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Chronique Jeunesse : Le temps des mitaines – Tome 1 – La chambre morne

Un mélange extraordinairement savoureux de sciences et d’humour dans une ambiance à la Breakfast Club !

Peut-être connaissez-vous déjà la série de bd du même nom Le temps des mitaines ? Si c’est le cas, c’est chouette, mais si vous ne connaissez pas, aucun soucis. Je découvre moi-même Le temps des mitaines avec ce roman, qui se déroule une vingtaine d’années avant les bd originale. Les auteurs sont les mêmes que pour les bande-dessinées, la vraie différence réside dans le fait qu’ici le texte prime et qu’il y a assez peu d’illustrations.

Un huis-clos imposé et inattendu

Ils sont cinq, n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir une heure de colle ensemble… ils vont donc devoir cohabiter et se tolérer pendant un temps très court… Sauf qu’il se passe une chose étrange. Ils deviennent prisonniers de la bibliothèque où ils passent leur punition… Impossible pour eux d’en sortir, comme s’ils étaient dans une bulle infranchissable !
C’est ainsi que la cohabitation va se transformer en quelque chose d’autre… mais avant cela, ils vont devoir apprendre à se connaître et à dépasser les à prioris qu’ils ont les uns sur les autres…

Une ode fine à la tolérance et au respect des autres

Comment est-il possible de présenter un roman jeunesse avec un telle phrase d’accroche ? (cf intitulé d’article). Après y avoir réfléchis, c’est pourtant celle-ci qui prime pour moi car le mélange est assez original pour être souligné. Oui, c’est une grosse référence à Breakfast Club, et oui on parle de physique quantique, où est le problème ?

Ce roman jeunesse est magnifique par bien des aspects et fait d’ores et déjà partie de mes romans préférés lus en 2023 pour la tranche d’âge de 9/11 ans. On y traite à la fois de la différence, du mal-être, de problèmes familliaux, de traumas mais également de bonté et d’empathie. Mais plus encore que les thèmes abordés, c’est la façon douce et positive dont ils sont présentés qui fait mouche.

Ainsi, on a Caïus, le chat brutal et antipathique qui cache des blessures aussi bien physiques que psychologiques. La petite oursonne mignonne qui ne pense jamais à mal prénommée Céleste Anternoz (que l’on retrouve apparement 20 ans plus tard dans les bd en tant que maman du héros Arthur (il y a même une petite image en fin d’ouvrage).

Il y a également Nocte (ma préférée !), une chauve-souris qui se tient à l’écart de tous de part sa religion et ses croyances inculquées depuis toujours. Elle fait partie de la communauté Shami, qui prône l’isolement et une vie à l’écart du monde. Vous noterez que Shami est la parfaite anagramme d’Amish au passage, avec qui elle partage certaines valeurs.

On peux aussi parler du très intelligent et docte Angus Goupil, bien que très supérieur en intellect, il ne se croit jamais supérieur à celleux qu’il côtoie. Et enfin, il y a le timide mais courageux souriceau Prosper, à la vie tumultueuse, lui qui fut baladé de famille d’accueil en famille d’accueil et dont la vie n’est pas rose…

Tous les cinq sont spéciaux et attachant à leur manière. Chacun a sa propre personnalité bien campée et la synergie inattendue qui va se développer entre eux est presque… magique ! Ce roman est un pur mélange entre sciences, surnaturel, huis-clos à suspense et humour et ça fonctionne à merveille.

« […] Apprêtez-vous spécifiquement à savourer votre pénitence en cette heure où vous dégustez habituellement votre petit-déjeuner chez vos parents et…
A ce moment précis, Prosper le souriceau leva le doigt pour intervenir sans même attendre la permission :
( M’sieur, m’sieur, je pense que qu’il y a erreur parce que moi, j’en ai plus…

– T’as plus de petit-déj ? persiffla Caïus […]

– Bé non, je veux dire que j’ai plus de parents puisqu’ils sont morts après avoir consommé dix-sept kilos de champignons venimeux pendant un pique-nique, en pensant déguster des pleurotes !


Sortant de son habituelle réserve, voire autant le dire de sa perpétuelle indifférence, Goupil ajouta son grain de sel avant que le directeur n’ait pu reprendre la main :

– Vénéneux, pas « venimeux » !

– De quoi parles-tu ? s’étonna Céleste.

-Sachez, incultes, que les eucaryotes pluricellulaires et unicellulaires ne sécrètent pas de venin par des glandes dérivées du système digestif. Leur toxicité est donc passive et non inoculée de façon active comme chez les scorpions ou les serpents ! Ainsi on peut dire qu’ils sont vénéneux, pas… […]. »

Je m’arrête ici pour l’extrait, qui est déjà long, mais cela vous donne un excellent aperçu du mélange d’humour, de drame et d’érudition mélangés.
J’ai par ailleurs oublié de préciser que l’ensemble du roman fait usage d’un langage assez soutenu, chose aussi rare qu’appréciable, surtout en littérature de jeunesse. Ainsi, il y aura certainement des mots qui poserons question aux jeunes lecteurs, et c’est tout de même bien mieux que quand cela tombe tout cuit dans le bec, n’est-ce pas ?

Ainsi, ce premier tome (il y a deux tomes disponibles chez Little Urban) est un régal de lecture. Un parfait texte bien maîtrisé et qui rend heureux et mélancolique tout à la fois. Un roman parfait en somme !

Chronique jeunesse : La maison Chapelier – Tome 1

De la magie, de la politique, de l’Histoire… et des vêtements au propriétés magiques !

Voici le premier roman de Tamzin Merchant, actrice et maintenant autrice… Vous pouvez la voir dans la série Carnival Row (qui met en scène des fées – et de magnifiques chapeaux – dans un monde ressemblant fort au nôtre il y a plus d’une centaine d’années).
Pour donner naissance à cette série haute en couleurs et en créativité, l’autrice s’est levée un matin, à 4h30, et l’inspiration venait de lui tomber dessus.
C’est ainsi qu’est née La maison Chapelier. Un roman historique et fantastique qui nous propose une version alternative de Londres et de ses enjeux politiques…

Comment un chapeau peut-il arrêter une guerre ?

Bienvenue à Londres, plus précisément dans la maison Chapelier… C’est ici que l’on confectionne des chapeaux pour tout type d’occasion. Pour se sentir en confiance, pour déclarer sa flamme et améliorer éloquence, pour monter sur scène… pour désamorcer une guerre.
En quoi les chapeaux sont-ils magiques ? La famille Chapelier est la SEULE de tout le pays à avoir le droit d’exercer cet art délicat grâce une autorisation émise par la royauté elle-même. Mais il n’y a pas que les Chapeliers qui ont se bénéfice, il en est de même pour les Bottiers ou encore les Gantiers qui eux-même exercent chacun dans leur spécialité.
Alors en quoi tous ces objets peuvent-il être magiques ? Tout cela tiens dans les ingrédients et dans le savoir-faire unique de celui ou celle qui les fabrique. Cet artisanat, la jeune Cordélia Chapelier l’apprend tout doucement… mais on ne llui fait pas encore assez confiance pour qu’elle réalise des commandes à elle toute seule. Rien que l’état d’esprit de celui ou celle qui fabrique le chapeau peut influer sur le résultat final. C’est donc un art extrêmement délicat…

Alors quand un chapeau de diplomatie est commandé par la famille royale pour éviter le pire, c’est toute la famille Chapelier qui s’y met… Mais il semblerait que quelqu’un souhaite leur mettre des battons dans les roues. Ce qui pourrait mener à un conflit ouvert avec le royaume de France.

Une pincée de magie et de savoir-faire…

Ce premier tome est assez engageant et plaira à tous les enfants qui aiment les ambiances un peu loufoques et surtout merveilleuses. L’idée est assez originale bien que son développement reste assez classique, c’est une lecture très plaisante.

L’idée de ce Londres alternatif où la magie de l’artisanat fait des merveilles est très plaisante, d’autant qu’il y a des enjeux historiques et politiques. C’est bien réfléchi, et mené avec efficacité. J’ai tout particulièrement apprécié cette ambiance Victorienne mêlée à un soupçon de magie. En réalité, tout est dans le choix des objets qui décorent le chapeau. L’univers créé par Tamzin Merchant est d’ailleurs très détaillé en cela en toute fin d’ouvrage. Ce sont plus d’une cinquantaines d’ingrédients étranges et uniques qui sont catalogués et détaillés avec soin par l »autrice !

Ainsi, c’est donc le début d’une série sympathique qui pourra parfaitement satisfaire les enfants dès l’âge de 9/10 ans. Le tome 2 n’est pas encore annoncé pour le moment.

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique bd : La revanche des bibliothécaires

Erudit, drôle et génial, du pur Tom Gauld !

Le nom de Tom Gauld ne vous dit peut-être rien, mais il y a toutefois de grandes chances pour que ses illustrations vous parlent. On les retrouve souvent partagées sur les réseaux sociaux, et tous les bibliophiles dotés d’humour ont déjà croisé ses sketches sur le monde du livre.

La revanche des bibliothécaires est paru aux éditions 2024 en… 2022.

Il a écrit de nombreuses bd regroupant ses sketches et a même sorti un album pour la jeunesse : Le robot de bois et la princesse bûche (L’école des Loisirs).

La quintessence de l’humour pince-sans-rire

Le génie simple et pourtant redoutable de Tom Gault réside dans un graphisme incroyablement minimaliste (mais détaillé) et un humour redoutable (toujours). Ainsi, même si l’on ne voit jamais les expressions de ses personnages, on ressent leur désarroi ou tout autre émotion. Plus que les dessins (que j’adore) c’est réellement l’humour de l’auteur/illustrateur qui mérite le détour.

Si vous aimez le monde du livre, les petites vacheries éditoriales et les scènes courante de la vie d’un auteur, c’est ici que vous trouverez cela ! L’humour décalé et l’œil réaliste en plus… sans oublier une petite partie un peu plus incisive… Il est notamment très fort sur le détournement d’œuvres classiques ou pour décortiquer les mécanismes de la création littéraire de façon succincte et drôle.

Ma chronique ne sera guère longue, car pour savourez Tom Gault, point besoin d’une chronique dithyrambique ou longue. Il faut le lire ! Je vous propose donc une petite sélection de mes sketches préférés issus de La revanche des bibliothécaires. Régalez-vous.

Et si vous avez aimé, sachez que l’auteur a sorti d’autres ouvrages dotés du même humour, tous aux éditions 2024 : Le département des théories fumeuses, En cuisine avec Kafka, Vous êtes tous jaloux du mon jetpack… et bien d’autres !

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Chronique jeunesse : A la découverte de la collection de romans Drôles d’aventures

Entre le roman et le documentaire, voici une collection concoctée par Folio Junior qui savait captiver ses lecteurs tout en les abreuvant d’informations passionnants ! Si vous en trouvez d’occasion, saisissez cette chance de les faire lire à vos enfants…

Dans les années 2000, Folio Junior a créé la collection Drôles d’aventures. Une série de très courts romans – à peine 100 pages – qui alliaient enquête et connaissances. De nombreux sujets ont été traités dans cette série : le monde de la cuisine, le métier de nez et de créateur de parfum ou encore celui de scientifique pour lancer des fusées Ariane et une foule d’autres encore !

Les ouvrages de la collection sont désormais épuisés, et cela depuis de très nombreuses années. Mais il est tout à fait possible de les trouver sans trop de difficulté d’occasion. Brocantes et vente en ligne peuvent vous aider à vous en procurer à faible coût, les ouvrages de cette collection n’étant pas rares ni prisés. Pourtant, ils ont beaucoup de qualité, à l’image des Romans-Doc de Bayard Jeunesse, qui sont l’équivalent contemporain actuel de la collection Drôles d’aventures. A ceci près que les romans Bayard s’attardent sur des destins exceptionnels alors que la série Drôles d’aventures n’est dotée que de héros et d’héroïnes de l’âge des lecteurs.ices.

Mais le point commun de ces deux collections, c’est leur but final : transmettre aux enfants par un biais ludique des faits historiques, scientifiques ou autres.

Il y a de nombreuses années, j’avais lu avec plaisir quelques ouvrages de la collection, mais je n’en avais plus guère de souvenir. C’est ainsi que je me suis replongée dedans pour voir si les romans valaient toujours le détour. La réponse est oui, mais je pense qu’il faut vraiment que le sujet de base intéresse l’enfant lecteur, car sinon il se peut qu’il ne s’immerge pas totalement dans l’intrigue. En effet, la collection a parfois un côté didactique un peu trop développé, ce qui se fait au détriment de l’intrigue… un léger petit déséquilibre entre narration et apprentissage.

C’est ainsi que j’ai lu Les pommes Chatouillard du chef de Lorris Murail et Michel Politzer, se déroulant dans l’univers sans pitié de la cuisine. C’est l’ouvrage de la collection qui m’a le plus déstabilisé car doté de peu de morale et dont la conclusion est un brin trop rapide… On y suit un jeune commis de cuisine qui veux tout faire pour aider son chef. Ce dernier vient de subir une fermeture administrative de son restaurant pour cause de nombreuses négligences (dates de péremption dépassées, hygiène de la cuisine douteuse…). Jamais le chef cuistot ne se remet en question, et pire, il accuse les autres de tous ses maux !

Certes, le héros réussit à s’émanciper de ce personnage toxique en fin d’ouvrage, mais à aucun moment son attitude n’est soulignée comme néfaste. Cela m’a quelque peu dérangée. Mais l’ouvrage était intéressant pour découvrir ce qu’est un Meilleur Ouvrier de France ou ce que sont des pommes de terre à la façon Chatouillard.

Ensuite, je me suis attaqué à mon titre préféré des trois lus dans la collection : Parfum volé de Nathalie Daladier, Philippe Caron et Iris Pallida. C’est pour moi le plus équilibré des trois, il mélange à la perfection la dose d’intrigue nécessaire tout en inculquant des faits passionnants sur le monde extrêmement pointu et feutré de la parfumerie. Il fonctionne à merveille, et même nous, adultes, en apprenons beaucoup sur comment fonctionne le métier de nez, si étrange et passionnant tout à la fois. Ce roman est une vraie réussite.

Le dernier que j’ai eu l’occasion de lire est Ariane, mission accomplie de J.C. Djian, Philippe Willekens et Philippe Biard. Nous sommes en Guyane Française, et nous allons découvrir comme se déroule un projet de lancement de satellite au travers de la base de lancement située à Kourou. Au travers de cette histoire scientifique se détache également une intrigue policière qui se termine en course-

poursuite. Le tout est assez efficace même si certaines ficelles sont parfois un peu grosses. Il n’est pas évident de tenir une intrigue parfait en moins de cent pages tout en y insérer quantité de détails scientifiques. L’exercice est délicat, et les auteurs s’en sortent au final très bien.

Notez que dans chaque ouvrage, on découvre des double-pages illustrées expliquant de détails importants d’un métier ou d’un fait historique. Et c’est là la plus grande qualité de la collection : semer quantité d’informations culturelles tout en offrant une bonne intrigue. Le tout passe beaucoup mieux par ce biais que si c’était un simple documentaire !

Ainsi, si vous avez envie de découvrir cette petite collection, n’hésitez pas. Les romans Drôles d’histoires sont nombreux et faciles à trouver d’occasion à petit prix. Ils sont adapté dès l’âge de 9 ans jusqu’à 12 ans environ, et brassent quantité de thématiques : le dessin, le monde de la pêche, l’équitation, le Tour de France… etc.

Comme le dit si bien la collection : « Le plaisir d’une histoire, le goût du savoir« .

Chronique Jeunesse : L’indien du placard

Un classique oublié de la littérature britannique jeunesse à découvrir (avec un peu de recul) pour améliorer sa connaissance du fonds et de la jeunesse !

Lynne Reid Banks est une autrice britannique qui a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages, tous âges confondus. Son ouvrage L’indien du placard a connu un succès phénoménal, avec plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Le livre a d’ailleurs bénéficié d’une adaptation cinématographique qui a concouru à son succès.

L’indien du placard est le premier tome d’une pentalogie, mais la suite n’est jamais parue en France et l’ouvrage se suffit à lui-même. Il mélange tout ce qui fait un bon roman jeunesse : un mystère, de l’aventure et du fantastique, le tout savamment dosé.

Un cadeau extraordinaire et insoupçonné

Omri est un jeune garçon gâté : il s’est vu offrir pour son anniversaire une énième figurine pour jouer. Un Indien en plastique. Sauf qu’il en possède déjà beaucoup et que cet Indien n’a rien de spécial… Mais Omri a également eu comme cadeau un petit placard en métal, et il a réussi à trouver une clé qui va avec. Et c’est là que bascule la réalité : le petit placard est magique ! Il donne vie à ce que l’on enferme dedans avec un tour de clé. C’est ainsi qu’Omri se retrouve avec un vrai Indien – minuscule – chez lui. Ce secret est incroyable, et presque trop grand pour lui malgré la petitesse des choses qu’il anime…

Quand l’étrange s’invite dans le quotidien de l’enfance

Ce que j’adore avec les classiques de la littératures jeunesse fantastique, c’est qu’ils ont toujours une façon bien particulière de s’immiscer dans le quotidien. Un petit élément suffit à faire basculer les jeunes héros : une armoire magique (Le Monde de Narnia), un plateau de jeu aux règles étranges (Jumanji) un compas singulier et un couteau qui l’est plus encore (Les Royaumes du Nord), un talent trop prononcé pour le dessin (La Quête d’Ewilan)…

C’est dans la façon que ce basculement se fait que selon moi on reconnaît un bon roman jeunesse. Et je comprends pourquoi L’Indien du placard a eu du succès. Il mélange problématiques du quotidien (amitié, secrets, danger du monde des adultes) avec le fantastique, qui doit rester à tout prix protégé. Je pense aussi que beaucoup d’enfants ont ensuite rêvé posséder leur propre petit placard avec sa clé magique !

Par contre, en lisant L’Indien du placard, on découvre aussi une ancienne façon d’écrire et de traduire… en adéquation avec son temps. L’ouvrage a été écrit en 1981, et le personnage de L’Indien est un pur stéréotype de ce qu’on été les indiens d’Amérique. De plus, il a une façon de parler très minimaliste, ne conjuguant pas les verbes et parlant assez mal. On peut y voir la barrière des langues… ou autre chose. Donc si vous lisez (ou un enfant) cet ouvrage, il faut le faire avec du recul et un accompagnant adulte qui explique le contexte, dans l’idéal.

De même, la scène ou Omri demande à Petit Taureau (c’est son nom d’Indien…) s’il souhaite un compagnon et que ce dernier lui « commande » une femme est assez dérangeant. Qui dit que la femme commandée voudra de Petit Taureau ? C’est mon regard d’adulte qui tente de se détacher de tout racisme et stéréotype qui a vu cette facette de l’ouvrage. Alors, oui, c’est daté, mais si un jour L’école des Loisirs souhaite rééditer cet ouvrage, il faudrait y mettre soit un avertissement pour expliquer que ce texte est le reflet d’une époque et empli de stéréotypes ou alors retraduire le texte sans le dénaturer (plus délicat).

Pour ce qui est de l’intrigue pure, j’ai beaucoup aimé. Cette aventure va forcer Omri à grandir et à se responsabiliser. Car oui, posséder des humains miniatures, ça a l’air cool quand on a dix ans, mais on déchante vite quand il faut les nourrir et ne pas se faire repérer par les parents. Beaucoup de stress pour le garçon, d’autant que garder un secret aussi « gros » lui donne des tracas et des insomnies.

Ainsi, ce roman pour la jeunesse est devenu un classique, et on comprend aisément pourquoi. Tout se déroule avec efficacité, les dangers et les enjeux sont clairs, captivants, tout fonctionne ! S’il fallait le relire aujourd’hui, soit quarante ans après son écriture, il faudra toutefois y apporter un certain esprit critique.

A lire dès 11 ans environ.

Mini-chroniques jeunesse #6 : Des enfants très normaux bien qu’uniques et un chat vraiment très particulier

Voici quatre romans jeunesse que j’ai pu découvrir il y a quelque temps, ils ne sont pas tous bons ni même originaux, mais certains feront passer un bon moments aux enfants ! Pour les autres, passez votre chemin…

Kid Normal – Tome 1 – Greg James & Chris Smith – Poulpe Fiction

Kid Normal est l’histoire d’un jeune homme extraordinaire par sa… normalité. Pourquoi un tel surnom ? Tout simplement parce que Murph, le fameux garçon dont il est question dans cette histoire a intégré une école bien spéciale. Sur un terrible malentendu, sa mère a réussit à l’inscrire dans une école qui forme les futurs supers-héros. Sauf que Murph n’a aucune cape (nom des super-pouvoirs) et ne va pas faire illusion bien longtemps… En parallèle à son histoire, nous allons faire la connaissance d’un homme malfaisant qui va faire une grande et terrible avancée scientifique…

Ce premier tome de Kid Normal est bien sympathique, j’ai tout particulièrement apprécié la première partie du roman. Ensuite, c’est beaucoup plus prévisible mais ça reste agréable à lire. Mais l’idée de base du roman est très plaisante et c’est fort dommage d’ailleurs que les éditions Poulpe Fiction n’aient pas publié la suite de la série en France… Cela n’a pas du fonctionner assez pour la sortir, à tel point d’ailleurs que ce premier tome lui-même est épuisé. Vous ne le trouverez que d’occasion. C’est fort dommage, pour une fois qu’il y a une série jeunesse qui sort un peu du lot à mes yeux… La surproduction est telle qu’il y a beaucoup d’histoires qui se ressemblent, celle-ci avait le mérite de détonner légèrement.
Si vous avez l’occasion de tomber dessus, c’est adapté dès l’âge de 9/10 ans environ.

Le power contrôler – David Baddiel – Seuil Jeunesse

Et si une manette de jeux-vidéo permettait de contrôler totalement quelqu’un de le rendre super doué en combat ou en foot ? C’est le cas du mystérieux Power contrôleur, que Fred et Ellie vont recevoir chez eux. Ils découvrent rapidement tous les pouvoirs qu’elle peut leur octroyer et décident de changer ce qui leur déplaît chez eux… Mais jusqu’à quel point ? Et est-ce encore eux une fois qu’ils sont « upgradés » par le power contrôleur ?

J’aurais pu classer cet ouvrage dans le mini-article dédié aux enfants impertinents, mais je me suis finalement ravisée. En effet, ils sont d’une familiarité terrible avec leurs parents, j’ai trouvé ça assez dérangeant. Ils leurs parlent mal, et surtout, ne les appellent que par leurs prénom. Jamais de « papa » ou de « maman », et je trouve ça franchement bizarre et déplaisant. Je n’ai toutefois pas mis ce roman dans la thématique enfants impertinents car ils n’ont qu’assez peu d’interactions avec leurs parents. Le roman est surtout concentré sur leur scolarité, leurs amis, leurs ennemis et les problématiques que l’on rencontre à cet âge. Ce n’est donc qu’un petit aspect de l’ouvrage qui les rend impertinents.

L’aventure que vivent Ellie et Fred est sympathique et à le mérite de montrer une jeune fille qui aime les jeux-vidéos et qui y excelle, et ça fait plaisir. C’est Ellie qui est au commande car elle est bien meilleure que son frère dans la maîtrise de la manette ! L’idée de la manette pour contrôler les gens (avec leur accord) est sympathique, mais l’auteur n’a pas su la transformer en quelque chose de captivant. Ainsi, l’histoire est des plus classiques et un brin trop manichéenne… C’est dommage, car ça partait plutôt bien ! Encore un livre qui densifie l’offre sans rien lui apporter réellement. Dès 10 ans.

Le creux des maths – Christine Avel – L’école des Loisirs, collection Neuf

Paru en 2012, Le creux des maths est un court roman très attendrissant et original. On y suit le jeune Abel, qui contrairement à tous les membres de sa famille n’aime pas les mathématiques. Pire, il n’y comprend rien. Sa mère vient d’avoir la médaille Fields (sorte de Prix Nobel de mathématiques décerné tous les quatre ans – pour information, il n’existe pas de Prix Nobel dans les sciences mathématiques), ses frères sont des génies des maths alors qu’ils sont plus petits que lui…
D’ailleurs, en parlant de ses frères, c’est grâce (ou à cause, tout dépend) à eux qu’Abel va avoir le droit de voyager une semaine entière en Finlande. Il va avoir l’opportunité d’échanger avec l’un des plus grand mathématiciens au monde. Bonne chance à lui pour donner le change… Il fait semblant d’être abonné au magazine Tangente, fait croire au scientifique qu’il est extrêmement au fait des mathématiques, mais il devient difficile de donner le change.

J’ai beaucoup aimé ce très court roman destiné aux 9/10 ans. Il est à la fois amusant et assez original. On y découvre la Finlande et ses nombreux attraits au travers des yeux d’un enfant. Et surtout… cette histoire est assez surprenante, on ne sait quel tournant l’autrice va faire prendre à son roman, et c’est très bien trouvé !
Mais d’où vient donc cet étrange et joli titre ? Là où toute la famille d’Abel a la bosse des maths, le jeune homme a tellement peu de capacités dans cette matière qu’ils disent qu’il a un creux des maths. Bien trouvé, n’est-ce pas ?

Je vous conseille donc vivement ce roman, parfait pour découvrir une histoire d’amitié improbable et qui fait comprendre qu’il est nécessaire de trouver sa propre voie. Et pas celle que les autres voudraient que vous empruntiez… !

Wondercat – Tome 1 – Un chat bleu très très spécial – Audren – Albin Michel

Voici l’histoire d’un chat bleu qui a élu domicile dans une famille qui ne se lasse pas de ses nombreuses particularités… Outre son étrange couleur qui semble ne pas vouloir partir malgré de nombreux bains, il semblerait que ce chat aie des pouvoirs. C’est ainsi que le nom de Wondercat lui est donné ! Mais quels sont ses pouvoirs ? Si je vous dis qu’il peux envoyer des sms par la pensée vous y croyez ?

Wondercat est le premier tome d’une petite série jeunesse parue il y a de nombreuses années chez Albin Michel Jeunesse. Je dois avouer ne pas avoir été particulièrement touchée ni intéressée par les aventures de ce « super chat ». L’écriture ne m’a pas emballée, et surtout, ce chat est assez agaçant et loin d’être attachant pour moi. Malgré son côté petit dictateur, la famille qui s’en occupe l’adore et va vivre un folle aventure pour le garder !
Personnellement, ça n’a pas pris du tout, que ce soit au niveau de l’histoire ou du style, les aventures de Wondercat n’ont tout simplement pas su me plaire… Dès 8 ans.

Chronique : C’est comme ça que je disparais

Une bande-dessinée très touchante et réussie sur le sujet de la dépression et du mal-être.

Mirion Malle est une autrice et bédéiste française installée au Canada. Cela se voit dans son travail puisqu’elle utilise les termes et habitudes québécois dans les dialogues entre ses personnages.
C’est comme ça que je disparais est une bande-dessinée parue en 2020, son titre est tiré d’une chanson du groupe My Chemical Romance : This Is How I Disapear.

Un passage à vide qui dure, est-ce encore un passage à vide

Clara est une jeune femme québécoise qui a une vie tout à fait normale bien qu’un peu fade. En réalité si on souhaite être honnête ce n’est pas sa vie qui est fade, mais ce qu’elle ressent. Clara n’arrive pas à aller bien, même quand elle est entourée d’amis et de gens qu’elle aime. Ce sentiment de mal-être la poursuit tout le temps, à chaque minute, chaque instant de sa vie qu’elle juge insignifiante. Et si elle disparaissait ? Manquerai-t-elle vraiment à quelqu’un ?
Dans ces moments de dépression intenses, rien ne semble pouvoir sauver Clara à moins qu’elle réussisse à surmonter son mal-être pour le partager avec ses proches…

Un ouvrage touchant et perturbant car criant de vérité

« Un mauvais rêve.
Pour celui qui se trouve sous la cloche de verre,
vide et figé comme un bébé mort,
le monde lui-même n’est qu’un mauvais rêve.
Un mauvais rêve.
Je me souvenais de tout. »

Cet extrait de La cloche de détresse de Sylvia Plath, une poétesse connue en partie pour s’être suicidée en mettant sa tête dans le four de sa gazinière, donne immédiatement le ton.

Si vous n’allez pas bien en ce moment, cette bd peut à la fois vous montrer le pire de ce qu’on vit lors d’une dépression, mais également quelques pistes pour s’en sortir. Clairement, cette bd n’est pas très positive, et son héroïne Clara traverse tout au long de l’ouvrage des moments difficiles. Ce sont de véritables montagnes russes émotionnelles que cette lecture, alors accrochez-vous car il faut vraiment être en empathie avec Clara.
Celleux qui ont déjà traversé une dépression reconnaîtrons nombre de mécanismes : perte d’énergie, de motivation, batterie sociale à plat, goût de rien… Je trouve que cette bd peut alerter ou faire office de prévention pour mieux comprendre comment fonctionne ce mal-être si particulier. C’est dur, mais nécessaire.

Ainsi, cette bd est touchante bien qu’assez difficile à lire car forte en émotions, surtout si l’on a traversé une dépression ou si l’on est en plein dedans. Mais c’est aussi très parlant et réaliste et donc tout à fait à propos, y compris si l’on est dans l’entourage d’une personne dépressive.

Sans être un ouvrage de prévention, cette bd pourra être utile de bien des manières à celles et ceux qui la lirons. Dans le même genre, je vous conseille également le roman graphique Ça va aller paru chez Hachette. Plus explicatif et didactique, non dénué d’humour et tout aussi efficace sur le sujet pour aider à rebondir et comprendre.

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Chronique : Hidden Pictures

Vous ne regarderez plus jamais un dessin d’enfant de la même manière après cette lecture !

Hidden Pictures est un roman à classer entre le suspense fantastique et l’horreur, l’ouvrage est paru chez Bragelonne en septembre 2022. Il s’agit du second ouvrage de Jason Rekulak à paraître en France, son premier était publié chez Actes Sud sous le titre La forteresse impossible.
Sur la couverture française, on peut lire un bon mot de Stephen King qui nous conseille vivement l’ouvrage. A-t-il raison ? Pour moi, OUI. J’ai adoré ce livre du début à la fin.

Une réinsertion en douceur

Mallory Quinn est jeune, à peine la vingtaine, mais elle a déjà un lourd passé derrière elle. Ancienne accro à l’héroïne et autres substances hautement addictives, la jeune femme est en rémission depuis vingt mois. Tout semble donc être sur la bonne voie pour elle. Et pour ajouter une autre bonne nouvelle, son parrain vient de lui trouver un job d’été parfait : garder un petit garçon de 5 ans dans une grande maison avec piscine au sein d’une petite ville chic.

Le cadre idéal pour repartir du bon pied dans la vie… Et d’ailleurs, au début tout se passe bien. Il y a juste une chose qui gêne un peu Mallory, mais ce travail est en or, et elle est prête à fermer les yeux sur les dessins de plus en plus étranges que fait le petit Teddy… Mais jusqu’à quand ?

Une intrigue diabolique, maline et captivante !

En quelques pages, Jason Rekulak m’a happée dans son monde. Cette petite ville américaine proprette, cette famille aisée dans ce beau quartier, sa piscine, son cadre idéal… J’adore les mystères, et je les trouve encore plus savoureux quand ils ont lieu dans des quartiers à l’image de Wisteria Lane. Je m’en fait une image de perfection qui cache quelque chose d’étrange, louche, voir même pourri. Comme ça va être le cas ici… Je m’arrête là pour ce qui est de vous « vendre » l’intrigue. Je vous laisse découvrir le reste par vous même. Sachez simplement que l’ambiance et l’intrigue m’ont attrapée en très peu de pages, dessins compris.

Oui, ce sont les dessins de Teddy le noeud du problème qui enfle pour Mallory. Le petit Teddy dessine des choses très classiques au début du roman, mais peu à peu ses personnages deviennent de plus en plus glauques et flippants. C’est cette montée en puissance douce et insidieuse vers l’horreur que j’ai le plus apprécié, ça et une belle surprise dans l’intrigue aux trois-quart de l’ouvrage.
Beaucoup d’indices sont disséminés dans l’ouvrage, mais saurez-vous les voir ? Les déceler ? Les sentir ? Rien n’est moins sûr !

Pour une fois, j’ai donc réussit à être surprise par une intrigue qui a su sortir des sentiers battus et rebattus. Jason Rekulak a su me mener par le bout du nez, et je n’ai rien vu venir, si ce n’est un malaise croissant. Bravo à lui, c’est un régal jusqu’à la toute fin, qui est juste parfaite.

Hidden Pictures est donc un roman à l’intrigue géniale et à l’efficacité redoutable. Pour moi, ça a fonctionné à merveille du début à la fin. Jason Rekulak a su dès la toute première page insinuer du bizarre, et ensuite, c’est impossible à reposer. Merci à lui pour la nuit blanche, j’ai adoré. Mention spéciale aux dessins, qui sont vraiment aussi importants que le texte pour cette intrigue. Ils participent grandement à l’atmosphère glauque qui se diffuse de plus en plus tout au long du roman…

Un petit dessin creepy… le premier d’une longue série…

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Chronique YA : Les soeurs Hollow

Un one-shot young-adult détonnant, terrible, et inclassable qui saura vous surprendre !

Si vous ne connaissez pas encore l’œuvre de Krystal Sutherland, c’est l’occasion de faire sa connaissance avec Les soeurs Hollow. Elle a déjà deux romans de parus précédemment en France, mais qui ont fait moins de battage sur les réseaux que Les soeurs Hollow chez Rageot. Ses précédents ouvrages se nomment Nos coeurs en désaccord et Un jour plus que parfait, tous deux parus chez PKJ.

La disparition d’une figure mythique du monde du luxe et de la mode

La jeune Grey Hollow est devenue en très peu d’année une véritable star, à tel point qu’elle est même sa propre égérie. Elle est à la fois créatrice de mode, artiste, élevée au rang de déesse par ses fans. Elle ne peux pas dire ou faire la moindre chose sans que ce soit immédiatement relayé, copié, adulé. Alors, quand Grey Hollow disparaît, c’est un drame à l’échelle mondiale. Et cette histoire terrible et angoissante nous est contée par l’une de ses soeurs, la plus jeune : Iris Hollow.

Qu’est devenue Grey ? Que cache son incroyable charisme ? Pourquoi tout est altéré dans son sillage ? Les réponses que va trouver peu à peu Iris ne vont pas lui plaire, mais vont lui permettre de peut-être retrouver sa trace…

Dérangeant, étrange et fascinant !

Quand j’ai lu les premiers chapitres de ce roman, j’avoue ne pas avoir compris immédiatement à quoi j’avais à faire. Roman fantastique ? Horrifique même ? Autre chose ? Les soeurs Hollow est une sorte d’hybride de tout cela, entre le roman creepy et l’intrigue policière, le tout parsemé de légendes écossaises et croyances anciennes.

Le tout est savamment dosé, on bascule doucement du suspense vers l’étrange avec toutes ces fleurs et boutures qui poussent sur le corps d’Iris (un nom parfaitement trouvé). Et de l’étrange, on tombe d’une traite dans l’horreur et une course-poursuite angoissante.

Je ne dirais rien de plus sur le contenu de l’intrigue, je ne veux pas que vous perdiez une miette de cette histoire aussi bizarre que fascinante. Tout y est malaisant et fascinant à la fois, à l’image de Grey Hollow. Et si vous arrivez à deviner la conclusion de cette histoire, je vous tire mon chapeau. Personnellement, je n’ai rien vu venir et et j’ai adoré. Pour une fois, on a affaire à une histoire qui n’est pas trop classique ou cousue de fil blanc, et ça fait plaisir.

Mon seul reproche sera au niveau de la rythmique du roman, vers la seconde partie, il y a quelques longueurs et incohérences qui auraient pu être évitées. Cela alourdi le texte inutilement et fait perdre en dynamique, ce qui est dommage. Mais en dehors de cela, l’ambiance est réussie, et l’intrigue saura vous surprendre !

Alors si vous aimez les histoires glauques et les légendes écossaises, foncez sur ce roman inclassable et génial. Il a été longtemps plébiscité sur les réseaux américains, et je comprends pourquoi il a rencontré un tel succès ! C’est du jamais lu, et ça propose quelque chose de très différent de la (sur)production d’œuvres YA qui parfois se ressemblent un peu toutes. A découvrir dès l’âge de 14/15 ans. Et n’oubliez pas d’accrocher bien fermement votre petit cœur pour ne pas qu’il tombe en cours de lecture.

Chronique YA : Anatomy – Love Story – Tome 1

Un roman gothique et déliquescent à souhait, à classer pile entre Frankenstein de Mary Shelley et Autopsie de Kerri Maniscalco !

Premier roman de Dana Schwartz à paraître en France, Anatomy est paru en France chez Albin Michel en été 2022. L’histoire nous mène en Écosse, terre de légendes et de fortes croyances où la maladie rôde en ce début de 19ème siècle.

Dana Schwartz est à la fois journaliste, scénariste et autrice. Anatomy est son premier ouvrage à paraître en France, il fait cependant partie d’une duologie. Le second tome s’intitule Immortality et sortira courant 2023 chez Albin Michel.

Une passion certaine pour le morbide et l’étrange

Hazel est une adolescente bourgeoise au destin et à la vie toute tracée : elle va bientôt se marier avec son riche cousin. Mais elle a beaucoup de mal à mettre de côté ce qui aux yeux des autres n’est qu’une lubie : sa passion pour les sciences naturelles. Hazel est avide de découvertes scientifiques et se passionne tout particulièrement pour la médecine. Mais une femme qui aime les sciences à cette époque, c’est tout bonnement inacceptable. Alors, rêver de devenir médecin ne peut être qu’impossible pour la jeune femme… Sauf si sa motivation et son courage l’amènent sur des chemins peu avouables qui lui permettrons de parvenir à ses fins.

Morbide et gothique à souhait

J’ai adoré ce roman pour quantité de raisons, mais les principales sont clairement l’ode aux sciences et le féminisme qui y sont prégnants. Il y a également de la romance avec une scène de premier baiser est géniale ! Impossible de vous donner le contexte, mais c’est juste magique et morbide tout à la fois, j’ai adoré.

Outre les thématiques fortes abordées, on découvre également toute une époque avec une Écosse du 19eme à la fois sublime et terrible. L’époque est atroce pour les pauvres, qui sont prêts à tout pour manger un peu et dormir au chaud. De même, la cruauté de cette époque envers les plus démunis est absolument terrible. Même chose concernant le traitement des femmes (quel que soit leur niveau dans la société d’ailleurs) à cette époque : infantilisées, réduites au silence, ne pouvant se déplacer sans chaperon au risque de déclencher un scandale…

Mais surtout, c’est l’alliance réussie de cette atmosphère si particulière avec cette intrigue mêlant sciences et féminisme qui m’a conquise. J’ai dévoré ce livre. J’y ai même retrouvé l’élan de mes lectures adolescentes, quand j’avais le temps de me plonger corps et âme dans un bon bouquin !

Ainsi, vous l’aurez aisément compris, Anatomy est pour moi un coup de cœur. Ce roman est malin, parfait à sa façon même s’il ne renouvelle pas le genre du roman ado gothique/historique. C’est un bon roman, très prenant et parfait dans le développement de ses personnages et différentes ramifications d’intrigues. Tout ce recoupe, est expliqué, le tout avec une plaisante logique. Alors, vivement la suite.

A mettre dans sa bibliothèque juste à côté de Stupeur aux éditions Lucca, qui mélange également sciences médicales, féminisme et Histoire… mais sans la partie fantastique (cf photo ci-dessous).