout nier en bloc et de ne pas croire en l’existence des vampires, loups-garous, sorcières, fées et autres créatures issues notre imaginaire collectif. Mais c’est sans compter sur ses deux colocataires : Della, vampire et de son état, et Miranda, sorcière transformant les pervers en crapaud.

Mais si Kylie est a Shadow Falls, c’est qu’elle est également une surnaturelle… alors qu’est-elle donc ? Ses cauchemars ont-ils un lien avec sa venue dans ce mystérieux endroit ?

Pas grand-chose à se mettre réellement sous la dent…

L’ambiance « colonie de vacance isolée et entourée de mystères » est très plaisante. On aime à se perdre dans ce genre d’environnement situé entre deux mondes. En cela, Nés à Minuit est bien réussi.

On y découvre toutes les créatures fantastiques peuplant habituellement la fantasy urbaine, chacun ayant son clan et ses habitudes. Le côté surnaturel n’est pas excessivement développé, mais ça n’est pas nécessairement un point négatif. En effet, pas besoin d’un univers très fouillé pour faire une histoire qui fonctionne.

Cependant, en ce qui concerne l’intrigue il se passe très peu de choses dans ce premier tome qui alterne fortement entre les questionnements de Kylie et son attirance pour deux garçons que tout oppose. Les scènes de romances sont bien menées et n’interviennent pas de façon inopinée dans l’histoire. Elles sont cependant trop longues par rapport à ce que l’on en retire au final.

L’histoire dans son ensemble est similaire : intéressante mais nous révélant au final très peu de choses. Malgré cela, l’histoire rend assez curieux pour vouloir lire la suite (ce qui est plutôt bon signe). Reste à savoir si l’auteur nous donne plus de matière et démarre réellement la machine dans le second opus.

Il nous semble cependant important de noter que la traduction et l’écriture du roman ne sont vraiment pas de bonne qualité. On tombe souvent sur des tournures de phrases étranges (même si on en comprend le sens général) ou des scènes parfois emmêlées. Ainsi se retrouve-t-on avec ce genre de phrases : « Ils ne parlèrent pas pendant les cinq premières minutes qu’ils empruntèrent un sentier » (p. 160). Ce n’est pas beau à lire. La première moitié du roman est truffée de formulations peu claires, la seconde est un peu moins choquante.

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En conclusion, malgré des points noirs, Nés à Minuit possède une qualité : nous inciter à y revenir. En effet, on a très envie de savoir quels sont les pouvoirs de Kyllie, et surtout qu’est-ce qu’elle est elle. Nous vous en donc plus très bientôt sur la suite : Soupçons.

Si vous avez aimé, alors essayez (cliquez sur l’image pour accéder à l’article) :

Wings 01Le livre de Saskia 01

Concours Lumen : Gardiens des Cités Perdues, 2 exemplaires à gagner sur La bibliothèque de Glow

gardiens cités perdues concoursCONCOURS TERMINÉ – gagnants : Aelynah et Hermine

Il y a de cela quelques semaines, nous avions chroniqué le premier tome de la série Gardiens des Cités Perdues (chronique ici), qui fut un véritable coup de cœur pour nous.

C’est ainsi que grâce à ce coup de foudre littéraire et aux éditions Lumen, nous vous proposons aujourd’hui de remporter 2 exemplaires du premier opus de la saga. Et oui, quand on aime, on partage, alors si la chronique vous a fait envie, c’est l’occasion de tenter sa chance !

Pour participer, rien de plus simple : il vous suffit de commenter cet article ET de liker la page Facebook de La Bibliothèque de Glow (si ça n’est pas déjà fait, bien entendu).

Les deux heureux gagnants seront tirés au sort parmi les participants. Fin du concours le 21 juillet inclus. Enfin, nous ne sommes pas responsables en cas de perte ou détérioration du gain par le transporteur (informations légales obligent).

Bonne chance à tous, et n’hésitez pas à partager cet événement !

 Ci-dessous, les couvertures des deux autres titres de la saga, que nous attendons déjà avec beaucoup d’impatience.

Gardiens des cités perdues 02 VOGardiens des cités perdues 03 VO