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Chronique : Une histoire des abeilles

Un magnifique roman initiatique qui nous fait traverser les époques au travers d’un thème central et vital : la (sur)vie des abeilles, mais également des hommes. 

Premier roman de la norvégienne Maja Lunde à paraître en France, Une histoire des abeilles est paru lors de la rentrée littéraire 2017. L’ouvrage est édité par Les Presses de la Cité.

Ce roman est un énorme best-seller en Norvège et en Allemagne et il est en cours de traduction dans une trentaine de pays ! C’est un véritable phénomène éditorial encore méconnu en France… mais qu’il faut absolument découvrir… Chronique d’un coup de cœur mémorable.

Trois personnages centraux, trois époques…

Le 19ème siècle en Angleterre, notre époque aux États-Unis et le futur en Chine, en 2098. Trois histoires qui n’ont font qu’une et dont le socle commun sont les abeilles. Une idée étrange ? Pas tant que ça quand on sait que la pollinisation que réalisent à longueur de temps les abeilles est la clé pour avoir des fruits et certains légumes… Sans elles, point de pollen qui circule, point de pollinisation et donc pas de fruit.

La question, c’est comment ces trois destins vont-ils être liés par Maja Lunde ? C’est là que la magie de l’auteure norvégienne opère… Préparez-vous  à être charmé !

… une histoire fédératrice et passionnante

Si vous recherchez un roman qui vous transporte, des personnages forts et attachants, une intrigue creusée… vous êtes au bon endroit.

A la fois fable écologie, roman d’anticipation, roman historique, Une histoire des abeilles traite de très nombreux sujets. Dans un style extrêmement fluide, avec des personnages tellement attachants qu’il est impossible de ne pas les aimer, on se plonge corps et âme dans cette histoire pas comme les autres.

On apprend énormément de choses sur les abeilles, leur mode de vie, leur fonctionnement… Par exemple, l’histoire de la fabrication des ruches telles que nous les connaissons aujourd’hui n’a pas été simple. Tout est histoire d’écartement (au millimètre) pour que les abeilles construisent leurs rayons d’une certaine manière et aucune autre… C’est passionnant.

Et cette histoire « du futur », en Chine où toute la population passe son temps à polliniser à la main les arbres avec un petit balai… Cela a déjà lieu dans certaines régions en Chine (même si ce n’est pas nécessairement dû à la disparition des abeilles, l’auteure a dû s’inspirer de ce fait relayé dans les médias). On les surnomme les « hommes/femmes-abeille », car ils passent leurs journées à faire le travail des abeilles… notamment dans le Sichuan (cf article du Monde : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/23/dans-les-vergers-du-sichuan-les-hommes-font-le-travail-des-abeilles_4405686_3244.html).

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C’est ainsi que ce roman nous transporte : en créant avec un talent inouï une intrigue au travers de différents siècles ayant toutes en commun les abeilles. Plus qu’un roman, c’est une fable écologique et un récit initiatique mêlés…

C’est tout simplement mémorable. A mettre dans votre bibliothèque à côté des feel-good book et des romans emplis d’élan et de grandeur… Car Une histoire des abeilles a beau parler d’un sujet très sérieux et nous faire découvrir des personnages constamment mis à l’épreuve, on se sent bien en le lisant. Tout simplement.

Chronique : Good morning, midnight

Un roman inclassable qui nous laisse imaginer comment finirait l’humanité, et ce n’est pas dans le bruit et la fureur… mais dans un long silence radio.

Premier roman de l’américaine Lily Brooks-Dalton à paraître en France, voici Good Morning, Midnight paru en janvier 2017 aux Presses de la Cité. Il nous conte l’histoire d’un homme isolé de tout en Antarctique et qui semble être le seul être humain restant sur Terre, mais qui a la tête tournée vers les étoiles depuis toujours… En parallèle, un vaisseau est en route pour rentrer sur Terre mais ne sait pas ce qu’il l’attend au retour.

Portrait de rares survivants

A la suite d’une guerre, ou d’un incident biologique, ou nucléaire, ou autre chose… il semblerait que l’humanité soit en voie d’extinction. Du moins, c’est ce que les indices laissent penser. Ainsi, découvrons-nous Augustin, le seul homme encore vivant sur Terre à l’âge de quatre-vingt ans. Scientifique de renom, il a toujours étudié les étoiles, la physique et était prisé par les plus grandes universités à travers le monde entier… Mais il est désormais seul, lui qui a eu quantité de femmes dans sa vie et de gens qui le sollicitaient, le voilà en Antarctique à survivre de viande séchée. Et il est avec une petite fille de huit ans environ, qui a été oubliée durant l’évacuation… une charge supplémentaire qu’il na jamais souhaitée, lui qui a abandonné femme et enfants il y a des décennies pour sa passion envers les corps étoilés… Quel avenir pour ce duo improbable isolé de tout ?

Pendant ce temps, la navette l’Aether est en chemin vers la Terre depuis de longs mois. Mais depuis quelques semaines, impossible pour eux de joindre quelqu’un sur Terre. Que s’y est-il passé ? Pourrons-t-ils à nouveau fouler la terre ferme ? L’humanité s’est-elle éteinte ? Ce qui est curieux, c’est que les radios semblent fonctionner et qu’il n’y a simplement personne pour répondre… Qu’a-t-il bien pu se passer ?

Une histoire originale qui nous propose la fin possible de l’humanité

L’idée d’origine de Good Morning, Midnight est très intéressante. Un huis-clos sur Terre et dans l’espace, on découvre la psychologie de personnages que rien n’a préparé à cela, même le plus intense des programmes spatiaux. Isolement, interrogations, torture psychique, ressassement du passé, chacun est livré à lui-même dans cet avenir proche au silence assourdissant.

Que s’est-il réellement passé ? Ce n’est pas l’objet premier de ce livre que de répondre à cette question. Le but premier de Good Morning, Midnight est plutôt de nous proposer une version réaliste (et mystérieuse) de ce que pourrai être la fin de l’humanité…

Chaque chapitre alterne entre le point de vue d’Augustin, sur Terre et celui de Sully, une brillante astronaute de retour vers la Terre avec ses collègues. Chacun à leur manière doit faire face à ses erreurs, ses actes manqués et autres regrets qui ne manquent pas de ressurgir face à la solitude et l’excès de temps libre.

Mais même si je trouve l’idée d’origine du roman géniale, son développement m’a beaucoup moins séduit. En effet, le rythme du roman est très lent. On sent que c’est volontaire de la part de l’auteure pour instaurer ce sentiment de solitude, mais c’est tout de même gênant. Trop de longueurs, de descriptions, de ressassements pour moi.

La seconde partie du roman est un peu plus vivante, mais pas non plus très dynamique. Je pense que c’est plus un format novella qui aurait convenu à cette histoire. Le format roman oblige l’auteure a étirer plus que nécessaire le fil de son histoire, ce qui créer de grosses longueurs… J’ai toutefois trouvé l’écriture et l’ambiance générale du roman très bien faites, mais ce n’est pas suffisant pour tenir un lecteur.

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Ainsi, ce roman renferme une très belle histoire, emplie de mélancolie, d’amour et de sciences, mais il y a bien trop de longueurs pour l’apprécier pleinement. Un texte plus court aurait donné davantage de force au message de Lily Brooks-Dalton, c’est dommage. On retiendra donc une belle histoire, une intrigue originale et douce mais sans grande force narrative au final. Dommage, cela aurait réellement pu être un coup de cœur pour moi car tout ce que j’aime était réuni : un mélange d’anticipation sur fond de fin du monde et de sciences, que demander de plus ?

 

Chronique : La menace

Un roman qui réunit tous les éléments pour créer une atmosphère angoissante : une maison isolée potentiellement hantée, un mariage tout neuf, et un beau-fils qui a d’étranges visions morbides. Le décor est planté.

S.K. Tremayne est un auteur de nationalité anglaise. En France, nous le connaissons pour son précédent roman, qui avait connu un succès non négligeable : Le doute. Avec La menace, S.K. Tremayne récidive dans le genre haletant et mystérieux sur fond de drame familial. L’ouvrage est paru le 2 mars dernier aux Presses de la Cité.

Pour aller plus loin : Saviez-vous que le nom de S.K. Tremayne est en réalité le nom de plume de Sean Thomas, auteur et journaliste de métier ? Il écrit également sous le pseudo Tom Knox.

Une magnifique demeure au pied des mines, au cœur des Cornouailles

Rachel vient d’épouser David, un homme aussi séduisant et charismatique que riche. Son métier d’avocat lui permet de vivre extrêmement bien. C’est ainsi que Rachel emménage dans ce qui sera sa nouvelle demeure : un sublime manoir. Elle y vivra avec sa belle-mère, son beau-fils et une domestique. David, de par son métier très prenant, ne sera là que les week-ends, mais Rachel a de quoi s’occuper avec la restauration de la demeure…

Mais une sombre menace plane sur Rachel et Jamie, son beau-fils. L’ombre de Nina, la première épouse de David plane sur leur bien-être et celui de toute la maisonnée. Nina est morte dans d’étranges circonstances un soir de Noël, et il semblerait que toute la lumière n’ai pas été faite sur sa disparition… C’est ainsi que Rachel fouille le passé… qu’elle n’aurait peut-être jamais dû remuer.

Un roman sombre et anxiogène à l’ambiance efficace

La menace porte extrêmement bien son nom, encore mieux que le titre original du roman – The Fire child. L’ambiance de la nouvelle demeure de Rachel a tout pour créer un sentiment d’oppression : sa taille immense, son isolement, ses nombreuses pièces à restaurer qui peuvent avoir une allure glauque…

A cela s’ajoute l’étrange relation qui lie Rachel et son beau-fils, Jamie. Le petit garçon a de sombres visions, et plus le jour de Noël approche, plus ses prédictions sont terribles.

Vous pensez que c’est tout ? Et bien non. Il y a également le décor de fond : les Cornouailles. En effet, la maison est située en plein cœur de nombreux terrains d’exploitation miniers. Ces dernières recèlent en leur sein des centaines de morts, le métier de mineur étant mortellement dangereux. Mais ces mines recèlent également le corps de Nina, la première femme de David… C’est ainsi que tout concoure à une atmosphère extrêmement anxiogène, et à ce niveau là, ça fonctionne très bien.

Mais en ce qui concerne l’intrigue, j’ai été moins transportée et convaincue. Impossible d’éventer LE secret qui fait toute l’histoire, mais à sa découverte j’ai été quelque peu déçue. Je m’attendais à quelque chose de plus fort, de plus crédible. Or, la solution apportée par l’auteur est un peu trop hasardeuse… et statistiquement peu probable malgré sa tentative de justification. C’est dommage car le climat créé par S.K. Tremayne est mené de main de maitre.

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Ainsi, c’est un avis mitigé pour La menace. La mécanique de l’intrigue est très bien menée. L’ambiance sombre à souhait est parfaite, mais la conclusion finale n’est pas à la hauteur du roman dans son ensemble. Dommage car c’est tout de même un bon page-turner, on meurt d’envie de connaître le dénouement de cette sombre histoire…

AUTEUR :
GENRE : Policier
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : La cuisinière

La cuisinièreUn roman historique tiré d’une histoire vraie fascinante : celle de Mary Mallon, que les journaux surnommaient à l’époque Mary Typhoïde…

Premier roman de Mary Beth Keane à paraître en France, La cuisinière est un roman historique absolument captivant. Entre le monde de la gastronomie et celui des dispensaires, plongez dans un New York du XIXème magnifiquement dépeint.

Initialement paru aux Presses de la cité, l’ouvrage vient de sortir en poche chez 10/18 il y a peu, c’est l’occasion de se faire plaisir ! Pour le moment, La cuisinière reste le seul roman de l’auteur paru en France.

Une femme qui excelle dans son art, celui de la cuisine

Quand débute notre histoire, Mary est encore jeune et à l’avenir devant elle. Excellente cuisinière, les portes des plus riches maisons s’ouvrent à elle facilement grâce à ses excellentes références. Elle peut tout préparer, concocter, mitonner, et elle le fait avec talent. Mary a donc une relative bonne situation, elle est amoureuse et plutôt heureuse, et elle a des rêves, comme celui d’ouvrir une boutique un jour…

Mais le jour où le Docteur Soper tente de la faire venir de force pour analyses, Mary se braque et fuie. C’est le début d’une longue course-poursuite entre la jeune femme et le médecin, qui est persuadé que Mary transmet la typhoïde aux personnes à qui elle prépare les repas. Harcèlement ou réalité ? Quoi qu’il en soit Mary ne croit pas un instant à cette théorie et va tout faire pour le prouver, quitte à y perdre beaucoup…

La cuisinière gfImmersif et historiquement très intéressant

Le fait que La cuisinière soit un récit historique, c’est très bien. Mais qu’il se base sur l’histoire d’une femme qui a réellement existé, c’est encore mieux. D’autant que cette femme qu’était Mary Mallon est extrêmement peu connue, en tout cas dans notre pays. Son cas est unique en son genre : soupçonnée puis traquée et même séquestrée, tout cela sans qu’elle n’ait jamais son mot à dire.

Evidemment, tout cela est romancé, et très bien articulé par l’auteure. On se retrouve à découvrir à la fois un roman historique mais également un récit policier (surtout en ce qui concerne le suspense juridique de l’intrigue).

La vie de Mary Mallon est loin d’être de tout repos, et même son histoire d’amour avec le seul homme de sa vie sera très mouvementée. On ne peut s’empêcher d’avoir beaucoup d’empathie pour cette femme robuste et tenace que rien n’effraye, pas même les médecins. On l’admire et on la soutien, même quand elle fait des erreurs grossières ou dangereuses pour son entourage. C’est en cela que l’auteur est talentueuse : elle explique les décisions de Mary Typhoïde, qui vues de l’extérieur sont terribles. Mais qui vues du point de vue direct de Mary Mallon sont tout simplement normales ou défensives…

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Pour passer un excellent moment de lecture et découvrir un personnage méconnu de l’histoire, La cuisinière est ainsi un roman parfait. Touchant, réaliste et terrible à la fois, le parcours de cette femme hors du commun ne laissera personne indifférent. Ne passez pas à côté, c’est aussi original que percutant, et c’est une façon de découvrir la médecine de l’époque, ses techniques et ses façons d’investiguer… parfois déontologiquement dérangeantes – mais nécessaires ? – à lire et à méditer.

Pour aller plus loin : Découvrez l’histoire de Mary Typhoïde vue du point de vue des services d’hygiène de New-York dans le roman Stupeur, paru aux éditions Lucca en 2021. Chronique ici.

Chronique : L’âge des miracles

L'âge des miraclesUn roman d’anticipation qui imagine comment l’humanité s’adapterait  à un ralentissement constant de la rotation de la Terre… Un roman extrêmement réaliste dans son traitement, une petite merveille à découvrir d’urgence !

Premier et unique roman de Karen Thompson Walker à paraître en France, L’âge des miracles est paru premièrement aux Presses de la Cité avant de sortir en poche chez 10/18. Ce roman à la thématique unique nous dépeint notre société d’aujourd’hui qui doit faire face à un cataclysme lattent. La Terre ralenti sa révolution, les jours et les nuits s’allongent peu à peu. Comment l’homme va-t-il faire face à un tel chamboulement de son mode de vie ? Comment la nature va-t-elle s’adapter à un tel bouleversement ?

Vous découvrirez ici une superbe anticipation sociale explorant des possibilités extrêmement réalistes…

L'âge des miracles presses citéQuand les jours commencèrent à s’allonger

Tout le récit de L’âge des miracles nous est conté par la jeune Julia. Encore jeune fille, presque adolescente, c’est sa vision à elle qui prime, avec des problématiques oscillant entre le cataclysme et son impact, mais aussi très ancré dans le quotidien.

L’humanité s’adapte très bien au début, en rallongeant les heures d’une journée qui passe de 24h à un peu plus, puis encore un peu plus, et encore… Puis au fil du ralentissement de la rotation de notre planète, les choses se compliquent doucement à tous points de vue : économiques, sociaux, écologiques…

L’homme peut-il s’adapter et si oui comment ? Julia, à travers ses yeux encore parfois enfantins va nous conter l’histoire plausible d’une humanité qui se délite peu à peu tout en souhaitant garder au maximum sa normalité et son quotidien…

L'âge des miracles VOUn bel inclassable entre littérature et anticipation

Le point majeur à retenir de L’âge des miracles, c’est son réalisme éblouissant. La façon dont l’auteur a pensé à tous les pans du problème est impressionnant, d’autant qu’elle augmente la difficulté en écrivant son récit du point de vue d’une presque enfant. A la lecture de ce roman, on se dit que c’est exactement comme cela que l’homme réagirait si un tel cataclysme survenait.

Outre le traitement intelligent de la situation, l’auteur fait montre d’une sensibilité extraordinaire à travers le personnage de Julia. Cette jeune fille qui grandit sur fond de fin du monde et à la fois belle, fragile, sensible, attachante…

Elle se retrouve confrontée à tous les changements qui l’amènent doucement à l’adolescence, mais aussi à des problèmes d’ordre familiaux qui nous replongent dans le quotidien et nous font parfois oublier cette épée de Damoclès suspendue sur la Terre et ses habitants.

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L’âge des miracles est un roman aussi délicat que terriblement prenant. Hypnotique, lourd, latent, le temps s’étire à l’infini et cette atmosphère de fin du monde est aussi belle qu’effrayante. Ce récit nous propose une belle façon de voir notre civilisation, et peut-être d’apprécier tout simplement encore plus ce que nous avons… A destiner aux férus de romans d’anticipation réalistes, mais également à toute personne qui aime les bons livres, tout simplement.

Pour ceux qui aiment ce genre d’ambiance, n’hésitez pas à découvrir également des romans tels que Le testament de Jessie Lamb (l’humanité ne peut plus procréer), Days de James Lovegrove (l’humanité est devenue l’esclave de sa propre surconsommation), et une foule d’autres encore…

Chronique : Nos années sauvages

Nos années sauvagesUn beau roman sur l’amour filial, les sciences comportementales et… la vie qui suit son cours, tout simplement

Il vient tout juste de paraître aux éditions Presses de la Cité, voici Nos années sauvages, le second roman de l’américaine Karen Joy Fowler à paraître en France. Son premier ouvrage, Le club Jane Austen avait connu un certain succès à sa sortie, il sortira d’ailleurs en poche chez 10/18 dès septembre 2016.

Ce second roman est une ode à l’amour, au partage, à l’empathie, et à l’amour des sciences, y compris sous leur forme la plus… inattendue. Vous découvrirez ici l’histoire d’une famille blessée qui peu à peu voit ses membres s’éloigner les uns des autres…

Tout commence par le milieu

Comme le dit si bien notre narratrice Rosemary, tout commence par le milieu. En effet, tout devient plus facile pour elle à raconter en commençant par la moitié de son récit… Ainsi découvrons-nous le quotidien d’une jeune femme un peu paumée qui ne semble ni spécialement drôle ni attachante, plus suiveuse qu’initiatrice. Tout ce que l’on sait d’elle, c’est que la vie l’a déjà pas mal cabossée avec une sœur disparue et un grand frère fugueur et évanescent.

C’est ainsi, qu’au fil des pages on découvre quelque chose de plus profond et intéressant que cette ado un peu perdue ayant du mal à se faire des amis. Son passé est autrement plus intéressant et… spécial. Voici l’histoire de Rosemary et de son étrange famille, mais également celle de toute une branche de la science…

Nos années sauvages VO We-are-all-completely-beside-ourselvesUn roman touchant, drôle et inattendu

Si vous pensez avoir déjà lu ce genre de livre, ce n’est qu’une impression qui se dissipera assez vite. Nos années sauvages est un roman aussi fort que doux, aussi original qu’étrange. Certes, il ne s’y passe pas tant de choses que ça, mais certains moment de l’ouvrage sont tout simplement mémorables.

L’une des toutes premières scènes, se déroulant dans la cantine universitaire est touchante de vérité, de réalisme et de ponctualité. La suite peu parfois sembler nébuleuse, mais il n’en est rien car… la page 99 change toute notre perception du roman. Ce passage-clé du roman est un beau tour de force qui laisse coi pendant quelques bonnes secondes/minutes. Rien que pour le bel effet de surprise, ce roman vaut le coup.

Mais heureusement, Nos années sauvages, ce n’est pas juste un magnifique twist au premier tiers du roman. C’est aussi une ambiance, des réflexions et des personnages originaux et très humains. On se sent proche d’eux, ils sont aussi forts que faibles, normaux et extraordinaires… Ils aiment sans préjugé, et c’est ça l’essentiel.

On découvre par la même occasion quelques pans des sciences (dans le domaine de la psychologie et du comportemental) qui nous sont méconnus et extrêmement intéressants. Je pense notamment au phénomène de la vallée dérangeante, entre autres choses.

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Ce roman nous conte ainsi une belle histoire de famille, où quand l’amour des sciences prend peu à peu toute la place dans une fratrie jusqu’à la diviser. Parfois, le tout nous mène partout et nulle part à la fois, et pourtant… c’était un très beau moment de lecture. Je garde une sensation de plaisir diffus au souvenir de cette lecture sans pour autant pouvoir la détailler précisément. A découvrir pour faire la découverte d’une autre forme de roman.

TRANCHE d´ÂGE :