Archives de l’auteur : Laura

Concours : 5 exemplaires de L’hiver dernier, je me suis séparé de toi à gagner sur le site !

Les éditions Picquier et la Bibliothèque de Glow vous proposent de tenter votre chance pour remporter le polar japonais L’hiver dernier, je me suis séparé de toi qui vient tout juste de paraître ! Ce sont ainsi 5 exemplaires qui sont mis en jeu durant une semaine entière.

Résultat du jeu : BRAVO à Sandrine Fernandez, Christy Firefly, sylvie BACONNIER, DJELISAWETA  et magali

Pour avoir un indice, c’est par ici ! : Chronique de l’hiver dernier, je me suis séparé de toi.

Enfin, pour découvrir ce dont il est question dans l’ouvrage, et savoir si il vous tente, voici la présentation de l’éditeur :

Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur un photographe accusé d’avoir immolé deux femmes, mais pourquoi l’aurait-il fait ? Pour assouvir une effroyable passion, celle de photographier leur destruction par les flammes ? A mesure que son enquête progresse, le journaliste pénètre peu à peu un monde déstabilisant où l’amour s’abîme dans les vertiges de l’obsession et de la mort. Un domaine interdit où il est dangereux, et vain, de s’aventurer…

Dans ce roman noir qui flirte avec le roman gothique pour mieux nous faire frissonner, les apparences sont toujours pires que ce qu’elles semblent, les poupées sourient étrangement et le rouge est celui du sang. Seule est certaine l’attirance pour la perdition.

Chronique : L’hiver dernier je me suis séparé de toi

Un polar bien retors et sombre, comme les japonais ont le secret…

Peut-être le nom de Fuminori Nakamura vous évoquera-t-il quelque chose ? L’auteur avait attiré mon intérêt il ya quelques années pour son roman Pickpocket. Ce sont maintenant trois ouvrages de cet auteur qui sont disponibles en France avec Revolver et son tout dernier paru en février 2017 : L’hiver dernier, je me suis séparé de toi. Ils sont tous disponibles aux éditions Philippe Picquier.

Un photographe aux goûts artistiques étranges… et mortellement dangereux

Un journaliste est chargé d’écrire un livre sur l’un des meurtriers les plus étranges du moment au Japon. Ses crimes sont si étranges et hors-norme, si malsains et inexpliqués que son profil fascine. C’est ainsi qu’il se retrouve mandaté pour écrire son histoire, ses motivations, ses pensées les plus obscures…

Mais cette plongée intime dans l’âme d’un meurtrier en quête de l’Art absolu est-elle sans danger ? Bien sûr que non… Jusqu’où peut-on fouiller dans le passé sans être soi-même influé par autant de mal ?

Un roman intimiste, sombre et étrange

Comme une grande majorité de romans policiers nippons, vous aurez droit ici à une intrigue à nulle autre pareille. Si vous recherchez quelque chose de classique ou de familier, ce n’est pas avec ce genre de roman que vous le trouverez. Non, L’hiver dernier, je me suis séparé de toi est un roman noir japonais qui va assez loin dans le genre tortueux.

Il s’agit d’une histoire de vengeance, d’esprit tourné et retourné en tout sens, d’amour aux (res)sentiments complexes et d’art où la perfection doit être atteinte, rien de moins. Le meurtrier de cette histoire est un photographe, et pour parvenir au cliché qui marquera les esprits à jamais, ce dernier est prêt à aller très loin… Trop loin.

Mais ce n’est pas le seul élément de l’intrigue qui comporte un réel intérêt. En effet, l’homme qui mène l’enquête pour écrire la biographie du meurtrier est également très intéressant. Peu à peu, on sent que son point de vue, ses pensées évoluent vers… autre chose. Quoi donc ? Impossible de vous le dire, mais les surprises sont de taille et s’enchaînent très vite en fin d’ouvrage !

D’ailleurs, si vous n’êtes pas familier des noms et prénoms d’origine japonaise, n’hésitez pas à noter qui est qui, car la fin du roman se densifie de telle façon qu’il vaut mieux reconnaitre chacun des personnages.

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Quoi qu’il en soit, l’intrigue est passionnante, les révélations fascinantes et menées avec art. Même pour les plus férus de littérature policière, impossible de deviner le fin mot de l’histoire ! Mais tout se tient parfaitement du début à la fin… c’est un régal.

L’écriture de Fumonori Nakamura participe à ce sentiment d’accomplissement. Les chapitres sont très courts, le ton est factuel, efficace, presque clinique. Tout concoure à nous offrir un roman policier original et inclassable comme seuls les japonais en ont le secret.

Alors, si vous aimez les histoires sombres qui peuvent aller loin dans la créativité et la férocité, ce roman est fait pour vous. Attention, c’est aussi retors et malsain que délectable !

Dédicace : Christelle Dabos en signature à la Librairie Royaumes !

Oui, vous avez bien lu, la mirifique/extraordinaire/ géniale auteure qu’est Christelle Dabos va venir en signature ! à la Librairie Royaumes (Paris 13ème).

Quand cela ? Le samedi 25 mars 2017 à partir de 15h00, et ce jusqu’à 18h30 environ.

Où cela ? A la librairie Royaumes, au 42 rue de Tolbiac – 75013 Paris. Pour s’y rendre vous avez le RER C (Bibliothèque François Mitterrand) ou encore la ligne 14 du métro (Olympiades ou Bibliothèque François Mitterrand). En bus, vous avez la station Patay-Tolbac avec les bus numéro 62, 64, 132 et 27.

Que faire si vous avez déjà les deux ouvrages ? Vous n’êtes absolument pas obligés de les racheter, bien entendu. Tout ce que nous souhaitons idéalement, c’est qu’il il y ai un achat, même petit, sur place afin de soutenir la librairie. Nous vous proposons un vaste choix d’ouvrages, que ce soit en imaginaire ou dans un autre genre littéraire. Nous avons également beaucoup de cartes postale et marques pages.

Pour aller plus loin :

Chronique : Miso Soup

Rarement j’ai lu un roman japonais aussi génial, étrange et malsain…

Ryû Murakami (à ne pas confondre avec Haruki Murakami), est un auteur japonais très prolifique. En France, plus d’une vingtaine de ses livres sont publiés, tous aux éditions Picquier. Parmi ses titres les plus réputés, on peut citer Les bébés de la consigne automatique ou encore Bleu presque transparent.

Son style est toujours assez hard, il traite de tous les sujets, y compris les plus sordides : la prostitution des lycéennes dans Love & Pop par exemple, ou encore le thème du tueur en série avec Miso Soup. Et justement, Miso Soup est un roman fort étrange et fascinant à la fois…

A la découverte des quartiers chauds de Tokyo

Kenji est un jeune homme qui guide les touristes étrangers dans les ruelles les plus à vif de la capitale japonaise : Kabukichô. Bar à hôtesses, peep-show, rencontres et plus si affinité… C’est le paradis de la débauche version japonaise ! Alors, quand Kenji est contacté par un touriste américain nommé Frank pour visiter les coins les plus torrides du quartier, c’est avec plaisir qu’il accepte l’arrangement. Mais au fil des heures qui s’écoulent, les mimiques et les réactions de Frank travaillent beaucoup Kenji… Il est instable, a des réflexions malsaines, étranges. Au point que le jeune japonais se demande si son client n’aurait pas un lien avec le cadavre d’une jeune femme retrouvé la veille au soir dans des poubelles… Est-ce bien le cas ou le fruit d’une imagination débordante de la part de Kenji ?

Miso Soup, ou comment revisiter le thème du tueur en série

Rarement j’ai lu un roman aussi magnifiquement plongé dans l’ambiance sombre d’un autre Japon, celui de la nuit et des plaisirs. Tout en bizarreries, c’est la culture d’un monde différent et fascinant qui s’ouvre à nous : love hôtels, bars à hôtesses, etc., c’est une découverte totale.

Pour ceux qui aiment les romans sombres et très noirs, Miso Soup est fait pour vous. Il s’y trouve des scènes absolument mémorables. La façon dont la psychologie des deux personnages est mise en place par l’auteur est superbe. Et diabolique. Difficile de savoir qui affabule et qui franchi la ligne rouge… C’est construit de telle façon que l’ambigüité autour de Frank suscite de très nombreuses interrogations, aussi bien par Kenji que par nous lecteurs !

Ce roman est tout simplement génial et marquant. Certaines scènes vous resterons à jamais gravé dans la mémoire tant elles sont choquantes/malsaines/horribles (rayez la mention inutile). Et c’est justement cela que j’ai adoré. J’ai enfin trouvé un auteur qui va assez loin dans mes désirs de littérature. On découvre un univers fascinant et sombre totalement assumé. Ryû Murakami ne s’arrête jamais dans son obsession d’aller plus loin. Il nous pousse dans nos retranchements et nous interroge jusqu’aux ultimes pages…

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C’est une superbe réussite dans le domaine du roman noir asiatique. C’est magnifique de perversité, c’est glauque et ça tient bien la route… Au point que c’en est terrifiant.  Âmes sensibles, attention à vous toutefois !

Si vous tombez sur cet ouvrage, il vous faut donc vous le procurer absolument ! L’ouvrage est actuellement épuisé, mais il n’est pas difficile à trouver dans des magasins qui font du livre d’occasion. J’espère de tout cœur pouvoir le vendre à nouveau en librairie un jour : l’histoire, la couverture, tout es parfait.

Chronique : Rendez-vous dans le noir

Un polar ficelé à la façon nippone. Délectable, noir et extrêmement humain à la fois…

De son vrai nom Adachi Hirotaka, Otsuichi est un auteur japonais. Son roman Rendez-vous dans le noir est le seul paru en France. Il est sorti en 2014 aux éditions Picquier. Otsuichi a également participé à la création de nombreux mangas.

L’étrange relation entre une aveugle et un meurtrier se cachant dans sa maison

Un homme vient d’être mortellement poussé sous un train. Un autre part en courant suite à ce terrible événement, et se cache dans une maison toute proche de la gare. Il est recherché pour avoir poussé l’homme décédé brutalement. Il n’a pas le choix, il doit donc se cacher, et quoi de mieux que la maison d’une aveugle pour se faire ?

C’est alors qu’une chose étrange et indicible s’installe : un relationnel muet entre cette femme aveugle et le meurtrier de sang-froid… A quoi cela peut-il mener ? Les non-dits, les silences et l’atmosphère accablante vont se charger de nous le raconter…

Un roman minimaliste qui fonctionne à merveille

Difficile de faire un décor plus réduit : deux personnages qui accaparent quasiment toute la trame de l’histoire et une simple maison comme théâtre.

Et pourtant, on ne s’ennuie pas une seule seconde tant Otsuichi plante parfaitement bien l’ambiance. Sombre mais pas glauque, stressant mais pas flippant, tout y est savamment dosé pour donner une intrigue efficace.

Les chapitres alternent entre le point de vue des deux protagonistes, mais toujours d’un œil extérieur. Les phrases sont courtes, laissant la place au silence et à l’imagination qui font tout l’attrait de ce roman.

Une grande place est faite aux rituels du quotidien, ils sont simples mais extrêmement présents car la moitié du roman au moins est conté du point de vue de Michiru, la jeune femme aveugle. La façon dont sa vision des choses est narrée est extrêmement parlante.

Le moindre changement de place d’un objet pour elle est source d’une angoisse incommensurable. Et peu à peu, on se rend compte des enjeux de taille que doit surmonter son habitant clandestin. Pas un bruit, pas un seul objet à déplacer, il doit se fondre parmi les ombres…

Sous couvert de nous offrir un roman policier, l’auteur nous parle du mal-être qu’on certains dans le monde de l’entreprise. En effet, il est tout aussi cruel (voir plus) au Japon, qu’ailleurs. C’est intéressant de voir comment se créé un bouc-émissaire. Comment de petites piques ou remarques se transforment peu à peu en harcèlement… Et vous risquerez d’être surpris par la conclusion de l’histoire !

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Loin d’être un roman à suspense classique, Rendez-vous dans le noir vous offrira une vision très différente de ce que peut-être un roman noir. L’ambiance y est incroyable, on retient notre souffle avec délectation par moments… C’est un roman qui gagnerait à être connu !

Chronique album jeunesse : Les raisins sauvages

Un joli conte chinois à découvrir !

Les raisins sauvages est un classique contemporain écrit par Ge Cuilin qui nous vient tout droit de Chine et qui date de 1956. Ce conte a connu là-bas un immense succès, mais reste absolument méconnu, notamment en France.

C’est ainsi que les éditions Fei se proposent d’en faire découvrir la teneur aux enfants français. Le texte est d’origine, mais les illustrations réalisées par Wu Jinglu l’ont été pour l’occasion !

L’histoire de la bonté incommensurable d’une petite gardeuse d’oies

Voici l’histoire d’une petite fille réputée pour sa beauté qui gardait des oies. Elle avait une tante très cruelle et une cousine aveugle… Sa tante était si jalouse de sa nièce et de sa réputation qu’elle la rendit aveugle… Mais au lieu de se lamenter, la petite gardeuse d’oie alla chercher une solution au fin fond de la montagne…

Une belle histoire à l’illustration extrêmement soignée

La première chose que l’on remarque quand on ouvre cet album pour enfant, c’est la qualité de l’ouvrage. Que ce soit le papier, les couleurs, les dessins, tout y est soigné.

Les dessins de Wu Jinglu sont d’une finesse incroyable. La façon qu’il a de capter les expressions sur les visages qu’il dessine est incroyable. Les dégradés de couleur y sont à tomber !

En ce qui concerne l’histoire, comme de nombreux contes, elle est à la fois belle, triste, mélancolique, mais très positive également. On retrouve tous les ingrédients d’un conte traditionnel : une tante atroce, une héroïne harcelée ou haïe, mais également une quête et une bonté sans bornes. Et il faut avouer que le tout fonctionne à merveille.

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C’est une excellente initiative que d’éditer des ouvrages comme Les raisins sauvages pour que les enfants découvrent d’autres contes traditionnels que ceux issus d’Europe. Ici, c’est tout un pan méconnu de la Chine qui s’ouvre à nous et donne envie de découvrir d’autres classiques comme celui-ci…

Je ne puis que vous conseiller de vous procurer ce conte pour vos enfants, dès l’âge de 5 ans minimum. Tout y est pour satisfaire les jeunes lecteurs : une belle histoire servie par une illustration magique, c’est une petite réussite !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique album jeunesse : La poupée de Ting-Ting

Tendre, touchant et mélancolique… voici un album pour les enfants qui restera inoubliable !

Voici un magnifique album jeunesse ayant pour thème la perte, le souvenir, l’amour… La poupée de Ting-Ting est paru en janvier 2015 aux éditions du Seuil Jeunesse.

Les illustrations sont assurées magnifiquement par Régis Lejonc (qui est illustrateur pour la publicité et l’édition jeunesse). Il a notamment illustré Le bestiaire fabuleux ou encore Quelles couleurs ! pour lequel il a reçu le grand prix de l’illustration de Moulins. Quant au texte, qui est une création, il a été écrit pat Ghislaine Roman.

Une petite poupée cause d’un grand souci

La jeune Ting-Ting tient énormément à sa poupée, confectionnée avec affection et amour par son papa avant sa disparition… Alors, quand un matin elle n’arrive plus à remettre la main dessus, Ting-Ting est soudain prise d’une peur-panique, mais aussi d’une grande tristesse….

Où est donc passée sa petite poupée ? Est-ce sa mère qui l’aurait emmenée par mégarde avec toutes les autres poupées qu’elle tente de vendre au marché ? Ting-Ting aurait-il perdue pour toujours sa magnifique poupée, celle qui lui ressemble tant comme disait son père ?

Un album subtil et tout en beauté

Pour les amoureux des belles histoires sublimées par un dessin extraordinaire, c’est donc avec cet album que ça se passe. La poupée de Ting-Ting est à la fois doux, poétique, vivant, vrai… tout simplement magnifique.

Pour tous les fans de belles histoires et d’Asie en général (et de Chine en particulier car le prénom Ting-Ting est d’origine chinoise), cet album devrait pouvoir vous contenter, vous et vos enfants. Bien que mélancolique, il ne faut pas hésiter à la lire à des enfants dès l’âge de 5 ans environ.

Découvrir cet album, c’est également l’occasion de faire la connaissance avec le travail d’un illustrateur remarquable : Régis Lejonc. Le soin apporté aux détails et expressions est tout simplement bluffant. Je pense en particulier aux yeux des personnages qui prennent vie au fil des pages. Il y a une telle profusion de petits détails pour les faire vivre que c’en en bluffant.

C’est si travaillé que l’on ne dirait pas des dessins parfois, mais de réelles photographies retouchées pour donner l’illusion qu’il s’agit d’un dessin…

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Ainsi, vous l’aurez compris : La poupée de Ting-Ting est à découvrir d’urgence pour aborder divers thèmes auprès des petits : la perte, le rappel du souvenir, l’affection, l’attachement, l’espoir… Bref, que de beaux sentiments. A lire aussi simplement pour découvrir un bel album jeunesse au travail indéniable. A quand un autre album dans le même style d’univers ?

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : En beauté

Un roman étrange et diffus pour découvrir l’univers de l’auteur coréen Kim Hoon

Bienvenue dans le monde de l’esthétisme et de la beauté au travers du prisme… d’un salon funéraire. Voici le court roman (ou la longue nouvelle) de Kim Hoon parue chez Picquier en novembre 2015.

Kim Hoon est un auteur coréen qui a trois livres parus actuellement en France en comptant En beauté. Les deux autres sont parus chez Gallimard : Le chant du sabre et Le chant des cordes.

Le choc de deux univers

Le directeur commercial d’une grande entreprise de cosmétiques vient de perdre sa femme, alors que ce dernier s’occupe des obsèques, son travail passe le rattrape… Il soit gérer la campagne de communication estivale de son entreprise… Pour ceux qui connaissent un peu la Corée, En beauté ressemble à un portrait à l’acide de la Corée et de sa dureté pour ceux qui y travaillent…

Une lecture qui laisse un peu sur sa faim mais donne à réfléchir…

Pour lire et/ou apprécier En beauté, je pense qu’il faut déjà beaucoup aimer la littérature coréenne et ses thèmes parfois étranges. Un lecteur que ne se serait jamais essayé à la littérature coréenne risquerait d’être quelque peu déstabilisé par ce court roman.

La lecture est pénible dans le sens où rien ne nous est épargné. Nous découvrons avec horreur et dégoût les lentes étapes de la maladie que la femme de ce publicitaire a vécue. On lit aussi avec beaucoup de fascination et de respect tout l’amour que cet homme éprouvait pour sa femme. Il s’occupait d’elle jusque dans ses besoins les plus primaires : manger, aller aux toilettes, la changer… Il aimait sa femme avec une force indéfectible, un courage illimité…

Mais outre sa vie personnelle, cet homme se doit « d’assurer » également sur le plan professionnel. En Corée, le monde du travail est plus que difficile, il est cruel. Les Coréens sont parmi les peuples travaillant le plus à dans le monde, et ce roman le démontre en illustrant cet homme menant de front l’organisation des obsèques de sa femme et son travail. Même dans une situation aussi exceptionnelle que la mort d’un proche, le travail passe avant tout…

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Pour apprécier pleinement ce roman et comprendre ce qu’il illustre et dénonce, il faut avoir une vision assez globale de la réalité de la vie coréenne, de ses enjeux, de ses difficultés. Je ne les perçois qu’à peine, mais le peu que je sais de ce mode de vie grâce à la lecture de nombreux romans semble compliqué.

Quand on lit, on tente de s’évader, et la littérature coréenne réussit cela à merveille pour moi. Mais avec En beauté, c’est la réalité qui se rappelle à nous. Nos envies d’exotisme et de littérature sont parfois rattrapées par ce genre de roman. Nous qui rêvons d’un ailleurs, l’herbe n’est pas toujours plus verte dans ces pays d’Asie qui nous fascinent tant et que parfois nous envions…

Chronique : Nos jours heureux

Un roman touchant ayant pour thème la peine de mort en Corée du Sud…

Gong Ji-young est une auteure sud-coréenne. En France, seulement deux de ses ouvrages sont parus pour le moment : Nos jours heureux et L’échelle de Jacob, tous deux aux éditions Picquier. Son roman Nos jours heureux a même été traduit en anglais.

Malgré un titre aux intonations positives, Nos jours heureux traite d’un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité car la peine de mort est toujours pratiquée en Corée du Sud… ou du moins toujours pas retirée de sa constitution, car la dernière peine de mort effective date de 1997 (source : peinedemort.org).

Histoire d’une jeunesse désabusée et en mal de sensations…

La jeune Yujeong a une vie plutôt tranquille et somme toute agréable… et pourtant. Rien ne la rend heureuse ni ne la fait vibrer. Tout passe sur elle sans la marquer : le temps, les rencontres… Elle-même se sait superficielle, mais ne fait rien pour lutter contre sa nature morose voir suicidaire… Mais sa tante, religieuse de son état, décide de prendre les choses en main et oblige Yujeong a faire le bien autour d’elle en allant visiter avec elle des condamnés à mort… Au début, la jeune femme fait cela malgré elle, mais peu à peu, elle va s’attacher à l’un de ces fameux condamnés à mort… Que pourra-t-il bien ressortir de ces singuliers rendez-vous ? Quelque chose d’aussi triste que magnifique…

Une magnifique ode littéraire contre la peine de mort

Beau, sublime, touchant, sensible… les adjectifs pour parler de ce roman sont nombreux, et très positifs. En effet, Nos jours heureux fait partie de ces romans à leur de peau qui savent parler aux lecteurs, les toucher, et les faire réfléchir.

Si vous souhaitez découvrir de la belle littérature, ce roman est fait pour vous. Si vous souhaitez découvrir la littérature coréenne avec un roman aisé à lire tout en étant touché, ce roman est pour vous. Si vous recherchez une belle histoire qui sort des sentiers battus, ce roman est également pour vous.

Vous y trouverez de nombreuses scènes dures et cruelles, mais aussi d’autres qui contrebalancent ce sentiment d’inexorabilité. Toutes sont marquantes pour différentes raisons. C’est ici un roman humain et simple que vous découvrirez, qui vous permettra de vous ouvrir à des questions autour de l’homme en général : sommes-nous déterminés par notre vécu et nos rencontres ? Peut-on changer le cours des choses ? Quelqu’un qui a tué est-il quelqu’un qu’il faut tuer ? Comment prouver l’innocence/la culpabilité de quelqu’un ? Comment avoir justice sans la faire soi-même ? Ces nombreuses questions flottent autour de nous au fil des pages… L’auteur ne vous en donnera pas les réponses, car chacun à la sienne, mais elle vous permettra au moins d’ouvrir votre esprit à la réflexion, tout simplement.

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Nos jours heureux est ainsi un très beau et très dur roman. Très actuel dans sa façon de camper son héroïne perdue et dépassée par son parcours de vie (et son passé). Si vous recherchez un roman à part, touchant et efficace, vous êtes au bon endroit. La littérature coréenne a encore frappé, et c’est toujours aussi plaisant de découvrir un nouvel auteur (nouveau à mes yeux en tout cas !).

Paroles de libraires (2) – Guilaine Spagnol pour la librairie La Dimension Fantastique

La Bibliothèque de Glow : Peux-tu nous raconter ton parcours avant d’avoir ouvert La dimension fantastique ?

G. Spagnol : J’ai voulu travailler dans les métiers du livre dès l’âge de 15 ans, alors après le BAC L j’ai fait un DUT Information-communication options Métiers du livre à Saint-Cloud (Paris X).  Là j’ai clairement compris que pour moi, c’était la librairie ! J’avais 20 ans après ces deux années d’études, et je ne me sentais pas prête à chercher du travail (trop peu de pratique, et le théorique ne vous apprend pas à bien vous jeter à l’eau…), donc j’ai fait un Brevet professionnel de librairie à l’INFL pour avoir deux ans d’expérience sur le terrain.

J’ai été apprentie à la Librairie Nouvelle d’Asnières-sur-Seine, où je me suis occupée surtout des rayons BD, jeunesse et Littérature de l’Imaginaire, mais où j’ai aussi été formée à à peu près tous les rayons d’une librairie généraliste.

J’ai ensuite enchaîné avec un remplacement de 6 mois à L’arbre à lettres Denfert-Rocherau (aujourd’hui La petite Lumière), puis sur 4 mois au rayon jeunesse du Virgin des Champs-Elysées. Là je me suis rendue compte que les grandes surfaces culturelles, c’était pas fait pour moi ! J’ai donc trouvé du travail dans une librairie généraliste rue Saint-Paul, la librairie Charlemagne, où je m’occupais de la pochothèque et des bandes dessinées. Elle a fermé un an et demi après ça.

Enfin j’ai travaillé près de deux ans à la librairie Comme un roman, dans le 3ème arrondissement de Paris, où je m’occupais de la littérature, de la bande dessinée et des littératures de l’imaginaire. Ce dernier travail a été formateur, j’assistais beaucoup la gérante, et je m’occupais de nombreux rayons importants. C’est en faisant le point sur mon expérience et mes envies que j’ai tout lâché pour créer ma propre librairie ! (et grâce au soutien de mes proches, surtout, que j’ai pu y arriver)

La bibliothèque de Glow : Quel symbole se cache derrière le nom de la librairie ?

G. Spagnol : La librairie fait d’abord référence à l’ouvrage de Barbara Sadoul La dimension fantastique (Librio), un recueil de contes fantastiques (Gautier, Hoffman, etc…). Ensuite le mot Dimension fait référence au fait que notre librairie aborde plusieurs dimensions littéraires : Bd et roman, et le fantastique souligne le fait que nous sommes spécialisés dans les littératures de l’imaginaire (dont le fantastique).

La bibliothèque de Glow : Quel type de clientèle passe la porte de ta librairie ?

G. Spagnol : Elle est assez variée : pas mal d’enfants, surtout pour les mangas (et quelques romans et BD), pas mal d’étudiants (surtout pour les littératures de l’imaginaire), mais je dirais que notre cœur de clientèle a entre 25 et 45 ans, les passionnés de l’imaginaire viennent de tous les milieux, pour la BD ce sont surtout des cadres et des professions artistiques.

La bibliothèque de Glow : Quel est Le produit que l’on ne trouve que dans TA librairie ? (ou presque)

G. Spagnol : Certainement la collection (presque) complète des Terry Pratchett dans leur format originel de l’Atalante ! (ce qu’il en reste : vite, achetez-les avant qu’ils soient tous remaquétés !).

Vous trouverez également un de mes livres préférés, totalement (et injustement) méconnu : L’épouse de bois (voir chronique ici sur le blog) de Terri Windling. Je vois que je suis la seule en Ile de France, et qu’on est trois sur Place des librairies pour le pays, alors j’imagine que c’est LE Livre qu’on ne trouve presque que chez moi ^^.

La bibliothèque de Glow : Peux-tu nous présenter les derniers ouvrages qui t’ont marquée ?

G. Spagnol : Un ouvrage à destination des adultes et des ados : La série Lockwood and Co de Jonathan Stroud. Passez outre les couvertures peu attractives, le contenu est top : Stroud nous emmène dans une sorte de Ghostbusters londonien, bourré d’humour anglais, de dialogues burlesques et de descriptions savoureuses ! L’intrigue n’est pas en reste, son univers est superbement bien construit, ses personnages sont attachants et consistants (aux caractères bien trempés) et l’auteur mène le suspense avec brio.

L’espace d’un an, de Becky Chambers : un space opéra très très différent de ce à quoi on est habitué ! L’histoire se déroule sur… l’espace d’un an (!) dans le vaisseau Le voyageur, foreur de trous de ver dans l’Union Galactique. J’aime comparer ce roman à la série Firefly de Joss Whedon pour les dialogues – géniaux, drôles ou touchants, les rapports humains sont très bien décrits – mais aussi à la série des années 90 Farscape : la cohabitation entre différentes espèces de la galaxie, parmi lesquelles l’espèce humain à du mal à s’imposer…, n’est pas de tout repos, mais il est génial de découvrir chaque race, et chaque histoire qui se cache derrière. J’ai vraiment pris du plaisir à lire ce roman, c’était agréable et enrichissant, réellement passionnant, j’attends une suite avec impatience !

Enfin une bande dessinée : Les effroyables missions de Margo Maloo, de Drew Weing chez Gallimard BD. J’avais découvert cet artiste avec son superbe « En mer » aux éditions ça et là, et il revient avec une bande dessinée fantastique qui ravira autant les enfants que les adultes : on y suit Charlie, pré-ado rondouillard, teneur d’un blog journalistique très pointu et collectionneur à ses heures, qui emménage avec ses parents dans un vieil hôtel délabré de la mégapole d’Echo City. Manque de bol, son placard abrite un monstre, lequel lui choure des figurines pendant la nuit ! On va lui donner le contact de Margo Maloo, enquêtrice, mais aussi médiatrice entre le monde des humains et celui des créatures fantastique. C’est une BD complètement décalée, que l’on dévore d’une traite ! Ne pensez pas qu’elle ne convient qu’aux enfants et ados, les adultes y trouveront aussi leur compte.

Je peux aussi citer : L’éducation de Stony Mayhall de Daryl Gregory, La maison dans laquelle de Mariam Petrosyan, Les légions de poussière de Brandon Sanderson (et toute son œuvre), Arslan de M.J. Engh, Les enfermés de John Scalzi, Les fiancés de l’hiver de Christelle Dabos ou encore Le sentier des astres de Stefan Platteau. Fiou.

La bibliothèque de Glow : Quel est ton genre de l’imaginaire favori ?

G. Spagnol : Initialement la Fantasy – depuis que je suis ado – , mais plus le temps passe et mois j’ai de genre favori : j’essaye surtout de trouver mes auteurs favoris, tous genres confondus.

La bibliothèque de Glow : Quel est ton livre préféré de tous les temps ?

G. Spagnol : C’est très dur ça… il sont deux ex-aequo… et l’un d’entre eux n’est pas vraiment du fantastique (bien qu’il y en ai un tout petit petit peu…) il s’agit de Jane Eyre de Charlotte Brontë. J’adore le relire. Le second c’est A la croisée des mondes de Philip Pullman, j’en garde un souvenir tellement émouvant, il a eu une telle emprise sur moi, que je ne peux pas éviter de le citer. (Bon, il y aurait pu y avoir Gagner la guerre de Jaworski ou même Harry Potter, mais non. Je les pose juste là 😉 )

La bibliothèque de Glow : Vous organisez beaucoup de dédicaces au sein de La dimension Fantastique, quelles sont les prochaines à venir ? (ndlr : les dédicaces mentionnées ci-dessous sont passées).

G. Spagnol : Alors que j’écris ces mots, nous attendons la venue de Brandon Sanderson dans deux jours : je suis joie ! Sinon nous recevons fin octobre les dessinateurs des BD de Science-fiction Sébastien Goethals (Le temps des sauvages) et alberto Jimenez Alburquerque (Letter 44), puis Samantha Bailly et Miya pour un manga de fantasy (Alchimia), et enfin Elian Black’Mor et Carine-M pour Spooky et les contes de travers, livre illustré aux accents burtoniens.

Le mois prochain nous avons l’honneur de recevoir les auteurs américains de SF Paolo Bacigalupi (La fille automate) et Ann Leckie (La justice de l’ancillaire), mais aussi Nicolas Fructus pour Gotland. On vous réserve bien d’autres surprises avant la fin d’année !

La bibliothèque de Glow : Autre chose à ajouter ?

G. Spagnol : Continuez de lire, qu’importe l’univers littéraire, faire marcher son imagination c’est bon pour le moral et le caractère !