Un magnifique roman sur les choses de la vie, à la fois poignant et authentique.
Faïza Guène est une jeune écrivain de nationalité française, née à Bobigny en 1985. Son incroyable succès est dû à son premier roman : Kiffe kiffe demain, paru en 2004, qui raconte à la première personne la vie de Doria, une jeune fille d’origine maghrébine qui vit en banlieue parisienne, désabusée sur son avenir.
Vendu à plus de 400 000 exemplaires et traduit dans plus de 25 langues, cet ouvrage coup de poing criant de réalisme a connu un succès amplement mérité. Par la suite, Faïza Guène a écrit deux autres romans : Du rêve pour les oufs (2006), Les gens du balto (2008). Et non contente d’être un écrivain reconnu, elle est également réalisatrice de nombreux courts-métrages, dont certains ayant remportés des prix reconnus.
La « banlieue » revue et corrigée
Doria a quinze ans, elle vit avec sa mère dans la banlieue parisienne. Son père les a quittés il y a quelques années pour retourner « au pays » et se marier avec une femme beaucoup plus jeune que sa mère. Doria n’a pas de problèmes à proprement parler, c’est juste qu’elle n’est pas spécialement heureuse dans la vie.
Les amis d’enfance, la famille, tout cela se mélange pour donner un mélange détonnant d’une joyeuse tristesse. La vie de Doria suit son cours, et nous la découvrons dans toute son étonnante diversité. La culture de la banlieue est mise au jour sous un angle humoristique sans être moqueur, un véritable délice ! : « La responsable de la grève au Formule 1, c’est Fatouma Konaré, une collègue avec qui maman s’entend bien. Elle m’a raconté qu’au début, elle croyait que « Fatoumakonaré » c’était juste son prénom et qu’elle trouvait ça long pour un prénom… ».
Mais malgré l’humour constant du roman, Faïza Guène soulève également les nombreuses injustices qui font qu’être une fille dans une cité (mais aussi ailleurs, par extension) peut être un handicap si l’on ne naît pas avec des parents complaisants. Doria parle ainsi d’une de ses voisines, enfermée chez elle, sans aucune liberté : « Quand Samra était enfermée chez elle, dans sa cage en béton, personne n’en parlait, comme si les gens trouvaaient ça normal. Et maintenant qu’elle a réussi à se libérer de son dictateur de frère et de son tortionnaire de père, les gens l’accusent. J’y comprends rien. ».
Le point fort de Kiffe kiffe demain réside dans son écriture : très proche du parlé, remplie d’humour, de jeux de mots et de langage familier, impossible de ne pas sourire franchement aux tournures de phrases offertes.
Pour terminer je vous dirais qu’il faut lire Kiffe kiffe demain pour de nombreuses raisons. Tout d’abord sa langue piquante et drôle. Ensuite sa facilité d’accès, bien loin de la « littérature » comme certains aiment à l’appeler de façon élitiste, ce roman fait pour moi partie des indispensables. Enfin, culturellement parlant, ce récit ouvre les yeux sur un pan de notre quotidien actuel, que l’on vive en cité ou non, certaines problématiques sont universelles. Un magnifique récit positif et rempli de beaux élans d’enthousiasme. Dès 13 ans environ.