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Chronique : L’élu de Milnor – Tome 1 – La fuite

l'elu de milnor 01 - la fuitePremier ouvrage de l’auteur française Sophie Moulay, l’Elu de Milnor est un roman de fantasy destiné à la jeunesse publié aux éditions Oskar Fantasy en janvier dernier, et c’est un premier tome.

Destiné à des lecteurs âgés entre onze et quinze ans, on y trouve tous les éléments de base qui font d’un livre qu’il est efficace : personnages à la fois identifiables et très marqués, intrigue classique mais originale en même temps, un début prometteur…

Dans le royaume fantastique de Milnor…

Ici vit le jeune Almus, l’Elu découvert par les Sages il y a plus de onze années et désigné par l’Oracle. L’Elu, sur la foi d’une prophétie est le seul être à pouvoir affronter l’Ennemi, une entité inconnue et mystérieuse.

Almus vit donc dans un cocon où il doit ingurgiter le plus de livres concernant toutes les formes de magie, la faune et la flore du Royaume et une foule d’autres choses encore.

Mais tout ne va pas se dérouler selon les plans des Sages, quand, lors de la démonstration annuelle des pouvoirs de l’Elu, ce dernier est désigné comme un imposteur : Almus n’est pas l’Elu, il n’est rien. C’est ainsi que rejeté par sa famille d’adoption, Almus quitte tout ce qu’il a connu pour partir rejoindre sa famille qu’il a si peu connu…

Un roman à la fois traditionnel et nouveau

Il est évident que des histoires d’élu dans la fantasy (et d’autres genres d’ailleurs), ça n’est pas nouveau. Mais ce qui est cocasse ici, c’est que l’Elu de notre roman, voit dès le début son destin basculer, et est révélé comme n’étant rien d’autre qu’un jeune homme ordinaire.

Cette approche différente (et un peu narquoise ?) des ficelles du genre donne tout son intérêt au livre. Car là on un croyais assister à une énième histoire, on se retrouve avec un ex-Elu errant. Et c’est ainsi que l’on part d’aventures en incidents : voyages en mer, brigands de toutes sortes croisés en chemin, créatures dangereuses, mais aussi amitié avec des personnages tous très attachants.

Petit à petit, Almus arrive à s’entourer de personnes aux personnalités et aux compétences très diverses : il y a Pil, le jeune ex-voleur, Noir-Cœur, l’apprenti assassin à l’humour mordant, mais aussi Mira, une jeune voyante. Je trouve que le personnage de Noir-Cœur est le plus intéressant de tous, sa noirceur et sa personnalité à la fois agréable en font quelqu’un d’intriguant… et de séduisant. Le jeune Pil, empli de vulnérabilité, touche la corde de la tendresse que l’on ne peut qu’avoir en découvrant un jeune garçon ayant eu une vie aussi cruelle : il a été vendu comme esclave par ses propres parents. La jeune Mira, quand à elle, est une jeune fille capricieuse mais intéressante, seul petit bémol en ce qui la concerne, je trouve son entrée dans le groupe un petit peu trop « artificielle », tout comme celle de Noir-cœur d’ailleurs. Leur venue est justifiée, mais de façon un peu trop expéditive.

Hormis cette petite remarque, l’Elu de Milnor est un bon livre pour initier à la fantasy. L’histoire est sympathique : ni trop classique,  ni trop originale. Les personnages sont identifiables sans soucis, et surtout la conclusion de ce premier tome est très bien pensée. Un ouvrage à conseiller aux jeunes dès onze ans qui veulent tester une « première lecture fantasy », et à ceux qui aiment déjà le genre.

Le second tome devrait voir le jour dans pas si longtemps, déjà écrit, et maintenant en correction sur le bureau de l’éditeur ; à suivre bientôt donc !

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Chronique comics : The Traveler – Tome 1

The Traveler 01Un super-héros complexe comme on les aime !

Présentée en juin dernier par les éditions Emmanuel Proust lors d’une conférence de presse, The Traveler est l’une des trois nouvelles séries imaginées par Stan Lee, qui a présidé dans les choix des scénaristes et dessinateurs. L’ouvrage français regroupe quatre comics américains.
Kronus, notre nouveau héros, est doté d’un pouvoir bien particulier et que beaucoup aimeraient posséder : malaxer le temps à sa guise.
Le scénario est signé Mark Waid. Il a travaillé chez DC Comics avant de passer chez Marvel. L’illustration est de Chad Hardin, qui a un nombre d’œuvres impressionnant à son actif.

Kronus, un nouveau héros Marvel

De Kronus, on sait peu de choses. Son pouvoir, faire évoluer le temps à sa façon, est à la fois très puissant et très limité. Il ne peut pas l’utiliser très longtemps, et seulement sur une courte période.
Ses ennemis sont également extrêmement puissants. L’un contrôle l’électromagnétisme, un autre peut désintégrer n’importe quelle matière.

Kronus n’est pas un super-héros comme les autres. Il recèle un côté sombre que les autres n’ont pas, ou alors de façon peu exploitée. Ce qui motive ce « super-héros », c’est justement la douleur et la noirceur. Il sauve des vies, mais on ne sait pas vraiment dans quel but. On devine une motivation moins altruiste qu’il n’y paraît, mais sans pouvoir en deviner plus.

Une intrigue folle

Au début, le lecteur se sent complètement perdu : certes, il y a un héros, des méchants (les split-second men – hommes apparaissant une fraction de seconde de façon aléatoire), des gens à sauver… mais où tout cela nous mène-t-il ?
Eh bien, cela nous mène loin, très loin, dans un scénario machiavélique très bien ficelé. Le manque de compréhension du début et la sensation d’être complètement largué par l’intrigue s’estompent au fil des pages pour donner une vue générale de la situation à faire froid dans le dos. C’est dans cette construction de mystères imbriqués les uns dans les autres que l’on reconnaît la touche qui séduit dans les Marvel et les comics en général.

Un crayonné dans le plus pur style des comics

The Traveler ne fait pas partie des œuvres qui innovent au niveau graphique et c’est très bien comme cela. Le dessin est bien fait, net, assez détaillé, même si parfois les traits des personnages ne sont pas toujours bien retranscrits d’une page à l’autre. Les couleurs sont quant à elles magnifiques, avec des dégradés fort esthétiques.

On se plonge à corps perdu dans ce comics à l’histoire et aux visuels de qualité. Ce nouveau héros Marvel est digne de prendre la relève. Espérons qu’il en soit de même pour les deux autres : Soldier Zero et Starborn, chez le même éditeur.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

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Chronique Jeunesse : Coup de gigot et autres histoires à faire peur

Coup de gigotNouvelles à chutes et crimes masqués

Cette petite anthologie de courtes nouvelles publiée aux éditions Folio Junior a pour thème les apparences trompeuses, en particulier chez la gent féminine. Cet ouvrage est souvent prescrit dans les classes de collège.

Ce livre contient quatre nouvelles :

  •     Coup de gigot
  •     Tous les chemins mènent au ciel
  •     La logeuse
  •     William et Mary

Toutes ces nouvelles ont une particularité ; elles se concluent toutes par une chute, c’est-à-dire une conclusion en général inattendue et souvent surprenante pour le lecteur, en particulier pour les plus jeunes.

Coup de Gigot : cette première nouvelle est un prodige de cynisme, elle est tout simplement drôle est géniale.

Tout commence par une femme aimante qui attend impatiemment son mari… et tout fini en un crime sordide… la femme a tué son mari d’un coup de gigot, et va tout faire pour masquer son crime à la police… Plein d’humour noir, ce récit est un vrai régal !

Tous les chemins mènent au ciel : Encore une fois, c’est l’histoire d’une femme qui va faire quelque chose d’impensable, elle-même ne s’en croyait d’ailleurs pas capable avant de le faire… elle qui avait tout pour être heureuse, ou presque. Une nouvelle géniale et une chute qui l’est tout autant.

La logeuse : S’il y a bien une femme plus dangereuse que les précédentes, c’est bien celle-ci. Cette logeuse un peu particulière n’a eu que deux clients en trois ans, et le potentiel troisième client n’a pas l’air plus interloqué que ça de l’apprendre… une fin pleine de non-dits, à imaginer par le lecteur lui-même.

William et Mary : Sans doute la nouvelle la plus étrange du recueil, et la seule qui relève du genre fantastique. William et Mary nous conte l’histoire d’un mari qui veut dépasser les limites matérielles du corps humain pour devenir immortel… et qui va plus ou moins y parvenir…

En somme, ce recueil de nouvelles à faire froid dans le dos est un vrai régal, à lire sans modération que l’on soit jeune ou adulte, peu importe. Roald Dahl est et restera un grand auteur pour tous les genres et les âges.

9/10

Chronique : 0.4

0.4Une bizarrerie littéraire qui ne laissera pas indifférent

0.4 est le premier livre de Mike A. Lancaster publié en France dans la collection Blast (collection pour ados des éditions Nathan), cet auteur a été inspiré depuis son enfance par des lectures telles que les voyages de Gulliver ou encore les voyages extraordinaires de Jules Verne, et c’est donc tout naturellement qu’il s’est tourné vers les littératures de l’imaginaire.

Quatre personnes hypnotisées et une foule d’interrogations

Ils sont quatre, deux adolescents et deux adultes à être hypnotisés lors du spectacle annuel de la petite ville de Millgrove (mille habitants). Et ce sont les seuls à percevoir les changements qui ont eu lieu pendant leur hypnose, les gens sont devenus « différents »… à moins qu’ils n’aient pas quitté leur état de transe hypnotique ?

Un récit court, précis, haletant

Ce roman est en fait le témoignage sur cassettes d’un des quatre individus hypnotisées : Kyle. On ne sait pas vraiment à quelle époque se situe son témoignage, ni d’où proviennent toutes les petites annotations qui complètent les paroles de Kyle.

0.4 insideTout ce qu’on sait, c’est qu’apparemment, il s’est passé quelque chose de grave lors de la petite fête du village, quelque chose qui transfiguré Millgrove excepté « Les Quatre ».

Les chapitres sont courts, et jouent à fond la carte du suspense avec un découpage qui donne envie de se jeter sur le prochain. Et le pire c’est que plus on avance dans l’intrigue, moins on y comprend quelque chose, et quand on commence à ne serait-ce qu’envisager les faits, il se dessine un schéma inquiétant pour le lecteur… (voir aussi image ci-dessous).

Vous l’aurez deviné, 0.4 fait partie de ces livres peu descriptibles dans les faits mais qui donne envie de s’y plonger. Lire 0.4, c’est modifier la vision de notre monde d’une façon complètement surprenante, un voyage dont on ressort changé.

La suite de ce roman est parue en langue originale sous le titre 1.4, mais il semble qu’elle ne sera jamais traduite en France…

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Chronique Jeunesse : Opération Trio – Tome 1 – Face aux gladiateurs

Operation Trio 01Une énième série historique pour la jeunesse…

Opération Trio est une nouvelle série destinée à la jeunesse à partir de 8-9 ans. Les quatre premiers tomes de la saga sont sortis en même temps le 16 juin dernier aux éditions Nathan.

Sur les traces du professeur Champollion…

Le professeur Champollion n’est autre que le grand père de Mina, une jeune fille passionné par l’archéologie, tout comme son grand-père. Mais depuis quelque temps déjà, le professeur ne donne plus signe de vie, Mina est certaine qu’il lui est arrivé quelque chose… mais quoi ?

C’est ainqi qu’elle part sur les traces de son grand-père, aidée par deux de ses camarades de classes : Mathis, amoureux secrètement de Nina, et Robin passionné de jeux vidéo. C’est ainsi que Mina, suivie de près par Mathis et Robin, va partir sur les traces de son grand-père et découvrir son plus grand secret…

Voyages temporels

Vous l’aurez compris, à chaque tome, nos héros se baladent dans une période de l’histoire bien spécifique. Dans ce premier tome il s’agit de l’époque des romains et de leur terribles Jeux de gladiateurs. A chaque voyage, ils sont investis d’une mission : récupérer un objet afin de le scanner pour le musée du grand-père de Mina. Tout cela en essayant de retrouver le professeur Champollion qui, semblerait-il, se serai perdu dans les méandres du temps.

Malheureusement, l’intrigue est quasiment inexistante, les voyages temporels étant un prétexte pour faire découvrir de façon légère mais plutôt ludique une période de l’histoire aux plus jeunes.

Ce que l’on peut reprocher à cette nouvelle série, c’est qu’elle n’apporte rien de nouveau au genre. Beaucoup ayant déjà traité les thématiques « jeunes enfants aventuriers », la plus connue de ces séries étant certainement La cabane Magique du côté historique, ou encore le Bus Magique, série qui elle apporte une approche scientifique.

Un début de saga un peu léger donc, qui pourra toutefois faire passer un bon moment aux jeunes lecteurs ayant soif d’aventure.

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Chronique : Skeleton Creek – tome 1 – Psychose

 skeleton creek 01Un bon livre  interactif et une histoire à faire froid dans le dos

Patrick Carman est un auteur américain très productif, en France, sa série Elyon, publiée aux éditions Bayard Jeunesse est la plus connue en France, mais ça va changer avec cette nouvelle série d’horreur destinée aux ados, chez Bayard Jeunesse également.

Skeleton Creek, Psychose est le premier tome d’une trilogie parue aux éditions Bayard Jeunesse. La particularité de cette série est d’être « interactive » : le lecteur devant se rendre sur internet pour voir des vidéos qui font partie intégrante de l’histoire. Destiné aux ados dès l’âge de 14 ans, la série mélange horreur, fantastique et lourds mystères traînés depuis des décennies dans la petite bourgade de Skeleton Creek.

Le mystère de la drague…

Skeleton Creek, une petite bourgade à priori sans histoires, mais son passé est moins reluisant qu’il n’en a l’air… à l’époque (une trentaine d’années auparavant), plusieurs employés de la drague (une mine d’exploitation d’or) sont morts dans d’étranges circonstances et il semble que le fantôme de l’un d’eux soit encore dans les parages.

C’est ainsi que Sarah Findcher et Ryan , deux adolescents vivant depuis toujours dans la ville, vont mener l’enquête. Indices, mystères, et frayeurs sont au rendez-vous… aussi bien entre les pages que sur les vidéos envoyées par Sarah à Ryan et, à nous lecteur.

Un concept, plus qu’une histoire

Il faut bien l’avouer, à la base, Skeleton Creek est de ce genre de livre qui plaît plus pour son concept que pour son intrigue, mais ce premier tome est loin d’être décevant.

L’intrigue et très bien fait, et le site de Sarah Findcher recèle de quantités d’indices que le lecteur assidu peux s’amuser à trouver. Quand aux vidéos de la jeune adolescente, elles complètent réellement l’histoire sans faire doublon, avec quelques passages vraiment flippants. Élément important, pour ne pas gâcher l’ambiance du livre, Skeleton Creek est à lire absolument entre 23h00 et 5h00 du matin, quand l’adrénaline et l’imagination sont au plus fort pour se faire peur, il vaut donc mieux éviter les lieux communs et la journée en général.

Difficile d’en expliquer plus sans en dire un peu trop, sachez juste que ce premier tome est une petite réussite et il vaut qu’on lui jette au moins un œil.

A l’image de Cathy’s book et de Prophétie, le maître du jeu (sortie en octobre 2011), Bayard conforte sa position d’éditeur qui aime prendre de nouveaux chemins éditoriaux. Et rien que pour cette prise de risque (le public ado étant difficile) merci, car les succès et les flops sont très difficiles à déceler.

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Chronique : La Société des S

PLAT1-<COUVHubbardLasocie te desSGF_Mise en page 1Un superbe roman de vampires qui sort des sentiers battus

La société des S est le premier roman d’une trilogie vampirique destinée aux ados, paru dans la collection Medium de l’Ecole des Loisirs. Son auteure, Susan Hubbard est d’origine américaine, c’est son premier roman pour adolescents traduit en France.

Une enfance surprotégée

Ari est une jeune fille de douze ans qui a une vie étrange comparées aux autres jeunes de son âge : elle suit des cours particuliers, lit couramment  plusieurs langues et peux soutenir sans problème une réflexion philosophique.

Elle n’a guère le droit de sortir, mais ça ne l’a jamais dérangée, son bonheur se trouve dans ses lectures et les moments silencieux qu’elle partage avec son père, un homme sombre, mystérieux très attaché à ses habitudes, elle n’a jamais connu sa mère qui a disparu mystérieusement.

Et puis Ari n’est pas si seule que ça, il y a Dennis, l’assistant de son père qui lui donne aussi des cours, ainsi que Mme Roots et Mme McGarrit, la femme qui s’occupe de la maison. C’est d’ailleurs cette dernière qui va demander à son père l’autorisation de « sortir » un peu Ari et de l’amener chez elle. C’est ainsi qu’elle se retrouve un soir chez Mme McGarrit et qu’elle découvre les bruits, les odeurs de la vie et surtout : d’autres personnes de son âge. C’est ainsi qu’elle va comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche dans Sa famille à elle…

A la recherche d’une identité

Ari se doute de plus en plus que son père a « quelque chose qui cloche », mais n’ose mettre un mot dessus. D’autant que ces investigations ne sont que les prémices d’autres, plus importantes.

Parallèlement à ses recherches, Ari s’épanouit, elle commence à sortir, se faire des amis : Kathleen, la fille de Mme McGarrit va devenir sa meilleure amie et elles feront les quatre-cent coups ensemble.

Cette recherche d’identité et de référents prend une très grande place dans le roman, car avant d’être un récit vampirique, La société des S est avant tout un livre qui cherche à explorer les chemins qui mènent à l’âge adulte. Les premières fois, la question de ses origines etc… d’une façon atypique et complètement captivante.

Une narration originale et bien construite.

Tout le récit est en fait le journal d’Ari, qu’elle destine à quelqu’un dont on ignore l’identité. Elle y conte ses doutes, ses nouvelles amitiés, émois, réflexions et les faits qui changent subrepticement sa vie.

Raconté comme un journal d’ado et ficelé comme un polar, la Société des S est un roman qui démarre d’une façon des plus atones pour monter crescendo dans la tension et les révélations.

Ce début de trilogie est un coup de cœur à ne pas manquer, aussi bien pour les ados que pour les adultes ce roman séduira les fans de vampires mais aussi et surtout les gourmands de bonnes lectures. La série continuera bientôt avec le second tome intitulé : Le temps des disparitions.

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

Chronique : Le passage de la nuit

le passage de la nuitUne magnifique incursion dans la littérature japonaise et dans l’imaginaire de Murakami

Haruki Murakami est l’un des écrivains japonais les plus lus dans son pays, mais aussi à travers le monde. Son œuvre, toujours teintée d’imaginaire, plonge souvent le lecteur aux frontières des genres où réalité et surréalisme se tutoient.

Murakami n’écrit pas seulement des romans, il les traduits : il a ainsi fait la traduction en japonais d’œuvre de John Irving ou encore Scott Fitzgerald. Le passage de la nuit est son onzième roman, écrit juste avant 1Q84, qui sortira à la fin du mois d’août prochain aux éditions Belfond.

Ebauches de vies croisées dans un tokyo nocturne

Minuit : tout commence dans un petit café-restaurant, à une table se trouve une jeune femme. Elle n’a rien de particulier, et pourtant le regard du narrateur omniscient du roman se fixe sur elle. Elle lit un gros livre, et rien d’autre autour d’elle ne semble la perturber : elle s’appelle Mari.

Un presque inconnu l’aborde, une connaissance de sa sœur, Eri. Et ça commence comme ça : des fils ténus se tissent entre les personnages, des liens que l’on croyait inexistants apparaissent rendant l’œuvre d’autant plus profonde, avec parfois un brin de moquerie et de cynisme quand au destin des personnages. Très peu d’êtres se croisent, mais ils sont d’une profondeur telle que l’on se plonge vite et à corps perdu dans cette histoire d’une nuit dans la capitale nippone.

Il y a donc Mari, la jeune fille du café, Takahashi, le jeune homme qui connaît la sœur de Mari : Eri (qui en étant le personnage le plus inactif est aussi le plus intéressant à mon sens). Il y a aussi Koorogi, la gérante un peu rustre d’un love-hotel comme il y en a des milliers à travers le pays. Et un dernier, que l’on découvre un peu plus tard.

Une caméra omnisciente pour narrateur

Chose étonnante dans cette œuvre ; son mode de narration pour le moins inhabituel. Le fait que le narrateur soit omniscient n’a rien de nouveau, mais le fait d’utiliser le vocabulaire du cinéma et des arts visuels pour expliquer les déplacements du narrateur : si. Tout au long du roman nous sommes une caméra qui fait ses zooms, change d’angle de vue…etc. et chose parfois frustrante, cette façon de voir impose de ne pas interférer sur le monde que l’on observe : c’est la règle d’or. Et cette obligation peut devenir frustrante pour le narrateur lui-même.

Cette façon de s’exprimer, qui peu sembler froide et distante au premier abord est en fait très humaine. Car la caméra s’attache peu à peu à ceux qu’elle observe, tout comme le lecteur.

Quand l’étrange s’en mêle

Bien entendu, le roman ne serait pas un vrai Murakami sans son soupçon de fantastique. Ce roman ne fait donc pas exception en insérant de petites touches d’extraordinaire et d’étrange dans des vies tout à fait normales mais sans jamais dénaturer l’histoire. Bien au contraire, le fantastique n’étant qu’une métaphore pour exprimer le ressenti de certains des personnages.

En ce qui concerne la fin du roman, elle pourra sembler étrange à certains, mais personnellement, je la trouve adéquate et plutôt réussie.

Vous l’aurez aisément deviné, j’ai adoré cette incursion dans le monde fantasque et onirique de Murakami qui pour moi fut une première. Pour ceux qui ne s’y sont pas encore essayé, c’est l’occasion, d’autant plus que le passage de la nuit est un court roman qui prend vite de l’ampleur, tant au niveau de l’évolution de ses personnages que de son intrigue. Prochaine chronique concernant Murakami : Les amants du Spoutnik.

 9/10

Chronique : La cité de l’ombre – Tome 4 – Le diamant des ténèbres

la cité de l'ombre 04 - le diamant des ténèbresRemember, the city of Ember…

Quatrième et dernier tome de la série de Jeanne DuPrau paru en juin dernier aux éditions Folio Junior, le Diamant des ténèbres nous emmène à nouveau sur les traces de Doon et Lisa, quelques mois après le peuple d’en haut. Cette fois encore, les deux jeunes gens partent en quête de réponses sur leur monde, son passé et surtout son devenir.

Un manuscrit étrange

Tout commence avec une itinérante de passage dans la ville de Sparks : miséreuse et sans presque rien à échanger, son étal est triste à voir, elle possède si peu de choses qu’elle se voit obligée d’écourter la vente. Mais Doon aperçois un livre dans la carriole de l’itinérante et demande quel est son prix, cette dernière le lui cède pour bien peu au vu de sa valeur. Le titre de ce mystérieux livre : Pour les habitants d’Ember. Doon va alors tout faire pour déchiffrer le livre, ou plutôt ce qu’il en reste, c’est-à-dire moins d’une dizaine de pages.

De retour dans la ville souterraine

Il devient clair que le livre découvert par Doon oblige à retourner dans l’ancienne citée, mais comment y retourner sans alerter les adultes ? Doon fait part à Lisa de sa découverte et la convainc de l’accompagner à Ember, pour le meilleur et pour le pire. Mais évidemment, la quête ne va pas se dérouler sans anicroches et Ember a bien changé en quelques semaines sans lumières…

Une intrigue un peu trop redondante ?

Comparé aux tomes précédents, Le diamant des ténèbres possède une intrigue moins intéressante. On retrouve les mêmes mécanismes qui avaient fonctionnés avec la Cité de l’ombre sans quasiment aucune nouveauté, c’est dommage. Bien sûr il y a de nouveaux personnages qui apportent un petit plus à l’intrigue, mais rien de franchement nouveau ne survient dans l’histoire en général. On a même parfois affaire à des passages un peu longs qui cassent le rythme du livre.

Autre petit point noir dans ce roman, le ton un peu trop positiviste et plein de bons sentiments poussés parfois jusqu’à l’extrême pour certains personnages.

Mais ce dernier tome ne nous laisse tout de même pas en reste au niveau des révélations, car on saura enfin ce qu’a découvert Monsieur McCoy, un personnage du troisième livre, l’oracle de Yonwood, ou encore quel est ce mystérieux diamant des ténèbres, et enfin quelle est donc cette ville magnifique que voit Lisa en rêve depuis des années… et quelques autres choses encore.

Ce dernier tome est donc assez inégal, il est à lire pour avoir le fin mot de l’histoire, et non pas pour son intrigue qui est assez légère.

En conclusion, la quadrilogie post-apocalyptique de Jeanne DuPrau vaut le détour, c’est un énorme coup de cœur, en ce qui concerne les trois premiers tomes, complètement immersifs. Il n’y a plus qu’à espérer que d’autres ouvrages de l’auteure verront le jour en France, c’est tout le mal que l’on lui souhaite !

Chronique Jeunesse : La cité de l’ombre – Tome 3 – L’oracle de Yonwood

la cité de l'ombre 03 - L'oracle de YonwoodRetour vers le passé

Après la Cité de l’ombre et Le peuple d’en haut, la série de Jeanne DuPrau continue avec l’oracle de Yonwood, troisième tome de la série. Mais cette fois ci, ce n’est pas Doon et Lisa (les héros précédents) que nous croiseront car l’auteur nous emmène des centaines d’années précédant les deux tomes et avant le « Grand Bouleversement ».

Dans la petite bourgade tranquille de Yonwood…

Yonwood est une petite ville des Etats-Unis sans prétention aucune. Elle possède son église, son école, son quartier pavillonnaire… et son oracle. En effet, depuis quelques mois déjà, une femme a des visions de fin du monde. Beaucoup des habitants de Yonwood croient que ce qu’elle voit est l’avenir et suivent à la lettre les « instructions » de l’oracle pour éviter que ses visions d’apocalypse ne deviennent réalité.

Et pour cause, le climat du monde actuel est tout sauf rassurant : on parle d’une possible guerre contre la Phallange, un mystérieux réseau de groupes faisant pression sur les gouvernements du monde entier…

De plus en plus d’avions de combats sillonnent le ciel en prévision d’un affrontement, le climat est à la méfiance ; même les connaissances les plus proches suscitent le doute.

C’est dans ce climat de tension que débarque la jeune Nickie dont la tante va vendre la maison familiale située à Yonwood suite au décès de sa grand-mère. Mais la jeune fille ne l’entend pas de cette oreille ; elle veut tout tenter pour faire changer d’avis sa mère et sa tante pour ne pas vendre la maison de famille, et pourquoi pas, y vivre.

Un huis clos à la dimension d’une ville

En arrivant à Yonwood, Nickie s’est fixé trois buts dans la vie :

  • –          Garder à tout prix la maison familiale.
  • –          Trouver le grand Amour.
  • –          Faire quelque chose de bien pour l’humanité.

Trois objectifs et peu d’occasions d’en réaliser ne serait-ce qu’un seul. Au fil des jours Yonwood est une ville qui se replie de plus en plus sur elle-même : les « étrangers » à la ville sont soupçonnés des moindres maux, et ceux qui en font déjà partie font tout pour rester « dans le rang », c’est-à-dire à écouter les étranges instructions de l’Oracle, interprétée par la très religieuse Mme Beeson qui participe activement à l’accomplissement des demandes de l’Oracle.

Une dimension psychologique à grande échelle encore très présente dans ce tome, et ce pour le plus grand plaisir des méninges du lecteur qui lui aussi se monte des hypothèses plein la tête.

Le fait d’avoir fait un roman se déroulant quelques centaines d’années avant l’époque de Doon et Lisa apporte de nouveaux éclaircissements à l’intrigue générale de la série. Certains débuts de réponses apparaissent… et beaucoup de nouvelles questions aussi.

Une chronologie originale faisant de ce roman un des meilleurs de la série, aussi bien pour ses révélations que pour son atmosphère magnifiquement retranscrite.

Le dernier tome, Le diamant des ténèbres, nous fera retrouver Doon et Lisa et bouclera la série.

9/10