L’Angleterre victorienne, sublime, cruelle.
Dans cette rentrée littéraire jeunesse, il y a de très bon crus, et Waterloo Necropolis en fait partie. Après la trilogie de la maison du magicien parue aux éditions Gallimard Jeunesse (le dernier tome paraîtra en septembre), puis la messagère de l’au-delà aux éditions les Grandes Personnes, Mary Hooper revient avec un nouveau roman historique à l’époque victorienne : Waterloo Necropolis, paru lui aussi aux éditions les Grandes Personnes.
Habituée à nous peindre des portraits de jeunes femmes combatives avec qui la vie n’a pas été tendre, et ce dans une époque peu propice à l’épanouissement de la gent féminine, Mary Hooper signe ici encore un portrait d’un magnifique réalisme.
Deux orphelines sans le sous
Londres, 1861. Grace et Lily sont sœurs, et surtout pauvres. En plus de cela, Grace vient d’accoucher d’un enfant mort-né, une épreuve supplémentaire dans la vie déjà bien cruelle des jeunes filles, dans la capitale londonienne, elles tentent de survivre en revendant sur le marché du cresson, mais c’est à peine si elles arrivent à se loger, et pas toujours à se nourrir.
Mais le hasard va se mêler de la vie dure et impitoyable des deux jeunes filles en leur faisant croiser la famille Unwin, spécialisée dans le commerce des morts (les pompes funèbres) pour le meilleur et pour le pire…
Un magnifique portrait d’époque pour un récit palpitant
L’intrigue concoctée par Mary Hooper commence de façon très abrupte pour ne plus nous lâcher jusqu’à la fin. Waterloo Necropolis fait partie des romans qui se lisent d’une traite et qui peuvent causer des nuits blanches, tellement elle rend avide d’en avoir la conclusion.
Entre roman d’intrigue et documentaire historique, on ne peut qu’être séduit par la plume de l’auteur : la description de la Londres de l’époque est si foisonnante de détails, d’anecdotes, que l’on s’y croirait.
On apprend ainsi que L’express funéraire Nécropolis a été créé à la base pour endiguer le flot de morts ayant eu lieu à Londres en 1840 à cause d’une épidémie de choléra, il ainsi fallut régler le problème de la place dans les cimetières en utilisant un terrain assez éloigné de la capitale. Mais ce n’est pas la seule chose qu’on y apprend, la dureté de la vie à cette époque y est elle aussi bien expliquée, ainsi que les différentes classes de la société et leur fonctionnement.
C’est ce réalisme, cette force dans les personnages qui nous happe dans ce roman. On ne peux qu’avoir la gorge nouée à suivre les déboires des deus sœurs, car l’une des grandes forces de Mary Hooper, c’est sa capacité à nous investir dans la vie de ses personnages : leur malheurs sont les nôtres, leur tristesse aussi.
Attention toutefois sur l’âge auquel lire ce livre, je ne le conseillerais pas avant les alentour de 14-15 ans, pour cause de scènes parfois un peu difficiles sur le plan moral.
En conclusion, Waterloo Necropolis est un excellent roman, tant sur le plan de l’histoire que de la découverte d’une époque souvent traitée dans les romans mais pas toujours très documentée. Un bel hommage à la littérature anglaise et à ses grandes figures, telles Dickens.
Note : L’illustration de couverture signée Pierre Mornet est des plus parfaites pour retranscrire l’ambiance du roman. C’était d’ailleurs lui qui avait également fait la couverture du précédent roman de Mary Hooper chez les Editions des Grandes Personnes : La messagère de l’au-delà.