Chronique : Cleer, une fantasy corporate

Cleer (une fantasy corporate)Un roman d’une nébuleuse clarté

Cleer est un roman qui avait fait parler de lui dans le petit monde de la science-fiction française à sa sortie en 2010. A la fois fascinant et étrange, urbain et fantastique, ce texte aux multiples facettes est difficile à cerner. Paru chez Lunes d’Encre en grand format, l’édition de poche est quant à elle sortie chez Folio SF en mars dernier, comme les autres titres de l’écrivain.

Son auteur, Laurent Kloetzer et sa femme Laure ont notamment écrit ensemble l’Anamnèse de Lady Star (Lunes d’Encre) qui vient de paraître en avril dernier. Docteur en psychologie et consultant, Lautent Kloetzer noue à la fois sa passion pour l’anticipation et ses connaissances professionnelles pour nous offrir le portrait d’une entreprise qui engloutit tout sur son passage.

L’image corporate avant l’humain

Cleer est une superpuissance économique, elle touche à tous les domaines, tous les secteurs d’activité et englobe même des marchés dont on ignore tout. Cleer est immense, omniprésente et donne l’image d’une entreprise tentaculaire et inébranlable. Et c’est le cas. Mais si il y a bien une chose à laquelle on peut s’attaquer, c’est son image et la façon dont le monde la perçoit.

Ainsi, pour protéger ses intérêts et son image, Cleer possède un service bien spécial où travaillent la jeune et prometteuse Charlotte ainsi que l’ambitieux Vinh. Ce duo peu probable mais complémentaire va devoir affronter des problématiques bien différentes, mettant toutes d’une façon ou d’une autre le doigt sur un disfonctionnement de l’entreprise. A eux de résoudre les problèmes sous peine de remettre en question leur carrière au sein du groupe… mais est-ce seulement cela qui est en jeu ?

Suicides en chaîne dans un centre d’appels, mutations génétiques dans des champs, ou encore trafics dans une usine… les missions seront nombreuses.

CleerUn roman complexe et exigeant

Autant l’annoncer d’emblée, Cleer est un texte à l’écriture assurée et fluide, mais pas aisément accessible. Trop de non-dits, de symboliques à élucider pour prendre un réel plaisir à la lecture. Les différentes enquêtes que traitent Vinh et Charlotte sont de plus en plus étranges et mènent le lecteur à un point de non-retour où il devient difficile de suivre l’auteur dans son cheminement.

La première moitié du roman est très plaisante, on apprend à découvrir l’univers froid et cruel du monde en entreprise et ses pressions. La relation ambigüe qu’entretiennent nos deux protagoniste, entre attirance et aversion est également fort bien nourrie par leur dialogues, leur comportements.

Mais la seconde moitié du roman nous amène au cœur de ce qu’est réellement Cleer : quelque chose de plus grand encore que ce que l’on croyait. Une entreprise qui mène ai cieux ou tout droit en enfer…

On arrive alors à des scènes nébuleuses, peu compréhensibles qui dissipent le plaisir premier de la première partie, même si cela reste volontaire de la part de l’auteur. En effet, les voies de Cleer sont impénétrables….

cleer-barelogoEn conclusion, Cleer est un roman qui tranche définitivement avec l’idée que l’on pourrait se faire de la science-fiction. A la fois roman psychologique teinté d’un côté aseptisé propres aux grandes institutions déshumanisées, on en sort changé et déstabilisé.

Une chose est certaine, il s’agit là d’un texte de qualité, mais difficile d’accès par son manque de précision et d’explications (voulues par l’auteur), à réserver à ceux qui n’ont pas peur de se perdre dans les méandres de la superpuissance qu’est Cleer (logo de l’entreprise ci-dessous)…

Cet article a été chroniqué pour le site ActuSF.

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