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Chronique : Les étoiles de Noss Head – Tome 2 – Rivalités

Les étoiles de Noss Head 2Une suite encore plus passionnante que le premier opus !

Sophie Jomain est une auteur française. Son œuvre navigue entre l’imaginaire et la littérature réaliste, mais la romance reste une de ses constantes ! Parmi ses nombreuses parutions, on peut citer : Quand la nuit devient jour, Felicity Atcock (série en 5 tomes), Cherche jeune femme avisée

A la découverte du Cercle  

Bienvenue dans la ville de St Andrews, en Écosse. Hannah entre maintenant à l’université, vit dans un studio en collocation, voit régulièrement son petit ami Leith… Bref, la vie, la vraie commence ! Mais il ne faut jamais oublier que quand on sort avec un garou, les problèmes sont à l’échelle de ses capacités extraordinaires…

A peine quelques jours après le début des cours, Hannah fait la connaissance d’un groupe singulier, étrange et quelque peu hypnotique : Le Cercle. Leith refuse catégoriquement qu’Hannah ai le moindre lien avec eux… mais pourquoi donc ? Les réponses ne vont pas vous plaire…

Une suite largement à la hauteur et tout aussi captivante

Hannah grandit un peu dans ce second tome. Plus posée, moins fleur bleue par moment, et surtout moins crispante, on l’apprécie plus pleinement dans ce nouvel opus… Même si elle continue à poser une foule de questions à tort et à travers !

Leith nous montre des côtés possessifs inattendus et assez déplaisants pour Hannah et pour nous lecteurs. Leur relation évolue, et bien loin d’être parfaite, les tensions sont présentes, mais c’est ce qui la rend justement réaliste et plus crédible.

De nouveaux personnages charismatiques et très intéressants font leur apparition. On a très envie d’en découvrir plus sur eux : Darius (membre de l’éminent Cercle), Georgia, Tarja… Ils sont tous très bien campés et donnent envie de les connaître bien plus ! Surtout que l’auteur développe la mythologie qu’elle a créé avec de nouvelles créatures à faire froid dans le dos…

Je ne saurais dire pourquoi, mais malgré un assez grand nombre de clichés (la résolution de ce second tome est franchement très prévisible – tout comme le premier), je me suis tout de même beaucoup attachée à cette saga. En effet, j’avais beau me dire que c’était parfois assez attendu, le tout est bien construit et le caractère des personnages si bien pensé que l’on est curieux de connaître leurs sentiments, leurs réactions.

Alors, la solution au problème énoncé durant ce tome est facile à trouver. Cependant, le final de l’ouvrage est totalement génial et inattendu ! Impossible d’en dire plus, mais au moment où l’on croit que l’on a tout vu et tout compris, un élément très perturbateur s’invite dans l’intrigue… et clap. Fin du second tome. Autant dire que vous n’avez pas le choix et que vous êtes dans l’obligation d’enchaîner immédiatement sur le troisième opus… !

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Alors, oui ce second tome est meilleur que le premier malgré un certain nombre de choses convenues. La force de cette saga, ce sont ses personnages, son décor universitaire qui fait rêver, et son côté surnaturel/romance très bien géré… Et qu’importe le reste !

Chronique : Prête à tout

Prête à toutParu aux États-Unis en 1993, puis chez Pocket en 1995, enfin réédité en 2015 par les éditions Philip Rey en 2015 pour enfin revenir en poche en mai 2016… voici le roman Prête à tout signé par l’américaine Joyce Maynard.

A travers ce roman brossant une quantité folle de tranches de vies différentes et de témoignages, Joyce Maynard nous propose une vision du monde des médias qui montre toute sa dangerosité autant que son attrait… Se basant sur des faits ayant réellement existé, l’histoire est absolument passionnante. Par ailleurs, le livre tiré de ce fait divers a lui-même inspiré un film, du même nom réalisé en 1995 par Gus Van Sant.

Si vous ne connaissait pas encore cette auteur d’origine américaine, sachez qu’elle a une production littéraire très régulière. Elle a par ailleurs eu une relation avec J. D. Salinger – de trente-cinq ans son ainé – dont elle a tiré un roman : Et devant moi, le monde.

Un beau couple heureux et bien sous tout rapport

Suzanne Maretto, belle et jeune mariée, heureuse, intelligente, ambitieuse, une belle maison, un mari aimant… elle possède tout ce qu’on rêverait d’avoir. Et pourtant, Suzanne n’est pas heureuse : elle souhaite par-dessus tout être une présentatrice télé. Célèbre, vénérée, c’est son un souhait qu’elle fait tout pour atteindre depuis son plus jeune âge. Toujours pondérée, travailleuse, motivée, soignant à un point extrême son apparence, Suzanne percera dans le monde de la télé, tout le monde en est persuadé. Mais un drame va tout changer. Suzanne rentre chez elle un soir et retrouve son mari mort, son sang noyant la moquette. Sa vie vole en éclats, mais pas nécessairement comme on l’imaginerait…

Un bon livre qui se dévore comme un roman noir

Pour une première incursion dans l’univers de Joyce Maynard, j’ai trouvé cette lecture extrêmement plaisante et accrocheuse. On découvre une Amérique pleine d’apparences, de paillettes, ainsi que toutes ses déviances liées aux médias.

La narration est aussi originale qu’addictive grâce à des chapitres extrêmement courts narrés par un personnage différent à chaque fois. Au total, c’est plus d’une vingtaine de personnages qui peu à peu dressent le portrait du couple parfait que forment Suzanne et Larry. Et peu à peu, ce sont les zones d’ombres, les étrangetés qui ressortent. Puis une forme de doute s’installe concernant la personnalité de Suzanne, ses aspirations, son caractère, ses pulsions…

La montée en puissance latente, les nombreuses découvertes que l’on fait au fil des pages sont très bien tournées. Nous ne sommes jamais dans la révélation incroyable, bien au contraire. L’écriture est tournée de façon à ce que les questionnements et les doutes s’installent peu à peu dans l’esprit du lecteur. C’est encore mieux qu’une révélation soudaine. On réfléchit, on doute, on y repense…

Pour écrire ce roman, Joyce Maynard s’est directement inspirée de l’affaire Gregory Smart. Quand elle a commencé à écrire Prête à tout, elle n’avait pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Elle dit d’ailleurs dans la postface qu’elle a tout fait pour ne pas se renseigner plus afin de ne pas être influencée. Lors de l’écriture de l’ouvrage, le jugement n’était pas prononcé, et elle s’est laissé uniquement porter par ses personnages pour écrire. Et quand on voit le résultat final dans la réalité et les différentes motivations de chacun, on constate de Joyce Maynard n’était malheureusement pas loin de la triste réalité…

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Au final, Prête à tout est un excellent livre, entre littérature et récit à suspense. Il s’agit d’un bon roman à l’américaine qui se dévore d’une traite ou presque ! Parfait par exemple comme lecture d’été.

Signature/Dédicace : Damien Snyers, auteur de la Stratégie des As en dédicace le 25 juin à la Librairie Royaumes

Dédicace Royaumes DamienUne fois n’est pas coutume (mais j’espère en faire une habitude), voici une actualité concernant la librairie où je travaille. Elle n’est pas très grande, mais son ambiance cosy est très agréable. Vous passez le pas, et vous vous y sentirez bien. Et si vous ne connaissez pas encore la Librairie Royaumes (située dans le 13ème arrondissement de Paris, au 42 rue de Tolbiac), la dédicace de Damien Snyers est peut-être l’occasion de la découvrir !

L’auteur que nous convions le 25 juin 2016 prochain est de nationalité belge, et il est passionné de longue date par l’imaginaire. Son premier roman (paru aux éditions ActuSF) est d’ailleurs le parfait reflet de ses goût : un récit d’aventure et de mystères dans une ambiance typiquement fantasy et steampunk. Et surtout, l’écriture. Ah, l’écriture de Damien Snyers est extrêmement fluide, plaisante et pleine de bonnes métaphores. Les dialogues sont enjoués, enlevés… bref on adore, et c’est pour cela qu’il nous fait l’honneur de venir !

N’hésitez donc pas à passer à la librairie, et si vous ne pouvez pas, on peut toujours vous en réserver un exemplaire à faire signer !

La stratégie des AsPrésentation de l’éditeur :

Pour vivre, certains choisissent la facilité. Un boulot peinard, un quotidien pépère. Humains, elfes, demis… Tous les mêmes. Mais très peu pour moi. Alors quand on m’a proposé ce contrat juteux, je n’avais aucune raison de refuser.

Même si je me doutais que ce n’était pas qu’une simple pierre précieuse à dérober. Même si le montant de la récompense était plus que louche. Même si le bracelet qu’on m’a gentiment offert de force risque bien de m’éparpiller dans toute la ville. Comme un bleu, j’ai sauté à pieds joints dans le piège. L’amour du risque, je vous dis. Enfin… c’est pas tout ça, mais j’ai une vie à sauver. La mienne.

Damien Snyers est un jeune auteur belge. Il signe avec La Stratégie des as un premier roman nerveux, mélange réussi de fantasy et de steampunk, dans la plus pure tradition des films de casse.

Chronique album jeunesse : Un Empyrée de dragons

Un Empyrée de dragonsUne merveille d’album pour la jeunesse où la mythologie du monde entier est à l’honneur !

Parue dans la toute petite (mais très prometteuse) maison d’édition Psyché, voici une véritable merveille, un petit inclassable dans le domaine de la littérature jeunesse : Un Empyrée de Dragons.

Les illustrations sont assurées par Nicoletta Ceccoli, elle a été consacrée meilleure illustratrice italienne en 2001, et on comprend immédiatement pourquoi. Son travail est mondialement reconnu puisqu’elle a exposé à Paris, a publié de nombreux artbooks et a même participé au film Jack et la mécanique du cœur en tant que character designer.

Entre le documentaire, l’album illustré et le bestiaire merveilleux, vous en prendrez plein les mirettes, découvrirez de magnifiques créatures issues de toutes les cultures et les mythologies… Le tout servi par une illustration hors du commun et sublime… C’est typiquement le genre d’album pour les enfants que nous adultes avons envie d’avoir rien que pour nous !

Un Empyrée de dragons intérieur 3Comment nomme-t-on un groupe de créatures magiques ?

Si vous vous êtes toujours posé la question de comment on appelle un groupe de licornes, de Chi-lin, de sphinx ou encore de manticores, cet ouvrage est pour vous.

Se jouant des mots et des styles, Un Empyrée de Dragons nous fait voyager à travers les très ombreuses cultures de notre monde. Le tout étant servi par un texte aussi sublime que les illustrations qui l’accompagnent. Ainsi pourrez-vous découvrir des yétis, mais également des chimères, des chevaux de mer ou encore de magnifiques Quetzalcoatls…

Par ailleurs, Un Empyrée de Dragons est issu d’une traduction de l’anglais – A dignity of dragons en langue originale (on imagine la difficulté à retranscrire un tel texte). En effet, l’ouvrage est publié par Houghton Mifflin Harcourt à l’origine, et l’éditeur et le traducteur précisent qu’ils ont parfois dû s’éloigner du texte d’origine afin de mieux coller à l’univers onirique et merveilleux de l’œuvre, et parfois même inventer ses propres formulations… Et c’est une réussite !

« Une fulguration d’hippogriffes, Une poignée de griffons, Une sociénigme de Sphinx, une embrasée de feng-huangs… »

Un Empyrée de dragons intérieurOutre un graphisme qui laisse rêveur, vous découvrirez en fin d’ouvrage un petit glossaire très complet. Chaque créature y est décrite avec son pays d’origine, ses spécificités, les anecdotes qui l’entourent…

La façon dont se présente l’ouvrage n’est pas sans faire penser au magnifique Livre des Créatures de Nadja. En somme, c’est un superbe imagier merveilleux qui s’offre à vous !

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Pour les passionnés de mythologie, pour ceux qui veulent faire découvrir les créatures fantastiques à leurs enfants… ou encore ceux qui veulent avoir rien que pour eux un magnifique album, Un empyrée de Dragons est une petite merveille à ne pas louper.

Pour les enfants, c’est un ouvrage à découvrir dès l’âge de 8 ans environ, quand ils découvrent les mythes et les légendes à l’école.

Un Empyrée de dragons intérieur 2

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Chronique album jeunesse : Où est mon étoile ?

Où est mon étoile (1)Un album sur la perte et le deuil qui émeut jusqu’aux larmes…

Satoe Tone est une illustratrice d’origine japonaise, son travail a été très fortement remarqué grâce au prix de l’Illustration de Bologne qu’elle a remporté. Publiée chez Passepartout, Balivernes et maintenant Nobi-Nobi !, Satoe Tone est une auteur/illustratrice qui a le vent en poupe, et c’est loin d’être un effet de mode… Le voyage de Pippo, La fanfare des grenouilles, Doux rêves de moutons

Ses illustrations et son ton sont tout simplement parfaits et poignants, notamment pour l’album Où est mon étoile ?, dont nous allons vous parler ci-dessous…

Une petite souris qui recherche son étoile

Petite souris est emplie de chagrin, elle vient de perdre un ami auquel elle tenait énormément. Mais on raconte que les être chers se retrouvent tout en haut, dans le ciel, sous forme d’étoile, et qu’ils sont là pour nous protéger.

C’est ainsi que Petite souris part à la recherche de son étoile, pour tutoyer le ciel et revoir son ami qui lui manque tant… Alors elle part, traverse les océans, les mares, les étangs, grimpe les hautes herbes et va même jusqu’à la cime des arbres… Alors, va-t-elle trouver son étoile ?

Où est mon étoile (2)Tout comme Petite souris, j’ai pleuré

Un tel concentré de beauté et de tendresse nous parviennent dès les premières pages qu’il est difficile de ne pas s’émouvoir à cette lecture. La scène où l’on voit cette fameuse petite souris laisser couler ses larmes est d’une telle intensité que… j’ai moi-même pleuré à sa lecture.

C’est aussi beau que douloureux, aussi sublime qu’infiniment triste… et indispensable.

« J’avais à mes côtés un être qui comptait beaucoup pour moi.

Mes amis me disent qu’il n’est pas vraiment parti.

Qu’il s’est simplement changé en une belle étoile dorée pour me protéger.

Mon étoile, ma jolie étoile…

Où que tu sois, je pars te retrouver ! »

Où est mon étoile (5)C’est un merveilleux album tant au niveau du texte que des dessins pour parler du deuil et de la perte aux enfants. Le seul autre album pour la jeunesse qui avait réussit à m’émouvoir comme cela par le passé, c’était Au revoir Blaireau de Susan Varley.

D’une infinie poésie, cet album est à découvrir absolument, que l’on soit un adulte ou un enfant, il sait trouver les mots qu’il faut dans ces moments difficiles… Magnifique. A lire aux petits dès l’âge de 4 ans.

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Chronique : Le grand projet de Domenico Maccari dit le Copiste, peintre sans talent

Le grand projet de Domenico Maccari dit le copiste sans talentUn mystérieux roman ayant pour lieu d’intrigue un village italien battu continuellement par les vents…

Tout juste paru dans la catégorie roman à destination des adultes chez Thierry Magnier, voici un ouvrage aussi étrange qu’inclassable : Le Grand Projet de Domenico Maccari dit le copiste, peintre sans talent. Son auteure, Gaïa Guasti est déjà connue sur la scène littéraire pour sa série ado La voix de la meute (trois tomes), elle a également écrit d’autres romans indépendants.

Avec ce nouveau roman, on navigue entre le récit historique, le merveilleux, l’étrange, le social… C’est un mélange de genres qui nous amène à découvrir l’histoire d’une petite ville où le vent ne cesse jamais et où les habitants on adapté leur mode de vie à cette étrangeté météorologique. C’est aussi un lieu où le temps ne semble pas s’écouler de la même manière que partout ailleurs…

Une tramontane incessante dans un village insignifiant en apparence

Bienvenue à Santamutine, petit village italien sans prétentions… mais dont l’histoire est aussi étrange qu’originale. Tirant sa source sur de très nombreuses générations, vous découvrirez l’histoire des fondateurs de Santamutine, mais aussi de leurs très nombreux descendants. Des familles qui se nouent, se déchirent, des rencontres inattendues, l’Histoire qui s’en mêle…

Sans oublier cette étrange et puissante tramontane qui oblige les enfants du village à être lestés de poids pour se déplacer sous peine de s’envoler pour un voyage sans retour… Voici l’histoire d’une ville sur plusieurs générations, et elle est pour le moins hors du commun.

Une histoire prometteuse…

Il faut avouer que tout les éléments concourent à donner envie de lire ce récit. Une présentation très accrocheuse, un récit à très forte connotation historique, une foule de mystères à élucider au fil des générations… Un peu de magie, de sciences, d’énigmes, d’histoires d’amour improbables et surtout une foule de secrets.

De même, la couverture de Joëlle Jolivet correspond parfaitement à l’ambiance étrange du récit : entre réalisme et merveilleux… sans oublier une once de mystère. Et pourtant, la lecture de ce nouveau roman de Gaïa Guasti m’a laissée sur ma faim. Explications.

… qui malheureusement s’essouffle peu à peu car trop entremêlée

Une fois plongé dans l’univers de Santamutine au bout de quelques dizaines de pages, on s’habitue aux chapitres extrêmement courts (pas plus de quatre ou cinq pages), mais un peu moins aux changements d’époques brutaux. Il n’est pas évident, de faire l’association entre un personnage et une époque. Parfois, le temps de cerner l’époque concernée, le chapitre se termine déjà.

De plus, les personnages sont confondent trop facilement pour nous lecteur, ce qui gêne la lecture car on se reporte très (trop) régulièrement à l’arbre généalogique en fin d’ouvrage (heureusement qu’il était là, sinon, la compréhension générale du récit aurait été beaucoup plus laborieuse). Tous les noms sont à consonance italienne et rend le tout très délicat pour savoir qui est qui : Francesco Torre, Cosimella Salvetti, Marina Santassi, Antonio Torre, Marco Guardonovo…

En ce qui concerne l’arbre généalogique, bien qu’il soit extrêmement utile, il revêt un défaut de taille : il nous révèle trop tôt certains éléments clés de l’intrigue. Mais on ne peut pas tout avoir…

Par ailleurs, en tant que libraire, je me pose une vraie question quant à ce livre : où le ranger en librairie ? Dans le rayon littérature adulte généraliste ? Dans le rayon imaginaire ? En historique ? (moins plausible selon moi, mais c’est une piste). Son graphisme fait penser à de la littérature jeunesse ou ado, et j’aime cette façon, de bousculer les codes, surtout en littérature générale, où les chartes graphiques des éditeurs sont très policées, trop rigides. Mais ce roman-ci m’oblige à me poser une foule de questionnements concernant sa place en librairie, car à quel type de lecteurs pourra-t-il plaire ? Et où son public potentiel pourra-t-il avoir les meilleures chances de le trouver ?

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Et en ce qui concerne le fameux projet de ce cher Domenico Maccari, à vous d’en juger, mais j’ai trouvé que le final était assez décevant. Tout s’articule autour de ce fameux rêve de Domenico (qui y consacrera sa vie et plus encore) et pourtant… on reste sur notre faim. C’est dommage, d’autant que l’univers créé par Gaïa Guasti est absolument bien campé, et décrit avec talent.

Son ambiance et ses nombreuses curiosités m’on beaucoup fait penser à l’univers des Ferailleurs d’Edward Carey mais aussi à la saga jeunesse La Maison Sans-Pareil d’Elliot Skell. Cet univers était le vrai point positif de ce récit, mais il ne suffit pas pour apprécier pleinement les (trop) nombreuses intrigues de l’histoire.

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Chronique : Les étoiles de Noss Head – Tome 1 – Vertige

Les étoiles de Noss Head 1La romance fantastique française a de beaux jours devant elle avec des ouvrages comme Les étoiles de Noss Head !

Initialement paru aux éditions Rebelle, la série Les étoiles de Noss Head est celle qui a révélé l’auteure française Sophie Jomain. Depuis, elle est publiée régulièrement aussi bien chez J’ai Lu que chez Rebelle éditions et tout récemment chez Pygmalion. Les étoiles de Noss Head est une trilogie, elle comporte aussi plusieurs deux autres tomes qui font office de préquels.

Si vous souhaitez découvrir un univers situé entre le surnaturel et la romance, celui de Sophie Jomain pourrait bien vous séduire… !

Des vacances « prometteuses »… dans la petite bourgade perdue de Wick, en Écosse.

Elle a bientôt 18 ans, la vie devant elle, et surtout les vacances d’été pour s’amuser ! Sauf que ses parents ont décidé qu’Hannah les passera à Wick (à l’extrême nord de l’Écosse) et non pas à Paris… Ennui et pluie en perspective donc pour l’adolescente qui ne se doute pas encore que sa vie et son destin seront bouleversés définitivement dans les semaines à venir… Tout cela à cause d’une rencontre inattendue avec un bel inconnu aux yeux verts…

Les étoiles de Noss Head 1 rebelleDe la romance fantastique à l’état pur

N’étant pas une grande lectrice de romance, j’avoue avoir débuté la lecture de cet ouvrage avec un brin de scepticisme. Je craignais de tomber sur une énième histoire d’amour, quelque chose de trop fleur bleue, de ne pas être portée par l’ambiance… Mais ça, c’était avant de pousser un peu plus loin que les apparences, car je suis rapidement tombée sous le charme de cet ouvrage.

Une ambiance toute particulière propre aux petites villes, des paysages sauvages, l’odeur de la mer qui nous éveille, de la magie et de nombreux mystères… le décor laisse rêveur. Et ce n’est que le début : une intrigue mâtinée de secrets de famille, de mystères et de mythologie (très bien développée et mélangeant légendes réelles et créations de l’auteur), voici ce qui vous attend.

Et puis… on est captivé par l’histoire, fort bien maniée par l’auteur. Ce n’est pas tant l’intrigue (assez facile à prévoir) que la façon dont elle est traitée qui en fait l’efficacité. Entre sensualité et retenue, on retrouve les sens qui s’enflamment de l’adolescence au travers du personnage innocent d’Hannah. Cette lecture a l’étrange propriété qu’ont certains romans : ils sont captivants, efficaces, purs… et se dévorent. Cela faisait un long moment que je n’avais pas ressenti un tel plaisir de lecture (dans le domaine de la romance fantastique), attendant avec impatience de retrouver les personnages.

Enfin, j’adresse une mention spéciale à la couverture du poche (même si celle du grand format est tout aussi magnifique), parfaite vis-à-vis de l’esprit du livre, et en accord complet avec l’histoire. En effet, le joli flacon que l’on voit en couverture a toute sa place dans l’intrigue… Les couleurs sont par ailleurs belles et harmonieuses, c’est un succès.

Un de mes rares regrets concernant cet ouvrage concerne les corrections et relectures. J’ai pu constater la présence d’une demi-douzaine de coquilles. Quelques erreurs de frappe, et une faute de conjugaison. Pour une réédition poche et une aussi grande maison d’édition qu’est J’ai Lu, on est en droit de s’attendre à un texte parfait. Dommage sur ce point.

De même, je n’ai pas toujours accroché à l’écriture de la narratrice, qui est parfois très orale. Nous sommes dans la tête d’une adolescentes, certes, mais sa façon d’écrire la rend parfois franchement agaçante et naïve, ce qui la dessert.

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Quoi qu’il en soit, Les étoiles de Noss Head – Vertige est une belle romance fantastique, on s’évade, on retourne parfois même à l’état sauvage. On sent l’odeur des embruns et de cette nature féroce au travers du personnage mystérieux de Leith…

On retombe avec délices dans les affres de la passion telle qu’elle se vit quand on est adolescente : pleinement et avec exaltation, quelles que soient les conséquences ! Autant dire que la lecture de la suite ne tardera guère… c’était si bon que l’on en redemande !

Chronique : Que du bonheur !

Que du bonheur !Journal intime d’une ado qui passe une année franchement… moisie !

Rachel Corenblit est une auteur française très prolifique. Elle écrit aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes et affectionne en particulier le registre de l’humour… Elle a notamment écrit : Quarante tentatives pour trouver l’homme de sa vie, La fantastique aventure de Woua-Woua le chihuahua ou encore Plié de rire, pour ne citer qu’eux.

Et cette nouveauté parue dans la collection DoAdo du Rouergue ne fait pas exception.

Journal intime en demi-teinte

Un chat mort, une trahison odieuse d’une soi-disant meilleure amie, les parents qui se séparent… et encore, ce n’est que le début des mésaventures d’Angela, narratrice et personnage principal de ce journal intime. Et encore, le revers de la médaille n’est même pas encore tombé sur le coin du nez de notre jeune héroïne !

Un récit aux chapitre courts, relativement drôle, mais pas mémorable…

Bienvenue dans la tête d’une ado tout à fait normale et donc un peu déjantée ! La jeune Angela commence effectivement l’année en fanfare… mais dans le mauvais sens du terme. Rien ne va plus dans sa vie, que ce soit au niveau des amitiés, des amours ou de la famille…

En ce qui concerne la narration d’Angela, elle est plutôt réaliste, mais je n’ai pas réussi à m’attacher à ce personnage… Elle enchaine les casseroles et les déconvenues, mais le tout sans être véritablement convaincante (selon moi).

Le quotidien de la jeune fille a beau être un peu drôle et loufoque, il ne sort pas franchement du lot, et il en faut beaucoup de nos jours pour faire un roman/journal intime d’ado convaincant. Ils sont très nombreux à s’y être essayés avec plus ou moins de succès : Le journal d’Aurélie Laflamme d’India Desjardin, Le Journal d’une princesse de Meg Cabot, la série 15 ans et 16 ans de Sue Limb.

Alors, certes, nous sommes dans un roman beaucoup moins fleur bleue et beaucoup plus réaliste que du Aurélie Laflamme ou du Meg Cabot, mais je trouve que le roman de Rachel Corenblit n’est pas à la auteur d’un des romans de Sue Limb, par exemple. Que du bonheur ! est le genre d’ouvrage que l’on lit sans déplaisir, mais qui ne laisse aucun souvenir une fois terminé.

De plus, les quelques illustrations, dessins et photos ajoutés pour donner plus de réalisme à l’ouvrage n’apportent que peu de choses et on même un côté « artificiel ». Ce qui donne l’effet contraire à celui voulu initialement…

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Au final, cette lecture m’a laissé assez indifférente, ce qui est très rare quand je lis un ouvrage paru chez Le Rouergue. C’est un éditeur pour lequel j’ai un affect tout particulier et dont je trouve les choix éditoriaux originaux et très souvent percutants et prégnants. Cette lecture n’a pas fait mouche, mais ça arrive, on ne peut pas tout aimer dans la vie comme dans nos lectures !

Chronique : The Generations – Tome 1 – Alive

Alive 1Un premier tome se jouant des codes du suspense… en mélangeant de nombreux genres !

Premier tome de la série young-adult The Generations, voici Alive de Scott Sigler, paru aux éditions Lumen en février 2016. Très mystérieux, empli d’indices et de fausse pistes… à vous de vous faire votre propre idée de ce qu’est l’univers d’Alive et ce qu’il vaut… Car vous ne saurez rien tant que vous ne l’aurez pas lu vous-même !

Un groupe d’adolescents sortis d’un long sommeil…

Ils ne savent pas où ils sont, ni quand ils sont, ni même qui ils sont. Tout ce qu’ils savant c’est qu’ils sont là, avec des symboles différents marqués sur le front, des couloirs partant dans tous les sens à perte de vue et… aucun objectif. Voici le début succin et mystérieux d’Alive, qui va vous entraîner sur plusieurs centaines de pages dans un huis-clos sous tension où la surprise peu se trouver à chaque angle mort…

« Une petite faveur »

Voici le nom de la toute dernière partie de l’ouvrage, là où Scott Sigler s’adresse directement à ses lecteurs, mais également à la presse et aux bloggeurs, booktubeurs etc. L’auteur tient tout particulièrement à ce que l’on évite les spoilers et autres révélations qui gâcheraient l’intrigue, et on le comprend.

En effet, Alive tire toutes les ficèles du roman à suspense et plus encore. Les chapitres sont en général assez courts et se concluent sur un rebondissement assez retentissant obligeant le lecteur à lire la suite, etc.

Sans révéler quoi que ce soit – pour préserver les vœux de l’auteur et la force principale de l’œuvre – je dois avouer avoir été assez déçue de la plupart des retournements de situations créés. Je m’attendais à beaucoup plus car le marketing (très malin) créé par l’auteur autour de son œuvre nous oblige à nous attendre à quelque chose de sinon phénoménal au moins original. Et pourtant, quand on a lu une certaine quantité de romans issus de l’imaginaire (science-fiction, fantastique, anticipation…), les rebondissements d’Alive ne sont pas suffisants pour vraiment surprendre.

Je ne dis pas que le contenu du roman est facile à deviner, car ça n’est pas le cas, je n’avais pas trouvé le secret qui concerne l’univers dans lequel évoluent les personnages. Mais je m’attendais à quelque chose de plus retentissant, d’incroyable et c’est au final assez commun. Impossible d’en dire plus, bien entendu, mais le débat peut très bien s’ouvrir ici (en bas d’article).

Ce que je pense, c’est que quand on joue à ce point sur le suspense et les cliffhangers, il faut vraiment assurer le spectacle derrière. Et ici, on découvre un bon roman ado, dont on veut découvrir la suite, mais pas récit à ce point haletant.

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Le mieux est encore que vous vous fassiez votre propre avis sur la question ! Pour ne pas spoiler, disons qu’Alive plaira certainement aux lecteurs avides de fantastique, de suspense et de science-fiction…le tout dans une ambiance à huis-clos à couper au couteau.

Pour l’atmosphère, on pense assez vite à la saga de James Dashner, Le Labyrinthe, ce qui n’est déjà pas si mal non ? Et puis, on veut tout de même savoir où Scott Sigler veut nous emmener maintenant que le décor est posé…

Chronique : Sovok

SovokUne sf inattendue en pleine Russie rétrofuturiste : bluffant

Peut-être connaissez-vous déjà le brillant auteur Cédric Ferrand qui doucement, se fait un nom dans le monde de l’imaginaire français. Sovok est son second ouvrage paru, mais il avait déjà marqué les lecteurs avec son très réussi roman de fantasy Watsburg. Dans Sovok, place à la sf rétrofuturiste, dans une Russie où la modernité se dispute au rafistolage et à la débrouillardise dans toutes les strates de la société… preuve permanente de sa lente déliquescence.

Colmater et réparer plus que soigner…

Dans l’entreprise Blijni, on a du mal à survivre. Toutes les économies sont bonnes à faire, on nettoie un outil médical à usage unique pour qu’il dure le plus longtemps possible, on prie pour que la jigouli (ambulance volante) que l’on conduit tienne encore une nuit de plus… Bref, on est constamment sur le fil, comme les patients dont on s’occupe.

Alors quand Méhoudar, le petit nouveau débarque chez Blijni, on lui promet de ne pas lui payer ses premiers jours de « stage ». Tout est bon pour faire des économies. Le petit jeune doit ainsi apprendre les ficelles du métier avec le duo que forme Manya pour les soins et Vinkenti au volant. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ces quelques jours auprès d’eux vont être très instructifs…

La Russie va mal, et ça ne va pas en s’arrangeant… Magouilles et arrangements à tous les étages pour sauver son patient, tractation étranges, tout est bon pour arriver à ses fins qu’elles soient nobles (ce qui est rare) ou dans un but plus personnel.

Décadence programmée d’une Russie qui n’a pas su s’adapter

Dans la capitale Russe du futur de Cédric Ferrand, la technologie est bien présente, mais ne rivalise pas deux secondes avec celles des occidentaux. Ici, on est nostalgique d’antan, et on veut fermer les yeux le plus longtemps possible sur les avancées, qu’on se le dise, c’était bien mieux avant.

Les Russes perdent ainsi sur leur propre terrain des clients dans le domaine de la santé. En effet, peu à peu, l’entreprise occidentale Second Chance vole les clients de Blijni : jigoulis rutilantes, technologie de pointe, argent qui semble couler à flot, la concurrence déloyale faite par Second Chance tue à petit feu l’entreprise Russe. Les magouilles semblent ne plus vraiment suffire à sauver un client et à arrondir les fins de mois.

Soyons clairs, ce n’est pas le sens de la déontologie qui étouffe nos protagonistes, du moins les deux anciens de Blijni Méhoudar, lui, est encore assez innocent pour voir de l’espoir dans les choses et les êtres qu’il croise. Mais si quelques bouteilles d’alcool peuvent aider à faciliter une intervention ou éviter d’appeler la milice, on ne dit pas non.

Cette plongée dans l’univers médical de cette Russie imaginée nous rend les spectateurs privilégiés de sa lente agonie. Il n’y a pas mieux placée qu’une équipe médicale pour observer toutes les carences d’une société. Les ambulanciers côtoient quotidiennement la misère, et la saleté, et eux-mêmes ne roulent pas sur l’or et sont prêt à quelques petites entorses pour se faciliter un peu la vie. Mais jusqu’à quand un système aussi défaillant et basé sur une telle pauvreté peut-il durer ? Surtout quand on sait que les politiques sont des as de la magouille à leur propre échelle… Un début de réponse est dans la fin des pages de Sovok

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Cet ouvrage assez inattendu et inclassable fut un véritable plaisir de lecture. On aurait aimé rester beaucoup plus longtemps avec Méhoudar et ses deux acolytes bardés de défauts, mais très attachants. L’ouvrage aurait pu notamment explorer beaucoup plus la veine socioéconomique de ce pays en passe de mourir de ses vices. On aurait aimé avoir une vision plus large de cet univers si magnifiquement dépeint, avec ce qu’il revêt de noirceur et d’insalubrité. Alors, à quand une nouvelle incursion dans ce Moscou en pleine faillite ?

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.