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Chronique : Black Eden – Tome 2 – La sphère de Méduse

Black Eden - tome 2Une suite réussie où les temps s’entremêlent

Second tome de la série espagnole Black Eden paru aux éditions Milan dans la collection Macadam, La sphère de Méduse est paru en octobre 2012. La série Black Eden, dont le titre original est La llave del tiempo se compose de huit tomes au total. Nous continuons ainsi à suivre les traces de Martin, Cassandre, Selena et Josh pour des aventures devenant forts intéressantes !

Direction Paris, dans le futur

Finie l’île paradisiaque des débuts, le danger est constant et aux endroits les plus inattendus… Nous voici ainsi partis en direction de la fameuse Tour Saint-Jacques, en plein centre de Paris pour nos quatre héros dont la quête continue… le mystère s’épaissit et au lieu de réponses, c’est une foule d’interrogations qui fond sur nous ! Mais qu’importe, l’histoire de Black Eden est toujours aussi intéressante et prenante par son originalité et son dynamisme.

Passionnant et surprenant de bout en bout

Nous découvrons de très nombreuses nouvelles facettes de notre Terre dans le futur, dont la ville de Méduse. Il s’agit d’une ville qui regroupe les meilleurs scientifiques du monde, le tout dans des conditions optimum. C’est là-bas que va se retrouver le quatuor, qui va vite découvrir qu’il est lié à la ville de bien différentes façons, et dans des temps différents.

Le présent se mélange de façon fascinante (et dangereuse ?) avec le futur, mais il est difficile d’en dire beaucoup plus sans en révéler trop. Tout ce que l’on puisse dire, c’est que les auteurs ne manquent pas d’imagination et de logique pour créer une intrigue à l’efficacité redoutable.

On découvre notamment dans ce tome une technologie fascinante qui vient du futur : une sorte de tapisserie vivante à réalité augmentée qui immerge totalement la personne qui la regarde. Toutes les parties du roman où elle est utilisée sont captivantes. D’autres scènes sont également captivantes, notamment celle où l’une des héroïnes va se surpasser dans son domaine de prédilection : les sciences et l’informatique.

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En conclusion, ce second tome de la série d’anticipation sombre créée par Ana Alonso et Javier Pelegrin est encore une fois captivant. On aimerait dire que l’on a hâte de lire la suite, mais encore faudrait-il qu’elle paraisse en France… les éditions Milan ont décidé d’arrêter le cycle, trop peu de ventes étant au rendez-vous… Dommage, nous étions fans !

Chronique : Dualed – Tome 1

Dualed 01Remportez la victoire, méritez votre place.

Écrit par Elsie Chapman, Dualed est son premier tout premier roman, qui fait partie d’une duologie. D’origine Canadienne (Colombie-Britannique), elle vit maintenant à Tokyo. Le roman est paru le 6 mars 2014 en France et a ainsi lancé la toute nouvelle collection pour ados Lumen. Le second tome, Divided, est à paraître aux États-Unis pour fin mai 2014.

L’histoire nous entraîne dans un futur où une guerre mondiale a éclaté… c’est ainsi qu’est né Kersh, le dernier bastion où l’humanité vit en paix, sous certaines conditions…mortelles.

Un double de soi dans la société, dès la naissance

Dans la ville-bastion de Kersh, chaque personne naît avec un double qui lui ressemble traits pour traits, on le nomme l’Alt. Chaque Alt vit dans des familles différentes, est élevé dans des quartiers différents jusqu’au jour de sont activation par le Conseil.

En effet, un seul des deux peux survivre : c’est au plus fort, au plus rusé ou parfois même au plus mesquin de gagner sa place dans la société en tuant son double. Ainsi, entre l’âge de 10 ans jusqu’à 20 ans, chacun peut être activé et a alors trente jours pour éliminer son double. Si aucun des deux n’y parvient à l’échéance, les deux Alts sont autodétruits par le Conseil : c’est qu’ils ne méritaient pas de vivre, qu’ils étaient trop faibles.

Pour ceux ayant survécu à leur Activation (on les nomme les Accomplis), tout devient possible : avoir un travail qui paye bien, accès à une meilleure nourriture et non pas des ersatz et surtout avoir le droit de se marier et de fonder une famille.

C’est dans ce contexte post-apocalyptique et extrêmement urbain que nous faisons la connaissance de West Grayer, une inactive qui a 15 ans. Son tour n’est pas encore venu, et elle apprend le plus possible le maniement des armes pour être fin prête quand son activation arrivera. West a tout perdu et n’a plus aucun attachement à qui que ce soit : sa famille a été décimée membre après membre. Il ne lui reste que son frère Luc et son meilleur ami, Chord. Mais eux non plus n’ont pas été activés, alors qui sait de quoi l’avenir sera fait ?

De l’action, des sueurs froides et un combo d’adrénaline

Le roman démarre ainsi très rapidement sans nous laisser aucun temps mort. Nous en découvrons plus sur le fonctionnement de la ville de Kersh ainsi que certains de ses secrets (notamment les Chasseurs). Très vite, West Grayer va être activée et devenir… une proie ou une traqueuse de son double ? Elle-même ne le sait pas, mais elle a trente petits jours pour se découvrir et cerner les habitudes de son double ou mourir. Mais elle ne sera pas seule et trouvera une aide (malgré elle) en la personne de Chord, le meilleur ami de son frère…

Peu à peu, toute l’horreur de la ville de Kersh et de son système s’ouvre à nous : chaque activé peut être traqué très facilement par son double si ce dernier effectue des achats (qui se font souvent par scan des yeux) ou autres actes de la vie quotidienne. Ainsi, une préparation et un sang-froid constant sont de rigueur pour survivre dans cette jungle urbaine et fumante que devient Kersh, et où tout est possible : n’importe-où et n’importe quand.

Aucune place à l’ennui : de l’adrénaline en continu

Dualed est un premier tome bourré d’action, de suspense et qui ne nous laisse aucun repos, tout comme ce que vit son héroïne. On appréciera cette tension constante, au fil du rasoir qui nous accapare du début à l’ultime fin.

Évidemment, l’intrigue fait fortement penser à Hunger Games par certains côtés : des éliminations entre adolescents obligatoires sous peine de mort, un gouvernement totalitaire aux objectifs opaques, une ambiance post-apocalyptique où l’on ignore tout de l’extérieur… Mais ces similitudes n’en font pas une copie, mais bien une nouvelle série dystopique au potentiel fort ! Dualed peut aussi être assimilé à du darwinisme poussif où la sélection naturelle est créé de toutes pièces par le mystérieux Conseil de Kersh… mais dans quel but ?

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En conclusion, Dualed est un cocktail détonnant qu’il serait franchement dommage de rater. Si vous aimez les univers post-apocalyptiques, les ruelles sombres et sordides aux bouches d’égouts fumantes où tout peut arriver, et où l’humanité est poussée à ses extrêmes les plus sombres, ce livre est fait pour vous !

Affaire à suivre de près avec la suite, Divided, dont on meurt d’envie de découvrir la conclusion qui porte notamment sur le fameux Conseil et ses étranges décisions…

Chronique : 37° Centigrade

37° CentigradesEt si la sécurité sociale devenait totalitaire ?

 Écrit par l’italien Lino Aldani, 37° centigrades est une nouvelle parue en juin 2013 aux éditions Le passager clandestin, dans la collection Dyschroniques. De très nombreuses nouvelles de Lino Aldani furent traduites en France, notamment dans les revues de sf telles que Fiction ou encore Galaxie. Enfin, des recueils de nouvelles lui furent entièrement consacrés chez Pocket, Denoël…

Son récit le plus connu est Bonne nuit Sophia qui fut reprit dans de très nombreuses anthologies à travers le monde.

La santé à tout prix

La C.G.M, pour la Convention Générale Médicale, voici le lot de tous les Italiens : un institut qui oblige chacun à cotiser et à respecter des règles drastiques en termes de santé. Vous n’avez pas mis votre gros tricot de laine ? Vous avez oublié votre vitamine C à la maison ? Il vous manque le thermomètre ? Vous êtes bon pour une amende.

Cette C.G.M police tout et tout le monde. Les coûts pour être couvert sont onéreux et obligatoires, sous peine de ne pas avoir le moindre soin pour le plus petit des maux. Interdiction d’ouvrir une fenêtre dans les transports en commun avant le 31 mai inclus, sous peine de sanctions voire d’un signalement à la Convention…

Et justement, Nicola Berti commence à se sentir sérieusement oppressé par cette société où tout est formaté, imposé. D’autant plus que tout l’argent prélevé par la C.G.M empêche en général les gens d’acheter les objets ventés en masse dans les transports, à la télévision, etc… notamment le fameux moyen de transport à la mode : le lévacar. Et le pire, c’est que ces objets de convoitise tels que les lévacar sont bien entendu fortement conseillés par la C.G.M, il n’y a pas de petits profits….

La petite amie de Nicola, Doris, voit tout cela d’un autre œil : partagée entre son amour pour Nicola et sa peur de le voir se perdre dans sa quête de liberté… Une recherche de liberté pourtant des plus élémentaire qui pourrait passer par une simple résiliation à la C.G.M, mais si vous tombez malade, personne ne lèvera le petit doigt pour vous…

Une nouvelle qui dénonce un système extrême mais plausible dans une certaine mesure

L’histoire de 37° Centigrade propose une vision futuriste et terrifiante d’une sécurité sociale qui prélèverait ses bénéficiaires et ferait tout pour qu’ils ne tombent jamais malade. En fin d’ouvrage, on trouve d’ailleurs le contexte dans lequel a été écrite la nouvelle, nous aidant à mieux comprendre le pourquoi d’une telle anticipation.

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Sans vous en dire beaucoup plus sur la nouvelle, sachez qu’elle m’a fortement fait penser à L’écume des Jours de Boris Vian. La belle et innocente histoire d’amour qu’essayent de vivre Nicola et Doris dans cette société où la moindre chose est régie nous donne une bouffée d’espoir… même si elle reste bien petite face au poids des forces en jeu.

Pour conclure, cette nouvelle d’anticipation sociale est excellente. Courte et efficace, avec un petit twist de fin comme on les aime. A lire pour se faire peur sur notre possible avenir ou pour rire ou se faire peur de l’exubérance que pourrait atteindre un jour notre société ?

AUTEUR :
GENRE : Anticipation
TRANCHE d´ÂGE : ,

Chronique : Les Fragmentés – Tome 2 – Les déconnectés

Les fragmentés 02La révolte des Fragmentés change de dimension…

Second tome de la série Les Fragmentés paru chez MSK en septembre 2013, Les Déconnectés nous replonge dans l’enfer futuriste de Neal Shusterman où l’avortement n’existe plus mais où la fragmentation est légale….

Les droits d’adaptations ont d’ailleurs étés vendus pour les Fragmentés et un film est en cours de production. Très peu d’informations circulent sur le sujet, mais vous pouvez toujours voir cet article, qui montre le casting idéal des Fragmentés selon son auteur.

Neal Shusterman est également l’auteur de La trilogie des Illumières dont les deux premiers tomes sont parus chez MSK.

Les règles du jeu changent…

Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte – Albert Camus. Ainsi commence ce second opus de la série, avec une citation qui réussit à concentrer tout l’esprit de la série.

Peu de temps s’est écoulé entre la fin du premier tome et sa suite, nous retrouvons ainsi Connor en nouveau leader du Cimetière, Lev « le Claqueur qui n’a pas claqué » ainsi que Risa, chacun ayant de nouvelles et lourdes responsabilités au nom de la révolution en marche. Ces nouvelles charges, c’est malgré eux qu’ils vont devoir les assumer : devenus les symboles de la résistance, leur choix ne sont plus uniquement dictés pour eux-mêmes mais pour des milliers d’adolescents en passe d’être fragmentés et qui croient en eux…

De nouveaux mouvements de société se forment, des clans se créent et l’opinion publique est maintenant prise à parti de façon systématique au travers d’émissions pro-fragmentations… Vers quel camp la balance penchera-t-elle ? Les choses vont-elles réellement changer ?

De nouveaux combats sur une échelle bien plus grande et pernicieuse

Dans ce second tome, nous faisons la connaissance de nouveaux personnages marquants. Rufus, futur fragmenté et sauvé in-extremis par l’équipe de choc de Connor ; Miracolina, une décimée folle de rage à l’idée de ne pas être fragmentée comme prévu ; Cam, le symbole même de la fragmentation sous son jour le plus extrême…

Ces protagonistes vont changer la donne et faire de l’intrigue quelque chose de plus grand. Les questionnements fondamentaux restent, mais l’échelle à laquelle ils se jouent va changer. Batailles médiatiques, manipulations au sein même du Cimetière des survivants, personne n’est ménagé.

L’intrigue avance, les personnages évoluent, notamment Lev, qui devient l’un des plus intéressants de tous grâce à ses nombreuses facettes insoupçonnées, y compris de lui. Mais l’ennemi d’une cause n’est pas nécessairement le plus visible, les batailles intestines étant le pire fléau qu’aura à connaître Connor et son Cimetière de Fragmentés… Encore plus sombre avec des chapitres entièrement consacrés aux protagonistes les plus extrêmes qui prônent la fragmentation par tous les moyens, ce second tome est une nouvelle claque à l’effet ravageur.

Immersif, dérangeant, addictif, encore une fois les superlatifs ne manquent pas pour qualifier ce roman au terrifiant futur proche. A lire pour être au plus près de la nature humaine et de ses effrayants travers…

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Cette série fait partie des indispensables de l’année 2013 et du genre de l’anticipation en général. La suite étant à la hauteur du premier tome qui avait déjà mis la barre très haut. On attend donc avec impatience le troisième et avant-dernier volume qui sortira en France à la fin de l’année 2014. Ah et petite note à l’attention des lecteurs adultes, ce livre a beau cibler des adolescents, il serait regrettable de passer à côté d’un livre d’une telle qualité. Vous voilà prévenus !

Chronique : Les 100 – Tome 1

les 100 01Un roman de science-fiction destiné aux adolescents qui démarre fort… !

Les 100 est le premier roman de l’américaine Kass Morgan. Paru en septembre 2013 aux Etats-Unis, l’ouvrage de science-fiction post-apocalyptique est déjà l’objet d’une adaptation en série télévisuelle dont le premier épisode sera diffusé le 19 mars 2014 sur la chaîne CW.

En ce qui concerne l’ouvrage, c’est dans la collection R qu’il paraîtra le 23 janvier prochain, nous ne savons pas encore combien de tomes comportera la série au total.

La vie dans l’espace se fait au prix de nombreux sacrifices… et de vies

La Terre dans le futur : radioactive, inhabitable à cause de l’homme, ce dernier a dû s’exiler dans l’espace où il survit plus qu’il ne vit vraiment. Mais la vie est plus douce pour certains, tout dépend de quel côté de la barrière vous vous trouvez : en effet, la station spatiale regroupant le dernier espoir de l’humanité a été divisée en trois parties : Walden, Arcadia et Phoenix.

Phoenix est favorisée et connaît peu le rationnement tandis que les des autres parties de la colonie – Walden et Arcadia ne vivent elles qu’au rythme des rares fois où il y a de l’eau et de l’électricité, cette situation créé évidemment de nombreuses tensions…

Les règles qui régissent la colonie sont extrêmement rigides : le moindre impair conduit à la peine de mort directe, ou à l’Isolement pour ceux qui ont moins de 18 ans jusqu’à ce qu’ils soient rejugés. Une façon comme une autre de réguler la population dans un environnement extrêmement restreint…

Le Chancelier de la colonie va cependant changer les règles préétablies en envoyant 100 adolescents condamnés à l’isolement sur la Terre. Objectif : voir si la planète est toujours mortelle pour l’homme, et pour se faire, peu importe que les parias de la société meurent.

C’est dans ce contexte que nous découvrons Clarke, Wells, Bellamy et Glass : quatre adolescents au passé déjà bien sombre et à l’avenir plus qu’incertain. Certains d’entre eux vont tout faire pour fuir cette mission-suicide, tandis que d’autres vont tout tenter pour en faire partie…

Un suspense haletant dans les étoiles… et sur Terre

Les 100 est un roman atypique aux personnages forts et biens campés qui savent provoquer l’attachement. Chaque chapitre est dédié à un des quatre protagonistes en particulier : Clarke, Wells, Bellamy ou Glass. Chacun d’eux a un parcours et des motivations très différents les rendant uniques en leur genre. Certains sont empreints de sentiments nobles, mais d’autres sont prêts à tout pour parvenir à leur fins : lâches, menteur, meurtriers… rien ne les arrête.

Chaque chapitre, centré sur l’un des personnages, est également composé de flash-back, le plus souvent sur des phases déterminantes de leurs vies. Plus nous avançons dans l’intrigue et plus ces révélations s’avèrent cruciales et même terrifiantes (notamment les faits passés de Wells…).

L’intrigue se déroule environ pour moitié sur Terre avec les 100 ; l’autre partie dans la colonie, où les choses n’évoluent pas forcément dans le bon sens. L’humour de la situation pourrait bien faire des 100 des héros bien malgré eux…

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Alors que penser de ce premier tome de façon globale ? Il est efficace : les antihéros que nous suivons tout du long ont ce petit quelque chose qui ne les rend pas « plats ». Nous sommes dans un univers de sf, et Kass Morgan joue de ses codes avec facilité (rationnement, Terre dévastée, règles drastiques pour permettre à l’humanité de survivre, etc.), sans perdre le lecteur dans des faits complexes. En cela, Les 100 est un parfait roman pour faire découvrir le genre à partir de 14 ans.

Tous les ingrédients qui font un bon roman sont ainsi réunis pour nous donner un premier tome efficace et haletant. Peu léger sur le fond, il pousse le lecteur à voir ce que faire de pire l’homme quand il s’agit de sauver sa peau… ou paradoxalement, d’aider son prochain. On attend avec impatience la suite !

Chronique : La planète des singes

La planète des singesLa planète des singes est un roman de l’auteur français Pierre Boulle, véritable symbole de la science-fiction mondiale. Publié en 1963, ce texte est et restera le plus connu (avec Le pont de la rivière Kwaï) de cet auteur au parcours atypique. Né en 1912, Pierre Boulle est détenteur d’un diplôme d’ingénieur à l’école supérieure d’électricité. Il partit ensuit vivre en Extrême-Orient où il fut planteur d’hévéas, puis il intégra les Forces Françaises libres et combattît les troupes japonaise en Chine. Il fut prisonnier mais réussit à s’évader et regagna la France.

 La planète des singes est devenu bien plus qu’un livre depuis sa sortie, il y eu tout d’abord le film de Franklin J. Schaffner en 1968, puis une série télévisée en 1974. Tim Burton s’est également essayé à l’exercice en 2001. Enfin plus récemment, nous avons eu droit à un film imaginant les origines de ces singes plus intelligents avec le film La planète des singes : Les origines ; une suite est d’ailleurs prévue pour 2014 : La planète des singes : L’affrontement.

Une série de bande-dessinées autour de l’univers de la Planète des singes est sortie aux éditions Emmanuel Proust, signée par Daryl Gregory. Un coffret intégral est d’ailleurs prévu pour mars 2014, en édition limitée. L’univers de Pierre Boulle continue donc de prospérer après plus quarante ans d’existence et nourri l’imaginaire de nombreux cinéastes et auteurs en tous genres… et d’un public toujours plus large.

« Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l’espace, le plus loin possible des astres habités. »

Notre histoire commence ainsi, avec des voyageurs de l’espace profitant à loisir de leur temps rien qu’à eux, mais il va être troublé par la découverte d’une bouteille flottant dans l’espace et contenant d’étranges écrits.

La personne ayant rédigé le texte de la bouteille se dit journaliste et s’appelle Ulysse Mérou : il prétend avoir fait un voyage spatial en l’an 2500, dans le système de Bételgeuse, accompagné d’un professeur et de son second. Leur voyage les entraina sur une planète dont les caractéristiques la rendait habitable… et en effet, ce qu’ils vont découvrir va confirmer leur espoirs au-delà du possible…

La planète est bien habitée… par des singes intelligents au même titre que les humains. Mais ça n’est pas tout, il y a également des hommes, mais eux semble justement avoir l’intelligence d’animaux, réagissant à l’instinct, et ne communiquant que par grognements. C’est le cauchemar et la torture qui commencent pour Ulysse, devenant un objet d’étude fascinant pour ces singes plus savants que l’homme…

La planète des singes pkjD’une diabolique simplicité et pourtant porteur de nombreux questionnements

Pierre Boulle nous entraine avec facilité dans une science-fiction au postulat simple et abordable pour tous. Loin des romans aux théorèmes compliqués, La planète des singes peut expliquer son succès grâce à une histoire basique mais pas simpliste, bien au contraire.

On y trouve une dimension philosophique certaine qui nous remet à notre juste place : le singe est-il l’avenir de l’homme ? En est-il sont évolution logique ? Ce que nous faisons subir aux animaux pour nos divers tests est-il « humain » ? Quelle est la frontière entre l’homme et l’animal ?

Sans temps morts, on découvre la suite d’infortunes d’Ulysse : une chasse à l’homme dès l’atterrissage, une captivité suivie d’expériences scientifiques s’apparentant parfois à de la torture…

Le développement du relationnel entre Ulysse et Zira, une scientifique chimpanzé avant-gardiste est très bien fait, au rythme de ses nombreuses découvertes scientifiques, une amitié improbable naît. De même, le lien forcé qu’il va avoir avec une humaine locale (et donc sous-évoluée) prénommée Nova au gré des expériences évolue en autre chose qui pourrait s’apparenter à de la tendresse…

On suit avec inquiétude et intérêt les découvertes de plus en plus terribles d’Ulysse sur cette planète et ses habitants, jusqu’à l’avant dernier chapitre du roman, où la dernière phrase nous achève littéralement.

L’écriture de Pierre Boulle est efficace et sans fioritures, accessible à tous. Le vocabulaire utilisé y est totalement intemporel, rendant les technologies décrites toujours d’actualité.

La planète des singes est ainsi un superbe roman, un classique parmi les classiques de la littérature de genre, mais pas seulement. Pierre Boulle réussit à nous offrir une histoire intemporelle et universelle. Un classique à lire… et à relire absolument !

Chronique : Le cycle d’Ender – Tome 1 – La Stratégie Ender

Le cycle d'Ender 01Une véritable claque littéraire

Écrit par Orson Scott Card, La Stratégie Ender est un incontournable de la science-fiction, à classer dans les monuments qui ont fait le genre. Ce roman a notamment raflé deux prix très prestigieux lors de sa sortie, et pas des moindres, il s’agit des Prix Hugo et Prix Nebula. L’exploit fut d’ailleurs réitéré par l’auteur avec la suite de La Stratégie Ender : La voix des morts.

La Stratégie Ender était avant tout une nouvelle (sous le même titre) avant de se transformer en roman, puis en cycle.

En 2012, la collection Nouveaux Millénaires de J’ai lu ressuscite ce classique de la science-fiction et lui offre une nouvelle traduction signée par Sébastien Guillot (à qui l’on doit déjà les traductions des rééditions de Blade Runner de Philip K. Dick ou encore de la Terre Mourante de Jack Vance).

 La Stratégie Ender bénéficie de plus actuellement d’une médiatisation toute particulière grâce à son adaptation par Gavin Hood qui vient de sortir au cinéma le 6 novembre dernier avec Harrison Ford.

Le cycle d'Ender 01 tie inSur une Terre où la population est régulée, il ne fait pas bon être Troisième…

La Terre dans le futur : la technologie a évolué et l’homme aussi. Mais l’humanité n’a pas fait que des découvertes bénéfiques. En effet, les Doryphores, espèce extraterrestre ressemblant à des insectes, ont déjà attaqué la Terre et ont essuyé une défaite… mais de peu. L’humanité ne doit son salut qu’à une seule chose : un chef militaire de génie. Et alors que la menace doryphore se profile à nouveau des décennies plus tard, il faut trouver à nouveau un individu plus doué et extraordinaire encore que cet ancien chef d’exception, une personne qui n’aura pas peur d’exterminer son ennemi, à n’importe quel prix.

C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance d’Andrew Wiggins, troisième né de sa famille. Cette caractéristique fait de lui une cible facile dans son école, mais aussi au sein de sa propre famille : son grand frère Peter est une menace constante sur son existence, malgré la bienveillante protection de sa sœur Valentine.

Le jeune Ender est alors désigné pour s’envoler pour l’école de guerre à la suite d’une très grande batterie de tests : ses aptitudes à réagir dans l’urgence, sa ténacité et sa froide intelligence sont peut-être les éléments clés d’une victoire contre les Doryphores qui approchent… Mais les années s’écouleront-elles assez lentement pour permettre à Ender d’être formé comme il se doit ?

Ender's Game 01 us 1Un chef-d’œuvre sur la nature humaine et ses circonvolutions

Ce qui pourrait passer pour de la « simple » science-fiction militaire se transforme au fil des pages en quelque chose plus grand, de plus impliquant avec une stratégie à tous les niveaux. Ender pense de façon cartésienne, méthodique avec tout ce qui l’environne : professeurs, autres élèves, jeux…

Tout y est jeux de pouvoirs, faux-semblants et manipulations : des instincts les plus bas de l’homme à ses détours les plus subtils.

Les meilleurs passages du roman (et ils sont nombreux) sont sans aucun doute les combats dans les salles en apesanteur : alliant stratégie et descriptions épiques, on s’immerge dans des scènes de combat que l’on aime à se repasser après leur lecture. Mais d’autres étapes du roman sont également mémorables et réservent de très nombreuses surprises et même twists.

Ender's Game 01 us 2On se surprend à être fasciné par les prodiges d’intelligence dont fait preuve Ender à l’âge de seulement six ans. Son évolution rapide dans le corps de l’armée est également captivante, à la fois irréelle et saisissante, on s’attache à ce héros qui brise les codes habituels par une personnalité à la fois très sombre et attachante. Ce dernier culpabilisant énormément à cause des actes qu’on le pousse à faire pour le futur bien de l’humanité.

Un magnifique page-turner comme on aime à les appeler. La Stratégie Ender fait partie de ces romans incontournables dont le succès est mérité, et dont on aime à partager la lecture autour de nous. Alors, si ce n’est déjà fait, précipitez-vous sur ce bijou de lecture à lire, à relire sans limites.  Si vous avez aimé, vous pouvez lire la suite – qui est dans une tout autre atmosphère : La Voix des morts, second tome du cycle d’Ender, qui compte quatre volumes au total.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique jeunesse : Roby ne pleure jamais

Roby ne pleure jamaisParu en août 2013, Roby ne pleure jamais est une nouvelle de science-fiction sortie dans la collection Mini Syros Soon.

L’auteur, Eric Simard a déjà publié de nombreux écrits de science-fiction pour la jeunesse, on lui doit notamment L’enfaon, Robot mais pas trop, Les aigles de pluie et en octobre dernier Le cycle des destins qui est le premier tome d’une nouvelle saga.

Robots et sentiments : deux termes incompatibles

Roby fait partie d’une des toutes dernières générations de robots, programmé pour ressentir une foule de choses : le froid, la douleur, les nuances du toucher.

Sa mission, prendre soin et distraire la jeune Cyrielle, ses parents étant partis sur la planète Mars. Cependant, être un robot n’a pas forcément que des avantages, et quand Roby accompagne la jeune Cyrielle à l’école, ce dernier est harcelé par des garçons de sa classe. Coups, paroles méchantes, le harcèlement que subit Roby va crescendo sans qu’il ne puisse riposter, en effet, un robot ne peut lever la main sur un humain uniquement si la vie d’un autre être humain est en danger.

Mais à force de frustration et de tensions, Roby va franchir la ligne qu’un robot ne doit jamais franchir, et pour cela, il risque son arrêt définitif.

Une belle leçon sur ce qui défini l’homme

Roby devient ainsi le symbole d’une cause et d’un idéal, dépassant de loin la portée de son acte. Une histoire bien construite, le tout sur le fond d’une légère romance, l’histoire a l’avantage de pouvoir parler aussi bien aux filles qu’aux garçons. A sa manière, ce petit roman fait penser à la nouvelle L’homme bicentenaire d’Isaac Asimov, où la frontière entre l’homme et la machine devient de plus en plus floue et ténue. Le clin d’œil a beau ne pas être perceptible pour les jeunes lecteurs, la voie est tout de même ouverte à la méditation.

On appréciera la réflexion que la lecture de ce petit livre offre aux jeunes lecteurs. A creuser pourquoi pas en classe ; les livres de la collection Mini Syros ayant souvent cet usage dans les écoles, celui-ci offre une belle opportunité à la discussion et au débat. A lire dès l’âge de huit ans environ.

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Chronique : Les Fragmentés – Tome 1

Les fragmentés 01Écrite par l’écrivain américain Neal Shusterman, la série les Fragmentés rencontre un incroyable succès aux Etats-Unis sous le titre original Unwind. En France, c’est la collection MSK (collection ado des éditions du Masque) qui publie ce texte, les droits ont étés achetés avant même que la collection existe, tant il a marqué la directrice de la collection, Maÿlis de Lajugie.

Une première édition du tome un a vu le jour en 2008, puis l’ouvrage est paru au format poche en mai 2013. Mais à l’occasion de la sortie du second tome en France, l’éditeur a vu les choses en grand en rééditant le premier tome sous un grand-format très esthétique pour faire un bel effet collection.

Enfin, pour en finir avec les bonnes nouvelles, sachez que la série est déjà prévue pour être portée à l’écran ! Alors pour savoir ce que raconte cette série d’anticipation captivante, c’est par ici…

Le futur, à une époque indéterminée, mais pas si loitaine…

 L’avenir : suite à une lutte acharnée entre les Pro-vie et les Pro-choix est née la fragmentation, une étape permettant d’amener un être à un état divisé, tout en le laissant techniquement en vie à travers plusieurs personnes. En effet, la fragmentation permet d’utiliser 100% de l’être humain sans le tuer et a supprimé les pénuries d’organes.

Mais où trouve-t-on ces fameux organes ? Qui sont les donneurs ? Il s’agit d’adolescents âgés entre treize et dix-huit ans, dont les parents ont décidé pour diverses raisons de signer un ordre de fragmentation. Une fois l’ordre signé, impossible de faire marche arrière : l’adolescent est voué à la fragmentation… Mais les Pro-vie sont ravis du compromis, car il est impossible d’attenter à la vie d’un enfant de sa conception jusqu’à ses treize ans, à lui donc de faire ses « preuves ».

Mais il arrive que certains s’en sortent et deviennent des déserteurs, c’est le cas d’un des héros de ce roman, Connor, qui va tout faire pour rester en vie, et cela dans un état non divisé !

Cependant, cette lutte pour la survie ne va pas aller sans heurts, et surtout, le parcours de Connor va devenir quelque chose de bien plus grand que lui. Et c’est sans compter sur ceux qu’il entraine dans son sillage… notamment Risa et Lev eux aussi voués à être fragmentés.

Les fragmentés 01 UnwindExtraordinairement dense et documenté

L’univers futuriste et cruel que Neal Shusterman met en place est d’une implacable efficacité dès les premières lignes. Haletant, captivant, le récit est d’une cohérence extrême, ne laissant pas de doutes ou de questions planer. Et bien que l’on ne connaisse pas tout le passif des camps Pro-vie et Pro-choix qui a amené à cette terrible ère, on en comprend malgré tout les terribles enjeux.

Chaque chapitre est centré sur un personnage en particulier : Connor, Risa ou encore Lev dont l’histoire et les motivations sont bien différentes. Le personnage de Lev en particulier, que l’on pourrait croire plat au début du récit devient au final l’un des plus intéressant. En effet, le jeune homme est destiné à la fragmentation depuis sa naissance pour des raisons religieuses : on appelle cela la décimation. Mais son cheminement vers Dieu va vite se transformer en un tout autre pèlerinage…

Outre des personnages absolument mémorables et charismatiques, on se retrouve dans un récit empli d’adrénaline, où chaque instant et détails comptent, y compris dans l’urgence.

La plus belle réussite de ce roman est certainement l’émotion que réussit à nous communiquer Neal Shusterman, créant des situations aussi tragiques que magnifiques à travers ses personnages. Je pense notamment aux quelques chapitres où nous rencontrons le personnage mystérieux de CyFy. L’émotion qui transparaît dans la dernière scène où il fait son apparition est d’une ampleur rarement lue dans un texte.

De même, la fragmentation, cette fameuse étape dont personne ne sait vraiment en quoi elle consiste, nous allons pouvoir y assister, et là aussi difficile de ne pas se sentir concerné par les souffrances des personnages.

Les fragmentés 01 Unwind2Vif, instinctif, parfois violent, les Fragmentés est un roman à part dans tous les récits young-adult qui fleurissent dans le paysage éditorial. Un ouvrage à lire avec délectation, fougue, et surtout éxaltation. Un chef-d’œuvre pour redécouvrir le genre de l’anticipation dans toute sa force, et cela à tout âge.

Si vous voulez découvrir un imaginaire aussi riche que percutant, laissez-vous tenter par les Fragmentés, personnellement, je suis conquise ! En route directement vers le second tome !

PS : Ne devant être qu’une trilogie à l’origine, la série comptera au final quatre volumes aux Etats-Unis. L’éditeur américain trouvant le troisième tome beaucoup trop gros et ayant préféré le diviser en deux. Le troisième tome vient d’ailleurs de sortir le 15 octobre dernier, le quatrième est prévu pour courant 2014.

Chronique Jeunesse : Rana et le dauphin

Rana et le dauphinUn texte court, mais extrêmement touchant et percutant

Paru en en août 2012 dans la collection Mini Syros Soon, Rana et le dauphin est un ouvrage au format d’une nouvelle, comme tous ceux de la collection. En très peu de pages, une notion, une réflexion en ressort, pour faire réfléchir les jeunes lecteurs.

Jeanne-A Debats est une auteure française bien connue dans le domaine de l’imaginaire. Elle a notamment écrit La vieille anglaise et le continent (Griffe d’Encre) pour les adultes. En jeunesse elle s’est faite remarqué avec Eden en sursis (Syros) ou encore la balade de Trash (Syros).

Rana est le dauphin fait partie de la sélection de livres en compétition pour le Prix Tam Tam « J’aime Lire » 2013.

Jusqu’où peut-on aller pour la recherche scientifique ?

Les parents de Rana sont scientifiques, ils étudient plus particulièrement les cétacés et leur intelligence grâce à l’aide de nano-robots (robots à l’échelle microscopique). Ils espèrent augmenter le degrés d’intelligence du dauphin qu’ils étudient actuellement, qui se prénomme Typhon. L’enjeu financier est énorme, mais les parents de Rana sont de véritables passionnés, l’enjeu étant d’ordre scientifique pour eux.

Leur fille Rana va également les aider malgré elle, en effet, sa communication aisée avec le dauphin va l’aider à développer son intelligence, l’intégrant ainsi au programme. Une amitié unique est née, et rien (ou presque) ne pourra l’arrêter.

Où la recherche n’est pas toujours positive

La recherche peut avoir un but noble mais aussi parfois des objectifs qui le son beaucoup moins.

Ici, les parents de Rana ne vivent que pour leur recherches et leur résultats, mais ils ont une pression de la part de leur supérieur, cette histoire soulevant de nombreuses interrogations : peut-on faire des expériences sur les animaux ? A partir de quel degré d’intelligence un animal peut-il être considéré comme ayant un libre-arbitre ? Un animal intelligent peut-il avoir des droits ? Rana va malgré elle faire les frais de cette intelligence trop développée de Typhon…

Un court roman extrêmement touchant, qui met nos sentiments à fleur de peau et élève nos réflexions et celles des jeunes lecteurs sur de nombreux sujets actuels : manipulations scientifiques, libre-arbitre, etc. L’amitié développée par Jeanne-A Debats est si juste, si vraie, qu’il devient difficile de na pas s’attacher à Typhon et à sa meilleure amie, Rana.

Il s’adresse à de jeunes lecteurs dès 8-9 ans, mais renvoie à des idées universelles, sans nécessité d’âge, et se veut également être un clin d’œil à Un animal doué de raison de Robert Merle.