Archives de l’auteur : Laura

Chronique : La romance de Ténébreuse – Intégrale 1 – Tome 1 – La planète aux vents de folie

La romance de Ténébreuse intégrale 01Une réédition qui permet de (re)découvrir un cycle majeur de l’imaginaire…

Attention : Ce roman est une intégrale qui regroupe trois titres du cycle de La romance de Ténébreuse : La planète aux vents de folie, Reine des orages, et La belle fauconnière. Nous chroniquons ici uniquement le premier roman sur les trois inclus dans l’ouvrage.

Le roman la planète aux vents de folie est le tout premier à initier les lecteurs à l’univers dense et fascinant de Ténébreuse écrit par l’auteure américaine ultra prolifique Marion Zimmer Bradley.

Le cycle de Ténébreuse regroupe plus d’une vingtaine d’ouvrages au total se déroulant tous sur la planète éponyme. De sa découverte hasardeuse au développement des êtres humains s’y étant crashés (le tout sur de très nombreuses générations), M.Z. Bradley nous offre ici l’œuvre d’une vie.

Pour remettre ce cycle mythique à l’honneur, les éditions Pocket ont ainsi décidé de rééditer son œuvre sous forme d’intégrale sous un format pratique et agréable à la lecture. Ce premier volume regroupe les trois premiers ouvrages selon l’ordre chronologique de l’œuvre : La planète aux vents de folie, Reine des orages et La belle fauconnière. Une deuxième intégrale est déjà prévue pour le mois d’avril, et une troisième pour juillet.

Quand un vaisseau créé un chamboulement à l’échelle d’une planète…

L’histoire de Ténébreuse commence quand un vaisseau en provenance de la Terre s’écrase sur une planète inconnue. Les systèmes sont fortement endommagés et une réparation du vaisseau semble possible mais promet de durer de longues années.

Très vite, nous faisons la connaissance de nombreux personnages, tous scientifiques de leur état, leur but premier étant de coloniser une planète : géologue, xénobotaniste (étude de plantes issues d’autres planètes), zoologue, microbiologiste, docteurs, etc. Tout ce beau petit monde va devoir s’adapter et penser sur du moyen terme afin de s’extirper de cette planète aux propriétés inconnues afin de rejoindre celle qu’ils doivent coloniser à la base.

Mais rien n’est simple, surtout quand une partie de l’équipage se voit déjà chez lui de façon permanente sur la planète, percevant le crash comme un signe. Des clans se forment, des amitiés se nouent et les tensions restent, l’avenir des collons devenant de plus en plus incertain au fil des découvertes qu’ils font sur la planète…

Un huis clos à l’échelle d’une planète

Tome purement introductif et assez court, La planète aux vents de folie n’en reste pas moins intéressant par différents aspects. On y découvre les propriétés étranges et terrifiantes de la planète sur le plan psychologique pour ses nouveaux habitants : hallucinations collectives (visuelles, auditives…), troubles de la personnalité, etc.

La psychologie prend également une place très importante dans le monde qui nous est offert. Des clans et des alliances se forment, certains en faveur d’une installation définitive sur la planète d’autres dans le but de partir le plus rapidement possible (cette option prendrait tout de même cinq ans).

Les personnages féminins sont très volontaires et bien loin d’être en retrait, illustrant les élans féministes dont M.Z. Bradley fait souvent preuve à travers son œuvre.

Fascinant, mystérieux, ce premier opus donne envie de se plonger corps et âme dans l’univers florissant et splendide de Marion Zimmer Bradley. Elle signe avec cette œuvre le cycle de sa vie et celui de toute une génération de lecteurs. Chronique rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : Queen Betsy – Tome 1 – Vampire et célibataire

Queen Betsy 01Un premier tome qui nous plonge dans le monde déjanté d’une héroïne malgré elle.

Premier roman de Mary Janice Davidson paru en France, Vampire et célibataire est le premier tome de la série Queen Betsy qui compte pour le moment neuf tomes, aux éditions de poche Milady.

D’origine américaine, elle est régulièrement dans les meilleures ventes du New York Times et ses livres sont déjà traduits dans plus de quinze langues. Elle a écrit de nombreuses séries, non encore traduites en France telles que The mermaid series, The royal series ou encore The Wyndham Werewolf series.

Une vampire folle de… chaussures

Betsy Taylor était une jeune femme tout à fait normale avant que sa vie ne bascule de façon tout à fait singulière, pour ne pas dire délirante.

En effet, le jour où tout mais absolument tout à basculé pour elle, Betsy venait à peine de se faire licencier de son poste de secrétaire. Et, pire que tout, elle est morte de façon tout à fait stupide… en voulant sauver la vie de son chat. Au final, c’est sa tête qui a tout pris, dans un horrible craquement d’os. Et à son « réveil », elle n’est plus du tout la même… et surtout, elle se trouve dans une morgue.

Un sex and the city version vampire

Mais que va donc faire Betsy dont la mort est désormais officielle et l’enterrement programmé ? Premièrement, reprendre les chaussures que sa belle-mère a osé lui voler dès qu’elle a appris la nouvelle de sa mort. Renouer avec ses amis désemparés, et assumer sa nouvelle condition de… vampire ! (En effet Betsy va tenter de remettre les choses dans l’ordre en essayant de nombreuses fois de se tuer, mais elle semble indestructible).

Une force surhumaine, une redécouverte de sa sexualité et de nombreuses surprises hautes en couleurs sont au programme pour Betsy.

Accompagnée de sa meilleure amie (richissime) et d’un jeune médecin gay qui emménage chez elle, Betsy va prendre en main (maladroitement) son destin.

Dialogues pimentés, répliques bien tournées, le plaisir de lire Queen Betsy réside en particulier dans les interactions verbales des personnages.

Qu’en est-il de l’intrigue alors ? Sympathique mais pas extraordinaire. Ce premier tome pose les bases d’un univers mélangeant chick-lit et bit-lit assez efficacement. Le genre est donc relativement original, mais la trame de fond, beaucoup moins.

On tombe assez rapidement sur un beau ténébreux dont on sait déjà qu’il fera des ravages sur le cœur de notre héroïne, mais l’histoire est heureusement très rythmée. Difficile de s’ennuyer donc, malgré les codes récurrents que l’on rencontre à chaque coin de page. En effet, Betsy collectionne bien entendu les chaussures de grands stylistes…

 Mais où sont l’originalité et le plaisir de la découverte alors ? Queen Betsy recèle tout de même de quelques bonnes idées : premièrement, ça ne se prend pas au sérieux ; ensuite, l’idée que cette fille un peu paumée soit la future reine des vampires est risible, d’autant plus qu’elle n’arrive pas à parler correctement quand ses canines poussent…

En somme, ce premier tome est sympathique, mais attention, le côté chick-lit y est vraiment très présent, certains pourraient donc ne pas aimer. Ce début de série donne au final une impression assez floue, on appréciera surtout les bons dialogues trouvés par M.J. Davidson, même si ils ne suffisent pas à créer un intérêt persistant autour de l’histoire. Affaire à suivre et à confirmer avec la lecture du second tome : Vampire et fauchée.

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Chronique : Nox – Tome 2 – Ailleurs ?

Nox - tome 2Baisser de rideau sur un univers cruel et captivant qu’il est difficile de quitter…

Second et dernier tome de la courte série Nox d’Yves Grevet, nous retrouvons les personnages appartenant à un monde aux allures d’apocalypse, aussi bien au niveau écologique que social.

Ainsi rejoignons-nous Lucen, Firmie, Ludmilla et Gerges… les événements s’entremêlent pour nous amener lentement vers une fresque finale mémorable.

De retour dans la Nox poisseuse…

A la toute fin du premier tome nous quittions Lucen en très fâcheuse posture : dénoncé à la police par ses propres parents, son amie Firmie en début de grossesse et personne pour les aider…

A peine débuté, le roman nous entraîne dans les coins les plus dangereux de la Nox : dans des forêts où sont exploités les condamnés à mort. Avant d’être exécutés, ces derniers doivent effectuer des travaux forcés (et souvent mortels) pour permettre à ceux d’en haut d’être alimentés en gaz. Les plus « chanceux » voient leur temps de travaux allongés et leur échéance vers le mort reculée, c’est ce qu’essaye de faire au maximum Lucen, qui doit à tout prix rejoindre Firmie, en début de grossesse.

La vie n’est pas rose non plus pour Gerges, ancien meilleur ami de Lucen, qui ressent de plus en plus le besoin d’exister à travers les yeux de son père, mais semble jamais y parvenir. Ce cercle infernal le pousse à prendre une voie de plus en plus sombre pour enfin trouver grâce à ses yeux…

Pour Ludmilla, la jeune fille vivant en haut, loin de la Nox, au contraire de ce que l’on pourrait croire, son existence est elle aussi menacée. Ses actions contre l’ordre établi ont été remarquées par les deux camps et ces derniers comptent bien se servir d’elle du moment que cela sert leur cause.

Beaucoup d’oppression pour les personnages, mais aussi pour le lecteur. Il est vraiment très difficile de décrocher de ce dernier tome de Nox, vous voilà prévenus….

Intrigues et faits imbriqués pour un tableau remarquable… et grave

Tout au long de ce second tome, en passant d’un chapitre à l’autre (et donc d’un personnage à l’autre) on n’est happé au point d’en oublier tout ce qui se passe autour de nous. Complètement captivé par les risques de mort permanente de Lucen, les risques encourus par Firmie pour s’en sortir et donner une chance de vivre à leur futur enfant…

La construction du roman mérite elle aussi une attention toute particulière. En effet, Yves Grevet a réussi à créer une intrigue où tout fait a une influence sur le destin d’un autre personnage, le tout en étant crédible. Terriblement crispant et diablement efficace.

Il faut en convenir, Nox nous fait avoir une fascination malsaine sur le pire de la nature humaine (en particulier dans le premier tome avec le personnage de Gerges, dont on voit la descente aux enfers, mais ça n’est pas le seul) : impossible de détacher les yeux vers ces suites de misères qui tombent sur les différents protagonistes.

Magnifiquement sombre, Nox est un portrait à l’acide d’une possible société future si l’on en vient à être extrêmement pessimiste (ou réaliste et un tant sois peu imaginatif ?). Il sublime la moindre action dénuée d’intéressement. Heureusement, la furieuse envie de vivre de ces héros nous donne à nous aussi un certain regain d’optimisme.

Sublime, touchant, magnifique, les superlatifs manquent tant ce livre est pour moi une réussite. Il a réussi à m’emmener ailleurs, au point d’en oublier le reste, et pour cela, bravo !

9.5/10

Chronique : La Quête des Livres-Mondes – Tome 1 – Le livre des âmes

La quête des livres-monde 01Le début d’une magnifique aventure aussi addictive qu’efficace !

Carina Rozenfeld est une auteure française très prolifique dans le domaine du fantastique et de la jeunesse. Déjà connue pour sa trilogie Doregon (L’Atalante) ou encore Phaenix (Collection R), sa série en deux tomes dont le second sort en avril prochain.

Elle revient maintenant avec la trilogie La Quête des Livres-Mondes aux éditions de L’Atalante. Les trois tomes sont sortis en même temps pour la simple raison que les deux premiers étaient déjà sortis chez Intervista (qui a depuis disparu) il y a de cela quelques années. Seul le troisième est donc inédit pour les fans, mais pour les autres, c’est l’occasion de découvrir une très belle série où l’aventure est plus qu’au rendez-vous !

Dans la peau d’un ado à qui il pousse des ailes…

Zec (ou Ezéchiel) a tout de l’adolescent normal. Une vie normale, des amis, un petit coup de foudre pour une des élèves de son école, une famille aimante…que demander de plus ?

Mais depuis quelque temps Zec s’interroge sur les deux boutons qui lui poussent dans le dos et qui ne semblent pas vouloir s’arrêter de grandir… et pour cause, une nuit ils se transforment en de magnifiques ailes immaculées !

Evidemment, une myriade de questions se bousculent dans l’esprit de Zec (est-il le seul avoir des ailes ? Faut-il en parler à ses parents ? À un médecin ?) qui ne sait à qui se confier… et les révélations qui vont suivre cette transformation ne sont pas sans danger. Une quête aussi dangereuse que fascinante s’annonce !

On découvre rapidement que Zec et ses amis vont devoir mettre la main sur ce que l’on nomme mystérieusement les Livres-Mondes. Trois au total sont à réunir ; mais ces derniers ont étés extrêmement bien camouflés pour ne pas tomber aux mains de l’Avaleur de Mondes, une entité censée apporter l’équilibre dans l’univers. Là où il y a création, il y a également la destruction pour contrebalancer.

C’est ainsi que le monde de Chébérith a disparu ; mais ses habitants ont toutefois eu le temps de « l’enregistrer » dans les trois Livres-Mondes : le livre des âmes, le livre des lieux et le livre du temps. Chaque tome de la série correspondant à la recherche active d’un de ces précieux livres.

Ainsi, ça n’est pas de fantasy urbaine mais bien de science-fiction dont on parle, même si elle reste assez discrète tout au long de l’œuvre.

Une aventure qui prend vite son envol, et nous avec !

Plonger dans l’imaginaire de Carina Rozenfeld, c’est s’immerger rapidement et sans arrière-pensées dans un univers dense et aisé à assimiler. L’écriture y est toujours fluide et agréable.

Encore une fois, elle réussi le petit tour de force de nous amener très rapidement dans son univers. De découvertes intuitives en révélations, on ne peut s’empêcher d’être fasciné, et de toujours en vouloir plus.

Le personnage de Zec est très bien pensé, très fidèle à ce qu’est un ado de nos jours, sans fautes de jugement. De même, la très belle amitié entre Zec et son meilleur ami Louis est très bien retranscrite, avec franchise et humour. Quand au personnage d’Eden qui fait son entrée un peu plus tard, il est également parfait. Le petit trio mis en place fonctionne à merveille, de même que les autres personnages qui s’ajoutent petit à petit. Ils sont tous aisément reconnaissables, et surtout terriblement attachants, en particulier Eyver, le vieux Chébérien.

Les sentiments hésitants de l’adolescence mis en lumière

Plus qu’une bonne aventure, La Quête des Livres-Mondes est aussi une série qui parle de sentiments de façon très pudique. Sans en être le thème central, ces derniers ajoutent une note de romantisme à un roman au rythme soutenu. Légèrement fleur bleue sans tomber dans le piège d’une romance excessive, le dosage est bien ajusté. Cela plaira aux filles comme aux garçons pour des raisons différentes.

Mais d’autres sentiments sont également traités ; des valeurs simples, positives qu’essaye toujours de faire passer l’auteure au travers de ses œuvres.

En conclusion, ce premier tome est une réussite. C’est ici l’occasion de découvrir une série simple et extrêmement efficace à l’écriture maîtrisée. On en redemande, et on a qu’une seule hâte, retrouver au plus vite Zec, Eden et Louis pour la quête du second Livre-Monde !

7.5/10

Chronique : Confusion

ConfusionUn très bon huis-clos psychologique qui tient en haleine jusqu’à l’ultime page

Cat Clarke est une auteure de nationalité britannique, son premier roman, Confusion (Entangled), son premier roman, a rencontré un franc succès en Angleterre à sa sortie. Depuis, elle se consacre à l’écriture de romans pour les jeunes adultes.

Confusion nous conte l’histoire de Grace, une adolescente avec qui la vie n’a pas été facile. Sa façon à elle de vaincre les angoisses et les problèmes : se taillader. Mais jusqu’où peut-on aller pour vouloir aller mieux en se faisant mal ?

La douleur, seul moyen d’expurger ses sentiments

Mais que s’est-il passé dans la vie si courte de Grace pour qu’elle décide un jour de prendre une bouteille d’alcool et un couteau et d’en finir pour de bon ? Cette explication, vous la trouverez tout au long de l’ouvrage, distillée.

Mais avant toute chose, il faut savoir que la terrible résolution de Grace va trouver un obstacle en la personne d’Ethan : mignon, sympa… et kidnappeur. Il va enlever Grace et la laisser seule dans une pièce d’un blanc immaculé. Sa seule échappatoire dans cette pièce, des feuilles et des crayons pour mettre sur le papier ses pensées, ses désirs… et peut-être aussi se confesser ?

Bien traitée par celui qui l’a enlevée : nourrie, lavée, soignée, Grace commence à se demander quel est le but des agissements d’Ethan…

Une confession sur le papier douloureuse…

Quand Grace commence à écrire pourquoi elle en est arrivée là, tout disparait autour d’elle. La pièce d’un blanc immaculé s’efface au profit d’un récit aussi poignant que déstabilisant…

Tout commence avec une histoire d’amitié, deux copines qui se disent tout. Toutes deux ont des vies très différentes : Grace à perdu son père jeune et ne vit qu’avec sa mère, tandis que Sal a une famille heureuse, et surtout normale. Mais peu à peu, la distance s’installe entre elles au fur et à mesures que les non-dits prennent place… jusqu’à l’irréparable.

Comme vous le constaterez au fil de la lecture, Confusion porte très bien son nom. Entre la faiblesse psychologique de Grace et son cloisonnement dans la pièce d’Ethan, on réalise peu à peu que certains indices parsèment le roman pour nous offrir deux portraits différent de notre « héroïne ». Certaines scènes font également penser à un roman d’Haruki Murakami : Le passage de la nuit, où l’une des héroïnes est également cloisonnée dans une pièce pratiquement vide avec la même interrogation : Comment en sortir ? Quelle est la leçon à tirer de cet enfermement ? Quel en est le but ?

Enfin, on apprécie le petit twist de fin, qui selon la façon dont on perçoit le roman, peu s’interpréter de deux façons différentes. Une conclusion relativement bien pensée, même si elle n’est pas extraordinaire, elle s’apprécie.

Pas de fantastique à proprement parler donc dans ce one-shot, mais plutôt une utilisation ambiguë des mots et expressions pour mieux « tromper » le lecteur. Si vous êtes accro des histoires d’adolescentes à la fois sombres et tragiques qui misent tout sur le suspense, Confusion sera parfait pour vous. Une descente aux enfers aussi captivante que dérangeante aux accents de thriller.

En tout cas, le style simple et direct de Cat Clarke plonge vite le lecteur entre ses lignes. Le prochain roman de Cat Clarke est déjà programmé chez R pour juin, sous le titre Cruelles. Encore un roman psychologique, pour lesquels l’auteure semble avoir une prédisposition.

Chronique Jeunesse : La malédiction des cornichons

La malédiction des cornichonsConserverie et secrets de famille ne font pas bon ménage…

Siobhan Rowden est une auteure de nationalité anglaise, mère de trois enfants elle vit avec son mari dans la ville de Hove, près de Brighton.

La malédiction des cornichons est son tout premier roman, il paraît en France dans la collection jeunesse Witty et nous conte l’histoire de famille du jeune Barnabé, dont le père a disparu dans d’étranges circonstances… Une suite est déjà sortie Outre-manche sous le titre The Revenge of the Ballybogd.

Les illustrations sont quand à elle signées de la main de Mark Beech, dont la patte n’est pas sans rappeler celle des plus grands illustrateurs pour la jeunesse. Il a notamment réalisé les illustrations des romans pour la jeunesse Drôles de trolls chez Folio Cadet.

Le royaume de la saumure à ses pieds…

Cornichons, oignons, bocaux, vinaigre, conserves… tout ce vocabulaire peu ragoutant est celui du monde de la conservation alimentaire. Et qui donc est à la tête du plus grand empire de spécialité vinaigrées en tout genre ? : Mamie Lebeurk, la grand-mère de notre héros Barnabé.

Le rêve de mamie Lebeurk ? Que son petit-fils reprenne l’entreprise familiale, sa fille ayant décidé de croire aux produits frais et vivant de la récolte des petits pois avec son mari, Barnabé est son dernier espoir de relève…

Mais le jeune homme a autre chose en tête que la conservation en saumure, en effet, son père a mystérieusement disparu. Barnabé soupçonne de plus en plus Mamie Lebeurk qui n’a pas l’air le moins du monde inquiète de cet état de fait, et semble même s’en réjouir… L’enquête commence, mais pour cela il falloir pénétrer dans les locaux de l’entreprise Lebeurk et en découvrir les sombres aspects…

Comment mélanger efficacement humour, fantastique et suspense

Un bon mélange de genres, c’est ce qu’est la malédiction des cornichons. On retrouve tous les ingrédients incontournables qui font un bon livre pour la jeunesse : un humour à toute épreuve, des dessins typiquement jeunesse (à la Quentin Blake ou à la Tony Ross) et surtout un mystère à élucider.

Typiquement anglo-saxon et surfant sur des valeurs sûres, ce roman arrive à sortir son épingle du jeu et ne tombe (presque) pas dans l’imitation. En effet, même si l’on pourrait penser à Charlie et le Chocolaterie pour le côté « grosse usine alimentaire mystérieuse », ce roman semble vouloir en être le parfait contraire.

Ici, point de nourriture aux fumets exaltants mais des aliments répugnants tels des oignons aux vinaigre, des cornichons en bocaux ou même… des mucosités en conserve ! Dégoutant… et fascinant ! Il y a donc de l’humour certes, mais avec un côté plus « sombre » que ce à quoi on peut être habitués, et c’est très bien comme ça.

En conclusion, ce premier roman de Siobhan Rowden est une sympathique découverte, parfaite dès l’âge de neuf ans. On appréciera l’univers décalé dans un style qui l’est déjà à la base. Les personnages hauts en couleurs (et un peu fous) dont regorge le livre participent à cette atmosphère si particulière et plaisante. On attend donc avec curiosité les nouvelles aventures de Barnabé et de son étrange famille.

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Chonique : Hex Hall – Tome 3 – Le sacrifice

Hex Hall 03Une clôture de saga décevante…

Rachel Hawkins est une auteure d’origine américaine. Avant d’écrire, elle était professeure. Dernier opus de la saga Hex Hall, Le sacrifice nous replonge dans l’étrange établissement de magie sur son île, devenu une bâtisse abandonnée… et au loin, la guerre se profile ; et l’élément déterminant de cette dernière n’est autre que Sophie, notre héroïne malgré elle depuis deux tomes.

Une arrivée surprise chez l’ennemi, des vérités qui éclatent et une guerre qui s’annonce

A peine arrivée, Sophie se rend immédiatement compte qu’elle n’est pas où elle devrait être. En effet, elle est sur le territoire des Brannick, ce clan de femmes rousses symbolisant ses pires ennemies. Mais les choses ne sont pas ce qu’elles semblent et il se peut que de nouvelles alliances se créés au détriment d’autres…

De la magie toujours au rendez-vous, des révélations en chaîne et pas mal d’action, voilà ce que nous réserve le dernier tome d’Hex Hall, mais le tout sans éclat.

En effet, Le sacrifice est très décevant pour de plusieurs raisons : premièrement au niveau des personnages, très peu identifiés et encore moins attachants. On plonge directement dans l’action alors qu’un petit résumé des deux tomes précédents aurait été le bienvenu après un an d’attente, on s’y perd un peu…

Deuxièmement, l’intrigue est bien trop prévisible et l’action menée à la va-vite pour nous amener à une conclusion somme toute assez simple, c’est dommage.

Alors que nous étions dans une ambiance franchement sympathique et immersive dans le premier tome, la qualité de la série s’est fortement étiolée dans ce volume.

Au final, la série Hex Hall ne peut pas d’être considérée comme un incontournable. Vite lue et aussi vite oubliée, c’est d’autant plus dommage que le premier tome recelait une ambiance fun et originale. Le second tome était très correct, mais ce dernier opus est extrêmement décevant.

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Chronique Jeunesse : Monsieur Kipu

Monsieur KipuUne amitié aussi attachante qu’odorante…

 Dernier roman en date de David Walliams, Monsieur Kipu est sorti en librairie en août dernier. L’ouvrage est destiné à des jeunes lecteurs dès l’âge de 9 ans environs, comme tous les titres de la collection Witty. Il a déjà écrit Joe Millionnaire, Mamie Gangster et un autre est paru en Folio Junior : le jour où je me suis déguisé en fille.

Dans Monsieur Kipu, on découvre l’amitié peu probable d’une jeune fille et d’un clochard, le tout illustré par le fameux Quentin Blake, l’homme qui a illustré les romans de Roald Dahl et dont la patte est inimitable.

La mystérieuse vie de Monsieur Kipu

Vivant dans une famille sans problèmes, Chloé se sent toutefois à l’étroit entre une petite sœur à qui l’on passe tout et une mère exigeante qui se soucie peu d’elle. Sa vie n’est pas horrible, mais pas heureuse non plus, alors pour s’évader, Chloé écrit des histoires, toutes plus folles les unes que les autres. Mais un jour, c’est à la vie de Monsieur Kipu (est-ce d’ailleurs son vrai nom ?) qu’elle va s’intéresser.

Mais quelle vie a bien pu avoir Monsieur Kipu avant d’être ainsi collé à son banc, flanqué de son chien ? Cette question, la jeune Chloé se la pose tous les matins en passant devant le vieil homme pour aller à l’école, à l’arrière de la voiture. Mais un jour… elle décide de faire un pas vers cet homme aussi mystérieux qu’hirsute et… odorant.

Une amitié improbable

Les journées passent et une amitié aussi touchante qu’étrange naît entre les deux personnages que tout oppose. Il faut l’avouer, avoir un ami qui pue a certains avantages, on a plus besoin de faire la queue au Starbucks par exemple.

Mais évidemment cette entente idyllique ne sera pas sans heurts, d’autant que la maman de Chloé veux tout sauf voir sa fille fréquenter « ce genre de personne ».

David Walliams nous offre encore une fois dans ce roman une autre manière de voir les choses, de changer de perception. En effet, qu’est-ce qui interdit aux gens de parler aux pauvres dans la rue ? De se lier d’amitié avec eux ? De s’intéresser à leur histoire ?

Comme dans Joe Millionnaire, l’auteur nous illustre parfaitement le pouvoir néfaste des préjugés. Alors qu’ils étaient positifs dans son premier roman (les gens sachant que Joe était riche voulaient profiter de sa gentillesse), ils sont ici négatifs avec Monsieur Kipu.

Encore un enchantement pour notre âme d’enfant

Lire du David Walliams, c’est comme du Roald Dahl : il n’y a pas d’âge pour l’apprécier. Ça n’est pas parce qu’un ouvrage est estampillé jeunesse qu’il faut passer à côté. Les messages que veux nous faire passer l’auteur sont universels, et une nouvelle fois, l’écriture est un véritable plaisir. La traduction, avec tout ce qu’elle comporte de jeux de mots et de subtilités est très bien accomplie.

Petite anecdote sympathique, pour ceux qui auraient lu Joe Millionnaire, vous assisterez à un crossover avec le personnage de Raj, le vendeur de denrées « à peines mâchouillées » et de foules d’autres choses inutiles que l’on peut trouver dans une épicerie telle que la sienne. Ainsi le retrouve-t-on avec son sempiternel besoin de faire du profit sur tout et n’importe quoi, y compris un kit d’écriture Tortues Ninjas.

Encore une réussite, toujours aussi fun et déjanté, on se plaît à replonger dans l’ambiance des romans de notre enfance. Les jeunes lecteurs se plairont à découvrir des personnages attachants et drôles à la fois. Réalistes, souvent justes dans leur façon d’être, ces derniers nous permettent une joyeuse plongée dans l’enfance avec son innocence et sa soif de découvertes. A mettre entre toutes les mains dès l’âge de 9 ans !

8/10

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Chronique : Parallon – Tome 1

Parallon 01Un amour qui transcende les siècles… mais est-ce suffisant pour nous charmer ?

Parallon est le premier roman pour ados de Dee Schulman, paru en France le 24 janvier dernier dans la collection R. Elle a déjà publié des livres pour la jeunesse chez Bayard avec Mon journal top secret (2 tomes).

Dans ce roman, il est question d’amour, de deux époques que des millénaires séparent et d’un étrange univers…

Quel est le point commun entre Londinium en 152 après JC et l’institut Sainte-Magdalen en 2013 ?

Notre histoire commence à Londinium, au temps des combats de gladiateurs et de l’esclavage, où la vie d’un homme ne valait rien ou presque. On y découvre le jeune Seth, une vingtaine d’années, gladiateur de son état. Bel homme, et excellent combattant, ce dernier a remporté plus de victoires qu’aucun autre gladiateur, pour cela il est adulé par les femmes, qu’elles soient mariées ou non. Mais un jour, son regard va croiser celui de Livia, une jeune femme de son âge, belle mais inaccessible pour lui…

En parallèle, nous faisons la connaissance d’Eva, une adolescente presque ordinaire hormis le fait qu’elle soit surdouée et donc difficile à gérer dans le système éducatif normal. Elle peu craquer les barrières de sites tels que ceux de son école pour en falsifier les notes ou faire envoyer de faux emails par son proviseur. Elle est aussi extrêmement douée dans tous les domaines auxquels elle s’essaye, de quoi frustrer son entourage…

Mais quel lien peut-il donc bien y avoir entre Seth et Eva ? Car on se doute que chacun d’eux n’aura pas une petite vie bien séparée l’un de l’autre…

Un ouvrage à la promesse non tenue…

L’éditeur nous parlant de Parallon depuis quelque temps déjà, il est normal d’attendre la sortie du livre avec curiosité, sinon impatience. De plus, les romans de la collection R ont toujours réussi à nous étonner par leur originalité et leur côté précurseur.

Cependant, Parallon ne tiens pas ses promesses, et cela en de nombreux points. Premièrement, les personnages, sont très stéréotypés et peu creusés. En effet, entre le beau gladiateur et la jolie surdouée, le lecteur n’a que peu de place pour son imagination et sa part de rêve… De plus, l’héroïne ne semble jamais se rendre compte de l’attrait qu’elle exerce sur la gent masculine alors que les signes sont tout de même très nombreux… un état de fait que le lecteur a vite fait de remarquer.

La seconde faiblesse réside dans l’écriture, assez rudimentaire. Là où l’on peut parfois voir une écriture directe et efficace qui va droit au but, ici nous rencontrons une plume assez morne, sans réel éclat. Les dialogues sont simples, peu captivants et parfois très banals…

Le troisième défaut réside dans le comportement des personnages, peu naturels et trop prévisibles, surtout vis-à-vis de leurs sentiments respectifs.

Alors, qu’en est-il de l’intrigue de fond ? Cet amour traverse les siècles parviens-t-il à nous faire oublier les défauts mentionnés plus haut ? La réponse est non, l’idée de base de Parallon, qui est les mondes parallèles est sympathique mais n’apporte rien de nouveau au genre. Des auteurs tels que Philipp Pullman, Pierre Bottero ou encore Neil Geiman ayant apporté déjà de belles pierres à l’édifice.  Le seul élément intéressant de l’intrigue étant le fameux virus qui joue un rôle aussi crucial que mystérieux et dont on aurais aimé en savoir plus…

En conclusion, Parallon ne fait pas pour moi partie de ces romans qui nous transportent dans un autre monde grâce à leur écriture et/ou leur originalité. Un roman qui se lit aussi vite qu’il s’oublie…

Chronique : Le testament d’un enfant mort

Le testament d'un enfant mortOu le déclin de l’humanité…

Les éditions du passager clandestin lancent depuis janvier une nouvelle collection : les Dyschroniques. Elle réunira des nouvelles de science-fiction ou d’anticipation écrites par des auteurs du genre.

En janvier, les trois premiers livres issus de cette collection de nouvelles sont sortis en librairie : Le testament d’un enfant mort de Philippe Curval, La tour des damnés de Brian Aldiss, Un logique nommé Joe de Murray Leinster et Le mercenaire de Mack Reynolds.

Dans le testament d’un enfant mort (paru pour la première fois en 1978 dans l’anthologie Pardonnez-nous vos enfances) nous découvrons le futur tragique qui va rattraper l’humanité… Son auteur, Philipe Curval, est une des références de la science-fiction française et ce depuis le début des années 50. On lui doit notamment : Cette chère humanité, Lothar Blues ou encore L’homme qui s’arrêta : journaux ultimes.

La vie vaut-elle la peine d’être vécue ?

Dans un futur proche, l’humanité a un gros problème : les naissances régressent peu à peu, cela à un niveau tel que l’effet commence à inquiéter sérieusement de nombreux scientifiques et autres autorités. Pour déterminer quel est ce fléau qui empêche l’humanité d’être pérenne, un scientifique décide d’étudier un enfant à naître et va tenter de comprendre quel mécanisme empêche des milliers de nouveau-nés de voir le jour…

Il apparaît rapidement que la vie telle qu’elle est perçue par les bébés à naître ou à peine nés ne vaut tout simplement pas la peine. En effet, quel intérêt que de vivre dans un monde sans avenir ? Où il faut être en lutte constante ? Pourquoi sortir de cette matrice où l’on est si bien pour atteindre un monde froid et grand ?

Une nouvelle sombre qui invite à la réflexion

Le testament d’un enfant mort nous explique à travers les pensées désordonnées d’un nouveau-né (retranscrites par le médecin qui l’étudie) pour quelles raisons se dernier décide de na pas s’accrocher à la vie, mais plutôt de « l’accélérer », de la brûler par les deux bouts pour en finir au plus vite. Ce phénomène est nommé hypermaturité.

L’écriture de cette nouvelle peu paraître déstabilisante au premier abord, en effet elle est issue des travaux de retranscription des pensées chaotiques du nouveau-né. Le monde n’est centré que sur lui-même, jusqu’à en oublier ses enfants.

L’enfant qui nous écrit ces lignes est à la fois désespéré et vindicatif, sa soif de disparaître de cette terre devenant aussi puissante que sont besoin d’être reconnu… L’humanité se développe de plus en plus jusqu’à en oublier paradoxalement ses enfants, ces derniers n’étant qu’un moyen pour s’étendre, le sentiment d’amour disparaissant… alors à quoi bon vivre dans un monde aussi laid et morne que celui-ci ?

Portrait d’une société qui se délite à son niveau le plus primaire, cette courte nouvelle nous offre un portrait sinistre de l’humanité future. Une nouvelle aussi étrange que fascinante qui plaira à tous les amateurs d’apocalypses sociales ou la fin s’annonce aussi lente qu’inexorable… Le genre de texte qui ne s’oublie pas facilement, et c’est tant mieux. Site de l’auteur : www.quarante-deux.org. Chronique rédigée pour le site ActuSF.