Chronique : Les filles de Roanoke

Un roman glaçant et addictif. Une histoire mystérieuse aux allures gothiques… vous ne reviendrez pas indemne de Roanoke…

Amy Engel est une auteure qui écrit aussi bien à destination des adolescents que des adultes. En France, sa série The Book of Ivy (deux tomes) est sortie en 2015 aux éditions Lumen.

Mais en août 2017, les éditions Autrement ont choisi de nous montrer une autre facette de cette auteure en publiant Les filles de Roanoke ; un ouvrage très surprenant, d’une finesse inattendue et d’une maîtrise diabolique…

Une lignée de femmes qui on souffert, souffrent et souffriront

Roanoke est plus qu’une maison, un lieu ou un nom de famille. C’est une identité dont il est impossible de se détacher, qui réside comme un poids sur les épaules…

Il y a des années de cela, c’est la leçon qu’a appris à ses dépends Lane, qui va s’est retrouveé à Roanoke par la force des choses… Le suicide de sa mère l’a conduite ainsi chez ses grands-parents, qu’elle n’a jamais connus. Étrangement, sa mère a toujours tenu à cloisonner les différents pans de sa vie…

Ainsi, quand Lane a débarqué à Roanoke elle y découvre tout : son étrange, froide et distante grand-mère, son grand-père toujours travailleurs et jovial… et sa cousine Allegra. Totalement folle et libre, Allegra n’en fait toujours qu’à sa tête. Enfin, avant, car maintenant elle est surtout portée disparue.

C’est ainsi que de nos jours, Lane, qui a tout fait pour fuir la touffeur épaisse et oppressante de Roanoke se retrouve à devoir y retourner… Pourquoi avoir fui il y a des années ? Qu’est devenue Allegra ? Que renferme Roanoke ? Pourquoi la lignée de la famille semble frappée d’une malédiction ?

Un roman merveilleux et terrible où passé et présent s’entremêlent

Dès les premières pages, nous sommes piégés. Comme Lane, on se retrouve à Roanoke sans vraiment comprendre ce qui nous tombe dessus. Et peu à peu, une idée voit le jour… terrible mais bien là. A-t-on raison de penser cela ? Nul ne sait, vous serez obligé de continuer à lire l’histoire de la lignée des Roanoke pour tout savoir et tout comprendre.

Le roman a beau être totalement réaliste, son atmosphère est si travaillée et unique, qu’on frôle le fantastique sans jamais y être. Paradoxal ? me direz-vous, mais c’est exactement ce qu’il s’y passe. Moiteur étouffante, sous-entendus glaçants, sentiments complexes, indicibles et anormaux… voici tout ce que Les filles de Roanoke va essayer de vous faire ressentir. Et bien plus encore…

Les chapitres alternent entre passé et présent sous les noms de : « Alors » et « Maintenant ». Le tout est entrecoupé de l’histoire de chaque fille Roanoke en maximum deux pages. Peu à peu, on découvre l’arbre généalogique de la famille… et ses secrets.

C’est un excellent roman qui nous entraîne dans les méandres d’une famille aisée et torturée. Si vous souhaitez lire un roman qui vous prend aux tripes, qui vous restera en mémoire, c’est LE livre qu’il vous faut. Impossible à lâcher, personnages extrêmement prégnants et mémorables (j’ai d’ailleurs comme Lane, un énorme faible pour Cooper l’un des plus fascinants personnages de cette histoire).

Et surtout, Amy Engel est si talentueuse qu’elle réussit à nous glisser quantité d’indices que l’on ne voit pas… mais que l’on redécouvre à la relecture ! Ils sont parfois extrêmement ténus, mais diablement bien placés. C’est si bien caché et disséminé qu’on se demande comment elle a fait pour nous les faire lire sans qu’on réagisse…

« Je me demande une nouvelle fois ce qu’il sait vraiment. Il a toujours été observateur, son regard dépasse ce que les gens sont disposés à dire. Et il a grandit dans les ténèbres, il sait ce qu’elles dissimulent au grand jour. Contrairement à la plupart des gens, il n’a pas peur des zones d’ombre ».

……

A la fois roman, thriller, reflet d’une société parfois abandonnée à elle-même dans les campagnes américaines, on ne peut que saluer le talent d’Amy Engel. Sa saga pour ados The book of Ivy était très bien, mais avec Les filles de Roanoke, elle nous offre un tout autre niveau d’écriture. C’est le genre de roman que l’on n’oublie jamais vraiment, qui vous colle à la peau et qui vous force à y repenser… MAGISTRAL.

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