Une histoire d’amour intemporelle à l’univers étrange, fou, fluctuant, et inimitable
Écrit par Boris Vian, L’écume des jours est l’un de ses plus célèbres romans avec L’arrache cœur ou encore J’irai cracher sur vos tombes (écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan). Véritable histoire d’amour dans toute sa tragique beauté, ce roman est un incontournable de la littérature française.
Boris Vian n’était pas seulement un écrivain et touchait à beaucoup d’autres domaines artistiques : il fut ainsi acteur, scénariste, journaliste et critique musical, et a même traduit des romans de science-fiction (notamment Le monde des Ā de E. Van Vogt). De plus, c’est un véritable passionné de jazz et de Duke (Edward Kennedy Ellington), un des plus grands musiciens de l’histoire du jazz dont il fait l’apologie tout au long de L’écume des jours…
L’écume des Jours a été adapté au cinéma en avril 2013 par le réalisateur français Michel Gondry : un passage à l’écran qui était jugé quasiment impossible tant l’univers de Boris Vian est étrange et fantasque. De mon avis, l’adaptation est franchement réussie et arrive à retranscrire des éléments clés de l’œuvre, ce qui n’était pas chose aisée. De plus, l’ambiance y est assez débridée et étrange pour retranscrire de façon assez fidèle la plume folle de Boris Vian.
Quand l’illogisme règne en maître pour sublimer la plus simple des histoires d’amour
Le jeune Colin a tout ce qu’il lui faut pour être heureux dans la vie : un grand appartement lumineux, un petit pécule, un cuisinier personnel de talent et un meilleur ami. Mais il lui manque une chose : l’amour ; aussi se décide-t-il à le trouver… Et il ne tardera pas à lui tomber dessus en la personne de Chloé, simplement belle et naturelle.
C’est ainsi que sur fond de Jazz et de clins d’œil à l’univers de la Nouvelle Orléans, Boris Vian nous conte une des plus belles et terrible histoire d’amour.
Un piano qui fait de délicieux cocktails (le pianocktail) selon la mélodie jouée, une souris qui se comporte comme un être humain, ou encore un appartement qui se métamorphose en fonction des sentiments et des peurs de son propriétaire, vous voici dans l’univers barré et déstabilisant de Boris Vian.
Une descente aux enfers emplie de beauté
Tout est teinté de poésie dans la prose vive et étrange de Vian. Du poumon de Chloé qui voit grandir un nénuphar en passant par la petite souris de Colin qui s’écorche les pattes à vouloir faire revivre l’appartement dans lequel il vit…
Cette belle et terrible déchéance, elle transparaît dans tous les actes des personnages : Colin qui se met à chercher du travail (celui qu’il trouvera sera aussi terrible qu’étrange), Chloé qui commence à avoir besoin d’être alitée, le cuisinier de Colin qui fait de moins bon plats…
Cette chute passe aussi par le meilleur ami de Colin, Chick, dont la passion dévorante pour Jean-Sol Partre devient inquiétante…
On assiste ainsi impuissant à ce que l’on pressent être le début de la fin. Le roman est ainsi découpé en deux parties : la première est belle, bien ordonnée, tout y est merveilleux… Mais une fois passé le mariage de notre magnifique couple, tout devient décadent, mou, triste, sale…
Alors que penser de L’écume des Jours ? C’est un roman à lire au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour sa culture personnelle. L’univers y est très singulier et très déstabilisant, parfois trop, mais c’est également sa grande qualité. Il est certain que la prose acide et dérangeante de Boris Vian ne plaira pas à tous, mais il faut y goûter avant de dire que l’on n’aime pas.
Ah, et si vous aimez les belles histoires d’amour et que pleurer ne vous fait pas peur, foncez donc !
Je crois que c’est l’un de mes livres de chevet. Je l’ai lu quatre fois en vingt ans, toujours avec le même plaisir 🙂
J’ai beaucoup aimé le film. Certes, tout n’est pas parfait, mais l’esprit de Vian souffle sur ce long-métrage et c’est bien l’essentiel…