Archives de l’auteur : Laura

Chronique : Le testament de Jessie Lamb

Le testament de Jessie LambUn roman d’anticipation choc où notre société est changée à tout jamais par un virus aux effets dévastateurs…

Premier ouvrage de Jane Rogers à paraître en France, Le testament de Jessie Lamb est un roman qui a remporté le prestigieux prix Arthur C. Clarke en 2012. Il est sorti en janvier dernier aux éditions Presses de la Cité. Jane Rogers enseigne l’écriture romanesque à l’université de Sheffield et écrit régulièrement pour la télévision ainsi que la radio.

Plus qu’un simple roman d’anticipation, Le testament de Jessie Lamb soulève des questions dérangeantes, mais qui sait un jour peut-être nécessaires ? Entre apocalypse sociale et pandémie, bienvenue dans le futur proche, celui de Jessie Lamb.

Une pandémie qui remet l’existence de l’humanité en question

Un jour arriva le SMM : le Syndrome de Mort Maternelle. Tuant toutes les femmes enceintes en quelques jours à peine sans espoir de guérison, le SMM est fulgurant et les solutions pour l’éradiquer vont vite faire polémique à l’échelle mondiale.

C’est dans ce contexte de fin du monde sans espoir de voir venir une nouvelle génération d’hommes et de femmes que Jessie Lamb commence son testament. Fille de chercheur, elle sera aux premières loges et connaîtra les avancées les plus à la pointe pour lutter contre le SMM… mais ces dernières y parviendrons-t-elles ?

Le testament de Jessie Lamb VOUn roman politique, polémique et par-dessus tout terrifiant

Si l’on essaye une seule seconde de s’imaginer ce à quoi ressemblerait le monde si un tel virus se propageait, la réalité ne serait pas loin de ce que décrit Jane Rogers. Que ce soit en termes de politique, de religion ou encore de déontologie, l’auteur n’oublie absolument aucune variable…

Ce roman catastrophe est terriblement bien pensé : des sectes qui profitent de la panique mondiale en passant par des combats idéologiques où des jeunes filles deviennent instrumentalisées… il est difficile de dénouer la notion de bien de celle de mal.

En effet, les solutions trouvées pour palier au SMM sont absolument terrifiantes : utiliser les femmes comme réceptacle… transformées à l’état de légume, elles sont maintenues en vie artificiellement le temps que l’enfant naisse. Ces femmes qui donnent naissance et se sacrifient sont vite nommées les Sleeping Beauty (Belle au Bois Dormant). Mais la solution est loin d’être parfaite : les enfants issus des Sleeping Beauty sont eux aussi atteints du SMM… Alors cette cause est-elle la bonne à embrasser ou y a-t-il d’autres solutions à envisager ?

C’est ainsi que Jessie Lamb, une adolescente ordinaire commence à se poser de nombreuses questions sur l’avenir du monde. Comment évoluera la société dans un avenir proche alors que sont taux de natalité et de mortalité n’ont jamais étés aussi catastrophiques ? Jessie peut-elle contribuer à améliorer l’avenir de l’humanité à sa simple échelle ?

Le testament de Jessie LambExcellent mais crispant

Le testament de Jessie Lamb est un très bon roman : il se dévore et fascine à tel point que cela en devient morbide. Tout le récit est écrit du point de vue de Jessie, dont on voit le cheminement des pensées évoluer au fil des jours, puis des semaines. Quand son récit commence, elle est enfermée, séquestrée, pour une raison que l’on ignore. Mais au fil du récit, on commence à comprendre pourquoi elle est dans une telle situation…

Et vous, que feriez vous si le monde s’effondrait inexorablement autour de vous ? Prendriez-vous un nouveau départ ? Vous enfuiriez-vous ? Voudriez-vous devenir une Sleeping Beauty ? Ou faire tout ce qu’il vous plaît avant de voir l’humanité disparaître ?

 ….

En conclusion : ce récit est à marquer d’une pierre blanche : marquant à tous points de vue, il mérite le prestigieux prix qui lui a été remis. On y découvre les facettes les plus sombres et insoupçonnées de l’humanité face à sa propre déchéance… et elles ne sont pas belles à voir.

Le testament de Jessie Lamb est un roman dur et percutant qui plaira certainement aux amateurs d’apocalypses sociales. A lire dès l’âge de 16 ans environ. Cette chronique a été rédigée pour le site ActuSF.

Chronique : Le Pacte – Tome 1 – Vengeance

Le pacte 01Jusqu’où sont-elles prêtes à aller pour venger leur image bafouée ?

Le pacte est une trilogie parue aux éditions Panini dans la collection Scarlett. Les auteurs de cette série pour ados sont toutes deux reconnues pour leur travail d’écrivain.

La première est Jenny Han, l’auteur de la série L’été où je suis devenue jolie (Wiz) qui fut un succès. La seconde est Siobhan Vivian, une auteur que nous ne connaissons en France que pour un seul roman, mais qui a su faire parler de lui : La liste (Nathan). Les deux auteurs se sont connues au lycée, à New York. Elles possèdent toutes deux un master en écriture créative. Le Pacte est leur premier travail à deux plumes.

A Jar Island, tout n’est pas aussi beau et calme qu’on pourrait le croire

Bienvenue sur une petite île : Jar Island. Il n’y a guère d’habitants en dehors de la période touristique, les gens qui y vivent de façon permanente se connaissent presque tous et sont pour la plus grande part très aisés financièrement… C’est ici que nous faisons la connaissance des trois narratrices du roman : Lillia, Mary et Kat. Toutes trois sont au lycée et elles ne le savent pas encore, mais elles vont conclure un marché qui les servira chacune tour à tour…

Lillia et Kat se connaissent mais ne se côtoient pas vraiment. Mary est quant à elle nouvelle sur le campus. Elle a tout fait pour terminer sa scolarité au lycée de Jar Island et n’y connaît personne… excepté une personne, et c’est pour elle qu’elle est venue.

La vengeance est un plat qui se mange froid

Par un concours de circonstances qui relève du hasard, les trois jeunes filles vont ainsi se venger ensemble de trois personnes. Certaines sont leurs propres amis, mais le pacte ayant été conclu, chacune aidera l’autre à réaliser sa revanche…

Une jeune fille harcelée depuis des années qui a du suivre de longues séances psychologiques pour s’accepter, une qui veut venger l’honneur de sa petite sœur et enfin une qui veut faire plonger celle qui sème des mensonges sur elle depuis trop longtemps. Voilà le portrait des trois jeunes filles qui ont conclu le pacte.

Mais que vont-elles faire ? Jusqu’où veulent-elles pousser leur vengeance pour se sentir enfin libérées ? Leurs actes seront-ils à la hauteur de ce qu’elles ont subit ou pire encore ?

Entre la chick-lit et le thriller

Vengeance est un premier tome qui se lit très rapidement (d’autant que le corps des mots y est très gros). Chaque chapitre est centré sur l’une des trois adolescentes et écrit de leur point de vue : nous y retrouvons leur quotidien, découvrons leurs amis ainsi que leur passé. Les liens qui apparaissent entre tous les personnages se densifient au fur et à mesure de l’intrigue, rendant sa dimension plus intéressante mais également plus complexe (il arrive parfois que l’on confonde certains personnages).

Tout la cruauté du monde de l’adolescence avec ses amitié qui se font et se défont est retranscrite avec réalisme. On y retrouve des dialogues piquants, des scènes de la vie quotidienne au lycée qui sont relativement réalistes… Le tout étant au final réussit.

Le mélange entre suspense et littérature très féminine (on y parle beaucoup vêtement, look et apparences) est bien dosé. Les auteurs on su rendre le tout intéressant sans tomber dans les écueils de la chick-lit et en montant peu à peu la tension… Il y a également une interrogation que l’on peut soulever après lecture du premier tome, bien que les éléments soient extrêmement ténus : y a-t-il du fantastique dans la série Le Pacte ? La réponse n’est pas encore ici.

 ….

Alors que penser de ce premier tome ? Loin d’être introductif, il nous plonge rapidement dans l’action. Les héroïnes vengeresses ne sont pas toutes attachantes de la même manière, celle attirant le plus d’empathie étant selon moi Mary. Les deux autres sont plus dans le stéréotype de la jeune fille belle et méchante et se révèlent moins. Vengeance ainsi est un bon roman qui donne très envie de découvrir toutes les intrigues qui se trament sur Jar Island. En effet, on attend tout de même une montée en puissance sur tous les plans, même si le chapitre final est efficace. Affaire à suivre avec Mensonges, le second tome de la série.

EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Divergent – Tome 1

Divergent 01 tie inUne dystopie originale et efficace qui va vous rendre addict !

Premier tome d’une trilogie écrite par Veronica Roth, Divergent est paru en France à la fin de l’année 2011. En avril 2014, la série revient plus que jamais sur le devant de la scène avec une adaptation cinématographique. En France, le troisième tome paraîtra en mai prochain.

Mais qu’est-ce que Divergent ? Il s’agit d’une dystopie se déroulant dans une version futuriste de Chicago. Depuis quelques années déjà, la mode est à la dystopie, mais plus que cela, ce genre littéraire remet en question de façon constante notre monde actuel ainsi que son futur incertain. Avec Divergent, ça n’est pas un énième ersatz d’Hunger Games auquel vous aurez affaire, mais à une série intelligente qui séduira aussi bien les adolescents que les adultes.

Cinq factions pour un seul choix irréversible

Quand débute le roman, nous suivons Béatrice, au seuil de sa majorité. Elle va devoir choisir sa faction définitive, sans retour en arrière possible. Ce passage à l’âge adulte est commun à tous les adolescents des cinq factions qui composent la ville : les Altruistes, les Audacieux, les Fraternels, les Érudits et les Sincères.

Pour ce faire, chaque adolescent subit un Test qui les aidera à déterminer la faction pour laquelle ils sont le plus à même de s’adapter. Tris est ainsi issue des Altruistes, mais son Test l’aidera à faire un choix définitif : restera-t-elle Altruiste ou le Test lui révèlera-t-il une autre possibilité ?

Divergente : voilà ce que révèle l’issue du test. Béatrice est une personne dont la personnalité ne la détermine pas plus dans une faction que dans une autre… la personne qui lui a fait passer le Test lui fait comprendre qu’elle ne doit jamais évoquer ce mot à qui que ce soit. Pourquoi ? Nous n’en savons pas plus que Béatrice, livrée à elle-même, sans personne à qui se confier sur sa singulière condition… Vient alors la cérémonie du choix de la faction pour elle et son frère…

Divergent 01 blastUne écriture et un contenu sans aucun temps mort

La grande force de Divergent réside dans son savant dosage entre action et révélations en tout genre. Que cela soit sur le système qui fonde la société de ce Chicago du futur ou sur le fonctionnement interne des factions, tout est intéressant. De même que ce grand mur qui protège la ville de l’extérieur… mais de quoi ? Il ne semble ne rien y avoir au-delà…

La Béatrice que nous découvrons au fil du récit se révèle à elle-même : changement d’attitude, de personnalité… l’évolution est douce, mais visible. On se surprend à être happés par des scènes qu’il devient impossible de couper en pleine lecture tant le récit nous tient.

Dès son choix définitif de faction, elle change son prénom en Tris. C’est la seule Altruiste parmi les nouvelles recrue de la faction qu’elle s’est choisie, et très vite elle va se faire des ennemis malgré elle. Cette tension palpable entre les différents groupes à l’intérieur du groupe retranscrit très bien le stress que subit Tris et le peu d’amis qu’elle s’est fait.

On se retrouve dans un monde cruel, compétitif, où seuls les meilleurs (ou les plus vicieux) auront droit à une véritable place dans la faction qu’ils se sont choisis. Pour les perdants, ils finiront sans-faction : à la rue et sans travail fixe ni revenus, personne ne veux tomber au plus bas de l’échelle sociale : la lutte sera donc féroce. Ces moments de compétitions permanente et à différents stades du récit sont les plus accaparants et efficaces.

Un univers cohérent et surtout addictif

Plus nous avançons dans le récit et plus les questions s’accumulent sans nécessairement trouver de réponses. Mais qu’à cela ne tienne, nous sommes maintenant embarqué dans la saga Divergent et il est impossible d’en ressortir. L’écriture, très vivante et cinématographique est effectivement parfaite pour une adaptation sur grand écran. Une fois plongés dans l’intrigue, Veronica Roth sait nous envoyer les images de cet univers post-apocalyptique qu’elle s’est créé.

Enfin, on appréciera également un autre élément de l’histoire : il y a une histoire d’amour bien construite, pas niaise pour un sou.

….

La conclusion concernant Divergent est bien simple : ce livre est une tuerie. Efficace, bien construit et nous maintenant constamment sur le fil du rasoir, on en redemande ! Dès 14 ans environ. Pour ceux qui aiment les univers post-apocalyptiques sombres et beaux, n’hésitez pas une seconde.

La bande-annonce de la très bonne adaptation cinématographique de Divergent :

Chronique : La Symphonie des Abysses – Tome 1 – La partition d’Abrielle

La symphonie des abysses 01Un univers magnifique et original en paradoxe total avec ses lois

Dernier roman en date de l’auteur française Carina Rozenfeld, La Symphonie des Abysses et le premier tome de ce qui devrait constituer une duologie. L’ouvrage est paru en février 2014 dans la collection R.

Avec ce nouveau récit, l’auteur traite à nouveau (après Phaenix) une thématique qu’elle affectionne tout particulièrement : la musique, mais aussi l’affirmation et l’émancipation de soi.

Elle a déjà écrit de nombreux romans fantastiques mais essaye toujours de renouveler son genre : romance, fantasy, fantastique, voyage dans le temps… Avec La Symphonie des Abysses nous sommes confronté à une société aux règles totalitaires qui semble évoluer dans notre futur, mais difficile d’en savoir plus tant le voile est pesant sur ce nouvel univers.

Article 2 : Il est interdit de chanter, d’écouter, ou de faire de la musique

Cette règle simple est facile à respecter pout les habitants de l’atoll, sauf pour la jeune Abrielle, forcée de contenir des chants qui la dépasse elle-même. Sans cesse tentée de chantonner et de murmurer des notes, cette dernière vit très mal l’article 2 du règlement, surtout depuis la disparition mystérieuse de son père.

Mais à la moindre incartade, c’est la mort garantie ; Article 3 : Quiconque se livrera à ces activités illicites sera mis à mort. Aussi Abrielle contient-elle son besoin de chanter autant que possible en espérant qu’elle ne faillira pas. Faisant sa part des tâches quotidiennes nécessaires à la communauté et parlant peu, la jeune fille se sent de plus en plus prisonnière… et ça n’est pas le mur gigantesque qui entoure l’atoll qui lui donne cette impression, mais bien ces lois aussi étranges qu’injustes…

Un roman qui fait l’éloge de la force de caractère et de la remise en question

Faut-il suivre aveuglément des lois qui n’ont pas de sens ? Ou qui sont obsolètes ? Peut-on s’affirmer sans que cela ne soit au détriment de la communauté ? Toutes ces questions, Abrielle se les pose de plus en plus… mais elle n’est pas la seule. En effet, le roman se découpe en deux « partitions », celle d’Abrielle, puis celle de Sand et de Cahill, dont je ne parlerais guère sous peine de vous gâcher une bonne partie du plaisir de lecture.

De l’époque à laquelle se déroule le roman, nous n’en savons rien sinon qu’il y a eu une « pluie de Lune », en effet, le satellite est depuis scindé en deux parties, le reste s’étant écrasé sur la Terre. L’image de cette Lune détruite est l’une des plus belles et des plus prégnantes du roman avec cette fameuse symphonie qui se retrouve dans tout ce qui est vivant.

Sans être clairement définie, nous savons que la Symphonie des Abysses est une sorte de mélange de chants que certains ont la chance d’entendre – comme Abrielle – ce qui fait d’elle une réminiscente et la met en danger.

Des thématiques de société traitées avec originalité

Carina Rozenfeld s’est lancé avec La Symphonie des Abysses dans un genre littéraire auquel elle ne s’était pas encore essayée : la dystopie (du moins, nous en avons quelques indices). Elle en profite pour faire passer des messages on ne peut plus actuels tels que la différence et l’acceptation de cette dernière par les autres.

La question de l’identité sexuelle est également abordée d’une façon extrêmement inattendue et originale qui m’a fascinée. Encore une fois, l’auteur réussit à faire montre d’imagination et nous surprend là où l’on ne l’attend pas. C’est réussi et bien pensé.

 ….

En conclusion, ce premier tome est une vraie réussite, on retrouve l’inventivité si reconnaissable de Carina Rozenfeld. L’atoll et son utilité ne sont toujours pas définis à la fin du roman, nous laissant encore plus perplexe qu’au début. Quel est l’intérêt de ce mur électrifié ? Pourquoi ces règles absurdes ? On ne peut que spéculer joyeusement sur les nombreuses possibilités de scénarios, mais pour avoir des réponses à nos questions, il faudra patienter jusqu’à novembre 2014… En tout cas n’hésitez pas un seul instant à vous lancer dans cette nouvelle aventure bien menée !

Chronique : Le riz

Le rizQuand toute la vie d’une famille ne dépend que d’une chose : une bonne ou une mauvaise récolte

Paru en Malaisie en 1966, ça n’est qu’en 1987 que Le riz, écrit par Shahnon Ahmad et traduit par Nicole Biros paraît en France aux éditions Actes Sud. Il s’agit du seul roman de l’auteur paru en France bien que sa production soit très importante. Selon la traductrice, Shahnon Ahmad est un auteur qui affectionne tout particulièrement les microcosmes sociaux et apporte une attention particulière à la psychologie de ses personnages. Il est l’auteur de plus d’une dizaine de romans sans compter ses essais et est professeur de littérature à l’université.

Le riz est un roman qui fut adapté au cinéma sous le titre Rice People en 1994, traduit en français sous le titre Les gens de la rizière. Bien que le livre soit d’origine Malaisienne, le film lui est issu d’une production Cambodgienne.

Bienvenue dans l’enfer quotidien des belles et dangereuses rizières

Notre histoire se déroule dans un petit village de Malaisie où tout le monde se connait et s’entraide. Nous y suivons la famille de Lahuma et de sa femme Jeha, composée de six filles. C’est donc une grande fratrie qu’il faut nourrir au quotidien, sans compter qu’il doit rester du riz pour en revendre une partie… Ainsi sommes-nous initiés aux problématiques qui taraude jour et nuit Lahuma, le chef de famille.

Mais la récolte de la précieuse denrée n’est pas aussi simple qu’il y paraît au premier abord pour nous, simples lecteurs. Tout peut être un facteur de mauvaise récolte : les oiseaux voraces qui dévorent le riz, les crabes qui deviennent amok (fou en Malaisien) et coupent les tiges, les inondations qui menacent les jeunes pousses…

C’est tout un quotidien uniquement axé nuit et jour sur la récolte qui nous est ici décrit dans toute sa lenteur. Lahuma et sa famille ne vivant que pour et grâce au fameux riz. Le moindre imprévu pouvant tout détruire… Ils sont tous si effrayés par le futur qu’ils en oublient la beauté de la nature qui les entoure, et pour cause.

Une vie faite de simplicité qui nous force à la mise en perspective

Ce riz si précieux et son coût, voilà ce que veut nous montrer Shahnon Ahmad. Sans misérabilisme, mais avec la constatation des dures lois de la nature qui s’accumulent contre les agriculteurs. La peur de faire une mauvaise récolte nous atteint nous aussi tant elle est ancrée dans les personnages de Lahuma et de Jeha. Si la récolte n’est pas bonne, leurs filles seront également moins bonnes à marier, ils ne pourront pas non plus améliorer leur quotidien déjà bien pénible…

Mais le drame qui déclenche réellement l’histoire arrive par une banale mais dangereuse épine qui perfore l’un des pieds de Lahuma. Le fonctionnement interne de sa famille va en être bouleversé et faire mûrir plus vite que prévu ses plus grandes filles.

Une narration lente mais pas fastidieuse

La narration de Shahnon Ahmad est rythmée aussi lentement que le riz qui pousse tout au long du roman. Mais loin d’être ennuyeux, on prend plaisir à chaque nouveau détail du quotidien difficile mais aussi parfois heureux de cette famille Malaisienne. Les romans asiatiques ont souvent cette particularité de rester passionnants tout en étant dans le contemplatif, l’attente. Et c’est ainsi que nous suivons l’évolution du personnage à part entière qu’est le riz, dans toute sa simplicité et les attentes que les habitants mettent en lui.

 …..

Pour conclure, ce récit est une belle et terrible description du quotidien on ne peut plus terre à terre de nombreux paysans. Intemporel, le roman pourrait aussi bien se dérouler de nos jours qu’il y a cinquante ans, tant la pauvreté n’a guère changé les habitudes de récolte des moins dotés. Mais le pire dans tout cela, c’est que la traductrice du roman nous dit dans la postface de quelques pages que la famille de Lahuma est loin d’être la plus pauvre comparée à d’autres… cela nous donne de quoi réfléchir !

Le riz est un beau roman, à la fois tendre, dur et surtout très humain dans sa façon de décrire avec efficacité les traits de chaque personnage, qui sont très peu nombreux. Il ne plaira pas à tout le monde à cause de son rythme lancinant, mais de mon avis, il vaut que l’on s’y intéresse, ne serait-ce que pour découvrir une autre culture, un autre mode de vie…

AUTEUR :
GENRE : Littérature
EDITEUR : ,
TRANCHE d´ÂGE :

Actualité éditoriale : Les nouvelles parutions de la collection Macadam !

Au programme pour les mois d’avril, mai et juin prochain, la collection pour adolescents de chez Milan a concocté de belles nouveautés pour les lecteurs. De l’anticipation, du thriller psychologique, du roman social et du fantastique… un beau programme s’annonce ! Voici notre sélection des titres qui ont attisé le plus notre intérêt dans la collection Macadam.

Atlantide 01 le code perduAtlantide – Tome 1 – Le code perdu de Kevin Emerson :

Bienvenue sur notre Terre, dans un futur lointain, en 2086. Brûlée et détruite par les radiations solaires, tout ce que nous connaissions de notre belle planète n’existe plus… Mais il reste encore les biodômes, réservés à quelques rares chanceux dont va faire partie notre héros, Owen.

La série Atlantide est une trilogie traduite de l’américain qui vient tout juste de paraître chez Macadam le 9 avril dernier. Le dernier tome de la série arrivera d’ailleurs aux États-Unis le 26 août 2014. Cette nouveauté dont l’histoire prend un départ classique semble toutefois prometteuse. Espérons que le traitement de cette série d’anticipation sera intéressant et même fascinant ! Affaire à suivre bientôt sur le site par le biais d’une chronique.

Quatrième de couverture : L’action se passe dans un futur lointain. Owen a été sélectionné pour aller à Eden West, l’un des biodômes dans lesquels on peut vivre comme avant. Avant que le soleil ne devienne un ennemi mortel et que des millions d’humains ne meurent à cause de ses radiations. Pour lui, qui a toujours vécu sous terre, c’est une expérience formidable. II se fait vite de nouveaux amis : Lilly, Evan, Alyah et Marco. Ensemble, ils découvrent qu’ils ont été cryogénisés avant la grande catastrophe qui a rendu la Terre inhospitalière.

Mais Owen se révèle être plus que ça. Des visions le mettent sur la piste des Atlantes, un groupe d’humains dotés de super-pouvoirs, à qui il est relié. Les Atlantes avaient découvert un immense secret de l’Univers et réussi à plier la nature à leur volonté, provoquant ainsi une grande catastrophe qui avait failli mener le monde à sa perte. Aujourd’hui, des humains sont sur le point de redécouvrir ce grand secret et de l’utiliser dans le même but…

L'élite 01 RésilienceL’élite – Tome 1 – Résilience de Joëlle Charbonneau

Attention, futur succès, en tout cas le résumé est très accrocheur et nous fait déjà très envie ! Le livre arrive en librairie le 14 mai prochain. A situer entre le thriller et le roman d’anticipation, des adolescents doivent passer Le Test, une épreuve qui définira leur avenir et qui fera d’eux des personnes mortes ou vives…

Le résumé du roman fait penser à un croisement entre Divergent et Nox où la culture n’est réservée qu’à une élite (pour le côté Nox d’Yves Grevet). Pour le côté faisant penser à Divergent, c’est surtout la phase psychologique et vitale du Test qui nous évoque cette série maintenant bien connue.

Pour ne pas vous en révéler (beaucoup) trop sur l’intrigue de cette nouvelle série, j’ai pris la liberté de tronquer la quatrième de couverture du roman, il serait dommage de se gâcher la surprise ! Le livre est à paraître le 14 mai prochain en France.

Aux États-Unis, la série s’intitule The Testing, et oui malgré un nom très francophone, Joëlle Charbonneau est américaine ! Il s’agit d’une trilogie. Les couvertures américaines sont très belles mais ressemblent beaucoup à ce qui se fait en ce moment en terme de couvertures de romans dytopiques (un logo accrocheur en guise de couverture) : Legend, Hunger Games, Divergent… La couverture française est pour le coup très différente et intrigue à sa façon. Pour patienter, voici ci-dessous la quatrième de couverture de ce premier tome.

L'élite 01 The TestingQuatrième de couverture : La Terre ne ressemble plus à la planète sur laquelle nous vivons. Les Sept Guerres en ont détruit la quasi-totalité, et les hommes essaient de la reconstruire. C’est dans cet environnement que vivent Cia et sa famille. À 16 ans, la majorité des adolescents doivent trouver un travail. Les autres, l’élite, sont choisis pour le Test. L’épreuve suprême. Un test ultime qui promet l’entrée à l’université pour les gagnants. Ou plutôt pour les survivants… Cia et trois autres jeunes de sa promotion sont choisis pour participer au Test.

Mais son père, qui a eu la chance de faire des études supérieures, la met en garde : aucun de ceux qui ont passé le Test ne se souvient de cette expérience ; par contre, tous font des cauchemars très violents qui semblent aussi très réels… Dès le début du Test, Cia comprend qu’elle ne peut faire confiance à personne…

On a hâte !

Et puis aprèsEt puis après ? de Katie Williams

Paru aux États-Unis en mai 2013, le titre original de ce one-shot est Absent. Entre le thriller et le récit fantastique, nous suivons les pas du fantôme d’une adolescente tombée du toi du lycée pour une raison inconnue… à elle de mener l’enquête !

L’argumentaire est court mais il sait attiser l’intérêt du potentiel lecteur, c’est donc avec impatience que nous attendons de découvrir la teneur de ce roman pour adolescents à la fois psychologique et policier. L’histoire n’est pas sans rappeler un autre roman où l’intrigue de départ était semblable : il s’agit de Reste avec moi de Jessica Warman dans la collection Territoires. Quoi qu’il en soit Et puis après ? est à paraître le 4 juin prochain en France, et on a hâte d’en lire les lignes !

Quatrième de couverture : Ce jour-là, un terrible accident se produit au lycée : Paige chute du toit. Un terrible et incompréhensible accident. Dès lors, Paige est contrainte d’investir les lieux sous l’apparence d’un fantôme. Très vite, une rumeur la concernant se propage parmi les lycéens : Paige s’est suicidée. Paige sait que c’est faux. Par tous les moyens, elle va devoir rétablir la vérité…

Concours : Trouvez et remportez un exemplaire du premier tome de Typos

Typos logoLa Bibliothèque de Glow a le plaisir de vous faire participer au concours Typos, en partenariat avec les éditions Flammarion (Lien vers le site Flam Like You de Flammarion présentant le concours). L’idée est très simple : avec des coordonnées satellitaires, vous pouvez remporter l’un des exemplaires caché de Typos tome 1 – Fragments de vérité ! Ce principe à la mode est simple et s’appelle le géocaching.

Typos 01Si vous acceptez cette mission de géolocalisation, voici les instructions :

  • Vous devez trouver l’ouvrage à l’aide des coordonnées satellites suivantes : N 48°50’48.102″ et E 2°17’34.926″. Pour vous aider, vous pourrez convertir ces cordonnées en adresse (dans la case DMS) grâce au site gps france.
  • Vous voulez un indice ? C’est un lieu parfait pour y trouver de la culture…
  • Une fois sur le lieu de la cachette, vous devrez vous prendre en photo avec le livre (n’hésitez pas à le demander aux vendeuses, elles sont briefées !).
  • Noter ensuite le code en rouge qui est indiqué sur la première page du roman.
  • Envoyer votre photo ainsi que le code rouge et vos coordonnées (nom + prénom + adresse postale) par mail à l’adresse flammarion.jeunesse@gmail.com
  • Important : Laisser l’ouvrage sur place afin de laisser une chance aux autres participants de gagner un exemplaire !

Vous avez trouvé les coordonnées du livre mais il est trop loin pour vous ? Pour ceux n’habitant pas dans la région où se cache le livre lié au blog, tentez votre chance sur d’autres blogs dont les adresses sont ci-dessous :

Typos déco

Chronique BD Jeunesse : Zita la fille de l’espace – Tome 1

Zita fille de l'espace 01Sauver une planète malgré soi ? Pas de problème, Zita est là !

Paru dans la toute nouvelle maison d’édition spécialisée en bande-dessinées nommée Rue de Sèvres, Zita fille de l’espace est un ouvrage alliant humour et science-fiction pour la jeunesse. Écrite par l’américain Ben Hatke, la série en est au second tome Outre-Atlantique, le troisième étant prévu là-bas pour mai 2014. L’auteur est un fan de jeux de rôle et de robots, et ça se voit… !

Quand un portail spatio-temporel s’ouvre, tout peut arriver !

C’est en tout cas ce que Zita et son ami Joseph vont découvrir à leur frais. Alors qu’ils se baladaient tranquillement, ils découvrent un bouton-poussoir rouge et évidement, la tentation d’appuyer dessus est grande… et c’est ce que Joseph fait !

C’est alors qu’un portail s’ouvre et que des tentacules s’emparent de Joseph… Zita, va alors tout faire pour retrouver son ami, peu importe où il est, elle est prête ! Ainsi débute une folle aventure où la moindre des choses sera de garder son sang-froid face à la découverte d’une autre planète et des monstres qui l’habitent.

Zita inside 01bOpération libérer Joseph en marche

Zita est perdue, mais elle va vite se faire des amis en la « personne » d’une souris géante très amicale, d’un bonhomme fait dont ne sait quoi très costaud qui s’appelle… Gros Costaud, ou encore d’un robot aux humeurs aussi étranges que drôles qui ne comprend pas l’humour.

Si l’on devait résumer en deux mots l’univers de Zita, ce serait absolument charmant. Le dessin de Ben Hakte est mignon au possible et quasiment toutes les créatures qu’il a créés ont un potentiel d’attachement énorme.

Même le robot rond qui n’est pas spécialement beau est attachant avec ses expressions et ses paroles. De même pour le personnage de Gros Costaud et d’autres créatures qui n’ont pas de nom, mais dont on aimerait bien croiser la route en vrai et les adopter de suite !

Et surtout, la traduction est très bien assurée par Basile Béguerie, qui a réussi à créer une façon de parler propre à chaque personnage. Un parlé un peu bourru pour Gros Costaud, un ton caustique et froid pour le robot N°1… et ça fonctionne à merveille. Mais plus que simplement mignon, l’ouvrage nous raconte plusieurs histoires : en plus de celle de Zita qui cherche à sauver Joseph, c’est également l’histoire d’une planète en voie d’extinction toute entière que l’on découvre.

Mais à qui s’adresse donc Zita fille de l’espace ? Pas uniquement aux garçons parce que c’est de la science-fiction ! Les garçons et les filles se retrouveront parfaitement dans cet ouvrage. Pourquoi cela ? Parce qu’il y a de tout : de l’aventure, du suspense, une héroïne et un héros (un peu plus en retrait, mais un héros tout de même), de l’humour à foison, de belles illustrations et du rythme. Le fait que le lecteur soit une fille ou un garçon n’enlève rien à l’intérêt de cette histoire.

Alors si vos enfants aiment les quêtes initiatiques, les aventures et les bestioles en tout genres, cette bande-dessinée est faite pour eux. Zita la fille de l’espace peut également servir de première lecture à partir de la fin du CP en raison du peu de texte et du graphisme accessible de l’ouvrage.

Zita inside 01

Chronique : L’Enfant Nucléaire (Pica Morfal Boy)

L'enfant nucléaireUn roman choc aussi fascinant que dérangeant qui mérite le détour

Écrit par l’auteur belge Daph Nobody, L’Enfant Nucléaire est son second roman, paru en 2012 dans la collection Exprim’. Il avait précédemment écrit Blood Bar dans la même collection en 2009.
Ce roman fait partie des récits inattendus qui nous tombent parfois dessus et qui se transforment en indispensables.
L’Enfant Nucléaire est un inclassable pourra en choquer certains et même déplaire tant tout ce qu’il y a de moche en ce monde y est condensé, mais il est également d’une originalité et d’une lucidité rares.

Pica : Appétit morbide pour des substances non comestibles

Avant de commencer le roman, nos yeux tombent sur cette définition d’un mot que nous n’avions jamais croisé auparavant. Le pica existe : c’est une vraie maladie, cette définition a été tirée du Larousse. Nous y trouvons également le mot morfal, beaucoup plus répandu et connu.
Ces deux termes accolés nous donnent déjà une idée de ce dont il est question puisque le sous-titre du livre est Pica Morfal Boy…

C’est ainsi que, dès la première page, nous faisons la connaissance de l’étrange américain Jiminy Waterson, un garçon qui, déjà tout-petit, mangeait et avalait tout ce qui était à sa portée : papier-peint, bouts de murs et même bouteille entière d’eau de javel… !
Les médecins ne savent pas d’où vient cette incroyable résistance digestive, mais Jiminy, devenu adolescent, se lance dans un road trip avec son meilleur (et seul) ami Alex pour vendre la seule chose qu’ils possèdent : le don incroyable de Jiminy.
Et d’un ami qui sache « le vendre », Jiminy en a besoin. Avec son physique biscornu et peu engageant, il n’attire pas vraiment : cheveux gris et gras, dents noires, haleine repoussante… il y a du travail avant de devenir une vraie star.

Voilà comment Jiminy en est venu à tenter de faire des spectacles grâce à son « don », Alex lui faisant office d’agent. Mais les deux compères maraudent et perdent plus d’argent qu’ils n’en gagnent vraiment, entre les frais d’essence et de nourriture (du moins pour Alex). Jusqu’au jour où l’avenir leur sourit en la personne de Gerald, le gérant d’un restoroute miteux. Il voit venir l’aubaine d’ameuter une foule de client grâce au spectacle culinaire de Jiminy… moyennant un pourcentage, bien entendu !

En parallèle aux aventures d’Alex et Jiminy, un convoi de déchets nucléaires est en cours d’acheminement. Or, la destination finale est une petite ville dont les habitants doivent être chassés. Les politiques n’ont pas trouvé mieux que d’enfouir les déchets radioactifs que la société actuelle produit sous un hameau perdu des États-Unis. On vous laisse faire l’association d’idées…

Un récit glauque au possible dont l’attrait est pourtant indéniable

Daph Nobody ne fait pas dans la dentelle. Son truc à lui, c’est de nous montrer l’ironie morbide du monde qui nous entoure. Vous pensez être au fond du trou ? C’est que vous n’avez pas assez creusé ! Pour moi, c’est un peu la morale de l’Enfant Nucléaire et du monde tel qu’il y est décrit. Quant à savoir s’il est aussi sombre que cela en réalité… Allez savoir, mais c’est bien possible !

En effet, à chaque fois qu’il arrive quelque chose de bien aux deux adolescents, une tuile leur tombe dessus… Si ça ce n’est pas de l’humour noir ! On en vient à croiser les doigts pour eux. C’est un roman sombre, certes, mais jusqu’à quel point ? A vous de le découvrir. Vous verrez combien il est agréable de se laisser surprendre par un récit.
Politiques véreux, policiers peu recommandables et autres personnages aussi influents que dangereux… le tableau est parfaitement dans le thème : sinistre et désenchanté.

Un road-trip aux allures de descente aux enfers

Le parcours de Jiminy est semé d’embuches, mais on s’attache sans mal à ce personnage tenace et singulier. En effet, notre antihéros morfal est le seul sur lequel les événements ne semblent pas avoir de prise (ou presque). Et pourtant, c’est celui qui en bave le plus, dans tous les sens du terme. Respecté, adulé, détesté, instrumentalisé… Jiminy sera tout et rien à la fois durant son parcours avec Alex.

Autre élément très intéressant de l’intrigue, Jiminy évolue. Au sens physique du terme. Cela commence tout doucement… puis va en s’accélérant à force de manger de la terre, de la peinture, des cassettes vidéo et autres objets non comestibles. Et plus son spectacle fonctionne, plus il faut étonner une foule qui fait de la surenchère. Vers quoi cette transformation va-t-elle l’amener ?

Enfin, dernier élément sur lequel mettre l’accent, L’enfant Nucléaire n’est pas qu’un roman fantastique qui pousse une maladie à son point le plus extrême. C’est aussi et avant tout un roman politique. Il nous pousse à nous interroger sur la notion de bien commun et de mal. Où commence une bonne action quand elle se fait au détriment d’autres personnes ? On y découvre également toutes les machinations politiques que Daph Nobody a concoctées pour nous et qui s’emboitent parfaitement à l’intrigue. Et même si certains faits sont aisés à pressentir, d’autres sont aussi surprenants que bien amenés.

Alors, que penser de L’Enfant Nucléaire ? Pour moi, c’est un livre d’un genre inclassable : sombre comme je n’en ai rarement lu et comme j’aimerais en lire plus. Il y a souvent trop de concessions dans les récits, ce qui les rend bons mais pas excellents. L’Enfant Nucléaire est un livre mémorable comme il en faudrait plus et c’est ce que la collection Exprim’ s’emploie à faire.

Bravo à Daph Nobody pour ce roman cinglant, triste et beau à la fois. Son écriture désabusée nous entraîne dans une aventure dont on ignore tout ou presque, sinon qu’elle est folle et sinistre. A lire dès l’âge de 15 ans minimum.

Saluons également la sublime couverture de l’artiste Kris Kuksi, dont l’œuvre intitulée Original Sin colle parfaitement à l’ouvrage de Daph Nobody.

L'enfant nucléaire original sin

Chronique Jeunesse : Typos – Tome 1 – Fragments de vérité

Typos 01Un roman d’action qui met l’accent sur l’information… et ceux qui détiennent le pouvoir de la transformer

Typos est le premier tome d’une nouvelle série de l’Italien Pierdomenico Baccalario. Fragments de vérité sortira ainsi le 7 mai prochain aux éditions Flammarion. Le nom de l’auteur ne vous dit peut-être rien, mais il a écrit une série de romans fantastiques pour la jeunesse très connue : Ulysse Moore (dont le douzième tome vient de sortir en avril dernier). Il a également écrit la série Century.

Avec Typos, l’auteur entre cependant dans un tout nouvel univers où il est question de manipulations de l’information et d’exploitation des masses par ce biais. Entre roman d’espionnage et d’action, partez à la découverte de la technologie et des méfaits qu’elle peut engendrer…

Typos : Journal clandestin pour ceux qui veulent une autre version de l’information

Ils sont quatre adolescents à combattre la désinformation à leur échelle par le biais du journal clandestin Typos, diffusé dans des lieux très précis et sûrs. Mais ils ne sont pas seuls : aidés par la Sibyl Grace, professeur ainsi que le mystérieux Seth. Cette petite troupe lutte contre le K-Lab, une entreprise qui permet à tous ceux qui en ont les moyens de falsifier l’information.

Évidemment, ceux qui en ont les moyens font partie des plus hautes strates de la société : politiques, grosses entreprises… Vous voulez cacher le fait que votre structure est extrêmement polluante ? Pas de problème. Le financement de votre dernière campagne politique n’est pas très net ? K-Lab est là pour ça aussi…

C’est contre cette désinformation assumée et décomplexée que luttent les quatre adolescents Gipsy, Morph, Arlequin et Dusker… mais sont-ils à la hauteur face à une organisation d’une telle puissance ?

Typos 01 VODe l’espionnage teinté de fantastique dans une ville d’un futur proche

Nous ne savons pas quand se déroule l’intrigue de Typos, mais quelques indices nous permettent de deviner que c’est dans notre futur. En effet, les objets dont nos héros se servent sont légèrement plus évolués, les technologies plus avancées… L’intrigue se déroule à Maximum City, une super métropole imaginaire (est-ce un clin d’œil au roman éponyme de l’auteur indien Suketu Mehta ?).

Mais où est donc la partie légèrement fantastique dans tout cela ? Elle réside dans ce que sont les quatre héros, ainsi que certains de leurs ennemis. Morph peut ainsi changer son apparence et déplacer ses yeux, sa bouche, etc. Gipsy ne ressent ni la douleur ni de plaisir d’ordre physique. Arlequin est allergique aux mensonges : quand quelqu’un tente de lui conter une fable, des démangeaisons le parcours sur tout le corps… Voilà pour une partie des capacités surnaturelles de la petite équipée.

Ces pouvoirs étranges dont ont ne sait d’où ils sortent leur seront très rapidement utiles… d’autant qu’un grand événement se prépare, ils en sont sûrs. Mais quel est-il ? Quoi qu’il en soit, le K-Lab est sur les dents… et les réseaux sont extrêmement surveillés, y compris ceux censés êtres cachés.

Un bon roman introductif qui pousse les lecteurs à l’interrogation

Typos n’est pas un roman à l’intrigue explosive, mais il pousse à se forger sa propre opinion sur notre monde d’aujourd’hui. Que ce soit notre présent ou notre passé, les puissants de ce monde ont toujours tenté de manipuler ou de déformer la réalité à leur avantage. Il en est de même dans le roman futuriste de Pierdomenico Baccalario, aiguillant le lecteur vers l’introspective et la réflexion. Cette première incursion dans l’univers de Typos est distrayante et nous fait découvrir de nombreuses technologies.

L’action se révèle être directe et rapide, les chapitres sont courts. Tout est fait pour immerger facilement et avec efficacité le lecteur. Les fans des séries telles qu’Alex Rider, Conspiration 365 ou encore Cherub devraient aimer ce nouvel univers et ses enjeux. On appréciera également le petit côté fantastique du roman, sans que cela tourne uniquement autour de cela.

 …..

Que conclure de ce premier opus ? Le plus important à mes yeux est vraiment l’accent mis sur la remise en question des informations que l’on nous donne : sont-elles fiables ? Faut-il les vérifier ? Typos est également le genre de livre qui montre qu’il n’est pas nécessaire d’être nombreux contre un ennemi puissant et qui semble inébranlable ; il faut avant tout être plus malin que lui et motivé.

Ce premier tome est donc plutôt réussit et se lit très vite ! On attend d’en savoir plus sur le mystérieux K-Lab et les enjeux globaux du journal clandestin Typos qui n’en a pas fini avec les mensonges en tous genres…