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Chronique : Comme des fantômes

comme des fantomesUn faux ouvrage posthume sauvé des flammes…

Fabrice Colin, auteur français très prolifique (surtout dans le domaine fantastique) notamment connu pour ses romans adultes : Confessions d’un automate mangeur d’opium, Le syndrome Godzilla, et également pour ses romans jeunesse : la série Les étranges sœurs Wilcox, ou encore le Projet oXatan.

Comme des fantômes, précédemment publié aux éditions des Moutons Electriques, et maintenant publié en poche aux éditions Folio SF, est une compilation d’idées, de nouvelles, dont certaines épuisées, et fait aussi office de faux ouvrage posthume.

Dans le monde foisonnant et déconcertant de Fabrice Colin

Difficile de parler de ce recueil si abondant de nouvelles et dont chacune a son univers propre. On passe du steampunk, à l’histoire vampirique tout en faisant un détour par le fantastique et la fantasy urbaine. On croise aussi de courts textes ainsi que des dialogues, réels et fictifs, sur la vie passée de Fabrice Colin, ses relations avec les autres auteurs, les éditeurs.

Beaucoup de genres et de styles se confondent pour donner un recueil intéressant et surtout très hétéroclite. Nous n’allons évidemment pas traiter de toutes les nouvelles contenue dans ce livre, car elles sont très nombreuses (plus d’une vingtaine), mais uniquement de celles qui sont, selon moi, les plus marquantes et les plus appréciables.

Intervention forcée en milieu crépusculaire est sans doute la plus poétique des nouvelles, mais aussi la plus étrange. Le lecteur se retrouve plongé dans un monde mourant, pourrissant, coincé avec le personnage principal dans une pièce où s’affrontent du regard deux hommes inspirés des héros de Jules Verne. Etrange, direz-vous… et vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Passer la rivière sans toi, nouvelle aux échos féeriques très touchants séduira par son écriture intimiste. Elle nous raconte l’histoire d’une jeune femme vivant à New York qui a des ascendances féeriques. Tiraillée entre ses origines et le monde où elle a toujours vécu, la jeune femme trouvera un moyen de concilier (douloureusement) les deux. Magnifique.

Arnastapi, très belle nouvelle sur l’oubli et la maladie est aussi un beau clin d’œil à l’œuvre de Caroll, car la vieille Miss Liddell n’est autre qu’Alice, et son chat semant des sourires dans toute la pièce est bien plus qu’un simple matou… mais Miss Liddell a tout oublié, hormis certains épisodes de sa jeunesse.

Seul témoin de la longue descente d’Alice : le jeune homme qui la garde et qui prend soin d’elle et dont elle écorche en permanence le nom. L’écriture de cette nouvelle est simple, percutante, empreinte d’une triste et douce poésie.

« Je pose mes lèvres sur sa peau. J’ai l’impression d’embrasser un vieux livre ».

Vous l’aurez remarqué, ce recueil de nouvelles est rempli d’hommages à des classiques de la littérature, Alice au pays des merveilles, Jules Verne ou encore Peter Pan, Fabrice Colin se joue des codes et des références.

Mais vous trouverez aussi nombre de récits « originaux » tels que Retour aux affaires, une histoire de fantômes et d’arnaques bien tournée et d’autres histoires étranges dont une vampirique très réussie.

Alors, bien sûr, parmi la vingtaine de nouvelles que contient Comme des Fantômes, tout n’est pas bon à prendre, mais la majorité des écrits qui nous sont offerts ici sont plaisants et feront passer un très agréable moment à tout amateur de fantastique et de belle plume.

Cette chronique a été réalisée pour la site ActuSF

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Chronique : L’épouse de bois

L'épouse de boisEntre poésie, nature et féérie…dans les terres arides et hypnotiques de l’Arizona

Premier roman (et pour le moment le seul) de Terri Windling paru en France, l’épouse de bois était sorti en 2010 aux éditions les Moutons électriques dans la collection La bibliothèque Voltaïque avant de sortir en poche en juin dernier chez Le livre de poche.

Loin d’être uniquement écrivain et anthologiste, Terri Windling est aussi dessinatrice, peintre et directrice littéraire. Elle travaille également sur des ouvrages concernant la féérie en collaboration avec le couple Brian et Wendy Froud.

Une mort inexpliquée

Tout commence à Tucson, dans l’Arizona à la frontière du Mexique, où le célèbre (et fictif) poète Davis Cooper vient de trouver la mort dans d’étranges circonstances. C’est ainsi que l’auteure Maggie Black hérite bien malgré elle de la maison de l’écrivain, qu’elle n’avait connu que de façon épistolaire… elle décide alors de s’atteler à une tâche titanesque : réaliser la biographie de cet homme qui a été son père spirituel.

S’installer dans la dernière demeure du poète deviens donc une évidence pour Maggie pour s’imprégner de la façon de penser de Cooper avant qu’il ne quitte cette terre de façon si abrupte.

brian froud 01Un roman fantastique aux échos réalistes

Beaucoup des éléments qui constituent L’épouse de bois sont réels ou tout du moins très inspirés de la vie de l’auteure. Terri Windling vit entre l’Angleterre et Tucson (dans l’Arizona), tout comme le personnage central du roman : Maggie Black.

Et tout comme son personnage, l’auteur entretien un lien très fort avec les arts aussi bien littéraires que visuels.  L’illustrateur féérique Brian Froud, (ami de Terri Windling dans la vraie vie), trouve lui aussi sa place dans cette fresque placée entre nature et imaginaire. Cette relation fusionnelle qu’entretien ici l’homme avec la nature est d’une importance capitale pour apprécier l’œuvre dans son entier.

Une autre vision de la fantasy

L’épouse de bois est typiquement le genre de roman qui redonne un souffle de vie au genre de la fantasy. Bien loin des quêtes épiques et des créatures mythiques, on entre dans un univers feutré, mystérieux empli d’une beauté bien souvent silencieuse.

Cette vision d’une fantasy naturaliste fait penser au roman de Robin Hobb, Le dieu dans l’ombre, également centré sur la beauté de la nature, sa façon de nous envouter et de nous amener à croire en des créatures évanescentes, fuyantes mais également dangereuses…

Autant le dire tout de suite, l’intrigue de la mort de Davis Cooper passe très vite au second plan, car la raison d’être de ce roman, ce sont ses descriptions foisonnantes de paysages mythiques, de collines rougeoyantes sous le soleil du soir… et on est servis, une fois l’épouse de bois terminée, les grands espaces désertiques décrits tout le long sont comme un appel des sirènes… Le rythme d’écriture est donc assez lent (parfois trop), mais on passe vite outre pour laisser place à une rêverie continuelle.

L’épouse de bois n’est pas un roman de suspense, ni même un roman de fantasy comme on l’entend habituellement, mais il est de la trempe de ceux qui marquent durablement les esprits. Espérons que cette première incursion dans le monde féérique de Terri Windling donne envie aux éditeurs français de nous offrir d’autres occasions de la découvrir.

7.5/10

TRANCHE d´ÂGE :

Notre-Dame de Paris : le nouveau Benjamin Lacombe sortira le 30 Novembre.

Notre dame de Paris LacombeA chaque fin d’année, l’illustrateur français Benjamin Lacombe nous fait le plaisir de sortir une nouveauté, qui bien souvent est une petite merveille encore plus belle que la précédente.
Souvenez-vous, l’année dernière, nous avons eu droit à sa réinterprétation de Blanche-Neige qui fut une très belle réussite, puis l’année d’avant La mélodie des Tuyaux, qui même s’il n’a pas rencontré le même succès, était une très belle réussite, Olivia Ruiz avait d’ailleurs participé à la réalisation de la partie musicale de l’ouvrage.

Et cette année, c’est du très beau qui sortira en librairie à partir du 30 novembre : Notre Dame de Paris, œuvre magistrale de Victor Hugo en texte intégral (en deux partie, la première en novembre, le seconde dans quelques mois), relié, avec plus d’une cinquantaines d’illustrations pour 600 pages au total. Le format devrait être similaire à celui des contes macabres (format comics, pour vous donner une idée).

Un très beau livre de fin d’année qui plaira aux très grands et qui fera partie des cadeaux incontournables des fêtes de noël.

Mise à jour de l’article : Depuis l’incendie de la Cathédrale Notre Dame du lundi 15 avril 2019, les différentes versions de l’ouvrage de Benjamin Lacombe sont actuellement en rupture (les deux tomes parus initialement et l’intégrale). Pour découvrir les magnifiques planches de l’illustrateur, il vous faudra patienter…

La magnifique version intégrale de Notre Dame de Paris par Lacombe dans la collection Métamorphose.

Chronique : Les aventures d’Alice au pays des merveilles aux éditions Grasset illustré par Nicole Claveloux

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  • Edition : Grasset Jeunesse
  • Illustrateur : Nicole Claveloux
  • Traduction : Henri Parisot 
  • Type : Album jeunesse
  • Date de sortie : 1974
  • Prix : anciennement 22.60 €, livre épuisé devenu un titre de collection – nouvelle édition disponible depuis le 23 octobre 2013.
  • Isbn : 9782246001386

Cette magnifique édition d’Alice anciennement éditée chez Grasset et Fasquelle en 1974 est désormais épuisée, il s’agit désormais d’un ouvrage de collection, alors si vous en possédez un, conservez-le précieusement.

Les illustrations signées Nicole Claveloux sont d’une finesse et d’un détail tout à fait splendides. Une partie des œuvres sont en bichromie, et certains sont en couleurs chatoyantes. Le noir n’est guère utilisé : le texte est en marron foncé, et les illustrations sont des nuances de marron. Les dessins, de type surréaliste, servent magnifiquement l’œuvre, Nicole Claveloux a su brillamment mettre son art au service du texte, captant tout l’onirisme du roman, mais aussi toute sa bizarrerie.

La mise en page du livre est elle aussi originale : chaque titre de chapitre est positionné sur la gauche, à la verticale, laissant toute la place au texte. Autre remarque intéressante à faire sur la mise en page, la taille des marges centrales qui sont extrêmement larges, repoussant le texte jusqu’au bord du papier.

Enfin, comme souvent, la traduction du texte est celle de Henri Japrisot, elle est reprise dans son intégralité pour cet ouvrage.

Je trouve personnellement que cette version d’Alice est une des plus belles à avoir, autant pour son côté visuel, que pour originalité dans sa présentation, en tout cas, tout collectionneur féru d’Alice se doit de le posséder.

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Chronique : Moi, Jennifer Strange, dernière tueuse de dragons

Moi jennifer strange derniere tueuse de dragonsDernier roman pour ados paru dans la collection Territoires paru en juin, Jennifer Strange est le petit dernier de l’auteur anglais et un peu fou Jasper Fforde.

L’écrivain, plus connu pour sa série pour adultes de cinq livres Thursday Next chez 10/18 avec l’affaire Jane Eyre ou encore Sauvez Hamlet !, s’essaye maintenant à la littérature pour un public plus jeune mais qui plaira tout autant aux plus grands.

Dans un monde où la magie se meurt…

Jennifer Strange, orpheline et directrice suppléante d’un des derniers établissements de magie l’Agence d’Arts Mystiques Kazam va voir son destin légèrement bouleversé. En moins d’une semaine, elle va connaître plusieurs demandes en mariages, aura des t-shirt et des mugs à son effigie, sera élue femme de l’année par Mollusque-Dimanche et bien d’autres choses encore…

L’univers dans lequel évolue notre héroïne ressemble beaucoup à celui que nous connaissons, à la différence près que la magie existe, même si celle-ci tend à disparaître.

Pour survivre, l’établissement que gère Jennifer est obligé d’effectuer des travaux de réparation par magie ou encore des livraisons de repas à domicile par tapis volant pour maintenir à flot l’Agence des Arts Mystiques, véritable refuge pour les derniers magiciens du pays.

C’est ainsi que dans ce monde des plus banals, l’existence et le sens de la vie de Jennifer vont changer grâce à une mystérieuse prophétie.

Délicieux, mordant, indispensable

Jennyfer Strange, dernière tueuse de dragons peu sembler très banal dans sa quatrième de couverture ou dans son illustration de couverture mais on est bien loin des classiques de la fantasy traditionnelle.

Jasper Fforde prend ici un malin plaisir à s’approprier les ficelles du genre tout en recréant un univers passionnant. A la fois critique de la société actuelle (pression et pouvoir des médias, guerre pour les richesses…) et parodie de la fantasy, Jennifer Strange est un petit bijou inattendu et rafraichissant.

Rempli de répliques cultes, telles que l’explication du nom de l’épée Exorbitus, ou la rencontre du sortilège centenaire de « l’élan transitoire », ou encore la découverte des Quarkon, créatures étranges et mystérieuses fort attachantes, il est difficile de ne pas être séduit par un humour aussi mordant et décalé.

Une chronique serait trop courte pour vous décrire la richesse de cet univers et son fonctionnement. Le mieux, c’est de le lire, de se faire son propre avis, car c’est un livre qui vaut le détour.

–          Comment as-tu été choisi pour Kazam ?
–          J’ai passé un examen avec cinq autres garçons, a répondu Grizz.
–          Et alors ?
–          Je l’ai raté.

Chronique : Krotokus 1er, Roi des animaux

Krotokus 1erUn livre dont le lectorat reste à définir…

Caryl Férey est un auteur français spécialisé dans le roman policier. Il a remporté beaucoup de prix littéraires dont le Prix du roman noir du Nouvel Observateur, le Grand prix des lectrices Elle ou encore le grand prix du Roman Noir Français pour son roman Zulu aux éditions Folio Policier.

Cette fois, Caryl Férey s’attaque à la littérature jeunesse avec Krotokus Ier, illustré par Christian Heinrich (dessinateur des P’tites Poules) aux éditions Pocket Jeunesse.

Krotokus, un roi-tyran

Le roi Krotokus règne en maître sur la petite île de Croland, de façon tyrannique et injuste, il exploite le peuple pour le servir lui et uniquement lui, il n’a de respect pour personne, et encore moins pour son fils, Pupus. Mais le peuple commence à gronder et ose même revendiquer des droits, Krotokus décide alors de faire marier son inoffensif fils Pupus et de le faire nommer roi pour calmer l’opinion publique. Mais bien sûr, Krotokus tiendra les ficelles du pouvoir dans l’ombre…

C’est pourquoi ce dernier doit trouver au plus vite une princesse à marier pour Pupus et c’est choisi, ce sera la princesse Papillon (une Danaïde), la seule à avoir accepté l’offre de mariage. Mais malheureusement, cette dernière va être enlevée par des hyènes, qui veulent retourner la monarchie en place… c’est là qu’intervient le renard Goupille, envoyé par Krotokus pour sauver la princesse.

Un livre jeunesse destiné à tout sauf à des enfants

L’idée de créer un archipel d’îles où chacune d’entre elles recèle un système politique différent été excellente (ça a même un léger petit côté One-Piece fort plaisant), mais son écriture est loin d’être adaptée à un jeune public.

Pocket a pris des risques en publiant Krotokus dans sa collection jeunesse, car c’est un roman qui véhicule selon moi des idées plus que limite : moqueries concernant la population homosexuelle, aprioris sur le physique… on peu rire de tout, mais pas avec tout le monde, et je trouve que le public si particulier que sont les enfants n’ont pas « les clés » adéquates pour lire un tel livre.

Après, peut-être faut-il prendre cet humour au énième degré, mais je trouve que même en tant qu’adulte il est difficile de rire des blagues vaseuses écrites ici quand on les sait destinées à des enfants.

Tout cela sans parler des nombreuses ambiguïtés concernant le renard Goupille, qui passe son temps avec ses poules et qui, je cite : « [Goupille] adorait les caresses » ;

Le vocabulaire utilisé non plus ne colle pas vraiment à la cible des 9-11 ans, on a droit à gros mots, vocabulaire insultant et moqueries gratuites concernant les plus faibles avec des « Pousse-toi la grosse » quand certains parlent à la vache Pâquerette. Charmant.

Pour illustrer mes propos, voici selon moi, l’un des pires extraits du livre : « Sheba ayant refusé de lui donner des héritier dignes de ce nom, Krotokus avait assouvi son devoir conjugal parmi les lionnes de son harem, qu’il terrorisait avec passion. Plusieurs lionceaux étaient nés de ces unions forcées, mais aucun n’avait survécu : Krotokus en avait dévoré la moitié, les mals foutus surtout, les autres étaient pour ainsi dire mort-nés ».

…..

Vous l’aurez deviné, Krotokus Ier est loin d’être un livre que j’ai aimé, trop malsain, parfois hors de propos pour les enfants, l’humour satirique de Caryl Férey est loin d’avoir fait mouche. A lire par les adultes pour se faire sa propre opinion, mais à ne pas mettre entre les mains des enfants à mon humble avis.

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Chronique Jeunesse : Alice au pays des merveilles – un Pop-up aux éditions du Seuil par Sabuda.

Alice Seuil

Fiche signalétique :

  • Edition : Seuil Jeunesse
  • Illustrateur : Robert Sabuda
  • Traduction : Henri Parisot (extraits)
  • Type : Album Pop-up, livre jeunesse.
  • Date de sortie : 2 novembre 2004
  • Prix : 30€
  • Isbn : 9782020678513

Voici le premier ouvrage qui ouvre le dossier consacré à Alice au pays des merveilles, et pour son côté exceptionnel, il méritait d’ouvrir le bal.

Ce livre pop-up d’alice au paux des merveilles est tout simplement un indispensable, que l’on soit fan d’alice ou non. Réalisé par Robert Sabuda, réputé pour ses magnifiques livres animés (les magnifiques pop-up de Peter Pan, du magicien d’Oz, ou encore l’encyclodino, c’est lui).

Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est un livre pop-up, c’est très simple, il s’agit d’un ouvrage qui quand il est ouvert, découvre une scène en volume (voir photos ci-dessous), faisant du livre un objet, une œuvre. On y trouve des pliages habillements travaillés, des animations à l’ouverture des pages (personnages qui bougent, mouvement des yeux, etc…).

alice seuil photos (4)Alors, bien entendu, il ne s’agit pas du texte intégral d’Alice, mais d’extraits adaptés au format pop-up assez contraignant : peu de pages et un livre rapidement épais. Ces extraits sont tirés de la traduction d’Henri Parisot. Un texte très court donc, mais qui n’est pas l’intérêt central du livre de toute manière, car évidement, c’est pour ses magnifiques pliages qu’il mérite le détour.

Chaque page contient un pop-up de grande envergure ainsi que des petits volets sur les côtés contenant le texte avec à l’intérieur de ces volets, de minis animations en pliages. De plus, certaines animations et personnages sont recouverts d’un fin duvet doux. Ainsi, le chat du Cheshire (photo ci-dessous) et d’autres personnages en sont recouverts.

Parmi les scènes animées marquantes, il y en a surtout deux à retenir : le moment où Alice est coincée dans la maison du lapin blanc quand elle est géante. Ce pop-up est extraordinaire à voir quand il se déplie pour rendre la scène dans son entier. On peux y voir les yeux d’Alice à travers les fenêtres, et même le papier peint à l’intérieur de la maison. La seconde « scène » incontournable de ce livre est le final : l’arc-en-ciel de cartes qui tourne autour d’Alice. Il y a moins de travail que sur la maison du lapin blanc, mais l’effet n’en reste pas moins saisissant et magnifique.

Adapté dès l’âge de sept ans, cette version d’Alice est à avoir dans sa bibliothèque, que l’on soit adulte ou non, pour sa beauté aussi bien au niveau des illustrations que des animations.

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Photos : Bibliothèque de Glow : tous droits réservés

Nouveauté jeunesse : Moi, c’est blop ! Le nouveau Hervé Tullet sortira bientôt !

Moi, c'est blopHervé Tullet, auteur-illustrateur pour la jeunesse revient très bientôt aux éditions Bayard Jeunesse (le 6 octobre) avec un nouvel ouvrage : Moi, c’est Blop ! Précédemment publié aux défuntes éditions Panama en 2006, le livre connaît une seconde vie. Aussi drôle et inventif que les livres précédents, cet album destiné à des enfants dès l’âge de un an et demi, deux ans. Mais qu’est-ce qu’un blop ? ou vit un blop ? et à quoi ça ressemble ?

Entre la fleur, le papillon ou la simple tâche, un blop, c’est tout ça à la fois et bien plus encore. Ce que nous propose Hervé Tullet dans ce nouvel album, c’est de partir à la découverte du monde des blops, qui a ses propres villes, musées, etc… Encore une fois, Moi, c’est blop devrait être un bon Tullet, à la fois histoire drôle et ludique mais aussi jeu pour les plus jeunes.

Le format du livre n’est pas « traditionnel », comme vous pouvez le constater sur l’image ci-dessus, il est un peu « biscornu », et c’est voulu ! Et si vous ne connaissez pas encore Hervé Tullet, il faut vite réparer ça en vous penchant sur certains de ses ouvrages incontournables : Un livre, chez Bayard Jeunesse ; Batailles de couleurs, chez Bayard également, qui est une sorte de livre-jeu-coloriage, sans oublier sa nouvelle collection de livres tout-carton pour les tout petits chez Phaidon qui sont vraiment très réussit.

Note : Sur le site d’Hervé Tullet, vous trouverez un petit court métrage très drôle concernant les Blops, mais aussi une foule de jeu à faire avec les petits sur un pc, n’hésitez pas à y aller, c’est ludique, c’est mignon, que dire de plus ?

Site d’Hervé Tullet : http://tullet.free.fr

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Chronique : Waterloo Necropolis

Waterloo NecropolisL’Angleterre victorienne, sublime, cruelle.

Dans cette rentrée littéraire jeunesse, il y a de très bon crus, et Waterloo Necropolis en fait partie. Après la trilogie de la maison du magicien parue aux éditions Gallimard Jeunesse (le dernier tome paraîtra en septembre), puis la messagère de l’au-delà aux éditions les Grandes Personnes, Mary Hooper revient avec un nouveau roman historique à l’époque victorienne : Waterloo Necropolis, paru lui aussi aux éditions les Grandes Personnes.

Habituée à nous peindre des portraits de jeunes femmes combatives avec qui la vie n’a pas été tendre, et ce dans une époque peu propice à l’épanouissement de la gent féminine, Mary Hooper signe ici encore un portrait d’un magnifique réalisme.

Deux orphelines sans le sous

Londres, 1861. Grace et Lily sont sœurs, et surtout pauvres. En plus de cela, Grace vient d’accoucher d’un enfant mort-né, une épreuve supplémentaire dans la vie déjà bien cruelle des jeunes filles, dans la capitale londonienne, elles tentent de survivre en revendant sur le marché du cresson, mais c’est à peine si elles arrivent à se loger, et pas toujours à se nourrir.

Mais le hasard va se mêler de la vie dure et impitoyable des deux jeunes filles en leur faisant croiser la famille Unwin, spécialisée dans le commerce des morts (les pompes funèbres) pour le meilleur et pour le pire…

Un magnifique portrait d’époque pour un récit palpitant

L’intrigue concoctée par Mary Hooper commence de façon très abrupte pour ne plus nous lâcher jusqu’à la fin. Waterloo Necropolis fait partie des romans qui se lisent d’une traite et qui peuvent causer des nuits blanches, tellement elle rend avide d’en avoir la conclusion.

Entre roman d’intrigue et documentaire historique, on ne peut qu’être séduit par la plume de l’auteur : la description de la Londres de l’époque est si foisonnante de détails, d’anecdotes, que l’on s’y croirait.

On apprend ainsi que L’express funéraire Nécropolis a été créé à la base pour endiguer le flot de morts ayant eu lieu à Londres en 1840 à cause d’une épidémie de choléra, il ainsi fallut régler le problème de la place dans les cimetières en utilisant un terrain assez éloigné de la capitale. Mais ce n’est pas la seule chose qu’on y apprend, la dureté de la vie à cette époque y est elle aussi bien expliquée, ainsi que les différentes classes de la société et leur fonctionnement.

C’est ce réalisme, cette force dans les personnages qui nous happe dans ce roman. On ne peux qu’avoir la gorge nouée à suivre les déboires des deus sœurs, car l’une des grandes forces de Mary Hooper, c’est sa capacité à nous investir dans la vie de ses personnages : leur malheurs sont les nôtres, leur tristesse aussi.

Attention toutefois sur l’âge auquel lire ce livre, je ne le conseillerais pas avant les alentour de 14-15 ans, pour cause de scènes parfois un peu difficiles sur le plan moral.

En conclusion, Waterloo Necropolis est un excellent roman, tant sur le plan de l’histoire que de la découverte d’une époque souvent traitée dans les romans mais pas toujours très documentée. Un bel hommage à la littérature anglaise et à ses grandes figures, telles Dickens.

Note : L’illustration de couverture signée Pierre Mornet est des plus parfaites pour retranscrire l’ambiance du roman. C’était d’ailleurs lui qui avait également fait la couverture du précédent roman de Mary Hooper chez les Editions des Grandes Personnes : La messagère de l’au-delà.

Chronique : Qu’a-t-elle vu, la femme de Loth ?

Qu'a t-elle vu la femme de Loth 00Inattendu et inclassable de bout en bout

Premier roman paru en France de l’auteure grecque Ioànna Bourazopoùlou paru aux éditions Ginkgo en juin dernier, Qu’a-t-elle vu la femme de Loth ? est un roman post-apocalyptique qui nous fait le portrait d’un monde complètement défiguré. L’Europe du Sud et le Proche-Orient ont étés engloutis, et la ville de Paris est devenu un port méditerranéen…

Selon la Bible, la femme de Loth aurait désobéit au commandement de Dieu, qui lui aurait demandé de ne pas se retourner lors de la destruction de la ville de Sodome, mais cette dernière n’a pas pu résister à sa curiosité, et pour cela, Dieu l’a punie en la changeant en statue de sel. Cette référence religieuse est utilisée tout le long du livre par la Compagnie comme outil publicitaire pour vendre son sel violet, mais cette référence culturelle ne nécessite pas une culture religieuse particulière.

Une terre dévastée et une société basée sur le commerce du sel violet

Depuis le cataclysme ayant inondé une grande partie de la terre, un sel violet aux propriétés étranges jaillit de la terre, faisant la richesse d’une société toute-puissante et mystérieuse : Les Soixante-Quinze. Les propriétés de ce sel violet rendent très dépendant, le rendant indispensable à tout être vivant dans cette société aux allures de fin du monde.

Dans un endroit inconnu, se trouve la Colonie, lieu où est exploité le sel violet. Toutes les personnes qui y vivent sont des salariés de la Compagnie (les Soixante-Quinze). Dans la Colonie, l’utilisation de l’essence est prohibée, détériorant la qualité du sel. Les habitants ont les poumons remplis de sel et de sable et son souvent malades ; aucune plante n’arrive à survivre dans cette atmosphère saline et aucun couple n’arrive à avoir d’enfant. Des conditions de travail atroces, une lumière du jour cachée sous une brume permanente, bienvenue.

Mais parmi ces salariés-habitants, il y en quelques-uns qui sont vitaux à la Colonie : le Gouverneur, censé représenter la Compagnie, et ses « étoiles pourpres », habitants qui le servent et que l’on peu assimiler à des ministres… mais la machine tyrannique et totalitaire de la Colonie va s’éroder et transformer ce roman post-apocalyptique en polar machiavélique.

Et pendant ce temps, loin de la Colonie se trame une lutte psychologique sans merci entre un homme et la Compagnie…

Une intrigue fort bien construite

Sans vous compter les enjeux forts nombreux et complexes, ce qu’on peut dire de cet ouvrage c’est qu’il est inattendu sur de nombreux aspects.

Les mobiles bien flous de certains personnages prennent tout leur sens une fois la lumière faite à partir d’un autre angle. Ce qui nous paraissait inutile ou simple fioriture était en fait un élément vital dans la compréhension de l’histoire et dans son appréciation. Et c’est ce qui fait le génie de cette histoire : des révélations en chaînes qui nous obligent parfois à relire des passages d’un point de vue complètement différent et génial.

Alors, pour ces belles surprises, pour cet univers post-apocalyptique si étrange et si bien imaginé et décrit : bravo.

Sublime, bien écrit, incroyablement ficelé, Qu’a-t-elle vu la femme de Loth ? est un roman hors-norme et inclassable qui ne laissera pas indifférent.

8/10

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