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Chronique Jeunesse : La folle semaine de Clémentine

la folle semaine de clémentineUn roman jeunesse hilarant, frais et drôle comme il en faudrait bien plus !

La série des livres Clémentine est d’origine américaine. Les ouvrages rencontrent un fort succès dans leur pays d’origine, de même qu’en France, où le premier tome, La folle semaine de Clémentine est paru en mars 2012 chez Rageot. Ce premier tome a d’ailleurs remporté le prix Tam-Tam « j’aime lire » en 2013.

Sara Pennypacker en est l’auteur, et Maria Frazee l’illustratrice, et le duo fonctionne à merveille. On découvre ici le quotidien d’une jeune fille d’environ huit ans qui fait bêtises sur bêtises… plus ou moins malgré elle !

Bien qu’il s’agisse d’une série, il n’y a pas de réel ordre pour les lire. Pour le moment, quatre tomes sont parus en France, un cinquième arrive en mai 2014 sous le titre : Une surprise pour Clémentine.

la folle semaine de clémentine inside 02Lundi : Convoquée chez la directrice

Dès le début de la semaine, notre chère Clémentine commence fort en étant convoquée par la directrice. Mais après tout, ce n’est pas vraiment de sa faute, elle essayait d’aider sa meilleure amie Margaret… résultat, elle lui a malencontreusement coupé les cheveux… Ce premier (mé)fait annonce le début d’une longue série de plus ou moins grosses bêtises réalisées en toute innocence par Clémentine qui pense bien faire.

Les catastrophes s’enchaînent, les idées folles de Clémentine aussi. On rigole de sa façon de penser enfantine très bien retranscrite (elle voit des serpents dans le plafond du bureau de la directrice), de son innocence (elle se coupe les cheveux elle-même pour ne pas que sa meilleure amie se sente seule) ainsi que de son caractère.

Volontaire, un peu têtue, parfois avec des idées bizarres, Clémentine est un personnage inoubliable pour les enfants qui se reconnaîtront certainement un peu en elle par certains côtés.

La relation frère-sœur y est également abordée, et on peut dire que Clémentine ne lui fait pas de cadeaux en terme de prénoms… en effet, elle ne l’affuble que de noms de légumes… après tout, elle a bien un prénom de fruit elle !

la folle semaine de clémentine inside 03Les illustrations en noir et blanc, simples et jolies complètent à merveille le récit tout en étant dans le ton humoristique général du livre. On y relève toute la malice de la petite héroïne qui n’en fait parfois qu’à sa tête.

Dans ce premier tome, on découvre ainsi une héroïne aussi courageuse que coquine mais également intelligente et désireuse de bien faire. Elle n’est pas la perfection même, et c’est tant mieux. A l’image des enfants tels qu’ils sont avec leurs idées qui peuvent nous sembler étranges à nous adultes, Clémentine charme par sa façon d’être.

….

Le quotidien d’une famille y est ainsi décrit avec simplicité, qu’elle soit américaine ou de n’importe qu’elle culture occidentale, l’histoire reste universelle. A conseiller dès l’âge de huit ans environ, il y a vraiment des scènes inoubliables dans ce roman !

la folle semaine de clémentine inside

Chronique bd : La page blanche

PAGE BLANCHE - C1C4.inddUne bande-dessinée qui donne à réfléchir sur notre “belle” et grande société de consommation…

La page blanche est dessiné par Pénélope Bagieu, une artiste en vogue depuis quelques années grâce à ses livres humoristiques sur son quotidien ainsi que son blog du même nom : Ma vie est tout à fait fascinante. Au scénario, nous retrouvons Boulet, un auteur et illustrateur également bien connu, notamment pour ses Notes parues aux éditions Delcourt (le huitième tome est sorti en octobre 2013).

Avec La page blanche, c’est une collaboration inédite et originale qui nous est offerte avec son lot de rires et de réflexions…

Le néant sur un banc…

Notre histoire commence avec une jeune femme assise sur un banc. Quand elle sort de ses « pensées » et bien… il n’y a rien, c’est le néant. Elle est là, à côté du métro Montgallet sans rien savoir de son nom, de son travail ou même de son adresse. La quête d’identité commence, et elle va être bien différente de celles que l’on a déjà pu croiser dans la littérature…

Pour notre personnage amnésique, la moindre petite chose du quotidien devient compliquée : retrouver son appartement, savoir où elle travaille, qui sont ses amis, etc. Mais quand elle découvre qu’elle n’est qu’une jeune célibataire qui vit avec son chat et qu’elle n’a à priori aucun signe distinctif (que ce soit au niveau de ses goûts ou autres), c’est là que la difficile enquête autour d’elle-même débute.

D’une drôlerie pure !

Quand on voit tous les films que se fait dans sa petite tête Eloïse Pinson (et oui, c’est son nom), il y a beaucoup d’occasions de se marrer. Elle s’imagine espionne déchue, femme au cœur brisé pour « nom américain » (vous comprendrez après lecture !), et une foule de choses plus folles encore pour justifier sa perte de mémoire.

Le scénario de boulet est avant tout à saluer pour son humour très efficace et l’intrigue prenante qu’il a su instiller au lecteur dès la première page. Les dessins de Pénélope Bagieu finissent un beau travail qui sait donner vie et humanité à ses personnages tout en collant parfaitement au ton voulu par le duo : traiter d’un sujet de société qui touche beaucoup de monde sans le faire dans le misérabilisme.

Seul bémol, malgré cette belle recherche de soi et cette quête d’identité, la bd La page blanche a selon moi un défaut : une conclusion trop simple et un peu bâclée. On comprend le message qu’on voulu faire passer les auteurs : burn-out, pression de la société, perte d’épanouissement dans nos vies citadines… mais il reste tout de même un goût d’inachevé dans cet ouvrage qui au lieu d’être bien, aurait pu être excellent.

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Chronique Manga : Bye bye, my brother

Bye bye, my brotherMagnifique et émouvant, un manga qui touche au cœur.

Paru en janvier 2013 aux éditions Casterman, Bye bye my brother est un manga signé par Yanagawa Yoshihiro, il s’agit de son premier paru en France, et c’est un one-shot.

Grâce à ce manga très personnel, l’auteur a d’ailleurs remporté le Prix IKKI Manga après de nombreuses épreuves avant d’être publié : refus d’éditeurs, problèmes de santé… son œuvre aura traversé beaucoup d’embûches avant d’atteindre ses lecteurs.

Une perte insurmontable

Nido, était un fabuleux boxeur qui avait tout pour réussir jusqu’au jour où la perte de sa jambe dans un accident va tout remettre en cause. C’est ainsi que la misère s’installe dans son quotidien et celui de son petit frère, qu’il cherche à tout prix à protéger. Mais les efforts de Nido seront vains, et sa vie se transforme peu à peu en longue descente aux enfers… son petit frère en sera la première victime collatérale.

Nido pourra-t-il refaire surface après la suite de drames que constitue sa vie ? Un jeune chat prénommé Jirô lui donne en tout cas cet espoir…

Des personnages anthropomorphes pleins de tendresse

Paradoxal que de trouver autant de tendresse dans un manga qui a pour sujet de fond la boxe. Mais les sentiments prônés tout au long du récit et les personnages félins réussissent sans mal à nous faire verser une petite larme (en particulier sur une scène d’une force terrible).

Bien plus qu’une simple histoire de coming-back sportif, ce manga traite de valeurs universelles : la combativité, la foi en les autres…

Les dessins exacerbent le côté dramatique des scènes avec des dessins à la fois doux et percutants. On retrouve les codes graphiques d’un manga qui tire sur des ficelles très sentimentales : larmoyant (dans le bon sens du terme), scènes figées et nébuleuses centrées sur des actions dramatiques…

Bye bye, my brother insideLe fait d’utiliser des chats au comportement humain à la place de personnages traditionnels ajoute à la touche poétique de l’ouvrage. Ils son beaux et attendrissants à souhait : impossible de ne pas fondre devant la bouille du petit frère de Nido qui écrase sa figure contre la vitrine d’un magasin…

Outre les personnages anthropomorphes, il est à noter que la notion de mort y est personnifiée (en la personne d’un chat habillé tel un baron, haut-de-forme compris) et que le Destin fait partie intégrante de l’intrigue du manga. Le fantastique est donc présent, mais par petites touches.

Toutefois, le côté humain et très réaliste des personnages – ces derniers luttant au quotidien pour leur vie – fait beaucoup penser à l’ambiance misérable des romans de Charles Dickens tels qu’Oliver Twist. Ce charme désuet achève de parfaire cette œuvre unique en son genre.

Bye bye my brother est donc une belle histoire de destins croisés, de route toute tracée qui va dévier, et de sentiments nobles, mais pas toujours, à l’image de la vie.

À destiner à un lectorat adulte pour son approche très philosophique. Ce type de manga peut ne pas plaire à tout le monde pour son côté très sentimental, mais je trouve qu’il a ce quelque chose qui touche au cœur son lecteur. Impossible de ne pas se sentir bouleversé et ultra-sensible à la fin de cette lecture. Yanagawa Yoshihiro dit lui-même avoir mis toute son âme dans ce récit, et ça se sent.

Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

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Chronique : 15 ans, charmante mais cinglée

15 ans charmante mais cingléeL’adolescence du côté fun !

Écrit par Sue Limb, une auteur de nationalité anglaise, la série 15 ans et sa suite 16 ans, nous raconte le quotidien d’une adolescente de notre époque. Gentille, mais plate comme une limande, cette dernière n’a selon elle pas grand-chose pour plaire… mais la vie va lui démontrer le contraire !
Le tout premier tome s’intitule 15 ans, Welcome to England !, mais il n’est pas nécessaire de lire les livres dans l’ordre pour les apprécier pleinement.

Les illustrations de couvertures sont signées par l’artiste française Soledad Bravi, qui colle parfaitement au ton enjoué et drôle des romans.

« Un obèse va s’asseoir à côté de vous dans le bus, et il ne s’est pas lavé depuis Noël »

Jess a un petit problème avec le karma : le sien  n’est pas franchement bon… et sans être malchanceuse, elle ne fait pas non plus partie de ces gens à qui la réussite sourit. Elle se trouve plate et tente d’y remédier par des moyens peu orthodoxes, pense que ses oreilles ont la forme d’un chou-fleur… Mais surtout, elle est folle amoureuse de Ben Jones et fait tout pour attirer son attention dans le bon sens du terme… mais ça ne marche jamais vraiment comme prévu !
De son besoin d’attention et d’amour vont découler une foule de situations très inconfortables pour notre anti-héroïne… mais le pire, c’est que l’on en rit à ses dépends, souvent.

Drôle et désespéré, nous suivons ainsi le quotidien de Jess qui se croit d’une banalité affligeante, mais qui recèle en réalité un esprit d’une rare vivacité. Préparez-vous donc à des scènes épiques (ou plutôt des fails épiques) et des dialogues savoureux !

« Vous allez ouvrir un sachet de cacahuètes en public avec beaucoup trop de panache »

La vie délurée d’une adolescente d’aujourd’hui, voilà ce que nous promet ce court roman et le but est atteint. On rit littéralement aux irrésistibles tournures de phrases de notre narratrice un peu folle sur les bords, de même que les descriptions qui accompagnent ses diatribes :

« Quand Jess réapparut, elle était écarlate et elle avait l’œil gauche si noir qu’elle ressemblait à un pirate. Pourtant, elle comprit en un seul regard qu’elle aurait pu se laisser pousser un troisième œil et se peindre les cils en rouge, personne ne l’aurait remarqué ».

De même, chaque début de chapitre commence avec des phrases type « biscuit chinois », mais en version plus infortunée que les traditionnels petits papiers : « Aujourd’hui la Lune est en Uranus et Vénus se transforme en menthol. Il y a donc toutes les chances pour qu’un berger Allemand pisse sur votre sac », ou encore : « Votre ours en peluche va vous annoncer qu’il est enceint et qu’il veut aller au planning familial ».

Alors certes, les tribulations de Jess sont très normales, mais elles sont justement rassurantes en cela. Tout ce qu’elle fait, ses problèmes, ses questions… tout cela est réaliste et permet au lecteur d’y voir son propre quotidien, sans chichis ni situations invraisemblables, et on aime ça !
Bon, après, je ne suis pas certaine que tout le monde aurait mis du minestrone dans des sacs plastiques à l’intérieur de son soutien-gorge pour le rembourrer, ça reste à voir…

La conclusion de cette lecture est bien simple : à lire pour se défouler, pour rire, ne pas se prendre la tête… on en redemande !

Chronique : L’appel de la forêt

L'appel de la foretUn magnifique retour aux sources en forme d’ode à la nature…

 Jack London est un écrivain de nationalité américaine au parcours atypique : son enfance se fit dans la misère, et dès l’âge de quinze ans, il touchera à toutes sortes de métiers. De pêcheur d’huîtres, à balayeur de jardins publics, en passant par chercheur d’or… ou encore par garde-côte, cette figure de la littérature était habitée par la passion des grands espaces et du voyage sous toutes ses formes. Jack London est décédé à l’âge de 40 ans.

De son œuvre, on peu citer les livres suivants : L’appel de la forêt, Croc-Blanc ou encore Martin Eden.

Sur les pas de Buck, un chien d’une force et d’une qualité rare…

L’appel de la forêt est avant tout l’histoire de Buck, un magnifique chien issu d’un croisement entre un saint-bernard et une chienne pure race écossaise. Buck réuni en lui meilleur des deux races pour offrir un prodigieux modèle canin, tout en force et en beauté.

Mais le quotidien banal de ce chien d’exception va se trouver transformé en aventure à travers les Etats-Unis à l’époque des chercheurs d’or lorsque le jardinier de son propriétaire va le voler pour le revendre à un éleveur de chiens de traineaux.

La lutte contre soi-même, les combats, les jeux de pouvoirs cruels entre chiens dominants et meutes, tout cela, Buck va le découvrir à ses dépends, au gré de nombreuses blessures. C’est ainsi que commence la magnifique aventure d’un chien qui va redécouvrir sa nature… sauvage.

l'appel de la foret (1)Le goût de l’aventure et des espaces infinis sublimés

D’un propriétaire peu recommandable à l’autre, Buck gagne en assurance, en prestance et en force. En faisant ses preuves faces aux autres chefs de meute, en menant de front les traineaux dans les endroits les plus dangereux de l’Alaska…

Là où il n’y avait au début qu’un beau chien de race bien entretenu et formaté par (et pour) l’homme, on aperçoit au fil des pages un animal qui découvre sa vraie nature.

Mais plus que l’histoire d’un animal seul face à la redécouverte de ses origines, L’appel de la forêt nous fait également partager l’amitié unique d’un animal et d’un homme. On sent entre les lignes la force du lien qui peut unir deux êtres totalement différents quand leur vie est en jeu.

Il n’est cependant pas question que de beaux sentiments dans ce roman qui se propose également de montrer les facettes sombres de l’Amérique du Nord. Cruauté, maltraitance, famine… Buck découvrira tous les aspects de l’homme avant de se découvrir lui-même, et de suivre sa voie.

L’appel de la forêt n’est pas un classique de la littérature pour rien : Jack London a su sublimer la nature et son âpreté grâce à une plume accessible et belle. Les grands espaces, les descriptions faites sur la nature que redécouvre avec émerveillement Buck, la forte empathie de l’auteur pour son personnage qui se transmet au lecteur avec aisance… tout concours à nous faire aimer cette ode à la nature. A lire pour s’émerveiller, et (re)découvrir l’intensité de la prose de London. Dès l’âge de 11 ans environ (5ème).

l'appel de la foret (3)

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Chronique Jeunesse : Le tourneur de page – Tome 3 – Au delà des temps

Le tourneur de page 03Un ultime tome réussi

Le troisième et ultime tome de la série pour adolescents le Tourneur de Page (éditions Eveil et Découverte) vient de sortir il y a de cela à peine un mois. Une attente qui laissait fébrile quand on se souvient de comment se concluait le second tome de la saga…

Ainsi reviennent Alkan, Artelune, Colard, Iriulnik et les autres pour une ultime bataille ; celle qui verra l’avenir des habitants de la Bullhavre prendre un tournant décisif.

Une immersion immédiate

A peine les première pages lues, on se retrouve avec les personnages que nous avions laissés il y a un an. Aucune difficulté pour se replonger dans l’intrigue et les enjeux de la trilogie, bien au contraire.

Chaque chapitre s’articule autour d’un groupe de personnages en particulier : Iriulnik et Piuppy sur leur île déserte, Alkan et ses amis sous la Bullhavre, les villageois dans l’Outre-Monde… chacun à leur manière vont nous happer par leur problématiques. La survie est le maitre mot pour Iriulnik, qui n’a jamais paru aussi humaine, forte et fragile à la fois, elle en devient extrêmement attachante et même héroïque.

Alkan et ses amis quant à eux sont sous la Bullhavre, où ils commencent tout juste à couler des jours heureux… mais pas pour longtemps. La faim gronde sous la Bullhavre, et par extension, la révolte. Les habitants commencent ainsi à écouter les sirènes qui leur promettent monts et merveilles, quitte à oublier ceux qui les ont libérés il y a à peine quelques mois…

C’est donc une suite riche en actions et en révélations qui nous attend ici, avec peu de temps morts et nombre de rebondissements.

Un enchaînement qui fonctionne

Muriel Zürcher confirme ici son talent narratif et le déploie même mieux que dans les deux précédents livres avec une plume plus assurée, qui s’harmonise mieux dans l’ensemble de son roman. On passe d’une scène à l’autre avec aisance, et surtout, impatience. L’auteur ménage parfaitement ses effets, et on se laisse emporté par la vague narrative qu’elle nous offre.

La Bullhavre que l’on pensait bien connaître n’avait pas encore révélé tous ses secrets, et c’est un nouveau pan de la mystérieuse ville qui nous est offert avec sa tour invisible faite de miroirs notamment.

Que dire de plus sinon que la magie opère avec efficacité, que l’on est happé par l’intrigue et que l’auteur est doué pour les belles scènes dramatiques ? Je pense notamment aux nombreux combats auxquels devra faire face Iriulnik pour protéger Piupy ou encore aux scènes de confrontations, qui ne sont pas nécessairement sanglantes, mais orales.

Ce sont aussi des combats pour différents idéaux qui prennent vie : faut-il privilégier l’humain ou la survie ? Peut-on concilier les deux ? La Bullhavre et son système froid et cruel est-il le plus efficient de tous pour que l’homme vive et s’épanouisse ou bien est-ce le système du Peuple, qui force ses femmes à avoir le plus d’enfants possible ? Ou autre chose ?

Même si nous n’aurons pas de réponse toute faite, la conclusion nous laisse quelques pistes de réflexion et nous fait comprendre qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais personnages, seulement des chemins très différents qui mènent au final à un même idéal…

Ce troisième tome en forme de point final est une très bonne conclusion pour cette série originale et bien menée d’un bout à l’autre. On espère voir à nouveau Muriel Zürcher faire des incursions dans l’imaginaire, car ce genre lui réussit fort bien. A lire pour s’émouvoir, se révolter, rêver, imaginer ! Dès 13 ans environ.

Chronique rédigée pour le site ActuSF.

Chronique jeunesse : Roby ne pleure jamais

Roby ne pleure jamaisParu en août 2013, Roby ne pleure jamais est une nouvelle de science-fiction sortie dans la collection Mini Syros Soon.

L’auteur, Eric Simard a déjà publié de nombreux écrits de science-fiction pour la jeunesse, on lui doit notamment L’enfaon, Robot mais pas trop, Les aigles de pluie et en octobre dernier Le cycle des destins qui est le premier tome d’une nouvelle saga.

Robots et sentiments : deux termes incompatibles

Roby fait partie d’une des toutes dernières générations de robots, programmé pour ressentir une foule de choses : le froid, la douleur, les nuances du toucher.

Sa mission, prendre soin et distraire la jeune Cyrielle, ses parents étant partis sur la planète Mars. Cependant, être un robot n’a pas forcément que des avantages, et quand Roby accompagne la jeune Cyrielle à l’école, ce dernier est harcelé par des garçons de sa classe. Coups, paroles méchantes, le harcèlement que subit Roby va crescendo sans qu’il ne puisse riposter, en effet, un robot ne peut lever la main sur un humain uniquement si la vie d’un autre être humain est en danger.

Mais à force de frustration et de tensions, Roby va franchir la ligne qu’un robot ne doit jamais franchir, et pour cela, il risque son arrêt définitif.

Une belle leçon sur ce qui défini l’homme

Roby devient ainsi le symbole d’une cause et d’un idéal, dépassant de loin la portée de son acte. Une histoire bien construite, le tout sur le fond d’une légère romance, l’histoire a l’avantage de pouvoir parler aussi bien aux filles qu’aux garçons. A sa manière, ce petit roman fait penser à la nouvelle L’homme bicentenaire d’Isaac Asimov, où la frontière entre l’homme et la machine devient de plus en plus floue et ténue. Le clin d’œil a beau ne pas être perceptible pour les jeunes lecteurs, la voie est tout de même ouverte à la méditation.

On appréciera la réflexion que la lecture de ce petit livre offre aux jeunes lecteurs. A creuser pourquoi pas en classe ; les livres de la collection Mini Syros ayant souvent cet usage dans les écoles, celui-ci offre une belle opportunité à la discussion et au débat. A lire dès l’âge de huit ans environ.

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Chronique : Les sentinelles du futur

Les sentinelles du futurCarina Rozenfeld est une auteur française très prolifique dans le monde de l’imaginaire et du young-adult. Ses derniers romans en date sont Phaenix (deux tomes, collection R chez Robert Laffont) ainsi que la Quête des Livres-Mondes (réédition chez l’Atalante en 2012).

Avec les sentinelles du futur paru en août dernier aux éditions Syros dans la collection Soon, Carina Rozenfeld renoue avec la science-fiction et les voyages temporels !

Notre Terre en 2359

Le tableau de notre planète dans quelques siècles est peu optimiste : la végétation a disparu, de même que la faune. La planète est toxique pour ses habitants, les mers ont tué depuis longtemps les poissons et autres multitudes de forme de vie qui y régnaient. La Terre se meurt à petit feu et devient un poison pour elle-même tant elle a été détériorée.

Mais selon les sentinelles du futur mandatées par l’Académie, l’avenir de l’humanité sera radieux. Comment cela peut-il être envisagé et comment le savent-ils ? Grâce à un passage temporel qui permet aux fameuses Sentinelles de voyager et de visiter le futur dans 300 ans exactement.

 En  2659 la végétation a reprit sa place, les hommes peuvent de nouveau sortir grâce à l’air qui n’est plus pollué, la population y est pérenne, heureuse grâce aux sphères blanches. Que sont les sphères blanches ? Nul ne le sait, les Sentinelles on juste découvert qu’elles sont ce qui a sauvé l’homme de l’extinction et qu’elle apparaîtrons en…2359.

C’est dans cette ambiance fébrile que vit le jeune Elon, élève de l’Académie grâce ses aptitudes exceptionnelles. Quand notre histoire commence, cela fait quelques semaines que les sentinelles ne sont pas revenues faire leur rapport afin d ‘alimenter les cours d’histoire du futur. Mais quand elle reviennent, leur nouvelles vont créer un véritable cataclysme au sein de l’Académie… le futur est à feu et à sang…

Quand le passé tente de sauver le futur

L’histoire des Sentinelles du Futur est un savant mélange de science-fiction à petite dose, de personnages très plausibles et charismatiques ainsi que d’un peu de romance (les garçons n’en seront pas allergiques).

L’idée de voir deux époques et deux personnages se compléter fonctionne très bien. D’autant que l’intrigue démarre vite et que le mystère des sphères blanches est totalement insoluble jusqu’au dernier moment.

Encore une fois, Carina Rozenfeld réussi à nous séduire par sa plume en nous montrant un nouveau pan de ses nombreux imaginaires. Après être avoir fait du fantastique, de la romance, de la fantasy urbaine, son incursion dans la science-fiction jeunesse est réussie.

On adorera ses personnages, qui sont encore une fois réussit, réalistes et qui collent bien à ce que peuvent dire les adolescents. On aimera également les petites bonnes idées qui parsèment le roman et qui ajoutent de la force et du crédible à l’histoire : le Japon à disparu dans ce roman, les Japonais ne vivant qu’entre eux pour préserver leur traditions, leur mœurs et leur lignée… C’est le cas de Micko, l’un des personnages principaux, dont la vie est régie par ces problématiques.

Enfin, sans avoir de réel twist, la conclusion de l’histoire est très bien trouvée. Le mélange des temps futurs et passés se faisant de plus confus tant leur histoire est liée. Un joli petit tour de force qui nous fera apprécier ce roman.

Les sentinelles du futur est un one-shot, et cela est parfait ainsi. Résolument destiné à la jeunesse, c’est un roman qui peut initier à la science-fiction les lecteurs de treize ans environ. Efficace et touchant, ce récit vous donnera même envie d’en lire un autre sur les voyages dans le temps : Le voyageur imprudent de Barjavel étant souvent cité…

Chronique : Les petits pains de la pleine lune

Les petits pains de la pleine luneIntemporel, magnifique et captivant, un roman qui montre toute la force et la poésie des écrivains asiatiques.

Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, ce roman atypique est paru aux éditions Philippe Picquier en janvier 2011, dans leur collection jeunesse.

Mais ne vous méprenez pas, quand on dit « jeunesse » ici, il faut tout de même penser à des lecteurs de quatorze ans et plus, de part les thématiques traitées et la façon dont elles sont abordées.

L’auteure, Gu Byeong-mo, est née à Séoul en 1976. Elle a fait des études de littérature coréenne et a été éditrice avant d’écrire. Etre auteure est pour elle un rêve devenu réalité quand elle a remporté la seconde place du Changbi Prize for young-adult Fiction avec Les petits pains de la pleine lune (The Wizard Bakery en langue originale). Il s’agit de son premier roman traduit en France. Le second est sorti en mai 2013 sous le titre Fils de l’eau (éditions Picquier), et s’adresse cette fois-ci à un lectorat adulte.

Comment croiser l’histoire d’une étrange boulangerie et celle d’un jeune garçon malheureux dans sa propre famille ?

Tout commence quand un jeune garçon débarque essoufflé dans la boulangerie de son quartier : « Cachez-moi s’il vous plaît » sont ses premier mots. Mais que s’est-il donc passé pour qu’il puisse trouver refuge… dans une boulangerie ?

L’histoire de notre jeune narrateur (dont on ne saura d’ailleurs jamais le nom) est aussi triste qu’étrange. Abandonné par sa mère quand il était enfant en plein milieu d’une immense gare, cette dernière s’est ensuite suicidée. Par la force des choses, bien après ce drame familial, et sans aucun événement déterminant, il est devenu bègue.

Entre temps, son père s’est remarié avec une femme : Madame Bae. Cette dernière avait déjà une fille : Mouhui. Les relations qu’entretiennent cette petite famille recomposée sont dénuées de sentiments : son père semble s’être marié pour avoir du linge propre et plié tous les jours, des repas prêts le soir quand il rentre (très tard) du travail.

Mme Bae elle, prend de plus en plus de place dans la maisonnée au fil du temps, comme si elle avait peur que son beau-fils réclame la moindre chose au désavantage de sa propre fille, Mouhui. Notre héros se retrouve à rester dans sa chambre pour ne pas être tourmenté.

Les contes de fées comme références intemporelles

L’auteure a voulu faire une référence permanente aux contes de fées avec son roman, en particulier avec le conte Hansel et Gretel (comme elle le dit elle-même) et la boulangerie magique. Mais une terrible belle-mère, cela n’est pas sans rappeler d’autres contes de fées, chose que Gu Byeong-mo tient à le souligner à travers son récit :

« Tu es encore très jeune, tu aimerais croire aux contes de fées, mais tu sais que ce ne sont que des histoires. La belle-mère de Cendrillon n’existe absolument pas, ni celle de Blanche Neige. »

En effet, les époques changent, mais l’homme et sa nature eux, restent immuables : jalousie, haine, méchanceté sont des sentiments universels et intemporels. C’est pour cela qu’existe Wizard Bakery, l’étrange boulangerie de quartier de notre narrateur.

Les petits pains de la pleine lune (korean version)Du merveilleux culinaire au menu

Même si cela n’a pas de réel terme, j’aime à classer les romans traitant d’imaginaire et de nourriture dans une catégorie particulière : la fantasy culinaire (pensez à Charlie et la chocolaterie, Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices, La pâtisserie Bliss, etc). Les petit pains de la pleine lune en fait partie, et chose unique, il s’adresse aux adolescents, au contraire des autres ouvrages destinés à des lecteurs entre huit et dix ans.

Les descriptions des produits proposés par Wizard Bakery sont absolument fascinants (et terrifiants aussi) : entre la poésie et la magie, on se laisse entraîner dans un monde d’odeurs et de plaisirs mêlés.

En effet, les produits proposés ne sont pas destinés à tout le monde, mais à un public averti. Parmi les produits existants : Macarons de la mémoire aux amandes, Moka éternel au café ou encore Flan porte-bonheur… autant de produits censés aider certaines personne en bien… ou en mal. Une chose est sûre, on adorerait être à la place du héros et découvrir les recettes étranges du sorcier-pâtissier tenant la boulangerie !

Peut-on changer son avenir si on le connaît à l’avance ? Et surtout, le voudrions-nous ? La réponse est loin d’être simple… Gu Byeong-mo nous propose ici un roman réfléchi et profond sur l’innocence et l’enfance disparue à travers un imaginaire unique.

Les petits pains de la pleine lune pocheLoin de se cantonner au genre fantastique, Les petits pains de la pleine lune séduira également par la réflexion qu’il offre sur le nature de l’être humain, ses aspirations, mais également ses vices… Un roman âpre, sans compromis et rarement doux qui met des mots simples et vrais sur les réalités de la vie, qu’elles soient agréables… ou non.

Mémorable, à mettre entre les mains de tous les lecteurs dès quatorze ans environ, pour tous les lecteurs qui voudraient s’émerveiller tout en restant ancré dans notre monde contemporain. La sortie en format poche est pour novembre, (cf couverture ci-dessous), alors n’hésitez pas à croiser la route de cette étrange boulangerie, à la croisée des chemins et des imaginaires.

Chronique Jeunesse : Azami, le cœur en deux

Azami, le coeur en deuxMarc et Isabel Catin sont mari et femme dans la vie. Ils écrivent ensemble depuis de nombreuses années. Pour écrire ce roman à l’ambiance à la fois ancrée dans les traditions nippones et la modernité occidentale, ils se sont rendus au Japon.

Azami, le cœur en deux est paru aux éditions Nathan en juin 2012 et nous parle de la découverte de la France et de ses mœurs à travers les yeux d’une jeune japonaise, Azami.

Un choc des cultures est en marche

Azami est une adolescente japonaise qui vit avec sa grand-mère dans les traditions que cette dernière lui a transmises ; esprits protecteurs, superstitions, tout cela est le quotidien de la jeune fille. Obâsan (mot japonais pour grand-mère) s’occupe d’Azami comme si elle était sa mère, son père n’étant jamais présent pour elle, tant il travaille comme un fou. Elles vivent au pied du mont Kaïdo, là où les croyances populaires et les légendes ont encore prise, loin de la folie des grandes villes.

Alors quand le père d’Azami lui annonce qu’elle part pour Paris avec lui pendant ses vacances, la surprise est totale. Aussitôt, c’est l’euphorie pour Azami, elle qui s’est vue offrir des cours de français par son père depuis de longues années, elle va enfin avoir l’occasion de le parler.

Ainsi commence l’aventure occidentale d’Azami, qui quitte pour quelque temps sa tendre grand-mère et son mode de vie hors du temps pour une adolescente de notre époque. Place à la vie parisienne et à ses lumières… !

Une découverte culturelle détonante

Quand Azami débarque en France, c’est tout un nouveau monde qui s’ouvre à elle : différent, très ouvert, parfois même désinhibé par rapport à celui qu’elle connaît.

Elle se fait une amie en la personne de Myo chez qui elle loge (ses parents sont des amis de son père). Myo est une adolescente de son âge, parisienne jusqu’au bout des ongles, c’est elle qui va l’initier aux habitudes de la capitale et au mode de vie d’un adolescent « normal » de notre époque.

Amitiés, premiers flirts, Azami va en découvrir beaucoup sur elle-même et sa façon d’être… y compris des parties d’elle qu’elle n’aurait peut-être pas voulu voir poindre.

Ce choc des cultures sera parfois violent pour Azami, qui aura du mal à comprendre la relation parents-enfants telle qu’elle est en occident, la notion de respect des aînés ayant y étant diamétralement opposée.

De même, la relation parfois dominante et cruelle qui règne entre les ados sera également pour elle une source d’incompréhension…

Nous croisons une certaine quantité de stéréotypes dans ce court roman, laissant parfois les personnages à un niveau parfois trop caricatural, notamment la jeune Myo et ses répliques un peu trop impersonnelles. Cependant, l’histoire d’Azami nous rend curieux et avide de savoir vers quoi elle tend, elle qui voit se profiler un choix cornélien entre deux univers que tout oppose.

Le petit plus de ce roman est son côté légendes nippones ou le fantastique prend très légèrement le pas sur le réel. La grand-mère qui essaye de contenter les esprits de l’ordinateur de sa petite-fille pour qu’il fonctionne donne lieu à des scènes amusantes. De même, le personnage de Betobeto-san, un esprit protecteur qui collera Azami tout le long de son voyage est lui aussi très attachant, dans tous les sens du terme.

Au final, Azami, le cœur en deux est un roman sympathique pour les jeunes lectrices à partir de treize ans. Il permet de découvrir brièvement la culture japonaise ainsi que ses traditions en y mêlant un peu de romance et de réflexion. Un bon moment à passer en compagnie d’une héroïne attachante même si l’on aurait apprécié un roman un peu plus dense et moins éphémère.

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :