Catherine Cuenca est une autrice pour la jeunesse très prolifique. Elle a écrit nombre d’ouvrages devenus depuis des références pour les libraires ou l’Éducation Nationale. La marraine de guerre (Le livre de poche jeunesse), Celle qui voulait conduire le tram (Talents Hauts), La Reine Margot : Du mariage au massacre (Oskar)… et tant d’autres !
L’un de ses derniers ouvrages, Nos corps jugés, nous montre l’énorme avancée qu’a réalisée Gisèle Halimi d’un point de vue juridique pour toutes les victimes de viols.
Une avancée juridique énorme pour les femmes
Voici l’histoire de Myriam, une adolescente heureuse et insouciante qui croque la vie à pleines dents. Elle est à fond dans ses études pour avoir la mention au bac, ses parents étant très stricts. Mais cela ne l’empêche pas de rêver à des sorties ou des soirées. Ainsi, un soir elle fait croire à ses parents qu’elle est chez une amie et va à une fête, c’est là qu’elle fait la rencontre de Frank. Il est gentil, attentionné et semble très intéressé par Myriam. Ils décident de se revoir, mais les choses vont très mal tourner après qu’il l’invite à boire un café chez lui…
La jeune femme garde ce lourd secret, mais impossible pour elle de faire comme avant. Ses notes sont en baisse, elle évite ses amis et ses parents et joue constamment le rôle de la jeune fille heureuse qu’elle n’est plus. Myriam a été violée, mais ce même mot ne lui vient pas à l’esprit. Elle est formatée par une éducation où la notion de consentement n’existe pas et où la femme est forcément fautive quelque part.
Avant le retentissement du Procès d’Aix, le viol n’était traité que comme un délit… Choquant n’est-ce pas ? C’est grâce aux avancées de l’avocate Gisèle Halimi que les femmes vont peu à peu réussir à faire entendre leur voix. C’est ainsi que l’histoire de Myriam au premier plan rencontre celle de cette énorme avancée juridique pour les femmes. Une époque pas si lointaine puisque le viol est un crime seulement depuis le 23 décembre 1980.
Un ouvrage coup de poing nécessaire plus que jamais
Il est bon de découvrir des ouvrages comme celui de Catherine Cuenca à l’heure où l’obscurantisme et le patriarcat tentent encore et toujours de nous arracher les droits que l’on a durement acquis. Le féminisme se bat au quotidien contre cela, et l’ouvrage de Catherine Cuenca est là pour nous rappeler que ces acquis sont toujours fragiles. Et surtout Nos corps jugés illustre à quel point la libération de la parole est une épreuve, mais qu’il est toujours possible de se faire aider malgré les obstacles.
En très peu de pages, on est absorbés par l’histoire de Myriam, sa détresse, les nombreuses épreuves qu’elle va traverser, parfois à des endroits inattendus. C’est poignant, très réaliste, on ne peux que se mettre à la place de cette jeune fille en détresse qui fait tout pour donner le change. C’est le genre d’ouvrage qui se dévore car on a tellement envie d’en connaître la fin que plus rien ne compte. On veut savoir comment l’adversité peut être vaincue, où se situent les pièges que la société nous tend…
C’est un ouvrage passionnant que j’ai donc dévoré. Tant par le sujet que par les personnages criants de réalisme, Nos corps jugés est un roman nécessaire. Il est à découvrir dès l’âge de 14 ans environ mais aussi pour toutes celles et ceux qui veulent en connaître plus sur notre histoire judiciaire, le MLF et quantité d’autres choses encore.