Chronique : La double vie de Dina Miller

Zoé Brisby est une autrice française qui a déjà plusieurs romans à son actif, certains dans le genre feel-good, d’autres dans le genre féminin historique. La double vie de Dina Miller est paru en début d’année 2024.

De ses précédents romans, on peux citer : L’habit ne fait pas le moineau (Le livre de Poche), Plus on est de fous… (Le livre de Poche), Les égarés (Michel Lafon) ou encore Les mauvaises épouses (Le livre de Poche).

Une mission exceptionnellement longue…

Pour la première fois depuis qu’elle fait ce travail, Dina va devoir exécuter une mission de longue durée. Plus difficile encore, il n’est pas question de tuer rapidement et sans bruit un ancien nazi dans un hôtel sordide d’Amérique du Sud… Non, la nouvelle mission demande doigté, sang-froid et anticipation. Dina va devoir exfiltrer un ancien nazi de la ville américain de Huntsville, surnomée Huntsville à cause de son Centre Spatial.

Le but ? Faire qu’il soit jugé comme il se doit pour toutes les horreurs qu’il a commises… Le problème, c’est que l’homme semble être au-dessus de tout soupçon : médecin de profession, il est devenu un élément clé de la course à la conquête spatiale contre l’URSS. Ses travaux sont capitaux pour les Etats-Unis, guère regardants au passé de l’homme et l’ayant même recruté pour cela… De plus, il est marié à une femme aussi douce qu’innocente.

Comment Dina va-t-elle pouvoir tirer son épingle du jeu ou plutôt le nazi de la ville de Huntsville ?

Les crimes de guerre, outil pour de grandes avancées scientifiques ?

Les apparences concernant ce roman sont assez trompeuses, en voyant la couverture on pourrait s’attendre à un roman assez léger, ancré dans l’Histoire. Or, les sujets évoqués sont loin d’être légers : espionnage, exfiltration, crimes de guerre, expériences sur les juifs sous Hitler et sur les populations Noires et pauvres des Etats-Unis… Les U.S.A. étaient prêts à tout pour s’octroyer une avancée par rapport à l’URSS, et c’est cela que dénonce l’autrice dans ce roman. Facile à lire, plaisant, mais pas léger, donc.

Et justement, j’ai adoré ce contrepied (volontaire ?) de l’éditeur de nous offrir en apparence une histoire plutôt distrayante, Zoé Brisby ayant habitué son lectorat à des sujets plus légers. Mais son précédent roman, Les mauvaises épouses laissait déjà présager ce virage littéraire. Là aussi, il se déroulait durant la Guerre Froide, et là aussi, les femmes étaient les personnages centraux que l’Histoire oubliant à chaque fois de retenir… Femmes de soldats, femmes de scientifiques, elles ont tout autant oeuvré pour la nation que leurs maris en leur offrant amour, repas chauds et maisonnées accueillantes.
Zoé Brisby réussit à leur redonner corps et montrer à quel point ces femmes étaient importantes pour le moral de ces hommes qui oeuvraient pour leur patrie.

Mais plus important encore, au travers du portrait réussit de deux femmes qui se découvrent une profonde amitié, c’est l’histoire peu reluisante des avancées scientifiques qui est mise en lumière. En effet, Zoé Brisy s’est documentée pour ce roman, et cela se voit. C’est ainsi que l’on découvre que de grandes avancées scientifiques ont été faites par les scientifiques nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est tellement plus facile de faire des découvertes sans déontologie et avec des millions d’âmes comme cobayes…

C’est ainsi que l’on découvre l’opération Paperclip, une mission d’exfiltration et de recrutement de plus de 1500 scientifiques nazis pour lutter contre l’URSS. Les avancées sur les psychotropes, les vaccins, la balistique ou encore les armes chimiques se sont faites durant cette période.

La réussite de ce roman tient à cela : le délicat équlibre entre intrigue captivante et Histoire. Et jamais l’un de ces genres ce prend le pas sur l’autre.

Alors, ai-je aimé ce roman ? Oui, car il m’a enrichie de quantité de connaissances et informations sur les dessous de la Guerre Froide, le tout avec une histoire qui tient la route. J’adore découvrir des faits pas nécessairement appris dans nos manuels d’Histoire, ça ne donne qu’une seule envie, lire des essais historiques pour en apprendre encore plus.
A l’image du roman Le Prix de Cyril Gely ou encore La dernière reine d’Ayiti d’Elise Fontenaille (Le Rouergue), ces livres ont l’excellente particularité de nous apprendre bien plus que ce qu’on a pu voir en surface à l’école. Ils illustrent à merveille le fait que la curiosité est primordiale pour mieux comprendre notre Histoire… et ne pas oublier. Jamais.

L’édition de poche, parue début 2025.
AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

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