Un roman de dark fantasy dans un Paris des plus sombres…
Souvenez-vous, il y a deux mois de cela, nous vous parlions du nouveau roman à paraître aux éditions Bayard, présenté même comme l’un de leur enjeux de fin d’année : Wunderkind.
Le livre est paru le 19 septembre dernier et n’est pas conseillé avant l’âge de seize ans environ par l’éditeur. Traduit de l’italien, La pièce d’argent est le premier volume de la trilogie écrite par D’Andrea G.L. Annoncé comme un roman passerelle, Wunderkind devrait séduire les jeunes adultes aussi bien que les adultes, mais nous allons voir ici que ça n’est pas nécessairement le cas…
Dans les rues cachées et sombres de la capitale… bienvenue dans le Dent de Nuit
Tout commence avec un jeune garçon devenu subitement orphelin : le jeune Caius est perdu, ne sachant à qui se fier et où se tourner. Il fait ainsi très rapidement la rencontre d’un personnage aussi étrange qu’inquiétant : Le Marchand, également nommé Herr Spiegelmann. Ce dernier lui remet une pièce d’argent dont l’utilité n’apparaît pas immédiatement aux yeux de Caius, bien au contraire, elle se révèle être la source de nombreux maux. Mais le jeune garçon ne sera pas seul pour découvrir les réponses à ses nombreuses questions et sera aidé d’une petite équipée d’adultes experts en magie, Manufacturés et autres sombres subtilités du Dent de Nuit, ce quartier de Paris qui n’apparaît qu’à ceux qui en connaissent déjà l’existence.
Que veut donc l’étrange et effrayant Marchand aux nombreux sbires à sa botte ? Que signifie être le Wunderkind ?
Un récit décousu et manquant de cohérence
Le gros problème de ce récit réside dans son intrigue trop conventionnelle et dans sa traduction très brouillonne et pourtant un bel univers a été créé pour l’occasion. Impossible pour le lecteur de lire l’ouvrage de façon fluide. Il faut constamment relire quelques lignes précédentes, feuilleter des pages d’avant pour comprendre ce que l’on lit… la lecture en devient sportive.
De plus, la cohérence de la traduction n’est pas vraiment là non plus. On assiste à des scènes d’action où certains faits ne sont pas expliqués, pas assez développés, rendant le tout furieusement difficile et malaisé à comprendre.
Avec tous ces problèmes d’ordre d’écriture et/ou de traduction s’ajoute celui de l’histoire. Le roman fait un peu plus de trois-cent pages, mais l’histoire n’avance que très peu. Le héros se voit constamment martelé de la phrase « tu es le Wunderkind » sans jamais savoir ce que cela inclut réellement, et nous non plus…
Une magie originale inventée de toute pièce pour l’intrigue
Alors que la trame de l’histoire est difficile à suivre à cause de tous les virages qu’elle prend, le système magique de Wunderkind est quant à lui assez clair et surtout séduisant.
Basée sur la mémoire du magicien, la puissance d’un sort est proportionnelle à la force du souvenir qui lui sert de source. Mais attention, une fois un souvenir utilisé, ce dernier disparaît à jamais ; c’est donc une magie très dangereuse et pernicieuse qu’il faut savoir doser que l’on découvre. Certains pratiquants s’y étant déjà brulés les ailes…
On découvre aussi toute une mythologie créée pour l’occasion : les Calibans, les Cagoulards… autant de monstres créées pour nous immerger dans le sombre Dent de Nuit, et cela fonctionne. Les objets nommés les Manufacturés sont également très intéressants et laissent entrevoir une autre facette lugubre de l’histoire.
Alors que conclure de ce premier roman ? Qu’il n’est pas abouti et qu’il aurait certainement pu donner quelque chose de beaucoup plus cohérent. L’ambiance est parfaite dans le genre glauque et sinistre, de même que la mythologie qui l’entoure, mais cela ne suffit pas à compenser… Le lecteur est bien trop laissé sur sa faim pour avoir envie d’en savoir plus, il aurait fallu lui en mettre un peu plus sous la dent… Wunderkind est donc un rendez-vous manqué que l’on regrette tant il nous semblait prometteur…