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Chronique jeunesse : David Eliot – intégrale des deux tomes

Écrit neuf ans avant Harry Potter, cette duologie recèle tous les ingrédients qui ont très certainement inspiré J.K. Rowling pour les aventures de son célèbre jeune sorcier ! Un classique moins connu que Harry Potter à découvrir, plus sombre, plus osé et très créatif… découvrez les aventures de David Eliot !

Anthony Horrowitz est un auteur anglais à l’œuvre très importante. Ses ouvrages sont très régulièrement prescrits dans les écoles : L’île du crâne, La photo qui tue ou encore Le faucon malté étant devenus des classiques.

Pour ce qui est de L’île du crâne, il s’agit du premier tome de la série des David Eliot, qui en comprend deux au total. Cette courte série mélange magie noire, école aux moeurs étranges et professeurs qui le sont tout autant…

Encore renvoyé !

Le jeune David Eliot n’est pas dans une bonne situation quand nous faisons sa connaissance dans le premier tome. Il vient tout juste d’être renvoyé de sa dernière école en date, ses parents ne savent plus quoi faire de lui… Mais ils viennent de recevoir une mystérieuse lettre provenant d’une école dont ils n’ont jamais entendu l’existence : Groosham Grange. L’établissement se propose de prendre David comme élève, le tout avec des cours adaptés à un élève aussi indomptable et difficile que lui. Ainsi commence l’étrange aventure de David Eliot, septième fils d’un septième fils…

Entre similitudes et originalité

Quand j’ai lu les deux tomes de la série David Eliot, je n’ai pas pu m’empêcher de relever les très nombreuses similitudes entre ces romans et l’univers de Harry Potter. On ne peux pas parler de copie, ni d’hommage mais il est certain que J.K. Rowling a lu les romans d’Anthony Horrowitz.

Comment expliquer sinon cette école étrange et isolée qui donne des cours très mystérieux ? Voici une petite liste non exhaustive de tout ce que j’ai vu de similaire entre les deux univers, tout en sachant que les David Heliot sont paru neuf ans avant le premier tome de Harry Potter

  • Une lettre mystérieuse qui arrive de l’école
  • Un établissement étrange et isolé de tout et invisible de tous
  • Des parents atroces (oncle Vernon et tante Pétunia pour Potter)
  • Une tante qui se met à gonfler et grossir
  • Un professeur lycanthrope
  • Un membre du corps enseignant qui possède deux têtes pour un seul corps
  • Une plume pour écrire qui n’a pas besoin d’encre mais plutôt de sang
  • Un trio d’amis qui se serrent les coudes (une fille deux garçons)
  • Un système de point distingue les élèves pour leurs actions, comme avec les maisons chez Poudlard, mais à l’échelle individuelle.

Voilà pour les plus gros points communs entre les deux sagas. Lire David Eliot, c’est découvrir un univers bien plus sombre que celui de Harry Potter, mais aussi des personnages plus ambivalents et étranges. J’ai beaucoup aimé ce mystère qui plane autour de l’école tout au long du roman. Même si l’on se doute de quoi il est question, ce n’est que dans les vingt dernières pages que le héros découvre ce qu’est exactement Groosham Grange et ce qu’on y apprend réellement.

Dans le second tome, David est pleinement intégré et fait même partie des meilleurs élèves de l’établissement. Bientôt, nous saurons qui remportera le Graal Maudit, la plus haute distinction de l’école. Mais quelque chose se trame et tente de faire saboter la remise du prix….

J’ai énormément aimé l’esprit de cette série fantastique. Elle est vraiment sombre et ose des choses que je n’aurais pas cru lire en jeunesse que ce soit dans l’intrigue ou les dialogues. C’est savoureux d’humour noir, l’intrigue est bien construite et surtout l’ambiance est parfaite ! Très inquiétante dans le premier tome, elle réussit à changer peu à peu, se réchauffe tout en gardant une part menaçante… Impossible à décrire, mais c’est savoureux !

Je ne puis que vous conseiller de découvrir cette courte série pour quantité de raisons. Vous aurez à découvrir un imaginaire atypique et bien dosé qui sait appuyer sur la fibre effrayante quand il le faut. Les dialogues sont excellents, la dynamique de l’histoire parfaite pour que ça se dévore… Et surtout, ça étoffe la culture générale et fait réfléchir aux sources (nombreuses) de l’inspiration de J.K. Rowling : Poudlard et Grossham Grange sont très certainement des établissements magiques cousins, l’un étant beaucoup plus tordu et étrange que l’autre, mais cousins tout de même. Dès 10 ans.

Chronique YA : D.R.U.G.S.

Quand l’addiction médicamenteuse détruit des vies et des familles entières. Un roman YA à charge qui dénonce un tabou américain au travers d’un prisme original… Et si l’Oxycodone, la Ritaline, le Sibutral et tant d’autres substances médicamenteuses addictives étaient en réalité des sortes de dieux dont le but est de vous entraîner dans les bas-fonds ?

On ne présente plus Neal Shusterman, l’auteur d’une de mes sagas YA favorites (La Faucheuse) et auteur d’une œuvre atypique et inclassable autant qu’elle est sombre. Son dernier roman en date D.R.U.G.S., coécrit avec son fils Jarrod n’y échappe pas. Encore une fois c’est malin, et ça dénonce au passage un des plus grands scandales sanitaires des U.S.A. qui a toujours cours actuellement… l’abus de médicaments qui conduit à de terribles addictions.

David Joy, autre auteur américain en a fait l’un des sujets principaux de son livre Nos vies en flammes ainsi qu’un article journalistique dans la revue America. Nombreuses sont les personnalité publiques à dénoncer ce fait de société qui reste à l’heure d’aujourd’hui grandement impuni pour les coupables qui se frottent les mains…

Mais je digresse, D.R.U.G.S. est donc un roman pour ados, oui, il dénonce un drame de société typiquement américain, mais d’une façon si originale que l’on ne peux qu’être captivé par l’histoire d’Isaac et de sa sœur Ivy.

Deux vies vie au destin encore incertain, mais sous de bons auspices

Isaac est un jeune homme plein d’ambition. Il est bon élève à l’école, mais il est clairement dépendant de ses performances sportives s’il veut pouvoir intégrer l’université de ses rêves. Sa soeur Ivy quant à elle serait bonne élève si elle n’avait pas de troubles de l’attention qui la font constamment papillonner. Elle a bien des médicaments, mais ne les prends jamais. Elle préfère trainer avec ses amis peu recommandables qui fument et qui boivent à longueur de temps…

Mais un jour, leur destin va basculer. Isaac a un accident lors d’un match et se voit contraint de prendre des antidouleurs puissants pour supporter les séquelles de sa blessure. Quant à Ivy, elle décide de reprendre sa vie en main et de tout faire pour réussir ses études. Elle reprend donc son médicament contre les troubles de l’attention… Et peu à peu, chacun va s’enfoncer dans la douce moiteur de l’engourdissement médicamenteux. La dose normal ne va plus leur suffire, et l’addiction se profile… Vont-ils s’en rendre compte avant qu’il ne soit trop tard ? Ou leur entourage ?

Un roman brillant à dévorer comme un polar

Évidemment, la première chose que l’on a envie de savoir, c’est si Ivy et Isaac vont s’en sortir. Mais il y a encore plus important, c’est comment ? Par quels moyens ? C’est là qu’entre en jeu le génie des Shusterman : les médicaments et drogues de notre monde ne sont pas que des substances, ce sont des dieux qui n’ont qu’un seul but, qu’on les déifie jusqu’à la mort. Qu’on les honore en les (sur)consommant. Qu’on aime qu’eux pour toujours et à jamais, même si on doit tout y laisser.

Ainsi, vous n’aurez pas seulement les narrations du point de vue d’Isaac et Ivy, mais également celles de ROXY (comprendre Oxycodone) et d’Addison (ici Adderall). Et à partir de là, rien ne va plus. Impossible de prédir ce qu’il va pouvoir se passer pour l’un ou l’autre, d’autant que Roxy est un personnage très versatile et passionnant, elle n’a pas l’air si dangereuse, juste perdue.

J’ai adoré ce roman du début à la fin. Pour son sujet si délicat, pour ses personnages criants de vérités, pour son originalité dans la façon de dénoncé un système gangrené qui lasse ce genre de choses arriver quotidiennement.

J’ai adoré aussi les messages cachés à chaque début de chapitre. Il y a à chaque fois des lettres en gras, elle disent autre chose que ce qu’annonce le chapitre. C’est très malin, et peu à peu, ce double-sens va prendre une ampleur à faire froid dans le dos. Bravo pour ce coup de génie.

Ainsi, oui, D.R.U.G.S. est un véritable coup de cœur, une belle claque littéraire. Le sujet n’est pas aussi accrocheur que dans la Faucheuse, et pourtant, on touche encore une fois aux mêmes thématiques : la vie, la mort, le pouvoir… des thématiques si chères à Neal Shusterman. C’est pour moi une réussite totale que ce roman, que je vous conseille de découvrir (et de faire découvrir) dès l’âge de 15 ans.

Chronique bd jeunesse : Beetle & les Hollowbones – Volume 1

Une bd qui mélange fantastique, aventure et mignonitude de façon très satisfaisante !

Paru en février 2023 en France, voici le premier tome d’une jolie duologie qui fait la part belle à l’aventure et l’amitié, le tout avec de magnifiques illustrations magnifiquement colorisées.
L’autrice et dessinatrice Aliza Layne a reçu le prix Stonewall en 2021 pour cette bande-dessinée. Ce prix américain récompense des œuvres qui traitent de thèmes LGBT.

Bienvenue dans l’univers de Beetle, beau, magique et coloré

Beetle est une jeune gobline (non, il n’y a pas de faute) tout ce qu’il y a de plus normal… voir moins. En effet, elle n’est pas très douée pour la magie, ce qui la désepère au plus haut point. Surtout quand on sait que sa meilleure amie Kat a quant à elle intégré une prestigieuse école au niveau très avancé. Elles se sont d’ailleurs un peu perdues de vue à cause de cela.

Mais Bettle se console comme elle peut en allant au centre commercial : elle y a fait l’étrange connaissance d’un petit fantôme tout mignon prénommé Blob Ghost. Il change de forme comme il le souhaite, traverse les murs et s’avère être extrêmement drôle. Cependant, les problèmes vont commencer à arriver pour ce duo attachant et improbable : le centre commercial va être détruit.

Pas grave, n’est-ce pas ? Non, sauf que Blob Ghost ne peut pas quitter l’enceinte du centre commercial. A chaque fois qu’il tente de s’en éloigner, une barrière infranchissable l’empêche d’aller plus loin… Blob Ghost risque donc de disparaître définitivement, tout comme le centre commercial…

C’est là qu’entre en scène Beetle et que son ancienne amitié avec Kat va peut-être s’avérer essentielle pour l’avenir du petit fantôme…

Beau, distrayant, drôle !

La première chose qui m’a frappée quand j’ai découvert cette bande-dessinée, c’est la beauté des couleurs. Les dégradés de la couverture sont magnifiques, le violet est beau, profond, rendant l’ambiance et mystérieuse… Et l’intérieur est pareil ! Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans beaucoup de bd (souvent la franco-belges), la couverture est magnifique et quant on ouvre, les dessins à l’intérieur n’ont rien à voir : beaucoup moins beaux ou détaillés. Ici, rien à voir car c’est aussi beau à l’extérieur qu’à l’intérieur !

Pour ce qui est de l’histoire, elle est peut-être un peu classique, mais elle est très belle. J’aime beaucoup l’amitié qui lie Beetle et Katz (dont le physique étrange la rend magnifique), même si on sent que Beetle aimerais que ce soit plus qu’une belle amitié quand on voit comment elle rougi auprès d’elle. La thématique LGBT est certes là, mais elle est très peu exploitée, ce n’est pas l’objet même de l’histoire mais bien un de ses éléments, c’est donc subtil comme j’aime.

J’ai trouvé ce premier tome intriguant et de toute beauté, avec pour moi une mention spéciale sur la créativité de l’esthétique. L’univers est beau, travaillé, coloré dans des tons magnifiques… J’ai adoré le personnage attachant et mignon de Blob Ghost, vraiment TROP CHOUPI (j’en veux un).
De même, j’ai trouvé certaines idées géniales : l’escalator qui avale nos héros (cf image), la tante de Katz qui est un squelette tout comme elle, mais beaucoup plus étrange (on dirait celui d’une autruche).

Le tout est malin, bien mené et plaisant, que demander de plus ? Je sais, la suite ! Pas d’inquiétude elle arrive bientôt (en juin 2023), donc on devrait survivre d’ici là.

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Chronique ado : Le contrat Dorian Gray

Et si vous pouviez-vivre jusqu’à vos soixante-dix ans tout en gardant la force et la beauté de vos vingt ans ? Signeriez-vous le Contrat Dorian Gray ?

Paru le 8 juin 2022 en librairie, Le contrat Dorian Gray est une dystopie française parue chez Milan. L’intrigue nous offre à découvrir une société où il est possible de garder ses 20 ans… jusqu’à la mort. Mais la contrepartie pour signer le Contrat Dorian Gray pose question à une minorité de libres penseurs.

Ne jamais ouvrir sa porte aux inconnus

Le contrat Dorian Gray est simple, vous pouvez choisir de le signer ou non. Si vous le faites, vous gardez l’apparence et les capacités physique de vos vingt ans jusqu’à vos soixante-dix ans.
Une fois que vous atteignez les soixante-dix ans, vous mourez. Vous tombez en poussière en à peine une minute. Mais vous aurez eu une vie bien remplie, et surtout vous aurez été utile à la société jusqu’au bout.

On le lui a dit maintes et maintes fois, mais Morane n’en a cure…. Il ne faut pas qu’elle ouvre la porte de la maison, sous aucun prétexte. Pourtant, c’est ce qu’elle va faire en recueillant une jeune femme de son âge, blessée et poursuivie par des inconnus. Ouvrir cette porte va avoir des répercussion terribles sur la vie calme et tranquille de Morane, qui vivait à l’écart de la société. C’est le début pour elle d’une course contre la montre et contre un groupuscule qui semble penser qu’elle a la solution pour prolonger le Contrat Dorian Gray. Mais est-ce vraiment le cas ?

Un roman haletant, vraiment ?

J’étais fort emballée lors de la sortie de l’ouvrage car je suis très friande de dystopies, d’autant que ça faisait longtemps que je n’en avait pas lue une. Ce roman étant un gros enjeu des éditions Milan, j’ai foncé tête baissée dans l’ouvrage, malgré la couverture que je ne trouve guère engageante.

Règle 12 : Les seules personnes qui pourront avoir accès à des soins médicaux seront les enfants avant leur traitement, et uniquement si leur état de santé laisse supposer qu’ils seront au meilleur de leur forme lorsqu’ils atteindront l’âge de vingt ans.

Et malheureusement, j’ai été déçue. Là où le roman est présenté comme haletant, on a surtout une suite de courses-poursuites parsemées de quelques révélations. Lesdites révélations étant pour la plus grande part assez prévisibles…

La société imaginée par l’autrice a beau se tenir, elle manque de corps. Ce fameux contrat Dorian Gray que certains tentent à tout prix de prolonger est un postulat intéressant, mais j’ai trouvé la mise en oeuvre laborieuse. Tout la société est basée sur ce contrat que l’écrasante majorité de la population a signé, mais il manque une articulation fluide à tout cela.
Oui, certains en veulent toujours plus, mais ça n’a rien d’extraordinaire que de découvrir cela. On parle de corruption, mais c’est assez peu développé malheureusement. Et surtout, c’est très manichéen… J’ai trouvé que tout cela manquait de subtilité. Dans le même genre, mais en beaucoup mieux selon moi, j’ai trouvé La déclaration bien plus puissant.

La seule chose que j’ai trouvé intéressante et qui aurait pu être creusée plus amplement, c’est le traitement que la société réserve à ceux qui n’ont pas signé le contrat. Ils sont totalement mis à l’écart et traités comme des pestiférés. La vieillesse fait peur, elle est même perçue comme contagieuse… Une extension malsaine de ce que notre société prône déjà : la beauté et la jeunesse, toujours, tout le temps. Pas de place pour quoi que ce soit d’autre.

Ainsi donc, Le contrat Dorian Gray pourra peut-être plaire à celleux qui n’ont lu que très peu de dystopies, pour les autres, passez votre chemin. C’est trop peu élaboré pour convaincre des lecteurs assidus… Dès 13 ans environ.

Règle 35 : Une fois leur contrat signé, les nouveaux Dorian Gray seront entièrement responsables de leurs actes. Un couvre-feu sera instauré pour la sécurité des jeune qui n’ont pas encore reçu le traitement, afin de les protéger d’éventuels individus malintentionnés.

Règle 103 : Ceux qui refuseront de signer le contrat devront apprendre à se débrouiller par leurs propres moyens. Il leur sera aussi demandé de ne pas imposer la vision de leurs physiques défaillants au reste de la société.

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Chronique essai : Lettre à Dennis Rodman, bouffon de la dictature nord-coréenne

Paru en 2015 aux éditions Les échappés (issues de Charlie Hebdo), ce court opuscule nous fait découvrir la face cachée des « paillettes » que la Corée du Nord essaye désespérément de nous lancer aux yeux. Bien entendu tout le monde est au courant qu’il s’agit d’une dictature, que les Nord-coréens ne mangent pas à leur faim et que leur vie est constamment menacée…

Mais il y a encore quantité de choses que l’on ignore sur ce pays si secret et Elise Fontenaille va se charger de nous en apprendre un peu plus… Quoi qu’il en soit, ça n’a pas l’air d’effrayer l’ex icône du basket Dennis Rodman…

Âmes sensibles, s’abstenir

Comment peut-on passer de l’ex-basketteur star Dennis Rodman à la Corée du Nord et cela sans transition ? C’est facile… il suffit de savoir que ce dernier a été invité en tant qu’ami par Kim Jong-un pour avoir le commencement d’un lien. Et c’est ainsi que l’amitié entre le basketteur et le dictateur Nord-Coréen grandit, la population s’affame et continue à mourir… Rien à signaler, tout va bien.


C’est indécent, vous trouvez ? Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg comme vous allez pouvoir vous en rendre compte au travers de la centaine de pages de l’ouvrage…

La dictature, c’est mal, oui mais encore ?

Bien entendu tout le monde sait que ce qui se passe en Corée du Nord est atroce, mais Elise Fontenaille a creusé pour nous le sujet afin que l’on soit encore plus conscient de ce qu’il se passe. Une chose est sûre, ce que vous apprendrez dans cet ouvrage risque bien de vous rester en mémoire.


La Corée du Nord a notamment parmi les meilleurs réseaux de hackers. Cela peut paraître incroyable quand on connaît le niveau technologique du pays, mais détrompez-vous. Le pays a su se doter des meilleurs technologies et des meilleurs hackers au monde pour parvenir à ses fins. Grâce à Kim Jung-un, le pays se modernise extrêmement vite (même si cela est réservé à une élite pendant que la population lambda travaille dans les champs et meurt dans les camps).
Kim Jung-un a ainsi réussit à paralyser la sortie d’un film qui lui déplaisait fortement : The Interview, où jouent Rogen et James Franco. Le film à l’humour potache lui a fortement déplu car le mettant en scène sous un jour très désavantageux. Mais il a fait l’erreur d’attirer justement la curiosité du public dessus par ses nombreux actes de hacking envers Sony. Le dictateur a fait pirater les mails des plus hauts responsables de l’entreprise ce qui a créé une énorme crise chez Sony…

Vous découvrirez aussi comment les témoignages des rares rescapés de Corée du Nord sont eux-même manipulés à cause d’une course à celui qui vendra le plus et passera le mieux dans les médias. Comment certains ont modifié leur vécu (déjà horrible) pour l’accentuer… Pas de jugement ici, l’autrice expliquant comment cette course au pire témoignage en est venue à exister, c’est sidérant et bien triste mais totalement compréhensif.

Mais ce qui m’a le plus choqué, c’est une partie de l’Histoire de la Corée qui date de la fin du XIXème siècle. Si vous ne connaissez pas la Reine Min (ce qui fut mon cas, je l’ai découverte ici) son histoire devrait vous intéresser. Elle est une figure incroyable qui a marqué son pays de part son destin tragique. Ce qu’elle a fait pour la Corée est incroyable, notamment en termes d’éducation et de culture des jeunes filles du pays… Avant que le Japon fomente une mission d’assassinat contre elle de la plus horrible des façons…

Tout cela et plus encore, voilà ce qui vous attend dans ce petit livre. Il faut le prendre comme une porte d’entrée dans la démarche de découvrir l’histoire d’un pays brisé et fracturé par les guerres et les dissensions depuis plus d’un demi-siècle. C’est passionnant bien que terrible, mais je suis partisane de voir les choses en face plutôt que de faire comme si elles n’existaient pas. Si vous avez le même point de vue que moi sur la question, cet ouvrage devrait intéresser et vous questionner. Passionnant.

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Chronique Jeunesse : Frisby et le secret de Nimh

Un des grands classiques de la littérature jeunesse anglo-saxonne à découvrir pour tout fan de fantasy animalière !

Paru initialement en 1971, Frisby et le secret de Nimh fait partie de ces grands classiques américains destinés à la jeunesse. Ils sont méconnus en France, voir totalement oubliés, mais ce sont de véritables monuments dans leur pays d’origine (États-Unis ou Royaume-Unis).

Dans cette famille des grands oubliés en France mais indispensables dans la culture populaire anglo-saxonne il y a par exemple : La toile de Charlotte (Charlotte’s web), Les chapardeurs (The borrowers), L’indien du placard (The indian in the cupboard)… et tant d’autres ! C’est une culture indispensable à avoir et à découvrir quand on aime la littérature jeunesse, et cela d’autant plus si vous êtes professionnel.le du livre. Mais c’est également une culture longue à acquérir, d’autant plus que la plupart des ouvrages mentionnés sont épuisés en France. Mais c’est passionnant de découvrir ces classiques qui ont été les premières pierres de ce qu’est la littérature jeunesse aujourd’hui. Il faut bien se l’avouer, les œuvres anglo-saxonnes ont énormément forgé les ouvrages d’aujourd’hui, quelle que soit leur origine.

Une souris qui va vivre une épopée incroyable…

Mme Frisby est une maman souris qui a beaucoup de soucis à gérer au quotidien. Elle a quatre souriceaux encore très dépendants d’elle, et quand l’un deux tombe malade, c’est encore plus dur. Timothy est si faible qu’il ne peut plus bouger, et le moindre effort l’essouffle à un tel point que sa vie est en danger. Pire encore, la famille de Mme Frisby n’a pas de remède, et leur maison est en passe d’être détruite.


C’est ainsi que débute la quête de Mme Frisby pour sauver son foyer et ses enfants à tout prix…

… à l’échelle d’un champ

Érigé au rang d’incontournable de la littérature jeunesse, il était pour moi indispensable de découvrir ce roman. Mais je dois avouer avoir eu une pointe de déception à cette lecture… Je ne peux pas vous raconter toute l’histoire, mais dans les très grandes lignes, Frisby et le secret de Nimh est en fait un simple déménagement. Semé d’embûches et de problèmes, mais un déménagement tout de même. Certes les valeurs véhiculées par ce roman sont louables, on y parle entraide, courage, abnégation… mais cela n’a rien d’extraordinaire, surtout en jeunesse.

J’ai ainsi trouvé que l’histoire en elle-même n’était pas aussi géniale que je l’espérais d’un incontournable de la jeunesse. Peut-être cette différence de perception est-elle aussi culturelle ? Quoi qu’il en soit, l’ouvrage n’a jamais été traité comme un classique ou un livre de fonds en France, et de mon point de vue, c’est assez compréhensible. Par contre, aux États-Unis, Frisby et le secret de Nimh a eu droit à plusieurs suites ! Preuve en est du succès dans son pays d’origine.

Même si Frisby et le secret de Nimh n’est pas un coup de cœur, c’était une lecture agréable, et elle saura plaire je pense aux enfants qui aiment la fantasy animalière. Sympathique, facile à lire et véhiculant de belles valeurs tout au long de l’intrigue. Mais cela s’arrête là ! A découvrir dès 9/10 ans.

Chronique jeunesse : La fille qui parlait ours

Un magnifique roman aux allures de conte initiatique aux accents slaves. Et si le bonheur était au bout de notre nez plutôt qu’au fin fond de la forêt ?

Paru en début d’année 2022, ce roman initiatique est le second de l’autrice anglaise Sophie Anderson à paraître en France. Le premier, La maison qui parcourait le monde s’inspirait déjà des mythes et légendes slaves pour servir son intrigue. Ici encore, on retrouve un mélange de contes et traditions des pays de l’Est, de même qu’une magie étrange et belle tout à la fois…

Comment vivre avec des pattes d’ours ?

La jeune Yanka s’est toujours questionnée sur ses origines. Elle n’a ni père ni mère, mais une femme qui a décidé de la recueillir quand elle était encore tout bébé. Mais malgré tout cet amour prodigué au fil des années, Yanka sent comme un trou dans sa poitrine.

Où sont ses parents ? Pourquoi l’ont-ils abandonnée ? D’où vient-elle ? Et où est son véritable foyer ?

Elle s’est toujours sentie à part à cause de son passé inconnu. Même au village, elle a peu d’amis et subit parfois moqueries et remarques sur sa différence. En effet Yanka est grande et forte, c’est d’ailleurs de là qu’elle tient son surnom : Yanka l’ourse.

Mais le jour où elle se réveille avec des pattes d’ours à la place des pieds, elle décide de partir en quête de ses origines véritables. Peu importe la réponse, tout sera mieux que l’ignorance…

Magnifique et onirique

Ce roman fait partie des textes que l’on lit lentement. Non pas parce qu’il est complexe (ce n’est d’ailleurs pas le cas) mais parce que chaque page apporte son lot de messages et de beauté. Tout y est une de à la nature et ses merveilles, au partage, à l’amour… Et quantité d’autres choses qui rendent la vie plus belle. Résumer cet ouvrage est impossible, mais je peux vous parler de la sensation qu’il m’a laissée une fois terminé.

J’ai trouvé qu’une fois cette lecture achevée, j’étais complète. Qu’un message important était passé entre mes mains, mais qu’il me fallait un temps considérable pour l’intégrer. C’est un sentiment diffus mais prégnant, un roman marquant au message fort, mais qui infuse lentement dans celui qui le lit…

Je pense que tout le monde pourrait lire ce roman destiné à la jeunesse et y trouverait son compte. Toutes les épreuves que traverse Yanka peuvent s’adapter à celles de la vie quotidienne. Mais chaque problème ayant sa solution, Yanka trouve la force de lutter contre l’adversité. Et je pense que lire cet ouvrage peut donner quelques clés à ceux qui pourraient se sentir bloqués dans leur vie.

Tout est extrêmement métaphorique dans ce roman, j’y ait souvent perçu différents degrés de compréhension, et c’est ce qui le rend si beau…

Lire ce roman, c’est se plonger dans une aventure onirique d’une poésie infinie. Chaque légende créé par Sophie Anderson apporte son lot de réflexion et d’introspection, mais également d’aventure. On y découvre par ailleurs des personnages joyeux au charisme indéniable… Mention spéciale au furet Moustache et à la maison, deux des personnalités les plus fortes de l’œuvre selon moi. La maison ne parle pas, mais elle a un merveilleux caractère qui la rend extrêmement attachante. Et Moustache… c’est le coup de foudre absolu !

Pour moi, les meilleurs romans sont ceux aux messages ancrés dans la trame de fond, et clairement La fille qui parlait ours en fait partie. Et si en plus il y a une maison à pattes de poule dans l’histoire, c’est le coup de cœur garanti ! Je n’ai pas lu le précédent roman de l’autrice, mais clairement j’ai très envie de m’y plonger.


Alors, si vous avez envie de rêve et d’aventure, de légendes et de regrets mêlés, vous êtes au bon endroit. C’est beau et sublime et ça se découvre dès l’âge de 11 ans. Mais le message de ce roman peu se découvrir à tout âge…

Chronique ado : Ni prince ni charmant

Un roman percutant sur le consentement et comment faire tomber ses biais, même quand cela concerne son meilleur ami…

Nouveauté parue dans la percutante et efficace collection La brève chez Magnard, Ni prince ni charmant est le dernier roman en date de Florence Medina. On y parle sexualité, consentement et réseaux sociaux… Et ce n’est pas joli à voir, forcément quand on mélange tout ça. L’ouvrage est paru en mars 2022 en librairie.

Des messages d’alerte sur les réseaux

Tout commence par une jeune femme qui en prévient une autre en MP qu’un de ses contact a un « comportement problématique » avec les filles. C’est ainsi que la soeur de Tristan lui apprend que c’est l’un de ses meilleurs amis qui est mis en cause… Le jeune homme refuse cet état des choses, et il demande des preuves.

Mais il n’y a que des ont-dit… du moins au début. Peu à peu Tristan se pose des questions et va interroger son entourage, puis son ami lui-même… Ce qui amène Tristan à se poser également des questions sur ses propres comportements.

Prévenir avant que le pire n’arrive

Ce roman court et ultra percutant a un côté très dérangeant, sciemment, mais c’est flippant. La perception des choses que Tristan a entre le début du roman et sa fin est très bien menée. Comment passe-t-on d’un point de vue passif sur ses propres actes à une réflexion active ? En s’interrogeant sur notre entourage, nos motivations, notre confort…

La démarche de vérité de Tristan est difficile à mener, mais il va réussir à braver de nombreux obstacles, en premier lieu celui de l’image idéalisée qu’il a de son ami. Puis, arrivent les questions.

Je pense que c’est le genre d’ouvrage absolument nécessaire à faire lire aux ados, filles comme garçons. Afin de désamorcer l’idée que quand quelqu’un dit non, c’est juste qu’il faut insister un peu. Non en fait. Non c’est toujours non, quelle que soit la question. A faire découvrir dès 14 ans et même après !

Chronique : Au poil

Un roman ado parfait pour mettre en lumière la pression que subissent les femmes, quel que soit leur âge, pour coller à des critères de beauté imposés par le regard des hommes. Édifiant.

Si vous ne connaissez pas encore la collection La brève, c’est l’occasion de la découvrir ! Des textes très courts – moins de 100 pages – et très actuels à destination des 14 ans et plus. Les sujets vont du harcèlement scolaire à la pilosité des adolescentes en passant par les méfaits d’une mauvaise utilisation des réseaux. 

Avec Au poil, Sophie Adriansen s’empare du sujet des poils, féminins en l’occurrence, et leur perception dans notre société. Encore souvent très mal acceptés, la jeune Omé s’interroge sur ce qu’elle va faire, la pression familiale étant très forte…

Un « problème » qui pousse doucement 

Omé commence à avoir des poils, et surtout, ça commence à se voir, comme le fait si gentiment remarquer sa maman. Ni une, ni deux, elle lui prend illico un rendez-vous chez l’esthéticienne.

Sauf que… Omé ne sait pas encore elle-même ce qu’elle souhaite faire de sa pilosité naissante. Ce dont elle est certaine par contre, c’est que ces poils en devenir semblent être remarqués par tout le monde, et que chacun et chacune a son avis sur la question… 

Un roman efficace qui taille dans le vif du sujet 

J’aime ce genres de romans qui savent parler aux ados avec des personnages réalistes emplis de questionnements. Ils tâtonnent, ne savent pas encore ce qu’ils souhaitent de notre société ou de leur corps. Ils doutent beaucoup, mais peu à peu, ces personnages se forgent leur propre avis ainsi que leur caractère. 

Omé en est d’ailleurs le parfait exemple, elle s’émancipe peu à peu des avis des autres et se créée le sien propre. Ce roman est un bon petit coup de pied dans la fourmillière de nos idées préconçues. Et on va d’ailleurs découvrir qu’en France, on est beaucoup plus obsédés par l’épilation et les peaux lisses qu’en Allemagne par exemple ! 

J’ai donc trouvé ce très court roman intéressant et la façon dont le sujet est abordé parfaite. Et surtout, le personnage d’Omé est tout à fait crédible, aussi bien dans sa répartie et ses questionnements que dans ses réactions. 
Je pense que cet ouvrage pourrait faire partie des indispensables de toute librairie/bibliothèque qui souhaiterai se constituer un fonds féministe. A découvrir dès l’âge de 13 ans environ ! 

Chronique Jeunesse : Le club du Calmar Géant – Tome 1 – L’incroyable équipage du poisson-globe

Découvrez les aventures incroyables d’imagination d’une jeune demi-sirène et de ses amis !

Premier tome d’une nouvelle série pour la jeunesse, L’incroyable équipage du poisson-globe nous fait découvrir les secrets et les aventures du Club du Calmar Géant ! Nous avions découvert il y a quelques années celles du Club de l’ours polaire dans le grand nord, place maintenant aux fonds marins…

Alex Bell est une autrice pour la jeunesse à l’œuvre encore ténue, mais déjà bien reconnue par les lecteurs. Elle écrit également des romans horrifiques pour les adultes, dans un autre style.

Un peuple et son continent qui disparaissent sans laisser de traces

Il se passe des choses étranges et inquiétantes depuis quelque temps, des continents entiers, des villes dans leur totalité disparaissent. Ils ne sont pas rayés de la carte mais plutôt comme évaporés. On sait qui est derrière tout cela, mais personne n’a la possibilité de lutter contre… Mais quand la mystérieuse organisation décide de s’en prendre au Club du Calmar Géant, la jeune apprentie mécanicienne Ursula décide de faire ses preuves.

Mais les choses n’évoluent que très lentement au sein des Clubs, et Ursula étant une jeune femme, elle ne peut pas s’inscrire en tant qu’exploratrice, son rêve de toujours… C’est donc sans l’aval du Club qu’elle va tenter de sauver ce qu peut l’être d’un péril immense !

De l’aventure puissance mille et une imagination frétillante !

Alex Bell est une autrice au talent incroyable. En très peu de pages, elle nous transporte dans son univers à l’imagination débordante dans lequel on se plonge avec délices. C’est redoutable d’éfficacité, très rapide à lire, et surtout original. Les quelques sublimes illustrations détaillées de Tomislav Tomic concourrent d’ailleurs à cette sensation de renouveau. Quand on lit beaucoup d’imaginaire, il n’est pas toujours facile de trouver de nouvelles séries captivantes à l’univers atypique. Ici, c’est une russité totale !

Encore une fois, Alex Bell prouve qu’elle a un talent monstre pour tout ce qui est de créer un univers qui lui est propre. Et cette fois, c’est dans les profondeurs maritimes que l’on découvre ses dernières idées originales : glaces pour respirer sous l’eau, ville perdue sous la mer, hôtel de luxe pour créatures de la mer, esprit de kraken… Ce ne sont pas les idées géniales qui manquent.

Et pour celleux qui n’auraient pas lu le cycle précédent avec Le Club de l’ours polaire, pas d’inquiétude, même si ce nouveau cycle est en la suite, il n’est pas indispensable de l’avoir lu !

Ainsi, encore une fois, c’est une réussite totale. Mais là où j’avais passé un bon moment avec le premier tome du Club de l’ours polaire, j’ai passé ici un merveilleux moment ! Peut-être que l’univers de la mer et de ses mystères englontis me séduit plus ? Ou peut-être est-ce le pouvoir charmeur des sirènes ? Quoi qu’il en soit, c’est un véritable coup de coeur à découvrir dès l’âge de 10 ans.