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Chronique Jeunesse : Hector et les pétrifieurs de temps – Tome 1

D’étranges ombres planent sur la petite ville de Starkley…

Danny Wallace, auteur aussi bien pour les adultes et les enfants nous vient tout droit des Royaumes-Unis. En France, nous le connaissons avant tout pour ses publications destinées aux adultes : Tous pareil (Presses de la Cité, 2015) ou encore C’est elle ! (Pocket, 2015). Les illustrations sont quant à elles réalisées par Jamie Littler.

Avec Hector et les pétrifieurs de temps, il s’agit de sa première incursion en littérature jeunesse pour nous lecteurs français. Bien que cela ne soit mentionné à aucun moment, ce livre est le premier tome d’une trilogie.

Des disparitions inquiétantes…

Bienvenue dans la paisible et extrêmement tranquille ville de Starkley. C’est LA ville où il ne se passe jamais rien de notable. Et cela se voit assez vite en lisant le journal, les unes et brèves sont dédiées à des faits tout à fait inintéressants… « Une pomme de terre qui ressemble un peu à un chien », « Le conseil municipal envisage l’achat d’une nouvelle imprimante »… C’est d’ailleurs pour cela que Starkley a été élue quatrième ville la plus ennuyeuse de Grande-Bretagne…

Mais depuis quelque temps, la ville voit certains de ses habitants disparaître… D’autres reviennent, mais complètement changés : ils deviennent méchants, irascibles, complètement imprévisibles. Hector a remarqué cela depuis quelque temps déjà, mais le jour où la ville s’arrête littéralement, et qu’il est le seul à pouvoir encore bouger, il sait quelque chose de pire se prépare. Il ne sait pas encore ce dont il s’agit, mais une chose est sûre, Hector semble le seul à pouvoir faire quelque chose !

Une intrigue originale servie par une narration divertissante

L’un des points forts de ce roman, c’est son humour 100% british. Des tournures de phrases étranges et hilarantes, des scènes cocasses, le tout est fluide, drôle, et bien mené. L’histoire a beau être assez classique, son traitement reste inattendu, en particulier en ce qui concerne les monstres que vous aurez l’occasion de découvrir dans ce livre ! On ne sait pas immédiatement où veut nous mener l’auteur, et c’est un avantage appréciable pour se prendre d’intérêt pour cette histoire étrange où le temps se met en pause pour tout le monde sauf pour Hector !

D’un point de vue graphique, la version française fait montre d’une très belle originalité avec une impression magnifique sur la tranche, sur les pages elles-mêmes. On y découvre les ombres des monstres qui sont l’objet même de l’histoire, c’est une magnifique finition. De même, à l’intérieur de l’ouvrage, vous trouverez des pages entièrement noires où le texte se trouve en blanc. C’est aussi joli que surprenant, et l’ouvrage regorge de petites originalité en termes de mise en pages.

Par contre, un défaut notable de cette publication, c’est qu’il n’est marqué nulle part qu’il s’agit du tout premier tome d’une série. La moindre des choses quand on publie une saga en plusieurs tomes, c’est d’annoncer immédiatement la couleur aux lecteurs potentiels ! En effet, à aucun moment Gallimard ne met en avant le nom de la série ou la tomaison. Ce n’est qu’à la fin du roman que l’on se rend compte que l’histoire aura une suite. Dommage.

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Au final, l’histoire d’Hector et de ses nombreux comparses est assez sympathique. Elle n’est pas extraordinaire, mais permettra aux jeunes lecteurs de 10 ans environ de passer un bon moment de lecture. C’est un peu fantastique, rempli d’une foule de monstres bizarroïdes et surtout l’humour y est excellent sans oublier que le tout est très bien illustré ! A découvrir pour changer de lectures et rire en frissonnant un peu. Affaire à suivre concernant les autres tomes, la série ayant déjà trois opus publiés en Angleterre.

Chronique : Tau Zéro

Tau zéroLa hard sf dans toute sa splendeur à travers un voyage spatial qui n’en finit pas…

Tau Zéro, roman majeur du paysage de la science-fiction est paru en poche chez Pocket en janvier 2015 (précédemment édité au Bélial’). Traduit sur le tard (le texte date des années 70), ce petit bijou de la sf arrive enfin entre nos mains et devient accessible à toutes les bourses.

Son auteur, Poul Anderson, est d’origine américaine et a été sept fois lauréat du prestigieux prix Hugo et trois fois pour le prix Nébula pour ne citer qu’eux. Il a notamment écrit : La patrouille du temps (quatre tomes), Barrière Mentale ou encore La saga de Hrolf Kraki.

Avec Tau Zéro, on plonge avec fascination dans les méandres de l’univers tout en poussant les théories relativistes dans leurs derniers retranchements. Le reste, comme les personnages et leur psychologie n’est que pure ornement.

En route pour Beta Virginis

Le Leonora Christina et ses scientifiques se préparent à partir pour l’un des voyages les plus ambitieux de l’humanité. Outre un périple stellaire long et ardu, l’équipe devra ensuite coloniser une des planètes de ce système qui semble pouvoir devenir un nouveau berceau de l’humanité.

Mais avant d’y parvenir, il y a des très nombreuses années de voyages à faire, des milliers de parsecs à traverser et de nombreuses dissensions à dissiper au sein même du vaisseau. Tout cela sans compter la part d’aléatoire qu’un tel voyage implique…

Un superbe récit qui pousse à la réflexion avec des bases scientifiques solides

Poul Anderson met magnifiquement en scène de nombreuses théories scientifiques et faits avérés. L’ouvrage datant un peu, certains passages sont discutables scientifiquement (merci d’ailleurs à l’astrophysicien Roland Lehoucq pour sa postface explicative simple et efficace qui permet de dissocier tout cela), mais rien qui ne gâche le plaisir de la lecture.

Théorie de la relativité, effet Doppler, Facteur de Lorentz, Big Crush, Collecteur Bussard… les grandes idées de l’époque et d’autres plus anciennes y sont développées avec efficacité. De mon point de vue, l’histoire du Leonora Christina et de son incroyable voyage est bien plus passionnante que les guerres intestines qui se déroulent à l’intérieur. Les personnages sont efficaces mais parfois un peu frustes, basiques. On y retrouve tous les travers possibles de l’homme lorsqu’il se retrouve confiné avec ses semblables, et cela pendant… plus de trente ans !

Non, le plus génial dans Tau Zéro, c’est l’exploitation des données scientifiques de l’époque de Poul Anderson (donc dans les années 70) pour nous servir un roman de hard-sf réaliste, crédible et passionnant.

On a viscéralement envie de savoir ce qu’il va arriver à tous ces passagers et comment leur voyage en accélération constante va bien pouvoir se solder. Le reste en devient accessoire tant le côté scientifique du récit est prépondérant et surtout bien mené.

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L’ouvrage est ainsi un beau prétexte pour se plonger avec émerveillement dans des concepts scientifiques inconnus, effleurés ou déjà connus. C’est une ode au voyage et à la beauté de la science… ainsi qu’à tout ce qu’elle peut nous offrir.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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