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Chronique : Filles de Lune – tome 2 – La Montagne aux Sacrifices

Filles de lune 02Un second tome qui met enfin en lumière le monde de la Terre des Anciens…

Écrite par Elisabeth Tremblay, la série Filles de Lunes est un grand succès au Canada et en France. Constitué de cinq tomes au total, l’histoire nous raconte la vie de Naïla, une Fille de Lune d’exception censée ramener la paix sur la Terre des Anciens pour racheter les fautes de ses lointaines aïeules…

Un début de tome au quart de tour

Nous reprenons le récit juste après la fuite de Naïla d’un endroit où elle a été violée pendant de longues semaines, et à l’issue desquelles elle attend maintenant un enfant… l’homme qui l’a forcée à avoir une nouvelle descendance se prénomme le Sire de Cannac, il s’agit du frère jumeau d’Alix (le protecteur désigné de Naïla).

Cette grossesse non désirée de la part de la Fille de Lune semble être pour le Sire de Cannac et sa sorcière maléfique Mélijna un moyen d’atteindre les trônes perdus de Darius et d’Ulphydius si l’on se fie à une ancienne prophétie.

Naïla, toujours aussi perdue dans ce monde de fous, est censée se rendre à la Montagne aux Sacrifices afin d’obtenir tous les pouvoirs dû à son rang de Fille de Lune (ses pouvoirs potentiels doivent être encore plus puissants que la normale à cause de son ascendance avec la lignée maudite…). Cette grossesse non désirée est un poids de plus pour elle dans cette quête qu’elle ne comprend qu’à peine…

Aventure, courses-poursuites, révélations, magie et nouveaux personnages sont au rendez-vous pour un second tome bien meilleur et plus passionnant que le premier.

Une construction narrative bien mieux ficelée

Dans ce second tome, point de temps mort. En effet, entre la fuite de Naïla, les multiples quêtes d’Alix et les nouvelles rencontres, il devient difficile de s’ennuyer.

On retrouve toujours quelques erreurs de langage plus ou moins dérangeantes ainsi que des répétitions, mais l’écriture est moins choquante que dans le premier ouvrage.

Il devient difficile de résumer tout l’ouvrage tant il y a de nouveaux éléments, mais nous allons tout de même parler des principaux.

Nous faisons la découverte de nombreux sorciers et sorcières, qu’ils soient bons ou mauvais. Leur apparitions apporte un vrai plus à l’univers, de même que celle de gnomes. Elisabeth Tremblay a réussi à s’approprier à sa façon ses créatures souvent utilisées dans les mondes de fantasy.

On découvre également de nouvelles créatures, telles que les protecteurs de la Montagne aux Sacrifices, ou encore les ravels, des oiseaux dont l’espèce à quasiment disparu, les deux derniers représentants existants appartenant à Mélijna, la terrible sorcière des Cannac, le second est à Wandéline, une sorcière qui a aide autant que possible Naïla dans sa quête.

Des mondes parallèles à découvrir

La Terre des Anciens n’est pas le seul monde à découvrir, en effet il en existe en six autres mondes en comptant Brume, la Terre que l’on connaît : Elfré, Golia, Bronan, Mésa, Dual. Et seules les filles de Lunes peuvent prendre les passages entre les mondes, qui sont eux-mêmes bien cachés…

Cette perspective offre de nombreuses possibilités, d’autant que l’on commence à entrevoir des liens entre différents personnages et certains de ces mondes.

Parfois, les révélations sont un peu énormes, car on découvre que certains personnages sont des Elus aux pouvoirs extraordinaires, ou encore qu’une prophétie existait les concernant… mais malgré cela, l’histoire réussi à ne pas perdre de son intérêt.

En somme, ce second tome de la série mérite une conclusion plus positive que le précédent ouvrage. Effectivement, Elisabeth Tremblay réussit à nous captiver grâce à un univers relativement original. Elle reprend certains éléments qui font les bases d’une fantasy traditionnelle mais y ajoute sa touche personnelle.

Malgré un problème persistant au niveau de Naïla, que je perçois toujours comme trop indécise et réagissant mal aux situations, force est de constater que l’on arrive à passer outre pour ne se concentrer que sur l’intrigue qui prend de l’ampleur au fil des pages…

Un second tome très correct donc. Affaire à suivre avec le troisième opus : Le Talisman de Maxandre.

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Chronique : Filles de Lune – Tome 1 – Naïla de Brume

Filles de lune 01Un premier tome long à poser les bases d’un nouvel univers…

Filles de Lune est une série de fantasy en cinq tomes écrite par Elisabeth Tremblay, originaire du Québec. De nombreux épisodes de la vie de l’auteure lui ont permis de transposer son vécu dans ses romans. La série a connu un très grand succès au Canada, puis en France où elle est tout d’abord paru aux éditions de Mortagne (en 2010) avant de paraître en poche chez Pocket depuis mars 2012. La série réunit maintenant plus d’une dizaine de milliers de lecteurs.

Un passé mouvementé et sombre…

Naïla est une jeune femme que la vie n’a pas épargnée. A à peine vingt-cinq ans, elle a déjà été mariée, eu un enfant… et tout perdu. Des suites d’une terrible maladie, sa très jeune fille Alicia est morte, et son mari n’ayant pas supporté cette perte ce dernier a décidé de quitter lui aussi cette terre, laissant Naïla seule avec un désespoir toujours grandissant.

Au bord du gouffre, l’héroïne en devenir est loin d’avoir repris goût à la vie… pour tenir le coup elle s’accroche à ce qui lui reste de famille : sa tante. Naïla aide cette dernière à refaire de fond en comble sa maison ; se noyer dans les cartons et les travaux de gros œuvre est une façon pour elle d’oublier…

Mais cette plongée à corps perdu dans les vieilleries va engendrer de curieuses découvertes pour Naïla, notamment concernant ses origines… une mystérieuse dague, un acte de naissance étrange… la jeune femme veut des réponses, mais elle ne se doute pas de la portée de ce qu’elle va mettre à jour.

Un rythme lent, parfois même lassant

On peut qualifier ce premier tome d’introductif sans hésitation : il pose les (trop) nombreuses bases de l’univers dans un style lent et peu palpitant.

Là où le bât blesse, c’est en particulier au niveau de l’écriture. Pas toujours très claire, et surtout peu fluide, on se retrouve parfois avec beaucoup d’informations sans trop savoir qu’en faire. On assiste également à de nombreuses répétitions de phrases tout au long de l’ouvrage.

Le personnage de Naïla est assez paradoxal : tantôt attachante grâce à son histoire et son vécu, elle peut également être extrêmement démunie, la rendant plaintive et même exaspérante aux yeux du lecteur. Jamais sûre d’elle, toujours en train de s’interroger, mais rarement sur les bonnes choses, Naïla n’a pas vraiment les qualités d’un personnage charismatique et mémorable…

La jeune femme découvre malgré tout qu’elle est une fille de Lune, et que cela implique beaucoup de choses, dont une en particulier, elle doit accomplir son destin. Ce dernier passe par un monde parallèle dénommé la terre des Anciens où couve une guerre d’envergure autour de trônes mystérieux. Naïla est ainsi censée réparer les torts de ses aïeules en arrêtant cette quête insensée des trônes qui dure depuis de nombreux siècles, mettant en danger de nombreux peuples issus de différents mondes…

On peut découper le roman en deux parties distinctes, la première moitié est la plus monotone, à l’image de la vie de Naïla, la seconde devient plus intéressante car on suit la jeune femme dans un monde dont elle ignore tout.

Ce voyage dans une autre dimension arrive à la moitié de l’ouvrage, et soyons honnêtes, c’est à partir de ce passage que l’histoire devient plus intéressante.

Un univers intéressant, mais développé trop rapidement

Le point fort de l’univers de filles de Lune est également sa faiblesse, en effet l’univers imaginé par Elisabeth Tremblay est intéressant mais elle nous inonde de tant d’éléments en peu de temps qu’il est malaisé de tout intégrer.

Il est donc difficile de s’attacher à ce nouvel univers, ce qui est dommage car les idées sont là, mais distribuées de façon éparses, sans réelle logique.

Dans la fameuse seconde moitié du roman, on découvre un des personnages secondaires qui va prendre de plus en plus de place au fil des tomes, il s’agit d’Alix, le protecteur désigné de Naïla. Rarement de bonne humeur, toujours désagréable avec Naïla, le jeune homme est un magicien accompli en plus d’être un très beau représentant de la gent masculine. Mais son rôle de protecteur (Cyldias est le terme exact) n’est pas clair, car il semble que le jeune homme n’en veuille pas, mais sans que le lecteur aie un début d’explication bien clair…

En conclusion, ce premier tome de la série Fille de Lune laisse très mitigé. D’un côté nous avons un personnage principal peu attachant dont la personnalité laisse perplexe à certains moments ; de l’autre nous découvrons univers qui même s’il n’est pas toujours bien développé donne vraiment très envie d’en savoir plus, en particulier à la fin de l’ouvrage où beaucoup d’éléments se bousculent. Affaire à suivre avec le second tome de la série : La Montagne aux Sacrifices.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

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Chronique Jeunesse : Les oiseaux noirs

Les oiseaux noirs-

Les oiseaux noirs : le fléau qui terrifie tout un village depuis des siècles…

Faustina Fiore est une personne connue dans le monde de la jeunesse pour ses très nombreuses traductions. Elle a traduit des ouvrages de l’italien, de l’anglais et de l’espagnol. Elle a notamment traduit les Chroniques de la Tour de Laura Gallego Garcia, ou encore Jenna Fox, pour toujours, de Mary E. Pearson.
Après avoir pendant de très longues années traduit les romans des autres, Faustina Fiore se lance dans l’aventure et écrit son propre roman : Les oiseaux noirs est son premier ouvrage, il est paru en avril 2012 aux éditions pour la jeunesse Casterman.

La petite ville Seelenheim et son terrible fléau

Le petit village ou habite Arno est sans prétention, et pourrait même rendre cuex qui y habitent heureux si seulement il n’y avait pas les oiseaux noirs…
Les funestes volatiles hantent le village au gré de leurs envies et détruisent tout sur leur passage. Dès que les habitants voient un nuage noir s’approcher, ils se terrent tous dans leur maison, dans une pièce sans fenêtres, car les oiseaux saccagent tout su leur passage, et s’il leur arrive de trouver un habitant non abrité… s’en est fini de lui.

Cette peur panique des oiseaux n’a pas dissuadé Arno et son meilleur ami Bern de s’enfuir dans la forêt avoisinante… cette fugue de jeunesse va faire perdre la vie à Bern et changer radicalement celle d’Arno qui veut découvrir pourquoi les oiseaux noirs hantent Seelenheim depuis des générations…

Une aventure pour la jeunesse entraînante

Arno est encore un gamin selon les critères de la débrouillardise et de la survie, mais ce ne sont pas son manque de connaissances qui vont l’arrêter. Il veut stopper cette malédiction qui brise tant de vies depuis trop de temps dans le village.
Ainsi décide t-il de partir quelques jours après la perte de son meilleur ami. C’est d’ailleurs pour lui qu’il fait cela, en entretenant le secret espoir que son ami pourrait être ressuscité.
Sa quête pour trouver le Vieux de la Montagne commence alors ; ce sage pourrait peut-être briser la malédiction car… c’est lui qui l’a abattue sur Seelenheim il y a de cela des centaines d’années, s’il a réussi à vivre aussi vieux…

Quelques jours à peine après son départ, Arno se rend compte qu’il n’est pas l’aventurier qu’il pensait être… heureusement sa chance va tourner quand il va croiser la route d’une jeune femme : Clara. Combative, acharnée, perspicace et surtout douée pour la vie en forêt, elle va montrer à Arno toutes les ficelles de la survie.
Cette rencontre puis cette amitié inattendue vont rendre ces deux personnages très attachants au fil de l’histoire. Avec chacun leurs secrets, leurs peines et leur vécu, on découvre peu à peu le passé de la rayonnante et vive Clara avec beaucoup d’intérêt.

L’intrigue en elle-même est très sympathique sans être extraordinaire. Elle conviendra sans problème à des jeunes lecteurs dès l’âge de 11-12 ans. Le point fort de ce roman étant la présence de deux personnages crédibles et bien campés, faisant même parfois passer la quête d’Arno au second plan. Les oiseaux noirs n’est pas ce que l’on peu appeler un roman d’horreur, même si la couverture par quelque peu en ce sens. On peu certainement le classer dans les livres d’aventure à suspense pour la jeunesse, le tout avec un soupçon de frissons (sans oublier la présence du fantastique en petite dose).

Pour conclure, c’est un premier roman dont son auteure Faustina Fiore, n’a pas à rougir. Elle y réunit tous les éléments qui font d’un livre qu’il est efficace. Alors, à quand un livre pour les plus grands ?

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Chronique : Le livre de Saskia – tome 1 – Le Réveil

Le livre de Saskia 01

Un récit pour ado qui séduit vite son lecteur grâce à univers bien pensé et… angélique.

Premier roman de la française Marie Pavlenko, le livre de Saskia est paru aux éditions Scrinéo Jeunesse dont le second tome vient d’ailleurs de paraître. Ce premier opus, qui s’intitule Le Réveil, nous conte l’histoire d’une jeune fille, Saskia, adolescente sans problèmes particuliers, vite attachante qui a été découverte abandonnée en Inde puis amenée en France par sa mère adoptive.

Il y a eu beaucoup de livres sur les anges ces derniers mois chez différents éditeurs : Hush Hush, Halo etc… mais celui-ci mérite une attention particulière.

Dans le quotidien de Saskia

Bonne élève, drôle, heureuse de vivre, Saskia vient de changer d’école pour passer sa terminale à Buffon. Depuis sa plus tendre enfance, elle sait que sa mère n’est pas sa vraie mère et qu’elle a été adoptée, et cela dans d’étranges circonstances.

Quand on l’a trouvée, elle portait déjà bébé cette pierre qui ne la quitte jamais depuis, sans cette dernière elle se retrouve perdue et complètement démunie… et autre chose étrange, ça pierre « chauffe » ou « refroidit » selon les circonstances, comme pour la prévenir d’un danger. Mais elle fait partie de son quotidien, et donc ne s’est jamais vraiment posé de questions la concernant.

Mais un jour où Saskia se retrouve presque seule dans une rame de train et que sa sécurité est en danger, elle croise le chemin de Tod, un garçon mystérieux qui va la sauver. Depuis, ce dernier la suit partout, jusque chez elle. Il est dans le même établissement qu’elle, mais en tant que pion. Tod n’est pas à proprement parler dangereux, mais le fait qu’il suive Saskia partout où elle se rend devient vite très dérangeant pour elle, et sa quête de réponses se trouve devant un mur.

Et la chose va encore se compliquer quand elle va être également suivie par une nouvelle élève qui débarque dans sa classe : Mara.

Tod et Mara la protègent de quelque chose, mais de quoi ?

Un roman fichtrement immersif

Le livre de Saskia est écrit de façon simple, avec un vocabulaire fluide qui fait que l’on entre très vite dans l’intrigue. La première partie du roman est très « banale », mais jamais ennuyeuse, racontant la vie quotidienne de Saskia. Les descriptions des lieux et des personnages sont très bien maîtrisées, facilitant la possibilité de s’attacher à ces derniers. Les mystères n’arrêtant pas de s’ajouter, on ne peu qu’être happé par l’intrigue.

Saskia, qui est loin d’être bête et pleurnicharde comme le sont parfois certaines héroïnes de romans pour ados, on a ici affaire à une héroïne forte qui malgré ses interrogations et ses peurs va au-delà des apparences.

Quand au personnage de Tod, c’est Le beau gosse par excellence, et même s’il en joue, sa beauté ne fait pas tout ; son personnage est extrêmement intéressant et il joue beaucoup de l’ambiguïté avec la pauvre Saskia. Mara, l’antithèse de Tod est également pleine de mystères et peu causante sur la situation elle-même.

La seconde partie du roman est beaucoup plus axée fantastique au fil des pages. Le livre de Saskia aborde ensuite un vocabulaire angélique créé de toutes pièces par son auteure, et ce sans nous perdre en grandes descriptions. Une incursion en terre fantastique réussie donc.

Le seul point noir selon moi est le dénouement de fin du premier tome, où l’on fait certaines révélations et où l’on tombe parfois dans le cliché. Mais le récit reste toutefois assez original dans sa globalité.

Alors, je ne vous en dirais pas plus concernant l’intrigue sous peine de vous gâcher un peu de plaisir, le mieux serait encore que vous lisiez le livre de Saskia. Pour son originalité, son écriture et pour ses héros à la personnalité bien campée. Et puis, c’est aussi la preuve si il en est besoin que le fantastique français a de beaux jours devant lui. Vivement la suite avec le tome deux : L’épreuve.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF

Chronique : Les Héros de la Vallée

Les Héros de la ValléeUn roman épique en écho aux grandes légendes des temps anciens

Jonathan Stroud, auteur désormais connu pour sa série Bartiméus, revient avec un roman indépendant destiné à un lectorat plus adulte, plus mûr, avec Les Héros de la Vallée. Publié tout d’abord aux éditions Albin Michel dans la collection Wiz en 2009, l’ouvrage vient de sortir chez Le Livre de Poche collection Fantasy en octobre 2011.

Pour les fans de la précédente série de l’auteur, attendez-vous à un changement qui ne sera pas forcément des plus plaisants. L’humour mordant et l’écriture vive à laquelle nous avait habitués Stroud sont ici remplacés par un univers fruste et un genre d’écriture beaucoup plus lent, plus brut également.

Dans la Vallée vivaient douze Héros…

La Vallée est un lieu mystérieux divisé en douze contrées appartenant à douze maisonnées. Ces maisonnées doivent leurs noms aux Héros, des hommes qui ont sauvé il y a des générations le peuple de la Vallée des Trâles. Mais que sont les Trâles ? Ce sont des monstres terrifiants dont on ignore tout ou presque. Ils surgissent de terre aux heures les plus noires pour enlever des habitants… mais depuis la fameuse bataille du Roc, le peuple de la Vallée n’a plus rien à craindre : les corps des Héros veillent, et les Trâles ne peuvent plus franchir la limite des cairns (empilement de pierres funéraires).

C’est donc dans ce monde relativement protégé que vit le jeune Halli, descendant de Svein, un des Héros. Et ce dernier ne rêve que d’une chose : accomplir les mêmes faits héroïques que son aïeul quitte à mettre en danger l’honneur de sa maisonnée, et même sa propre vie.

Un récit initiatique plaisant mais…

Jonathan Stroud s’essaye ici à l’exercice difficile de conteur de légendes, créant un univers aux croyances et traditions bien ancrées. On se plonge facilement dans cette société semblable à celle des peuples celtiques.

Dans une ambiance rustique et familiale, nous suivons les pas du jeune Halli, du haut de ses quatorze ans, dans sa quête de grandeur. L’univers construit ici est réussi et très plaisant à découvrir ; on retrouve quelques échos à l’œuvre de Tolkien : Bilbo le Hobbit dans les nombreuses et malheureuses péripéties de Halli. Le côté nains et elfes en moins, ici il n’y a que des hommes… et des Trâles.

Jonathan Stroud a une affection toute particulière pour les personnages impertinents et rebelles, comme il nous l’a déjà prouvé avec ses précédents écrits. Mais là où le bât blesse, c’est dans la personnalité des personnages, en particulier celle du « héros », Halli. Sa personnalité capricieuse et inconséquente a parfois le don d’agacer par son manque de crédibilité.

En plus de cela, le récit rencontre quelques passages à vide où l’intérêt s’essouffle à force de descriptions trop développées. On se demande parfois où l’on veut nous emmener au final. Un final d’ailleurs abrupt qui laisse un peu au dépourvu, mais qui est assez bien tourné, laissant une fin ouverte au lecteur libre d’en penser ce qu’il veut.

En somme, Les Héros de la Vallée n’est pas un mauvais livre, mais il est tout de même assez déstabilisant pour ceux qui connaissaient Jonathan Stroud pour ses précédentes œuvres. Le plaisir de cette lecture résidera surtout dans sa similitude avec les contes épiques narrés par les bardes itinérants au coin du feu d’une auberge…

GENRE : Fantasy
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Chronique bd Jeunesse : La balade de Yaya – tome 3 – Le cirque

La balade de Yaya 03Pour de nouvelles aventures… bien loin de Shangaï.

Paru en novembre dernier, voici le troisième tome de la série la balade de Yaya, qui en comptera 9 au total. Jean-Marie Omont est toujours au scénario, et Golo Zhao au dessin.

Au revoir Shangaï… bonjour l’aventure !

A la fin du second tome, Yaya et Tuduo ont malheureusement dû quitter la ville de Shangaï plus vite que prévu. C’est ainsi qu’avec rien d’autre sur eux que leurs propres vêtements, les jeunes enfants vont se retrouver dans la roulotte d’un cirque itinérant : le petit cirque de Fuzhou. Livrés à eux-mêmes, ils vont être « adoptés » par les gens du cirque avec lesquels ils vont finir par instaurer une relation de confiance.
Mais tout ne peux pas être aussi simple, et Yaya et Tuduo ont encore beaucoup d’épreuves (outre la guerre déchirant le pays) à surmonter… dont certains fantômes du passé…

Toujours aussi plaisant et efficace

Le troisième tome de la série poursuit efficacement une intrigue basée sur la rencontre de nos protagonistes principaux avec de nouveaux personnages.
Les sentiments humains sont toujours au cœur de l’histoire, ce sont d’ailleurs eux qui font de la balade de Yaya une telle suite de péripéties et d’aventures.

Nous quittons la ville de Shangaï pour partir à la rencontre de la Chine beaucoup plus rurale, plus humaine également (où l’entraide est un moyen évident pour survivre). Il est très plaisant de voir ces beaux paysages tout en couleurs défiler sous nos yeux. Qu’ils soient de nuit ou sous la pluie, Golo Zhao arrive toujours à faire ressortir la beauté d’un paysage ou d’une ville.
De plus, de nouveaux personnages vont faire leur entrée dans l’histoire, dont certains très attachants…

L’intrigue avance peu, même si l’on apprécie un peu plus à chaque page l’étonnante et indéfectible loyauté de Tuduo envers une Yaya on ne peu plus têtue.
Honnêtement, on aurait apprécié un peu plus d’action dans ce troisième tome qui nous donne la légère impression de tourner un peu en rond. Mais il s’agit avant tout d’un ouvrage pour la jeunesse, alors je pense que le public auquel cet ouvrage est destiné y trouvera son compte d’aventure et de suspense.

Un bon troisième tome en somme, mais qui s’essouffle légèrement selon moi. Affaire à suivre quoi qu’il arrive avec le quatrième tome de la série qui sortira le 17 février 2012 avec un titre fort mystérieux : L’île.

7/10

Chronique bd Jeunesse : La balade de Yaya – tome 2 – La prisonnière

La balade de Yaya 02L’aventure de nos deux héros à Shangaï continue, pour le meilleur…et pour le pire…

Second tome de la série pour la jeunesse écrite par un scénariste français (Jean-Marie Omont) et dessinée par un artiste chinois (Golo Zhao), la balade de Yaya se poursuit là où nous avions laissés nos deux jeunes protagonistes, bien mal en point…

Prisonniers d’un exploiteur d’enfants…

Yaya a été faire prisonnière par le même exploiteur d’enfant qui tenait déjà Tuduo sous son joug. L’homme vil et cupide ne voit que des côtés positifs à la guerre… c’est l’occasion pour lui de « recruter » de nouveaux enfants perdus comme Yaya.
Mais le jeune duo n’a pas dit son dernier mot et va tout tenter pour retrouver les parents de Yaya, le dernier espoir pour la jeune fille pour retrouver sa vie d’avant et la seule échappatoire de Tuduo pour échapper à sa terrible situation…

La suite des aventures de Yaya et Tuduo

Encore une fois, ont se laisse totalement prendre par l’intrigue simple mais accaparante de la série. De malchances en mésaventures, les deux enfants n’ont pas fini de lutter pour accomplir leur quête.
Cette seconde partie se déroule toujours dans la ville de Shangaï, lieu où se trouve la maison de Yaya. On y découvre une ville remplie à la fois d’injustices criantes et de bonté.
Dans cette série, le côté humain passe avant tout. On y découvre aussi bien l’homme opportuniste que l’être qui donne sans rien attendre en retour. Et chaque nouvelle rencontre que font les enfants fait craindre pour leur sécurité, ne sachant jamais s’ils sont tombés sur une bonne personne ou non… en somme, une illustration très juste de la vie.

Notons tout de même la très légère pointe de fantastique que possède cette série : Yaya sait parler avec les animaux. Ce pouvoir étrange se révèlera fortement utile dans certaines situations périlleuses.

Enfin il convient de parler du graphisme de l’ouvrage. Le trait de Golo Zhao est toujours aussi réussi. Rendant ses personnages vivants, attachants.
Toujours aussi bien travaillées, les couleurs sont vivantes, éclatantes. Tantôt tristes et lugubres, tantôt lumineuses et pétillantes, les teintes qui dominent les différentes parties de l’ouvrage sont un magnifique reflet de l’histoire elle-même.

Ludique, intelligente, pétillante, ce second opus confirme ce que l’on pressentait déjà dans le premier tome… Yaya est une petite perle ! Prochaine chronique avec le troisième tome de la balade de Yaya aux éditions Fei : Le cirque.

8/10

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Chronique : L’héritière du temps

L'héritière du tempsUne bonne intrigue, des personnages forts, le tout sur fond d’une époque féodale fascinante.

L’héritière du temps et le second roman de l’écrivain français Ludovic Rosmorduc, publié aux éditions jeunesse Baam ! Son premier roman, le Tertre des âmes, publié en janvier de cette même année avait connu un véritable petit succès. C’est ainsi qu’en septembre l’auteur récidive avec un second ouvrage qui reprend certains personnage du premier ouvrage mais qu’il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu pour comprendre le roman.

Dans un royaume tiré typiquement du moyen-âge

Nous sommes dans la grande ville fortifiée de Setiladom ; c’est ici que vivent les futurs héros de cette histoire : Yorel, Dungal et Sixéla. Mais au commencement était surtout une jeune femme qui annonce aux quatre coins de la ville que le Diable est de retour et qu’il a amené un étrange mal sur ses pas. En effet, dans des villes et villages où est passées la jeune femme, beaucoup d’habitants souffraient d’un mal inconnu : leur peau s’enlève par lambeaux, leur souffrances sont terribles, et tout ceux qui sont touchés finissent sous terre : il semble qu’il n’y ait aucun remède à ce mal.

En plus de cela, de nombreux signes sont annonciateurs de la venue du Diable, en particulier celui d’une grossesse qui a très mal tourné. Pour l’émissaire de Dieu qui officie à Sétiladom, c’est certain, la jeune femme qui annonce ce mal n’est autre qu’une émissaire du Diable lui-même… mais les apparences sont parfois très trompeuses, et les coupables ne sont pas toujours là où ont voudrait qu’ils soient…

Un roman prenant qui imbrique les intrigues et les mystères

L’héritière du temps est un roman que l’on peu assimiler à un roman historique, même si le pays est inventé de toutes pièces par son auteur, on y retrouve les éléments typique du moyen-âge (puissance de l’église, mode de vie, etc…). Mais c’est aussi un roman policier de qualité pour les jeunes dès l’âge de douze ans.
L’intrigue est vraiment au cœur de l’histoire, et chose intéressante, il est loin de n’y en avoir qu’une seule. On se rend compte au fil des pages que plus on avance et plus les mystères à élucider s’accumulent. Il y a d’abord celui de la mystérieuse maladie du Diable, mais aussi celui du manuscrit caché retrouvé par Sixéla, et d’autres encore au fur et à mesure du roman.

Dans la deuxième partie du roman, c’est aux intrigues internes de l’église que nous avons affaire en plus de l’enquête à la base du roman, et les hommes de foi sont loin d’être aussi pleins de bonté qu’en apparence : pressions, machinations et chantages sont au rendez-vous pour savoir qui aura le plus de pouvoirs au sein de l’Eglise.

Pour achever cette chronique, on peut dire de l’Héritière du temps beaucoup de choses très positives : un récit rythmé, rempli d’intrigues et aux personnages aisément identifiables et attachants. Ce roman est parfait pour tous les jeunes dès l’âge de douze et leur permettra d’apprécier ce jeune auteur. Car plus qu’un roman divertissant et bien écrit, c’est aussi un peu de sagesse que nous distille ici Ludovic Rosmorduc.

Prochain rendez-vous avec l’auteur lors de sa troisième publication en janvier 2012, toujours aux éditions Baam ! sous le titre Trahisons et faux semblants, on a hâte ! Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

8/10

Chronique : Doregon – Tome 1 – Les portes de Doregon

Doregon 01A la découverte d’un univers unique, fascinant, envoûtant.

Carina Rozenfeld est une auteur de fantastique de nationalité française. Elle a notamment écrit la série La quête des Livre-monde, paru chez Intervista qui a rencontré un beau succès (et qui devrait bientôt être réédité), Les clefs de Babel paru chez Soon (la collection SF ado de Nathan) qui a remporté de nombreux prix, ou encore Lucille et les dragons sourds chez Kryos.

Doregon, le monde imaginé et peint par une artiste

Mia est une jeune femme passionnée par la peinture. Elle suit des cours au Beaux-Arts ; son frère Moone quand à lui est un artiste-photographe réputé et reconnu, et sa mère disparue depuis longtemps a su elle aussi à sa façon lui transmettre cette passion.

Et la soirée de vernissage à laquelle on assiste nous lecteur, est déterminante : pour Mia, pour Moone, pour Josh, mais aussi pour Doregon… mais qu’est Doregon ? C’est simple, c’est le monde que Mia a inventé, dessiné et peint. Mais c’est en fait bien plus que l’univers qui sort de la tête d’une artiste de talent… Doregon existe et existait bien avant que Mia ne l’imagine, et ses tableaux sont en réalité des passerelles pour se rendre en Doregon…

Une intrigue fascinante, des personnages mémorables

Les portes de Doregon est un roman surprenant par bien des aspects : non contente de se réapproprier le genre fantastique, Carina Rozenfeld créé ici un univers tout à fait original.

Les mondes-passerelles ne sont pas nouveaux en soi, mais l’utilisation que l’auteur en fait, et l’explication du monde et de son agencement nous poussent à y voir un monde fouillé, très détaillé et totalement enchanteur.

Et même si au début du roman le lecteur a un peu de mal à se situer d’un point de vue chronologique, l’horreur de la situation ne tarde pas à être révélée. Car en plus de voyager entre les mondes, le temps est lui aussi une donnée malléable, d’ailleurs, les différentes parties sont distinguées selon leur chronologie : Partie 1 : Ce qui se passe, Partie 2 : Ce qui aurait dû se passer

En plus de cela, les personnages sont peu nombreux mais extrêmements fascinants, leur psychologie étant très « complexe » (quand je dis complexe, entendez très creusée et non pas compliquée).

Ainsi vous avez le personnage central, Mia, héroïne et victime à la fois. Josh, le petit ami de Mia, mais aussi bien plus que cela. Moone, le demi-frère de Mia, qui est à la fois la source de beaucoup de joies et de malheurs pour Mia de par ses ambiguïtés, c’est aussi le personnage le plus intéressant dans sa personnalité. Enfin, il y a Garmon, sorte de maître spirituel pour Mia, c’est lui qui fera son apprentissage du monde de Doregon.

Voilà pour les personnages humains, il reste juste une espèce dont nous n’avons pas encore parlé : les lymbiotes (terme créé par l’auteur, mélange du mot lynx et symbiote). Ces créatures étranges et uniques ont un don très spécial et peuvent se lier par l’esprit pour la vie avec un humain, et un seul, mais rares sont les élus à avoir cette chances.

L’univers quand à lui nécessiterai bien plus qu’une simple chronique pour le décrire et l’expliquer clairement, aussi je vous recommande plutôt de vous précipiter sur cet ouvrage qui mérite d’être connu, et qui se dévore littéralement. Bien que publié chez l’Atalante jeunesse, ce livre s’adresse à un public âgé d’au moins treize ans et plaira tout autant aux adultes.

Prochaine chronique sur la suite des portes de Doregon : La guerre de l’ombre ; quand au troisième tome : Les cracheurs de lumière, il devrait sortir au printemps 2012.

9.5/10

Chronique : L’élu de Milnor – Tome 1 – La fuite

l'elu de milnor 01 - la fuitePremier ouvrage de l’auteur française Sophie Moulay, l’Elu de Milnor est un roman de fantasy destiné à la jeunesse publié aux éditions Oskar Fantasy en janvier dernier, et c’est un premier tome.

Destiné à des lecteurs âgés entre onze et quinze ans, on y trouve tous les éléments de base qui font d’un livre qu’il est efficace : personnages à la fois identifiables et très marqués, intrigue classique mais originale en même temps, un début prometteur…

Dans le royaume fantastique de Milnor…

Ici vit le jeune Almus, l’Elu découvert par les Sages il y a plus de onze années et désigné par l’Oracle. L’Elu, sur la foi d’une prophétie est le seul être à pouvoir affronter l’Ennemi, une entité inconnue et mystérieuse.

Almus vit donc dans un cocon où il doit ingurgiter le plus de livres concernant toutes les formes de magie, la faune et la flore du Royaume et une foule d’autres choses encore.

Mais tout ne va pas se dérouler selon les plans des Sages, quand, lors de la démonstration annuelle des pouvoirs de l’Elu, ce dernier est désigné comme un imposteur : Almus n’est pas l’Elu, il n’est rien. C’est ainsi que rejeté par sa famille d’adoption, Almus quitte tout ce qu’il a connu pour partir rejoindre sa famille qu’il a si peu connu…

Un roman à la fois traditionnel et nouveau

Il est évident que des histoires d’élu dans la fantasy (et d’autres genres d’ailleurs), ça n’est pas nouveau. Mais ce qui est cocasse ici, c’est que l’Elu de notre roman, voit dès le début son destin basculer, et est révélé comme n’étant rien d’autre qu’un jeune homme ordinaire.

Cette approche différente (et un peu narquoise ?) des ficelles du genre donne tout son intérêt au livre. Car là on un croyais assister à une énième histoire, on se retrouve avec un ex-Elu errant. Et c’est ainsi que l’on part d’aventures en incidents : voyages en mer, brigands de toutes sortes croisés en chemin, créatures dangereuses, mais aussi amitié avec des personnages tous très attachants.

Petit à petit, Almus arrive à s’entourer de personnes aux personnalités et aux compétences très diverses : il y a Pil, le jeune ex-voleur, Noir-Cœur, l’apprenti assassin à l’humour mordant, mais aussi Mira, une jeune voyante. Je trouve que le personnage de Noir-Cœur est le plus intéressant de tous, sa noirceur et sa personnalité à la fois agréable en font quelqu’un d’intriguant… et de séduisant. Le jeune Pil, empli de vulnérabilité, touche la corde de la tendresse que l’on ne peut qu’avoir en découvrant un jeune garçon ayant eu une vie aussi cruelle : il a été vendu comme esclave par ses propres parents. La jeune Mira, quand à elle, est une jeune fille capricieuse mais intéressante, seul petit bémol en ce qui la concerne, je trouve son entrée dans le groupe un petit peu trop « artificielle », tout comme celle de Noir-cœur d’ailleurs. Leur venue est justifiée, mais de façon un peu trop expéditive.

Hormis cette petite remarque, l’Elu de Milnor est un bon livre pour initier à la fantasy. L’histoire est sympathique : ni trop classique,  ni trop originale. Les personnages sont identifiables sans soucis, et surtout la conclusion de ce premier tome est très bien pensée. Un ouvrage à conseiller aux jeunes dès onze ans qui veulent tester une « première lecture fantasy », et à ceux qui aiment déjà le genre.

Le second tome devrait voir le jour dans pas si longtemps, déjà écrit, et maintenant en correction sur le bureau de l’éditeur ; à suivre bientôt donc !

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