Chronique : Incident voyageurs

Incident voyageursIl ne fait pas bon être dans un RER A bloqué… indéfiniment

Paru en août 2014 aux éditions du Seuil, Incident Voyageurs est le dernier roman en date de Dalibor Frioux. Il a déjà écrit un précédent roman chez le même éditeur intitulé Brut.

Auteur français, Dalibor Frioux est agrégé de philosophie et a été un élève de l’École Normale Supérieure, actuellement il est enseignant en région parisienne.

Un wagon bondé pour théâtre de l’intrigue

Tout commence dans une rame du RER A coincée dans un tunnel. Les gens sont serrés les uns contre les autres, la chaleur est étouffante… et le temps s’allonge, s’allonge. Minutes, heures, jours, personne ne sait qu’elle est l’échelle de temps de ce roman… pas même nous, lecteur.

Tout ce que l’on puisse dire, c’est que personne à l’extérieur ne semble se soucier de cette rame de RER bloquée, et que l’histoire se déroule dans un futur très proche de notre époque.

Un récit d’anticipation qui parle d’une détresse sociale actuelle mais démesurée

Incidents voyageurs est un roman à trois voix, celles d’Anna, de Kevin et de Vincent. Au fil de l’histoire, on découvre leur vie quotidienne fade et impersonnelle, mais surtout extrêmement malheureuse. Anna, la maman célibataire plutôt jolie (dont la beauté sera une malédiction dans cet horrible rame), Kevin le chômeur inscrit au Pôle qui est persuadé que ce problème de RER est un test pour enfin faire partie du monde du travail et Vincent, un homme à la vie plus aisée que celle des autres usagers de la rame.

Le Pôle est devenu une entité au fonctionnement incroyable d’aberrations sociales. Certains gens vivent sur des places de parking et s’endette pour des mois pour un simple canapé. Les conseillers du Pôle sont aussi mal lotis voire moins bien que ceux qu’ils doivent aider. Le chômage est tel que l’on peux maintenant être recruté pour être mère, grand-mère ou encore médecin attitré à une seule personne.

Cette vision sombre et mortifère de notre société est très difficile à apprécier en tant que lecteur tant elle ne nous laisse aucune échappatoire et s’ancre trop bien dans un élément de notre réalité.

L’horreur de la promiscuité à son extrême et au-delà

Malsain. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit en pensant à Incident Voyageurs. Pas un malsain fascinant mais quelque chose de sale, de beaucoup trop poussif pour le lire avec intérêt. Premièrement, au bout de quelques semaines de vie dans le RER, on découvre que les humains qui y sont parqués se découvrent une étrange propriété : l’absence de faim. En effet, leurs glandes salivaires leur suffisent et se développent physiquement à un point tel que tous ont un visage de la forme d’une grosse poire. Leurs visages se déforment et deviennent laids, et la salive devient également leur seul moyen de déplacement entre eux dans la rame. Chacun salivant sur ceux qui l’entourent, les corps glissent et permettent un déplacement…

Et cela, ce ne sont que les descriptions de l’univers de base instauré par Dalibor Frioux dans cette rame de RER. La suite est bien pire pour les survivants, tant au niveau physique que psychologique où le degrés de vice est poussé jusqu’à l’excès.

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Incident Voyageurs arrive à nous étouffer dans un pessimisme horriblement communicatif. A la fois glauque, malsain et mettant terriblement mal à l’aise, ce roman se veut une satyre de notre société sans complaisance. A ce niveau-ci, c’est réussi, mais pourquoi une laideur aussi omniprésente et destructrice qui rend la lecture si insoutenable ? En somme, la lecture de ce livre est en soi une épreuve dont il est difficile de sortir indemne. Le tout se base toutefois sur un sentiment de révolte justifié : l’impression d’être une bête que l’on parque quand on rentre dans certaines rames de RER qui sont tout simplement invivables. Serions-nous les victimes consentantes de la future société dépeinte par Dalibor Frioux ? J’ai beau avoir saisi l’esprit du roman, je le trouve horrible.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

2 réflexions au sujet de « Chronique : Incident voyageurs »

  1. Kiba-chan

    Je me rappelle de ce roman, lors de ma lecture je n’ai pas du tout accroché et j’ai arrêté avant la moitié… Mais pour ma part, je n’y ai pas trouvé d’intérêt moi x)

  2. glowmoonlight Auteur de l’article

    Ahah ! Effectivement la lecture a été trèèèèès difficile. Cela me rassure que je ne sois pas la seule à avoir eue cette impression… !

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