Chronique essai scientifique : Le théorème d’hypocrite

L’un est un ancien statisticien de l’INSEE, doctorant à l’EHESS sur l’usage des mathématiques en théorie politique, l’autre est essayiste de métier. A eux deux, ils vont faire trembler le fondement de vos certitudes sur quantité de chiffres et calculs dits basiques, comme les pourcentages. Mais tout est affaire de perception, comme ils le démontrent dans cet ouvrage indispensable pour le développement de la pensée critique.

Les maths, le meilleur allié pour qui est factuel ?

C’est ce que l’on pourrait se dire : j’aime les chiffres, je suis factuel.le. Ou encore : Les chiffres de mentent jamais ! Oui, mais ceux qui les emploient les manipulent avec un art digne de la prestidigitation. Ainsi, une inflation monstrueuse peux passer pour une légère augmentation. Ou encore la façon dont on calcule une moyenne… la moyenne arithmétique est désavantageuse ? Pas de problème, utilisons la moyenne géométrique !
Tout est donc bien affaire de perception, de recul et de questionnements dès qu’on nous parle de chiffres, qu’on nous présente un joli graphique ou autre…

Passionnant de bout en bout

Les deux auteurs nous offrent une plongée fascinante dans l’histoire des nombres et leur manipulation ainsi que la façon de les percevoir sous leur meilleur jour. C’est terrible, parfois très dérangeant, mais toujours passionnant. J’ai appris énormément de choses grâce à cet essai, et ça m’a d’ailleurs donné envie de creuser encore plus le sujet. Il y a en effet quantité d’ouvrages pour développer son esprit critique, celui-ci en est un. Mais justement pour avoir du recul, il faut je pense en lire plusieurs, les compulser, y réfléchir et en discuter avec notre entourage.

On parle ainsi dans cet ouvrage aussi bien de Pythagore et ses merveilleuses avancées dans les mathématiques que des IA qui prédisent les crimes. Ca semble merveilleux à première vue : un logiciel qui vous dit où et quand il y a le plus de chances qu’un crime se produise ! Oui, mais… l’IA est aussi maline que très manipulable. Et cet outil qui permet à la base de déceler les crimes va peu à peu se transformer en véritable bombe politique pour qui veut s’en servir à mauvais escient. En effet, l’IA va creuser encore plus les inégalité en fonction des quartiers et des surveillances policières. Je ne peux pas développer tout cela dans cet article mais ce fait gênant a déjà été rapporté, notamment par le Youtubeur spécialisé en mouvement des foules : Fouloscopie. Deux sources valent mieux qu’une, n’est-ce pas ?

Il y a tellement d’autres sujets dans cet ouvrage qu’il est impossible de les lister, mais parmi les plus intéressants, on trouve : La manipulation des tests de CO² émis par les voitures Wolswagen, Les pyramides de Ponzi, les moyennes harmoniques, le taux de parité de pouvoir d’achat et plein d’autres choses.

En somme, cet ouvrage est parfait pour qui veut explorer les nombres et leurs manipulations. Les auteurs aident ainsi à y voir un peu plus clair dans ce monde gouverné par les chiffres qui se joue de nous à chaque instant. Ils conseillent et citent d’ailleurs d’autres ouvrages sur le sujet : La gouvernance par les nombres d’Alain Supiot. Ou encore Algorythmes, la bombe à retardement de Cathy O’Neil.

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