Sorti en mars dernier dans la collection ado du Pré aux Clerc nommée Pandore, La Fille-Sortilège est un roman de fantasy à l’univers accrocheur et à l’histoire bien construite. Le livre vient d’ailleurs de recevoir le prix Elbakin 2013 du meilleur roman fantasy français jeunesse.
Son auteur, Marie Pavlenko, est française et commence à se faire un nom dans le monde de l’imaginaire français. Elle a commencé à faire parler d’elle à la sortie de son premier roman : Le livre de Saskia (chez Scrinéo Jeunesse), qui fait partie d’une trilogie. A la mi-octobre, Marie Pavlenko va d’ailleurs clore son cycle de Saskia.
La Cité des Six, une belle utopie… pour qui y vit bien
Plantée en plein désert se trouve la Cité. Magnifique, prolifique, magique… les superlatifs ne manquent pas pour décrire la Cité des Six dont les origines légendaires sont connues de tous. Elle regroupe six clans au savoir-faire unique et nécessaire aux autres, leur équilibre est la source de leur harmonie.
Ainsi trouve-t-on les clans suivants : Les Planteurs, Les Sourciers, Les Dresseurs, Les Façonniers, Les Coutelliers et les Guérisseurs. Chacun utilise une magie particulière connue uniquement des membres dudit Clan. Les bases d’un univers sont posées.
Les habitants des Clans n’ont guère à se plaindre de leur mode de vie. Leur seul devoir étant de fournir à la ville les objets ou savoir-faire demandés pour le bien-être de tous, en contrepartie la ville leur fourni nourriture, vêtements, etc.
Mais dès que l’on sort de l’univers bien propret des Clans, nous découvrons aux abords de la Cité des Six les habitations des Orklas : des gens qui n’ont pas de clan et qui sont considéré comme des moins que rien. C’est dans ces quartiers peu recommandables que vit Erine, notre héroïne.
Quand commence notre histoire, nous somme en pleine nuit, suivant les pas feutrés d’Érine. Dans un cimetière, cette dernière déterre des cadavres. Pourquoi ? Elle-même l’ignore. La seule chose qu’elle sait, c’est qu’elle est payée pour cela, alors hors de question de faire la fine bouche. Bien payé mais risqué, le travail d’Érine est éreintant.
Mais sa tâche nocturne n’est rien comparé aux dangers qui vont lui tomber dessus sous peu : chantage, poursuite, cavale, complots… la jeune Erine va devenir le centre d’une tornade sociale et magique dont elle ignore la portée…
Une fantasy originale qui donne un souffle d’air frais au genre
Difficile de décrire et de résumer un univers aussi dense et prolifique que celui imaginé dans la Fille-Sortilège. Tant de nuances et de paramètres entrent en ligne de compte que vous les décrire serait fastidieux.
Mais ce que l’on peut en dire de façon certaine c’est que l’on a affaire à un très bon roman dans le style fantasy. Loin des stéréotypes du genre (ici point de dragons et autres créatures habituelles), Marie Pavlenko nous offre son imaginaire sur un plateau avec son propre bestiaire et sa magie bien à elle. Le fait d’avoir implanté son univers dans une sorte de monde oriental est également plaisant, on aime à sentir le souffle chaud du désert entre les lignes…
On y parle de thèmes forts, universels, tels que l’injustice sociale, l’amitié qui fait tomber beaucoup de barrières, notamment quand nous n’avons plus rien à quoi nous raccrocher… La souffrance est là, omniprésente, qu’elle soit physique ou morale, mais elle nous fait découvrir les forces cachées de nos protagonistes. On y voit également leur beauté à travers ces nombreux maux qu’ils traversent.
Érine, que l’on suivrait les yeux fermés est belle par sa force et sa persévérance. Ne se laissant jamais aller à la facilité, cette dernière nous transporte dans son univers, à la fois cruel et fascinant. On y découvre aussi celui qu’elle a pris sous son aile : Arkadi, un jeune homme encore en plein dans l’adolescence, son histoire est encore plus cruelle que celle d’Erine. On ne peut que se sentir intime avec des personnages dont l’histoire passe par des sentiments vrais et forts.
Bien que paru dans la collection Pandore (destinée principalement aux adolescents), ce roman s’adresse selon moi avec plus d’efficacité encore à des adultes… mais la frontière devient bien mince entre les deux lectorats.
Atypique, captivant et remarquable, la Fille-Sortilège ne vous fera pas passer un bon moment, mais vivre une très belle expérience de lecture. On en vient presque à regretter que ce roman soit un one-shot, mais c’est aussi ce qui fait son charme. En bref, un roman qui marque !
Un gros coup de cœur ! Comme pour tout les romans de Marie Pavlenko 😉