Chronique : Le jour de la gratitude au travail

Un court recueil assemblant deux nouvelles nous venant tout droit du Japon et de son monde du travail si particulier !

Petit ouvrage paru aux éditions Picquier, Le jour de la gratitude au travail est sorti en 2004. Il est singulier mais fort plaisant de bien des manières.

Le Japon à travers le prisme du travail

Deux nouvelles pour découvrir le Japon autrement avec Le jour de la gratitude au travail et J’attendrai au larges. Deux histoires aux personnages totalement différents mais à la plume touchante…

Le jour de la gratitude au travail :

On y fait la rencontre d’une jeune femme dont la voisine a jugé bon de lui organiser un rendez-vous galant. Mais rien ne va se passer comme prévu car la jeune narratrice est au chômage et son « prétendant » est absolument fan de son entreprise et de son travail… Peu à peu le mépris s’installe entre les deux.

Il faut dire que ça commençait très mal : la première question de l’homme concernant les mensurations de la jeune femme. Qui commence un rendez-vous arrangé avec une question pareille ?

A la fois drôle et triste, cette nouvelle nous montre à quel point la société nippone élève le travail au-dessus de tout. Et cette jeune femme est totalement dissidente par rapport aux mœurs habituelles. Elle ne projette pas en effet de s’accomplir dans un quelconque travail. Ce qu’elle veut avant tout, c’est profiter de la vie, de ses petits plaisirs…

Elle passe pour une dangereuse rebelle comparé à cet homme fou amoureux de son travail… mais qui est le plus fou des deux ?

J’ai aimé cette histoire entre deux teintes, pleine de poésie malgré le ton cru de l’homme que l’on juge rapidement détestable. Cette jeune femme était intéressante, tout comme sa façon de voir la vie… la nouvelle en était presque trop courte !

« J’ai repris un yuwari. Je me suis dit : « Ah, il fait nuit. » Au loin, il y a un chien qui a oublié de dormir et qui baîlle, des lampes qui s’éteignent, un livre qu’on ferme, un chauffe-eau qui ronfle sourdement. Je viens dans ce bar acheter de la nuit. Un long verre de nuit, noire et silencieuse. »

PS : C’est aussi dans cette nouvelle que l’on découvre ce qu’est une Antarctica 2, au terme d’une répartie mentale cinglante.

J’attendrai au large :

Cette autre nouvelle nous conte l’histoire d’amitié atypique de deux collègues. Ils se sont fait une étrange promesse : le premier des deux qui meurt doit détruire le contenu du disque dur de l’autre à son domicile. Pour se faire, ils s’échangent leurs clés… Et l’un des deux va décéder fort brutalement, c’est ainsi que l’autre doit jouer les monte-en-l’air pour entre discrètement et détruire le disque dur… Mais pourquoi cela ?

Comme souvent avec les auteurs japonais, il y a cette touche de folie ou d’étrangeté qui nous assaille là où l’on s’y attend le moins. Cette nouvelle à l’histoire étrange en est le parfait exemple. Je l’ai tout autant aimé que la première, bien que ce soit pour des raisons différentes…

A l’image de la précédente histoire, c’est tout en poésie et subtilité.

Ainsi ce court ouvrage est aussi intéressant que plaisant ! S’il vous prend l’envie de découvrir quelque peu la littérature japonaise au travers de ses nouvelles, c’est le livre idéal.

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