Chronique : Le riz

Le rizQuand toute la vie d’une famille ne dépend que d’une chose : une bonne ou une mauvaise récolte

Paru en Malaisie en 1966, ça n’est qu’en 1987 que Le riz, écrit par Shahnon Ahmad et traduit par Nicole Biros paraît en France aux éditions Actes Sud. Il s’agit du seul roman de l’auteur paru en France bien que sa production soit très importante. Selon la traductrice, Shahnon Ahmad est un auteur qui affectionne tout particulièrement les microcosmes sociaux et apporte une attention particulière à la psychologie de ses personnages. Il est l’auteur de plus d’une dizaine de romans sans compter ses essais et est professeur de littérature à l’université.

Le riz est un roman qui fut adapté au cinéma sous le titre Rice People en 1994, traduit en français sous le titre Les gens de la rizière. Bien que le livre soit d’origine Malaisienne, le film lui est issu d’une production Cambodgienne.

Bienvenue dans l’enfer quotidien des belles et dangereuses rizières

Notre histoire se déroule dans un petit village de Malaisie où tout le monde se connait et s’entraide. Nous y suivons la famille de Lahuma et de sa femme Jeha, composée de six filles. C’est donc une grande fratrie qu’il faut nourrir au quotidien, sans compter qu’il doit rester du riz pour en revendre une partie… Ainsi sommes-nous initiés aux problématiques qui taraude jour et nuit Lahuma, le chef de famille.

Mais la récolte de la précieuse denrée n’est pas aussi simple qu’il y paraît au premier abord pour nous, simples lecteurs. Tout peut être un facteur de mauvaise récolte : les oiseaux voraces qui dévorent le riz, les crabes qui deviennent amok (fou en Malaisien) et coupent les tiges, les inondations qui menacent les jeunes pousses…

C’est tout un quotidien uniquement axé nuit et jour sur la récolte qui nous est ici décrit dans toute sa lenteur. Lahuma et sa famille ne vivant que pour et grâce au fameux riz. Le moindre imprévu pouvant tout détruire… Ils sont tous si effrayés par le futur qu’ils en oublient la beauté de la nature qui les entoure, et pour cause.

Une vie faite de simplicité qui nous force à la mise en perspective

Ce riz si précieux et son coût, voilà ce que veut nous montrer Shahnon Ahmad. Sans misérabilisme, mais avec la constatation des dures lois de la nature qui s’accumulent contre les agriculteurs. La peur de faire une mauvaise récolte nous atteint nous aussi tant elle est ancrée dans les personnages de Lahuma et de Jeha. Si la récolte n’est pas bonne, leurs filles seront également moins bonnes à marier, ils ne pourront pas non plus améliorer leur quotidien déjà bien pénible…

Mais le drame qui déclenche réellement l’histoire arrive par une banale mais dangereuse épine qui perfore l’un des pieds de Lahuma. Le fonctionnement interne de sa famille va en être bouleversé et faire mûrir plus vite que prévu ses plus grandes filles.

Une narration lente mais pas fastidieuse

La narration de Shahnon Ahmad est rythmée aussi lentement que le riz qui pousse tout au long du roman. Mais loin d’être ennuyeux, on prend plaisir à chaque nouveau détail du quotidien difficile mais aussi parfois heureux de cette famille Malaisienne. Les romans asiatiques ont souvent cette particularité de rester passionnants tout en étant dans le contemplatif, l’attente. Et c’est ainsi que nous suivons l’évolution du personnage à part entière qu’est le riz, dans toute sa simplicité et les attentes que les habitants mettent en lui.

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Pour conclure, ce récit est une belle et terrible description du quotidien on ne peut plus terre à terre de nombreux paysans. Intemporel, le roman pourrait aussi bien se dérouler de nos jours qu’il y a cinquante ans, tant la pauvreté n’a guère changé les habitudes de récolte des moins dotés. Mais le pire dans tout cela, c’est que la traductrice du roman nous dit dans la postface de quelques pages que la famille de Lahuma est loin d’être la plus pauvre comparée à d’autres… cela nous donne de quoi réfléchir !

Le riz est un beau roman, à la fois tendre, dur et surtout très humain dans sa façon de décrire avec efficacité les traits de chaque personnage, qui sont très peu nombreux. Il ne plaira pas à tout le monde à cause de son rythme lancinant, mais de mon avis, il vaut que l’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour découvrir une autre culture, un autre mode de vie…

AUTEUR :
GENRE : Littérature
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

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