Chronique YA : Dragonfly Girl

Le nom de Marti Leimbach vous dit peut-être vaguement quelque chose ? C’est possible puisque l’autrice a déjà sorti un livre en France, intitulé Le choix d’aimer. Il y en a même eu une adaptation cinématographique en 1992. Avec Dragonfly Girl, elle nous propose un roman YA renversant et original qui est une véritable ode aux sciences… et à l’art du contournement.

Un prix gagné de façon illégitime

Kira est une lycéenne surdouée qui tente de survivre dans son difficile quotidien. Elle vit seule avec sa mère atteinte d’un cancer, et la vie est difficile. Ne travaillant pas, la mère de Kira accumule les dettes pour ses soins ou même pour de simples courses… A tel point qu’elle doit une belle somme a des personnes peu recommandables.
Mais heureusement (ou pas), Kira a un don incroyable : elle a la fibre scientifique dans l’âme. Grâce à sa seule ténacité et son intelligence, elle a réussit à remporter un prestigieux prix qu’elle doit récupérer en Suède (non ce n’est pas le Nobel !). Mais pour cela, elle doit mentir sur son âge et son parcours professionnel encore inexistant. Ce qu’elle n’hésite pas à faire, car en plus de la renommée, le prix et accompagnée d’une généreuse dotation pouvant effacer les dettes médicales de sa mère.

Mais Kira a beau être d’une intelligence remarquable, elle n’arrive pas à passer assez inaperçue, et son travail ainsi que ses découvertes vont éveiller l’attention de personnes extrêmement dangereuses…

Ne vous fiez pas aux apparences !

La première fois que j’ai vu la couverture de Dragonfly Girl, j’ai cru qu’il s’agissait d’un texte de romantasy : une jeune fille portant une belle robe éthérée, le terme de Dragonfly (qui veut dire libellule en anglais) qui a une connotation un peu féérique… C’est vrai qu’il y a quand même ce couloir sombre et bien glauque en arrière plan dont on ignore la teneur.
En réalité, on ne sait pas trop où on met les pieds en regardant cette couverture, mais à aucun moment on ne pense que ça va traiter de sciences ! Et quand je dis que ça parle de sciences, ce n’est pas un thème de fond qu’on ne voit que durant quelques pages, non, ce roman ne parle QUE de sciences, et de façon passionnant qui plus est !

Vous pouvez voir à droite la couverture américaine, qui est selon moi beaucoup trop austère. Alors, oui cette fois-ci on comprend qu’il y a des sciences, mais d’un point de vue esthétique je passe mon tour. N’y avait-il pas un moyen de réaliser une couverture qui fasse comprendre d’un regard que l’on va parler de sciences avant tout et que la romance n’est que très secondaire dans tout cela ? La couverture française donne l’effet inverse avec une jeune fille glamour et aucun indice sur la partie scientifique du roman. C’est très dommageable car je pense que beaucoup de lecteurs.ices potentiels n’ont pas trop compris ce dont il était question (comme moi). Et je crains que cet excellent roman n’ait pas trouvé son lectorat à cause d’un problème de couverture…

Mais alors, qu’en est-il de l’intrigue ? L’histoire de Kira est passionnante. Oui, elle est douée et même plus que cela, mais ce que j’ai aimé dans Dragonfly Girl, c’est que l’on découvre les dessous du travail en laboratoire. Kira ne fait pas plupart du temps que très peu d’expériences, elle est confinée aux tâches ingrates telles que nettoyer les paillasses, s’occuper des animaux qui vont faire l’objet d’expériences et donc peut-être mourir, et surtout apprendre de nombreux process. Car non, le travail de recherche n’est pas aussi sexy qu’on pourrait le croire au premier abord. Il y est surtout beaucoup question de protocole, d’expériences à faire, et refaire pour prouver qu’elles fonctionnent. Et dans ce roman, c’est tout cela que l’on découvre et plus encore !

La partie des interactions entre les personnages est elle aussi primordiale. En effet, Kira est extrêmement peu appréciée par certains de ses nouveaux collègue au vu de son très jeune âge. Toutes les basses-oeuvres lui sont dédiées, mais également les répliques cinglantes, la jalousie sous-jacente, etc. J’ai trouvé cette partie très intéressante car elle nous montre une héroïne extrêmement normale mais résiliente car motivée par son amour des sciences et bien entourée.
Et pour celleux qui se demandent, oui, il y a bien une romance, mais elle est si peu nécessaire à l’intrigue qu’il ne faut pas lire Dragonfly Girl pour cela.

Oui, Dragonfly Girl traite avant tout de sciences et de découvertes majeures que l’on pourrait faire d’ici quelques décennies (ou certaines existent peut-être déjà…), mais l’ouvrage est plus fin que cela. Il parle surtout de comment une découverte scientifique majeure pourrait être manipulée, changée, dénaturée par de mauvaises personnes. Comment la politique se mêle à la science, neutre par nature, comment l’argent et les menacent réussissent à corrompre absolument tout. Ce roman, c’est tout cela est bien plus !

Alors, faut-il lire Dragonfly Girl ? Pour moi c’est un immense oui, un énorme coup de cœur totalement imprévu comme on aime en avoir. Passez outre cette couverture et plongez dans un roman 100% scientifique qui réussit à sortir de certains clichés… et ce jusqu’à la fin ! Marti Leimbach s’est énormément documentée pour ce roman, et elle donne d’ailleurs ses nombreuses sources en fin d’ouvrage, c’est passionnant et donne envie d’en savoir plus ! Dès 14 ans.

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