Un manga étrange et déstabilisant qui frise à la fois le fantastique et l’ubuesque sans oublier l’étrange de façon omniprésente… Accrochez vous, c’est du jamais lu.
Minetaro Mochizuki est un mangaka dont l’œuvre paraît en France chez Le Lézard Noir, son travail a été très remarqué lors de la parution du manga en 4 tomes Chiisakobé. Avec Tokyo Kaido, l’auteur nous montre une autre facette de son travail, plus étrange et dérangeante…
Une clinique aux patients bien particuliers
Bienvenue dans la Clinique Christiania, un établissement spécialisé dans la recherche sur le cerveau. Son but ? Aider enfants et adolescents à surmonter leurs problèmes psychologiques, qu’ils soient issus d’un accident ou d’une maladie.
Ainsi cette trilogie de mangas se concentre sur cinq personnages principaux : Hashi, 19 ans, qui suite à un accident a un morceau de métal dans la tête. Ledit morceau métallique semble l’avoir totalement désinhibé et il dit absolument tout ce qu’il pense, parfois même les pires horreurs.
Il y a également Hana, 21, qui suite à une affection touchant con cerveau est prise d’orgasmes subit à n’importe quel moment. Cela la mettant parfois dans des situations extrêmement gênantes et invivable en société.
Parmi les cas les plus étranges, vous ferez la « rencontre » de Mari, 6 ans. Elle a la particularité incroyable de ne voir aucun être humain. Elle pense être la seule au monde et n’a aucune interraction avec personne. Cependant, si elle voit des êtres humains à la télévision, elle les voit, c’est donc par ce biais que les médecins communiquent avec elle ainsi qu’à l’écrit. De même, elle a l’étrange habitude de ne manger que la moitié exacte de ses plats.
Enfin, il y a Hideo, 10 ans, persuadé d’être doté de supers pouvoirs et d’être en contact avec des forces supérieures. Il est toujours affublé d’une cape et tente diverses expériences de contact avec ces fameuses forces…
Le cinquième personnage est le Docteur Tamaki, central car il gère tous ces étranges patients, mais aussi parce qu’il a une part plus sombre et inavouée que l’on découvrira par la suite. Il est un mystère lui aussi à sa façon.
Voilà pour les présentations formelles des personnages, mais alors que raconte exactement Tokyo Kaido ? Il illustre comment chacun tente de s’en sortir et de trouver sa propre voie malgré ses pathologies plus ou moins lourdes et un passif qui l’est parfois tout autant…
Un manga intéressant mais qui laisse sur sa faim…
Tokyo Kaido est une trilogie, et quand j’ai terminé la lecture du premier tome j’étais très enthousiaste. Tout me plaisait : le graphisme, l’histoire, les personnages atypiques… tout ! Sauf qu’à partir du second tome, ça commence à devenir un peu trop bizarre et surtout je n’ai pas saisi les symboliques (s’il y en avait ?).
Je me doutais que c’était le genre de manga à laisser des questions en suspend, mais là, nous n’avons en réalité aucune réponse sur aucun sujet. C’est très déstabilisant et assez frustrant.
Vous ne saurez jamais pourquoi Mari ne mange que la moitié parfaite de ses plats ou pourquoi à la fin, toute sa perception se coupe en deux. Vous ne saurez jamais si les forces supérieures avec qui Hideo discute sont réelles ou uniquement dans sa tête… On sait pas non plus pourquoi Bibi le vigile, porte une fausse moustache (ça m’a bien perturbée ça d’ailleurs).
Par ailleurs, chose importante, le personnage principal, Hashi, qui possède un corps étranger dans le cerveau et qui dit tout haut ce qu’il pense, dessine un manga. Ce manga très sombre et morbide, vous le découvrirez peu à peu au fil des chapitres et des tomes. Et il est intéressant bien qu’une fois encore, le sens profond me soit totalement passé à côté.
En fait, pour apprécier ce manga, il faut absolument lâcher prise et ne pas chercher à avoir forcément une explication. C’est un exercice difficile car nous sommes souvent en quête de sens ou de révélations fracassantes. Mais Tokyo Kaido ne s’embarasse pas d’explications et encore moins de réponses claires.
Si vous aimez les ambiances étranges, bizarres et curieuses vous êtes au bon endroit. Par contre, si vous avez envie d’un manga clair où tout trouve un sens à la fin, passez votre chemin. C’est ce qui n’a pas marché pour moi, j’ai été déçue de ne pas comprendre ni trouver de réponses par moi-même. Par contre, j’ai adoré toutes les planches de ce manga atypique. Les dessins de Minetaro Mochizuki sont d’un réalisme exceptionnel. C’est du grand art, et chaque trait est d’une précision remarquable.
A découvrir si l’on est fan de mangas et d’étrange. Mais surtout, ne cherchez pas les réponses, mais plutôt une atmosphère. A réserver aux amateurs pointus de manga (dont je ne fais point partie je crois). Je retenterais ma chance avec Chiisakobé, qui m’a l’air plus classique dans l’intrigue, le travail de Minetaro Mochizuki mérite une seconde chande à mes yeux.
Et bravo aux éditions du Lézard Noir pour leur travail exceptionnel. Chaque nouvel ouvrage qui sort chez eux est un bijou de fabrication (choix du papier, format plus grand qu’un manga normal, couvertures soignées et solides… ).