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Chronique Jeunesse : Mirapolis – Tome 1 – Les ombres de la cité

Mirapolis 01Un univers d’anticipation très abstrait mais aux idées intéressantes

Hélène Montardre est une auteur française pour la jeunesse. On lui doit de très nombreux romans : L’Agenda (Rageot), Océania (Rageot), Terminus : Grand Large (Pocket Jeunesse) une grande partie des Histoires Noires de la Mythologie chez Nathan, c’est elle aussi !

Le premier tome de Mirapolis est paru en septembre 2014 aux éditions Magnard Jeunesse, dans leur toute nouvelle collection de romans à destination des 9-12 ans. Ce nouveau roman est empli de mystères : une cité du futur où tout semble parfait va connaître la rébellion sous une étrange forme : la culture.

Mirapolis : la cité du futur par excellence

Bienvenue dans une ville où tout est progrès et où le béton et l’acier sont omniprésents. Tout le monde y est épanoui, chacun se voyant attribuer un métier en parfaite corrélation avec ses compétences. Ici, point de place à une trop grande individualité. Chaque strate d’âge se voit attribuer une couleur différente, c’est ainsi que les jeunes travailleurs portent une tenue bleue.

C’est ici que vit Anguéo, un jeune homme bien sous tous rapport et parfaitement intégré à la société. Mais sa vie va être bouleversée à cause d’une simple porte grise (les couleurs régissent beaucoup de codes sociaux à Mirapolis) mal fermée et d’une curiosité trop grande…

La découverte d’un étrange objet rectangulaire vert sombre va ainsi changer le cours des choses pour Anguéo… et une foule d’autres personnes également. Ainsi, Mirapolis est-il vraiment le rêve ultime de tout homme ? L’absence d’arbres, de forêts est-elle naturelle ? Cette situation contente-t-elle réellement tous les habitants de cette cité entièrement artificielle ?

Un ouvrage à la créativité aussi étrange que plaisante

Même si on ne comprend pas immédiatement tous les tenants et aboutissants de l’histoire, Les ombres de la cité est un roman intriguant dont on rêve de percer les enjeux. Différents niveaux de compréhension se mettent à jour au fur et à mesure qu’Anguéo gagne en connaissances.

L’écriture d’Hélène Montardre est encore et toujours efficace : à la fois épurée mais non dénuée d’une certaine complexité. Ce paradoxe fonctionne très bien sur ce roman que l’on peut conseiller dès l’âge de 11 ans environ (le lire avant serait peut-être trop ambitieux car trop abstrait par moments).

Les descriptions faites de certains objets de notre quotidien sont parfois déstabilisantes. Et pour cause : Anguéo, notre jeune héros n’a jamais vu ces objets de sa vie tant son mode de vie est cloisonné. Les mots utilisés sont donc parfois étranges pour nous, et on se prend à vouloir deviner ce qui se cache derrière tel ou tel mot.

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En conclusion, Mirapolis est une série pour la jeunesse à l’univers étrange et séduisant. Il en ressort une ambiance de mystère indescriptible qui en fait tout le charme. C’est donc un bon tome introductif qui donne envie de connaître la suite de l’intrigue et qui pousse les lecteurs à s’interroger, le roman étant une continuelle ode à la curiosité.  Le second tome de la série est à paraître en février 2015.

Chronique : É-Den – Tome 1 – Les survivants

E-den 01Nouvelle série signée Élodie Tirel, E-Den – Les survivants est le premier tome d’une trilogie. A conseiller à partir de 13 ans environ, l’auteur nous plonge dans un univers post-apocalyptique se déroulant sous terre…

Élodie Tirel est l’auteur de très nombreux romans, elle a notamment écrit la série L’Elfe de Lune qui s’est vendue à plus de 100 000 exemplaires au Québec.

Un futur loin d’être radieux…

En l’année 3261, les choses ne sont pas au beau fixe : la surface de la Terre est devenue inhabitable et le peu d’êtres humains encore en vie survivent dans Renaissance. Immense cité souterraine, Renaissance porte très mal son nom car la majorité des gens qui y vivent sont tout sauf en train de renaître.

En effet, la cité est divisée en trois parties : le Cocon, le Grenier et la Cave. La majorité de la population vie dans la Cave : condamnée à travailler pour une misère et survivre dans des habitations sordides… La mort guette tout le monde à chaque coin de rue ici. Ceux du Cocon sont quant à eux préservés : ils font partie de l’élite sociale et n’ont aucun contact avec ceux du bas de l’échelle. Quant au Grenier, bien que son nom soit un indice, on ne sait rien dessus au début du roman…

Voici donc le décor posé. Maintenant imaginez-vous une jeune fille bien née au Cocon qui décide coûte que coûte de retrouver son père disparu. Et imaginez également un jeune garçon de la Cave qui vit de larcins pour manger quand le destin est clément avec lui… comment ces deux là pourraient-ils bien se rencontrer et changer l’avenir des habitants de Renaissance ?

Un univers impitoyable qui tient bien en haleine

E-Den est un roman qui satisfera tous les lecteurs ayant besoin d’action, en particulier si ils ont entre 12 et 14 ans. Pourquoi ne pas conseiller ce roman pour des plus grands ? Tout simplement car E-Den a beau être un roman post-apocalyptique aux lois dures, les dialogues sont eux beaucoup plus « jeunesse ». Ca n’est pas un mal, mais ce contraste entre le genre et les dialogues en fait un roman très accessible.

De bonnes idées, il y en a dans ce premier opus, en particulier sur l’univers de Renaissance et sa hiérarchie. Peu à peu, on découvre tous les secrets de la ville, ainsi que ses pièges… Vous ferez également la connaissance d’une créature très étrange : le racureuil (c’est lui sur l’épaule de la jeune fille en couverture !), mignon mais pas seulement…

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La grande force du récit réside dans sa capacité à nous emmener toujours plus loin dans l’histoire, et cela de façon très aisée. Nous qui commençons dans la Cave, nous passons par toutes les strates de la cité, allant même jusqu’à découvrir d’autres cultures et peuples qui en sont extérieurs. Chaque nouvelle péripétie apporte son lot de nouveaux personnages et d’enjeux renouvelés… En définitive, vous ne pourrez par vous ennuyer. A lire pour tous ceux qui aiment l’aventure sur fond de fin du monde ! A réserver à des lecteurs entre 11 et 13 ans environ.

Affaire à suivre avec le second tome de la saga qui vient de paraître en octobre 2014 : La Traque.

Chronique : Touch – Tome 1

Touch 01Un roman où les adolescents possèdent des supers-pouvoirs… mais pas toujours utilisés pour la bonne cause….

Premier roman de l’auteur américaine Jus Accardo à paraître en France, Touch est le premier tome du Cycle de Denazen. Il semblerait qu’un tome quatre et un tome cinq soient déjà en préparation (source : site Goodreads). En France, ce sont les éditions Albin Michel Wiz qui assurent la publication de cette nouvelle série fantastique où certains adolescents possèdent d’étranges supers-pouvoirs qui les dépassent…

Aux Etats-Unis, l’auteur a actuellement d’autres séries en cours, toutes dans le domaine de la littérature pour adolescents : The Darker Agency ou encore The Eternal Balance.

Un début de roman qui démarre en trombe…

Tout commence à la suite d’une soirée un peu arrosée : Deznee croise un jeune homme en fuite en rentrant chez elle. Son nom est Kale et il fait tout pour ne toucher aucun être vivant autour de lui sans que l’on sache pourquoi… Deznee décide de l’emmener chez elle pour qu’il se cache quelques heures (et surtout pour multiplier les actes de rébellion auprès de son père) mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu…

Alors que la jeune fille n’avait en tête que l’idée d’énerver une énième fois son père en invitant un inconnu à la maison, le résultat final va être bien différent. La rencontre va se solder par la fuite de Deznee loin de chez elle… accompagnée du mystérieux Kale.

En effet, le père de Deznee n’est pas du tout l’avocat sans scrupules qu’elle pensait connaître… Il n’est pas du tout avocat, mais il est effectivement sans scrupules… Outre les mensonges sur son métier réel, le père de Deznee semblerait avoir omis de lui préciser que sa mère était toujours vivante. Et tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg qu’est la société tentaculaire nommée Denazen et qui est gérée par le père de Deznee…

… mais une trame bien trop classique pour surprendre un minimum

Le thème principal de Touch est celui d’adolescents dotés de supers-pouvoirs. Ces derniers doivent apprendre à les maîtriser et surtout choisir leur camp : celui des exécutants obéissant au doigt et à l’œil à l’entreprise Denazen pour son propre profit ou bien celui de ses détracteurs, qui la combattent et tentent d’en percer les secrets.

Ecrire un roman ayant pour héros des ados aux dangereuses capacités est une bonne idée, à condition qu’elle sorte de la routine. Il y a un nombre incalculable de titres du même genre où des adolescents de notre époque se découvrent des pouvoirs surnaturels (Imposteur, Le cercle des 17, Gone, The Rook…).

L’exercice n’étant pas original en soit, il convient donc de bien le traiter dans ce cas. Or, Touch ne passe pas le test avec ce premier tome extrêmement classique et surtout, sans aucune surprise.

On y retrouve un triangle amoureux qui manque cruellement de piquant, quelques révélations qui font avancer l’intrigue dans un sens très prévisible et une héroïne principale pas assez charismatique pour séduire son lecteur. Pour le moment, nous en sommes donc réduits à observer une romance ayant pour fond une guerre dont les enjeux bien qu’expliqués, manquent de persuasion.

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Le tout donne donc une malheureuse impression de déjà vu et c’est bien dommage. Notons toutefois une couverture originale et bien plus jolie que celle proposée par la version originale américaine. Prochainement, la chronique du second tome de la saga : Toxic.

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Chronique album jeunesse : Le Chevalier de Ventre-à-terre

Chevalier Ventre-à-terreLe Chevalier de Ventre-à-terre, docteur ès en procrastination

Je suis très heureuse de vous présentez en ce jour Le Chevalier de Ventre-à-terre, dernier-né des ouvrages écrits et dessinés par Gilles Bachelet. Cet album est paru en novembre 2014 aux éditions du Seuil Jeunesse.

Comme à son habitude, l’auteur nous offre une histoire complètement décalée aux dessins qui le sont tout autant… sans oublier les nombreux clins d’œil qui parsèment l’ouvrage.

Si vous ne connaissez pas encore Gilles Bachelet, c’est l’occasion de faire sa connaissance. Toute son œuvre est culte : Mon chat le plus bête du monde, Il n’y a pas d’autruches dans les contes de fées, ou Madame le lapin blanc (pépite de Montreuil en 2012), tout ça c’est lui ! Et c’est génial.

Outre son travail pour la jeunesse, l’auteur travaille également pour la presse et la publicité. Il enseigne aussi l’illustration et les techniques d’éditions à l’école supérieure d’art de Cambrai.

Chevalier Ventre-à-terre inside 2Journée-type d’un chevalier gastéropode

Le jour se lève chez le Chevalier de Ventre-à-terre, il s’éveille doucement avec sa femme à ses côtés et une de ses chenilles dormant tranquillement sur le lit. Une nouvelle journée commence, et le Chevalier à une chose très très importante à faire… mais avant, il a quelques petites tâches à effectuer.

Et oui ! Entre le petit-déjeuner (pas si petit que cela), le sport, la lecture du Figargo, le bain, les au-revoir… le Chevalier de Ventre-à-terre n’est pas parti avant très longtemps. Et pourtant, il ferait mieux de se dépêcher, car il a un rendez-vous de la plus extrême importance à honorer !

Un album en tous points réussi

C’est ici le premier album de Gilles Bachelet chroniqué, mais loin d’être le premier que je lis, et encore une fois c’est une réussite.

On reconnaît toujours autant le trait si typique de Gilles Bachelet ainsi que son humour détonnant. Les clins d’œil et références y sont permanents et c’est certainement ce qu’il y a de plus génial dans ses dessins. Ces rappels constants à différents niveaux de lecture sont toujours aussi efficaces : porte-goûter Hello Kitty à l’effigie d’un escargot, fil d’actualité Facebook sur parchemin, un jouet Elmer en forme d’escargot qui traîne… Tout n’est que références, et on se régale à les découvrir au fil de la lecture (certaines passes inaperçues, il faut plusieurs lectures !).

L’histoire est comme à l’habitude de l’auteur très peu textuelle, mais ne manque pas de sens. Bien au contraire, c’est drôle et en un minimum de mots.

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En conclusion, ce nouvel album jeunesse de Gilles Bachelet est encore et toujours une franche réussite. Tout y est formidable : du dessin en passant par les milles détails concoctés pour l’occasion… l’auteur s’est encore une fois fait plaisir et nous fait énormément plaisir aussi. C’est foisonnant, coloré, drôle…. Dès l’âge de 5 ans environ.

Chevalier Ventre-à-terre inside

Chronique album jeunesse : OFF

OffUn album jeunesse sans texte pour sensibiliser les plus jeunes aux dangers du nucléaire…

Paru aux éditions du Seuil Jeunesse en octobre 2014, OFF est un ouvrage jeunesse qui n’entre pas dans les standards du genre. Son sujet est très sérieux puisqu’on y parle du nucléaire et de ses conséquences néfastes pour la santé de notre planète, surtout s’il est mal contrôlé…

Son auteur, Xavier Salomó est né en Espagne, dans la région de Barcelone où il vit encore aujourd’hui. Il a fait des études d’illustration à l’école Massana de Barcelone et a travaillé comme graphiste dans la publicité. Il est l’auteur d’une petite dizaine d’ouvrages pour la jeunesse.

Un océan de gris et de béton… à perte de vue

Voici le paysage familier et pourtant loin d’être naturel de l’héroïne sans voix de cet album. Débauche continuelle d’un mode de vie passé et dépassé : gravats, ruines, vestiges d’immeubles… la jeune fille avance sur le dos d’un cerf majestueux, véritable contraste vivant. Leur présence détonne dans ce lieu où la vie ne semble plus permise, et pourtant…

La jeune fille à la cape rouge et le cerf sont investis d’une mission, celle de rendre la nature à elle-même en éteignant chaque centrale nucléaire qu’ils croiseront sur leur chemin.

Off insideBeau, mélancolique, donnant matière à réflexion

Empli de symboliques, visuellement fort, OFF est un album qui ne laisse pas indifférent. Son auteur dit d’ailleurs de cet ouvrage qu’il s’agit de son projet le plus personnel, mais également risqué, aux vues de son sujet.

La catastrophe de Tchernobyl l’a marqué. Il n’avait que 10 ans, mais Xavier Salomó sentait que quelque danger planait… Et c’est après le drame de Fukushima que le besoin de parler du nucléaire dès le plus jeune âge s’est fait ressentir pour l’auteur.

En voyant ce majestueux cerf qui fait renaître la nature autour de lui, on ne peut s’empêcher de penser à l’œuvre d’Hayao Miyazaki, en particulier dans le film Princesse Mononoké. C’est d’autant plus fort et poignant qu’il n’y a pas de texte. Tout y est juste : des couleurs voulues sombres en passant par cette retenue tout en douceur…

On remarquera de menus petits détails qui méritent une relecture ou une attention particulière : lézard à six pattes, oiseaux-papillons étranges, écureuil-souris caché dans l’ombre… c’est discret mais bien là, et on aime !

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OFF est beau et saisissant d’une beauté simple que l’on appréciera quel que soit l’âge. Il est rare de rencontrer au détour de l’énorme production jeunesse des ouvrages aussi engagés pour un âge aussi jeune, cela doit donc être souligné. A lire dès l’âge de 4-5 ans environ.

Off inside 02

TRANCHE d´ÂGE :

Actualité éditoriale : Insatiable de Meg Cabot arrive chez Le Livre de Poche Fantastique

Insatiable 01Le 14 janvier prochain, les éditions Le Livre de Poche Fantastique sortent en poche Insatiable – Tome 1 de Meg Cabot. L’ouvrage était paru pour la première fois en France aux éditions Black Moon en 2011 avant de sortir dans la collection Le Livre de Poche Jeunesse en 2014. La série Insatiable est en deux tomes uniquement.

Sortir cet ouvrage dans la collection adulte de l’éditeur permettra d’élargir son lectorat et devrait plaire aussi bien aux adolescents qu’aux adultes férus de fantastique et d’une plume légère.

Meg Cabot est surtout connue pour ses romans de chick lit tels que Le carnet d’Allie, Miss la gaffe, Le Journal d’une princesse ou encore Blonde. Ses romans peuvent sembler superficiels au premier abord, mais il n’en est rien. Son écriture est légère, maline et sait attiser l’intérêt de son lectorat. A la fois drôle tout en parlant de sujets aussi actuels que divers, Meg Cabot est une auteur à l’œuvre très diversifiée.

Il est rare qu’elle fasse dans l’imaginaire, et avec Insatiable, elle fait donc une exception. Ce roman est présenté comme une réécriture actuelle du mythe de Dracula… mais avec un twist de fin !

Quatrième de couverture :

Vous en avez assez des vampires ? Meena Harper aussi. Et le paranormal, ça la connaît. La preuve : elle peut tout vous dire de votre mort prochaine. En revanche, tout ce qui la concerne, elle ne le voit pas venir. Du coup, elle ne pouvait pas imaginer : qu’elle allait rencontrer un beau brun ténébreux –légèrement obscur – et que l’heureux élu serait déjà mort. Pourtant elle finirait bien sa vie avec lui. Bref, voici venue l’heure de prendre son destin en main. Mais Meena en a-t-elle les moyens ?

Chronique : Nom de code : Verity

Nom de code VerityUn roman touchant sur un pan méconnu de notre Histoire : la grande implication des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale en tant que pilotes

Premier roman d’Elizabeth Wein à paraître en France, Nom de code : Verity est sorti aux éditions Castelmore en août 2014. L’auteur d’origine écossaise s’est spécialisé dans les romans historiques ayant pour trame de fond la guerre et l’aviation. Elle a écrit deux autres ouvrages du même genre encore non traduits en France : Rose under fire et Black Dove, White Raven (sortie VO en mars 2015). L’auteur a regroupé ces romans sous le nom Young Pilots Series.

Une longue lettre écrite sous la torture des Nazis 

Une jeune anglaise membre de l’ATA (Air Transport Auxiliary) dont on ignore tout jusqu’au prénom est prisonnière en France par les Nazis. Ces derniers la forcent à écrire entièrement le parcours qui l’a menée jusqu’à eux.

A cause d’une erreur stupide, la jeune femme s’est fait capturer par les SS : elle a regardé du mauvais côté de la route avant de traverser, trahissant sa nationalité anglaise… et donc son appartenance au camp ennemi que sont les Royaumes-Unis. La Gestapo va ainsi tout faire pour lui arracher le plus d’informations possibles : emplacement des aérodromes stratégiques, codes radios, plans de missions… la jeune femme va subir de nombreux sévices avant de rendre les armes et d’écrire toute la vérité. Et cette vérité passera par le récit d’une belle et incroyable amitié avec Maddie, également jeune pilote.

En parallèle, nous découvrons également l’histoire contée du point de vue de Maddie, et la fusion de ces deux témoignages n’est pas sans surprises !

Un roman monté de toutes pièces, mais avec de bonnes références historiques

C’est assumé et dit par l’auteur en fin d’ouvrage : les deux narratrices charismatiques de ce récit n’ont jamais existé, mais Elizabeth Wein s’est employée à rendre son récit le plus crédible possible malgré quelques impairs assumés.

Bien qu’étant une fiction, l’ouvrage nous offre un regard neuf sur l’Histoire : la participation active des femmes durant la Seconde Guerre Mondiale est extrêmement méconnue. Elles étaient notamment des éléments essentiels de l’ATA, pour lequel elles convoyaient des avions neufs ou endommagés entre certains aérodromes. Vous découvrirez également tout un vocabulaire spécifique autour de la guerre avec par exemple le nom de code Nacht und Nebel (traduction : Nuit et brouillard) utilisé par les Nazis.

 A travers ce récit, on se découvre sinon une passion, du moins un intérêt pour la mécanique et les différents modèles d’avions dont il est question. Le fait de mêler aviation, amitié et le tragique de la guerre est un pari risqué mais totalement réussi ! On ne peut s’empêcher de trouver ces femmes normales devenues des héroïnes absolument belles dans l’horreur de la guerre : tout y est soit plus atroce, soit sublimé.

Une amitié créée et mise à mal par la Guerre écrite avec une plume vivace

Le roman se découpe en deux parties distinctes : la première est épistolaire, écrite par la fameuse Alliée dont on ignore tout. Ratures, différentes typographies, mots soulignés, tout est fait pour rendre le texte vivant, réaliste. La seconde partie du roman est écrite par Maddie comme un roman traditionnel, à la première personne. Elle y conte sa survie en France parmi une famille Résistante dont l’un des fils travaille pour les Nazis. La faim, le froid, la torture pour l’une d’elles, tout y est décrit dans son plus simple appareil. Vous ferez notamment

Certaines scènes sont d’un cru tel qu’on ne peut s’empêcher d’être débordé par l’émotion. Les mots sont simples, mais l’émotion est bien là. C’est beau et inattendu, et j’adore être surprise.

Seule faiblesse à soulever dans ce roman, il est parfois difficile de savoir où veulent en venir les deux narratrices. Il manque parfois de clarté dans la description de certaines situations, et les actes de chacun ne sont pas toujours bien expliqués. On comprend au bout d’un moment les tenants et aboutissants, mais le récit aurait gagné à être plus clair dès le début sur certains points (la rencontre entre les deux jeunes filles ou leurs excursions pour l’ATA notamment).

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Pour conclure, Elizabeth Weine a su créer une intrigue réaliste destinée à un lectorat d’environ 15 ans minimum. Son roman est une véritable ode à ces femmes de l’ombre qui ont autant contribué que les hommes à combattre Hitler et son idéologie. Le thème pourra ne pas intéresser tout le monde, et pourtant, c’est au final un récit très universel sur l’amitié et le courage qui nous est offert (sans oublier qu’on se cultive !). Percutant, on en verrait bien une adaptation cinématographique…

Chronique : Les Brumes de Grandville

Les brumes de Grandville 01Un luxueux domaine dans la France de l’après-guerre où un amour singulier va naître…

Premier roman de Gwendoline Finaz de Villaine, Monotropa Uniflora inaugure une nouvelle série en trois tomes… chez un tout nouvel éditeur. En effet, l’ouvrage est le premier paru chez B. Éditions et se destine à un lectorat de jeunes adultes.

L’auteur a un parcours très artistique : participations à des comédies musicales, travail d’auteur-compositeur, et maintenant écrivain. A l’occasion de la sortie du livre, un clip a été réalisé par l’auteur sous le nom Mort ou vivant interprété par Sacha Tran que vous pouvez retrouver ici sur le site You Tube (à vous de juger si vous le trouvez à votre goût, mais personnellement, je ne suis pas une férue de comédies musicales). Les paroles et la composition de cette chanson sont signés par l’auteur elle-même.

L’histoire est celle d’une romance impossible entre une jeune femme et un jeune homme inaccessible de par son rang, mais également à cause de son état… entre deux mondes.

Un immense domaine bourgeois, des domestiques à profusion et une nouvelle professeure de musique

Quand débute le récit, Apollonie franchit les portes du domaine de Grandville. Orpheline élevée chez les sœurs, la jeune femme excelle dans le domaine de la musique qu’elle a appris toute jeune. Piano, chant classique, solfège… Apollonie à de nombreuses cordes à son arc. Quand elle débarque à Grandville grâce aux recommandations de sa tante qui y travaille également, Apollonie découvre un univers tout en retenue et en faux-semblants. Les sœurs jumelles dont elle doit faire l’éducation musicale sont tout sauf dociles et sont bien décidées à lui compliquer autant que possible sa tâche…

Tout cela sans parler du retour du fils prodigue revenu tout juste de la guerre : le bel Hector. Troublant, charismatique, toutes les femmes tombent sous son charme… y compris Apollonie.

Jeu de dupes et surnaturel… dans une ambiance superbement retranscrite

Peu après que l’environnement de Grandville ait été décrit avec adresse, Apollonie se retrouve confrontée au fantastique : une voix venue d’elle ne sait où lui parle quand elle s’apprête à aller dormir. Ce fantôme lui veut-il du mal ou cherche-t-il autre chose ?

C’est à partir de ce moment que tout bascule : Apollonie se découvre une affection particulière pour cet esprit qui communique avec elle. En parallèle à la partie imaginaire du roman, la vie au sein du domaine est également de plus en plus intéressante. On y découvre les différents valets, cuisinières, et autres petites mains au service de la Comtesse, le tout nous offrant une belle fresque. Ceci n’est pas sans faire penser à l’ambiance de la série Downtown Abbey (se déroulant presque à la même époque à 8 ans près) ou plus largement à ces romans où la domesticité prend une place importante dans l’histoire.

Les travers de chacun rendent l’histoire plus prégnante, plus réelle, et c’est avec plaisir et curiosité que l’on se plonge dans cette époque révolue mais qui fait toujours rêver.

Plus on avance dans l’intrigue et plus le côté fantastique de l’œuvre prend de la place, une romance impossible s’installant entre Apollonie et le fameux esprit qui hante le domaine… C’est parfois un peu trop fleur bleue à mon goût, mais on se laisse malgré tout prendre au jeu des sentiments et des personnalités si différentes créées par l’auteur. C’est ainsi une romance réussie sur de nombreux plans.

Ainsi, même si certains revirements sont attendus, le tout reste extrêmement plaisant à lire.

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Donc, si vous avez envie de lire une belle histoire d’amour avec un soupçon de surnaturel à l’époque des Années Folles avec une forte influence de la Belle Époque… c’est le roman idéal. Dès l’âge de 14 ans environ.

Et pour ceux qui se demandent ce que signifie le mystérieux titre Monotropa Uniflora, je vous conseille de jeter un œil sur le nom latin d’une certaine plante… Le second tome de la série est actuellement en préparation, et ici, nous l’attendons avec impatience !

Chronique : Les anges de l’abîme

Les anges de l'abîmesÂmes sensibles, s’abstenir.

Paru en octobre 2014, Les anges de l’abîme est le second ouvrage du Suédois Magnus Nordin à paraître en France. Son premier roman, La princesse et l’assassin, avait reçu en 2003 le prix du meilleur thriller pour la jeunesse en Suède. Les deux ouvrages de l’auteur sont parus aux éditions du Rouergue, dans la collection Doado Noir.

Une professeure qui utilise des élèves comme appâts pour prédateurs sexuels…

L’idée vous fait sourciller ? Et si c’était la seule solution possible pour confondre certains des monstres qui sévissent dans nos villes ? nos écoles ? C’est en tout cas le parti pris de Molly Zetterholm qui a décidé de tout faire pour coincer les pires prédateurs sexuels. Aidée en cela par Alice, Hannes et Samira qui sont d’actuels ou anciens élèves triés sur le volet, Les Anges de l’abîme sont nés.

Leur première mission est un véritable succès, ils ont coincé un maître de chorale connu à l’échelle nationale pour la qualité de ses spectacles. Ce dernier en profitait pour privilégier l’une ou l’autre de ses chanteuses en lui promettant un avenir radieux…

Mais cette première mission commando à beau être une réussite, les Anges de l’abîme devraient prendre garde à ne pas se brûler les ailes en s’en prenant à plus fort qu’eux…

Du danger des réseaux sociaux et de ses perversités

La place des réseaux sociaux est prépondérante tout au long de l’intrigue : ce sont eux qui permettent aux prédateurs sexuels de s’approcher d’une adolescente parfois trop naïve. Fausse identité, adresse bidon, nom inventé… tous les moyens sont bons pour amener sa proie jusqu’à un point précis.

Les traquer demande beaucoup de patience et d’acharnement, car les Anges ne font pas justice eux-mêmes : ils cherchent des preuves évidentes qui permettent de confondre définitivement le coupable pour ensuite le livrer à la police… Un travail ingrat et dangereux car la police ne voit pas d’un bon œil cette association de bienfaiteurs.

Loin de vouloir se positionner en donneur de leçon, Magnus Nordin veut toutefois ouvrir les yeux aux lecteurs sur une réalité horrible mais bien présente : celle des violeurs et pédophiles qui écument le web à la recherche de leur prochaine victime.

Pas de répit pour qui que se soit

Malmené, vous le serez certes moins que les acteurs de ce thriller sur le fil, mais rien ne vous sera épargné. Des scènes crues d’efficacité et d’horreur, des dialogues à faire froid dans le dos, des pensées inavouables que l’on lit en voyeur… L’auteur sait ménager ses effets et nous plonger dans la répulsion la plus totale.

On se pose en tant que spectateur impuissant où les personnages eux-mêmes sont pieds et poings liés (dans tous les sens du terme). C’est aussi captivant que révulsant pour nous lecteur, et sa fonctionne excessivement bien pour peu que vous ne soyez pas trop sensible. En effets, certaines scènes ne cachent rien de leur horreur.

Pour la construction des personnages, l’auteur a réussi à nous les rendre attachants et sympathiques pour les Anges, monstrueux pour d’autres. Le passé de chacun influe sur l’histoire présente avec plus ou moins d’ardeur. Aucun des Anges n’a une vie toute noire ou toute rose, chacun vient avec un bagage assez lourd, et bien développé tout au long de l’histoire pour mieux la servir.

Seul bémol sur ce thriller qui se dévore à la vitesse de l’éclair : sa conclusion qui vient un peu trop rapidement comparé au rythme général du roman. Mais c’est presque parfait.

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En conclusion, Les Anges de l’abîme est un bon thriller comme les Nordiques en ont le secret. C’est simple, efficace et ça prend aux tripes tant on se sent concerné par ces horreurs cybercriminelles qui pourraient arriver à n’importe qui d’un peu naïf… A lire dès 15 ans.

Chronique BD : Mots rumeurs, mots cutter

Mots rumeurs mots cutterDans la jungle sociale qu’est le milieu scolaire…

Parue en septembre 2014, Mots rumeurs mots cutter est la seconde bd des éditions Gulf Stream. Elle est parue dans la collection Les Graphiques, tout comme Rouge Tagada et se lit de façon totalement indépendante. Cette fois encore, l’ouvrage est signé par Charlotte Bousquet à l’écriture et Stéphanie Rubini au dessin.

La thématique générale est toujours la même : des tranches de vie d’adolescents qui ont des questionnements quant à leur personnalité, leurs sentiments. C’est aussi une façon d’illustrer tous les complexes et problèmes que l’on peut développer à cause de non-dits. Questionnements, harcèlement, relations ambigües, fausse amitié… le monde du collège est bien cruel.

Premiers émois, premiers amours

Tout commence à la rentre scolaire, quand notre jeune narratrice est placée par hasard à côté du beau Mattéo. Toutes les filles du collège ont très rapidement eu des vues sur lui. Charmeur, mignon, il a tout pour lui. Alors quand une complicité s’installe doucement entre elle est Mattéo, notre adolescente ne peut s’empêcher de rêver à une possible histoire d’amour…

Mais c’est sans compter sur les nombreuses jalousies qu’implique cette potentielle relation. Les amies ne sont peut-être pas aussi sympas que ça quand on se retrouve plus chanceuses qu’elles en amour. Et les technologies peuvent aider certains qui n’ont pas de scrupules à parvenir à leurs fin…

Mots rumeurs mots cutter insidePremières jalousies, premières tensions

Très bien fait en termes de narration, on ne peut s’empêcher d’appréhender les événements qui se déroulent autour de la jeune fille au fur et à mesure que l’étau social se resserre. Les dessins sont en parfaite corrélation avec le texte, c’est simple et très bien fait. On passe par toute une palette de sentiments (surprise, déception, révolte, indignation…), à l’image de notre jeune narratrice qui va de désillusion en désillusion.

Le trait coloré et vivant de Stéphanie Rubini fonctionne très bien avec l’esprit général du livre. Ses crayonnés travaillés avec simplicité sont simples et efficaces, sans regorger de détails.

L’histoire de Mots rumeurs, mots cutter est sur le harcèlement moral (et parfois physique) à l’école. Cette thématique difficile mérite que l’on en parle car ce n’est pas en cachant les choses que l’on peut les résoudre. Par ailleurs, il s’avère que la passivité et parfois pire que l’acte malveillant lui-même… mais heureusement, tout le monde ne se comporte de la même manière, quitte à sortir des standards imposés par la vie scolaire…

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Cette courte bande-dessinée est encore une fois une petite réussite. Je la trouve meilleure que la première réalisée par les deux auteurs. Plus impliquant, plus frontal aussi, ce titre mérite que l’on s’y attarde. A faire lire pour informer, ou pourquoi pas déculpabiliser certains adolescents qui pourraient s’identifier à la narratrice de ce récit qui entre dans le vif. Dès 14 ans environ.

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