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Chronique Jeunesse : Mauvais Garçon

Mauvais garçonLe repentir d’un jeune homme qui a fait beaucoup d’erreurs par le passé, mais qui change !

Il est paru en janvier 2015 en Folio Junior et fait à peine une petite centaine de pages. Mauvais Garçon est un roman de l’auteur Britannique Michael Morpurgo. Ce dernier connu pour son œuvre non négligeable en littérature jeunesse : Le roi Arthur, le Royaume de Kensuké ou encore Cheval de guerre, c’est lui !

Avec Mauvais Garçon, il signe un très court roman nous content le parcours d’un jeune homme ayant fait les 400 coups mais ayant décidé de rentrer dans le droit chemin. Et chose originale, les chevaux vont l’y aider d’une manière surprenante.

Un jeune homme épris de liberté qui ne connaît pas de limites…

Le héros de Mauvais garçon est rebelle, difficile à vivre pour sa famille et surtout très libre. Trop libre. Il vole, il ment et fait nombre de choses répréhensibles jusqu’à ce que les forces de l’ordre se rappellent à son bon souvenir.

Et c’est ainsi que commence pour ce garçon qui ne connaît rien aux règles un long chemin vers l’accomplissement de soi, et peut-être qui sait, la fierté ?

Le cheval pour moteur, l’amitié humaine comme socle

Notre mauvais garçon découvre au cours de sa détention la valeur du travail et l’amour des choses bien faites. Aidé en cela par M. Alfie, l’homme qui s’occupe des écuries, le jeune homme va se bonifier et trouver une nouvelle motivation. En effet, le palefrenier de la maison de redressement a remarqué le regard du jeune homme étinceler devant les chevaux… et décide de le prendre sous son aile. C’est ainsi que la vie du jeune héros va changer du tout au tout.

Michael Morpurgo revient ici à ses grands amours où l’homme et les animaux partagent un vécu très fort, en particulier les chevaux. Ce récit a beau être extrêmement court, il nous conte une belle histoire de vie et d’amitié.

Il ne laissera pas un souvenir aussi impérissable que certains de ses autres ouvrages, mais a le mérite d’intéresser les jeunes lecteurs à l’Histoire. Le roman est de plus très bien documenté (avec photos d’époque à l’appui) et propose une vingtaine de pages sur les sujets de fond du roman : les maisons de redressement du début du XXème siècle, ou encore la race de chevaux nommée suffolk punch.

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Pour tous les fans de Michal Morpurgo, ce récit sera forcément indispensable, pour les autres, ce n’est peut-être pas le plus urgent à lire. L’histoire est en tout cas fort sympathique et les illustrations de Michael Foreman sont toujours belles et travaillées. A découvrir dès l’âge de 9 ans, que l’on soit un bon ou un mauvais garçon ! (ou fille d’ailleurs !).

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Chronique : Miniaturiste

MiniaturisteLes grands secrets d’une maison parmi d’autres dans l’Amsterdam du 17ème siècle

Premier roman de l’anglaise Jessie Burton, Miniaturiste vient de paraître aux éditions Gallimard dans la collection Du monde entier en mars 2015. Lors de sa sortie en langue originale, cet ouvrage a su réunir les critiques les plus élogieuses de la presse. Espérons qu’il connaîtra le même accueil en France.

Pour son roman, Jessie Burton s’est directement inspirée d’une maison de poupées existante qui est exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam (cf photo ci-dessous).

On y découvre le portrait d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence qui se retrouve femme mariée à l’un des hommes les plus puissants d’Amsterdam. Son entrée dans la famille des Brandt ne se fera pas sans anicroches et contrariétés plus ou moins gênantes…

« Bienvenue » dans la riche famille Brandt

A peine arrivée dans sa nouvelle demeure, la jeune Nella Oortman (nouvellement Nella Brandt) sait qu’elle aura beaucoup à faire pour se faire accepter. L’accueil froid de sa belle-sœur Marin, l’absence de son mari Johannes et le comportement peu avenant d’une des domestiques ne sonnnt guère comme de bons présages.

Les questions sont nombreuses quant à l’intégration de Nella chez les Brandt, mais plus que cela, elle sent qu’il y a de lourds secrets dans cette nouvelle famille. Alors que s’y passe-t-il réellement ? Et en quoi le cadeau de Johannes – une superbe maison de poupée semblable en tous points à la maison du couple – va-t-il mettre sa vie au sein des Brandt en perspective ?

Miniaturiste VOEnchanteur et parfaitement bien construit

A peine entré dans la maison des Brandt, on sent que l’on est dans ce genre d’atmosphère qui ne laisse pas indifférent. Tamisée, secrète, cachée… tout y est composite et délicat. Les non-dits et les signes discrets sont plus importants que les actes eux-mêmes. Les indices sont nombreux, et pourtant… certains glisserons sur vous innocemment.

La maîtrise dont fait preuve Jessie Burton quant à la psychologie de ses personnages est d’une justesse parfaite. Ils sont tous crédibles et bien campés.

Et surtout, ce parallèle entre la vie de Nella et sa magnifique maison miniature (réplique parfaite de la maison où elle vit désormais) et extrêmement bien construit. Impossible de lâcher ce roman tant il est fluide et captivant à la fois. La vie de Nella a une influence sur sa maison de poupée et les nouveaux objets qu’elle y ajoute, mais plus inquiétant, la maison de poupée a elle aussi un ascendant sur la vie de la jeune mariée. Inquiétant.

Vous découvrirez également toutes les conventions et pressions sociales de l’époque. Amsterdam avait beau être une ville extrêmement moderne sur de nombreux plans, il ne faut pas oublier que nous sommes au 17ème siècle.

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A classer avec le chef d’œuvre La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier (l’éditeur parle également du Chardonneret de Donna Tartt). Vous n’aurez peut-être pas toutes les réponses à vos questions, mais c’est si bien édifié que peu importe ! Il est bon parfois d’avoir une part de mystère… Miniaturiste est ainsi une petite perle dont il est impossible de se passer, surtout si vous aimer les mystères intimistes sur fond historique.

Actualité éditoriale : U4, le phénomène de la rentrée littéraire ado

U4 PrésentationC’est l’événement de la rentrée ado 2015 : U4. Une série de quatre romans écrits à quatre mains par des auteurs jeunesse et ado français reconnus pour leur travail et leurs œuvres. Une série écrite à quatre, c’est du jamais vu sur la scène éditoriale… d’autant plus qu’ils sortent en simultané le 27 août 2015 !

Tout a commencé lors d’un salon littéraire, Yves Grevet (Méto, Nox), Florence Hinckel (#Bleue, Mémoire en mi, Hors de moi), Vincent Villeminot (Instinct, Réseaux) et Carole Trébor (Nina Volkovitch) se sont lancé le pari d’écrire à quatre… pour plaisanter au début, mais le projet a très rapidement été concrétisé. Et au vu du travail de chacun, cette série va faire d’énormes vagues !

Les auteurs avaient particulièrement à cœur de travailleur avec leurs éditeurs respectifs à savoir Nathan et Syros, ce sont ainsi des livres coédités qui vont paraître sous le nom de Syros/Nathan.

U4 StéphaneMais alors U4, qu’est-ce que c’est ?

Ce sont quatre romans qui se lisent tous indépendamment et écrit de quatre points de vues très différents, tous à la première personne. Tout commence au mois de novembre, en Europe. Cela fait une dizaine de jours que le virus U4 sévit. Les morts se comptent par millions… et seuls les adolescents entre 15 et 18 ans semblent y survivre (ainsi que quelques rares et riches adultes).

A priori, nos quatre personnages n’ont rien en commun : l’un vit à Marseille, l’autre en Bretagne, l’une encore à Lyon ou encore à Paris. Et pourtant… ils jouent tous à un jeu en ligne nommé Warriors of Time. Et tous reçoivent un étrange message du jeu-vidéo qui leur annonce qu’ils peuvent peut-être empêcher la catastrophe biologique d’arriver en allant dans le passé s’ils se rendent à Paris avant le 24 décembre prochain.

C’est ainsi que Koridwen (de Bretagne), Yannis (de Marseille), Jules (de Paris) et Stéphane (de Lyon) décident d’aller au point de rencontre… mais pour des raisons extrêmement différentes. Chacun va faire des rencontres uniques et arrive avec un lourd passé.

U4 AuteursComment écrire à quatre mains ?

Les auteurs (cf photo ci-contre) l’avouent eux-mêmes : U4 a été aussi plaisant à créer que complexe à mettre en place. Ils s’étaient posé de nombreuses contraintes : calendaires, météorologiques, rédactionnelles (comme le temps présent et à la première personne qui devait être utilisé par tous pour plus de cohérence)…

De plus, ils s’étaient mis d’accord pour que leurs romans fassent tous à peu de choses près la même taille (un peu plus de 400 pages tout de même !), il y avait donc également une contrainte de densité de texte.

Au début de l’aventure, chacun a écrit le premier tiers de son roman tout seul, puis quand est venu le moment d’entrecroiser les personnages et leurs bagages, la donne a changé. Ils se sont d’ailleurs réunis tous les quatre dans un maison d’auteur à Marseille pendant une semaine et ont échangé pendant des heures sur le moindre détail.  En somme, écrire à quatre mains, c’est mettre quatre fois plus de temps (voire d’avantage !) pour écrire, d’autant que la perception du personnage de chacun n’est pas évidente à retranscrire pour l’autre, surtout quand ils se rencontrent (vous me suivez ?). Et le moindre petit objet peut prendre toute son importance, tout dépend de qui décrit la scène…

U4 YannisPourquoi un univers post-apocalyptique ?

Il y a plusieurs raisons avancées par les auteurs. L’une d’elle est qu’en effet, le post-apocalyptique séduit toujours son public. Personnellement, j’adore voir se débrouiller des ados qui sont dans la mouise jusqu’au cou… Alors quand il y a un virus mortel qui sévit, pas d’eau potable ni électricité et qu’une aventure aux allures de road-trip nous est promise on ne peut qu’être impatient de voir ce que ça va donner sur le fond.

L’autre raison est assez simple, mais il fallait y penser. Chacun des auteurs d’U4 a son propre univers de prédilection, Carole Trébor est plus sur de l’historique, d’autres sont plus sur la psychologie etc. Le plus simple pour avoir des bases d’écritures communes était de tout détruire. En effet, avoir des ruines pour décor facilite les choses.

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U4 LogoVous l’aurez compris, U4 est un bel enjeu éditorial qui mérite qu’on s’y intéresse fortement tant pour son intrigue accrocheuse que pour le nom des auteurs qui l’ont créé. C’est tout simplement exceptionnel de voir un tel projet éditorial et humain voir le jour et je suis totalement enthousiaste à l’idée de découvrir ce nouvel édifice littéraire.

Les chroniques sont à venir prochainement sur le site, et n’oubliez pas la date fatidique : le 27 août 2015 !

Chronique : Les Monstres

Les monstres                Detroit : ses habitants, ses artistes, ses écoles, ses flics… et son tueur en série.

Lauren Beukes est une auteur d’origine Sud-Africaine. Considérée comme la toute nouvelle relève de Georges Orwell entre autres. Les Monstres, tout juste paru en juin 2015 aux Presses de la Cité dans la collection Sang d’Encre est ainsi son quatrième roman (tous parus chez le même éditeur). On lui doit ainsi Moxyland, Les Lumineuses et Zoo City (pour lequel elle a reçu le Prix Arthur C. Clarke en 2010). Elle travaille également régulièrement sur des scénarios de comics, dont un seul est paru en France pour le moment : Fairest – tome 2 – Le royaume caché.

Avec Les Monstres, Lauren Beukes nous plonge dans la ville de Detroit. Connue avant tout pour sa faillite et ses nombreuses affaires d’ordre politiques et sociales. Mais c’est également une ville pleine de vie, avec des gens vrais, qui ont une furieuse envie de s’en sortir…

Des monstres de bric et de brocs comme œuvre d’art

Detroit : un corps de petit garçon a été retrouvé… enfin, un corps, façon de parler. En effet, il n’y en a que la moitié… le haut du garçon étant collé à un postérieur de faon. C’est ainsi que l’une des enquêtes les plus malsaines et les plus retorses va occuper l’esprit de l’inspectrice Versado… Cela à un tel point qu’elle en oubliera ses devoirs de mère et que le tout aura une influence certaine sur l’enquête à venir…

Bienvenue à Détroit, un lieu plein de vie où la mort est sur toutes les lèvres depuis le terrible événement… et si ce petit garçon/biche n’était que l’œuvre introductive d’un malade aux dessins bien plus grands ?

Sombre comme on adore, glauque comme on aime

Ça fait du bien de lire un ouvrage où les ténèbres et la déviance ne sont pas retenues. Où l’ambiance prime sur l’histoire par certains aspects. Où le mystère s’épaissit quand il semble être dévoilé. Lauren Beukes dit elle-même qu’il s’agit de son ouvrage le plus réussit, et on veut bien la croire, tant Les Monstres est fluide et attrayant.

L’objet même de l’histoire n’est pas de retrouver le tueur, dont on découvre le point de vue régulièrement au travers des chapitres. Non, l’objet de l’histoire, ce sont plutôt tous ces morceaux de vies et de vécu qui s’amoncellent pour donner un roman policier très axé sur la part d’obscur de chacun. De l’ado normale en passant par la flic ou le pseudo-journaliste, tout le monde a quelque chose à se reprocher. Et n’importe qui peut tomber dans la déchéance.

Les monstres VOUn récit réaliste sur fond de réseaux sociaux et leurs travers…

Plus on avance dans l’intrigue et plus on se rend compte à quel point les réseaux sociaux (et autres plateformes d’échanges) prennent une place importante. D’outils de recherche et de communication, ils peuvent devenir des menaces à différentes échelles.

Cela est d’autant plus inquiétant que c’est totalement réaliste et possible. La lecture de ce roman risque de vous empêcher de dormir si vous avez des adolescents tant tout est affreusement plausible.

L’impression d’authentique que donne le roman n’est pas uniquement due à la plausibilité des actes, mais à celle de ses personnages. En effet, Lauren Beukes s’est rendue a Detroit pendant près d’une semaine et a rencontré de nombreuses personne à l’histoire parfois incroyable… et les a insérés dans son récit. Et quand on sait ça, il n’y a pas mieux pour croire s’immerger encore plus aisément dans l’histoire. Bien entendu, tout n’est pas uniquement inspiré de faits réels et certaines scènes sont d’ailleurs à l’entre-deux…

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Les Monstres est ainsi un très bon roman policier avec une bonne dose de noirceur et une toute petite touche de fantastique vers les ultimes pages. Il est parfait pour ceux qui se lassent du style classique qu’offre le polar. Ici vous avez affaire à un roman noir et corsé, non dénué de poésie et d’onirisme… C’est appréciable.

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Chronique : Tau Zéro

Tau zéroLa hard sf dans toute sa splendeur à travers un voyage spatial qui n’en finit pas…

Tau Zéro, roman majeur du paysage de la science-fiction est paru en poche chez Pocket en janvier 2015 (précédemment édité au Bélial’). Traduit sur le tard (le texte date des années 70), ce petit bijou de la sf arrive enfin entre nos mains et devient accessible à toutes les bourses.

Son auteur, Poul Anderson, est d’origine américaine et a été sept fois lauréat du prestigieux prix Hugo et trois fois pour le prix Nébula pour ne citer qu’eux. Il a notamment écrit : La patrouille du temps (quatre tomes), Barrière Mentale ou encore La saga de Hrolf Kraki.

Avec Tau Zéro, on plonge avec fascination dans les méandres de l’univers tout en poussant les théories relativistes dans leurs derniers retranchements. Le reste, comme les personnages et leur psychologie n’est que pure ornement.

En route pour Beta Virginis

Le Leonora Christina et ses scientifiques se préparent à partir pour l’un des voyages les plus ambitieux de l’humanité. Outre un périple stellaire long et ardu, l’équipe devra ensuite coloniser une des planètes de ce système qui semble pouvoir devenir un nouveau berceau de l’humanité.

Mais avant d’y parvenir, il y a des très nombreuses années de voyages à faire, des milliers de parsecs à traverser et de nombreuses dissensions à dissiper au sein même du vaisseau. Tout cela sans compter la part d’aléatoire qu’un tel voyage implique…

Un superbe récit qui pousse à la réflexion avec des bases scientifiques solides

Poul Anderson met magnifiquement en scène de nombreuses théories scientifiques et faits avérés. L’ouvrage datant un peu, certains passages sont discutables scientifiquement (merci d’ailleurs à l’astrophysicien Roland Lehoucq pour sa postface explicative simple et efficace qui permet de dissocier tout cela), mais rien qui ne gâche le plaisir de la lecture.

Théorie de la relativité, effet Doppler, Facteur de Lorentz, Big Crush, Collecteur Bussard… les grandes idées de l’époque et d’autres plus anciennes y sont développées avec efficacité. De mon point de vue, l’histoire du Leonora Christina et de son incroyable voyage est bien plus passionnante que les guerres intestines qui se déroulent à l’intérieur. Les personnages sont efficaces mais parfois un peu frustes, basiques. On y retrouve tous les travers possibles de l’homme lorsqu’il se retrouve confiné avec ses semblables, et cela pendant… plus de trente ans !

Non, le plus génial dans Tau Zéro, c’est l’exploitation des données scientifiques de l’époque de Poul Anderson (donc dans les années 70) pour nous servir un roman de hard-sf réaliste, crédible et passionnant.

On a viscéralement envie de savoir ce qu’il va arriver à tous ces passagers et comment leur voyage en accélération constante va bien pouvoir se solder. Le reste en devient accessoire tant le côté scientifique du récit est prépondérant et surtout bien mené.

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L’ouvrage est ainsi un beau prétexte pour se plonger avec émerveillement dans des concepts scientifiques inconnus, effleurés ou déjà connus. C’est une ode au voyage et à la beauté de la science… ainsi qu’à tout ce qu’elle peut nous offrir.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Actualité éditoriale : Là où tombe la pluie, le roman d’anticipation de la rentrée littéraire 2015

Là où tombe la pluieLe 20 août 2015, les éditions Les Escales sortiront l’ouvrage Là où tombe la pluie ( The Well en VO, soit littéralement La Source) de l’anglaise Catherine Chanter. Le roman a fait sensation à la foire de Francfort (Salon international dédié au livre où de nombreux achats de droits se font) et a été un véritable événement sur la scène éditoriale. Les droits ont ainsi été vendus dans de nombreux pays pour le premier roman de Catherine Chanter.

En France, ce sont les éditions Les Escales qui ont eu la chance d’obtenir les droits d’un roman qui semble extrêmement prometteur. Et même si son auteur souhaite pas mettre d’étiquette toute faite sur son ouvrage, il s’agit bien ici d’un récit d’anticipation sociale et écologique.

Le fait que l’ouvrage soit dans la rentrée étrangère généraliste est en soi un bon signe. L’imaginaire est en train d’acquérir ses lettres de noblesse auprès d’un lectorat plus large qui ne se croit pas nécessairement féru de ce genre de littérature car souvent éditée dans des catalogues spécifiques, mais aussi souvent dénigrée. Et pourtant… cette nouveauté pourrait-elle être un renouveau pour ces littératures qui nous font rêver, réfléchir et nous poussent à nous poser toujours plus de questions ?

Là où tombe la pluie - the wellQuatrième de couverture :

Accusée de meurtre, Ruth Ardingly est assignée à résidence. Enfermée, rejetée de tous, elle entreprend de reconstruire le puzzle de la tragédie qui a détruit son mariage et sa famille.

Quelques années auparavant, Ruth et son mari Mark quittent Londres pour fuir leurs souvenirs et reconstruire leur vie. Ils emménagent à La Source, la maison de leur rêve. Tandis que le monde fait face à une sécheresse hors du commun, leur propriété est mystérieusement épargnée. Le couple s’attire la jalousie de ses voisins agriculteurs, la curiosité du gouvernement mais aussi le fanatisme d’une secte, Le Rose de Jéricho, dirigée par une femme étrange, Amelia.

Ses membres s’insinuent dans la vie de Ruth et Mark, de leur fille, Angie, et de leur petit-fils, Lucien. L’emprise d’Amelia sur Ruth grandit de jour en jour, au grand désarroi de son mari. Les relations s’enveniment entre les habitants de La Source, la tension monte et atteint son point culminant avec un crime odieux. Le meurtrier se cache parmi ses plus proches confidents, Ruth en est sûre.

Seule dans cette enclave, elle se décide à affronter ses plus grandes peurs pour comprendre ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit-là à La Source.

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Chronique Jeunesse : Une histoire terrifiante – Le miroir aux sortilèges

Une histoire terrifiante - Le miroir aux sortilègesLe monde des yôkais s’ouvre à vous à travers un récit pour la jeunesse réussi !

Il est paru en juin 2014 aux éditions Flammarion Jeunesse et constitue le second volume de la série Une histoire terrifiante écrite par N. M. Zimmermann (le premier s’intitulait Peur sur la ville). Les deux ouvrages sont totalement indépendants l’un de l’autre et racontent deux histoires très différentes.

L’auteur N. M. Zimmerman est de nationalité française et a déjà écrit une foule de livres. On lui doit la série Alice Crane (Seuil), la saga Eden City (Milan), Dream Box (l’école des Loisirs), ou encore Super héros, ça craint grave (paru récemment chez PKJ).

L’intrigue du miroir au sortilège se déroule au Japon, et pour cause ! L’auteur y a vécu quelques années et connaît bien la culture de ce pays aux mœurs si particulières, ainsi que leur mythologie…

Une annonce bien étrange sur internet

Tout commence lorsque la jeune Misaki découvre l’annonce d’un très joli miroir sur la toile. L’objet est magnifique, et surtout son prix terriblement attractif. A croire que l’annonce n’a été faite que pour elle. Le site internet sur lequel elle se le procure est toutefois étrange, une fois son achat passé, elle n’a aucune confirmation de sa commande et n’a même pas eu à renseigner son adresse… de plus, le site marchand est par la suite introuvable !

Et depuis l’arrivée de ce beau miroir dans la vie de Misaki, les choses qu’elle y voit deviennent étranges : placards qui bougent, visions, bruit inquiétants… Ce miroir est magique, c’est certain, mais est-il bienveillant envers sa toute nouvelle propriétaire ?

Culture nippone moderne et frissons au rendez-vous

L’intrigue de ce roman destiné aux 10-12 ans est simple mais très efficace. En effet, l’histoire de ce miroir magique est le point de départ pour découvrir tout un pan d’une culture qui nous est méconnue (à fortiori pour les enfants). Sans oublier la notion de frisson, qui est bien présente !

On découvre à travers l’histoire de Misaki certaines traditions japonaises ancestrales qui malgré l’époque actuelle ont toujours prise sur nombre de japonais, en particulier les anciens. Les yôkais sont de ce nombre, mais pas seulement, les nombreuses fêtes que le pays compte participent également à ce lien entre culture passée et présente.

Et bien entendu, ce sont avant tout les yôkais qui sont ici mis à l’honneur tout au long de ce roman. Et il y en a un nombre incalculable ! Ici, nous avons en particulier à faire à des tsukumogami, des objets dotés d’une âme (cela peut-être un parapluie, une lampe, des sandales, des théières…). Le sujet est aussi inépuisable que passionnant ! Notons par ailleurs à la fin de l’ouvrage un lexique d’une dizaine de mots japonais qui se révèle très utile aussi bien pendant qu’après la lecture.

M. Zimmerman sait mener son lecteur dans l’effroi avec une montée en puissance douce mais pernicieuse. Là où l’on ne voit que de petits signes surnaturels peu inquiétants, le temps nous les transforme en d’autres choses plus sombres, plus mauvaises. Et cela à un tel point que sur les dernières pages du roman, ça en devient terriblement angoissant !

Le moindre craquement, la plus petite parcelle d’imagination et vous voilà aussi alarmé que la pauvre Misaki.

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Une histoire terrifiante - Le miroir aux sortilèges KarakasaLe nom de la série Une histoire terrifiante tient ainsi toutes ses promesses ! Je ne peux que vous conseiller de lire ou de faire lire ce livre. Pas avant 10 ou 11 ans tout de même, car certains passages savent inspirer la peur. Pour ceux qui aiment ce genre de récit, c’est parfait après avoir dépassé le niveau de lecture des romans Chair de Poule, et en plus, on découvre une culture passionnante !

A quand un autre titre dans la même série ?

Pour aller plus loin : N‘hésitez pas à découvrir le merveilleux imagier des yôkai publié chez Actes Sud Junior : Yôkai – Le monde étrange des monstres japonais.

Chronique Album Jeunesse : De plus en plus haut

De plus en plus hautUn album graphique pour découvrir les plus belles et les plus grandes constructions du monde… pas toujours modelées par la main de l’homme !

Paru en juin 2014, cet album est édité aux éditions de La Martinière Jeunesse. L’illustration y est assurée pat Mikhail Mitmalka et le texte par Justine de Lagausie (elle a déjà écrit quelques documentaires aux éditions du Seuil). En quelques pages, plongez dans l’infiniment grand… en commençant tout doucement avec 1.30 mètre, qui correspond à la taille d’un enfant de 10 ans.

Esthétique et graphique, une belle façon de découvrir le monde et ses grands symboles

Entre l’album jeunesse et le documentaire, découvrez un livre atypique qui fait grimper des hauteurs vertigineuses… Du petit garçon, nous passons à la girafe africaine qui fait 5.50 mètres, puis aux fameuses Statues de l’Île de Pâques qui mesurent 10 mètres, puis à l’Obélisque de Louxor (23 mètres) qui se situe à Paris… Mais jusqu’où va-t-on aller ?

Plus on tourne les pages et plus la hauteur devient vertigineuse, et les monuments de Dame Nature ne sont pas en reste. Des Chutes Victoria (108 mètres) en passant par le séquoia à feuille d’if en Californie (115.55 mètres), la Terre n’a rien à envier à l’homme.

On appréciera les annotations succinctes présentant le monument tout en bas de la page. Vous trouverez de plus amples détails sur les deux premières et dernières pages intérieures où sont référencés et présentés tous les bâtiments et autres présentés de l’album. Vous en apprendrez ainsi plus sur son histoire ou le contexte qui l’a vu naître. Ainsi, l’histoire de la Sagrada Familia à Barcelone est fascinante !

De plus en plus haut insideEnfin dernière chose mais pas des moindres, les illustrations de Mikhail Mitmalka sont épurées et extrêmement graphiques. On reconnaît avec aisance et simplicité les constructions qui sont le symbole de certaines parties du monde. Elles sont toutes réussies, et cela sans fourmiller de trop de détails… une belle réussite.

A conseiller pour tous ceux qui souhaiteraient faire découvrir le monde à leurs enfants de façon originale et design ! Dès l’âge de 6 ans environ.

Chronique : Les confessions de Mr Harrison

Les confessions de Mr HarrisonUn roman typiquement British au charme suranné où le moindre non-dit peut-être fatal pour une réputation

Si vous ne connaissez pas Elizabeth Gaskell, voici l’occasion de la découvrir au travers d’un très court roman.

Auteur anglaise du 19ème siècle, elle fait partie des figures emblématiques de la littérature Britannique avec Jane Austen ou encore les sœurs Brontë pour ne citer qu’elles.

Les confessions de Mr Harrison est un petit livre qui peut se lire seul, mais qui fait également office d’introduction au roman Cranford. Parmi ses autres romans, on peut citer Nord et Sud (son plus connu), Ruth, ou encore Les amoureux de Sylvia. La plupart de ses ouvrages sont disponibles au format poche, aux éditions Points.

Un jeune médecin fraîchement débarqué

A peine arrivé dans la petite ville de Duncombe, Mr Harrison va devoir montrer à quel point il est un bon médecin, mais surtout, qu’il est sociable. En effet, tout est prétexte à le rencontrer, lui parler, le connaître plus amplement…

En bref, il est jeune et promis à un billant avenir de médecin, et Duncombe abrite nombre de jeunes filles et jeunes femmes prêtent à se marier avec un beau et charmant médecin… peu importe ce qu’il en pense ! De méprises en bévues, le calme n’est pas prêt de régner dans la petite ville qui décide de graviter autour du pauvre Mr Harrison.

Amusant et charmant

Il n’y a pas mieux comme ouvrage pour découvrir l’étiquette des siècles précédents et tous les quiproquos qu’elle peut entraîner… Et c’est justement cela dont se joue allègrement Elizabeth Gaskell avec ses tournures de phrases à double sens, son jeune médecin trop courtois (on apprend d’ailleurs qu’un bon médecin à l’époque est parfois plus une oreille où s’épancher plutôt qu’un bon soignant).

Ce court récit nous fait ainsi découvrir une Angleterre des temps jadis où tout n’était que convenances, arrangements et allusions. On s’amuse à voir le jeune Mr Harrison perdu entre ses devoirs de médecins, et la convenance qui voudrait le voir aller à chaque invitation qui lui est faite (thé, réunion du dimanche, sorties, petite réunion…). En effet, s’il voulait satisfaire tout le monde, il lui faudrait au moins se dédoubler !

Tout est écrit du point de vue de Mr Harrison alors qu’il venait d’arriver à Duncombe. Mais quand il raconte l’histoire que nous lisons, on voit qu’il s’est passé quelques années depuis les événements susmentionnés.

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Alors justement, que valent donc ces confessions ? Elles sont à lire pour étoffer sa culture littéraire anglaise, notamment. Ce petit roman peut aussi être un moyen de tester votre goût pour les textes du 19ème siècle et leur atmosphère désuète.

Soyons clair, ce récit ne se lit pas pour son intrigue somme toute très simple, mais pour son charme, et le genre auquel il appartient. Personnellement, c’est tout ce que j’aime, maintenant à vous de voir si cela correspondra à vos goûts littéraires…

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Chronique Jeunesse : Malenfer – Tome 1 – La forêt des ténèbres

Malenfer 1Une nouvelle série fantastique arrive pour les jeunes lecteurs férus de dragons, trolls et autres créatures mythiques

Malenfer est une trilogie fantastique issue de l’imagination de l’auteur française Cassandra O’Donnell et d’une classe entière de CM1, et de CM2 ! En effet, cette série destinée à la jeunesse a également été créé par de jeunes lecteurs. La série est éditée aux éditions Flammarion.

Avant d’écrire pour la jeunesse, Cassandra O’Donnell est avant tout connue pour sa série adulte Rebecca Kean chez J’ai Lu.

Une horrible forêt qui dévore ceux qui y pénètrent…

Un nouveau monde empli de créatures fantastique et de lieux étranges s’ouvre à vous… mais nous sommes loin d’être dans un endroit idyllique. En effet, depuis quelque temps déjà, la forêt de Malenfer avance, dévore les distances et englouti tout sur son passage. Lentement, insidieusement, mais sûrement.

C’est ainsi que la maison de Gabriel et Zoé devient terriblement proche de la forêt maléfique. Les parents des deux enfants sont partis il y a quelques semaines pour trouver une solution afin de la stopper… mais le temps commence à être long et Gabriel et Zoé vont devoir quitter leur maison s’ils ne reviennent pas rapidement. En effet, Malenfer n’est qu’à quelques dizaines de mètre désormais !

Et ce n’est pas la seule source d’inquiétude pour Gabriel et Zoé, dont l’école semble elle aussi cacher de lourds et dangereux secrets. Des professeurs intrigants et la disparition inquiétante d’un élève n’ont en effet rien pour rassurer… !

Incursion en territoire fantastique pour lecteurs amateurs d’imaginaire

Pour débuter dans le genre fantastique quand on a une dizaine d’année, Malenfer peut s’avérer parfait. Il y a absolument tous les ingrédients pour plaire à des enfants pour la simple et bonne raison qu’ils ont eux aussi participé à la réalisation de l’histoire ! Ils y sont allés de leurs suggestions et ont fait le listing de tout ce qu’ils voulaient voir dans l’histoire de leurs rêves : dragons, sorciers, nains, forêt qui dévore les gens… Cassandra O’Donnell a ainsi donné vie aux nombreux souhaits des enfants, alors, ça ne pourra que leur plaire !

En ce qui concerne l’histoire, elle est rondement menée et intéressante. On aimerait bien en savoir plus sur la mystérieuse Malenfer, mais ce premier tome est avant tout centré sur le mystère qui plane autour du lac de l’école.

Seul bémol, je trouve parfois que certaines répliques ou phrases sont un peu trop didactiques, ou artificielles. Pour le reste, tant au niveau des personnages que du reste, c’est efficace.

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Voilà le paysage fantastique dans lequel nous plongeons : il s’agit d’un univers entraînant, particulièrement quand on a dans les environs de 9 ans ! Le second tome étant déjà paru, nous allons nous empresser de le lire bientôt pour vous le chroniquer. En ce qui concerne le troisième tome, il n’est pas encore paru, donc patience chers lecteurs, patience…