Archives de l’auteur : Laura

Chronique : La Sélection – Tome 3 – L’élue

Un troisième et dernier opus qui fonctionne bien, mais que l’on aurait voulu plus dense en termes de développements

On ne présente plus l’auteur américaine Kiera Cass, auteur de la saga à succès La Sélection. A la base, La Sélection était une trilogie, mais depuis, deux autres tomes sont sortis, faisant partie d’un second cycle se déroulant de nombreuses années plus tard. Des nouvelles autour de l’univers de La Sélection sont également parues, toujours dans la collection R sous le nom La Sélection – Histoires secrètes. Enfin, le 22 septembre 2016 est paru son tout dernier roman : La Sirène.

Une compétition âpre à son apogée

Elles ne sont plus très nombreuses à convoiter le cœur du Prince Maxon, et donc toutes proches du trône… America est de plus en plus hésitante quant à son avenir, son cœur, ses convictions… Car aimer Maxon, c’est également épouser les conviction de sa potentielle future belle-famille, mais America saura-t-elle convaincre et incarner tout cela ? Et en a-t-elle envie ? Voici enfin le dénouement que l’on attendait tant !

Des tergiversations en grand nombre qui desservent l’intrigue

Ce troisième tome devait être celui du dénouement, celui où la géopolitique de ces pays du futur nous serait expliquée. Mais au final, les motivations de chacun restent encore bien trop floues. De nombreux secrets entourent encore les attentats menés par certains activistes durant la Sélection.

Cependant, quand il s’agit de politique, America devient un personnage brillant, plein de verve. Elle est tout simplement lumineuse. On l’admire pour ce qu’elle est en train de devenir et qui pourrait changer la donne aux yeux du public… pour la famille royale, c’est autre chose !

Malheureusement, ces épisodes de réflexion ne sont pas assez nombreux pour rendre L’élue captivant. Le reste du roman se perd en hésitations, errements amoureux… C’est un peu trop long et prévisible pour rendre le tout aussi efficace que les deux premiers tomes.

…….

Trop de questions en suspens, un final relativement prévisible, L’élue offre une conclusion qui satisfera surtout la partie romance de l’intrigue. Pour ce qui est de la partie sociale et politique, on peut supposer que les nouveaux tomes parus depuis apportent leur lot de réponse ? Affaire à suivre car il faut avouer une chose, La Sélection est une saga extrêmement captivante, et son côté fleur bleue ne déplaît pas !

Chronique : Geek Girl – Tome 1

Elle est rousse, passionnée d’informations scientifiques « inutiles », a très peu d’amis, est loin d’être populaire, et va être repérée par l’une des agences de mannequins les plus prestigieuses du monde !

Holly Smale est une auteur d’origine anglaise. Son expérience dans le mannequinat lui a permis d’écrire la saga humoristique pour ados Geek Girl. La série devait être à la base une trilogie, mais le succès perdurant, elle en est déjà à son cinquième opus, plus un hors-série et un sixième est d’ores et déjà en cours d’écriture !

Holly Smale a même écrit une nouvelle de Noël autour de sa série (non traduit en France à ce jour) sous le titre All Wrapped Up. Tous les romans de la saga Geek Girl sont édités en France par les éditions Nathan. Le premier tome de la série vient de paraître en poche chez PKJ (Pocket Jeunesse).

Une nouvelle héroïne bourrée de maladresse et d’humour

Qui aurait cru qu’en renversant stand de chapeaux de luxe Harriet serait repérée par un agent ? C’est pourtant ce qui va arriver à l’adolescente la plus désintéressée au monde par l’univers de la mode ! Alors que son amie Nat a toujours rêvé d’être mannequin, c’est Harriet qui est plébiscitée par l’étrange et un peu fou agent nommé Willbur.

C’est le début d’une « carrière » étrange, difficile, et totalement improbable pour Harriet ! Au programme, séances de torture (comprendre du maquillage), relooking et transformation de la geek vers le… chic !

Drôle et débridé, un bon roman qui ne se prend pas au sérieux !

Impossible de ne pas rire ou au moins sourire à la lecture des très nombreux déboires d’Harriet Manners. Elle connaît une foule de faits scientifiques, a un ami qui l’admire depuis presque 5 ans au point de la suivre partout (y compris derrière le buissons qui est dans son jardin), a une Pire Pote qui est en fait sa meilleure amie, a un sérieux problème de coordination… et j’en passe ! Lister toutes les caractéristiques uniques et mémorables d’Harriet prendrait un temps considérable, mais une chose est sûre, elle est extrêmement attachante.

Dans ce premier tome, on découvre ainsi son quotidien en Angleterre, sa vie au collège, sa famille composée de son père éternel ado, et de sa belle-mère brillante avocate. C’est aussi un tome qui nous initie au monde de la mode avec une excursion éclair dans la ville de Moscou. On s’amuse aux dépends de notre jeune héroïne, mais cela ne la rend que plus normale, plus accessible.

Enfin, j’adresse une mention spéciale au personnage totalement barré et génial de Willbur, l’agent fou d’Harriet. Il a le don de lui donner toutes sortes de surnoms tous plus farfelus les uns que les autres : « Mon biscuit au gingembre », « Schtroumpfette », ou encore « Mon Ange-Miaou-Miaou ».

En termes de contenu, on parle aussi bien des premiers émois amoureux que d’amitié, de mensonges pour garder ses amis, mais également de vérité, car elle est toujours révélée au grand jour…

…..

Ce premier tome de la saga est donc drôle, efficace, bien fun, et complètement addictif. En effet, je vous laisse, car je vais de ce pas me lancer immédiatement dans la lecture du second tome ! A découvrir dès l’âge de 11 ans environ.

Chronique : Lum’en

Un planet-opera ambitieux et 100% français !

Le nom de Laurent Genefort vous dira peut-être quelque chose, et si ça n’est pas encore le cas, voici une petite présentation de l’auteur.

Avec plus d’une quarantaine de romans à son actif, Laurent Genefort est l’un des plus grands auteurs de science-fiction et de fantasy français. Il a remporté le prestigieux GPI (Grand Prix de l’Imaginaire), le Prix Julia Verlanger et le Prix Rosny Ainé pour Lum’en, paru initialement au Bélial’ avant de sortir chez Le livre de Poche.

Il a notamment écrit : Omale (2 tomes), Hordes (3 tomes), Les chants de Felya, Points Chauds

L’histoire d’une planète à travers les yeux d’une intelligence extraterrestre

Tout commence avec le bannissement d’une entité à l’intelligence supérieure sur une petite planète isolée. Enfouie profondément et loin de tout, elle ne pourra plus étendre son influence néfaste… Mais quand cette fameuse planète est peu à peu colonisée par l’homme des siècles plus tard, un danger se profile…

Un magnifique créateur d’univers

Si il y a bien une chose que l’on ne peut pas retirer à Laurent Genefort, c’est son imagination et la cohérence des univers qu’il créé. En effet, on voit que l’univers de Lum’en, sa création, son histoire sont si poussés que l’on ne peut que s’immerger dans le roman. Tout y est expliqué, de l’arrivée des premiers colons à leur adaptation, en passant par le problème de l’alimentation et du développement de la colonie. Tout est pensé, disséqué, réfléchi.

La construction de l’ouvrage cependant est loin d’être commune, Lum’en est en fait un assemblage de nouvelles se déroulant de façon très espacée dans le temps. Du début de la colonisation de la planète Garance jusqu’à son déclin.

Chaque nouvelle est sans réel lien avec la précédente, mais chacune permet de découvrir une facette totalement différente de la planète et des personnes qui l’habitent ou qui gagnent leur vie grâce à elle…

Les nouvelles traitant des pilas (sortes de poulpes propres à la planète et dont les facultés intellectuelles frôlent l’intelligence même) sont extrêmement intéressantes et ont même un côté hypnotique. Malheureusement, chaque nouvelle est un peu trop courte pour que l’on s’attache à un personnage ou à une époque en particulier. Nous ne faisons que passer sur Lum’en, comme nous le prouve tout du long cet étrange roman.

Vous trouverez ainsi de tout dans ce recueil de six nouvelles : de la politique, un système économique à l’échelle d’une galaxie, des rebelles luttant pour l’indépendance de leur planète, un religieux jouant avec la génétique, des écolos revendiquant l’indépendance des pilas, un mercenaire…

On aurait tant aimé en savoir plus sur cette chose enfouie dans la planète, mais le sujet reste très largement inexploré, laissant le champ (trop ?) libre au lecteur… Dommage, étant donné que c’est le seul élément permanent que l’on suit au fil des nouvelles…

…..

Lum’en est presque un roman d’introduction, comme si l’auteur souhaitait nous faire découvrir le personnage de la planète avant de le développer dans un futur ouvrage. On découvre un univers extrêmement riche en très peu de pages, et on voyage comme jamais grâce à ce court recueil, mais on reste un peu sur sa faim. Les nouvelles n’ayant pas nécessairement de liens entre elles, on passe à côté d’une histoire qui aurait pu avoir bien plus d’ampleur.

Je pense que c’est un bon ouvrage pour découvrir l’imagination fertile de l’auteur et son univers. Je m’essaierais bien à d’autres de ses romans plus denses, pour voir de quoi il retourne, notamment au Chants de Felya.

Chronique : Sang-de-lune

Une dystopie aussi sombre que cruelle qui pourra éveiller les consciences

On ne vous présent plus Charlotte Bousquet, auteure française moult fois interviewée et chroniquée sur le site. Elle écrit énormément, et cela pour tous les âges. Elle écrit des dystopies, des romans historiques, du fantastique, de la fantasy noire…

Avec Sang-de-Lune, elle signe son second roman dans la très bonne collection ado Electrogène, chez Gulf Stream (son premier s’intitulait Là où tombent les anges).

Un système castrateur pour les femmes

Bienvenue dans une société qui écrase ses femmes. Elles n’ont droit de rien. Ne peuvent parler que si un homme les y autorise, ne choisissent pas leurs maris et peuvent même être répudiées par ce dernier si elles n’arrivent pas à enfanter. Cette atroce société, on ne sait pas vraiment où ni quand elle s’épanouit, tout ce que l’on sait, c’est que la jeune Gia commence à remettre en question les préceptes qu’on lui a toujours inculqués. Le déclencheur ? Une étrange carte et une idée folle de sa petite sœur Arienn…

Un roman coup de poing qui pousse à la réflexion sur notre société d’aujourd’hui

Une bonne dystopie à la française, cela faisait un moment que ça n’était pas arrivé, et ça fait du bien d’en découvrir une ! Sous couvert de nous proposer une dystopie, Charlotte Bousquet tente de nous choquer, nous réveiller avec une véritable claque littéraire.

Tout est choquant dans la ville d’Alta. Ses préceptes, sa culture, sa religion qui lapide les femmes de façon légitime… Tout contribue à heurter le lecteur pour le pousser à la réflexion et l’introspection.

Et surtout… comment en est-on arrivé là ? La réponse risque de vous déranger ! Mais elle est bien trouvée.

L’univers que Charlotte Bousquet a créé autour de son histoire est joliment développé. On découvre une société vivant sous terre, sombre, mal éclairée. Des créatures mortifères dangereuses, visqueuses et létales y vivent… J’ai adoré l’ambiance que revêt Sang-de-Lune ; si sombre, si déliquescente qu’elle en devient délectable. On aurait en apprendre plus sur le bestiaire si particulier créé pour ce roman, mais le fait qu’il garde sa part de mystère est un bien en soi.

….

L’histoire de Sang-de-Lune est intéressante, et on se lance sans retenue dans le voyage insensé de Gia et Arienn. La trame du roman reste classique, mais la façon dont l’intrigue est traitée l’est beaucoup moins. Âpre, dur, cruel, cuisant, c’est un roman qui ne vous laissera pas indifférent(e). A découvrir dès l’âge de 15 ans minimum.

De l’avenir des librairies indépendantes, les blogs, les booktubeurs et les éditeurs ont tous un rôle à jouer !

Aujourd’hui, j’ai décidé non pas de faire une chronique ou un article de présentation, mais de parler de la librairie, de son potentiel avenir, et de l’influence que les blogs et les booktubeurs et les éditeurs peuvent avoir dessus.

On voit souvent des statuts comme « j’ai craqué sur Amazon et je me suis acheté ….. ». Et voilà, encore une perte pour la librairie indépendante. C’est ce type de statut lu une fois de trop aujourd’hui qui a déclenché cette colère en moi…

Certes, tout le monde n’a pas la chance d’habiter en région parisienne où il y a une forte densité de librairies. Beaucoup n’ont pas de maisons de la presse ou de librairie près de chez eux, et c’est là que l’achat sur Amazon se déclenche…

Mais certains ne se rendent pas compte de l’influence néfaste que de tels statuts peuvent avoir sur la librairie indépendante française… Quand on habite en France, que l’on dévore des livres et que l’on est suivit par des milliers, voir des centaines de milliers de personnes, il est important de songer à avoir une attitude responsable.

Amazon n’est pas l’avenir de la culture. Bien au contraire. Les frais de ports à 0,01€ augmenteront le jour où l’entreprise aura écrasé tous ses concurrents. Et il faut donc dès maintenant adopter les bons réflexes.

Tu veux un « craquer » sur un livre ? S’il te plaît, commande-le sur Decitre, Chapitre, la Fnac, Gibert Joseph si tu veux une grande structure qui te rassure quant à la sécurité/qualité de ton achat. Au moins, ils payent leurs impôts en France et n’écrasent pas les éditeurs pour leur soutirer une remise odieuse que les libraires n’auront jamais, même dans leurs rêves les plus fous…

Après, il y a également le site Place des libraires (https://www.placedeslibraires.fr)  qui est une référence. Tu souhaites voir quelle librairie possède l’ouvrage qui t’intéresse ? Il suffit de mettre ton adresse, le site te trouve la librairie indépendante la plus proche ! Pratique tout de même !

Truc encore plus fou, le libraire indépendant peut commander l’ouvrage que tu souhaites avoir ! Pour les délais, c’est en moyenne trois ou quatre jours ouvrables. Avoir un bouquin dans les 48h n’est peut-être pas une question de vie ou de mort… si ?

Et puis, quand il y a un problème de fabrication sur l’ouvrage, ton libraire peut l’échanger. « Les autres aussi ! » me diras-tu. Oui, mais c’est tout de suite plus compliqué, il faut prendre une photo, trouver le mail du SAV… Alors qu’en tant que libraire, on m’appelle, je me rappelle qu’on a bien vendu ce livre et hop, je le recommande immédiatement et on l’échange. C’est réglé en un coup de fil ou en un passage du client.

Et gare aux petits malins qui ramènent des livres achetés sur le net pour les échanger en librairie, ils tentent leur chance, mais ça ne fonctionne pas ! Et c’est hyper tordu je trouve… Sans parler de ceux qui viennent pour des conseils, prennent les livres en photo et… ne reviennent jamais ! Cela arrive assez régulièrement et c’est aussi un phénomène inquiétant.

En librairie, j’ai également régulièrement le cas de figure de « ils ne peuvent pas l’avoir sur Amazon ou la Fnac, alors je viens vous voir »… Oui, le petit libraire se casse la tête pour avoir votre livre, et vous le savez, la preuve vous venez. Même quand il s’agit d’ouvrages découpé au laser et fabriqué en Italie mais écrits en français (cas vécu il y a quelques semaines). Les gros comme Amazon ne se plient pas en quatre pour vous quand vous cherchez quelque chose de très spécifique, et c’est là et seulement là que certains ont le réflexe d’aller voir leur libraire. L’idéal, ce serait d’avoir le réflexe d’aller d’abord voir votre libraire, et ensuite, si il ne peut rien pour vous, d’aller sur des sites tels qu’Amazon.

A la remarque, « Oui, mais c’est des livres en anglais et les libraires n’en font pas ! ». Cela dépend des librairies, mais beaucoup peuvent vous avoir des ouvrages en anglais, et cela pour un délai raisonnable (une semaine environ). Sinon, il y a des librairies anglaises situées en France qui peuvent vous livrer si vous ne pouvez pas venir jusqu’à eux ! Oui !

Pour exemple, je pense à http://marentreetresclasse.fr/nos-boutiques qui représente deux librairies qui sont à même de vous livrer. Elles peuvent vous fournir des livres en italien, chinois, allemand, anglais, espagnol…

Il y a donc un énorme champ des possibles pour peu que l’on recherche un peu autour de soi. La réponse automatique « Je n’ai pas de libraire près de chez moi donc Amazon c’est ma seule solution » peu se transformer en « J’ai trouvé une super librairie indépendante qui livre et en plus j’ai le conseil qui va avec ! ».

Vous vous sentirez heureux de participer à la chaine du livre française, et cela de façon responsable. C’est uniquement grâce un changement de comportement d’achat que l’on s’en sortira.

Attention, les prescripteurs importants que sont les blogs, les booktubeurs et booktubeuses ne sont pas les seuls à devoir montrer la bonne attitude ! Quand on voit que certains éditeurs donnent le lien d’achat Amazon sur Twitter, on comprend qu’il y a également beaucoup de travail à faire de ce côté-là. Oui amis éditeurs, s’il vous plaît, pensez aux libraires en redirigeant vos lecteurs vers des librairies… Surtout que certains ouvrages sont extrêmement diffusés et qu’ils sont trouvables partout/facile à commander !

Et n’oubliez jamais : le prix du livre français est UNIQUE. Il ne peut-être bradé, il ne peut-y avoir que 5% de fait dessus, mais c’est la seule remise possible. Donc un petit libraire ne vous coûtera guère plus cher, d’autant que certains font les fameux 5% quand ils le peuvent financièrement.

Alors, chers blogueurs qui dévorez, allez chez des libraires, prenez des photos des librairies pour donner envie à d’autres d’y aller. Nos rayons sont concoctés avec amour et ferveur. Nos coups de cœur écrits de notre main, et nos yeux s’illuminent quand on vend un de nos coups de cœur. Et on fait de magnifiques paquets cadeaux. Oui.

 

Parce que nous ne comptons pas nos heures, parce que les libraires se décarcassent pour faire venir les auteurs qu’ils ont envie de porter, parce qu’ils sont habités par leur métier, parce qu’ils n’ont pas de pression quant à leur choix éditoriaux, parce qu’une librairie est un merveilleux lieu d’échange et de rencontre. Venez nous voir.

Vous ne serez jamais jugé sur vos lectures (ceux qui le font ne devraient pas être libraires, vous avez le droit de lire ce que vous souhaitez sans vous prendre un seul regard de travers !) et vous prenez seulement le risque de découvrir un nouvel auteur préféré ou une nouvelle saga fantastique !

Chronique jeunesse : La classe de mer de Monsieur Ganèche

Auteur français, Jérôme Bourgine signe ici son tout premier Pépix… mais il est loin d’en être à son premier ouvrage ! En effet, Monsieur Bourgine a déjà écrit plusieurs romans à destination des adolescent dans la collection Exprim’ de Sarbacane (Bras de fer, Le voyage impossible, Toute la vie…) et il en a également écrit pour les adultes.

A l’illustration, on retrouve Maurèen Poignonec (La famille Cerise, Lola et la machine à laver le temps, 10 petites souris cherchent une maison…).

Une expédition qui tourne court…

Imaginez le topo : un petit groupe d’élèves que l’on a d’office mis dans la case « cas sociaux », un Monsieur Ganèche qui doit gérer sa petite classe de mer et… un ilot perdu au fin fond de la Bretagne en toile de fond. Sans oublier un capitaine de bateau totalement dans le brouillard grâce à la boisson forte qu’il ingurgite à longueur de temps ! Vous aurez une toute petite idée de ce qui va arrivée à cette belle équipe ? En tout cas, rien de prévisible, c’est garanti !

Un humour fidèle à l’esprit de la collection

Ce nouveau petit Pépix rempli encore une fois bien son office, à savoir distraire et amuser les jeunes lecteurs. Cependant, il m’a moins convaincue que certains autres titres de la collection… J’avoue qu’il ne fait pas partie de mes Pépix favoris car j’ai moins apprécié le thème, mais cela ne retire en rien son efficacité ou son potentiel humoristique.

Je l’ai trouvé un tout petit peu plus décousu que les autres ouvrages en ce qui concerne les idées, en particulier le moment où Mr Ganèche dit qu’ils ont été réunis ici et maintenant pour une bonne raison. En fait, ce côté légèrement sibyllin et mystique ne sert pas réellement l’histoire et n’est pas développé par la suite. Ceci participe au sentiment de léger désordre au sein du roman.

Je vous rassure, l’histoire se tient correctement, mais on n’apprécie pas nécessairement les petits « à côté » de l’histoire.

Mais la vraie question est plutôt : est-ce qu’un enfant entre 8 et 10 appréciera ce roman ? Je pense sincèrement que oui. Je n’ai tout simplement pas été convaincue par cette histoire. Le thème du trafic d’animaux est pourtant intéressant, mais il m’a manqué de quoi m’attacher réellement à ces jeunes petits héros et à leur prof aux grandes oreilles.

 

Aux habitués de la collection Pépix, ce roman devrait vous plaire tout comme les autres vous on contentés. Les autres jeunes lecteurs devraient également apprécier, après tout, tous les éléments qui font un roman jeunesse efficaces y sont, alors… ça devrait fonctionner !

Chronique : Memorex

A la découverte de la réécriture d’un classique de la littérature fantastique by… Cindy Van Wilder !

Le nom de Cindy Van Wilder vous dit peut-être quelque chose, si oui, c’est que vous avez déjà dû entendre parler de sa saga historique et fantastique Les Outrepasseurs.

Mais si cette fois nous vous parlons de cette auteur belge de plus en plus prolifique, c’est pour vous présenter son tout nouveau roman pour ados et jeunes adultes : Memorex. L’ouvrage est paru en mai 2016 dans la détonante et emblématique collection Electrogène, chez Gulf Stream Editeur.

Sans vous en dévoiler plus, nous vous diront simplement que l’auteure reprend à son compte l’écriture d’un mythe de la littérature fantastique… ! Mais lequel ?

Un étau se resserre peu sur la vie de Réha

En apparence, Réha a tout pour être heureuse. Elle évolue dans un monde privilégié, élitiste, étudie dans un établissement très prestigieux. Issue d’une famille très riche dont la fortune se base sur des avancée scientifiques très poussées, la jeune femme semble avoir tout pour elle… mais de nombreuses blessures se cachent sous ce masque de bonheur… qui se fissure.

La mère de Réha est décédée il y a peu lors d’un attentat, elle-même aurait pu voir sa vie s’interrompre brutalement. De plus, depuis cet atroce événement, Réha n’a jamais été aussi éloignée de son frère jumeau adoré qui est devenu très froid et distant avec elle…

C’est donc un flot de malheurs qui s’abattent sur Réha et sa famille, et cela ne semble pas vouloir s’améliorer : l’adolescente est depuis peu tourmentée par un mystérieux harceleur qui semble en savoir bien trop sur elle… et sa famille. Qui est-ce donc et que veut-il ?

Un roman bien tourné, assez efficace, mais trop aisé à pressentir…

Cindy Van Wilder est une auteure qui nous avait beaucoup surpris par la qualité de son écriture. Très aboutie, littéraire, belle, sa plume vaut le détour. Dans Memorex, elle a voulu mettre en avant l’action et le côté thriller et huis-clos (très réussit ici), plus que l’écriture et ses caractéristiques esthétiques. Et ça fonctionne. Cependant… on voit trop rapidement où elle veut nous emmener.

En effet, Memorex est un thriller fantastique et scientifique qui mélange tous les éléments nécessaires à un bon roman young-adult. Mais les réactions et les enjeux de chaque personnage sont trop évidents (et parfois trop stéréotypés) pour nous permettre de se lancer corps et âme dans la lecture.

On aurait apprécié en savoir encore plus sur l’histoire de la société créée par le père de Réha. Tout est expliqué, mais un développement plus poussé aurait été un plus non négligeable, peut-être un côté plus aléatoire et imprévu également, plus sombre encore.

…..

Ainsi, Memorex a beau réunir tous les composants nécessaires à un roman efficace, il ne réussit pas à nous satisfaire pleinement car trop facile à anticiper. Il remplira toutefois son office, à savoir distraire des lecteurs avides d’action et d’idées futuristes… A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Si le thème abordé dans Memorex vous tente, vous pourrez peut-être vous penchez sur un roman qui avait su nous surprendre il y a de cela un an : Resurectio, d’Amélie Sarn.

Chronique album jeunesse : Blanche-Neige et les 77 nains

Blanche Neige et les 77 nainsParu dans la petite et talentueuse maison d’édition Talents Hauts, voici une réécriture originale et déjantée de Blanche-Neige et les sept nains… Mais dans cette histoire ils sont 77 et non pas 7 ! Et comme habituellement avec cet éditeur, l’histoire nous invite à sourire, et à réfléchir de façon égalitaire, sinon féministe.

A l’illustration, nous retrouvons Davide Cali (Un papa sur mesure, Chez moi, Je n’ai pas fait mes devoirs parce que…), et à l’écriture Raphaëlle Barbanègre (Les Docs du CP, Baisers ratés de New York, Super Potamo).

Un début d’histoire légèrement différent !

Comme vous le savez, dans le conte original, Blanche-Neige fuit pour échapper à une terrible et méchante sorcière… et elle fait la rencontre de 7 nains. Et c’est à partir de ce point-là que notre histoire diverge pour nous faire rencontrer… 77 nains !

Pattemouille, Trivulce, Pétoche, Popote, Bernique, Moisi… ils ont tous leurs petits noms (et ils sont tous illustrés sur une belle double-page).

Mais ça, c’est la partie drôle de l’histoire, car la pauvre Blanche-Neige va vite déchanter. Elle qui pensait avoir trouvé un havre de paix, un abri où fuir définitivement la sorcière, elle est tombée sur pire ! Lessive, cuisine, vaisselle, repas, bordage des nains, histoire à conter à chacun d’entre eux… Bref, la vie avec les 77 nains est un enfer ! Et la solution que notre chère Blanche-Neige va trouver pour fuit cet esclavagisme est tout simplement géniale… mais je n’en dis pas plus.

Blanche Neige et les 77 nains intérieurUn graphisme coloré, épuré, joyeux et beau, tout simplement

A peine la couverture aperçue, on tombe immédiatement sous le charme de cet album aux couleurs vives et chatoyantes. Tout en angles et traits, le graphisme est extrêmement vif, dynamique, joyeux. Même les scènes où Blanche-Neige est fatiguée, triste ou énervée sont colorées de façon gaie, voir enjouée.

Et pour cause… c’est qu’elle a de la ressource notre Blanche-Neige ! Et la façon dont elle va se tirer du mauvais pas dans lequel elle s’est fourrée en emménageant chez les 77 nains est très bien trouvée (je résiste à la tentation de vous la dévoiler, mais je la trouve juste parfaite et géniale…).

En effet, la conclusion de ce conte revisité est typique de ce que nous propose habituellement Talents Hauts : une histoire prônant l’égalité des sexes, et plus particulièrement le partage équitable des tâches ménagères dans ce cas-ci.

…..

En somme, cette réadaptation au goût du jour de Blanche-Neige est pour moi un incontournable à mettre entre toutes les petites mains (garçons OU filles), et ce dès l’âge de 4 ans. Faites le plein de couleurs et d’humour le temps d’une histoire… !

Chronique : L’homme qui mit fin à l’Histoire

L'homme qui mit fin à l'histoireUne novella mélangeant science-fiction et Histoire en se penchant sur une période fort sombre et méconnue de l’humanité…

Ken Liu est auteur sino-américain, et outre le fait qu’il écrive beaucoup, il a traduit de nombreux textes, et il est également juriste et informaticien. Oui, rien que ça. Il a également été récompensé par les prestigieux Prix Hugo et Nebula.

En France, nous ne connaissons pour le moment que deux de ses œuvres : La Ménagerie de papier et L’homme qui mit fin à l’histoire, tous deux au Bélial’. Avec L’homme qui mit fin à l’histoire, Ken Liu signe un texte court mais magistral qui remet en perspective un épisode atroce de l’histoire chinoise et nippone.

Une nouvelle méthode révolutionnaire pour retranscrire l’Histoire

Deux scientifiques viennent de finaliser une technologie qui va bouleverser la face du monde, et de l’Histoire. En effet, il on créé un procédé qui permet de revisiter une période de l’Histoire, n’importe où et n’importe quand. Seul impératif, une seule personne peut en être le spectateur et ne peut en aucun cas interférer, et plus personne ne peux la revisiter ensuite. Mais cela laisse tout de même un immense potentiel d’investigation. Plus de secrets d’États, de mensonges ou de manipulation des manuels d’Histoire.

C’est ainsi que pour prouver que la machine fonctionne, les deux scientifiques décident de se pencher sur la période 1936-1945, dans la province chinoise du Manchoukouo où le Japon a fait vivre les pires horreurs aux chinois, sur leur propre territoire.

Un pan terrible et méconnu de l’Histoire mis à la portée de tous

On connaît une certaines des atrocités que porte en son sein l’histoire de l’humanité : génocides, guerres fratricides, secrets atroces bien cachés par certaines autorités… Et connaissez-vous plus particulièrement l’Unité 731 ? Si non, Ken Liu vous fera découvrir tout une partie de l’histoire de l’Asie que nous occidentaux ne connaissons que très peu.

Pour résumer, créée en 1932, l’Unité 731 était une unité militaire japonaise de recherches, elle se concentrait sur tout ce qui avait trait à la bactériologie. Elle prit ses quartiers en Chine, dans le Manchoukouo et… enlevait en masse des hommes, des femmes (parfois enceintes), des enfants. Ils testaient divers virus sur eux, les obligeaient à se transmettre des virus en les forçant à des rapports. Ils les forçaient à sortir par des températures négatives, les arrosaient et attendaient que leurs membres gèlent pour ensuite les briser… Ils pratiquaient des vivisections…  Et cela, ce n’est qu’une partie des atrocités perpétrées par l’Unité 731.

Plus incroyable encore, ce n’est qu’en 2002 que je Japon reconnait enfin officiellement les actes perpétrés par son unité. Le pays a été couvert durant des décennies par les États-Unis, qui on profité des avancées scientifiques faites grâce à ces abominations…

Grâce à cette novella de sf, Ken Liu nous ouvre les yeux sur des actes pas si lointains de l’humanité. Il nous offre un  court texte mémorable et magnifique sur le concept du voyage dans le temps et de la façon dont la réalité peut-être biaisée en fonction de qui la regarde.

……

C’est beau, fort, immonde et terrible à la fois. C’est le genre d’ouvrage dont on se rappelle pour toujours une fois lu. C’est une lecture nécessaire et instructive qui nous offre une autre vision de ce que l’on appelle la science-fiction. A ne pas rater, je vous promets une lecture mémorable que vous aimiez le genre sf ou non.

Interview d’Olivier Girard pour la collection Une heure-lumière au Bélial’

La collection Une heure-lumière fait partie de mes favorites depuis sa création, il y a à peine un an. De son graphisme à son format, sans oublier son contenu souvent mémorable, tout dans cette série de livres est fait pour séduire.. Rencontre avec son créateur, Olivier Girard, qui a également créé les éditions Le Bélial’.

Le choixLa bibliothèque de Glow : Pourriez-vous présenter la collection Une heure-lumière ?

Olivier Girard : Il s’agit d’un espace éditorial unique en France dédié aux seuls courts romans (ce que les anglo-saxons appellent des novellas) inédits de science-fiction. On y privilégie les textes primés (mais pas que), les textes anglophones (mais pas que), et une SF du vertige pétrie de sense of wonder (mais pas que).

Les textes courts sont au cœur de la politique éditorial du Bélial’ depuis l’origine de la maison, à travers la revue Bifrost, évidemment, mais aussi au sein de nos collections, qui abritent de nombreux recueils et anthologies. Or la novella, que je considère part certains aspects comme le format roi en SF, nous posait un problème — trop longue pour Bifrost (bien qu’on en ait déjà publié, bien sûr), et trop courte pour en faire un livre grand format classique. C’était une vraie frustration que de ne pouvoir proposer aux lecteurs francophones ces textes formidables publiés outre-Atlantique depuis des décennies, des textes qui sont bien souvent et à mon sens, le meilleur de ce que peut offrir la science-fiction.

L'homme qui mit fin à l'histoireBref, l’idée de consacrer un espace éditorial à ces fameux courts romans nous travaillait depuis plus de dix ans. Mais nous hésitions. Le Bélial’ et une petite maison, et créer un espace éditorial résolument inédit représentait un risque financier assez inhibant.

L’anniversaire de nos 20 ans d’existence en 2016 m’a poussé à balayer mes réserves. Je me suis dit : j’en rêve depuis longtemps, si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais. Bref, on a lancé la collection en début d’année 2016 avec quatre titres (deux d’auteurs américains, Nancy Kress et Vernor Vinge, un anglais, Paul McAuley, et un français, Thomas Day), dans un petit format élégant (12 cm X 18 cm), avec rabats, pelliculage mat et bandeau pour chacun des titres, sur un papier intérieur Munken Cream de qualité. Restait plus qu’à croiser les doigts.

Le nexus du Docteur ErdmannLa bibliothèque de  Glow : Combien de titres avez-vous programmé pour l’année 2016 ?

Olivier Girard : Six. Deux en janvier 2016 : Dragon, de Thomas Day, et Le Nexus du docteur Erdmann, de Nancy Kress.

Deux en février 2016 : Le Choix, de Paul J. McAuley, et Cookie Monster, de Vernor Vinge. Deux fin août : L’Homme qui mit fin à l’histoire, de Ken Liu, et Un pont sur la brume, de Kij Johnson.

(ndlr : Cérès et Vesta de Greg Egan en février 2017).

La bibliothèque de Glow :  Quel rythme est prévu par la suite ?

Olivier Girard : On devrait rester sur un rythme de six livres par an environ. Peut-être un peu plus. Peut-être un peu moins. On ne se met pas de pression.

DragonLa bibliothèque de Glow :  Quel est le titre de cette collection qui vous tient le plus à cœur/que vous souhaitez nous présenter ?

Olivier Girard : Impossible de répondre à cette question. Même si je nourris un attachement particulier pour Dragon, de Thomas Day, puisqu’il ne s’agit pas d’une traduction et qu’à ce titre, il est le fruit d’une collaboration entre l’auteur et son éditeur, à savoir moi.

Après, chacun de ces six textes recèle à mon sens d’énormes qualités et synthétise la SF que j’aime, celle qui me procure cet étrange frisson propre au genre, qu’il soit cérébral ou viscéral.

Cérès et VestaLa bibliothèque de Glow : L’illustrateur français Aurélien Police est le responsable de la collection au niveau graphique et visuel, pourquoi ce choix ?

Olivier Girard : Parce qu’Aurélien à du talent, bien sûr. Et que je voulais quelqu’un à même de donner une identité forte à la collection. Il me fallait pour cela un illustrateur doué, naturellement, mais qui soit aussi un graphiste. Aurélien est de ces rares artistes à réunir ces deux qualités.

La bibliothèque de Glow : Autre chose à ajouter concernant cette magnifique collection ?

Olivier Girard : En une heure, la lumière parcourt 1,08 milliard de kilomètres. C’est à la fois peu et vertigineux. Cette contradiction me semble une bonne définition des livres que nous publions dans cette collection : à la fois courts et vertigineux.