Le troisième et ultime tome de la série pour adolescents le Tourneur de Page (éditions Eveil et Découverte) vient de sortir il y a de cela à peine un mois. Une attente qui laissait fébrile quand on se souvient de comment se concluait le second tome de la saga…
Ainsi reviennent Alkan, Artelune, Colard, Iriulnik et les autres pour une ultime bataille ; celle qui verra l’avenir des habitants de la Bullhavre prendre un tournant décisif.
Une immersion immédiate
A peine les première pages lues, on se retrouve avec les personnages que nous avions laissés il y a un an. Aucune difficulté pour se replonger dans l’intrigue et les enjeux de la trilogie, bien au contraire.
Chaque chapitre s’articule autour d’un groupe de personnages en particulier : Iriulnik et Piuppy sur leur île déserte, Alkan et ses amis sous la Bullhavre, les villageois dans l’Outre-Monde… chacun à leur manière vont nous happer par leur problématiques. La survie est le maitre mot pour Iriulnik, qui n’a jamais paru aussi humaine, forte et fragile à la fois, elle en devient extrêmement attachante et même héroïque.
Alkan et ses amis quant à eux sont sous la Bullhavre, où ils commencent tout juste à couler des jours heureux… mais pas pour longtemps. La faim gronde sous la Bullhavre, et par extension, la révolte. Les habitants commencent ainsi à écouter les sirènes qui leur promettent monts et merveilles, quitte à oublier ceux qui les ont libérés il y a à peine quelques mois…
C’est donc une suite riche en actions et en révélations qui nous attend ici, avec peu de temps morts et nombre de rebondissements.
Un enchaînement qui fonctionne
Muriel Zürcher confirme ici son talent narratif et le déploie même mieux que dans les deux précédents livres avec une plume plus assurée, qui s’harmonise mieux dans l’ensemble de son roman. On passe d’une scène à l’autre avec aisance, et surtout, impatience. L’auteur ménage parfaitement ses effets, et on se laisse emporté par la vague narrative qu’elle nous offre.
La Bullhavre que l’on pensait bien connaître n’avait pas encore révélé tous ses secrets, et c’est un nouveau pan de la mystérieuse ville qui nous est offert avec sa tour invisible faite de miroirs notamment.
Que dire de plus sinon que la magie opère avec efficacité, que l’on est happé par l’intrigue et que l’auteur est doué pour les belles scènes dramatiques ? Je pense notamment aux nombreux combats auxquels devra faire face Iriulnik pour protéger Piupy ou encore aux scènes de confrontations, qui ne sont pas nécessairement sanglantes, mais orales.
Ce sont aussi des combats pour différents idéaux qui prennent vie : faut-il privilégier l’humain ou la survie ? Peut-on concilier les deux ? La Bullhavre et son système froid et cruel est-il le plus efficient de tous pour que l’homme vive et s’épanouisse ou bien est-ce le système du Peuple, qui force ses femmes à avoir le plus d’enfants possible ? Ou autre chose ?
Même si nous n’aurons pas de réponse toute faite, la conclusion nous laisse quelques pistes de réflexion et nous fait comprendre qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais personnages, seulement des chemins très différents qui mènent au final à un même idéal…
Ce troisième tome en forme de point final est une très bonne conclusion pour cette série originale et bien menée d’un bout à l’autre. On espère voir à nouveau Muriel Zürcher faire des incursions dans l’imaginaire, car ce genre lui réussit fort bien. A lire pour s’émouvoir, se révolter, rêver, imaginer ! Dès 13 ans environ.
Chronique rédigée pour le site ActuSF.