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Chronique : Arca

Un roman de sf français sympathique mais qui ne réussit pas à transformer entièrement l’essai…

Arca est un roman de science-fiction écrit par le français Romain Benassaya, il a été publié initialement par les éditions brestoises Critic avant de sortir chez Pocket. Arca est le premier roman de cet auteur. Depuis, il a écrit le roman Pyramides, toujours chez Critic.

Un roman dans le plus pur style du space-opera

L’Arca est le vaisseau spatial le plus ambitieux jamais construit de la main de l’homme. Il abrite plus de trois mille six-cent spationautes (ici nommés arconautes) qui se dirigent vers un avenir meilleur : La Griffe du Lion. Un avenir meilleur ? Du moins on l’espère, car il faudrait déjà que l’Arca atteigne l’exoplanète et survive au passage du « seuil », une vitesse dépassant la vitesse de la lumière et interdisant tout retour en arrière pour l’Arca…

Mais les guerres intestines grondent au sein du vaisseau malgré l’extrême précaution prise dans le recrutement de chaque passager…  

Des idées intéressantes, mais pas toujours bien développées…

Il y a déjà eu quantité de romans de science-fiction prenant place dans un huis-clos à l’échelle d’un vaisseau spatial (Le grand vaisseau, Tau Zéro… etc.), l’exercice nécessite donc un certain doigté. Et sur la première moitié du roman, Arca est fort bien réussit en mélangeant habillement présent et de nombreux flash-back. L’auteur arrive à garder une belle part de mystère, beaucoup de variables inconnues nous font nous prendre au jeu de l’intrigue.

Le vaisseau va-t-il résister au passage du Seuil ? (le potentiel dépassement de la vitesse de la lumière grâce à l’Artefact), si oui, les passagers ne vont-ils pas paniquer à l’idée d’un voyage sans retour avéré ? Quelle est donc cette nouvelle religion qui semble acquérir de nouveaux fidèles de façon exponentielle ? Quelle est l’origine réelle de l’Artefact, qui ne semble pas venir réellement d’Encelade ?

Les questions posées sont très intéressantes, mais quand le voile se lève dans la seconde partie du roman… c’est un peu la déception. Sur de nombreux points, j’aurais presque aimé en savoir moins, je pense que j’en aurais été moins désappointée.

Autre point noir : le personnage de Sorany, qui est beaucoup trop passif, de bout en bout du roman. Elle semble ne jamais savoir quoi faire, ne pas être passionnée le moins du monde par son travail, même quand elle occupe un haut poste avec de fabuleuses opportunités scientifiques… Cela m’a beaucoup agacée, je l’avoue.

Malgré toutes les nombreuses questions soulevées, tout trouve une réponse assez cohérente mais un peu trop attendue, cela laisse ainsi peu de place à la surprise, dommage.

 

Cependant, Arca est sympathique, même s’il contient les défauts d’un premier roman. Ceux qui lisent beaucoup de science-fiction ne seront guère surpris par cette lecture. Cependant, on ne peut que présager que du meilleur pour les prochaines œuvres de Romain Benassaya, en espérant qu’il aura gommé ses quelques faiblesses.

Couverture de l’édition originale, aux éditions brestoises Critic.

Chronique Jeunesse : Mirapolis – Tome 1 – Les ombres de la cité

Mirapolis 01Un univers d’anticipation très abstrait mais aux idées intéressantes

Hélène Montardre est une auteur française pour la jeunesse. On lui doit de très nombreux romans : L’Agenda (Rageot), Océania (Rageot), Terminus : Grand Large (Pocket Jeunesse) une grande partie des Histoires Noires de la Mythologie chez Nathan, c’est elle aussi !

Le premier tome de Mirapolis est paru en septembre 2014 aux éditions Magnard Jeunesse, dans leur toute nouvelle collection de romans à destination des 9-12 ans. Ce nouveau roman est empli de mystères : une cité du futur où tout semble parfait va connaître la rébellion sous une étrange forme : la culture.

Mirapolis : la cité du futur par excellence

Bienvenue dans une ville où tout est progrès et où le béton et l’acier sont omniprésents. Tout le monde y est épanoui, chacun se voyant attribuer un métier en parfaite corrélation avec ses compétences. Ici, point de place à une trop grande individualité. Chaque strate d’âge se voit attribuer une couleur différente, c’est ainsi que les jeunes travailleurs portent une tenue bleue.

C’est ici que vit Anguéo, un jeune homme bien sous tous rapport et parfaitement intégré à la société. Mais sa vie va être bouleversée à cause d’une simple porte grise (les couleurs régissent beaucoup de codes sociaux à Mirapolis) mal fermée et d’une curiosité trop grande…

La découverte d’un étrange objet rectangulaire vert sombre va ainsi changer le cours des choses pour Anguéo… et une foule d’autres personnes également. Ainsi, Mirapolis est-il vraiment le rêve ultime de tout homme ? L’absence d’arbres, de forêts est-elle naturelle ? Cette situation contente-t-elle réellement tous les habitants de cette cité entièrement artificielle ?

Un ouvrage à la créativité aussi étrange que plaisante

Même si on ne comprend pas immédiatement tous les tenants et aboutissants de l’histoire, Les ombres de la cité est un roman intriguant dont on rêve de percer les enjeux. Différents niveaux de compréhension se mettent à jour au fur et à mesure qu’Anguéo gagne en connaissances.

L’écriture d’Hélène Montardre est encore et toujours efficace : à la fois épurée mais non dénuée d’une certaine complexité. Ce paradoxe fonctionne très bien sur ce roman que l’on peut conseiller dès l’âge de 11 ans environ (le lire avant serait peut-être trop ambitieux car trop abstrait par moments).

Les descriptions faites de certains objets de notre quotidien sont parfois déstabilisantes. Et pour cause : Anguéo, notre jeune héros n’a jamais vu ces objets de sa vie tant son mode de vie est cloisonné. Les mots utilisés sont donc parfois étranges pour nous, et on se prend à vouloir deviner ce qui se cache derrière tel ou tel mot.

 ….

En conclusion, Mirapolis est une série pour la jeunesse à l’univers étrange et séduisant. Il en ressort une ambiance de mystère indescriptible qui en fait tout le charme. C’est donc un bon tome introductif qui donne envie de connaître la suite de l’intrigue et qui pousse les lecteurs à s’interroger, le roman étant une continuelle ode à la curiosité.  Le second tome de la série est à paraître en février 2015.

Chronique : Le landau du rat – Recueil de nouvelles

le landau du ratUn recueil de nouvelles déjantées à lire sous acide

Jacques Barbéri est un auteur français de SF qui a écrit nombres de romans, parmi les plus marquants : L’homme qui parlait aux araignées, Narcose, ou encore Le crépuscule des chimères. Un de ses auteurs de référence est Philip K. Dick.

Avec Le Landau du rat, Jacques Barberi signe un recueil de nouvelles folles, noires, et complètement hors contrôle. Cette anthologie a été réalisée par Richard Comballot, fan de la première heure (dès l’âge de dix-sept ans) et éditeur. Il fut l’un des premiers à « remarquer » l’auteur atypique et prometteur qu’était Barberi, et il lui a déjà consacré plusieurs dossiers dans la revue Bifrost ou encore Galaxies.

Cette intégrale est le deuxième recueil de nouvelles de Barberi publié chez La Volte, le premier était L’homme qui parlait aux araignées.

Des nouvelles à l’ambiance bien particulière

Lire du Barberi, c’est un peu retrouver la nostalgie que peuvent nous apporter les nouvelles de K. Dick ; et pour cause, les deux auteurs ont une chose en commun essentielle : ils se jouent de la réalité et des apparences pour muer le tout en un magma étrange, bizarre et souvent fascinant.

Parmi les nouvelles marquantes, on retiendra certainement Concordance des temps dans un lieu-dit, sorte d’Alice au pays des merveilles encore plus déjanté que l’original où l’on part en incursion dans un univers totalement psychédélique.

La grande oiseau, très belle romance sur fond d’impossible saura aussi marquer durablement les esprits par sa beauté, son atmosphère de nostalgie et d’amour mêlés.

Mais certaines des nouvelles ne relèvent pas du tout de la science-fiction, comme L’éternel retour, qui est une très courte nouvelle basée sur les souvenirs d’enfance, la nostalgie, la famille… magnifique et poignante avec une très belle chute.

Vous l’aurez compris, ce livre a de quoi contenter des goûts divers et variés en matière littéraire.

Une plume marquante et sublime

Rarement un texte a su toucher aussi bien celui qui le lit. Barberi a le don des mots, et il le montre à chaque instant. Que ce soit dans l’horreur ou la magnificence, ses phrases portent et font mouche pour atteindre le lecteur dans son âme, ou du moins dans son amour des belles phrases.

Parmi les nouvelles, vingt-sept au total (dont certaines co-écrites), vous en trouverez certainement une à votre goût.

Mélange subtil de violence, de paranoïa (et autres travers humains) et de poésie, Le Landau du rat séduira les fans de Dick, les fans de SF mais pas seulement : les amoureux de la langue française ne seront pas en reste avec ce beau recueil qui mérite une place dans toute bonne bibliothèque.

Cette chronique a été réalisée pour le site ActuSF

8/10

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TRANCHE d´ÂGE :