Archives de l’auteur : Laura

Actualité éditoriale : R, la nouvelle collection de romans pour ados signée Robert Laffont

r de robert laffont

Cette année 2011 fut riche en parutions et en naissances de nouvelles collections dans le domaine de la littérature pour ados. Et pour le début 2012, ce sont les éditions Robert Laffont qui se lancent dans l’aventure avec une toute nouvelle collection dédiée aux quatorze ans et plus. Le nom cette nouvelle collection : « R » avec une signature prometteuse : « un nouveau souffle dans la littérature ado et jeunes adultes« .

La couleur de l'âme des anges 01 miniAlors, effectivement, les éditeurs vont dans le sens de la demande de livres pour ados qui explose actuellement, ils se précipitent tous dans la brèche en publiant beaucoup d’ouvrages, trop parfois, mais il s’agit des éditions Robert Laffont avec Glenn Tavennec comme directeur de collection (il a travaillé chez Pocket Jeunesse pendant plus de 6 ans), et c’est donc une nouvelle très positive et surtout intéressante. Très graphique, le logo annonce une collection à la fois épurée et très axée girly et fantastique.

Au programme pour cette prochaine année remplie de promesses, un nouveau roman signé Sophie Audouin-Mamikonian auteure des désormais célèbres romans jeunesse Tara-Duncan. Cette nouveauté se prénommera La couleur de l’âme des anges, et fera office de livre phare pour annoncer la toute nouvelle collection.

Parutions de la collection « R » chez Robert Laffont (cliquez sur le titre pour retrouver la chronique de l’ouvrage)

Au total, ce sont douze titres qui sont prévus par l’éditeur pour l’année 2012, affaire à suivre de très près donc !

Chronique : Les tours de Samarante

Les tours de SamaranteUne perle de la SF française

Premier roman de l’auteur français Norbert Merjagnan, Les tours de Samarante est sorti en poche chez Folio SF en avril dernier, en même temps que sa suite, Treis altitude zéro, parue en grand format aux éditions Denöel, collection Lunes d’encre.

Ce roman a eu l’honneur de recevoir le Nouveau Grand Prix de la science-fiction française en 2008.

Samarante, ville de l’homme dans toute sa splendeur

Ville qui se suffit à elle-même, puissante, splendide, Samarante abrite les hommes mais aussi les machines qui assurent son bon fonctionnement. Les caméras qui veillent sur la totalité de la ville sont parfois des hommes dont l’esprit a été inséré dans une machine comme peine, remplaçant la prison. Mais c’est aussi une ville emplie de secrets, dont les familles les plus puissantes ont le contrôle : certaines détruites, réduites à néants, d’autres manipulatrices qui regardent ceux qui fourmillent en bas…

Trois êtres constituent la clé de voûte de ce roman : Oshagan, le guerrier nomade qui vient du désert et qui détient des armes surpuissantes dont la technologie a été perdue depuis longtemps ; Triple A, un jeune garçon des rues fasciné par les Tours d’une façon que l’on peu qualifier de maladive ; enfin, il y a la mystérieuse Cinabre, une « préfigurée » recherchée par la police de la ville pour des raisons inconnues.

Un premier roman incroyablement bien maîtrisé

Quand on sait que Les tours de Samarante est le premier roman de Norbert Merjagnan on ne peut qu’être surpris de sa maîtrise des archétypes qui font le genre de la science-fiction, mais aussi par sa capacité à les dépasser et à créer ses propres règles.

Le monde de Samarante est dense, fascinant, il nous fait passer du désert aride et cruel des nomades aux intelligences artificielles qui régissent la ville, créant quelques scènes typiquement cyberpunk, au monde des hommes « de la ville » et à leurs tracas quotidiens pour se faire une place dans la société.

L’histoire et son intrigue ne sont pas les seuls points forts. L’écriture de ce roman est tout simplement magnifique : le style, le rythme, les mots, tout y est pour faire un grand roman. La seule chose que l’on pourrait reprocher à cet univers si fascinant et grandiose, c’est sa densité. Beaucoup d’informations à assimiler, mais aussi des concepts nouveaux.

Les tours de Samarante est donc un très bon roman de science-fiction à ne pas rater qui se classe d’ores et déjà dans les classiques et incontournables. L’univers de Merjagnan est tout simplement inoubliable, original, et d’une fabuleuse poésie dans son écriture. A lire et à relire.

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Chronique manga : Full Moon – tome 1

Full Moon 01Un début de série qui laisse très mitigé

Full Moon est un nouveau manga publié aux éditions Kazé, dans la collection Shônen. Première série de Takatoshi Shiozawa publiée en France, l’histoire nous entraîne sur les pas des exorcistes de la famille Daniels. Entre ambiance gothique et aventure fantastique ce premier tome sert d’introduction à un univers cruel et étrange.

Un sentiment de déjà-vu

Kei et Mei Daniels sont sœurs, et exorcistes par le sang. Mais elles sont malheureusement séparées par un sort lancé il y a très longtemps. Mei doit donc exercer son travail d’exorciste avec plus ou moins de réussite, car c’est la moins douée des deux sœurs. Kei, quand à elle est emprisonnée dans le monde des ténèbres et n’apparaît que les soirs de pleine lune.

Ainsi, de rencontres en aventures, la jeune Mei tente de réussir au mieux en éliminant les démons sur sa route et en acceptant toute mission ayant trait aux démons et à leur élimination.

Parallèlement à l’histoire des deux sœurs se déroule également celle de Sleep Gelotte, une jeune exorciste qui elle s’en sort plutôt bien dans son domaine.

L’histoire en elle-même n’a rien d’extrêmement hors du commun et fait cruellement penser à un autre shônen du genre sorti il y a maintenant plus de cinq ans : D. Gray-Man.

Et même si l’univers créé pour Full Moon relève de la création, on retombe assez vite dans le cliché du manga gothique avec son lot de magie, de créatures surnaturelles et d’exorcistes itinérants.

Un style ordinaire qui laisse sur sa faim

Une intrigue guère originale avec peu de rebondissements, Full Moon n’est pas un manga qui rend accro ou curieux dès le premier tome.

Les personnages principaux que sont les sœurs Mei ainsi que la jeune Sleep Gelotte ne réussissent pas à éveiller un sentiment d’attachement au lecteur comme d’autres œuvres savent si bien le faire, elles ont peu ou pas de charisme, et il est parfois difficile de les différencier visuellement, heureusement que leurs aventures respectives sont séparées. On suit leurs aventures sans parvenir à s’immerger complètement l’univers de l’auteur.

Les dessins sortent un peu de l’ordinaire par leur style tout en rondeur, dotant les personnages de grands yeux écarquillés : c’est original, mais ça n’est pas forcément une « patte » qui plaira visuellement.

En somme, ce premier tome n’est guère convaincant, et ce pour plusieurs raisons : ses influences évidentes, son scénario assez léger, ou encore ses dessins qui cherchent à être esthétiques sans y parvenir. Sentiment à infirmer ou confirmer avec le second tome de Full Moon.

5/10

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

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Chronique Jeunesse : Fleur des Neiges

Fleur des Neiges

Un conte pour jeunes lecteurs…au pays du soleil levant.

Publié aux éditions Gallimard Jeunesse dans la collection Folio Cadet, voici un court roman pour la jeunesse destinée aux enfants âgés entre 8 et 9 ans. Ecrit par Pierre-Marie Beaude (auteur notamment d’Archeopolis, Issa, enfant des sables, ou encore Le Muet du roi Salomon) et illustré magnifiquement par Claude Cachin, qui a illustré plusieurs ouvrages pour enfants. Avec Fleur des neiges, nous sommes plongés dans le Japon d’antan, à l’époque des empereurs.

A la découverte du métier d’écrivain public.

Au Japon, il y a de nombreux siècles, vivait une jeune fille curieuse et persévérante : Fleur-des-neiges. Ses parents étaient paysans, et elle aidait à faire le ménage dans la maison, s’occupait de sa grand-mère… mais elle était fascinée par une chose, la calligraphie et l’écrivain public qui exerçait dans le village : le vénérable Matsuo Seki.

Fleur-des-neiges était souvent à se cacher et à le regarder écrire, subjugée par les symboles tracés par le pinceau de cet homme remarquable. Un jour, ce dernier l’apostrophe et lui demande de lui préparer le the, ce que Fleur-des-neiges s’empresse de faire, elle lui demande par la même occasion s’il veut bien la prendre comme apprentie.

C’est ainsi que la jeune fille va apprendre la persévérance, la sagesse et l’art de la calligraphie.

Un conte qui fera rêver les plus jeunes.

Cette histoire est à la fois une belle leçon de vie et une histoire d’amour. On y retrouve le prince charmant digne de nombreux contes classiques.

Tout en douceur et en profondeur, cette histoire fera surtout mouche auprès des jeunes filles. Les illustrations de Claude Cachin sont magnifiques. Très fidèle à l’ambiance et à la touche asiatique, les peintures font transparaître la notion de perfection et de droiture inhérente à cette culture si particulière.

En conclusion, ce court roman est très sympathique pour faire découvrir le pays du Soleil Levant aux jeunes lecteurs et les faire rêver un peu.

Chronique : La bâtarde d’Istanbul

batarde istanbulPremier roman d’Elif Shafak paru en France, la bâtarde d’Istanbul fut un livre très polémique à sa sortie dans son pays d’origine : La Turquie. Son auteur a même été poursuivie en justice par le gouvernement Turc qui jugeait que l’ouvrage portait atteinte à l’identité Turque et l’humiliait, ce jugement a par la suite été conclu par un non-lieu. Cet ouvrage a rencontré un immense succès à sortie en Turquie, mais aussi dans les pays où il a été traduit par la suite.

Deux familles que tout oppose

La famille Kazanci vit dans la capitale turque depuis des générations et n’est composée que de femmes fortes de caractère. Cette famille un peu particulière est touchée par un mal bien mystérieux : tous les hommes meurent jeunes et dans d’étranges circonstances. C’est pourquoi le dernier homme de la famille ; Mustafa, est parti s’exiler aux Etats-Unis, abandonnant sa famille aimante et se mariant avec une arménienne divorcée d’un premier mariage.

Bien évidemment, ce mariage n’est pas du goût de tous, et la belle famille du jeune homme, des arméniens exilés depuis 1920 voient d’un très mauvais oeil cette union. Mais contre toute attente, les liens entre arméniens et turcs sont peut-être moins violents et plus resserrés que l’on ne le pense, c’est du moins ce qu’illustre ici Elif Shafak par la rencontre de deux jeunes filles que tout oppose et qui vont se découvrir elle-même ainsi que l’histoire de leur peuples.

Un roman joyeux, vif, qui cache aussi beaucoup de mélancolie et de rancoeur

La bâtarde d’Istanbul est un roman vraiment à part, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, la découverte de la culture Turque était personnellement une première pour moi, et j’ai pris un grand plaisir à parcourir les rues de cette ville si pleine de vies et de curiosités.

Deuxièmement, la construction des personnages qui constituent les deux familles que tout oppose est magnifique. Car Elif Shafak réussit à nous parler d’une période terrible de l’histoire, le génocide arménien qui a eu lieu en 1915 (ça n’est pas si loin de nous) et à en faire un trait-d’union non pas constitué de haine, mais de blessures qui s’effacent, de bonté, et d’apprivoisement entre deux peuples qui ne pensent avoir rien en commun. La description des personnes qui constituent ces deux familles sont si vivantes et attachantes que l’on croirait en faire un peu partie, et c’est un vrai bonheur de se sentir un peu « de la famille ».

Troisièmement, nous sommes tout de même bien loin du roman plein de bons sentiments, la noirceur tient une grande place dans l’intrigue. Car, bien que l’on sache qui est cette fameuse bâtarde d’Istanbul, sa conception reste toujours un mystère, aussi bien pour le lecteur que pour sa propre famille.

Enfin quatrièmement, l’écriture d’Elif Shafak est tout à fait sublime, tantôt emplie de légèreté, de chaleur, puis soudain de violence et de cruauté pour certaines scènes on se laisse facilement prendre par sa plume. A la fois roman familial, historique, parfois policier et même un peu fantastique (un petit soupçon, bien dissimulé), les genres se croisent sans jamais s’entraver.

En conclusion, ce roman donne réellement envie d’en savoir plus sur ce mystérieux pays qu’est la Turquie. Je ne sais pas si Elif Shafak a tenté de réconcilier deux peuples grâce à son roman, mais en tout cas elle réussit à ne jamais prendre un ton accusateur envers l’un ou l’autre ; exercice pour le moins compliqué sur un sujet historique aussi sensible. Plus qu’un livre donc, c’est un auteur, un pays et une culture à découvrir !

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Actualité éditorilae : Gregor, la nouvelle série jeunesse de Suzanne Collins !

Gregor 01 L’auteur de Hunger Games a plus d’un livre à son actif et sort en France une toute nouvelle série qui s’appellera Gregor – Tome 1 – La prophétie du gris, il sera publié aux éditions Hachette Jeunesse et sortira le 1er mars prochain.

Roman d’aventure destiné à un public plus jeune que sa précédente trilogie, cet ouvrage nous conte l’histoire de deux enfants qui vont se retrouver malgré eux dans un monde étrange et fascinant prénommé Souterre ou vivent des créatures très étranges. Seul problème, ils aimeraient bien rentrer chez eux à New York mais le chemin du retour va être très périlleux et empli de dangers…

Sortie aux États-Unis depuis plus de 5 ans, la série sort maintenant en France grâce au succès de  Hunger Games. Gregor sera composé de cinq tomes au total.

Gregor 02

Chronique bd : Les enfants d’Evernight – Tome 1 – De l’autre côté de la nuit

Les enfants d'Evernight 01Attention à ce que vos souhaits ne vous fasse basculer de l’autre côté de la nuit…

Les enfants d’Evernight est une nouvelle série publiée aux éditions Delcourt et destinée à un public âgé entre onze et quinze ans.

Marc Yang est le dessinateur de cet ouvrage pour le moins original et très esthétique graphiquement, il a fait la rencontre de la scénariste Andoryss, sur le site Café Salé, véritable lieu de rencontre pour les illustrateurs et graphistes en herbe de talent. Le scénario signé Andoryss est sa première publication. De son vrai nom Mélanie Chapon, elle est actuellement professeur de sciences de la vie et de la terre et écrit en parallèle, c’est également une très grande fan de bd franco-belge et de mangas.

De l’autre côté du miroir…

Camille est une jeune fille d’une douzaine d’années qui a perdu très tôt sa mère. Elle vit à Londres une enfance solitaire. Pour remédier à ce renfermement sur soi-même, le père de Camille décide de la mettre en pension… mais c’est sans compter sur les mystérieux événements qui surviennent la nuit.

Camille a rêvé si fort de ne jamais sortir de son rêve qu’elle a basculé de l’autre côté de la nuit, dans le monde d’Evernight où en principe aucun être humain n’est censé se rendre.

Un monde complexe au premier abord

La jeune Camille qui débarque dans ce nouveau monde doit très vite trouver un moyen de rejoindre la Terre sous peine d’être emmenée à l’orphelinat (apparemment redouté) du pays si elle est retrouvée par les forces de l’ordre, ce qui ne saurait tarder… mais Maximillien, marchand de sable de son état et un des seuls êtres humains à être autorisé à vivre à Evernight va aider Camille à fuir…

L’histoire n’est pas sans faire penser à Alice au pays des merveilles par certains aspects : basculement vers un autre monde, aspect physique de Camille assez similaire à l’héroïne de Lewis Caroll, petite référence dans les dialogues, cet écho léger mais visible est bien employé.

Soyons clair, ce premier tome ne nous apprendra que peu de choses sur le monde d’Evernight, son fonctionnement ou ses enjeux et fait vraiment office de « livre introductif » afin de poser les personnages et le début de l’intrigue. Ainsi, ne soyez pas surpris d’être quelque peu « dépassé » par l’histoire qui va bien plus vite que sa compréhension.

Le lecteur se retrouve plongé et aussi déstabilisé que son héroïne Camille : on débarque, on découvre tout un nouvel univers avec ses propres lois. Evernight est peuplé de personnages anthropomorphes, tigres, rats, et autres animaux sont dotés des mêmes capacités intellectuelles que les humains.

Les enfants d'Evernight 01 inside

Un graphisme onirique et esthétique

Les illustrations réalisées par Yang collent parfaitement au scénario d’Evernight : on entre dans un monde totalement surréaliste, rêveur, où les animaux marins nagent en plein ciel et où l’on peu marcher sur les nuages.

Certaines planches méritent que l’on se penche dessus avec beaucoup d’attention pour leur beauté et leur esthétisme, le jeu des couleurs assez vives est très bien rendu. Autre point fort, le dessin des personnages, en particulier de leur visages : quel que soit leur angle de vue, ils sont reconnaissables et réussis, ce qui n’est pas le cas dans toutes les bd, où selon l’angle on a affaire un personnage méconnaissable alors qu’il s’agit normalement du même.

Enfin, ce mélange graphique qui emprunte beaucoup d’éléments aux univers de la fantasy et du steampunk réunis est très réussit. C’est un vrai plaisir des yeux que d’avoir ce foisonnement de couleurs et de détails, même si quelques rares planches ont l’air légèrement trop chargées.

Pour conclure, même s’il est difficile de comprendre tous les enjeux de ce premier tome introductif, le début de la série est très prometteur, espérons que la suite soit au moins aussi enthousiasmante. L’aventure ne fait que commencer.

7/10

 

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Chronique : YFL-500

YFL-500Deux nouvelles d’un auteur incontournable de la SF

Robert Charles Wilson, né en 1953, est un des chefs de file de la science-fiction canadienne mais aussi du genre dans son ensemble. Il est l’auteur de Darwinia, ou encore de Spin, ouvrage qui a remporté le prix Hugo du meilleur roman en 2006.

Sa nouvelle YFL-500, accompagnée du Mariage de la dryade, est publiée dans la collection Folio 2€.

Deux nouvelles pour découvrir un auteur phare

Le concept de la collection Folio 2€ est de nous faire découvrir de façon très courte un classique, un auteur incontournable ou encore une thématique, par le biais de nouvelles ou d’extraits. Ici, c’est la science-fiction qui est mise à l’honneur avec deux nouvelles de Robert Charles Wilson.

Le premier texte, YFL-500, nous conte l’histoire d’un homme : Gordo Fisk, transreprésentationnaliste de son métier. Son travail consiste à se servir d’éléments, de données, pour en sortir une œuvre d’art. Ces matières premières qui font l’œuvre peuvent être n’importe quoi : des statistiques, des données économiques, ou encore… des données médicales, comme des rêves par exemple. Et c’est justement un songe qui est à l’origine de la plus grande œuvre d’art de Gordo Fisk, un dossier médical portant le nom d’YFL-500 qu’il a obtenu de façon pas très légale grâce à un arrangement avec un médecin peu scrupuleux. Mais maintenant que l’œuvre est achevée, l’artiste en veut plus… Il veut rencontrer la personne qui a fait ce rêve pour des raisons plus ou moins louables…

Un court texte simple, parlant, et parfait pour découvrir l’univers de l’auteur. YFL-500 est une anticipation sociale avec un soupçon de cyberpunk dans cet univers où les rêves peuvent être enregistrés.

Le second texte, Le Mariage de la dryade, est en fait la suite du roman BIOS (publié chez Folio SF), mais nul besoin d’avoir lu le roman pour en apprécier la nouvelle. Le lecteur est ici plongé dans un planet-opera où la planète Isis est mortelle pour tout être humain qui n’est pas un minimum protégé par des améliorations ADN et des combinaisons spéciales. On y fait la connaissance de Chaia Martine, une femme amnésique qui vit sur Isis et qui est censée se marier alors qu’elle est en pleine crise identitaire… car d’autres souvenirs que les siens ressurgissent, ceux de la planète, ou d’autre chose…

Une excellente nouvelle qui tout en étant typiquement SF, est aussi un retour aux sources, aux éléments primaires, à la nature. Immersive et intrigante, le mariage de la dryade donne envie de découvrir le roman qui l’a initié.

En somme, amateurs de SF ou non, cet ouvrage saura réunir tous les amoureux de la littérature et d’une belle écriture. Pour découvrir Robert Charles Wilson, c’est idéal de commencer par cet ouvrage, pour ensuite se diriger vers ses incontournables.

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Chronique Jeunesse : Au revoir blaireau

Au revoir blaireauOu comment parler de la mort aux tout-petits

Née en 1961, Suzan Varley est une illustratrice pour la jeunesse d’origine anglaise. Elle est passée par le collège d’arts graphiques de Manchester où elle a eu la chance d’avoir Tony Ross comme professeur (La petite Princesse, Le garçon qui criait au loup …) . Ce dernier fut séduit par le trait tendre et touchant des dessins de Suzan la pousse à montrer son travail de fin d’étude à son propre éditeur. Au revoir Blaireau est alors publié en et décroche en 1985 le prix de la fondation de France. Ses ouvrages traduits en France sont publiés aux éditions Gallimard Jeunesse.

« Blaireau est un ami sûr, toujours prêt à rendre service. Très vieux, il connaissait tout de la vie et savait aussi qu’il allait mourir bientôt. Blaireau n’avait pas peur de la mort. » Courte histoire adaptée aux enfants dès l’âge de 3-4 ans, Au revoir blaireau traite de la mort pour les plus jeunes avec des mots simples et facilement compréhensibles. L’histoire commence au moment où Blaireau sens sa fin proche, il prévient gentiment ses amis, que bientôt il descendra dans « le Grand Tunnel« .

Puis un beau jour, Blaireau ne sort pas de sa maison, ses amis s’inquiètent : Blaireau est parti. Taupe, Grenouille, Mme Lapin et d’autres encore se sentent tristes et perdus. Mais ils vont réussir à surmonter leur peine en se remémorant chacun leur tour les meilleurs souvenir qu’ils ont de Blaireau.

Au revoir blaireau insideTouchant autant par son illustration que par son texte, cet ouvrage est un des piliers de la littérature enfantine qui parle avec art et doigté d’une thématique difficile. Le texte utilise à la fois des métaphores douces pour symboliser la mort. Le mot « mort », utilisé une seule fois dans le texte, (et nécessaire selon moi) est également mentionné avec franchise.

L’illustration détaillée et charmante des animaux anthropomorphes n’est pas sans faire penser aux illustrations de Beatrix Potter ou encore de Ernest H. Shepard (auteur de l’ouvrage pour la jeunesse Winnie the Pooh et repris plus tard par Disney) tirées de l’oeuvre de l’anglais Kenneth Graham : Le vent dans les saules. Mais Suzan Varley a su trouver sa propre voie, toute en beauté paisible et touchante.

Cette franchise dans le vocabulaire vis à vis des enfants, les illustrations merveilleuses et emplies de sensibilité font d’au revoir blaireau une oeuvre originale, unique et merveilleuse.

Chronique : Nightshade – Tome 2 – L’enfer des loups

nightshade tome 2 frChangement de point de vue pour Calla…

Andrea Cremer est une auteure américaine et Nightshade est son premier roman, mais également son premier succès. Professeur d’histoire à la base, elle se sert de ses connaissances pour étayer ses romans et les rendre plus réalistes. L’enfer des loups est le second tome de cette série, parue aux éditions Gallimard Jeunesse début novembre.

Dans les geôles de l’ennemi

A la fin du premier tome, Calla se retrouvait enfermée dans la prison des ennemis jurés des loups : Les Chercheurs. Mais ces derniers sont finalement loin d’êtres les terribles exterminateurs décrits par les Gardiens. En réalité, les Chercheurs sont tout autre chose, les Gardiens également. Fourvoyés depuis des siècles, les générations de loups qui pensaient tout devoir aux gardiens ont en fait étés lésés.

Calla est la première à devoir assimiler ces révélations et à repenser totalement son monde ; tout ce qu’elle a toujours connu n’était que mensonge… ses devoirs envers les autres, son mariage forcé… Alors que le premier tome traitait des mensonges fait à Calla pour qu’elle « rentre dans le rang », ce second tome est une remise en question totale de ce qui fait l’existence même des humains-loups. Leur mythologie basée sur l’histoire d’un homme sauvé par un loup n’est en fait qu’une fable dont la source est bien plus sombre…

Mais outre ces révélations, Calla va devoir faire un choix, celui de son camp : en qui croire ? vers quoi se réfugier ? qui combattre ?

Tout un nouvel univers révélé

Après l’univers de Calla décrit avec précision dans le premier tome, ce second opus est consacré aux chercheurs, à leur univers et à leur organisation. Ainsi, c’est tout un univers qui est mis au jour : Frappeurs, Tisseurs et autres postes aux appellations obscures n’aurons plus de secret pour vous à la fin de la lecture.

L’auteur nous offre aussi quelques légendes des origines des meutes à la période de l’Inquisition ; une sorte de préparation aux deux tomes historiques qui précéderons la trilogie chronologiquement, mais qui ne sortirons pas en France avant plusieurs années.

Le triangle amoureux Shay – Calla – Ren est on ne peu plus présent, mais sans pour autant donner des éléments déterminants quand au choix définitif de Calla sur le plan amoureux. Les jeunes filles fleur bleues adoreront cette histoire d’amour impossible et ambivalente. Calla ne donne pas l’impression d’être capricieuse sur le plan amoureux, mais plutôt complètement désorientée et c’est en ça qu’elle est rendue très humaine par Andrea Cremer. Loin d’être agaçante comme certaines héroïnes de roman Calla est une fille-femme à la fois forte et fragile, assurée et perdue mais surtout crédible.

Alors, bien entendu le schéma du livre reste très similaire à nombre d’autres : un premier tome dans le camps du héros (ou de l’héroïne), un second sur ses ennemis qui n’en sont finalement peut-être pas, et enfin un dernier tome qui conclu sur un choix, une mutation des bases mêmes qui faisaient la vie du héros. C’est donc un scénario assez commun, mais qui fonctionne très bien pour ce second tome, contrairement au premier qui laissait plus mitigé.

Plus intéressant, et plus passionnant,  l’enfer des loups nous laisse entrevoir les chemins possibles pour Calla et sa meute. Mais aussi et surtout, on a vraiment envie de connaître le mot de la fin : quel camp vont choisir certains personnages, quel destin les attends… la réponse à toutes ces interrogations en mars 2012 pour le troisième tome.

Pour découvrir l’univers d’Andrea Cremer et ses inspirations, retrouvez l’interview sur le blog !