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Chronique : La péninsule aux 24 saisons

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi InabaUn roman doux, tendre et contemplatif qui nous plonge dans un Japon rural et simple

Second roman de Mayumi Inaba à paraître en France, La péninsule aux 24 saisons est paru aux éditions Picquier en mars 2018.

Elle s’était déjà fait remarqué en France avec son précédent roman 20 ans avec mon chat.

Une ode à la nature dans ce qu’elle a de plus beau

Dans ce roman lent et doux, nous suivons le quotidien d’une femme qui décide de quitter la grande ville de Tokyo quelque temps. Elle est auteure, et peux donc travailler ailleurs qu’à son appartement. C’est ainsi qu’elle décide de partir sur une petite presque-île, où elle possède une petite maison tout ce qu’il y a de plus simple…
La voici partie à la (re)découverte d’elle-même et du rythme des saisons, qui sont bien plus nombreuses que les 4 que nous connaissons. Voici les 24 saisons, celles qui vont lui permettre de savourer le temps qui passe et tous les bienfaits que la nature nous apporte…

Une histoire agréable, mais parfois un peu trop contemplative

Comme souvent avec les roman nippons, on est dans la grâce de l’instant, de ses bienfaits. Ici, c’est exactement cette saveur du moment présent qui est retranscrite, mais tout au long du roman.

La narratrice conte l’écoulement lent de ses journée, ses relations avec ses voisins (dont certains ont une histoire, un vécu très intéressant voir touchant), ses petits rituels. Peu à peu, elle prend du recul face à son passé de femme citadine et pressée (ce qui donne d’ailleurs envie de faire de même !).

« Les journées que je passe dans la péninsule sont comme les blancs de ma vie. J’en ai par-dessus la tête des journées remplies du matin au soir de choses à faire. Je voudrais ici autant que possible des journées en blanc.« 

Mais malgré ce retour aux sources, j’ai trouvé que le roman avait quelques passages à vide assez longs. Mais je comprends tout à fait l’idée de l’auteure, qui a voulu nous signifier un écoulement du temps différent. Moins dans le vif, et plus dans la saveur de l’instant…

« Le sommeil vient au bout de quelques secondes, un sommeil dense comme le miel« .

Quoi qu’il en soit, l’écriture de Mayumi Inaba est un régal. A l’image de l’histoire de sa narratrice, elle est douce, belle, simple. Rien à redire là-dessus, c’est un texte réussi pour moi de ce point de vue.

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Cette lecture n’est malgré tout pas un coup de coeur, même si il revêt de très nombreux points positifs. J’ai eu beaucoup de mal à terminer l’ouvrage à partir des deux tiers, dommage.

Quoi qu’il en soit, le message de La péninsule aux 24 saisons est emprunt de positivité et ne donne qu’une se

ule envie : se trouver une maisonnette pour trouver enfin le temps de prendre soin de soi, et de ce qui nous entoure… Et rien que pour cela, c’est un bon roman.

La péninsule aux 24 saisons - Mayumi Inaba

Chronique Jeunesse : Les Aérochats – Tome 1 – Comme chiens et chats

Les Aérochats - Comme chiens et chatsUne nouvelle série jeunesse mêlant aventure, Histoire et fantasy animalière !

Les Aérochats est une toute série de premiers romans pour la jeunesse débutée en mars 2017, dans la toute jeune maison Slalom.

Il s’agit du premier ouvrage du néo-zélandais Donovan Bixley à paraître en France. Et c’est lui qui a tout fait, du texte aux magnifiques dessins !

1916, dans une réalité qui ressemble de façon troublante à la notre

Dans cette histoire, point d’humains mais surtout des chiens et des chats. Nous sommes en 1916, en plein dans ce qui se nomme chez nous la Première Guerre Mondiale. Mais cette histoire mélange des éléments historiques provenant également de la Seconde.

Nous découvrons dans ce premier tome très rythmé les aventures des Aérochats, brigade de haut vol pour laquelle rien n’est impossible ! Et ça tombe bien, car l’un de leurs membres les plus éminents – le major Tom – est retenu par les CLEBs, une mission de sauvetage s’impose donc !

Les Aérochats - Comme chiens et chats - Dessin

Une histoire très dynamique qui fait l’éloge de l’Aventure avec un grand « A »

J’avoue avoir été très positivement surprise par ce début de série. Tout d’abord, les illustrations sont magnifiques. Très vivantes, toujours dans l’action, on a l’impression de regarder des rough destinés à un dessin animé.

Ensuite, l’idée de transposer l’univers de la Première et Seconde Guerre Mondiale est intéressante. Je vous rassure, rien de violent ou de sanglant, mais l’intrigue s’inspire très directement de notre Histoire. Les chats sont à assimiler aux français sous l’acronyme les CATs (Chats et leurs Alliés Traditionnels) et les CLEBs aux allemands (Chiens Ligués pour Envahir en Bloc).

Pour les enfants, c’est donc une lecture idéale. Il y a une illustration à chaque double page, c’est donc parfait dès l’âge de 8 ans, à peu près.

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Ainsi, ce premier tome est une petite réussite ! L’auteur est parvenu à nouer humour, aventure et Histoire sur fond de guerre. L’exercice n’est pas évident, mais c’est un succès.

Alors, quand on sait que Les Aérochats est une série en au moins quatre tomes, il y a de quoi être heureux pour ces beaux moments de lecture à venir.

PS : Il est spécifié en début d’ouvrage que le roman est approuvé par la SPAD – la Société Protectrice des Animaux Dessinés. Et ça, c’est super cool.

Les Aérochats - Comme chiens et chats - Dessin

Chronique jeunesse : Zombies Zarbis – Tome 1 – Panique au cimetière !

Zombies Zarbis - Tome 1 - Panique au cimetière !Une nouvelle série pour la jeunesse sous le signe des morts-vivants !

Marie Pavlenko (autrice que j’adore grâce à des romans tels que Je suis ton soleil, le Cycle du livre de Saskia, le génial La fille-sortilège…) et Carole Trébor (autrice que j’adore aussi, pour son roman dans la saga U4 et pour sa trilogie Nina Volkovitch) se sont associées pour concocter une toute nouvelle série de romans pour la jeunesse chez Flammarion : Zombies Zarbis. Le premier tome est paru au début du mois de septembre 2018, et le second est d’ores et déjà prévu pour novembre…

Alors, qu’en est-il de cette nouvelle série de romans pour se faire peur quand on a entre 8 et 10 ans ?

Un cimetière destiné à la destruction totale

Bienvenue dans une petite ville bien sous tous rapports avec sa boulangerie, son école, sa mairie, son cimetière, ses zombies… Ses zombies ??? Oui, vous avez bien lu !

Dans cette ville à l’apparente normalité se cachent quantité de zombies qui ne sortent qu’une fois la nuit tombée. Ils savent qu’ils sont morts mais « vivent » eux aussi dans un quotidien aux habitudes bien huilées…

Mais ça, c’était avant que les machines arrivent. Leur but ? Tout détruite afin d’installer une supérette flambant neuve dans la ville ! Mais les zombies ont fait leur mort ici, et ils comptent bien rester dans leur cimetière…

C’est ainsi qu’un affrontement va s’engager dans les deux camps. Tout en sachant que celui des vivants ignore absolument tout de l’existence des zombis… C’est dans cet étrange contexte que le jeune Romain va faire la rencontre insolite de Léo, une jeune zombie aussi attachante qu’adorable. Ensemble, ils vont tenter de déjouer les projets de destruction de la mairie…

Un premier tome long à démarrer et par trop classique

Malgré deux autrices dont j’ai lu de nombreux ouvrages, ce roman jeunesse à quatre mains n’a pas réussit à me séduire. Pour avoir déjà lu plusieurs romans sur la même thématique, ayant pour lieu central un cimetière, (Hugo de la nuit, Rufus le fantôme… notamment), j’avoue n’avoir eu guère d’affect pour les personnages. Et encore moins pour leur histoire, ainsi que leur passé.

Tout est présenté trop vite, normal, il s’agit d’un roman pour la jeunesse, mais tout de même. Ici, les infos s’écoulent en un flot ininterrompu qui laisse peu de place à autre chose qu’aux rebondissements en chaine. Et malgré tout… on s’ennuie ferme. On a l’impression de piétiner comme un zombie qui fait du surplace, on lit les chapitres rapidement, mais sans réelle saveur…

Tout est assez attendu, et surtout, l’univers de Zombies Zarbi n’a aucune spécificité. On dirait que les zombies sont un prétexte pour écrire plus qu’un réel élément de l’intrigue… En particulier, la fin qui n’en est pas vraiment une, vous serez obligés d’acheter le second tome pour savoir si les héros résolvent leurs problèmes. Là où la plupart des romans qui constituent une série offrent au lecteur une petite fin malgré un fil rouge global, ici, on s’arrête très abruptement.

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Vous l’aurez saisi, je suis passée totalement à côté de ce roman qui pourtant s’annonçait fort bien de mon point de vue. La déception est bien là, et je crois que je n’irais pas insister en lisant le second tome de Zombies Zarbis… Il n’y a que la petite chouette zombie Joséphine, sans yeux, qui a trouvé grâce aux miens…

PS : Les illustrations sont signées Marc Lizano, un auteur dont j’ai déjà pu apprécier de nombreux ouvrages : Dépêche-toi maman c’est la rentrée, et L’enfant cachée. Pour Zombies Zarbis, son trait est beaucoup plus épais et moins lisse que d’habitude, et j’avoue avoir moins aimé. Cela donne une image un peu brouillonne des dessins…

Chronique : Comment je suis devenue célèbre en restant chez moi !

Comment je suis devenue célèbre en restant chez moiUn roman qui faisait envie mais qui est décevant en substance…

Paru en juin 2017 aux éditions Flammarion Jeunesse, Comment je suis devenue célèbre en restant chez moi est le second ouvrage de Caitlin Moran à sortir en France (le premier était un essai sur la condition féminine de nos jours : Comment peut-on être (encore) une femme ?). Comment je suis devenue célèbre en restant chez moi est destiné aux ados entre 13 et 15 ans. Roman humoristique qui puise son histoire dans l’enfance de l’auteure, vous découvrirez une enfance mouvementée et pas comme les autres !

Morag Narmo, écrivaine en devenir !

Bienvenue chez les Narmo, une famille ô combien déjantée dont Morag est la digne représentante. Elle a décidé il y a peu qu’elle serait auteure à succès, et s’emploie donc à écrire son premier roman… mais elle se rend compte assez rapidement qu’écrire, c’est loin d’être aussi simple et rapide qu’elle l’imaginait… Qu’à cela ne tienne ! Sa famille est le sujet parfait pour trouver l’inspiration. Bienvenue dans le roman de Morag Narmo, qui est en réalité très largement autobiographique.

Trop décalé et décousu…

La présentation de ce roman avait tout pour (me) plaire, et pourtant… impossible d’accrocher ! Du début à la fin, je n’ai pas su apprécier les aventures délirantes des nombreux frères et sœurs de Morag. Sans oublier ses parents qui sont également bien gratinés !

Les personnages qui composent la famille Narmo sont à peine présentés que vous devez déjà avoir retenu leurs âges, leurs prénoms, leurs goûts, leurs petits travers… on s’y perd.

Impossible donc d’imaginer vraiment à quoi ressemble cette famille aussi dynamique que folle… et c’est dommage. Si l’on n’arrive pas à visualiser les personnages, il devient difficile d’apprécier et de suivre pleinement l’histoire… Elle a beau être simple (c’est l’histoire d’une famille comme tant d’autres malgré leurs choix de vie différents de la norme), on a du mal à suivre…

Pour ceux qui se posent la question, le titre trouve son explication en tout début d’ouvrage, les enfants de la famille Narmo étant déscolarisés. Ainsi ce roman est l’histoire de leurs chamailleries et autres anecdotes familiales que l’on ne peut regarder que d’un œil très lointain… N’arrivant pas à s’attacher à cette petite famille pourtant drôle par moments, la lecture reste en surface.

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Pour ceux qui aiment les romans drôles et frais, ce roman ne se suffit pas à lui-même et n’apporte rien à la lecture… Il est rare qu’un livre me laisse aussi indifférente, mais c’est mon ressenti sincère et honnête.

Chronique : Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers

Une histoire unique et touchante qui traite de l’homosexualité, de l’identité et des questionnements que l’on peut avoir quand on est plongé dans les émois de l’adolescence.

Véritable classique dans le monde des romans ados, Aristote et Dante découvrent les secrets du l’univers est un roman paru en 2015 en France, aux éditions PKJ. L’ouvrage est écrit par Benjamin Alire Saenz, un auteur américain, il s’agit de son premier roman.

Pour la petite anecdote, sachez que si les éditions PKJ ont publié cet ouvrage, c’est en partie grâce aux bloggeurs français qui lisent en V.O., ils ont repéré ce livre et en ont fait part à l’éditeur. C’est ainsi qu’est arrivé le roman en France !

Il faut avouer que rarement un livre aura autant fait parler les réseaux sociaux et la blogosphère à ce point. Le buzz autour d’Aristote et Dante a été incroyable, et continue toujours d’exister au travers des gens qui le découvrent encore, comme moi par exemple.

Enfin, en nouveau roman de Benjamin Alire Saenz va bientôt sortir chez PKJ, il s’agit de L’insaisissable logique de ma vie qui est prévu pour fin 2018 !

Une amitié qui débute de façon originale

Se lier d’amitié avec quelqu’un à la piscine parce qu’on ne sait pas nager ? C’est ce qu’il va arriver à Ari (surnom d’Aristote). Quand Dante va le voir tenter de nager, il se dit qu’il peut lui apprendre la natation ! C’est ainsi qu’ils découvrent qu’ils n’habitent pas très loin l’un de l’autre… et à force de se voir, de se vanner et de s’apprécier, Dante et Ari vont devenir les meilleurs amis que le monde n’a jamais connu !

Mais Dante a un très gros faible pour Ari… et il n’est pas uniquement question d’amitié… Il est sous le charme d’Ari et l’assume totalement.

Ari quant à lui n’est pas familier d’une telle aisance et se retrouve démuni face à tant d’assurance. Ari, lui, manque de confiance en lui et ne se pose même pas la question. Pour lui, Dante est un très bon ami, et il ne rêve que d’une chose, embrasser la fille qui lui plaît au lycée…

Une leçon de vie mémorable et magnifique

Si vous cherchez une magnifique histoire d’amour ET d’amitié, ce roman est fait pour vous (et à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 14/15 ans !). Avec délicatesse et habileté, l’auteur nous offre une histoire superbe et originale. Je n’ai pas eu le coup de cœur que certains ont eu pour ce roman, mais j’ai passé un excellent roman en compagnie de ce duo drôle et improbable qui va traverser nombre d’épreuves…

Au fil des pages et des dialogues savoureux, on voit la relation d’Ari et Dante changer, ils se lient d’amitié comme le font les amis d’une vie entière. Et surtout, ils vont tout faire pour que l’adversité devienne une force pour eux.

Mais il n’y a pas que leur relation qui est importante. L’histoire étant écrite du point de vue d’Aristote, nous sommes aux premières loges pour découvrir ses questionnements sur tous les sujets. Et parmi ceux qui reviennent le plus souvent, il y a le sujet de son frère, qui est actuellement en prison. Mais également celui de son père, qui a fait la guerre et qui en est revenu changé, quasi mutique et toujours fermé, avec qui il ne partage plus rien. Et il y a aussi les nombreuses questions que se pose Ari sur ses origines mexicaines, et à quel point elles peuvent influer sur sa façon d’être, de penser, de se projeter face aux autres…

Plus qu’une histoire d’amour et d’amitié, c’est donc un roman complexe et bourré de réflexions qui nous est ici offert. Face à un Dante qui sait exactement qui il est et ce qu’il veut, nous avons Ari et ses milliers d’interrogation sur les fameux « secrets de l’univers ».

J’ai trouvé ce roman très beau, il est parfait pour les lecteurs de 14 ans environ car il parle de sujets qui les concernent fortement. C’est un âge où on se pose beaucoup de questions et où on n’a pas toujours de réponses…

C’est le genre de roman que l’on a envie de lire pour se sentir fort.e, confiant.e, et pour croire en la bonté de la nature humaine. La fin a beau être totalement prévisible, on s’en moque totalement. Le but de ce roman n’est pas de savoir si Ari et Dante finissent ensemble, mais plutôt de savoir comment ils évoluent l’un grâce à l’autre et s’épanouissent.

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En somme, c’est un très beau roman YA sur la famille, l’amitié, l’amour… et qui nous laisse un message fort, que l’on soit ou non concerné par le sujet principal qu’est l’homosexualité. Tout le monde trouve son compte dans cette histoire où la beauté réside dans les petites choses du quotidien…

Et si c’était là qu’étaient cachés les plus grands mystères de l’univers ? Dans un rire, un sourire, un geste…

Ma rentrée littéraire 2018 – Partie 1/2

Tous les ans, les libraires reçoivent des palettes de romans qui sortent tous à la même date, c’est la fameuse rentrée littéraire. Un phénomène bien français aussi fascinant que… très frustrant ! Impossible de lire les 567 romans de la rentrée, voici donc mon avis sur les 1,76% de romans de la rentrée que j’ai pu lire…

La femme de Dieu – Judith Sibony – Stock

La présentation faite pour La femme de Dieu était engageante. L’histoire d’un homme qui a une – énième – amante, sa femme a l’air de tout ignorer, tout comme leur fille unique… mais cette amante risque de briser l’équilibre fragile de la famille. Lui est un auteur de pièces de théâtre de renom, son amante elle, sort de nulle part… Et elle veut une seule chose de son amant : un enfant qu’elle chérira. Pourquoi ? Nul ne le sait, pas même elle, dont le besoin d’enfant issu des gènes de son amant est le but ultime… Et tous les moyens sont bons pour elle afin de parvenir à ses fins… y compris les plus tordus.

Pour être honnête je m’attendais à un roman original, mais pas retors. Et pourtant, La femme de Dieu est un livre qui m’a dérangée. Il n’a pas de véritable but selon moi, ne nous raconte rien, et il est rempli de lieux communs et de stéréotypes… Et surtout, je l’ai trouvé assez malsain. Quand on découvre jusqu’à quelles extrémités est prête cette femme pour avoir un enfant, c’est perturbant… Et puis, les ficelles tirées par l’auteure sont parfois un peu grosses…

En somme, la femme de Dieu fut un roman sur lequel je misais quelques espoirs, mais qui ont rapidement été soufflés.

Vivre ensemble – Émilie Frèche – Stock

Avant de vous faire lire la chronique de l’ouvrage, je tiens à préciser que j’ai lu et apprécié ce roman AVANT de connaître toute la polémique qu’il y a autour. D’ailleurs, suite au scandale suscité par la parution du roman, les éditions Stock ont du insérer un encart dans l’ouvrage afin de calmer les esprits. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’affaire en question, je vous laisse lire ces quelques liens :

Je vais donc uniquement parler du livre et de son intrigue, et pas du scandale qui s’y rapporte.

Vivre ensemble, c’est l’histoire d’un couple qui s’aime passionnément, et qui décide d’emménager ensemble suite aux attentats du 13 novembre. Cette attaque en plein Paris a pour eux été une véritable claque qui leur a fait prendre conscience qu’il fallait profiter de l’instant présent. Déborah a eu un fils d’un précédent mariage, Léo. Pierre a également eu un fils d’une union précédente : Salomon. C’est donc à quatre qu’ils vivent, dans un appartement de Paris. Et très vite, on sent venir des tensions au sein de la famille recomposée…

D’ailleurs, la scène d’ouverture donne tout de suite le ton : on y découvre Salomon tenant un couteau de cuisine et menaçant tout le monde car il a été contrarié par une petite phrase…

Mais là où Emilie Frèche surprend, c’est dans le déroulement de son roman, on sent qu’un drame se prépare, mais impossible de deviner sous quelle forme… Ainsi, Vivre ensemble est un roman sous tension, que l’on pourrait presque assimiler à un thriller domestique.

Efficace, redoutable. C’est assurément une des belles surprises de cette rentrée, mais il faut mettre de côté la polémique qui l’entoure pour l’apprécier.

La papeterie Tsubaki – Ito Ogawa – Editions Picquier

Ce roman fabuleux de tendresse signe le grand retour d’Ito Ogawa. A placer au même niveau que Le restaurant de l’amour retrouvé (qui était une merveille), ce roman nous fait découvrir le métier désuet et passionnant d’écrivain public au Japon.

On y suit Poppo, une jeune femme d’à peine 25 ans qui vient de perdre « l’Ainée » comme elle l’appelle tendrement. C’était sa grand-mère, et maintenant qu’elle est partie, Poppo décide de reprendre la papeterie familiale. Elle y vend quantité d’articles, mais exerce également le métier plus confidentiel d’écrivain public. Si vous cherchez quelqu’un qui pourra vous rédiger une lettre pour écrire à une ancienne amante, ou que vous souhaitez refuser une demande d’emprunt tout en restant poli, ou encore imiter l’écriture d’un parent décédé pour réconforter celui qui vit encore, vous êtes à la bonne porte.

Tout y est décrit avec précision, chaque geste, chaque encre, chaque type de stylo/plume/crayon utilisé est décrit, de même pour le papier. Il y a une énorme charge symbolique dans chaque choix fait pour écrire une lettre, même le timbre a son importance… Tout cela sans oublier la quantité de formules rituelles différentes pour chaque situation.

L’esprit du Japon transparaît à merveille dans ce roman, c’est tout simplement un roman-doudou. On se sent bien entre ses pages, on savoure chaque histoire humaine qui va nous faire un nouveau talent de Poppo… C’est un petit bijou de délicatesse, et il ne faut donc pas vous en priver ! Un des plus beaux/doux romans de la rentrée….

« Le timbre devait être humecté avec des larmes de chagrin pour une lettre triste, et avec des larmes de joies pour une lettre gaie« .

PS : Pour ceux qui savent lire le japonais, vous trouverez chaque lettre écrite par Poppo à l’intérieur du roman.

PS** : Un second tome avec la même narratrice est prévu pour la rentrée littéraire de 2020, le titre sera La république du bonheur.

Les voyages de sable – Jean-Paul Delfino – Le Passage

Si je vous dit que ce roman raconte l’histoire d’un homme dont la vie commence à Marseille il y a 250 ans… jusqu’à maintenant ? Me croirez-vous ? Voici le récit de Jaume, un homme qui est dans l’incapacité totale de mourir… lui-même ignore comment une telle chose est possible, mais cela fait plus de deux siècle qu’il vit malgré lui. Il a tout vécu, tout connu, baroudé par delà le monde, rencontré l’amour, été trahi, assassiné, battu, exclu… il a également eu ses moments de gloire.

Tout cela, Jaume décide de le raconter au tenancier d’un petit bar, situé Rue Saint-André des Arts, un homme nommé Virgile. Depuis des années que Jaume fréquente le bistrot, il n’a jamais lâché qu’un ou deux mots. Mais ce soir, dans l’hiver froid de Paris, il décide de raconter son incroyable histoire…

Si vous rêvez de voyage, d’aventure et de passion, vous êtes au bon endroit. Les voyages de sable est une histoire à la Highlander (pour le côté narrateur immortel) qui nous transporte. C’est empli de poésie, d’amour, de beauté… On passe de l’Afrique à l’Amérique du Sud sans oublier l’Europe… c’est un merveilleux tour du monde et une fresque historique qui a tout pour transporter.

Anatomie de l’amant de ma femme – Raphaël Rupert – L’Arbre Vengeur

Si il y a bien un roman de la rentrée auquel je n’ai pas compris grand chose (notamment la fin !), c’est bien celui-là ! Le début était pourtant aussi drôle qu’attrayant : un homme découvre dans l’un des nombreux journaux intimes de sa femme qu’elle a un amant.

Dans tous ses carnets, il n’est mentionné qu’une seule fois ! Mais qui est-il ? Et qu’à-t-il de plus que lui exactement ? Est-la la longueur de ses attributs ? La largeur ? Autre chose ? Cet homme essaye de comprendre ce qui attire sa femme chez cet amant et en fait une véritable fixation. Tantôt drôle, tantôt tragique, c’est un roman assez inclassable… Au final, malgré un début très drôle, je n’ai pas réussi à m’approprier ce roman. Et surtout, les dernières pages sont tellement barrées que je n’ai pas bien compris si le narrateur était dans un rêve ou dans la réalité…

Chronique jeunesse : La légende des 4 – Tome 1 – Le clan des loups

Une nouvelle série fantastique signée Cassandra O’Donnell, l’auteure de la saga Malenfer !

Parue en mars 2018, Le clan des loups est le premier tome de la nouvelle saga fantastique La légende des 4. On y retrouve des héros en plein apprentissage, du fantastique, et une quête… des éléments chers au cœur de l’auteure Cassandra O’Donnell (son nom est un pseudo, Cassandra O’Donnell étant une auteure française !).

Si vous ne connaissez pas encore cette auteure, elle a déjà écrit les séries de livres suivantes : Rebecca Kean (série de bit-lit pour adultes – 6 tomes), Malenfer (5 tomes pour le moment et une adaptation en bd en cours !), et Le monde secret de Sombreterre (3 tomes).

Quatre clans pour quatre visions diamétralement opposées

Ils sont quatre clans que rien n’unit : ni les convictions, ni le mode de vie, rien. Ils sont des loups, des tigres, des serpents ou des aigles… Aucun événement majeur du passé n’a pu les réunir, alors pourquoi le présent et le futur changeraient ?

Peut-être que fasse à l’adversité les quatre clans se réunirons et s’entendront enfin pour décider ensemble d’un avenir commun ?

Quoi qu’il en soit, c’est très mal parti… les enfants des chefs de chaque clan ne sont pas autorisés à discuter entre eux. Mais pourtant, Maya, héritière du clan des loups va outrepasser les nombreuses interdictions pour sauver la vie d’un bébé tigre… Et ce n’est que le début des embuches car une très mauvaise nouvelle va bouleverser leurs vies à tous… sauront-ils réagir à temps ?

Un récit d’aventure qui plaira aux plus jeunes

Pour les enfants entre 9 et 11 ans, Le clan des loups recèle tous les éléments qui plaisent : un début d’aventure aux élans fantastiques, des amitiés indéfectibles, des luttes de clans…

Il faut dire que l’idée de départ est séduisante, même si j’avoue avoir trouvé le nom des peuples peu imaginatifs, ils sont au moins parlants.

On appelle les yokaïs ceux qui ont le pouvoir de se transformer en animal. Tous ceux qui font partie d’un des quatre clans sont des yokaïs. Chaque clan a donc un nom spécifique, et chacun d’eux possède un personnage préado qui est le futur héritier de son clan :

  • Clan des serpaï = serpents = Wan
  • Clan des Lupaï = loups = Maya
  • Clan des Rapaï = aigles = Nel
  • Clan des Taïgan = tigres = Bregan

Une fois cette base posée, l’intrigue se déroule assez facilement et se lit très bien. J’ai trouvé l’histoire sympathique mais pas extraordinaire. Il manque un petit quelque chose qui aurait pu rendre ce roman plus mémorable, peut-être cela tiens-t-il aux personnages un peu sommaires ? ou autre chose ?

L’intrigue globale se tient en tout cas assez bien, rien à dire de ce côté-là. Il y a quelques indices sur ce qu’il s’est passé dans ce monde où le fantastique croise quotidiennement l’humanité ordinaire.

Par contre, j’ai eu un peu plus de mal avec l’écriture en elle-même. En effet, il y a beaucoup de répétitions, certaines volontaires pour affirmer des dires, d’autres plus maladroites. Exemple :

« Maya ressemblait à une humaine mais la louve en elle n’avait rien d’humain. La louve en elle était une bête sauvage et cruelle. La louve en elle était terrible et effrayante ».

Je trouve que c’est franchement lourd comme style, et comme j’ai lu intégralement l’ouvrage à haute voix, ça a exacerbé ce sentiment.

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Au final Le clan des loups est un roman introductif intéressant mais pas mémorable. A suivre toutefois avec la suite de cette saga, si l’auteure réussit à faire prendre de l’ampleur à son histoire ça peut donner quelque chose d’intéressant.

Quoi qu’il en soit, les jeunes fans de la saga Malenfer qui ont grandi depuis pourront sans problème adhérer à cette histoire. A suivre donc !

Chronique : Lotto Girl

Une dystopie engageante… qui n’a pas su contenter mes attentes de grande amatrice du genre…

Lotto Girl est un roman paru chez Casterman en septembre 2017. Il était à sa sortie un enjeu assez important de l’éditeur. Georgia Blain était quant à elle une autrice australienne qui commençait à monter, mais qui s’est malheureusement éteinte à l’âge de 52 ans des suite d’un cancer du cerveau.

Son roman, Lotto Girl est le premier à paraître en France, mais elle a écrit huit romans ainsi que des nouvelles.

Une vie aseptisée pour la crème de la génétique

Le futur : les états n’existent plus et ont été remplacés par des entreprises tentaculaires qui ont tous les droits. Si vous travaillez pour une corporation riche et prospère, vous ferez partie de l’élite, et votre vie n’en sera que plus facile… Mais si vous travaillez pour une société moindre, c’est tous les aspects de votre vie qui seront concernés : vous aurez un appartement miteux, vivrez dans un endroit pollué faisant baisser votre espérance de vie… et vous n’aurez pas le droit de faire appel à BioPerfect pour manipuler les cellules de votre futur enfant.

Sauf si il a été « élu » à la loterie. Faisant de lui un lotto boy ou une lotto girl. Vous pouvez alors choisir si votre progéniture sera douée en sciences, ou si son caractère sera plus sociable que la norme… Vous pouvez également décider d’en faire un leader, ou un artiste doté de l’oreille absolue… Tout est dans les gènes, il suffit de manipuler le brin d’ADN qui vous intéresse, et BioPefect s’occupe de TOUT.

Pour les plus riches, pas besoin de loterie, car bien entendu, ils ont les moyens et ne se privent pas de doter leurs enfants de tous les attributs possibles et imaginable. Comme dans une version futuriste et effrayante des trois bonnes fées qui offrent leurs dons à la princesse Aurore dans La belle au bois dormant

C’est dans ce monde effrayant que nous suivons la jeune Fern, lotto girl qui vit dans un lieu aseptisé et surprotecteur : Hapston. Elle y est élevée à développer ses dons avec d’autres enfants issus de la loterie, mais également avec des enfants issus de familles riches…

Une base solide et intéressante, mais un développement totalement chaotique

Les idées de Georgia Blain sont assez intéressantes et posent le décor d’un univers unique. Mais cela n’a pas suffit à rendre l’histoire de Lotto girl captivante comme d’autres dystopies ont pu le faire.

On navigue entre passé et présent, dans deux lieux très différents : Hapston, le lieu surprotégé et une sorte de camp de travail pour les rebus de la société.

On nous lance des postulats, des enjeux que l’on ne comprend pas du tout avant un long moment… Et tout cela nous emmenant à quoi ? Tout n’est pas clair dans ce roman malgré de bonnes idées, d’autant que Fern est un personnage qui manque d’une identité forte. Elle n’est pas charismatique, trop passive parfois, emplie de regrets mais ne passant jamais à l’action… ça la rend assez terne.

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Il y a malgré tout quelques réflexions intéressantes dans le roman, mais pas de là à en apprécier la globalité. Trop flou par moments, pas assez développé à d’autres, Lotto girl est un livre qui avait de bonnes qualités au départ, mais elles sont très vite éclipsées par les défauts (trop nombreux) du reste… Dommage, ça aurait pu être d’envergure, mais il y a eu un raté…

Pour les curieux.ses l’ouvrage est adapté dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique jeunesse : Le dernier bal des sorcières

Un roman très court certes, mais original qui vous fera un passer un moment unique (et ultime) en compagnie de sorcières…. !

Paru en 2015 dans la petite maison d’édition Oskar, voici Le dernier bal des sorcières par Erin Ardfeel. Il s’agit du premier roman de l’autrice, mais il est très prometteur…

Être sorcière, un métier qui tire sa source dans le mal

Pour la mère de Falbala, sorcière de renom, impossible que sa fille ne soit pas mauvaise… Et pourtant, la jeune fille n’a que faire de sorcellerie. Elle ne rêve que d’une chose, de normalité et d’amitié, chose impossible pour sa mère.

C’est ainsi que la demoiselle est forcée d’apprendre les pires sorts possibles pour rendre sa mère fière d’elle face à ses consœurs.

Mais ça, c’était mal mesurer à quel point le besoin de normalité et de bienveillance est prégnant… Pour cela, la jeune fille est prête à tout, y compris à apprendre les pires sorts ! Paradoxal, trouvez-vous ? Pas tant que ça…

Un roman court mais parfait en tous points

L’ouvrage a beau ne faire que quatre-vingt dix pages, il est parfait du début à la fin. L’histoire ne traine pas en longueur, on va à l’essentiel et surtout… l’autrice réussit à nous surprendre !

En effet Falbala est tiraillée par l’attrait qu’a le quotidien des humains normaux et le fait de pouvoir épater ses nouvelles amies grâce à la magie… Que choisira la jeune sorcière en devenir ?

Falbala est une petite fille attachante et très imaginative quand il s’agit de parvenir à ses fins…

J’ai tout particulièrement apprécié la fin sans concessions qu’a trouvé Erin Ardfeel pour son roman. Bien amenée, drôle et originale, le tout se tient à la perfection.

Bien écrit, dynamique, efficace, cela à beau être son tout premier roman, cela présage du bon pour la suite si l’autrice décide de continuer à écrire.

………

Je n’ai rien à ajouter, sinon que je garderais un excellent souvenir de cette courte lecture et que vous pouvez la proposer à des enfants dès l’âge de 10 ans environ.

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Chronique Cinéma : The Darkest Minds

The Darkest Minds

Un bon moment à passer, mais pas de souvenir à en garder…

The Darkest Minds est le nom du film adapté directement de la saga du même nom écrite par Alexandra Bracken. En France, les ouvrages sont parus initialement chez La Martinière Jeunesse il y a 5 ans, puis chez  Le livre de poche sous le titre Les Insoumis. Mais qu’en est-il de cette adaptation cinématographique ? Est-elle à la hauteur de l’ouvrage ? Oui… et non. Explications.

Une dystopie assez classique mais plaisante

Le monde tel qu’on le connaît a changé depuis qu’un étrange mal a décimé 90% de la population âgée entre 0 et 15 ans. Ceux qui ont survécu ont vu leur vie changer à jamais, car le virus les a doté de pouvoirs psychiques phénoménaux.

Certains excellent dans tout ce qui touche aux calculs, d’autres sont plus dangereux et peuvent vous  manipuler à leur guise (vous pousser au suicide malgré vous par exemple), d’autres encore maîtrisent l’électricité et certains, beaucoup plus dangereux, le feu…

Et ces pouvoirs font peur à tous ceux qui n’en ont pas. Les enfants sont ainsi tous parqués dans des immenses prisons. Esclaves, où aucune humanité n’a survécu… c’est dans l’un de ces centre que vit Ruby, une jeune fille aux pouvoirs psychiques très développés. Tant développés qu’elle se fait peur à elle-même…

The Darkest Minds

Mais pas suffisant pour être transporté par l’adaptation cinématographique…

Le livre en lui même était sympathique, et ont peut dire la même chose du film. On passe un bon moment, mais on est loin d’être transporté… Je me souviens encore quand j’avais été voir Divergente, je m’étais littéralement pris une claque, tant au niveau visuel que musical. Or, dans Darkest Minds, tout est correct, mais rien n’est remarquable.

The Darkest Minds - extrait

Cependant, on ne peux pas reprocher au film de ne pas être fidèle au roman. Il a beau aller bien plus vite (difficile de condenser autant de pages en si peu de temps), notamment au début, où les conditions de détention de Ruby nous sont à peine décrites…

Là où le bât blesse le plus, c’est dans l’ensemble du film. Les effets spéciaux ont beau être réussis, ils ne cadrent pas avec la mise en scène qui manque parfois de dynamique. Quant à la musique associée, elle n’apporte aucune dimension au film. Là où une bande-originale est censée accompagner et faire gagner en profondeur à un film et donner des moments forts voir mémorables, ici rien de tout cela.

The Darkest Minds - extrait

Darkest Minds est donc une adaptation assez fidèle à l’ouvrage d’Alexandra Bracken, mais ne réussit pas à captiver réellement. Certaines ficelles sont un peu trop grosses. Cela n’en fait pas un mauvais film, mais il est certain que l’on est loin du coup de coeur. On retiendra que l’on a passé un moment agréable, mais pas inoubliable.

The Darkest Minds - extrait

Je vous laisse regarder la bande-annonce très réussie (avec pour le coup une musique très percutante !) ci-dessous :