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Chronique : Exo – Tome 1

Et si notre planète ne nous appartenait plus ? Si nous avions été colonisés par des extraterrestres d’une technologie et d’une intelligence bien supérieurs ?

Il vient tout juste de paraître en librairie, voici Exo, le premier tome d’une nouvelle série de science-fiction pour les adolescents. Son auteure, Fonda Lee, est américaine. Elle a déjà écrit de nombreux ouvrages Outre-Atlantique, et cela dans de nombreux genres différents. Il s’agit de son premier roman à paraître en France. Exo est publié aux éditions Bayard.

En territoire conquis…

« Bienvenue » sur Terre… enfin, pas vraiment. Notre planète a été colonisée il y a plusieurs décennies de cela. L’homme n’est plus l’espèce dominante… maintenant, ce sont les Zhrees qui gèrent tout. Ils décideront de votre avenir, de votre métier (ou affectation), de votre niveau social… etc. Au final, beaucoup d’êtres humains y trouvent leur compte… du moins ceux qui ne sont pas trop mal situé dans l’échelle… Mais pour les autres, les laissés pour compte ou les humains lambda, la situation est très difficile.

C’est ainsi que la rébellion Sapiens est née. Pour contrevenir à l’envahisseur par tous les moyens… mais la lutte semble jouée d’avance quand on voit les moyen des Zhrees face à ceux d’une poignée d’hommes. C’est dans cette situation très complexe que l’on suit Donovan, un jeune homme tout ce qu’il a de plus humain, mais qui possède à l’intérieur de son corps une technologie 100% Zhree : l’exo. Mais les Sapiens sont loin d’être la seule menace…

Un roman ado qui initie à la sf militaire

Pour ceux qui ne seraient pas familiers de la science-fiction dite militaire, Exo peut être considéré comme intéressant pour un lectorat de 13/15 ans. Mais il ne peut être qu’une entrée en matière dans le genre car il manque tout de même de complexité, en particulier au niveau des personnages.

En effet, les enjeux sont connus, recèlent peu de surprises, et surtout les personnages sont parfois trop simplistes. Donovan, tiraillé entre son allégeance aux Zhrees et son statut d’humain réagit parfois de façon inattendue du point de vue de son clan Zhree. De plus, ses liens de parentés complexifie sa façon de réagir et penser : son père est le Premier mandataire (équivalent à président d’un État) ce qui implique énormément d’enjeux quel que soit son choix, ses réactions, ses réponses. Tout est décortiqué. Étant donné qu’il a un certain rang à tenir, la pression sur lui est énorme…

Mais malgré tout cela, Exo ne réussit pas à transporter son lectorat. On n’est pas vraiment accro, l’histoire ne recèle guère de surprises et les personnages non plus ! Certaines rencontres et croisements entre certains personnages sont d’ailleurs statistiquement très peu probables…

………..

En conclusion, Exo est un premier tome intéressant (rares sont les romans de sf YA à traiter de la colonisation de la Terre par une intelligence extraterrestre) mais qui manque malgré tout d’originalité. Le traitement de l’’histoire est extrêmement classique malgré un cadre rarement utilisé dans la littérature ado. Mais surtout, le jeune Donovan est un héros qui manque de charisme et que l’on ne souhaite pas forcément suivre au bout du monde. Dommage…

Chronique : Les étoiles s’éteignent à l’aube

Un magnifique roman qui vous fera voyager en pleine nature et découvrir l’histoire d’une relation père/fils touchante et unique.

 Initialement paru aux éditions Zoé en 2016, Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman qui avait bénéficié d’un beau bouche-à-oreille. Fort de ce succès, l’ouvrage est ensuite paru il y a quelques mois aux éditions 10/18.

Depuis, un autre ouvrage de Richard Wagamese est paru chez Zoé : Jeu blanc. Richard Wagamese était l’un des écrivains primo-canadiens les plus connus, il est mort en 2017 à l’âge de 61 ans.

Un père absent qui demande une ultime faveur à un fils qu’il n’a presque pas connu

Un matin, Franklin Starlight est appelé au chevet de son père : il n’est pas encore mort, mais à une ultime volonté, et seul son fils peut l’accomplir. Lui qui a eu une vie décousue, remplie de boisson, de mauvaises décisions et d’actes manqués… il désire malgré tout mourir honorablement.

Et pour se faire, il demande à son fils de l’emmener dans les montagnes, où il veut que sa dépouille repose. C’est ainsi qu’un ultime voyage commence pour le père et le fis, un périple qui va leur permettre d’enfin faire connaissance et de peut-être commencer à s’aimer… avant la fin.

Un roman lent, mais lourd de sens

Si vous cherchez un roman où l’action est le maître mot, passez votre chemin. Cependant, si vous souhaitez tout simplement lire une belle histoire (quel que soit son rythme et sa dynamique), vous avez l’ouvrage parfait.

Entre nature writing, et roman sur l’amour filial et ses difficultés à l’exprimer, Les étoiles s’éteignent à l’aube est un roman très touchant car il sonne terriblement juste. Plus on avance dans l’histoire, et plus on s’y plonge avec facilité.

Chaque étape du voyage du père et de son fils nous apporte une nouvelle histoire/confession du père, qui a beaucoup à se pardonner. Ses problèmes récurrents avec l’alcool notamment, mais pas seulement…

Le personnage du fils, quasiment mutique, ne manque pourtant pas de grandeur. Il est d’un charisme fort, on sent que cet homme en devenir (ce n’est encore qu’un adolescent) sera quelqu’un sur qui compter, et il le prouve.

Personnellement, c’est l’ultime histoire du père qui m’a beaucoup touchée. Quand enfin son fils ose s’ouvrir un peu à lui, c’est un flot de confessions qui nous arrive… Dont une en particulier. C’est aussi beau que triste, mais impossible de rester indifférent face à ce relationnel si particulier qui s’installe.

J’ai beaucoup aimé la traduction du titre livre, même si elle diffère de l’original. En V.O, le livre s’intitule Medicine Walk. En français, le titre est plus long, mais d’une grande poésie – et symbolique. Car il ne faut pas oublier le nom des deux protagonistes principaux : Starlight (soit lumière des étoiles).

Autre étrangeté bienvenue, la façon qu’à Richard Wagamese de présenter ses personnages. Il n’invoque que rarement leurs prénoms, mais plutôt leur statut : « le fils », « le vieil homme »… ce qui les rend encore plus prégnants, vivants.

…..

C’est donc un roman émouvant et unique qui vous est ici offert. Si vous cherchez à être touché par une belle histoire, si un retour aux sources ne vous fait pas peur et si le besoin de grands espaces est vital pour vous, ce roman sera idéal. Marquant.

Pour la fin d’année 2018, les éditions 10/18 ont créé une édition spéciale du roman Les étoiles s’éteignent à l’aube. Elle brille à certains endroits et le reste est réalisé avec un papier mat et plus rigide qu’à l’accoutumée.

 

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Mes chats écrivent des haïkus

Un très joli album illustré pour les amoureux de poésie, de Haïkus… et de chats !

Nouvel ouvrage du japonais Minami Shinbô, Mes chats écrivent des haïkus est à paraître aux éditions Picquier le 2 novembre prochain (2017). Au programme donc, des haïkus (des poèmes très courts) 100% dédiés aux félins !

Ce n’est pas la première fois que l’auteur se lance dans la création de haïkus tout en les illustrant. En France, il a déjà écrit Haïkus de Sôseki à rire et à sourire et Haïkus de chats, tous parus aux éditions Picquier.

Un ouvrage à dédier aux amoureux fous de chats !

Vous aimez les chats ? Ou le Japon ? ou la poésie ? Ou peut-être les trois à la fois ? Cet ouvrage en couleur et à la couverture soupe pourrait bien vous séduire…

Au travers d’une trentaine de haïkus, c’est le quotidien des chats qui entourent Minami Shinbô qui nous est conté. Une odeur, un ressentit, un bruit de train qui passe au loin…

L’auteur essaye de se mettre à la place du chat, d’interpréter au mieux ce qu’un félin pourrait exprimer au travers d’un haïku. Et c’est plutôt réussi ! En quelques mots à peine, on savoure, on découvre un monde de calme, de sérénité et de contemplation.

Libellules rouges et avertisseur d’incendie…
Jeu de cache-cache.

L’un de mes haïkus préférés est le suivant :

Voilà qu’il lape

le bleu glacé

tandis que l’aube blanchit

Ainsi que celui-ci :

Magnolias blans

et dans le lointain

un bruit de train

 

Ceux qui ne sont pas habitués aux haïkus pourraient être déstabilisés par un format aussi succin, mais point d’inquiétude ! En fin d’ouvrage, vous trouverez une explication plus approfondie du contexte culturel ou du message qu’a souhaité faire passer l’artiste.

Chaque haïku est accolé à son texte original, en japonais. Chaque dessin de Minami Shinbô a été réalisé avec soin, précision, pour coller le plus parfaitement possible au haïku créé. Comme c’est expliqué en fin d’ouvrage, le but est que l’image soit aussi importante que le texte.

La menthe-poisson
puanteur nostalgie
et jolies fleurs

Enfin, mention spéciale au haïku dédié au chat et à son lapin de neige, j’ai trouvé l’illustration absolument sublime. La posture du chat est si parfaite qu’elle pourrait être une photographie, un instantané. Ce haïku est très beau, mais également très mélancolique tant dans son texte que par son visuel…

…..

En somme, c’est un ouvrage parfait à offrir facilement à ceux que l’on aime. Bien que très simple, Mes chats écrivent des haïkus revêt un caractère particulier, entre calme et beauté, pour nous aider à mieux apprécier ce qui nous entoure… De plus, les couleurs extrêmement vives utilisées par Minami Shinbô se prêtent parfaitement à l’univers qu’il s’est créé.

Pas besoin d’être un amateur « pointu » de poésie ou de littérature pour apprécier pleinement ce joli livre !

Mon illustration de chat préférée <3

Chronique : La mémoire des couleurs

Chronique album jeunesse : Qui est le coupable ? – Le manoir

Un concept de livre-enquête absolument génial dans sa mise en œuvre ! Entre le jeu Qui est-ce et l’album policier pour les enfants dès 8 ans.

 La collection Qui est le coupable ? publiée chez Milan arrive avec son quatrième titre, et cette fois rendez-vous dans un manoir !

Écrit par Pascal Prévot et illustré par Aurore Damant, voici donc 15 enquêtes à découvrir avec à chaque fois son coupable… Saurez-vous le démasquer grâce aux cases de la couverture qui s’ouvrent et se ferment à volonté ?

Une idée de livre géniale, inventive et motivante !

Alors que le premier ouvrage de la collection Qui est le coupable ? est paru en octobre 2015, ce n’est que maintenant que je découvre cette série d’ouvrages ! Et pour avoir testé celui qui vient de sortir sur le thème du manoir (ave fantômes, vampires, armures hantées et monstres à la clé), je peux vous assurer que c’est absolument génial.

C’est inventif, malin, ludique, très bien mis en œuvre. J’ai testé toutes les enquêtes, et elles sont vraiment bien réalisées ! En une double-page seulement, vous découvrez une enquête complète : un mystère à élucider, et des témoins qui peu à peu vous aident à éliminer les suspects… jusqu’à ce qu’il ne vous reste qu’un seul coupable potentiel ! La conclusion de chaque mystère vous révèle enfin le coupable, pour vérifier que vous êtes bien sur le bon personnage.

Qui est le coupable – Couverture avec les petits volets amovibles.

Il y a des traces de pas dans la boue… cela ne peux donc pas être un fantôme, mais peut-être est-ce l’armure ? Vous voyez comment ça fonctionne ? C’est simple, on fait appel aux capacités de réflexion et de déduction des enfants pour trouver le fautif.

……

En somme, Qui est le coupable ? est une série d’albums interactifs géniaux. Il faut absolument que vous découvriez ces livres. Ils sont très malins, donnent envie de lire et attisent la curiosité des jeunes lecteurs ! C’est dès l’âge de 7/8 ans environ, et il y a d’ores et déjà quatre ouvrages avec quatre thèmes différents : L’école, le manoir, le château, et les pirates !

Un grand bravo aux auteurs pour cette série de livre, pour mois, c’est un véritable coup de foudre. Je ne me lasse pas de les conseiller à la librairie depuis que je les connais, et les clients en sont très contents, que demander de plus ? D’autres albums dans la même série !

Chronique : Je suis le genre de fille

Un roman aux allures de journal écrit à la première personne qui nous fait découvrir le quotidien d’une femme très indécise.

Nathalie Kuperman est une auteure française, elle écrit aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Son dernier roman en date, Je suis le genre de fille est paru chez Flammarion en mars 2018.

Si vous ne connaissez pas son œuvre, on peut citer : Nous étions des êtres vivants (Folio), J’ai renvoyé Marta (Folio), ou encore Petit déjeuner avec Mick Jagger (Points) chez les adultes. Du côté des enfants, on lui doit la série de premiers romans Zélie et Poison (déjà 6 tomes de parus), et elle a également écrit une dizaine de romans dans la collection Mouche de l’école des Loisirs.

Les réflexions pêle-mêle d’une femme à qui la vie ne sourit guère…

Voici l’histoire d’une femme, la quarantaine, divorcée, elle a une fille de 14 ans – Valentine – en garde alternée avec son père… Rien ne semble aller dans sa petite vie plate et morne. Pas d’amour à l’horizon, beaucoup de tracas, d’interrogations, de remarques qu’elle se fait à elle-même…

Je suis le genre de fille est entre le roman et le récit de vie, empli de ressentis, réflexions diverses que se fait la narratrice au fil de ses journées.

… selon elle

Mais pour être honnête, je n’ai pas trouvé cette narratrice attachante, loin de là. Et ce qu’elle avait à dire ne m’a pas paru pertinent non plus.

Au contraire, je l’ai trouvée agaçante au possible. A se plaindre pour la moindre petite chose que n’importe qui d’autre aurait laissé couler, à se lamenter sur sa vie qu’elle juge injuste envers elle.

Tous les chapitres commencent par « Je suis le genre de fille… ».

Ainsi on a « Je suis le genre de fille à tenir la porte », puis lire la plainte de la narratrice comme quoi personne ne la lui tient à elle la porte et qu’elle en a marre. Mais que si elle ne la tient pas à quelqu’un, elle s’en veux et s’excuse…

« Je suis le genre de fille qui, pour rien au monde, n’irait fouiner dans les affaires de sa fille », mais en fait, c’est ce qu’elle décide de faire. Uniquement pour savoir de quelle façon sa fille la perçoit… Mais en fait elle change d’avis quand sa fille vient lui parler. Elle n’a aucune parole, aucun avis propre et change systématiquement d’opinion sur tout et n’importe quoi.

« Je suis le genre de fille très hypocondriaque », car oui, notre narratrice fume, et beaucoup. Mais elle a peur d’avoir un cancer et fait une pléthore d’examens médicaux pour se rassurer. Parfois des tests de santé très poussifs où elle attend les résultats pendant des semaines avec anxiété jusqu’à être invivable.

C’est à cause de ses nombreux traits de caractère exaspérants, ses opinions très arrêtées mais en fait non, ses revirements, cette quarantenaire n’est pas attachante…

…….

J’ai trouvé ce roman très dispensable, non pas parce qu’il est ancré dans le quotidien (c’est justement cela qui m’intéressait), mais parce que sa protagoniste principale est absolument crispante et inintéressante. Dommage, car il avait tous les attributs pour plaire, en apparence…

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Chronique : L’anti-magicien – Tome 1

Une nouvelle série fantastique pour ados qui s’annonce sous les meilleurs auspices !

Premier roman d’une saga qui en contiendra six, L’anti-magicien est un roman qui s’adresse à la jeunesse pour les 11-15 ans. Le tout premier volume est paru en 2018, le second en septembre.

Si vous ne connaissez pas l’auteur canadien Sébastien De Castell, sachez qu’un de ses romans fantastiques est précédemment paru en France, il s’agit des Manteaux de Gloire, chez Bragelonne en 2015.

La magie, un tremplin social indispensable

Dans le monde de Kelen, 16 ans, la magie fait partie intégrante de la société. En fonction du pouvoir que concentre votre famille, vous êtes plus ou moins bien placé dans l’échelle de la société…

La famille de Kelen est très bien placée dans la société grâce aux pouvoirs importants que possède ses deux parents, en particulier son père, Ke’heops. Il pèse d’une influence considérable tant magiquement que politiquement. La soeur de Kelen quant à elle possède également une magie extrêmement prometteuse… Mais qu’en est-il du jeune homme lui-même ? Le roman débute au moment d’une épreuve de magie très importante, et c’est ainsi que l’on découvre que Kelen ne possède AUCUNE magie. Il existe sept formes de magie différentes, et le jeune homme n’arrive même pas à faire étinceler en lui la première…

Va-t-il devenir un paria ou un Sha’tep (un esclave dénué de magie) ? Ou la magie va-t-elle se révéler à lui comme jamais étant donné la puissance des membres de sa famille ? Pourra-t-il enfin être un Jan’tep, un vrai magicien ?

Un premier tome engageant, dynamique et toutefois assez original

Il y a tant d’ouvrages fantastiques qui sortent pour la jeunesse et les adolescents qu’il devient difficile d’apprécier un roman pour son originalité. Mais l’Anti-magicien réussi à être à la fois classique (dans son déroulement initiatique pour Kelen), mais très original dans le fonctionnement de son univers.

En effet, Kelen est un anti-héros, certes, mais on découvre très rapidement qu’il l’est à un point rarement atteint. Là où beaucoup de héros se découvrent être des sortes d’élus, ou d’être uniques aux pouvoirs cachés colossaux, Kelen n’est rien d’autre que lui-même. Sans magie, juste sa malice et son intelligence. Et cela fait une différence de taille dans cette histoire où la magie est primordiale.

Comment va-t-il tirer son épingle du jeu ? Se faire respecter ? Ne pas se faire bannir de l’école pour cause d’absence de magie ?

Et puis, le jeune homme n’est même pas le plus intéressant et le plus attachant des nombreux personnages de cette histoire. Il y a surtout une femme étrangère, nommée Furia apporte son lot d’ennuis et de dialogues piquants ! Comme elle dit « Une femme, c’est un homme en plus malin et avec plus de couilles » pour vous donner une image du langage du personnage !

Tout cela sans oublier le génial et dangereux chacureuil (oui, c’est bien un mélange entre un chat et un écureuil !).

Ainsi, le premier tome de cette série est très prometteur. Il nous propose une intrigue fournie, qu sort assez des sentiers battus pour plaire à son lectorat. L’univers est dense, sa mythologie également, et on sent que l’on est loin d’avoir tout découvert sur son fonctionnement…

Et surtout, Kelen va traverser beaucoup d’épreuves du feu pour notre plus grand plaisir. Et rien que pour cela, ça vaut le coup.

La couverture du premier tome en version originale.

Chronique : Blackwing – Tome 1 – La marque du corbeau

Un roman de fantasy âpre et brut de décoffrage qui plaira aux amateurs du genre tout en le renouvelant habilement

Ed McDonald est un auteur anglais, il travaille à Londres en tant que maitre de conférences. Blackwing est son premier roman a paraître en France, aux éditions Bragelonne en avril 2018. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ouvrage a reçu un accueil dithyrambique dans son pays d’origine, encensé par les plus grandes revues du genre : Fantasy Book Review, SF Books, British Fantasy Society… etc.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est mérité. Explications.

Un anti-héros futé et bourru

Bienvenue dans le monde de Ryhalt Galharrow, chasseur de primes au bord de la faillite, il accepte quantité de missions pourries pour payer son train de vie (qui consiste surtout à boire sa paye). Mais il a un atout dans sa poche : il est l’une des rares personnes a avoir survécu à la Désolation, et c’est justement là que l’emmène sa prochaine mission. Assisté par un de ses tatouages à l’effigie d’un corbeau qui prend vie (en sortant littéralement de son corps !) à chaque fois qu’un message important de son mystérieux commanditaire s’annonce, Ryhalt n’est pas au bout de ses peines (et souffrances…).

Mais ce qu’il ignore encore, c’est que la suite des événements va se précipiter pour lui et son équipée brinquebalante. Au programme : survivre à un complot qui touche le royaume dans ses plus hautes sphères, trouver une femmes aux pouvoirs extraordinaires et surtout : survivre.

Et tout cela, c’est sans compter sur l’invasion prochaine des mystérieux et terribles Rois des Profondeurs…

Un univers ultra-développé au service d’une intrigue de premier ordre

Pour ceux qui sont fatigués de lire le même genre d’histoires de fantasy, Blackwing est la série parfaite à se mettre sous la dent. Son héros a beau avoir beaucoup baroudé et représenter l’archétype même du chasseur de prime fatigué, arriviste; mais au bon cœur malgré tout, Ed MacDonald va bien plus loin dans le traitement de ses personnages. Ils sont tous particulièrement intéressants et drôles dans leurs manière brusques voir carrément sales parfois.

L’univers en particulier est très dense, et ont sent que l’on n’en a pas vu le dixième dans ce premier tome. La fusion entre sciences et magie (notamment avec la mystérieuse et terrifiante Machine de Nall) est savamment dosé pour nous donner une histoire qui tient très bien la route.

De plus, l’auteur a créé quantité de monstres et créatures toutes plus terribles les unes que les autres pour étoffer la mythologie du monde du Royaume du Dortmark et de la Désolation.

Et en ce qui concerne la géopolitique de l’univers, on découvre les terribles Rois des Profondeurs (qui font beaucoup penser à des Cthulhu en puissance) sont tout simplement imbattables… Et quand on pense que Ryhalt Galharrow ne peux pas mordre plus la poussière, il en reprend plein dans les dents.

En somme, c’est une intrigue menée de main de maître qui nous est ici offerte sur un plateau grâce aux éditions Bragelonne. Il nous tarde de découvrir le second tome de cette saga qui s’annonce épique à tous points de vue. Que ce soit au niveau de la mythologie, de la créativité ou des dialogues (savoureux, il faut bien le dire), nous avons été conquis ! Alors… à quand la suite ?

AUTEUR :
GENRE : Fantasy
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Ma vie cachée

Un très bon roman à suspense doublé d’une belle romance !

Paru en fin d’année 2017 aux éditions Pocket Jeunesse, Ma vie cachée est un one-shot (pour une fois !) qui nous met dans la peau d’une ado qui est sous protection policière.

Si vous ne connaissez pas encore Becca Fitzpatrick, c’est l’occasion ! L’auteure avait eu un grand succès il y a quelques années de cela grâce à sa saga fantastique Hush-hush (je me rappelle avoir bien aimé le premier tome, mais je n’ai jamais eu l’occasion de lire la suite…).

Une vie emplie de dangers

Stella a été le témoin d’un meurtre lié à la drogue, depuis elle est sous protection policière. Pour pouvoir témoigner lors du procès, elle est donc obligée de changer d’identité, d’adresse, de vie. Avec cette nouvelle vie, Stella dit également adieu à son petit ami Reed, qui lui aussi doit changer d’identité. Ils ne pourront plus jamais se revoir sous peine de griller leur couverture et de se faire tuer. La mère de Stella, toxico reconnue, est quant à elle mise dans un centre de désintoxication… Commence alors pour Stella une nouvelle vie : adieu Philadelphie… et bonjour le Nebraska, dans une petite ville paumée qui lui promet de mourir d’ennui…

Un roman aux allures de thriller diablement efficace

Aussitôt commencé, aussitôt dévoré. Ma vie cachée est le genre de roman qui recèle toutes les qualités d’un bon roman YA, et ça se ressent très rapidement. Tout concoure à nous mettre dans cette ambiance de petite ville perdue au fin fond de la campagne américaine : un diner, des habitants un peu bruts de décoffrage qui se connaissent évidemment tous, un sheriff quelque peu surmené…

Le décor est posé, nous sommes prêts pour l’intrigue en elle-même !

Stella est une ado débrouillarde et volontaire. Bien que dotée d’un assez sale caractère, on apprend vite à l’apprécier pour son dynamisme, son humour et son envie de constamment de dépasser. C’est ainsi que lorsqu’elle est hébergée par une agente de police à la retraite – Carmina – ça fait beaucoup d’étincelles entre les deux femmes, mais leur relation va devenir un des piliers de cette belle histoire.

C’est ainsi que Stella va se retrouver contrainte par Carmina à trouver du travail, ce qui en fait va s’avérer très bénéfique pour le moral en berne de Stella… Mais ce qui va surtout l’aider à tenir, c’est de penser tous les jours à Reed, son amour qu’elle se jure de retrouver un jour, quand tout sera fini. Enfin, ça c’était sans compter sur la présence de Chet, le jeune voisin de Carmina. Un jeune homme indépendant qui a le don de la faire sourire et de la rassurer… Mais auquel elle ne peut rien révéler de son ancienne vie.

Dire que j’ai adoré Ma vie cachée est un euphémisme. Tout est génial dans cette histoire, de sa construction à son développement sans oublier sa conclusion. On est constamment sous tension à cause de la situation de danger permanent subie par Stella. Mais il y a aussi une bonne partie qui fait la part-belle à la romance avec toutes ces ambiguïtés, ses petits signes, etc. Stella cèdera-t-elle au charme rustique de Chet alors qu’elle ne restera que quelques mois dans le Nebraska ?

J’ai trouvé le tout savamment équilibré, entre suspense, romance et pas mal de psychologie également. Ce romand de près de 45O pages fonctionne à merveille, il se dévore ! On appréciera ce retour aux sources qui nous permet d’apprécier la nature, la campagne, les amitiés franches et le goût des choses manuelles, faites avec amour. Plus qu’un roman policier, c’est aussi une ode aux petites bourgades américaines et aux nombreux charmes qu’elles cachent sous leur aspect fruste. Personnellement, j’ai tout de suite été sous le charme du Nebraska et de Chet…

La partie policière de l’intrigue est très bien menée également. Nous n’avons que le point de vue de Stella tout au long du roman. Nous ne savons donc que très peu de choses sur sa mère ou sur son copain Reed, mais les réflexions de Stella qui évoluent au fil du temps nous apportent une vision très intéressante de l’intrigue. Surtout qu’il y a un secret dans le secret !

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Becca Fitzpatrick sait donc très bien mener sa barque et nous entraîne avec une facilité déconcertante dans cette nouvelle histoire. C’est un sans-faute, grâce à la force de ses personnages, même les pires d’entre-eux sont intéressants et crédibles… c’est justement cela qui fait peur…

Si vous voulez un bon thriller mâtiné de romance, c’est donc le roman idéal ! Vous serez immédiatement happé ! A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Chronique Jeunesse : Miss Pook et les enfants de la lune

Un roman jeunesse très étrange, presque trop, même si vous aimez le bizarre et l’inclassable !

On ne présente plus (si ?) Bertrand Santini, le papa du Journal de Gurty, de Hugo de la nuit, ou encore du Yark. Il revient cette fois-ci avec un conte plongé dans le Paris du début du XXème Siècle… mais en fait pas du tout ! Mais qui est donc Miss Pook ? Quel est son but ? Qui sont les enfants de la lune ? Quel est cet étrange dragon chinois en couverture ? L’ouvrage est paru aux éditions Grasset Jeunesse en novembre 2017.

Une gouvernante merveilleuse

Les parents d’Élise sont à la recherche de LA gouvernante parfaite, celle qui remplira son rôle et plus encore. Et Miss Pook remplit parfaitement cet office, elle est compétente, drôle, apporte de la fraicheur et de la vie dans leur morne quotidien… en bref, c’est une perle !

Jusqu’à ce qu’elle décide de manigancer et de faire croire des choses saugrenues et même terribles à Élise et ses parents… tout ça l’amenant à partir sur la lune ! Comment ? Pourquoi ? N’ayez crainte, tout vous sera expliqué dans ce premier tome de la série Miss Pook.

Un roman extrêmement original, parfois même un peu trop

Se plonger dans le Paris du XXème Siècle, c’est un rêve. L’ambiance, les habits de l’époque, les coutumes, tout concoure à nous émerveiller. Surtout quand le talent de l’auteur nous dépeint avec talent l’époque et son ambiance.

Alors, pourquoi Miss Pook et les enfants de la lune partait très bien mais qu’il m’a finalement semblé trop déluré ? Parce que ça part littéralement dans tous les sens. Sans vous dévoiler toute l’histoire, j’ai trouvé l’histoire trop foisonnante et décousue : on part sur la lune, on croise des faunes, des sorcières, on découvre des choses terribles, on rencontre également des extraterrestres… C’est franchement trop.

Même si Bertrand Santini réussit à justifier tout (assez bien je dois dire), j’ai trouvé que c’était bien trop brouillon. C’est dommage car l’ambiance de départ m’a énormément plu, mais ce qui est fait en milieu de roman enlève beaucoup de son intérêt à l’histoire.

La fin sauve un peu le tout, l’auteur trouvant effectivement une parade qui fonctionne, mais qui est trop rapidement développée. J’ai par contre beaucoup aimé la fin qu’il propose pour l’héroïne qu’est Élise.

C’est là que réside la force des écrits de Bertrand Santini, il s’autorise toutes les libertés pour malmener ses héros. Les rendant très sombres, désespérés même (comme dans Hugo de la nuit), et ça, c’est très plaisant car non consensuel.

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Alors, Miss Pook et les enfants de la lune est pour moi un roman intéressant même si il se perd franchement en milieu d’intrigue. C’est dommage car cette ambiance de début à la Mary Poppins me plaisait énormément, mais oubliez le côté gentil et merveilleux ! Place plutôt au bizarre et à l’étrange… sans oublier un soupçon de choses horribles. Le mélange fonctionne, c’est juste un peu trop fourre-tout et débridé comme roman. Il manque un liant qui aurait donné une vraie consistance à l’histoire selon moi. A découvrir dès l’âge de 10 ans (minimum).