Vous est-il déjà arrivé de laisser une lecture en suspend ? De laisser l’ouvrage prendre la poussière dans le coin d’une pièce, ou sur la table de nuit… La culpabilité vous a-t-elle rongé ? Ou vous êtes-vous dit qu’il y avait tant d’ouvrages à lire dans une vie qu’il valait plutôt tirer le meilleur de ses lectures ?
Pour ma part, j’ai évolué car il y a des années de cela, je trouvais que ne pas finir un livre cela ne se faisait tout simplement pas. Qu’il fallait absolument lire un ouvrage de bout en bout, même si c’était une souffrance… mais depuis quelque temps maintenant, je me suis ravisée. Et donc quand je n’aime franchement pas un livre et que j’ai fait le réel effort de le découvrir je m’autorise à l’abandonner.
Voici donc une petite liste des mes dernières lectures que je n’ai jamais réussi à terminer malgré ma détermination. Parfois les sujets et l’intrigue m’intéressaient pourtant énormément, mais cela n’a pas suffit à laisser vivace la flamme de mon intérêt…
Mudwoman – Joyce Carol Oates – éditions Points
J’aime beaucoup Joyce Carol Oates, une auteure que j’ai découverte il y a quelques années et qui a le don de changer d’atmosphère, de sujet et de style d’un ouvrage à un autre. L’un de ses ouvrages les plus marquants pour moi fut Valet de Pique, mais je suis loin d’avoir lu tout son travail. Elle est extrêmement prolifique, d’un talent rare… Pour moi, elle mériterais d’avoir le Prix Nobel de littérature un jour tant son œuvre est dense et multiple.
Avec Mudwoman cependant, je me suis énormément ennuyée. Mélange de présent et de souvenirs terribles d’un douloureux passé de maltraitance, nous suivons une femme qui travaille dans le milieu universitaire. Difficile de faire sa place dans ce monde si masculin et sévère. Et pourtant, à force de pugnacité, la fameuse Mudgirl (soit la fille de boue) s’en est sortie.
Malgré une histoire qui a de quoi intéresser de prime abord, je n’ai à aucun moment réussi à apprécier ce roman… je me suis ennuyée ferme et j’ai cessé de lire Mudwoman à la moitié. Dommage, ça partait bien…
Baba Yaga – Toby Barlow- éditions 10/18
Une histoire de sorcières se déroulant dans le Paris des années 60, le tout sur fond de polar ? Je dis OUI. Et pourtant… Baba Yaga fut une amère déception. L’écriture ne m’a pas du tout accroché même si je ne saurais dire pour quelle raison précise.
Entre contes imbriqués se déroulant à plusieurs décennies (ou siècles) d’écart sans une once de clarté, et des personnages très retors, Toby Barlow a réussi l’exploit de m’ennuyer comme jamais alors qu’il avait tous les ingrédients qui me plaisent habituellement… Et puis l’idée que le narrateur soit transformé en puce et qu’il découvre que sa femme a un amant, j’ai trouvé ça trop étrange et dérangeant, je ne saurais dire pourquoi…
C’est une rencontre manquée malgré une couverture et un résumé alléchants.
J’ai abandonné Baba Yaga après un bon tiers d’efforts…
Neverhome – Laird Hunt- Actes Sud
Un roman de type western avec une héroïne forte et originale dans sa personnalité, voici ce que nous offre Neverhome. Cet ouvrage a été un petit succès de librairie, et il avait tout pour me plaire… Cependant, impossible d’accrocher. Ecriture trop lente pour moi, ambiance assez lourde (en cela c’est réussi, et pour cause on parle de guerre) et impossible de m’attacher réellement à cette femme qui va se travestir en homme et partir au front pour protéger son mari.
J’avoue ne pas avoir énormément de références historiques quant à l’époque traitée – celle de la guerre de Sécession – mais quand un roman historique est réussi il nous happe et nous apprend quantité de choses. Ici, Laird Hunt part du principe que l’on connait les enjeux du conflit qui a marqué les Etats-Unis, or, personnellement ce n’est pas le cas. Il semblerait que j’aie manqué de références historique pour apprécier l’ouvrage… Ce qui fait que j’ai abandonné Neverhome au bout d’un peu plus de la moitié…
Les Ferrailleurs – Tome 1 – Le Château – Edward Carey – Grasset
Voici l’un des ouvrages les plus bizarres qu’il m’ait été donné de lire. Entre une ambiance à la Tim Burton mâtinée de Patrick DeWitt, nous voici avec le premier tome d’une série fantastico-historique qui donne immédiatement le ton. Le texte et les magnifiques dessins sont tous signés de la main d’Edward Carey.
Tout en finesse et en étrangetés, nous voici plongés dans une demeure familiale aux nombreux secrets. Les Ferrayor sont les propriétaires de cette demeure imposante située en plein milieu d’une décharge, ils sont riches, n’aiment guère leur prochain et ont d’étranges lubies. Par exemple, chaque Ferrayor est doté d’un objet qui l’accompagne toute sa vie, une sorte d’objet totem.
Dans cette histoire bizarre, nous suivons Clod, un jeune Ferrayor qui a pour objet de vie une bonde. Oui, vous avez bien lu. Et l’intrigue étrange de cette histoire commence quand sa tante Rosamund perd son propre objet de vie : une poignée de porte. Mais Clod et son don d’écouter parler les objets pourra peut-être le retrouver ? Et découvrir au passage certains secrets les mieux gardés de sa famille…
J’ai beau avoir abandonné aux trois-quarts du roman, je n’ai pas détesté du tout lire cette histoire. Mais elle est tellement triste, oppressante et sombre que je n’ai jamais réussi à reprendre l’ouvrage. Quoi qu’il en soit ce roman est loin d’être mauvais, bien au contraire. Cependant, il est tellement original qu’il vaut mieux savoir de quoi il retourne avant de se lancer dedans. C’était donc une lecture intéressante, les révélations y sont fracassantes, mais ce fut un peu trop gloomy/bizzaroïde pour moi… Et pourtant, j’adore ce qui est étrange…