
Le retour de l’autrice américaine amoureuse de la nature et de la survie !
Kimi Cunningham Grant, c’est l’autrice du roman Le silence des repentis, un texte qui fut pour moi une véritable claque littéraire. Alors quand j’ai vu que son troisième roman sortait, j’ai été extrêmement impatiente de le découvrir !
En France, ses ouvrages paraissent chez Buchet Chastel avant de sortir en poche chez 10/18. Son second roman Les rancœurs et la terre vient d’ailleurs de sortir en poche.
Enfin, l’autrice est également poétesse, mais nous n’avons pas encore la chance en France de lire cet autre versant de son œuvre.
Les Parcs Nationaux Américains, objet de fascination, d’admiration et de danger…
« L’Office national de préservation de la nature veille sur un réseau de plus de 45,2 millions d’hectares – soit une surface supérieure à celle de l’Etat de Californie, ce terrain public est composé de plus de 803 réserves naturelles sauvages administrées par le gouvernement fédéral au nom du peuple américain. Il s’agit d’endroits uniques où la nature continue à faire la loi, d’endroits où les individus comme vous, poussés par la soif d’aventure, pourront éprouver leur autonomie, mais aussi expérimenter la solitude.«
Service forestier des Etats-Unis sur les réserves naturelles sauvages administrées par ses soins (septembre 2023).
Avec cette belle entrée en matière, on sait déjà que l’on va avoir notre content de nature sauvage, de survie et de dangers. Vous ne serez pas déçus, c’est une certitude.
Dans ce roman, nous suivons Emlyn, guide forestière de renom dans l’Idaho. Elle est parmi les meilleurs pisteurs de la Côte Ouest, et ça se sait. Mais quand une de ses anciennes connaissance reprend contact pour l’aider à trouver une amie commune disparue dans la vastitude d’un Parc National, elle hésite. Cette personne, c’est Tyler, son ex, qui a failli la faire tuer en pleine nature sauvage il y a quelques années, et la personne disparue est son ancienne meilleure amie…
Mais a-t-elle envie de renouer avec un passé douloureux et des personnes qui ont fait tant de mal à son estime de soi ?
Des difficultés de renouer avec son passé sans régresser
Roman d’aventure au caractère des personnages bien développé, Se perdre et disparaître nous donne à voir une autre facette de l’autrice. Ici, point de huis-clos, mais une intrigue tout de même assez resserées sur peu de personnage. Et surtout, la nature : belle, omniprésente, dangereuse et sauvage.
Dans cette intrigue, il y a un mélange réseau sociaux avec la disparition d’un couple de campeurs stars avec efficacité. Le tout étant hautement crédible grâce aux connaissances de survie en milieu hostile de l’autrice. Les réflexes pour évoluer en territoire quasi-sauvage sont totalement inconnus du tout venant, et lire ce roman, c’est explorer une façon de vivre fascinante et au plus proche de la nature, plus vraie aussi. Comme si notre vie citadine n’était qu’un simulacre et que la vie réelle était là-bas, dans les bois… C’est la sensation que j’ai eu en tout cas en lisant ce texte.
L’histoire de cette disparition de campeurs en début de roman m’a beaucoup fait penser (du moins au début) au fait divers Gabby Petito qui avait mis en émois les Etats-Unis. Il s’agissait d’un couple parti faire un voyage en van à travers les différents différents Parc Nationaux de l’Ouest Américain. Ils documentaient leurs différents point d’arrêts et faisaient des post régulier… tout comme l’amie disparue d’Emlyn. Donc, en lisant le début du roman, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une référence (légère) à ce fait divers marquant du pays. Mais comme vous le verrez si vous faites des recherches sur cette affaire et que vous lisez ce roman, il y a des différences notables.
Cependant, il est pour moi impossible de ne pas y voir au moins une référence à cette histoire vraie qui a tant déffrayé la chronique.
Ainsi, bien que Se perdre ou disparaître fasse pour moi référence à ce fait divers, l’histoire diverge fortement et s’attache à un autre problème d’actualité aux Etats-Unis. Je ne vous en dirais pas plus, mais c’est un mal qui gangrène le pays depuis des décennies et qui ne semble en rien diminuer…
Pour ce qui est de mon appréciation personnelle de ce roman, je l’ai apprécié, en partie la plume experimentée de l’autrice pour tout ce qui concerne la nature sauvage. Cependant, je n’y ait pas retrouvé l’âpreté géniale du Silence des repentis. Il y a certes des tensions interpersonnelles et du suspense, mais sans commune mesure avec son premier roman qui pour moi reste le meilleur actuellement.
Alors, faut-il se perdre ou disparaître ? A vous de trouver la réponse, de même que les personnages paumés de cette histoire… Certains sont perdus depuis longtemps, d’autres trouvent un nouveau chemin et d’autres encore se sont égarés parfois volontairement.
A découvrir pour tous les amoureux d’aventure et de nature sauvage, le tout avec des personnages intéressants et parfois tellement réussis qu’ils en deviennent vicéralement détestables.
PS : Après cette lecture, j’ai maintenant très envie de continuer l’immersion en pleine nature avec Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean (Rivages) ou encore La rivière pourquoi de David James Duncan (Monsieur Toussaint Louverture), ouvrages mentionnés par le personnage d’Emlyn en début de roman.