Un roman ado à suspense où les souvenirs ne sont pas forcément ceux que l’on a cru en retenir dans l’enfance… Une plongée effrayante dans les réminiscences du passé.
Gaël Aymon est un auteur pour la jeunesse à l’œuvre reconnue. Il a notamment écrit l’un de mes romans favoris : Et ta vie m’appartiendra, une fabuleuse et terrible réécriture de La peau de chagrin de Balzac pour les ados.
Il a également été nominé pour le prestigieux Prix Mondial ALMA Astrid Lindgren Memorial Award. L’équivalent du Prix Nobel de Littérature en jeunesse !
Avec Une nuit de mon enfance, il revient au genre du thriller et du suspense avec une sombre histoire passée qui remonte à la surface. L’ouvrage est paru en juillet 2023 aux éditions Nathan.
Les souvenirs s’effacent, se transforment ou nous hantent…
Pour Aurore, c’est un peu des trois à la fois. Elle ne se rappelle pas de tout ce qui l’a traumatisée quand elle avait 6 ans, mais une chose est certaine, ça a gâché sa vie. Son erreur de jugement et regard naïf d’enfant on tué quelqu’un.
Comment grandir et vivre avec le poids d’une vie sur la conscience ? Comment se construire et oublier ? Aurore n’y arrive pas et vit avec cette culpabilité depuis plus d’une dizaine d’années maintenant. Mais quand une personne de ce terrible passé rejaillit dans son quotidien, tout remonte. Y compris des choses dont elle n’avait pas conscience à l’époque, l’obligeant à revoir ce traumatisme à travers un autre prisme…
Un roman efficace pour tous les amateurs de secrets de famille
Si vous aimez les romans à chute tels que Nous les menteurs ou encore Qui Ment ? Une nuit de mon enfance pourrait vous plaire car il a un point commun avec les deux ouvrages mentionnés : on ne le lâche pas. On sent bien qu’il y a quelque chose qui cloche dans l’histoire du passé d’Aurore, on le sait même avant elle. Cette nuit terrible au bord d’un lac n’est cependant contée que de son point de vue, donc biaisé. Tout ce qui a trait à l’eau ou aux poissons la taraude, la terrifie, fait remonter en Aurore le pire. Ainsi, dès qu’elle s’approche d’une berge de la Seine, elle se sent mal, alors ne parlons même pas d’y tremper un bout d’orteil (chose qu’elle va être obligée de faire à un moment). Toute sa vie est une sorte de fuite pour ne plus penser à cet événement et en même temps le comprendre pour passer à autre chose.
Peu à peu, on voit des choses qu’Aurore ne voit pas ou n’a pas voulu saisir, et le lecteur se fera un tableau d’ensemble peut-être même avant elle. La construction du roman est en ce sens très réussit car Gaël Aymon joue avec habileté sur les perceptions et les traumas. Cependant, je n’ai pas eu un coup de cœur comme pour Et ta vie m’appartiendra.
Oui, j’ai été happée du début à la fin, mais pas avec autant d’efficacité que dans la réécriture du classique de Balzac. Il m’a manqué un je ne sais quoi pour rendre l’ouvrage vraiment captivant. Peut-être que les choses sont devinables par le lecteurs un peu trop en avance par rapport à Aurore ? De plus, le personnage mystérieux de Trevor m’a mise mal à l’aise. Insaisissable et malaisant, il m’a paru trop antipathique pour mériter autant de bienveillance de tout son entourage. En cela, il y a un certain déséquilibre qui pour moi fait que ça n’a pas entièrement pris.
Alors, que vaut Une nuit de mon enfance ? Je pense que c’est un bon thriller pour ado qui fonctionne plutôt bien. Il m’a cependant manqué un petit quelque chose indéfinissable pour réellement aimer, mais ça fonctionne. La preuve, je l’ai lu en une journée ! Un roman parfait à proposer à celleux qui aiment le suspense, les secrets de famille et les histoires sombres… Dès 14/15 ans.