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Chronique Jeunesse : Rana et le dauphin

Rana et le dauphinUn texte court, mais extrêmement touchant et percutant

Paru en en août 2012 dans la collection Mini Syros Soon, Rana et le dauphin est un ouvrage au format d’une nouvelle, comme tous ceux de la collection. En très peu de pages, une notion, une réflexion en ressort, pour faire réfléchir les jeunes lecteurs.

Jeanne-A Debats est une auteure française bien connue dans le domaine de l’imaginaire. Elle a notamment écrit La vieille anglaise et le continent (Griffe d’Encre) pour les adultes. En jeunesse elle s’est faite remarqué avec Eden en sursis (Syros) ou encore la balade de Trash (Syros).

Rana est le dauphin fait partie de la sélection de livres en compétition pour le Prix Tam Tam « J’aime Lire » 2013.

Jusqu’où peut-on aller pour la recherche scientifique ?

Les parents de Rana sont scientifiques, ils étudient plus particulièrement les cétacés et leur intelligence grâce à l’aide de nano-robots (robots à l’échelle microscopique). Ils espèrent augmenter le degrés d’intelligence du dauphin qu’ils étudient actuellement, qui se prénomme Typhon. L’enjeu financier est énorme, mais les parents de Rana sont de véritables passionnés, l’enjeu étant d’ordre scientifique pour eux.

Leur fille Rana va également les aider malgré elle, en effet, sa communication aisée avec le dauphin va l’aider à développer son intelligence, l’intégrant ainsi au programme. Une amitié unique est née, et rien (ou presque) ne pourra l’arrêter.

Où la recherche n’est pas toujours positive

La recherche peut avoir un but noble mais aussi parfois des objectifs qui le son beaucoup moins.

Ici, les parents de Rana ne vivent que pour leur recherches et leur résultats, mais ils ont une pression de la part de leur supérieur, cette histoire soulevant de nombreuses interrogations : peut-on faire des expériences sur les animaux ? A partir de quel degré d’intelligence un animal peut-il être considéré comme ayant un libre-arbitre ? Un animal intelligent peut-il avoir des droits ? Rana va malgré elle faire les frais de cette intelligence trop développée de Typhon…

Un court roman extrêmement touchant, qui met nos sentiments à fleur de peau et élève nos réflexions et celles des jeunes lecteurs sur de nombreux sujets actuels : manipulations scientifiques, libre-arbitre, etc. L’amitié développée par Jeanne-A Debats est si juste, si vraie, qu’il devient difficile de na pas s’attacher à Typhon et à sa meilleure amie, Rana.

Il s’adresse à de jeunes lecteurs dès 8-9 ans, mais renvoie à des idées universelles, sans nécessité d’âge, et se veut également être un clin d’œil à Un animal doué de raison de Robert Merle.

Chronique : L’école de la mort

L'école de la mortVient de paraître chez Gulf Stream Editeur, dans la collection Courants Noirs :  L’école de la mort ; une anthologie de huit nouvelles. Chaque auteur a pu y écrire ainsi deux courts récits : Charlotte Bousquet, Lilian Bathelot, Martial Caroff et Béatrice Égémar. Chacun d’eux a déjà un ou plusieurs romans dans la collection de romans policiers historiques de l’éditeur.

Le principe de cet ouvrage est simple, nous proposer des nouvelles policières dans un contexte historique mais aussi dans un établissement voué à l’apprentissage, il faut prendre ici le mot école dans un sens très large. Couvent, centre d’éducation, école militaire, lieu d’échanges philosophiques… tous ces endroits font la part belle à l’apprentissage. Et c’est dans cette ambiance très particulière que des meurtres vont avoir lieu…

Huit nouvelles à l’ambiance singulièrement différente

Nous ne vous parlerons pas de toutes les nouvelles contenues dans cet ouvrage et allons nous focaliser sur les plus marquantes, même si cela reste très subjectif.

Le maître des pierres de Marial Caroff : Nous voici aux temps sombres de la préhistoire. L’un des tailleurs de pierres du village est retrouvé mort, et il s’agissait du meilleur de tous. Son successeur logique, un autre tailleur de pierre bien moins bon que lui semble comme par hasard avoir trouvé le gisement de pierres du défunt… hasard ou étrange coïncidence à creuser ?

Une nouvelle à l’ambiance marquante, à la fois sombre et travaillée, nous nous retrouvons en des temps où certaines notions n’existaient pas encore, et où tout est encore à créer. Plus que pour l’intrigue, qui est tout de suite annoncé, c’est pour son écriture et son atmosphère que cette nouvelle plaira.

L’œil du loup de Lilian Bathelot : En Russie, en 1943, la jeune Roza Svetlana, tireuse d’élite va rencontrer son idole, la légende de tout le pays : Vassili Zaïtsev, tireur d’élite, il a de nombreuses fois fait mouche dans des situations impossibles. Toujours il s’en est sorti.

Maintenant, c’est à lui de forger la nouvelle génération de tireurs d’élite. C’est ainsi qu’au cours d’une compétition engageant les meilleurs tireurs (et tireuses) ainsi que leur binômes, les observateurs, Vassili Zaïtsev va mettre en jeu quelque chose de très personnel : l’œil du loup.

Un récit extrêmement prenant, aussi âpre que la guerre qu’il décrit. L’amour de Roza pour sa patrie et pour la réussite n’a pas de limite. Elle et son observatrice veulent donner le meilleur d’elles même pour servir leur pays et lui faire honneur… mais jusqu’à quel point ?

Magnifique et poignante, il s’agit certainement de la nouvelle la plus mémorable avec une conclusion qui nous laisse un goût doux-amer.

Meurtre à la maison de vie de Béatrice Égémar : En pleine période des pharaons, nous découvrons le dur apprentissage qu’il faut subir pour être un scribe digne de ce nom. Le maître actuel est dur, et même souvent injuste, notamment avec le jeune Pépi. Alors quand le maître est retrouvé mort peu après l’avoir encore appréhendé, tout le monde fait un rapprochement évident avec Pépi… mais est-ce réellement lui qui s’en est pris au maître Scribe ?

Un court récit bien amené et à la période historique intéressante. Jusqu’où va nous mener l’enquête ? Une chose est sûre, on meurt d’envie de savoir qui est le coupable. Une plume et une intrigue efficace.

Obsession de Charlotte Bousquet : En France, à l’époque de la royauté et des passes d’armes se trouve une jeune veuve qui se meurt d’amour pour un homme. Ce dernier en ignore tout. Elle lui fait envoyer des missives qu’elle ne signe pas de son nom, restant dans l’ombre… cet amour va-t-il devenir réel au lieu d’être fantasmé ? L’homme répondra-t-il aux attentes de cette femme qui se languit de lui avec de plus en plus de ferveur et de passion ?

Un récit aussi court que brutal qui nous montre la déchéance d’une femme par amour. L’écriture est certainement le point fort de cette nouvelle : comme dans l’ancien temps, les tournures de phrases sont travaillées, le vocabulaire ancien.

Pour conclure, L’école de la mort est un bon recueil de nouvelles, bien que celles-ci soient de qualité inégales. Un ouvrage à conseiller à ceux qui n’aiment pas nécessairement les romans, mais les courts récits. Il peut être parfait pour initier les lecteurs au genre policier sous différentes époques et formes. A conseiller dès l’âge de 14 ans.

Nouvelles contenues de le recueil L’école de la mort :

  • Les demoiselles de Saint-Cyr – Béatrice Égémar
  • Le maître des pierres – Martial Caroff
  • Les fantômes de Saint-James – Charlotte Bousquet
  • L’oeil du loup – Lilan Bathelot
  • Obsession – Charlotte Bousquet
  • Tatoo Coeur – Lilan Bathelot
  • Meurtre à la maison de vie – Béatrice Égémar
  • Agora Game – Martial Caroff

Chronique : La Sélection – Tome 2 – L’élite

La Sélection 02Encore plus insoutenable que le premier opus

Écrite par Kiera Cass, la trilogie La Sélection connaît un énorme succès, aussi bien dans son pays d’origine, les Etats-Unis qu’en France. L’élite est le second opus de la série, et continue de nous faire rêver… et de nous interroger.

Kiera Cass a écrit d’autres romans que la Sélection, notamment The Siren ou encore Brave New Love, mais aucun n’a encore été traduit en France.

Un suspense toujours haletant

America Singer est toujours dans la course, mais les événements vont se précipiter, et pas nécessairement à son avantage…. Va-t-elle rester ? Résister à la pression médiatique et interne au palais ? Et plus important encore, va-t-elle céder aux sirènes en la personne de son ex petit-ami Aspen, devenu un de ses gardes du corps ?

Beaucoup d’interrogations pour au final très peu de réponses, mais qu’importe, Kiera Cass manie avec tant de maîtrise l’intrigue que l’on se laisse entraîner sans sourciller.

Le cœur d’America balance, peut-être même un peu trop parfois. Elle ne sait plus sur quel pied danser, et nous non plus… alors qui choisira-t-elle : Le Prince ou son ancien amour ?

Il va falloir jouer fin pour tirer son épingle du jeu….

Notre charmante héroïne est sur la sellette, et elle le sait bien : le roi lui-même vous une puissante haine à son égard à cause de ses idées révolutionnaires qu’elle instille doucement au fur et à mesure des émissions dédiées à la Sélection.

Les autres participantes elles non plus ne lui laisseront rien passer : son originalité et son esprit auprès du Prince lui ayant gagné ses faveurs par des voies que les concurrentes n’imaginaient pas, elles qui misaient tout sur leur seul charme.

Les attentats sur le palais se répètent de plus en plus fréquemment, et personne ne juge bon d’exprimer clairement les enjeux qu’ils cachent… simple attentat ou lutte pour quelque chose de plus juste ? de plus noble ?

Faux-semblants, amitiés qui explosent, amours inavoués, actes regrettés, nous ne manquons pas d’action dans ce second tome pour compenser le peu d’informations… frustrant, mais terriblement hypnotisant. Impossible de décrocher jusqu’à l’ultime mot de l’ultime page…

Alors mêler de la géopolitique (à petites touches) avec de l’anticipation sur fond de romance ne vous paraît pas chose possible pour des ados ? Lisez la Sélection, vous en serez bluffé. Et surtout, malgré le fait que les couvertures soient extrêmement girly, cette saga peut être lue par les garçons également ! Dès 14 ans.

Nous attendons avec impatience le troisième et dernier tome, qui devrait paraître dans le courant du printemps 2014.

Interview de Carina Rozenfeld – Partie 3

Phaenix 01Nous allons maintenant parler de Phænix, où le changement de genre est flagrant. Comment s’est déroulée ton entrée remarquée dans la collection R ?

Des rencontres. Au départ, quand j’ai eu l’idée, je travaillais encore avec Constance Joly-Girard chez Intervista sur la Quête des Livres Mondes. Je pense que l’on devait être sur le tome deux. Et j’ai eu l’idée encore pas très ciselée, mais le concept du Phaenix était là. Ca remonte donc tout de même à 2010 environ. On déjeunait ensemble, et je lui raconte l’histoire, en lui disant que quand on aura fini la Quête des Livres Mondes, il y a autre chose que je voudrais faire avec elle. Je lui fais un petit pitch de quelques phrases et elle frissonne, et me montre qu’elle a la chair de poule et me dit « C’est une idée géniale, je suis partante, après la Quête, on fait ça ! ».

On connait l’histoire, Intervista s’est arrêté, la Quête des Livres-Monde n’a pas pu être terminée chez Intervista, Constance a également quitté la boîte, comme tout le monde. Mais elle n’a pas oublié l’idée. Elle voulait que l’on le fasse ensemble, et c’était quelque chose que je voulais faire avec elle parce que je savais que ce serait une romance, ça avait un côté fleur bleue que j’assume parfaitement, et Constance a également ce côté romantique, comme moi. Je me suis dit que c’était une histoire de filles, que ça trouverait un public majoritairement féminin (même si les garçons peuvent bien entendu le lire aussi), et je voulais faire avec une éditrice femme pour être vraiment dans le côté girly à mort. Et elle, elle y croyait vraiment, elle pensait que c’était une super idée, et elle m’a dit « ne t’inquiète pas, ce bouquin, on va le faire ». Elle m’a demandé de monter un dossier, que j’ai rédigé avec présentation d’histoire, des personnages, le concept, etc. Elle est partie avec ce dossier sous les bras, et elle est allée rencontrer des éditeurs pour leur parler du projet en leur disant, « voilà : si ça vous intéresse, je vous le propose clé en main », c’est à dire que moi je l’écrivais, Constance le retravaillait en tant qu’éditrice et on remettait le manuscrit fini à l’éditeur.

Elle a rencontré Glenn (Tavennec) à l’époque où il était encore chez Pocket Jeunesse, il a vraiment adoré l’idée lui aussi. Ca lui parlait vraiment. Et puis finalement il a quitté Pocket, et quelques mois après il signait avec Robert Laffont pour créer la collection R. Je l’ai donc vu un an avant le lancement de la collection R et il m’a dit « ça me va, on le fait », et donc on a signé le contrat et j’ai commencé à l’écrire.
Effectivement, ça s’est passé comme nous l’avions dit, Constance m’a accompagnée sur le projet, elle l’a travaillé avec moi et nous l’avons remis à Glenn. Il a déjà assez de boulot, il s’occupe de tout dans la collection ! Il relit le manuscrit, il peut bien entendu trouver des choses à redire éventuellement, mais quand le texte lui est parvenu, le gros du boulot était fait. Du coup, c’était vraiment idéal : je l’ai tout de même fait avec Constance, avec qui j’avais vraiment envie de le faire, j’ai pu travailler avec Glenn, que j’apprécie énormément et c’est quand même une opportunité assez énorme d’être publiée chez Robert Laffont.

Il y a des moments comme ça, que l’on peut qualifier de grâce, où tout se met en place, presque à notre insu pourrait-on dire, car c’est Constance qui a pris la chose en main, puis quand c’est arrivé je n’aurais pas pu rêver mieux. Wouah !
Ce sont des gens qui ont cru en mon projet, puisque Constance a démarché, Glenn a dit oui avant même que j’en aie écrit un mot. Donc après, ce fut un peu de stress pour moi afin d’être à la hauteur des attentes de tout le monde ! Ce fut donc une superbe aventure au final.

Phaenix 02Ce ne sera pas plus qu’une Duologie ?

A priori non. Si je devais écrire quelque chose avec les mêmes personnages, ce serait nécessairement différent. Car pour moi, leur histoire telle qu’elle est, est terminée à la fin du deuxième tome. Il n’y a plus rien à ajouter sur cette histoire là en tant que telle.

Je ne ferme jamais les portes, quand je termine une série, si j’ai vraiment un jour une idée qui m’accroche pour reprendre les personnages et leur faire vivre une nouvelle aventure, je ne suis pas contre. Mais je ne le ferai que si l’idée me motive vraiment parce que je ne veux pas tirer sur la ficelle juste pour tirer dessus. Si c’est pour faire une troisième, un quatrième tome qui sont moins bien ou pas intéressants, qui gâchent ce que j’ai essayé de mettre dans l’histoire telle qu’elle est, ça n’a aucun intérêt. Ça ne me dérange donc pas de dire au revoir à des personnages et à un univers si je considère que je n’ai plus rien à dire dessus.
Si un jour je me réveille en me disant : « Anaïa et Eidan, pourquoi ne pas en faire autre chose ? » et raconter une autre partie de leur histoire qui serait très différente et qui amènerait sur d’autres chemins, pourquoi pas. Mais ça ne m’est pas encore venu. Donc pour l’instant, deux tomes seulement.

C’est une histoire que j’ai bien aimé écrire, même si c’est très différent, très lent, il y a peu d’action, ça n’est pas du tout un livre d’aventures, contrairement à Doregon ou à la Quête des Livres-Monde. Mais c’était intéressant d’entrer dans ce côté presque journal intime, du quotidien de quelqu’un, presque jours après jours. Et c’était volontairement lent, ce que l’on peut reprocher au texte, je peux comprendre que tout le monde n’aime pas cette lenteur.
Apporter le fantastique par toutes petites touches très discrètes, surtout dans le premier tome en tout cas, car après il faut tout de même que ça se lance ! Mélanger la réalité avec une introduction progressive à l’imaginaire, tout en y mêlant la musique. C’était vraiment intéressant pour moi, c’était autre chose. Et pour les lecteurs, c’est également quelque chose qui a bien marché auprès d’eux, les gens on joué le jeu en écoutant les morceaux auxquels je fait référence au travers des deux romans. Ils ont découvert de nouveaux artistes, mais également la musique classique, ça a été l’occasion pour eux de découvrir que ça n’est pas aussi rébarbatif que l’on pourrait le penser.  
J’ai une formation classique à la base, donc, partager cela me semblait naturel.

Arriver à mêler les émotions avec la musique, avec l’histoire, et que ça fonctionne aussi bien chez les lecteurs, c’était quand même un pari. Ils ne sont pas obligés d’avoir les mêmes goûts que moi en musique, c’est complètement subjectif. Et je suis vraiment heureuse de voir que ça a marché comme je l’imaginais ! Je ne savais pas trop si j’allais réussir à écrire de la romance, en tout cas visiblement, pour certains ça a marché, et c’est très bien. C’était une expérience nouvelle et inédite pour moi et je me suis fait plaisir, les retours ont étés bons, les lecteurs ont aimé, c’est génial !  J’ai fait ma romance, je peux donc passer à autre chose maintenant !

GENRE : Interviews
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La religieuse

La religieuseLa religieuse, certainement un des textes les plus controversés écrit par Diderot. Il met en scène la jeune Suzanne Simonin, promise depuis sa naissance à passer sa vie à servir Dieu dans un couvent pour expier les fautes de sa mère.

Il faut le savoir, ce roman était tout d’abord une farce de Diderot envers l’un de ses amis, le marquis de Croismare. Diderot envoya ces lettres soi-disant écrites par Suzanne Simonin qui lui demande son aide, la plus infime soit-elle. Mais il s’agit en réalité d’une plaisanterie de l’écrivain afin de faire revenir son ami à Paris, afin qu’il quitte sa campagne. Les correspondances entre la fausse religieuse et le marquis furent ainsi nombreuses, ce dernier s’étant attaché à elle.

Par le biais de cet ouvrage, Diderot prône la liberté et la socialisation, lui qui pense que l’homme ne peux s’épanouir qu’avec ses semblables et non pas dans l’isolement, qu’il soit volontaire ou non. La religieuse est également une « Effrayante satire des couvents », comme le dit l’auteur lui-même. L’ouvrage fut publié à titre posthume.

Ce roman a été adapté de nombreuses fois au cinéma, le dernier film en date qui s’en inspire est celui réalisé par Guillaume Nicloux, en 2012, qui reprend mot pour mot des passages entiers du texte original.

Parmi les œuvres notables de Denis Diderot, nous pouvons citer : Jacques le Fataliste, Supplément au voyage de Bougainville, le Neveu de Rameau ou encore l’Encyclopédie – ou Dictionnaire raisonné des sciences des arts et des métiers (la première en France).

Une succession de misères

Suzanne Simonin est promise à Dieu depuis sa naissance. Elle n’aura pas le droit au jolies choses que possèdent ses sœurs, pas même à leur amour. Alors quand arrive pour elle le  temps de prononcer ses vœux, c’est avec une fausse résignation qu’elle s’y engage, avant de tout faire pour les résilier.

Mais il est plus difficile de sortir d’un couvent que d’y entrer… ainsi débutent les successions de malheurs de Suzanne, une bonne religieuse, mais sans passion aucune pour Dieu.

De son parcours, nous sauront tout. Le roman est écrit à la première personne et Suzanne n’épargne rien des sévices qu’elle subira lorsqu’elle refusera de se soumettre aux ordres (il fut prouvé que les sévices cités par Diderot ne relèvent malheureusement pas tous de la création littéraire).

Cet enfermement, nous ne pouvons que le vivre avec force au travers des lignes écrites par Suzanne. Poignante, jamais misérabiliste, cette dernière nous happe par sa force de caractère, sa volonté de lutter contre tous et surtout contre sa condition. Diderot a ici créé un héroïne forte, qui s’aura s’entourer d’alliés efficaces même s’ils sont peu nombreux.

En conclusion, sans vous faire une analyse du roman, ce dont je ne serait tout simplement pas capable, la religieuse est un magnifique texte. Son écriture est fluide, extrêmement accessible, et surtout très intéressante. Le nombreuses péripéties qui marqueront la vie de Suzanne ne cessent de nous happer, pour nous amener à une conclusion qu’on a à la fois peur et très envie de connaître. On y parle de souffrance, de quête de soi et de liberté, mais aussi de relations controversées entre femmes au sein même d’un établissement religieux.

Il s’agit également d’un beau portrait historique qui nous montre qu’à l’époque, le libre-arbitre était encore un luxe dans certaines situations. En effet, on promettait souvent l’un de ses enfants à l’Eglise… et cela sans que ce soit une véritable vocation de la part du futur religieux. A lire pour découvrir un incontournable du XVIIIème siècle, mais aussi pour s’émerveiller de la richesse des textes classiques…

AUTEUR :
GENRE : Littérature
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La ligue des cœurs brisés – Tome 1

La ligue des coeurs brisés 01Un roman qui se savoure comme un bon bol de chocolat chaud !

Pamela Wells est une auteure d’origine américaine, son roman La ligue des cœurs brisés (Heartbreakers en V.O) est le tout premier traduit en France, il est sorti en mai dernier dans la collection Wiz. La série est prévue pour être une trilogie, le troisième tome n’étant pas encore paru pour le moment aux Etats-Unis.

Pamela Wells à grandi dans le Mississipi. Elle a obtenu une licence de journalisme avant de passer et d’avoir un master en éducation et psychologie. Elle a également travaillé comme reporter dans le Mariland et la Californie. Maintenant elle réside à Boston dans le Massachussetts, où elle continue ses études pour décrocher son diplôme en écriture dans le Simmons College.

Tout commence avec… une hécatombe sentimentale

Raven, Sydney, Kelly et Alexia sont les meilleures amies du monde. Mais depuis que trois d’entre elles ont des petits copains, elles ne se voient plus autant qu’avant… cependant, les choses ne vont pas tarder à changer…  En effet, les filles vont chacune se retrouver célibataire… le même soir !

Ces mauvaises nouvelles en cascade seront pour elles un moyen de se retrouver entre filles après des mois d’absence, mais ce sera aussi l’occasion de créer des règles pour ne plus jamais souffrir en amour. Vingt-cinq règles au total devront ainsi être suivies scrupuleusement si elles veulent être à nouveau épanouies… mais les règles ne sont-elles pas faites pour être brisées ?

Un roman doux et sentimental

Les fameuses vingt-cinq règles inventées par Alexia, la seule célibataire du groupe vont les aider à surmonter la terrible douleur de la séparation, enfin… presque ! Parmi les règles à respecter, vous trouverez notamment :

  • Oubliez la date d’anniversaire de l’Ex. Oubliez qu’il est né.
  • Avec l’aide de vos amies, procédez à un rituel pour vous débarrassez des photos de l’Ex et de tous les cadeaux qu’il a pu vous faire.
  • Toute conversation avec l’Ex, par email, SMS, ou autre, est formellement interdite. Supprimez son nom de votre carnet d’adresses mail.
  • Si vous croisez l’Ex d’une amie, ne le mentionnez jamais devant elle.

Vous trouverez ainsi une règle en début de chaque chapitre. Alors que dire de plus concernant ce roman ? Il est sympathique, drôle, frais et possède tous les atouts d’un bon livre de l’été.

Le seul reproche à en faire serait qu’il n’est pas assez marquant en soi. Les personnages des filles ont beau être bien pensés et plutôt réalistes, il leur manque un peu spontanéité, et surtout parfois, d’amour propre. Mais elles n’ont pas encore fini d’évoluer étant donné qu’il s’agit d’un premier opus sur trois au total.

Quoi qu’il en soit, on appréciera de retrouver la vie adolescente et ses tourments pour le temps d’un livre ! Secrets entre amies, chagrins d’amour, rumeurs au lycée et glaces pour se réconforter sont au programme.

En conclusion, La ligue des cœurs brisés est un roman sentimental bien girly qui ne prétend pas être plus que ce qu’il n’est : à savoir un roman de détente et un petit plaisir gourmand. Si vous avez un gros chagrin d’amour, La Ligue saura vous faire penser à autre chose. Et si ça n’est pas le cas, vous vous régalerez quand même !

Actualité éditoriale : Les nouveautés de fin d’année de la collection Exprim’

L’éditeur pour adolescents Exprim’ nous proposera à la rentrée trois nouveautés ; petit zoom pour voir ce qui nous attend…

No man’s land de Loïc Le Pallec :no man's land

Des robots au programme ? Pourquoi pas ! En tout cas, l’éditeur nous promet un roman inoubliable avec une conclusion en forme de twist, alors, forcément nous sommes tentés. Affaire à suivre de près prochainement sur le site !

Quatrième de couverture : Après la catastrophe qui a annihilé l’humanité, ils se sont retrouvés dans cette petite ville déserte, berceau de leur origine commune. Hier encore, ils n’étaient que des robots ; mais ils se découvrent capables de penser et même… de ressentir des émotions. Que vont-ils bien pouvoir faire sur cette Terre désertée ?

S’interroger, bien sûr, à propos de ce qu’ils croient éprouver, car un robot peut-il prétendre échapper à sa programmation ? Peut-il apprendre à vivre en communauté, créer, rire et qui sait ? à aimer ?

C’est toutes ces questions que vont se poser Archi, le robot biblio qui tient le journal des événements, le turbulent Meph, Domo le colosse, Nobel, Cérébro, Eliza et les autres. Qui sont-ils et pourquoi se trouvent-ils réunis dans cette agglomération oubliées au milieu des terres dévastées ?

Je suis sa filleJe suis sa fille de Benoît Minville :

Quatrième de couverture :

 » – Hugo, si on racontait notre histoire, on dirait quoi ?

– Faudrait d’abord parler de ton père, Joan. Ce mec qui t’a élevée sur fond de hard rock et de westerns. Et puis de ce que le Grand Capital l’a poussé à faire – braquage foiré et hosto entre la vie et la mort.

– Oui, et ensuite… de ce que j’ai décidé de faire. Tuer le grand patron.

– Avec ton meilleur ami pour compagnon de voyage. Allez simple Pontoise-Nice sur la Nationale 7, à bord d’une Ford mythique. Une arme, terrifiante, dans la boîte à gants.

– On raconterait ça : notre road-trip aux couleurs de cette vie bizarre, la France du JT, l’aventure, la vraie, l’amour qui débarque sans frapper.

– Hey Joan, n’ayons l’air de rien, et vivons ! « 

Zelda la rougeZelda la rouge – Martine Pouchain

Ce nouveau roman de Martine Pouchain (qui avait déjà écrit La ballade de Sean Hopper, Traverser la nuit ou encore Chevalier B. chez Exprim’) nous semble prometteur. Sur fond de vengeance et de remords, une histoire d’amour balbutie…

Quatrième de couverture : Deux sœurs habitent une grande maison avec des colocs. Zelda, 16 ans, est en fauteuil roulant depuis qu’une voiture l’a renversée, enfant ; l’aînée, Julie, veut la venger. Ne pense qu’à ça – retrouver le chauffard. Zelda, pleine d’énergie et de passion, se destine à la politique. Julie, elle, a sacrifié ses études, se joie de vivre, pour subvenir à leurs besoin. Aide-soignante dans une maison de retraite, elle a parfois des visions prémonitoires et les morts viennent lui parler.

Et puis Baptiste s’immisce dans leur paysage. Charmant, prévenant, il se rend indispensable dans leur cohabitation libre et foldingue. Julie, qui n’a fait que lui manifester son agressivité, s’aperçoit qu’elle est irrésistiblement attirée par lui. Mais comment vivre – vivre un amour – dans la vengeance ?

Chronique jeunesse : Le bon Antoine

Le bon AntoineUn roman touchant, mais pas aussi plaisant que la belle Adèle

Marie Desplechin revient pour un nouvel opus de sa série collégienne avec le bon Antoine, paru chez Gallimard Jeunesse en avril dernier.

Les deux livres qui constituent cette série pour le moment peuvent se lire dans n’importe quel ordre, le premier paru étant La belle Adèle.

On retrouve en pointillés les personnages d’Adèle et de Frédéric, mais ce ne sont pas eux les « héros » de cette histoire, mais bien Antoine, qui est dans la même classe qu’eux. Nous découvrons également de nouveaux personnages en la personne de Bébé et… Chouchou.

Antoine : un peu feignant, mais très gentil…

Antoine, c’est un peu le contraire de Frédéric, que l’on croise dans la Belle Adèle. Frédéric est aussi bon qu’Antoine est mauvais à l’école… Mais ce dernier a un avantage, il est bien plus empathique de Frédéric. De là à dire que c’est un avantage… cela reste encore à voir.

Tout commença avec un cartable oublié chez un copain. De fil en aiguille, Antoine se retrouve alors avec un agenda tagué par un de ses amis… Or, il s’agit du même tag « exposé » sur un des murs de l’établissement.

Alors quand la CPE découvre que le tag dans l’agenda d’Antoine, le rapprochement est à priori simple à faire… sauf qu’Antoine est innocent, et comme il ne dénonce pas son ami, c’est quand même lui qui écopera d’une punition : une semaine avec l’équipe de nettoyage de l’établissement.

Antoine ne le sait pas encore, mais c’est vraiment là, que les ennuis vont commencer pour lui, quand il va faire la rencontre de la charmante Bébé…

Sympathique, mais moins drôle et crédible que le roman précédent

Marie Desplechin, on l’aime pour ses histoires loufoques, mais souvent très vraies. Cependant, avec le bon Antoine, on tombe sur un scénario sympathique mais peu réaliste : un adolescent gardant le bébé d’une des femmes de ménage du lycée, et séchant les cours pour cela, le tout sans presque sourciller et sans que personne ne soit au courant.

La nonchalance de Bébé, qui reste injoignable alors qu’Antoine doit garder Chouchou, son enfant, est elle aussi assez peu crédible et surtout très exaspérante. Notre héros s’offusquant à peine, tant il est charmé par Bébé.

Alors, certes, le roman n’a pas besoin d’être extrêmement réaliste, mais ce scénario reste tout de même peu envisageable. Ainsi, l’histoire d’Antoine devient moins intéressante, moins « vraie » que les autres romans que Marie Desplechin a déjà pu écrire. Or, ce que l’on vient justement chercher chez cette auteure, du moins selon moi, c’est sa fraicheur, sa spontanéité et le réalisme de ses personnages.

Le bon Antoine reste un roman agréable, mais d’un moins bon niveau que la Belle Adèle, qui entrait parfaitement dans les problématiques des jeunes adolescent(e)s. L’écriture reste toujours de qualité et les réparties sont également bien tournées, mais sans le petit plus qui le transformerait en un très bon roman de Marie Desplechin.

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : Victoria rêve

Victoria RêveA l’entre-deux, hésitant entre onirisme et retour à la réalité

Victoria rêve est le dernier roman en date de Timothée de Fombelle, paru chez Gallimard Jeunesse en novembre 2012.
Connu principalement pour sa série en deux tomes Tobie Lolness ou encore Vango, Timothée de Fombelle excelle à créer des univers aussi captivants qu’originaux.

Dans Victoria rêve, nous faisons la découverte d’une petite fille qui voit de l’extraordinaire ou tout autre personne aurait vu tout au plus quelque chose de curieux. Très court, on ne peut pas considérer cet ouvrage comme un roman, mais plutôt comme une longue nouvelle. L’histoire a d’ailleurs été éditée précédemment dans le magazine Je Bouquine.

Les illustrations pleines de poésie qui parsèment le texte sont signées François Place, un grand monsieur dans le monde de la littérature jeunesse. On lui doit des aquarelles absolument saisissante qui emplissent de nombreux albums. Parmi ses œuvres, nous pouvons citer Les derniers géants, Le secret d’Orbae ou encore le pays de Jade.

Mais où sont donc les trois cheyennes ?

Victoria a une vie normale, mais la moindre chose sortant du commun est pour elle un prétexte à rêver, s’évader. Alors, quand le livre qu’elle a emprunté disparaît, elle commence à se poser des questions. Mais Victoria est loin d’être bout de ses surprises… en effet, peu à peu, des livres de sa bibliothèque disparaissent, et elle croit bien avoir aperçu son père, très sérieux, habillé en cow-boy…
Hallucinations ? Rêves ? Victoria est persuadée d’avoir bien vu… mais il semble impossible que son père, qui travaille dans le pâté, puisse s’adonner à de telles futilités.
Entre désirs pris pour des réalités et faits réels, la jeune rêveuse va se confronter à la vie et ses tracas : la vraie.

Une écriture simple et extrêmement poétique

Le talent de Timothée de Fombelle réside dans son art de nous compter des histoires qui ont une véritable âme.
Sous couvert de nous raconter une histoire fantastique, Victoria Rêve nous emmène dans le quotidien d’une famille tristement banale dont l’héroïne rêve de s’échapper.
Ses inventions, son imagination sont tout ce qu’il reste à Victoria pour fuir une vie morne, sans éclat… et elle y arrive plus que bien.

De la détestable et ingrate sœur de Victoria à son meilleur ami Joe, tous vont contribuer à l’installation d’un petit univers à la fois unique et familier.

Loin d’être moralisateur, Victoria Rêve nous apprend à découvrir le fantastique qui se cache dans les choses du quotidien. De la volonté d’un père pour subvenir aux besoins de sa famille à une horloge qui disparaît comme par magie, il n’y a peut-être pas tant d’imaginaire que cela…
Un très beau roman pour s’émouvoir de la simplicité des choses, et du bonheur caché en chacune d’elle. Dès 9 ans, pour les doux rêveurs !

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique BD : Rouge Tagada

Rouge TagadaUne histoire touchante aux sentiments en demi-teinte.

Avec Charlotte Bousquet au scénario et Stéphanie Rubini à l’illustration, voici Rouge Tagada, le premier titre de la collection Les Graphiques, aux éditions Gulf Stream paru en janvier dernier.

Charlotte Bousquet est une auteur française prolifique aux univers multiples. On lui doit notamment Venenum (Gulf Stream), Le dernier ours (Rageot Thriller), ou encore La peau des Rêves  (L’Archipel, collection Galapagos). Ici, c’est un tout autre style encore dans lequel elle se lance, car il s’agit d’un ouvrage réaliste qui nous parle de la découverte de l’homosexualité par une adolescente, mais pas seulement.

Stéphanie Rubini, l’illustratrice, travaille quant à elle régulièrement pour le magazine Causette, mais également pour la presse jeunesse.

Les deux auteures ont déjà travaillé ensemble pour l’ouvrage Précieuses, pas ridicules, paru aux éditions Gulf Stream.

A la découverte de ses propres sentiments

Notre héroïne fait la rencontre de Layla à la rentrée. Elle ne se connaissent pas, mais leur goût en commun pour le théâtre va les rapprocher. Sans le savoir, notre narratrice se découvre une véritable passion pour Layla, une passion qui se transforme doucement en un amour naissant :

Un regard chocolat, des fossettes sur les joues, un parfum de pain d’épice, un sourire plein de malice et une peau tiède, si lisse que j’avais envie de la toucher tout le temps, de la respirer, de m’y rouler comme un gros chat.

Ainsi commence l’ouvrage, et la lente ascension des sentiments envers Layla. De fil en aiguille, une amitié naît, puis une complicité, des éclats de rire… mais tout cela va-t-il durer ? Tant que notre narratrice ne dit rien, en tout cas, tout se passe bien. Elle vit chaque instant passé avec Layla comme un merveilleux moment de bonheur partagé… mais pas pour les mêmes raisons.

Une questionnement sur l’homosexualité et les sentiments dans leur globalité 

Rouge Tagada parle de façon simple et totalement décomplexée de l’homosexualité chez les adolescents, mais aussi des sentiments amoureux de façon générale ; eux qui se posent tant de questions sur leur envies, leur besoins, leur façon d’être.

Sans vouloir le présenter comme un crédo, l’intrigue amoureuse qui se déroule sous nos yeux est normale, elle n’est d’ailleurs même pas détaillée dans la quatrième de couverture, elle est là, mais discrète. C’est ainsi au fil des pages que l’on découvre qui est amoureuse de Layla.

Rouge Tagada insideLes illustrations de Rouge Tagada sont originales et touchantes à leur manières. Sans partir dans des dessins complexes et très détaillés, Stéphanie Rubini nous fait des portraits quotidiens réalistes aux couleurs éclatantes et aux traits simples.

A la fin de cette jolie histoire on se sent un peu comme notre narratrice, que l’on a suivie depuis le début : satisfait d’avoir accompli quelque chose, mais aussi triste de ne pas être comblé… Un ouvrage qui parle de choses encore souvent tabou, malgré l’époque dans laquelle nous vivons et qui a le mérite de le faire sans complexes !