Chronique : Reste avec moi

Un roman d’une extrême beauté sur le besoin viscéral d’une femme qui va tout faire pour devenir mère, le tout avec pour toile de fond le Nigéria instable des années 80.

Véritable enjeu des éditions Charleston, Reste avec moi est le premier roman d’Ayobami Adebayo. Il est paru en librairie en janvier 2019, lors de la Rentrée Littéraire d’hiver. L’ouvrage a été traduit dans 18 pays et sélectionné pour de nombreux prix littéraires.

Une femme forte et qui en même temps se délite

Yejide et Akin sont amoureux, mais d’un amour si rare et si fort que rien, pas même le pire dans leur couple et dans leur pays ne peux les séparer. Ils sont tombés amoureux immédiatement, se sont mariés rapidement et… les années ont passé. Cela fait maintenant quatre ans qu’ils sont mariés, mais aucun enfant n’est encore né de leur union. Qu’est-qui cloche ? Yejide a-t-elle un problème ?

Son mari étant l’aîné de sa fratrie, il est tenu par la tradition d’avoir une descendance à « offrir » à ses parents. C’est son rôle de d’aîné que d’avoir au moins un enfant. C’est ainsi que peu à peu, Yejide va tout tenter pour avoir un bébé : médecins, charlatans, magiciens, gourous, escalader une montagne qui la rendra enceinte… Et plus le temps passe, plus le désespoir habite Yejide… et ainsi commence l’histoire magnifique et terrible de Reste avec moi.

Mémorable et superbe

Ce roman fut une véritable découverte de la littérature et de la culture nigériane. Au travers de l’histoire terrible de cette femme qui n’arrive pas à tomber enceinte, on découvre le contexte politique du pays dans les années 80. Le Nigeria n’était pas un pays stable et le gouvernement changeait très souvent, de même que la politique du pays, au gré des différentes prises de pouvoir. 

De plus, le poids des traditions y est très lourds : devoir de perpétuer la lignée quand on est l’aîné, devoir d’enfanter quand on est femme (et ce n’est jamais l’homme qui a problème, c’est toujours chez la femme qu’on le cherche), devoir de tout faire pour être mère. Et si on ne l’est pas, c’est qu’on a fait quelque chose de mal par le passé, qu’on le paie maintenant… Et puis il y a les rumeurs, les regards, la famille qui attend, observe… et le poids de la tradition, qui impose une seconde femme si la première union n’est pas féconde (ou même dans les cas où il y a des enfants, la polygamie y étant encore courante).

Et l’histoire de cette femme prête à tout pour avoir un enfant, prête à croire n’importe quel gourou ou charlatan. Prête à monter à pied une montagne qui la rendra soi-disant fertile… prête à croire que c’est forcément elle le problème, les médecins n’envisageant que cette possibilité.

C’est un magnifique et terrible texte. A la fois superbe, terrible et mémorable. Sa conclusion est parfaite, à la fois terriblement triste et merveilleuse… Je ne puis vous en dire plus, mais je vous promets que c’est le genre de texte dont on se souvient durablement, et cela pour de nombreuses raisons…

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

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