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Chronique Jeunesse : La malédiction de la famille Numéro 4

Un roman de sf jeunesse intelligent, génial et hyper efficace, une parfaite porte d’entrée dans l’imaginaire sur une planète-colonie qui a du mal à s’adapter à la faune locale…

Premier roman d’Emilie Le Garben, La malédiction de la famille numéro 4 a toutes les qualités d’un excellent roman de science-fiction pour initier la jeunesse au genre. Ce beau roman ambitieux et malin est illustré par Sophie Leullier.

L’ouvrage a paru chez Poulpe Fiction, la maison d’édition qui depuis quelques années se développe à une vitesse fulgurante avec des choix éditoriaux intéressants qui savent parfois sortir des sentiers battus.

Nous sommes en 2494, bienvenue sur Euphoria 2 !

Petite planète nichée aux confins de la galaxie, Euphoria 2 abrite depuis plusieurs décennies la vie humaine. En effet, l’homme a décidé de s’installer ici pour des raisons stratégique d’approvisionnement. Masi d’ici à ce que la planète soit habitable de façon décente pour les hommes, la vie y est très difficile.
Mais pour certains, comme la jeune Clara, la vie est encore plus dure. A cause d’un accident de vaisseau causé par son grand-père, sa famille doit rembourser tous les mois les immenses dettes du drame. En effet, un vaisseau spatial coûte extrêmement cher, et ce sont plusieurs générations de la famille numéro 4 qui doivent ainsi se priver pour rembourser peu à peu les dégâts. Et peu importe que le grand-père de Clara ait lui-même péri dans l’incident…

Mais Clara en a assez de payer injustement les dettes d’un accident qui les fait passer pour des parias dans toute la colonie. Assez des brimades, assez qu’on l’évite car elle porte soi-disant malheur… Elle ne le sait pas encore, mais elle va rebattre les cartes de façon assez significative pour elle, et toute sa famille.

Une intrigue qui ne se contente pas d’efficace mais qui développe tout un univers

Le grand atout de ce roman, c’est avant tout son histoire, certes, mais surtout la façon dont elle est construite. On se doute qu’il y a des secrets, des surprises narratives et autres plaisirs de lecture. Mais, c’est fait de telle façon qu’on est pris dedans en quelques chapitres, tout fonctionne à merveille.

Mais le grand plus ici, c’est qu’on rétabli ce que peut être la science-fiction : ici, point de batailles de vaisseaux spatiaux épiques mais une terraformation qui prend des décennies. Rien que cela, c’est malin. On change totalement la vision que peuvent avoir les enfants de la science-fiction (et aussi les adultes). Car non, la sf ne se résume pas à des scènes grandioses et fortes en émotions, et ce roman est la preuve qu’on peut faire de la très bonne sf auprès d’un jeune lectorat (entre 10 et 13 ans ici).

Pour ce qui est de la partie personnages, tout fonctionne également à merveille. Ils ont tous leur importance, même les plus détestables, et surtout ont l’air plus vrais que nature. Ils sont tout à fait crédibles dans leur façon d’être et d’agir, c’est pour cela que toute cette histoire sur Euphoria-2 fonctionne si bien.

Ainsi, sur tous les aspects du roman, on peut attester que c’est une réussite. J’ai adoré voyager avec Clara, la suivre dans sa dangereuse quête de justice et découvrir la dangereuse faune locale. Seul petit bémol car je l’ai vécu plusieurs fois en tant que libraire, le titra fait penser aux clients que le roman est le tome quatre d’une série, alors qu’il s’agit d’un one-shot. Pour l’instant en tout cas… alors à quand la suite ?

Chronique Jeunesse : L’ignoble libraire

Un véritable hommage aux Livres Dont Vous Êtes le Héros et à l’aventure ! Un pur régal de lecture entre distraction et divertissement.

L’ignoble libraire est le nouveau roman d’Anne-Gaëlle Balpe et Ronan Badel, ils avaient déjà sévit avec deux autres romans, se déroulant eux aussi dans l’univers du livre : L’écrivain abominable et L’épouvantable bibliothécaire.
L’ignoble Libraire est paru en début d’année 2023 donc, et il fait la part belle aux livres dont vous êtes le héros. Si vous aviez une dizaine d’années ou un peu plus dans les années 80/90 et que vous avez des enfants, vous allez adorer partager cette lecture !

L’aventure comme maître mot

Sohan est un jeune garçon tout ce qu’il y a de plus normal. Il a cependant une particularité : il adore les Livres dont vous êtes le héros. Non, c’est même plus que cela, il les adule et dès qu’une nouvelle aventure de La Quête d’Aliantys sort en librairie, il se précipite et ne pense plus qu’à ça ! Et justement, l’ultime va sortir, et il compte bien l’acheter dès l’ouverture de la librairie… sauf que, sa libraire n’est plus là. C’est un étrange remplaçant peu commode et franchement flippant qu’il va trouver à la place. L’étrange libraire lui vend le fameux livre tant convoité… mais il va se passer des choses étranges, notamment avec le marque-page qui glisse du nouvel ouvrage…

Sohan l’ignore encore, mais c’est le début des ennuis pour lui. Et surtout, sa perception du monde va être changée à jamais !

Génial, distrayant et efficace !

En grande fan des Livres dont vous êtes le héros, j’ai été heureuse de voir l’hommage qui en est fait tout au long du livre. Mais il y a un second hommage à voir dans ce roman, celui fait aux libraires (merci Anne-Gaëlle Balpe !). Il y a même une explication de ce qu’est le métier et on parle même prix unique du livre lors d’un aparté (très bonne initiative, la Loi Lang étant encore et toujours aussi méconnue malgré ses décennies d’existence).

Ainsi, L’ignoble libraire poursuit la série de la chaîne du livre un peu tordue qui est la leur : en effet, on a eu affaire à L’écrivain abominable (mon préféré de tous) puis à L’épouvantable bibliothécaire (qui m’avais beaucoup déçue) et maintenant le libraire ! Peut-être y aura-t-il un autre opus avec un Atroce Editeur ? Ou un Monstrueux Traducteur ? ou un Terrible Représentant ? Là, la chaîne du livre serait vraiment complète !
Quoi qu’il en soit, les ouvrages se lisent totalement indépendamment donc pas besoin de les lire tous ou dans l’ordre. Il y a bien une légère et subtile référence à L’épouvantable bibliothécaire en fin d’ouvrage, mais cette lecture est tout à fait dispensable.

Ici, il est question de magie, de mondes cachés dans des livres et de vie éternelle. Et Sohan va se retrouver embarqué bien malgré lui dans des aventures qui le dépassent totalement. Heureusement, il est bien entouré, même si rien n’a été planifié et encore moins réfléchi. Et là il va, les jets de dés, bons ou mauvais ne lui seront d’aucune aide…

Avec cette lecture, j’ai retrouvé l’âme de ce qui fait un Pépix : l’amusement, la créativité, l’intrigue originale qui fait que ça fonctionne, et l’irrévérence ! Je dois avouer que depuis quelque temps, j’avais un peu perdu cela dans les derniers ouvrages de la collection, j’ai donc eu un plaisir encore plus grand à lire L’ignoble libraire. C’était un peu comme retrouver un doudou perdu, une sorte de réconfort. On sait pourquoi on est là, et on sait que l’on va se régaler.

Ainsi pour moi, L’ignoble Libraire est un très bon roman Pépix. On y retrouve tous les ingrédients qui font que c’est à la fois rempli d’aventure et d’humour, et plus encore ! Les illustrations de Ronan Badel font comme toujours leur office et complètent à merveille le roman. C’est donc un petit coup de cœur que vous avez là ! Foncez pour découvrir les aventures de Sohan et de sa petite sœur, c’est un régal ! Dès 9 ans.

Chronique ado : Ils sont venus du froid

Caryl Férey est un auteur français qui écrit principalement pour les adultes. Ses univers sont souvent très sombres et mélangent tensions géopolitiques et suspense : Zulu ou encore Mapuche sont les ouvrages qui l’ont fait connaître.
Il a écrit également quelques rares romans pour les jeunes lecteurs avec Krotokus et Mapuce. Ils sont venus du froid est son premier roman à destination d’un public adolescent. L’ouvrage est paru en 2022 chez PKJ.

Un univers post-apo glacial

De ce qu’il se passait avant, on ignore tout. La seule chose que l’on sait, c’est qu’il y a eu une Catastrophe. Personne ne sait quelle forme elle a prise, mais elle a tout détruit sur son passage… Et maintenant, le peu d’hommes et de femmes qui ont survécus tentent de rester en vie, mais tout est contre eux : les éléments et l’hiver glacial qui persiste, les animaux qui semblent tous avoir disparus… Et ce n’est que le début.

C’est dans cet univers glacial et extrêmement hostile que nous allons découvrir trois adolescents qui vont tout faire pour se battre et rester en vie. Quel qu’en soit le prix, peu importe l’adversité terrible qu’il y a en face d’eux, ils vont lutter. Mais le pire dans cette histoire, ce ne sont même pas les éléments qui se déchaînent et la famine qui guette, non. Le pire, c’est la horde d’hommes qui enlève toute personne qui croise son chemin. Dans quel dessein ?

Une histoire qui m’a laissée de marbre

En à peine quelques pages, le décor est posé avec efficacité, les personnages sont aisément distinguables et l’intrigue se déroule bien. Mais pourtant, je n’ai pa été séduite. Ni par la plume de Caryl Férey, ni par l’intrigue qu’il nous offre ici. Ce qui m’a le plus interrogé dans ce roman, c’est la psychologie des personnages que j’ai trouvé parfois peu logique, de même que les relations qu’ils ont entre eux. Ils prennent parfois des décisions assez incohérentes alors que la situation nécéssite une toute autre réaction.
On sent que ces réactions sont nécessaires pour les ressorts narratifs de l’histoire, mais cela dessert sa crédibilité, ce qui est dommageable au roman dans son ensemble.

Pour ce qui est donc de l’intrigue, je n’ai pas été captivée bien que j’ai lu le roman très rapidement. Il faut bien avouer que Caryl Férey a une écriture très fluide qui rend la lecture aisée. Mais une écriture efficace ne fait pas tout et si l’histoire manque de fond, je n’arrive pas à apprécier un ouvrage. Ce fut le cas ici : impossible de m’attacher aux personnages. Ceux qui auraient pu être intéressants restent malheureusement très en surface, impossible de s’y attacher, de les comprendre.

Et puis… je pense tout simplement que l’univers littéraire de Caryl Férey n’est pas pour moi. Je trouve que ses romans contiennent beaucoup trop de violence gratuite et j’ai vraiment du mal avec ça. Cela ne m’aurait nullement dérangée si cela était pour des adultes, mais là, je bloque. Je n’avais d’ailleurs pas aimé non plus Krotokus, l’histoire de ce lion et de son harem… destiné aux 9 ans et plus.

Mais surtout, ce one-shot présenté comme un roman jeunesse par l’éditeur me dérange un peu. Pour moi il y a une réelle distinction de lectorat entre jeunesse (12 ans max), préado (de 12 à 14 ans environ) et ado (14+).
La quatrième de couverture présente l’ouvrage comme étant « le premier grand roman jeunesse de Caryl Férey ». Or, quand il y a le meurtre par strangulation d’un nourrisson et des menaces de viol à peine voilées, je ne pense pas que la cible soit jeunesse. Je trouve donc qu’il y a une erreur de ciblage d’un point de vue marketing sur cet ouvrage.

En somme, je pense que les romans dits jeunesse de Caryl Férey ne sont pas pour moi, tout simplement. Si toutefois vous aimez les univers où la violence imprègne chaque page et que la littérature ado vous plaît, cette lecture se tente. Pour le reste, je pense qu’il y a plus prenant et mieux construit dans le même genre. Ellia la passeuse d’âme chez le même éditeur par exemple m’avait beaucoup plu.

AUTEUR :
GENRE : Non classé
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique ado : Ici n’est plus ici

Une satire crue et parfois violente de la vie scolaire écrite de façon originale et captivante

Christelle Dabos est une autrice pour la jeunesse connue et reconnue de par sa quadrilogie La Passe-Miroir parue chez Gallimard Jeunesse. Elle était à l’époque la gagnante de la première édition du concours du Premier Roman Jeunesse organisé par Gallimard. C’est ainsi qu’en un seul tome, elle s’est taillé un nom que tout le monde connaît désormais.
Elle quitte le monde onirique de la Passe-Miroir pour nous offrir une version sombre et déformée du système scolaire. Etrangement efficace et inclassable !

Ici

Avec une majuscule pour le nommer, Ici est presque une entité, un personnage à part entière. Il cristallise les craintes, les attentes, la peur, l’angoisse, les amitiés qui se font et se défont, les rumeurs… tout ce qui fait la vie scolaire. Mais depuis quelque temps, un jour précis et à une heure précise, toutes les semaines, il se passe quelque chose d’étrange Ici. Certains savent de quoi il retourne, d’autres ont oubliés, mais tous se doutent que quelque chose se trame Ici, et qu’ils font partie de quelque chose de plus grand…et de plus inquiétant ?

Un roman-chorale qui donne une voix à des élèves très différents

Il est extrêmement difficile de présenter et/ou de résumer ce roman de Christelle Dabos. On sent qu’elle a voulu se détacher de ce qui faisait jusqu’à maintenant sa marque de fabrique. Ici, point d’onirisme ni de rêveries, on est dans un univers beaucoup plus cru et – même sale – que dans la Passe-Miroir. Mais cessons de comparer ces deux œuvres et développons.

Dans Ici et seulement Ici, il y a beaucoup de personnages narrateurs. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, que ce soit pour que l’on comprenne le tableau global d’Ici ou pour nous montrer des élèves extrêmement différents. Vous avez Iris, celle qui tente de se détacher de son meilleur ami pour être acceptée dans un groupe. Il y a Pierre, qui se découvre une passion pour l’un de ses camarades Pierre et pour l’usage exceptionnel que fait ce dernier du hautbois, sans oublier l’étrange Club Ultra-Secret qui semble regrouper ceux qui en savent le plus sur Ici…

Mais rien n’est vraiment rationnel ni concret dans ce lieu scolaire hors du temps et qui pourrait se trouver n’importe où. Christelle Dabos insère peu à peu des éléments fantastiques dans son intrigue, comme une métaphore de la vie scolaire et de ses nombreuses cruautés. On y parle invisibilisation, harcèlement, amours cachés, secrets, système de classement entre élèves (Ici, ils sont inscrits sur un tableau alors que dans la vraie vie, tout est plus implicite).

A mes yeux, ce roman est un prétexte pour parler de tous les problèmes que l’on rencontre au collège ou au lycée : difficultés à s’intégrer, avoir peur de commettre un impair, respirer le moins fort possible pour ne pas se faire remarquer… Pour moi qui n’ai pas connu des années collège très heureuses, j’avoue que ce livre a fait écho à pas mal de choses (parfois oubliés ou minimisées). Pourtant, il est important d’en parler, et ce roman semble servir de catharsis à l’autrice, si ce n’est pour elle, au moins pour ses lecteurs.ices.
En effet, il montre que la vie scolaire est difficile pour tout le monde, y compris pour celleux qui veulent vous faire croire qu’ils sont en haut de la chaine alimentaire. Leur position est enviable, certes, mais pas nécessairement confortable.

Vous l’aurez compris, j’ai aimé le message de fond de ce roman, qu’il faut lire à différents niveaux pour apprécier. Je ne suis même pas certaine d’avoir tout saisi, mais il y a en tout cas assez de matière pour que chacun.e trouve quelque chose qui lui parle profondément au sein de ce roman.
Ici et seulement Ici est un texte inclassable, irrésumable, dérangeant et clairement atypique. Il faut le lire pour se faire une réelle idée de ce qu’il est, en tout cas, il taille dans le vif et laisse en mémoire des scènes spectaculaires et vertigineuses. A découvrir vers 14 ans environ.

PS : Si Christelle Dabos lit un jour cette chronique (rêver est autorisé), y a-t-il une référence à un épisode de Buffy contre les vampires avec l’élève invisible ? Je n’en dis pas plus pour les lecteurs à venir.

Chronique jeunesse : Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte

Un roman jeunesse touchant et malin qui décortique avec malice les mécanismes de l’écriture…

Annet Huizing est une autrice néerlandaise, Comment j’ai écrit un roman sans m’en rendre compte fut un succès dans son pays d’origine. L’ouvrage est paru chez Syros en 2016.

Avoir une célèbre romancière pour voisine… et amie

Nous voici dans le quotidien d’une jeune fille prénomée Katinka. Elle vient d’avoir 13 ans, et depuis quelque temps, une idée la taraude… elle aimerait écrire un roman. Mais elle ne sait pas comment s’y prendre n’y même si elle a quelque chose d’assez intéressant à raconter. C’est ainsi que grâce à son amitié avec Lidwine, une célèbre autrice qui vit près de chez elle, la jeune fille va découvrir les ficelles du métier. Car oui, pour être écrivain, il faut certes du talent, mais également beaucoup de travail…

Une ode au partage et à l’entraide

Ce roman est un super moment de lecture à découvrir, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la narratrice, Katinka, va découvrir comme nous lecteur, les ficelles de ce qui fait un roman. Par exemple, avez-vous déjà entendu parler de la phrase « Show, don’t tell » ? Elle résume à elle seule une caractéristique très importante dans un roman : ne pas dire qu’un personnage est triste ou déprimé, mais le montrer par un air abattu ou une voix éteinte par exemple. Laisser une liberté d’interprétation et de ressenti au lecteur sera beaucoup plus fort que si on lui écrit directement : ce personnage est triste.

C’est ainsi que par quantité de petites et grandes astuces, Katinka va se découvrir l’âme d’une écrivaine. Et au final, on va se rendre compte qu’elle a énormément de choses à raconter et à dire… Car au premier abord, malgré la perte de sa maman très jeune, on pourrait croire qu’elle est un personnage assez lisse. Mais elle nous surprend peu à peu par ses réflexions et sa profondeur. Comment accepter une autre femme dans le foyer même si on l’aime ? Pourquoi est-ce si difficile de dire ce que l’on ressent ? Comment ne pas blesser les autres tout en restant honnête avec soi-même ?

Je trouve que ce roman est parfait pour celles et ceux qui ont entre 12 et 15 ans et qui aimeraient écrire. Ce roman regorge de très nombreuses astuces d’écrivain, tout cela mis au service d’une histoire belle, simple et touchante. On comprend aisément pourquoi ce roman a séduit les lecteurs.ices hollandais, il contient tous les ingrédients d’une bonne histoire !

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Chronique Jeunesse : Quand le ciel gronde

Un roman touchant où un garçon en colère contre le monde entier va se lier d’amitié avec un gorille…

Paru le 8 avril dernier aux éditions Auzou, Quand le ciel gronde est un roman jeunesse historique qui s’adresse aux 11/13 ans environ. Son auteur, Phil Earle, s’est inspiré d’une histoire vraie qu’il a remaniée à sa façon. A la base, dans la vraie Histoire, il était question d’un Lion et d’un adulte.
Ici, les héros de cette histoire peu commune sont un gorille et et jeune garçon qui ont tous les deux perdus ce qu’il ont de plus cher…
Je ne pensais pas être touchée par ce genre de roman historique sur fond de Seconde Guerre mondiale, mais le talent de Phil Earle m’a séduite en très peu de pages…

L’histoire d’un jeune orphelin, comme des milliers d’autres

Joseph n’a rien d’exceptionnel. Il a perdu ses deux parents, sa grand-mère s’occupe de lui… jusqu’à ce qu’elle décide de l’envoyer chez une amie à Londres. Au plus près des conflits de la seconde guerre, certes, mais également sous la protection d’une amie de confiance. La grand-mère de Joseph n’arrive plus à tirer quoi que ce soit du garçon en constante rébellion. Mais Mrs F et son caractère sévère réussiront peut-être là où elle a échoué…

Inspiré d’une histoire vraie

Je n’aime pas les romans de guerre. Je n’ai jamais aimé ni été passionnée par tout ce qui touche à la guerre, que ce soit d’un point de vue littéraire ou cinématographique. Je n’arrive jamais à m’attacher ou à me prendre d’intérêt pour l’intrigue ou les personnages. Et pourtant… Quand le ciel gronde a réussit à me réconcilier avec ce sous-genre historique très exploité auquel je ne touche jamais.

Comment l’auteur a-t-il réussit ? Tout simplement grâce au fait qu’il avait des personnages réalistes et convaincants. Joseph en premier lieu bien sûr, mais également celui de Mrs F et du gorille Adonis bien sûr. Mais ce ne sont pas seulement les personnages principaux qui donnent corps à cette belle histoire, ce sont tous les autres qui gravitent autour d’eux. Et je pense que c’est en cela que Phil Earle a réussit.

L’intrigue est aussi simple qu’ultra efficace et on se prend rapidement de compassion pour Joseph, dont la moindre contrariété le fait devenir volcan. Il ne voit qu’une seule échappatoire à sa tristesse : la colère. Son vécu est évidement difficle, mais les explication de l’auteur nous font entre immédiatement en empathie avec lui.
Mais comment un jeune homme peut-il s’approcher d’un gorille durant la seconde guerre ? Comment même une amitié peut-elle naître ? Je ne vous en dirait pas plus à ce sujet, mais la vraie histoire qui se cache derrière le roman est passionnante. A la base, il s’agissait d’un homme adulte censé surveiller un lion du zoo de Londres. Si la caga était détruite par les bombardements, il avait pour ordre de tuer l’animal, trop dangereux pour les londoniens.

Je ne saurais vous dire pourquoi cette histoire m’a touchée, mais elle fut pour moi un coup au coeur. La façon dont peu à peu Joseph apprivoise cet immense gorille (ou est-ce le gorille qui apprivoise le jeune homme en colère contre le monde ?), l’Histoire en toile de fond, la danse des personnages tous interdépendants… C’est une réussite à tous points de vue.

Ce roman pourra plaire à quantité de personnes pour plein de raisons différentes : pour la partie Historique, pour ceux qui se passionnent pour les animaux, pour ceux qui aiment les belles histoires… C’est un superbe texte à découvrir dès l’âge de 11 ans puis sans limite d’âge. Quand un roman est bon il n’y a pas d’âge à recommander !

Chronique Jeunesse : Le corbeau de nuit – Tome 1 – Les mystères de Mika

Une enquête policière sombre dans le Stockholm de la fin du XIXème…

Paru chez Thierry Magnier en fin d’année 2023, Le corbeau de nuit est un roman à destination de la jeunesse écrit par Johan Rundberg. Il s’agit du premier tome d’une série de cinq. On y découvre le Stockholm de la fin du XIXème et le mode de vie des orphelins qui tentent de survivre dans une ville et une époque bien cruelles…

Mika, orpheline parmi tant d’autres

Notre héroïne se prénomme Mika, du moins c’est le nom qu’on lui a donné quand elle a été recueillie à l’orphelinat. Elle ne sait rien de ses origines, comme tant d’autres enfants et nourrissons abandonnés… Son quotidien est difficile, tout comme celui de ses camarades d’infortune. En effet, l’hiver est extrêmement rigoureux à Stockholm, et cette année encore plus. L’établissement n’a même pas les moyens de nourrir et de chauffer correctement tous ses jeunes réfugiés.

C’est dans ce contexte difficile qu’arrive un nouveau bébé abandonné. Mais chose étrange, il est accompagné d’un bracelet. En parallèle de cette nouvelle bouche à nourrir, il se passe des choses étranges à la capitale. Les deux événnements sont-ils liés ? Rien n’est sûr, mais Mika a toujours eu l’oeil acéré et les oreilles qui trainent pour assurer sa survie. Fine observatrice, maligne et pleine de ressources, la jeune fille va être repérée par un enquêteur de la police de Stockholm. Ce dernier va utiliser ses talents pour avancer sur une dangereuse enquête qui piétine… Au mépris du danger pour elle, et pour lui.

Un cadre passionnant et original… mais si peu exploité !

Quand je me suis procuré cette ouvrage, j’étais très heureuse de voir qu’il ne s’agissait pas d’une ennième traduction issue de l’anglais. Un roman à succès suédois, voilà de quoi changer un peu des lectures habituelles ! L’autre plus qui m’avais attirée, c’est qu’il s’agissait d’un roman historique en plus d’être policier. Cependant, je fut quelque peu déçue sur ce point… En effet, le cadre historique estrêmement réduit. Point d’utilisation des lieux emblématiques de l’histoire de la ville ou du pays, pas ou très peu d’explications sur le mode de vie à cette époque… On aurait aussi bien pu se trouver en Angleterre, cela ne faisait pas grande différence, et c’est bien dommage !

Pour moi, quand on propose de faire lire un roman historique, le décor et l’époque se doivent d’être au moins un peu développés. Ici, il n’en est rien ou presque, il est donc assez difficile de se projeter dans l’ambiance et l’atmosphère de la ville de Stockholm au XIXème siècle…

En ce qui concerne l’intrigue en elle-même, elle fonctionne tout à fait, avec une narration efficace, un duo d’enquêteurs original et fonctionnel. C’est tout à fait réussi. Les personnages sont le point fort de ce roman, car ils sont à la fois crédibles et attachants, pour ceux que l’on apprécie et inquiétants pour d’autres… Quoi qu’il en soit, ça marche parfaitement.

J’ai donc apprécié cette lecture, mais je trouve extrêmement dommage que l’auteur n’ai pas fait un travail de documentation, même léger, pour camper au mieux son histoire. S’il l’a fait, il n’en a pas fait bénéficier ses lecteurs malheureusement.
C’est donc un roman efficace, qui fonctionne bien et qui fera passer un bon moment aux lecteurs entre 11 et 13 ans.

Je trouve qu’il ne faut pas lire Le corbeau de nuit avant 11 ans car certaines scènes et réalités de la vie de l’époque sont assez explicites : la faim, la cruauté des adultes envers les pauvres et les orphelins, la méchanceté gratuite…

Chronique Jeunesse : Le temps des mitaines – Tome 1 – La chambre morne

Un mélange extraordinairement savoureux de sciences et d’humour dans une ambiance à la Breakfast Club !

Peut-être connaissez-vous déjà la série de bd du même nom Le temps des mitaines ? Si c’est le cas, c’est chouette, mais si vous ne connaissez pas, aucun soucis. Je découvre moi-même Le temps des mitaines avec ce roman, qui se déroule une vingtaine d’années avant les bd originale. Les auteurs sont les mêmes que pour les bande-dessinées, la vraie différence réside dans le fait qu’ici le texte prime et qu’il y a assez peu d’illustrations.

Un huis-clos imposé et inattendu

Ils sont cinq, n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir une heure de colle ensemble… ils vont donc devoir cohabiter et se tolérer pendant un temps très court… Sauf qu’il se passe une chose étrange. Ils deviennent prisonniers de la bibliothèque où ils passent leur punition… Impossible pour eux d’en sortir, comme s’ils étaient dans une bulle infranchissable !
C’est ainsi que la cohabitation va se transformer en quelque chose d’autre… mais avant cela, ils vont devoir apprendre à se connaître et à dépasser les à prioris qu’ils ont les uns sur les autres…

Une ode fine à la tolérance et au respect des autres

Comment est-il possible de présenter un roman jeunesse avec un telle phrase d’accroche ? (cf intitulé d’article). Après y avoir réfléchis, c’est pourtant celle-ci qui prime pour moi car le mélange est assez original pour être souligné. Oui, c’est une grosse référence à Breakfast Club, et oui on parle de physique quantique, où est le problème ?

Ce roman jeunesse est magnifique par bien des aspects et fait d’ores et déjà partie de mes romans préférés lus en 2023 pour la tranche d’âge de 9/11 ans. On y traite à la fois de la différence, du mal-être, de problèmes familliaux, de traumas mais également de bonté et d’empathie. Mais plus encore que les thèmes abordés, c’est la façon douce et positive dont ils sont présentés qui fait mouche.

Ainsi, on a Caïus, le chat brutal et antipathique qui cache des blessures aussi bien physiques que psychologiques. La petite oursonne mignonne qui ne pense jamais à mal prénommée Céleste Anternoz (que l’on retrouve apparement 20 ans plus tard dans les bd en tant que maman du héros Arthur (il y a même une petite image en fin d’ouvrage).

Il y a également Nocte (ma préférée !), une chauve-souris qui se tient à l’écart de tous de part sa religion et ses croyances inculquées depuis toujours. Elle fait partie de la communauté Shami, qui prône l’isolement et une vie à l’écart du monde. Vous noterez que Shami est la parfaite anagramme d’Amish au passage, avec qui elle partage certaines valeurs.

On peux aussi parler du très intelligent et docte Angus Goupil, bien que très supérieur en intellect, il ne se croit jamais supérieur à celleux qu’il côtoie. Et enfin, il y a le timide mais courageux souriceau Prosper, à la vie tumultueuse, lui qui fut baladé de famille d’accueil en famille d’accueil et dont la vie n’est pas rose…

Tous les cinq sont spéciaux et attachant à leur manière. Chacun a sa propre personnalité bien campée et la synergie inattendue qui va se développer entre eux est presque… magique ! Ce roman est un pur mélange entre sciences, surnaturel, huis-clos à suspense et humour et ça fonctionne à merveille.

« […] Apprêtez-vous spécifiquement à savourer votre pénitence en cette heure où vous dégustez habituellement votre petit-déjeuner chez vos parents et…
A ce moment précis, Prosper le souriceau leva le doigt pour intervenir sans même attendre la permission :
( M’sieur, m’sieur, je pense que qu’il y a erreur parce que moi, j’en ai plus…

– T’as plus de petit-déj ? persiffla Caïus […]

– Bé non, je veux dire que j’ai plus de parents puisqu’ils sont morts après avoir consommé dix-sept kilos de champignons venimeux pendant un pique-nique, en pensant déguster des pleurotes !


Sortant de son habituelle réserve, voire autant le dire de sa perpétuelle indifférence, Goupil ajouta son grain de sel avant que le directeur n’ait pu reprendre la main :

– Vénéneux, pas « venimeux » !

– De quoi parles-tu ? s’étonna Céleste.

-Sachez, incultes, que les eucaryotes pluricellulaires et unicellulaires ne sécrètent pas de venin par des glandes dérivées du système digestif. Leur toxicité est donc passive et non inoculée de façon active comme chez les scorpions ou les serpents ! Ainsi on peut dire qu’ils sont vénéneux, pas… […]. »

Je m’arrête ici pour l’extrait, qui est déjà long, mais cela vous donne un excellent aperçu du mélange d’humour, de drame et d’érudition mélangés.
J’ai par ailleurs oublié de préciser que l’ensemble du roman fait usage d’un langage assez soutenu, chose aussi rare qu’appréciable, surtout en littérature de jeunesse. Ainsi, il y aura certainement des mots qui poserons question aux jeunes lecteurs, et c’est tout de même bien mieux que quand cela tombe tout cuit dans le bec, n’est-ce pas ?

Ainsi, ce premier tome (il y a deux tomes disponibles chez Little Urban) est un régal de lecture. Un parfait texte bien maîtrisé et qui rend heureux et mélancolique tout à la fois. Un roman parfait en somme !

Chronique jeunesse : La maison Chapelier – Tome 1

De la magie, de la politique, de l’Histoire… et des vêtements au propriétés magiques !

Voici le premier roman de Tamzin Merchant, actrice et maintenant autrice… Vous pouvez la voir dans la série Carnival Row (qui met en scène des fées – et de magnifiques chapeaux – dans un monde ressemblant fort au nôtre il y a plus d’une centaine d’années).
Pour donner naissance à cette série haute en couleurs et en créativité, l’autrice s’est levée un matin, à 4h30, et l’inspiration venait de lui tomber dessus.
C’est ainsi qu’est née La maison Chapelier. Un roman historique et fantastique qui nous propose une version alternative de Londres et de ses enjeux politiques…

Comment un chapeau peut-il arrêter une guerre ?

Bienvenue à Londres, plus précisément dans la maison Chapelier… C’est ici que l’on confectionne des chapeaux pour tout type d’occasion. Pour se sentir en confiance, pour déclarer sa flamme et améliorer éloquence, pour monter sur scène… pour désamorcer une guerre.
En quoi les chapeaux sont-ils magiques ? La famille Chapelier est la SEULE de tout le pays à avoir le droit d’exercer cet art délicat grâce une autorisation émise par la royauté elle-même. Mais il n’y a pas que les Chapeliers qui ont se bénéfice, il en est de même pour les Bottiers ou encore les Gantiers qui eux-même exercent chacun dans leur spécialité.
Alors en quoi tous ces objets peuvent-il être magiques ? Tout cela tiens dans les ingrédients et dans le savoir-faire unique de celui ou celle qui les fabrique. Cet artisanat, la jeune Cordélia Chapelier l’apprend tout doucement… mais on ne llui fait pas encore assez confiance pour qu’elle réalise des commandes à elle toute seule. Rien que l’état d’esprit de celui ou celle qui fabrique le chapeau peut influer sur le résultat final. C’est donc un art extrêmement délicat…

Alors quand un chapeau de diplomatie est commandé par la famille royale pour éviter le pire, c’est toute la famille Chapelier qui s’y met… Mais il semblerait que quelqu’un souhaite leur mettre des battons dans les roues. Ce qui pourrait mener à un conflit ouvert avec le royaume de France.

Une pincée de magie et de savoir-faire…

Ce premier tome est assez engageant et plaira à tous les enfants qui aiment les ambiances un peu loufoques et surtout merveilleuses. L’idée est assez originale bien que son développement reste assez classique, c’est une lecture très plaisante.

L’idée de ce Londres alternatif où la magie de l’artisanat fait des merveilles est très plaisante, d’autant qu’il y a des enjeux historiques et politiques. C’est bien réfléchi, et mené avec efficacité. J’ai tout particulièrement apprécié cette ambiance Victorienne mêlée à un soupçon de magie. En réalité, tout est dans le choix des objets qui décorent le chapeau. L’univers créé par Tamzin Merchant est d’ailleurs très détaillé en cela en toute fin d’ouvrage. Ce sont plus d’une cinquantaines d’ingrédients étranges et uniques qui sont catalogués et détaillés avec soin par l »autrice !

Ainsi, c’est donc le début d’une série sympathique qui pourra parfaitement satisfaire les enfants dès l’âge de 9/10 ans. Le tome 2 n’est pas encore annoncé pour le moment.

Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)

TRANCHE d´ÂGE :

Chronique Jeunesse : L’indien du placard

Un classique oublié de la littérature britannique jeunesse à découvrir (avec un peu de recul) pour améliorer sa connaissance du fonds et de la jeunesse !

Lynne Reid Banks est une autrice britannique qui a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages, tous âges confondus. Son ouvrage L’indien du placard a connu un succès phénoménal, avec plus de 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde. Le livre a d’ailleurs bénéficié d’une adaptation cinématographique qui a concouru à son succès.

L’indien du placard est le premier tome d’une pentalogie, mais la suite n’est jamais parue en France et l’ouvrage se suffit à lui-même. Il mélange tout ce qui fait un bon roman jeunesse : un mystère, de l’aventure et du fantastique, le tout savamment dosé.

Un cadeau extraordinaire et insoupçonné

Omri est un jeune garçon gâté : il s’est vu offrir pour son anniversaire une énième figurine pour jouer. Un Indien en plastique. Sauf qu’il en possède déjà beaucoup et que cet Indien n’a rien de spécial… Mais Omri a également eu comme cadeau un petit placard en métal, et il a réussi à trouver une clé qui va avec. Et c’est là que bascule la réalité : le petit placard est magique ! Il donne vie à ce que l’on enferme dedans avec un tour de clé. C’est ainsi qu’Omri se retrouve avec un vrai Indien – minuscule – chez lui. Ce secret est incroyable, et presque trop grand pour lui malgré la petitesse des choses qu’il anime…

Quand l’étrange s’invite dans le quotidien de l’enfance

Ce que j’adore avec les classiques de la littératures jeunesse fantastique, c’est qu’ils ont toujours une façon bien particulière de s’immiscer dans le quotidien. Un petit élément suffit à faire basculer les jeunes héros : une armoire magique (Le Monde de Narnia), un plateau de jeu aux règles étranges (Jumanji) un compas singulier et un couteau qui l’est plus encore (Les Royaumes du Nord), un talent trop prononcé pour le dessin (La Quête d’Ewilan)…

C’est dans la façon que ce basculement se fait que selon moi on reconnaît un bon roman jeunesse. Et je comprends pourquoi L’Indien du placard a eu du succès. Il mélange problématiques du quotidien (amitié, secrets, danger du monde des adultes) avec le fantastique, qui doit rester à tout prix protégé. Je pense aussi que beaucoup d’enfants ont ensuite rêvé posséder leur propre petit placard avec sa clé magique !

Par contre, en lisant L’Indien du placard, on découvre aussi une ancienne façon d’écrire et de traduire… en adéquation avec son temps. L’ouvrage a été écrit en 1981, et le personnage de L’Indien est un pur stéréotype de ce qu’on été les indiens d’Amérique. De plus, il a une façon de parler très minimaliste, ne conjuguant pas les verbes et parlant assez mal. On peut y voir la barrière des langues… ou autre chose. Donc si vous lisez (ou un enfant) cet ouvrage, il faut le faire avec du recul et un accompagnant adulte qui explique le contexte, dans l’idéal.

De même, la scène ou Omri demande à Petit Taureau (c’est son nom d’Indien…) s’il souhaite un compagnon et que ce dernier lui « commande » une femme est assez dérangeant. Qui dit que la femme commandée voudra de Petit Taureau ? C’est mon regard d’adulte qui tente de se détacher de tout racisme et stéréotype qui a vu cette facette de l’ouvrage. Alors, oui, c’est daté, mais si un jour L’école des Loisirs souhaite rééditer cet ouvrage, il faudrait y mettre soit un avertissement pour expliquer que ce texte est le reflet d’une époque et empli de stéréotypes ou alors retraduire le texte sans le dénaturer (plus délicat).

Pour ce qui est de l’intrigue pure, j’ai beaucoup aimé. Cette aventure va forcer Omri à grandir et à se responsabiliser. Car oui, posséder des humains miniatures, ça a l’air cool quand on a dix ans, mais on déchante vite quand il faut les nourrir et ne pas se faire repérer par les parents. Beaucoup de stress pour le garçon, d’autant que garder un secret aussi « gros » lui donne des tracas et des insomnies.

Ainsi, ce roman pour la jeunesse est devenu un classique, et on comprend aisément pourquoi. Tout se déroule avec efficacité, les dangers et les enjeux sont clairs, captivants, tout fonctionne ! S’il fallait le relire aujourd’hui, soit quarante ans après son écriture, il faudra toutefois y apporter un certain esprit critique.

A lire dès 11 ans environ.