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Chronique : Mariage contre nature

Un roman à la frontière de l’étrange… qui nous transporte dans la transformation d’un couple japonais. Le mot transformation étant à prendre au sens le plus littéral du terme…

Après Comment apprendre à s’aimer, le roman Mariage contre nature est le second de Motoya Yukiko à paraître en France, toujours chez Picquier. Elle a déjà reçu le prix Mishima pour son précédent roman.

Dans Mariage contre nature, on suit les étranges tourments d’un couple japonais où la femme – San- semble peu à peu s’apercevoir de « l’affaissement » des traits de son mari…

Un mari qui végète devant la télé…

Quand San a décidé de se marier puis d’être femme au foyer, elle ne s’attendait pas franchement à ce que son mari soi comme ça. Comme ça quoi ? Végétatif. A peine rentré du travail, son seul objectif est de manger rapidement afin de pouvoir s’affaler devant la télé toute la soirée. Ensuite… et bien il ne bouge plus.

Peu à peu, San sent le vide de cette vie de couple sans attrait. Elle aime bien être seule, et être femme au foyer et sans enfants ne la dérange pas. Mais, on est tout de même loin d’une vie de couple saine et épanouie.

Et les choses vont en s’aggravant lorsqu’elle découvre que son mari « se déforme » et « s’affaisse », comme si ses yeux, son nez, sa bouche « coulaient »… Elle n’ose trop rien lui dire, ignorant le processus qui se déroule, mais elle s’interroge fortement sur ce que devient peu à peu son mari… Lorsqu’elle en parle à une voisine, cette dernière semble déjà avoir connu un couple qui avait le même problème…

Un roman étrange et difficile à cerner

Il faut l’avouer, les japonais sont les rois du bizarre quant il s’agit de créativité. La littérature nippone ne fait donc pas exception, et Mariage contre nature nous offre un parfait exemple de ce genre entre l’étrange et l’inclassable.

Cette lecture m’a toutefois plu, même si je ne sais pas au final si j’ai réellement compris l’ensemble de l’histoire. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre ? Parfois, il faut se laisser porter par la vague du bizarre et accepter de ne pas tout saisir. C’est aussi ce qui fait le charme de cette littérature si particulière.

Les mots de présentation de l’éditeur sont d’ailleurs choisis avec grand soin, car la conclusion apporte un éclairage nouveau à leur choix de vocabulaire.

……

C’était parfois tellement étrange qu’il est difficile de dire clairement si j’ai apprécié ou non. Une chose est certaine, c’est un roman qui marque par son originalité et sa conclusion. A lire pour découvrir une nouvelle auteure japonaise de talent qui sait camper une ambiance étrange alors que le décor semble rassurant…

PS : J’émets petit bémol concernant le prix. L’ouvrage fait à peine 130 pages et coûte 13€… C’est un peu cher. Je sais que d’autres éditeurs pratiquent des prix plus élevés, mais ça reste encore un peu trop…

Chronique album jeunesse : Docteur Grenouille au secours de l’étang

Un album jeunesse qui nous vient tout droit du Japon pour nous sensibiliser à l’écologie.

Matsuoka Tatsuhide est un auteur d’origine japonaise dont l’œuvre est partiellement traduite en France à L’école des Loisirs et chez Picquier Jeunesse. Dans chacun de ses albums, c’est la part belle aux animaux qui nous entourent dans  le quotidien : grenouilles, mouches, écureuils, limaces…

Un étang en danger !

L’étang situé près de l’habitation du Docteur Grenouille est en danger : il s’assèche dangereusement ! Alors, ni une, ni deux, il se précipite pour aider ses concitoyens à l’aide d’un mécanisme ingénieux mettant tout le monde à contribution. Mais le problème n’est qu’en partie résolu, car un autre se profile déjà pour le petit étang…

Un début prometteur, mais une histoire qui tombe à l’eau

L’histoire de ce Docteur Grenouille était fort distrayante et intéressante au début, mais plus on avance dans l’album, moins on est convaincu… Surtout vers la fin, qui laisse franchement le lecteur (petit ou grand) sur sa faim.

En ce qui concerne l’illustration, elle est assez inégale au fil de l’histoire. Parfois, on a de belles planches, et d’autres fois, les traits et les couleurs forment un tout assez peu esthétique.

Cependant, on peut saluer le dessin très réaliste de l’auteur quand il s’agit de restituer fidèlement les animaux. Chaque animal est ainsi très joliment illustré, on est quasiment dans du dessin naturaliste (avec le nom de chaque espèce sous leur dessin, ce qui ajoute un côté documentaire intéressant). Mais, c’est quand l’auteur tente de les rendre humains par son dessin que l’essai est moins convainquant.

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En somme, malgré une idée originale et très axée sur l’environnement (ce qui est louable, et même important), mais l’histoire ne se tient pas assez pour être mémorable ou plaisante. De plus, les illustrations ne réussissent pas à relever le tout trop inconstante en qualité. Dommage.

Chronique : Le chat qui venait du ciel

Le chat qui venait du cielUn roman tout en douceur… qui fait l’éloge des chats

Véritable classique de la littérature nippone, mais aussi ouvrage de fonds absolument incontournable aux éditions Picquier, voici le seul roman paru en France de Takashi Hiraide.

Très largement autobiographique, vous suivrez dans ce court roman le quotidien d’un couple qui se prend d’affection pour Chibi, le petit chat des voisins.

Un chat dans le jardin…

Le narrateur vit avec sa femme dans une charmante petite maison, dans la banlieue. Ils ont la chance d’y être locataires car l’atmosphère de leur lieu de vie est exceptionnelle. Leurs voisins possèdent un très beau jardin qui participe à cette impression.

Pour avoir le privilège de vivre ici, dans ce havre de paix parfait pour l’écriture, il faut avant tout remplir deux conditions : ne pas avoir d’enfants ni d’animaux. Cela tombe bien, car ils n’ont ni l’un ni l’autre et n’en ressentent pas le besoin.

Mais un jour, alors que tout semble calme, un petit chat va faire irruption dans leur vie ainsi que celle de leurs voisins. En effet, Chibi (ainsi qu’ils le surnomment) va leur montrer qu’il est possible de se prendre d’affection pour un chat à un point incommensurable.

…. puis dans la maison

Petit à petit, Chibi fait son nid, prend ses aises. La lente mais tangible installation du petit chat se fait par petits signes.

Ici, point d’action ni de suspense : il faut laisser le temps au temps, apprécier la nature et sa beauté. Il en est de même pour Chibi. On appréciera ce livre non pas pour son intrigue, mais pour son ambiance et la façon dont les sentiments de chacun pour ce chat sont décrits. Ainsi, c’est très contemplatif et d’une douceur sans pareille.

Le moindre petit événement en dehors du rituel inscrit par Chibi est un véritable chamboulement pour le narrateur et sa femme, et on se prend à s’inquiéter tout comme eux. …..

Comme très souvent dans la littérature nippone, ce roman est empli de douceur, de beautés simples. Je pensais que cette lecture m’avais fait simplement plaisir sur le moment, mais sans plus, mais… le temps à changé mon avis sur cette œuvre. Je suis comme son auteur, je repense à sa rencontre avec le chat avec mélancolie, presque tristesse. Au final, il s’agit d’un très bel ouvrage, absolument intemporel qui s’installe dans votre esprit pendant, mais surtout après la lecture…