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Chronique ado : Sable bleu

Yves Grevet est un auteur français pour la jeunesse et les adolescents. Avant d’être écrivain à temps plein, il était enseignant. Il a écrit des romans devenus emblématiques dans le paysage de la littérature jeunesse : Méto (trois tomes, Syros, PKJ), U4 Koridwen (Syros, Nathan, PKJ) ou encore Nox (Syros, PKJ).
Sable bleu est paru en août 2021 chez Syros et nous propose une version étonnement optimiste de ce que pourrait être notre futur… et pourquoi pas ?

D’étranges phénomènes inexpliqués

Depuis quelques temps, il se passe des choses étranges sur notre planète. Une étrange bactérie rend le pétrole inexploitable, les pharmacies se font voler quantité de médicaments tels que les antidépresseurs, les placards des cuisines des citoyens sont vidés de quantité de nourriture… Rien ne semble lier ces différents phénomène si ce n’est leur temporalité : tout arrive en même temps. Mais rien ne permet d’envisager le début d’une explication crédible.

C’est dans ce monde – notre monde – que vit l’adolescente Tess. Elle se bat en tant qu’activiste pour l’association Planet Reboot. Ses actions de défense pour la planète l’on déjà menée à être fichée par la police, elle se doit donc d’être prudente… Depuis que ces phénomènes invisibles ont lieu sur terre, Tess ressent d’étranges vertiges et odeurs. Elle semble être la seule à ressentir ça et n’ose en parler à personne. Quel est le lien entre la jeune fille et les bouleversements positifs que rencontre notre planète ?

De la SF positiviste, c’est possible ?

Une planète qui respire un peu mieux, tout ce qui empoisonne notre quotidien qui disparaît peu à peu… Ce que nous propose Yves Grevet semble impossible. Sable Bleu est osé, il nous propose un roman de science-fiction positiviste. Alors que les dystopies et romans post-apocalyptiques ont le vent en poupe depuis des années, Sable bleu détonne.
Il pousse à la réflexion au même titre que quantité de romans de sf, mais en nous faisant prendre un chemin totalement différent. Et il faut avouer que c’est plaisant.

Notre planète change, et en parallèle, c’est le personnage de Tess dans sa psychologie qui évolue. L’adolescente se cherche à tous points de vue.
Elle mène le combat pour faire gagner l’écologie par des moyens parfois radicaux mais réfléchis. Elle se cherche également sur le plan sexuel ne sachant si elle est ne serait-ce qu’attirée par qui que se soit… Et enfin, elle se pose des questions sur ses origines, elle qui a été adoptée et qui l’a toujours su éprouve enfin le désir de savoir d’où elle vient.

L’aspect disparitions inexpliquées m’a fait pensé au roman ado Vorace de Guillaume Guéraud (Le Rouergue, collection Epik) mais la direction prise par Yves Grevet et très différente !
L’auteur nous propose de nous ouvrir à un récit de science-fiction résolument optimiste et totalement à contre-courant de ce qu’il se fait. Et pourquoi pas après tout ?
Mais plus que la partie sf, j’ai avant tout aimé la recherche de Tess pour savoir qui elle est vraiment. Il y a un aspect romance très important dans l’ouvrage qui est magnifiquement retranscrit. Les questionnements, les interrogations quant à la sexualité – ou non d’ailleurs – les premières attirances… L’auteur a su créer une adolescente réaliste avec ses défauts, son amour vibrant et sa vitalité que rien n’arrête. Et rien que pour cela, ça vaut le coup.

En ce qui concerne l’intrigue en elle-même, elle est originale et bien développée. J’ai malgré tout préféré – et de loin – la première partie du roman, quand on ne sait encore rien de ce qu’il se passe. Une fois que l’on comprend peu à peu les enjeux de Sable Bleu, j’ai trouvé ça un peu trop « déroulé ». Tout est expliqué, tout a été pensé, mais j’avoue avoir trouvé la conclusion un peu rapide comparé au développement assez long des enjeux.

Quoi qu’il en soit, Sable Bleu est un roman ado qui détonne. Comme ce sable à la couleur improbable, l’ouvrage est déstabilisant, étrange. On prend peu à peu nos marques et on découvre un auteur qui a su condenser toutes les préoccupations actuelles de l’humanité et surtout de la nouvelle génération : écologie, politique, droit et devoirs vis à vis de la planète, consumérisme, recherche de liberté, féminisme et sororité… dans un roman, et surtout une belle héroïne. Tess est charismatique, elle est belle et elle existe quelque part, en vrai car elle est très réaliste dans sa façon d’être.
En somme, Sable Bleu est un roman étonnant, étrange et résolument positif. Et ça fait du bien pour une fois de ne pas lire quelque chose d’anxiogène. Il y a du mystère, des tensions, mais c’est avant tout lumineux. A découvrir dès l’âge de 14 ans.

Chronique : The Ones – Tome 1

the-onesUne dystopie pour ados aux thèmes éminemment actuels… le tout sur fond de manipulations génétiques !

Premier tome d’une nouvelle saga dystopique, The Ones est paru le 6 octobre 2016  aux éditions Hugo, dans la collection destinée aux adolescents New Way. L’ouvrage est paru il y a à peine quelques mois aux États-Unis. Il s’agit du premier roman de Daniel Sweren-Becker.

Une société malade de ses avancées scientifiques

Il y a de cela une vingtaine d’années, l’État a fait modifier génétiquement 1% des nouveau-nés de la population de façon aléatoire. Ce fragment minuscule de la société est nommé Les Élus. En effet, les  modifications de leur patrimoine génétique les a tous rendus plus beaux, plus intelligents, plus forts… Ils font systématiquement de l’ombre aux gens normaux dans quelque domaine que ce soit : le sport, la bourse, la création d’entreprise, les sciences… Et cette prédominance évidente des Elus sur la population lambda commence à en agacer certains : les Élus prennent trop de place et mettent au chômage les autres… Le mouvement Égalité est né, et il ne compte pas laisser les Elus tranquilles, bien au contraire : harcèlement, injures, coups… cela n’est que le début. The Ones signe ici l’histoire d’une société proche de la notre au seuil de la fracture.

C’est dans ce contexte que nous suivons le couple que forment Cody et James, deux Élus de 17 ans. Comment vont-ils réagir face à la population qui remet en cause leur existence même ?

Un roman d’anticipation aux thèmes malheureusement très actuels…

Exclusion, terrorisme, haine, tolérance, harcèlement… voici autant de thèmes complètement ancrés dans notre actualité. En cela, Daniel Sweren-Becker réussit The Ones. On se projette facilement dans la peau de ces pauvres Élus, dont les libertés diminuent au fil des chapitres…

En ce qui concerne l’intrigue pure, malgré quelques petites surprises qui coupent le fil rouge de l’histoire, on reste dans les sentiers battus. Cependant, le thème de la manipulation génétique de la population est intéressant à lire, on aurait même adoré le voir développé plus amplement !

Par ailleurs, l’auteur ne creuse pas assez la question de la naissance du mouvement Égalité. On comprend que les Elus soient vus d’un mauvais œil par les personnes dites normales, mais l’échelle de cette haine graduelle n’est pas assez décrite. Après tout, ils ne composent que 1% de la population… Ainsi, la situation aurait nécessité un meilleur historique afin d’apporter au lecteur une vision d’ensemble plus réaliste, plus crédible.

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Alors, oui, on passe un bon moment de lecture malgré tout car l’action se déroule à 100 à l’heure. Les chapitres sont courts, efficaces, les personnages bien campés et peu nombreux, aisés à appréhender… Mais les habitués de dystopies auront peut-être un sentiment de déjà lu…

Affaire à suivre toutefois avec la suite de The Ones, pas encore parue aux États-Unis (donc patience !). Les derniers chapitres de ce premier tome ont su malgré tout faire mouche pour donner envie de découvrir la suite… car de nombreuses questions sont encore en suspend !

Chronique : The Book of Ivy – Tome 2 – The Revolution of Ivy

the-book-of-ivy-2-the-revolution-of-ivySuite et fin d’une dystopie mélangeant exil, dictature, jeux de pouvoirs et survie…

Amy Engel est une auteur d’origine américaine. The Book of Ivy est sa première série de livres pour ados qui comprend deux tomes : The Book of Ivy et The Revolution of Ivy. L’histoire a beau être assez simple, elle fonctionne bien car elle est efficace.

Après les hautes sphères du pouvoir, l’exil

A la fin du premier tome, nous laissions Ivy sur une conclusion très dangereuse. Tout juste exilée de Westfall pour haute trahison, la jeune femme se doit de survivre malgré l’hiver qui approche. Mais cela s’annonce extrêmement difficile et dangereux car elle est du même côté de la barrière que des violeurs et des tueurs… Pourra-t-elle s’en sortir ? Quel nouveau but Ivy peut-elle se fixer dans ce monde de silence et de précarité ?

Un roman qui va droit au but

On appréciera l’efficacité qu’a réussit à mettre Amy Engel dans sa courte saga. Jamais de longueurs dans la narration, des dialogues précis, simples, efficaces. On comprend le succès de la saga tant elle se lit vite.

Les sentiments de la jeune femme sont à la fois simples à comprendre, et surtout, on les ressent au même titre qu’elle. On a peur pour sa vie et pour son intégrité physique, on craint le froid et la faim avec elle… On se prend également d’attachement pour le fameux couple Ivy/Bishop qui réussira à être développé de façon très intéressante malgré les obstacles au fil des pages !

La trame est ainsi très classique et on s’attend à pas mal de choses tout au long de ce roman qui se révèle assez prévisible, mais pas décevant. La seconde partie est celle qui réussit le plus à étonner le lecteur par ses enchainements de révélations… Nous faisons la découverte d’une ville de Westfall absolument transfigurée et traumatisée dont le déclencheur n’était autre… qu’Ivy !

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C’est donc une belle réflexion sur la politique, la société et ses diktats sous couvert de proposer un roman young-adult. En effet, la saga d’Ivy a beau proposer une duologie divertissante et efficace, elle pousse également à s’interroger et réfléchir. Ils posent également une question : une personne peut-elle tout changer ? A classer avec Hunger Games, Divergente, Dualed ou encore La Sélection.

On sent qu’Amy Engel n’en est qu’aux prémices de son œuvre, il faut donc la suivre de près !

Chronique : Cleer, une fantasy corporate

Cleer (une fantasy corporate)Un roman d’une nébuleuse clarté

Cleer est un roman qui avait fait parler de lui dans le petit monde de la science-fiction française à sa sortie en 2010. A la fois fascinant et étrange, urbain et fantastique, ce texte aux multiples facettes est difficile à cerner. Paru chez Lunes d’Encre en grand format, l’édition de poche est quant à elle sortie chez Folio SF en mars dernier, comme les autres titres de l’écrivain.

Son auteur, Laurent Kloetzer et sa femme Laure ont notamment écrit ensemble l’Anamnèse de Lady Star (Lunes d’Encre) qui vient de paraître en avril dernier. Docteur en psychologie et consultant, Lautent Kloetzer noue à la fois sa passion pour l’anticipation et ses connaissances professionnelles pour nous offrir le portrait d’une entreprise qui engloutit tout sur son passage.

L’image corporate avant l’humain

Cleer est une superpuissance économique, elle touche à tous les domaines, tous les secteurs d’activité et englobe même des marchés dont on ignore tout. Cleer est immense, omniprésente et donne l’image d’une entreprise tentaculaire et inébranlable. Et c’est le cas. Mais si il y a bien une chose à laquelle on peut s’attaquer, c’est son image et la façon dont le monde la perçoit.

Ainsi, pour protéger ses intérêts et son image, Cleer possède un service bien spécial où travaillent la jeune et prometteuse Charlotte ainsi que l’ambitieux Vinh. Ce duo peu probable mais complémentaire va devoir affronter des problématiques bien différentes, mettant toutes d’une façon ou d’une autre le doigt sur un disfonctionnement de l’entreprise. A eux de résoudre les problèmes sous peine de remettre en question leur carrière au sein du groupe… mais est-ce seulement cela qui est en jeu ?

Suicides en chaîne dans un centre d’appels, mutations génétiques dans des champs, ou encore trafics dans une usine… les missions seront nombreuses.

CleerUn roman complexe et exigeant

Autant l’annoncer d’emblée, Cleer est un texte à l’écriture assurée et fluide, mais pas aisément accessible. Trop de non-dits, de symboliques à élucider pour prendre un réel plaisir à la lecture. Les différentes enquêtes que traitent Vinh et Charlotte sont de plus en plus étranges et mènent le lecteur à un point de non-retour où il devient difficile de suivre l’auteur dans son cheminement.

La première moitié du roman est très plaisante, on apprend à découvrir l’univers froid et cruel du monde en entreprise et ses pressions. La relation ambigüe qu’entretiennent nos deux protagoniste, entre attirance et aversion est également fort bien nourrie par leur dialogues, leur comportements.

Mais la seconde moitié du roman nous amène au cœur de ce qu’est réellement Cleer : quelque chose de plus grand encore que ce que l’on croyait. Une entreprise qui mène ai cieux ou tout droit en enfer…

On arrive alors à des scènes nébuleuses, peu compréhensibles qui dissipent le plaisir premier de la première partie, même si cela reste volontaire de la part de l’auteur. En effet, les voies de Cleer sont impénétrables….

cleer-barelogoEn conclusion, Cleer est un roman qui tranche définitivement avec l’idée que l’on pourrait se faire de la science-fiction. A la fois roman psychologique teinté d’un côté aseptisé propres aux grandes institutions déshumanisées, on en sort changé et déstabilisé.

Une chose est certaine, il s’agit là d’un texte de qualité, mais difficile d’accès par son manque de précision et d’explications (voulues par l’auteur), à réserver à ceux qui n’ont pas peur de se perdre dans les méandres de la superpuissance qu’est Cleer (logo de l’entreprise ci-dessous)…

Cet article a été chroniqué pour le site ActuSF.

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Chronique : Les Fragmentés – Tome 1

Les fragmentés 01Écrite par l’écrivain américain Neal Shusterman, la série les Fragmentés rencontre un incroyable succès aux Etats-Unis sous le titre original Unwind. En France, c’est la collection MSK (collection ado des éditions du Masque) qui publie ce texte, les droits ont étés achetés avant même que la collection existe, tant il a marqué la directrice de la collection, Maÿlis de Lajugie.

Une première édition du tome un a vu le jour en 2008, puis l’ouvrage est paru au format poche en mai 2013. Mais à l’occasion de la sortie du second tome en France, l’éditeur a vu les choses en grand en rééditant le premier tome sous un grand-format très esthétique pour faire un bel effet collection.

Enfin, pour en finir avec les bonnes nouvelles, sachez que la série est déjà prévue pour être portée à l’écran ! Alors pour savoir ce que raconte cette série d’anticipation captivante, c’est par ici…

Le futur, à une époque indéterminée, mais pas si loitaine…

 L’avenir : suite à une lutte acharnée entre les Pro-vie et les Pro-choix est née la fragmentation, une étape permettant d’amener un être à un état divisé, tout en le laissant techniquement en vie à travers plusieurs personnes. En effet, la fragmentation permet d’utiliser 100% de l’être humain sans le tuer et a supprimé les pénuries d’organes.

Mais où trouve-t-on ces fameux organes ? Qui sont les donneurs ? Il s’agit d’adolescents âgés entre treize et dix-huit ans, dont les parents ont décidé pour diverses raisons de signer un ordre de fragmentation. Une fois l’ordre signé, impossible de faire marche arrière : l’adolescent est voué à la fragmentation… Mais les Pro-vie sont ravis du compromis, car il est impossible d’attenter à la vie d’un enfant de sa conception jusqu’à ses treize ans, à lui donc de faire ses « preuves ».

Mais il arrive que certains s’en sortent et deviennent des déserteurs, c’est le cas d’un des héros de ce roman, Connor, qui va tout faire pour rester en vie, et cela dans un état non divisé !

Cependant, cette lutte pour la survie ne va pas aller sans heurts, et surtout, le parcours de Connor va devenir quelque chose de bien plus grand que lui. Et c’est sans compter sur ceux qu’il entraine dans son sillage… notamment Risa et Lev eux aussi voués à être fragmentés.

Les fragmentés 01 UnwindExtraordinairement dense et documenté

L’univers futuriste et cruel que Neal Shusterman met en place est d’une implacable efficacité dès les premières lignes. Haletant, captivant, le récit est d’une cohérence extrême, ne laissant pas de doutes ou de questions planer. Et bien que l’on ne connaisse pas tout le passif des camps Pro-vie et Pro-choix qui a amené à cette terrible ère, on en comprend malgré tout les terribles enjeux.

Chaque chapitre est centré sur un personnage en particulier : Connor, Risa ou encore Lev dont l’histoire et les motivations sont bien différentes. Le personnage de Lev en particulier, que l’on pourrait croire plat au début du récit devient au final l’un des plus intéressant. En effet, le jeune homme est destiné à la fragmentation depuis sa naissance pour des raisons religieuses : on appelle cela la décimation. Mais son cheminement vers Dieu va vite se transformer en un tout autre pèlerinage…

Outre des personnages absolument mémorables et charismatiques, on se retrouve dans un récit empli d’adrénaline, où chaque instant et détails comptent, y compris dans l’urgence.

La plus belle réussite de ce roman est certainement l’émotion que réussit à nous communiquer Neal Shusterman, créant des situations aussi tragiques que magnifiques à travers ses personnages. Je pense notamment aux quelques chapitres où nous rencontrons le personnage mystérieux de CyFy. L’émotion qui transparaît dans la dernière scène où il fait son apparition est d’une ampleur rarement lue dans un texte.

De même, la fragmentation, cette fameuse étape dont personne ne sait vraiment en quoi elle consiste, nous allons pouvoir y assister, et là aussi difficile de ne pas se sentir concerné par les souffrances des personnages.

Les fragmentés 01 Unwind2Vif, instinctif, parfois violent, les Fragmentés est un roman à part dans tous les récits young-adult qui fleurissent dans le paysage éditorial. Un ouvrage à lire avec délectation, fougue, et surtout éxaltation. Un chef-d’œuvre pour redécouvrir le genre de l’anticipation dans toute sa force, et cela à tout âge.

Si vous voulez découvrir un imaginaire aussi riche que percutant, laissez-vous tenter par les Fragmentés, personnellement, je suis conquise ! En route directement vers le second tome !

PS : Ne devant être qu’une trilogie à l’origine, la série comptera au final quatre volumes aux Etats-Unis. L’éditeur américain trouvant le troisième tome beaucoup trop gros et ayant préféré le diviser en deux. Le troisième tome vient d’ailleurs de sortir le 15 octobre dernier, le quatrième est prévu pour courant 2014.

Chronique : UNICA

UnicaUnica est un court roman absolument déroutant. A la fois dans une science-fiction familière mais aussi nouvelle, Unica est un petit O.V.N.I. que j’ai beaucoup apprécié. Le thème : la pédophilie sur internet, la cyberpédophilie si vous voulez.

Une institution a été créé pour pallier à ces images immorales naviguant sur le net : Cyber. Avouez que ça vous rappelle quelque chose, non ? Minority Report ? la police du futur ? je trouve qu’il y a un lien entre les deux romans, d’autant plus que l’auteur l’affirme à moitié avec une citation de Philip-K. Dick en début de page « Flow my tears, the policeman said.« 

L’histoire d’Unica est d’abord celle d’un jeune cyber policier : Herb Charity, parmi les meilleurs traqueurs de cyberpédophiles de la toile. Comment en est-il arrivé à ce niveau ? Je vous laisse le découvrir pour ne rien gâcher des diverses surprises du livre, sachez seulement que son histoire est d’une tragédie passionnante. Ainsi, tout les jours il traque les pédophiles du net, jusqu’au jour ou ces derniers sont déjà punis par autre chose que la loi : Unica.

Qui est Unica ? Cela aussi je vous laisse le découvrir, mais sachez que l’on ne s’ennuie pas une seule fois dans ce livre. Chaque page est sujet à découvertes, suppositions, révélations !

Le personnage d’Herb Charity est très intéressant, on ne sait pas vraiment quelles sont ses orientations morales et sexuelles de façon claire. Ce qui en fait quelqu’un d’imprévisible et captivant.

De plus, ce livre mélange allègrement le polar et la science-fiction, ce qui n’est aucunement déplaisant. Vous n’aurez pas de pause avant la fin, pour votre plus grand bonheur, j’en suis sûre ! Et heureusement que ce livre est sorti chez Livre de Poche, car sinon beaucoup seraient passés devant sans même y jeter un coup d’œil, au moins la couverture interpelle et pousse notre curiosité jusqu’à lire la quatrième de couverture…

Ce livre a reçu le Nouveau Grand Prix de la Science-Fiction Française 2008 : « Le Déjeuner du Lundi est une institution littéraire, amicale et faiblement gastronomique qui se réunit depuis plus de quarante ans dans un restaurant italien proche de la place St Sulpice. Son règlement, fort strict, est de ne pas en avoir. Tout auteur, éditeur, amateur ou même non lecteur de science-fiction peut y prendre place ». 

10/10

Chonique : Days

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Days est un livre très prenant par son originalité, d’habitude on parle de mégastore mais là c’est carrément un gigastore, et il est même fait mention du terastore ! C’est pourquoi je l’ai lu en quelques jours, on très vite entraîné par la vague du gigastore Days avec les différents personnages ayant chacun un rôle dans la vie du magasin et la magasin étant la vie de chacun, le livre nous montre une vision du consumérisme assez effrayante dans un style cyberpunk (c’est à dire qu’il critique la société actuelle tout en écrivant une histoire pouvant être réalité dans un futur proche).

Ainsi, vous avez les personnages qui ne se connaissent pas au début de la journée qui seront amenés a avoir des interactions entre eux, et certaines moins plaisantes que d’autre. On croise une femme qui a économisé plus de 5 années avec son mari pour obtenir un compte chez Days (eh oui, le gigastore n’est pas ouvert à tous, il faut un minimum de capitaux…), un employé de chez Days blasé de son travail de Fantôme qui veux quitter le gigastore avant de devenir fou… mais aussi les roi de l’empire Days les sept frères de Septimus Day, le créateur de ce royaume de la consommation où tout s’achète.

Ce qui m’a vraiment plu dans ce livre, c’est la démonstration des extrêmes possibles du comportement humain, ses limites et ses pouvoirs à les repousser, cela aussi bien dans un but de préservation du bien, que dans les des situations amenant aux pires horreurs…en bref, je trouve ce livre vraiment intéressant dans son concept et en même temps horrible : fascinant.

Le seul bémol sera la fin, que je trouve un peu plate et qui peut-être se morfond un peu trop dans le sordide et l’horreur du futur, à chacun de voir… en tout cas, bienvenue dans un genre à part et très intéressant de la SF : l’apocalypse sociale.