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Chronique jeunesse : Ma sœur Mongsil

Un classique de la littérature jeunesse coréenne arrive en France ! Découvrez l’histoire de la Guerre des deux Corées contée du point de vue terrible d’une petite fille…

Premier roman jeunesse paru aux éditions Decrescenzo, Ma sœur Mongsil est un véritable classique en Corée du Sud. A tel point qu’une fondation/musée lui est consacrée là-bas. Pourquoi un tel succès ? Cela peut certainement s’expliquer grâce au fait que l’ouvrage a l’ambition réussie de conter la Guerre des deux Corées du point de vue d’une enfant forcée de devenir adulte très tôt…

La traduction est assurée par deux traducteurs (comme souvent pour la langue coréenne) Park Mihwi et Jean-Claude Decrescenzo lui-même.

Mongsil ou l’incarnation de l’abnégation

Corée, années 1950. Mongsil est très jeune, mais elle a déjà le sens des responsabilités. Elle a dû suivre sa mère qui s’est remariée mais elle est est traitée comme une esclave par sa belle-famille… et les choses ne vont pas s’arranger à la naissance de sa demi-sœur.

La jeune fille va devoir faire preuve de courage et d’abnégation comme jamais, d’autant que la guerre approche à grands pas…

La grande Histoire contée au travers de la petite…

Lire ce roman, c’est découvrir (ou faire découvrir) l’histoire de la Corée aux plus jeunes. Parfait pour des lecteurs d’environ 11/12 ans, ce roman est idéal pour les curieux.ses d’Histoire. Il nous conte les événements vus de l’intérieur. Toute la misère et la dureté qui ont frappé le pays durant cette période… Je pense notamment à une scène absolument poignante du roman quand Mongsil part à Busan avec son père pour faire la queue à l’hôpital pour qu’il se fasse soigner (image ci-dessous). Impossible à oublier… et quand on sait que c’est ce qui s’est réellement produit, ça fait froid dans le dos.

Ce que l’on peut apprécier dans ce roman, c’est que la dureté de la vie en Corée à cette époque ne nous est pas épargnée. Bien au contraire, elle y est totalement développée, décrite parfois crument mais elle est nécessaire. Impossible d’édulcorer l’Histoire si on veut être au plus près de la vérité. Ainsi, même si l’ouvrage est destiné à la jeunesse, beaucoup de choses y sont expliquées au travers du destin chancelant de Mongsil.

J’ai ainsi beaucoup apprécié cet ouvrage destiné à la jeunesse mais qui n’est pas dénué d’intérêt pour un adulte qui s’intéresse à la Corée et à son histoire récente. Saluons également au passage les très jolies illustrations de Lee Chul-soo qui sont parfaites pour l’ouvrage.

Chronique : Sang Chaud

Un roman noir qui nous vient tout droit de Corée du Sud… préparez-vous à découvrir la pègre de Busan… ainsi que leur sens de l’honneur !

Si vous ne connaissez pas la littérature coréenne mais que les polars vous plaisent, Sang Chaud pourrait bien être votre prochaine lecture.

Paru dans la toute jeune maison d’édition Matin Calme, l’ouvrage est sorti en librairie en début d’année 2020. Les éditions Matin Calme sont spécialisées dans le polar coréen, cela peut paraître réducteur pour qui ne connaît pas bien la Corée et sa littérature. Mais en réalité, la Corée du Sud est un pays à l’œuvre culturelle qui mérite d’être découverte (littérature et cinéma notamment). Pour en savoir plus, je vous conseille de découvrir l’article dédié à la littérature coréenne que j’ai rédigé ici.

En ce qui concerne Kim Un-Su, il ne s’agit pas de son premier ouvrage en France. Deux autres de ses ouvrages sont déjà parus : Les planificateurs (L’aube/Points) et Le Placard (Ginkgo).

Busan, son bord de mer, ses petits restaurants, ses réseaux illégaux…

Ville balnéaire très prisée en Corée du Sud, Busan est aussi dense que fascinante. Mais derrière la jolie vitrine et les plaisirs de la plage se cachent un monde tentaculaire… celui de sa pègre. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs hommes de main de la ville que l’on couvre : Huisu. Il a la quarantaine, n’a rien construit dans la vie, sinon en aidant son boss à développer son empire.

La prison, les coups, les jeux de pouvoirs, les menaces… Huisu à tout vu.

Mais le quarantenaire en a marre des petits délits, des traquenards, des arrangements monnayés avec une police corrompue… Huisu est passé à côté de sa vie, car après plus de vingt ans de bons et loyaux services, il n’a rien. Il vit dans une chambre miteuse, boit et fume beaucoup trop et n’a aucune perspective d’avenir… Si ce n’est de devenir trop vieux pour ce boulot. Car qui héritera de l’entreprise florissante et illégale du boss à la fin ? Pas lui, qui n’est qu’un homme de main, tout sera pour le fils héritier de la maison. Alors, à quoi bon tout ça ?

Un roman qui monte en puissance pour qui sait attendre

Pour ceux et celles qui aiment les polars rapides, incisifs, percutants, Sang Chaud n’est pas de ceux là au premier abord. Il vous faudra apprivoiser son univers et ses très nombreux personnages pour en savourer tous les méandres. Et cela prend du temps, plus de cent pages personnellement.

J’ai trouvé l’immersion dans la pègre de Busan difficile car j’ai eu beaucoup de mal à assimiler les nombreux personnages. En effet, ils sont tous coréens, donc leurs prénoms également, et au début il est difficile de cerner qui est qui. Mais peu à peu, on se familiarise avec chacun d’entre eux (l’univers du roman est presque exclusivement masculin) et on fini par les apprécier. Ou les détester viscéralement pour certains d’entre eux.

Une fois cette étape franchie, ce n’est que du plaisir. Plaisir de découvrir une intrigue aux personnages extrêmement denses, vivants, crédibles. Plaisir à se rendre compte qu’on l’aime bien, ce Huisu qui semble totalement en roue libre. Plaisir à s’immerger dans un univers que l’on méconnaît totalement mais que l’on aime explorer…

« Il n’existe aucun lien entre l’argent, la culture et le statut. L’argent c’est l’argent, c’est tout. »

J’ai adoré découvrir cette pègre que le commun des mortels ne connaît pas mais qui prolifère grâce à toutes sortes de trafics à Busan. Certaines de leurs machinations font sourire tant elles sont minimes, d’autres plus graves, font froid dans le dos. Mais tout cela concoure à nous faire découvrir une Corée que l’on n’imaginait même pas.

Si vous aimez les intrigues très denses, les personnages tellement travaillés qu’ils ont l’air vrais, les histoires sombres et géniales à la fois, Sang Chaud est pour vous.

Ce fut une totale découverte pour moi qui n’avait encore pas essayé les polars coréens (uniquement la littérature blanche), et j’en redemande !

Alors, certes le début est difficile, mais une fois que vous êtes dedans, impossible de lâcher l’histoire de ce bandit/héros qu’est Huisu. Quand je dis héros, il ne faut rien exagérer, mais c’est un malfrat qui a de sacrés principes, et il s’y tient. C’est pour ça que je le trouve admirable et d’un charisme fou.

Conclusion, Sang Chaud est à découvrir absolument pour quantité de raisons : intrigue folle, personnages travaillés à l’extrême… C’est un polar fouillé digne d’un Don Winslow, mais à la sauce coréenne !  

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TRANCHE d´ÂGE :