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Chronique : U4 – Koridwen

U4 KoridwenUn virus, un MMORPG, et une quête entre réalité et légende…

U4, c’est la saga pour adolescents à ne pas louper lors de cette rentrée 2015. A l’écriture, vous retrouverez 4 auteurs majeurs de la littérature de l’imaginaire français : Yves Grevet, Carole Trébor, Vincent Villeminot et Florence Hinckel.

Chacun développe son personnage à travers un roman, et ce dernier interagira avec les trois autres créés, le tout sur fond post-apocalyptique. Un travail titanesque pour les quatre auteurs, mais pour nous lecteurs, ça promet d’être une lecture très intense !

Enfin, il vous faut savoir deux choses : il n’y a pas d’ordre de lecture pour U4, et chaque ouvrage possède une vraie fin, unique et différente des trois autres tomes.

Vous connaissez peut-être déjà Yves Grevet pour ses sagas Méto et Nox, toutes deux d’une terrible efficacité. L’un de ses derniers ouvrages en date s’intitule Celle qui sentait venir l’orage.

Ainsi, vous pouvez commencer indifféremment par Jules, Koridwen, Stéphane ou Yannis. Nous avons personnellement décidé de débuter par l’héroïne d’Yves Grevet, d’origine bretonne : Koridwen, dont l’histoire est teintée de folklore et de légendes celtiques.

Des cendres de l’humanité ne restent que des adolescents, seuls survivants du virus U4

Le virus U4 a fait des ravages à travers le monde en extrêmement peu de temps. Les seuls survivants de cette pandémie sont les adolescents. Adultes, enfants, personnes âgées… ils ont tous succombé de façon expéditive.

Les ados survivants sont soit isolés, comme Koridwen (elle se trouve dans la campagne Bretonne), soit en bandes plus ou moins organisées et dangereuses. Les grandes perdantes de ce bouleversement étant les jeunes femmes : le patriarcat fait très rapidement des ravages dans cette nouvelle société. Les filles se doivent de trouver un protecteur si elles ne veulent pas subir de nombreux harcèlements… ou bien être très fortes et s’imposer.

C’est le cas de Keridwen, forte tête, qui pour le moment a réussi à survivre en autosuffisance avec ses vaches et ses provisions. Elle est la dernière survivante de son hameau et a enterré tous ses voisins, morts les uns après les autres.

Mais la donne va changer lorsque qu’elle va recevoir un étrange mail, juste avant que l’électricité ne soit coupée en tout lieu. Ce message provient du jeu Warriors of Times, auquel elle était accro avant que le virus ne se propage, sa signification a beau être étrange, elle motive Koridwen comme jamais. La lettre que lui a laissée sa grand-mère avant de mourir est également très nébuleuse et semble avoir un lien avec la pandémie et Koridwen. Elle a un destin, et elle se doit de l’accomplir. C’est ainsi qu’elle récupère son cousin Max, prend le tracteur familial et décide de se rendre sur Paris. Un long voyage dangereux et semé d’embuches commence…

U4 LogoStressant et haletant, un récit dont on ressort essoufflé

Du pur roman de survie, voilà ce qu’est U4. Avec le personnage de Koridwen, on découvre ce que c’est que d’avoir peur pour sa vie à chaque rencontre, chaque coin de rue, à chaque naissance d’une amitié…

La tension est constante, elle vous environne sans jamais vous lâcher… et les rencontres que va faire la jeune femme ne vont pas aider à la tranquillité d’esprit… A qui faire confiance sur la route ? Qui éviter ? Ou même tuer ?

Rationnement, gestion drastique du quotidien, prévoyance, psychologie, être une survivante solitaire est certainement ce qu’il y a de plus dangereux dans le nouveau monde de Koridwen. Tiraillée entre les événements tangibles auxquels elle fait face et les croyances ancestrales dont sa grand-mère l’a bercée, la jeune femme est aussi déterminée que perdue. Elle voit des signes dans tout ce qu’elle voit et entend. Prend-elle ses désirs pour des réalités ou y a-t-il réellement quelque chose ?

Quoi qu’il en soit, il est difficile voir impossible de ne pas s’immerger entièrement dans les ressentis et sensations de Koridwen. On se laisse emporter immédiatement par l’urgence des très nombreuses problématiques qui se posent…

Et l’écriture à quatre mains dans tout cela ?

Etant donné qu’il s’agit de ma première lecture dans la saga U4, il n’est pas aisé de se rendre compte de tous les efforts mis en œuvre par les quatre auteurs. Cependant, on voit les indices concernant la mise en place de certains personnages et situations, et c’est intelligemment amené. De plus, le calendrier mis en place comme chapitrage est une bonne façon de remarquer les crossover. Il pourrait être intéressant de lire deux passages se déroulant à la même date, mais de deux points de vue différents, voir trois… ou quatre ! Ce n’est qu’en lisant toute la saga que l’on pourra réellement se rendre compte du travail monstrueux que cela a impliqué.

Plus on avance dans l’œuvre, plus Koridwen interagit avec les autres : Yanis, Stéphane et Jules. On sait ce qu’elle pense d’eux, et on n’a qu’une hâte découvrir leur psychologie de l’intérieur à travers les trois autres romans !

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Cette première incursion dans l’univers dévasté de U4 était très intense. La lecture se fait sans heurts, d’une fluidité telle qu’il peut quasiment se lire d’une traite. La fin de l’histoire de Koridwen se suffit à elle-même, mais pousse également le lecteur à vouloir découvrir l’issue qui attend les trois autres héros de la saga. Alors, c’est parti pour une nouvelle descente en enfer avec Stéphane.

Chronique : Lune Mauve – Tome 1 – La disparue

Lune Mauve 01Un roman fantastique où le côté réaliste est maitrisé avec talent… !

Premier roman de Marilou Aznar, Lune MauveLa Disparue est le premier tome d’une trilogie fantastique se déroulant à notre époque. Une histoire bien ancrée dans le réel, mais où il est également question d’un autre monde…

Le second tome de la série, L’héritière, est sorti le 2 mai dernier. Le troisième paraîtra quant à lui en octobre prochain sous le titre L’affranchie.

Premiers pas dans le monde chic et cruel d’une école privée parisienne

Séléné Savel est une jeune fille atypique dans le monde des adolescents de notre époque. Elle n’a été élevée que par son père, sa mère ayant disparu il y a des nombreuses années. Complètement déconnectée par rapport aux jeunes de son âge, elle n’a jamais eu de téléphone portable, ni même d’ordinateur, les livres ayant étés son seul réconfort.

La Bretagne est sa terre depuis toujours, mais les choses vont changer : son père a décidé que pour son avenir, elle devait intégrer une école de renom : l’établissement Darcourt… à Paris.

Darcourt… un établissement privé, élitiste et très difficile à intégrer dans tous les sens du terme. C’est dans cette jungle parisienne et cruelle qu’est lancée Sélénée, avec peu d’armes pour contrer les pièges de l’adolescence. Mais ce grand changement ne va pas aller sans un autre bouleversement plus important encore… des éléments concernant sa mère vont peu à peu refaire surface dans sa nouvelle vie…

Un roman dépeignant l’adolescence avec justesse

Le petit monde de Darcourt dans lequel Séléné tente d’évoluer est magnifiquement dépeint par Marilou Aznar. A croire qu’elle a évolué elle-même dans une école privée parisienne ultra-sélective, et pourtant non ! (cf interview de l’auteure sur le site).

On a qu’une seule envie, voir comment les liens ténus qu’elle entretien avec quelques élèves vont se développer, qui va devenir un ennemi, etc.

Personnellement, j’ai trouvé cet aspect réel du roman bien plus prenant que l’intrigue de fond fantastique tant il est réussi. Ce besoin d’être connu et reconnu par ses pairs quand on est adolescent peu parfois amener à se brûler les ailes, et ce que nous illustre avec art Marilou Aznar.

Un roman à classer dans le genre fantastique malgré tout

L’idée de base du roman reste très classique : une nouvelle école pour une nouvelle vie, des secrets de famille qui refont surface, de mystérieux messages, etc. Mais Marilou Aznar réussi à s’affranchir de la plupart des pièges propres au genre, et au final, ça fonctionne.

Lune Mauve est présenté et vendu comme tel : un roman fantastique : c’est-à-dire que l’intrigue se passe dans le réel, mais que des éléments fantastiques s’y intègrent doucement.

Cette partie fantastique de la série est très peu présente dans le premier tome, mais ça n’est absolument pas gênant, bien au contraire. On commence à la ressentir par petites touches de plus en plus insistantes à partir des deux tiers du roman. Jusqu’à un final résolument encré dans l’imaginaire.

A la fois cruellement réaliste, poétique et désespéré par certains aspects ; on se laisse prendre par Lune Mauve, mais pas nécessairement pour les raisons qui devraient primer, à savoir une intrigue résolument fantastique. Un premier roman réussi donc qui laisse présager une suite intéressante. Il n’y a plus qu’à espérer que l’auteure a su équilibrer au mieux le savant dosage entre intrigue réaliste et fantastique qui fonctionne si bien dans La disparue.

AUTEUR :
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :