Archives de l’auteur : Laura

Chronique ado : Ma part de l’ours

Un roman survivaliste aux allures de retour à l’état sauvage…

Second roman de Marine Veith, Ma part de l’ours est paru chez Sarbacane en novembre 2022. Son précédent ouvrage était également paru chez Sarbacane, dans la collection Exprim’. Il s’agissait d’un ouvrage sur la migration : Ceux qui traversent la mer reviennent toujours à pied, paru en 2020.

Réunion familiale au sommet

Nous sommes sur une route escarpée, dans les Pyrénées. Nous découvrons Tim, 13 ans et Aurore, 20 ans. Ils sont sur la route pour rejoindre leur mère. Elle ne vit pas avec eux car elle est internée depuis la disparition de leur père. Ainsi, c’est Aurore qui gère tous les aspects de leur vie au quotidien, la charge mentale, les difficultés financières, la crise d’adolescence de son petit frère… Aurore gère tout et plus encore.
Mais lorsque leur voiture se retrouve prise au piège en pleine montagne sans aucune possibilité de faire demi-tour, la vie d’Aurore et Tim va basculer. Ils vont faire une première rencontre stimulante, puis une autre, encore plus incroyable qui va leur donner confiance en l’avenir… Mais qu’elle est cette rencontre ?

Un roman aux allures de récit initiatique

L’idée d’un roman formateur qui va forger deux antihéros un peu perdus me plaisait beaucoup. Alors, quand en plus il est question de nature et de liberté, j’ai été encore plus emballée par l’histoire. Malheureusement, j’ai attendu tout au long de l’histoire un événement qui n’est jamais vraiment arrivé. Je ne sais pourquoi, mais j’attendais un point de bascule. Pas nécessairement une révélation fracassante, mais quelque chose qui bouleverse à jamais nos héros. En un sens, c’est effectivement le cas, mais cela à manqué d’envergure pour moi.

Cependant, la révolution pour les personnages est bien là, bien que trop lattente à mon goût. Je ne puis bien évidemment pas vous en dire plus, mais il est clairement ici question de révolution silencieuse. D’ailleurs, il y a toute une partie anti-système et hors des conventions qui m’a séduite, même si je trouvais que l’on allait au final pas assez loin.
Ce qui m’a déplu en réalité c’est que l’on se retrouve dans un entre deux jamais clairement défini. Certes il y a du changement dans la psychologie des personnages, ainsi que dans leur façon de voir le monde, mais ce ne fut pas suffisant à mon goût.

En somme, Ma part de l’ours fut pour moi une lecture décevante. Ce n’est pas à cause du texte selon moi, mais plus à cause des attentes que j’avais. J’avais une image plus « thriller » de ce roman, ce qui n’est absolument pas le cas. Si vous êtes cependant à la recherche d’un roman proche de la nature et qui questionne sur notre place dans la société, vous êtes au bon endroit. Dès 14 ans.

Chronique YA : Sombres citrouilles

Un roman noir et très sombre qui dénonce les secrets de famille qui pourrissent durant des décennies…

Dans le monde de la littérature jeunesse, Malika Ferdjoukh est une figure incontournable. Elle écrit aussi bien pour les primaires que pour les adolescents (ses romans ados se lisent aussi avec plaisir quand on est grand !).
C’est une autrice que j’ai découvert sur le tard, mais dont je dévore gentiment l’oeuvre petit à petit. Ici, avec Sombres citrouilles, je ne savais pas à quoi m’attendre, ce roman a de quoi surprendre à tous points de vue.

Si vous ne connaissez pas encore ou très peu les romans de Malika Ferdjoukh, laissez vous tenter par Le club de la pluie ou encore Les quatre soeurs pour commencer doucettement. Une fois que vous êtes ferré, Sombres citrouilles sera tout indiqué.

Un anniversaire à ne pas louper

Aujourd’hui, c’est la l’anniversaire du grand-père, figure emblématique et patriarcale de la famille Coudrier. Impossible et interdit de manquer l’événnement sous peine de représailles, notamment de la part de Mamigrand. C’est ainsi que peu à peu, tous les membres de la famille Coudrier arrivent sur le domaine, les enfants, les petits-enfants… tous forment une famille éclectique et étrange, déjà fortement marquée par le deuil. Plus encore qu’il n’y paraît.
Alors quand un corps est retrouvé parmi les cirtrouilles du jardin par les marmots, c’est le début d’un mystère qui va aller en s’épaississant…

Sombre à souhait, noir comme rarement

J’ai adoré ce roman polyphonique et happant mettant en scène des enfants issus d’une famille bourgeoise rurale. On y découvre l’ambiance si particulière et délétère des secrets de famille, des choses inavouables, des petits arrangements… et quantité d’autre choses.
Au travers du rages d’Hermès, Madeleine, d’Annette, Colin-Six ans, et quantité d’autres personnages qui gravitent, vous allez découvrir la véritable histoire. Celle que la famille Coudrier ne voudrait pas que vous connaissiez. Celle que les petits-enfants eux-mêmes ignorent, mais que vous lecteurs vous allez découvrir.

C’est extrêmement sombre, j’insiste sur ce point car au travers de ce polar intimiste et famillial, Malika Ferdjoukh dénonce. Elle dénonce la bien-pensance, l’amour sacrifié sur l’autel du qu’en diras-t-on, le racisme de ces bonnes familles rurales blanches et qui entendent bien le rester. C’est terrible de cruauté tout en étant pour moi extrêmement réaliste.

L’autrice a su dépeindre avec talent les portraits de ces deux grand-parents taiseux aux nombreux secrets. Et l’image de la grand-mère affectueuse va vite se fissurer, de même que celle du grand-père gentil et discret…

Lire Sombres citrouilles, c’est être à l’image de ces enfants et voir nos certitudes voler en éclats.

Ainsi, pour ceux et celles qui aiment les romans noirs, les mystère insolubles en apparence et les personnages incroyables de réalisme, vous êtes à la bonne porte. Entrez donc dans le cercle restreint des Coudrier, en tentez de vous y faire accepter, pour le meilleur et pour le pire… Dès 14/15 ans.

Chronique roman graphique : La vie rêvée de Willow

Un roman graphique au début engageant mais qui ne réussit pas à transformer l’essai

Paru début 2023 dans la nouvelle collection Hachette Romans Graphiques, La vie renversée de Willow est un one-shot. On y suit le destin de Willow qui va se retrouvé chamboulé par la découverte d’un étrange livre…
Les dessins et le texte sont réalisés par Tara O’connor

Une vie normale chamboulée

Willow Sparks est une adolescente qui n’est pas très à l’aise dans sa peau. Elle ne se sent pas à sa place, a très peu d’amis, et subit des moqueries de la part de certains. Mais un jour, elle découvre à la suite d’un énième harcèlement une pièce secrète dans la bibliothèque où elle travaille… et dedans, un livre qui va bouleverser sa vie.

Une histoire totalement oubliable et dispensable

J’ai lu ce roman graphique il y a moins d’un mois et pourtant, je n’en ai gardé quasiment aucun souvenir. La jeune Willow est un personnage intéressant bien que peu attachant, de même que les autres personnages qui font cette intrigue. Tout est traité en surface, et comme c’est un one-shot, on a peu de temps pour apprendre à les aimer suffisamment avec leurs failles et leur détresse. Pour moi, ce fut en tout cas une lecture sans affect malgré le sujet délicat du harcèlement.

Que dire de plus ? En ce qui concerne la partie fantastique de l’ouvrage, elle est assez commune. Nombreuses sont les intrigues où un personnage se voit offrir la possibilité de changer son existence pour quelque chose de meilleur (en apparence). Mais ici, rien de bien marquant ni de captivant. De plus, les dessins de Tara O’connor ne sont pas non plus à mon goût, ce qui n’aide pas à apprécier cet ouvrage.

La vie renversée de Willow est donc un roman graphique qui m’a beaucoup déçue. Je lis très peu de bd et autres formats illustrés, et j’avoue être très difficile. Alors les ouvrages passables, très peu pour moi. Ne perdez pas non plus votre temps avec cet ouvrage !
Âge du lectorat : dès 14 ans.

Chronique YA : Les royaumes immobiles tome 1 – La princesse sans visage

Vous aimez les ambiances de cours royales et de trahisons ? Vous avez aimé Le prince cruel et ses faes ? Vous aimerez à coup sûr La princesse sans visage et sa compétition mortelle de feys à la Hunger Games !

Premier tome d’une saga de fantasy mettant en scènes des feys (cruelles, cela va sans dire), La princesse sans visage est paru chez Slalom en avril 2022 avec une sublime et intriguante couverture… J’ai immédiatement eu envie de découvrir l’univers et l’histoire de cette jeune femme qui ne doit jamais tomber le masque au sens propre comme au figuré.

Ariel Holzl est un auteur français qui écrit des romans pour la jeunesse et les ados. Son travail a déjà été remarqué et distingué de nombreuses fois, on peut ainsi citer : Peine-ombre (404 édtions), Temps Mort (Slalom éditions), Les soeurs carmines (Les moutons électriques, trilogie) et Bpocalypse à L’école des Loisirs. Et pour chacune de ses parutions, l’auteur sait sortir du lot et se faire remarquer.

Pour moi, il s’agit de ma première lecture de cet auteur, mais je suis intriguée par son œuvre depuis des années. Il était donc temps de rattraper ce manquement !

Une jeune fille cachée aux yeux de tous depuis sa plus tendre enfance…

Ivy est une jeune fey qui ne le sait pas encore, mais qui va concourir au trône vaccant des Royaumes Immobiles. Comment ? Pourquoi ? Elle n’a aucune idée des enjeux ni des épreuves qui l’attendent, mais elle sait que sa vie est menacée… qu’elle perde ou qu’elle gagne. Imaginer une sorte de Hunger Games version feys avec des épreuves pernicieuses et dangereuses à souhait ! Vous aurez une légère idée de ce qui attend la jeune et encore innocente Ivy dans ce monde de pouvoir et de manipulation…

Un premier tome passionnant à l’univers riche

Rien que par la richesse de son univers, ce premier tome est pour moi une réussite. La magie cruelle des feys, l’univers des Royaumes Immobiles, les constantes références au Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, la culture étendue de l’auteur sur les différentes espèces de fées et autres créatures… On sent que l’auteur s’est renseigné du mieux possible pour nous déployer un univers cohérent basé sur de nombreux mythes (peu de gens connaissent les Phooka par exemple !). L’idée du marbre-bois, sorte de matière solide comme la pierre mais qui grandit comme une plante est aussi poétique que merveilleuse… Rien qu’avec cet élément, j’ai été séduite. Et voir ensuite comment a été développé l’univers qui fourmille de détails fut pour moi un réel plaisir.

L’intrigue quant à elle est efficace, on se plonge dedans en quelques pages à peine, l’aventure et le danger tirant la jeune Ivy de son manoir abandonné. La danse des personnages est elle aussi bien menée, on ne sait pas qui pourrait trahir de qui est une véritable alliée pour Ivy. Difficile de s’y retrouver dans ce monde hostile pour la jeune femme… et c’est bien normal !

Je mets toutefois une petite réserve sur le rythme du roman dans ca dernière moitié. En effet, j’ai trouvé le rythme un peu trop lent alors que tout se précipite avec moult surprises coup sur coup à la fin ! Et quelle fin ! C’est dommage, j’aurais aimé que cela soit un peu plus équilibré car j’avoue avoir eu une baisse d’intérêt durant l’épreuve dans la forêt. Je n’ai retrouvé mon élan de lecture que vers les cinquante dernières pages. Ce passage à vide est un peu dommage car l’univers est excellent, l’intrigue bien mené, c’est juste une question de rythme. Mais malgré ce bémol, La princesse sans visage reste pour moi un très bon premier tome.

En conclusion, si vous aimez les ambiance de cours royales, de trahisons, et de compétitions mortelles, La princesse sans visage est fait pour vous ! C’est un fabuleux mélange à classer entre Le prince cruel de Holly Black et Hunger Games de Suzanne Collins ! Et c’est français, s’il était besoin de prouver que nous sommes tout à fait capables d’écrire des romans ambitieux et magiques…

Chronique : Les archives des collines chantantes – Tome 1 – L’impératrice du sel et de la fortune

Une superbe novella de fantasy asiatique qui nous conte l’Histoire et le destin d’un royaume au travers de ses objets. Epuré, stratège et surprenant, ce premier opus séduit en quelques pages à peine…

L’ouvrage avait remporté le Prix Hugo du meilleur roman court en 2021, le voici enfin en France sous le beau et mystérieux titre L’impératrice du Sel et de la Fortune. Son autrice, Nghi Vo, est américaine, il s’agit de son premier ouvrage publié en France.
A l’occasion de la parution de cette nouveauté, L’Atalante a mis les petits plats dans les grands en proposant deux versions différentes de l’ouvrage : une normale, et une autre collector avec couverture reliée, texture peau de pêche et signet en tissu inséré dans la reliure. Un écrin tout à fait à la hauteur du contenu.

Le destin d’une impératrice venue d’ailleurs

Au travers d’un dialogue entre deux personnages que rien ne lie, nous découvrons peu à peu la vie et le destin de l’impératrice du Sel et de la Fortune. Chaque chapitre s’ouvre à nous lors de la présentation d’un objet particulier qui apporte son lot d’histoire et de révélations sur qui était l’impératrice et les sacrifices qu’elle a fait pour son peuple. Mais au fil des chapitres, on sent se profiler autre chose que l’histoire officielle…

Tout en subtilité et en beauté

Voilà longtemps que je n’avais pas lu un texte aussi atypique et beau tout à la fois. C’est le genre d’ouvrage que l’on commence sans réellement savoir où il va nous mener, mais qu’une fois fini, on veut relire encore et encore. Sa mythologie semble simple en apparence, mais il n’en est rien, de même pour les très nombreux enjeux et symboles sous-jacents. Chaque mot est pesé, chaque objet choisi avec soin. Tout n’est pas dit, il vous faudra vous approprier cette lecture et mener de vous-même votre propre investigation… Et encore, il ne s’agit que du premier tome. Je gage que les titres suivants seront au moins aussi captivants et oniriques que ce premier opus !

Et que dire des nombreuses scènes marquantes et touchantes de cet ouvrage ? Elles sont nombreuses, et c’est en cela que je trouve cet ouvrage remarquable. Le texte fait à peine plus de cent pages, et pourtant il a réussit à m’entraîner dans des légendes créées de toutes pièces que j’avais envie d’écouter, de découvrir et même de m’y abreuver. Je voulais percer les mystères de cette impératrice maline et secrète qui n’est pas ce qu’elle semble être.

Impossible d’en dire plus car c’est le genre d’ouvrage qui se découvre réellement par la lecture, avec un univers qui s’infuse lentement. Ce premier tome est ainsi une vraie belle découverte et j’ose espérer que les suites arriverons relativement rapidement ! Au total, ce sont cinq tomes qui sont prévus, avec des couvertures tout aussi magnifiques que ce premier opus, toutes signées Alyssa Winans.

AUTEUR :
GENRE : Fantasy, LGBTQIA+
EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique essai : Tokyo Crush

Un témoignage passionnant sur le Japon vu par une française au travers des applis de rencontre !

Vanessa Montalbano est partie au Japon avec un visa vacances/travail. Quand elle a débarqué là-bas, elle ne parlait pas un mot de japonais ! Mais peu à peu, elle a appris la langue, la culture, les myriades de nuances dans la façon de s’exprimer, les goûts étranges de certains japonais et tant d’autres choses passionnantes. Tokyo Crush est à la fois un essai sur la société nippone au travers de ses amours, mais également un témoignage passionnant d’une expatriée curieuse.

Le Japon comme on ne l’a jamais lu

Je ne vais pas vous faire une chronique traditionnelle avec un tel livre. Je vais plutôt vous parler des passages qui m’ont le plus intéressée ou plu.

Par exemple, saviez vous qu’au Japon (et dans d’autres pays d’Asie), il n’est pas rare que dans les premières questions, celle du groupe sanguin soit demandée ? En effet, le groupe sanguin d’une personne est très importante pour nombre de japonais, il permet de connaître le caractère d’une personne (un peu comme les signes astrologiques chez nous). L’information du groupe sanguin est même publique quand il s’agit de personnalité politique ou de personnages publics.

Autre fait incroyable, les fantasmes de certains sont très spécifiques. Je savais déjà que l’on pouvait acheter des petites culottes portée par des femmes (ou même se les faire voler sur son balcon), mais je ne savais pas qu’il y avait un nom pour certains fétichismes bien précis !


Par exemple, connaissez-vous le zettai ryōiki ? Il s’agit de la partie des cuisses nue entre une jupe et des bas. Ou encore le paislash ? Il s’agit d’avoir la poitrine divisée par la lanière d’un sac en bandoulière.
Il faut également savoir qu’il est tout à fait légal au Japon (et facile de les trouver) de lire des mangas pornographiques mettant en scène des enfants. Ahurissant n’est-ce pas ?

Comme de nombreux romans nippons le prouvent, le Japon est une société profondément sexiste. C’est ainsi que j’ai appris qu’il y avait eu un scandale des écoles de médecine là-bas. Les résultats avaient été truqués durant des années pour favoriser les hommes au concours d’entrée en médecine. La raison ? Les femmes arrêteraient de pratiquer la médecine au bout de quelque temps ou travailleraient moins une fois qu’elles seraient mariées et mères…

Bon, je viens de vous mentionner les pires choses incroyables que j’ai lues dans cet ouvrage sur le Japon. Mais Vanessa Montalbana raconte des expériences très diverses et passionnantes. Par exemple, fait amusant, beaucoup de japonais avec qui elle a eu une aventure d’un soir s’excusaient de la taille de leur pénis… Ils en étaient extrêmement complexés.

Elle nous explique aussi à quel point la culture japonaise est codifiée. On le sait, dans une moindre mesure, mais elle l’a expérimenté en étant notamment serveuse : servir les personnes les plus importantes du groupe en premier, poser le plat dans le bon sens (oui, il y a un sens !, etc.). Il y a une quantité de petites bévues à ne pas faire, de non-dits lourds de sens qui peuvent mettre mal à l’aise la personne en face si l’on a pas les codes… Ce qui est arrivé de nombreuses fois à l’autrice.

Autre fait surprenant et vraiment chouette pour le coup, les baignoires japonaises ont une option pour conserver chaude l’eau du bain ou la réchauffer pour se baigner à nouveau le lendemain. Je trouve ça génial !

Toutes ces petites choses et quantité d’autres encore, font que le Japon est un pays fascinant, étrange et même impressionnant pour qui n’en possède par les nuances. Vanessa Montalbano a mis des années à les apprécier, les comprendre, et nous offre dans cet ouvrage un aperçu des nombreuses épreuves qu’elle a surmonté pour en embrasser toute la complexité. Un ouvrage indispensable à tous les amoureux de Japon qui veulent en savoir encore et toujours plus sur cet incroyable pays aux paradoxes toujours plus surprenants.

Chronique essai : Dernières nouvelles de la science

Connaissez vous « Les éditos carrés » sur France Inter ? Il s’agit de l’émission scientifique animée par Mathieu Vidard. Et, si comme moi vous n’écoutez pas beaucoup la radio, il se propose avec ce livre de nous faire (re)découvrir en version papier ses émissions, mises à jour et retravaillées pour l’occasion. Au programme, des découvertes à faire dans tous les domaines possibles et imaginables… Seul problème ? On a envie de creuser tous les sujets que Mathieu Vidard évoque et de se renseigner à fond sur chacun d’entre eux !

Un petit recueil de découvertes majeures et infos scientifiques

Clairement, cet ouvrage n’est pas fait pour être lu de façon linéaire, je pense qu’il faut plus le parcourir, le feuilleter. Son format est agréable à découvrir ainsi chaque sujet est traité très brièvement (entre une et trois pages) mais efficacement. Charge à vous ensuite de vous renseigner plus amplement sur un sujet précis !

Ainsi, vous pourrez découvrir pêle-mèle des sujets tels que :

  • D’où proviennent les bruits des os de nos mains que l’on fait craquer ? Spoiler, ce ne sont réellement les os qui craquent.
  • La greffe fécale n’est pas sexy mais elle existe et a commencer à sauver des microbiotes de souris… alors ce sera peut-être le tour de l’homme bientôt ?
  • Notre peau est reliée directement à nos émotions et la science le prouve
  • Les éponges étaient de vraies éponges avant d’être des éponges (vous suivez ?)
  • La sexualité des canard est terrible, pire qu’un champ de bataille
  • Notre cerveau a la capacité de se régénérer, y compris passé l’adolescence (dans une certaine mesure)
  • Vous pouvez parrainez un coucou pour les sauver de l’extinction et les suivre en direct grâce à une balise GPS

Comme vous pouvez le constater, ils sont extrêmement variés, et surtout passionnants. Il est clair qu’il y a quantité de sujets que je n’aurais jamais songé à découvrir ou creuser si je n’avais pas lu cet ouvrage. Et maintenant, j’ai mis tellement d’onglets dans l’ouvrage que je ne sais pas comment je vais trouver le temps de tout explorer ! Mais c’est justement ça les sciences, des sujets intarissables, une passion inépuisable et quand on a fini de se renseigner sur l’un, on a en trouvé dix autres…

Dernières nouvelles de la science est ainsi un parfait petit ouvrage (de presque 400 pages tout de même !) pour emmagasiner quantité de connaissances. Certaines très sérieuses, d’autres qui pourront vous servir à briller lors d’un repas (pourquoi pas après tout ?), toutes ont en commun le sérieux avec lequel Mathieu Vidard a investigué avant d’en parler. Alors, belle découverte !

GENRE : Sciences
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : Méduse par Jessie Burton

Une réécriture féministe et passionnante du mythe de Persée et Méduse… bien différent du conte d’origine et qui fait réfléchir à nos souvenirs collectifs !

Jessie Burton est une autrice anglaise que j’affectionne depuis presque une dizaine d’années maintenant. La lecture de Miniaturiste a été pour moi une véritable révélation littéraire. Avec Méduse, elle s’essaye à un autre type de roman : la réécriture mythologique à destination des jeunes adultes.

Une fille isolée sur une île austère…

Méduse est une jeune fille dont la vie et celle de ses sœurs a basculé à cause des dieux et de leurs caprices. De leurs désirs et de leurs chantages pour obtenir d’elle ce qu’ils souhaitaient. Loin de la légende que l’on connait tous partiellement, Méduse n’est pas une abomination dont il faut trancher la tête. Non, c’est une fille qui a eu le malheur de se faire remarquer par sa beauté et qui en a payé le prix fort… de nombreuses fois.

Mais ici, Jessie Burton décide de donner la parole à cette presque femme qui fut onnie, oprimée et violentée. Que décidera de faire Méduse quand le beau Persée arrivera sur son île ?

Oser repenser les mythes

A l’image de l’essai De grandes dents de Lucile Novat qui se proposait de comprendre autrement le conte du Petit Chaperon Rouge, ici Jessie Burton essaie de déconstruire notre imaginaire. Dans notre culture collective, Méduse est une femme à la chevelure en têtes de serpents, elle est bestiale et dangereuse… La tuer serait un bienfait pour tous. Mais… et si Méduse n’était que la victime de la violence des hommes ? (encore une, oui). Et si elle n’était que le produit du pouvoir des hommes exercé sur les femmes ? C’est une injustice que tente de réparer Jessie Burton en remettant en lumière certains faits mythologiques et en réécrivant d’autres, pour enfin donner une voix à Méduse.

« Eh bien, je pense qu’il est moins difficile de s’entendre répéter qu’on est beau quand on est un garçon que quand on est une fille. Lorsque la beauté t’est atrribuée en tant que fille, elle devient d’une certaine façon l’essence de ton être. Elle évince tout ce que tu peux être d’autre. Alors que chez les garçons, elle ne prend jamais le pas sur ce que tu pourrais être par ailleurs« .

Cette mise en évidence de nombreuses injustices fait froid dans le dos et donne envie de relire attentivement nos contes et mythes, et pas la version expurgée s’il vous plaît. Non, il va nous falloir aller à la source des mythes fondateurs pour comprendre que ce que l’on sait est parfois erroné ou déformé.

Bien plus qu’une simple réécriture, ce texte de Jessie Burton est résolument féministe et incitera les plus curieux.ses à se plonger à la source de ces écrits qui font au quotidien notre culture. Pour moi ce roman est à mettre pile entre De grande dents et Résister à la culpabilisation de Mona Chollet. Le travail est immense, mais à force de curiosité et de partages, nous arriverons tracer une route différente…

« Ecoute Persée, crois-en quelqu’un qui sait de quoi il parle : parfois il ne suffit pas de se recroqueviller pour devenir la forme la plus petite, la plus minuscule qui soit. Alors, autant garder la taille que l’on est censé avoir.« 

Ainsi oui, c’est un coup de cœur, mais pas au sens littéraire de la chose. La lecture était très plaisante, mais c’est surtout son fond de soft power féministe qui m’a convaincue. A lire et faire lire dès l’âge de 14 ans environ.

Chronique Jeunesse : L’enfant des ombres

Un roman sombre, très sombre, qui se déroule dans un internat quelques semaines avant la Toussaint… ambiance angoissante et mystérieuse à souhait.

En ce moment, j’essaye de lire autre chose que des nouveauté, d’alterner entre ce que l’on appelle le fonds (ouvrages de plus de deux ans) et l’office (les nouveauté pures). Et parfois, quand on est libraire, on en a marre de ne lire QUE des nouveautés. On a bien envie de faire une petite pause dans toutes ces parutions pléthoriques et de se poser devant un bon vieux livre.

C’est ainsi que je redécouvre le fonds de l’Ecole des Loisirs, une maison d’édition qui justement base le ciment et même les fondations de son catalogue dans le fonds, et ils ont bien raison. D’autant qu’ils ont un magnifique catalogue dans lequel il y a de quoi faire sur toutes les thématiques et pour tous les âges. C’est ainsi que je tombe un peu par hasard sur L’enfant des ombres, l’ancienne édition de 1994, quand les couvertures ne donnaient pas franchement envie de s’y mettre, à la lecture. Heureusement, ils ont changé la maquette depuis, comme vous pouvez le constater en fin d’article, plus esthétique mais aussi plus flippante il faut l’avouer.

Moka est un auteur emblématique du catalogue de l’Ecole des Loisirs, mais on connaît aussi d’autres de ses ouvrages, plus actuels, comme les Kinra Girls ! Mais avec L’enfant des ombres, autant vous dire qu’on ne va pas rire une seule seconde, certains vont même certainement flipper.

Un pensionnat comme tant d’autres, les mystères en plus

Tout commence avec Morgane, une élève qui a peu d’amis, discrète, pas super bien dans sa peau. Depuis quelque temps, elle voit des ombres. Seul problème, personne d’autre qu’elle ne les voit, alors un peu dur de la croire… Mais peu à peu, les fameuses ombres prennent en consistance autour de Morgane, qui tait ses inquiétudes à tous sauf à son amie la plus proche (également la seule). Des ampoules se cassent de plus en plus dans l’établissement, donnant encore plus de place aux ombres pour s’étaler, bientôt Morgane se sent acculée… Jusqu’à ce qu’elle décide de prendre le problème autrement, au détriment de tous les autres élèves du pensionnat…

Ambiance sombre et bizarre à souhait

Dire que j’ai adoré l’ambiance de ce roman est un véritable euphémisme. C’est simple, la prégnance de ces ombres, leur pouvoir qui s’accroit, tout concourre à nous offrir une atmosphère incroyablement sombre. Il y a des passages qui ont même réussit à me surprendre car je ne m’attendais pas à lire ça dans un roman destiné aux 13 ans et plus (un meurtre à coup de fourchettes dans la gorge, promis ce n’est pas gâcher l’intrigue que de vous le dire).

Petit à petit, les ombres resserrent leur emprise sur Morgane et sur l’établissement tout entier, à tel point qu’un groupe se forme pour mener l’enquête en secret. Nous sommes dans un pensionnat à l’ancienne où les filles et les garçons ne se mélangent pas, alors ils décident de se retrouver le soir clandestinement. Cette ambiance de club secret scolaire, ça aussi j’adore.

Je n’en dirait pas plus sur l’intrigue, mais ce roman vaut le détour pour ce qu’il transmet comme sensation de lecture. On navigue entre l’étrange, le bizarre, puis le carrément très flippant par moments. J’ai été à tel point séduite par l’histoire et l’ambiance que j’ai été un peu surprise de la fin abrupte du roman.
J’ai trouvé qu’il manquait un chapitre ou deux pour bien terminer « proprement » l’histoire. Ici, en quelques pages, c’est terminé, sans guère de développements. J’insiste sur le fait que ce n’est pas des réponses qui manquent, j’aime l’idée qu’on se fasse sa propre idée de la fin. Non, ce qui m’a manqué, c’est une conclusion un peu plus diluée et non pas deux ou trois pages qui clôturent presque deux-cent pages de suspesne angoissant. C’est juste cet aspect là qui m’a un peu déçue.

Cependant, si vous cherchez un roman flippant qui se déroule en huis-clos, L’enfant des ombres sera parfait pour vous faire passer une bonne mauvaise soirée ! Dès 13 ans, et pas pour ceux qui ont peur de leur ombre.

Chronique ado : La faucheuse tomes 2 & 3

PLAIDOYER POUR LA FAUCHEUSE. POURQUOI LIRE CETTE TRILOGIE ?

Je vous ai déjà fait l’article du premier tome de La Faucheuse de Neal Shusterman il y a quelques années. Depuis, les tomes 2 et 3 sont parus, cela ait même un bon moment. J’ai tellement aimé le premier tome, mais également les deux suivants que je ne voyais pas l’intérêt de me répéter en disant que c’était génial dans deux autres grosses chroniques.

Je préfère simplement vous dire que la trilogie La Faucheuse fut pour moi une énorme claque. Littéraire, mais également philosophique car cette saga nous interroge sur quantité de choses de l’existence. Elle n’est pas qu’un enchaînement très réussi d’actions et de révélations. C’est aussi une série de livres que pousse ses lecteurs à réfléchir, parfois très loin, sur le bien le mal, le bénéfice et les pertes qu’engendrent l’IA pour l’humanité… Nous n’avons pas de Thunderhead ni de Faucheurs, mais Neal Shusterman a déjà pensé à tout. Est-ce que vous voudriez de ce monde ?

Véritable trilogie à la portée philosophique, La Faucheuse est et restera pour moi l’une de mes lectures favorites de tous temps. J’ai rarement dévoré à ce point des romans ni été subjuguée avec une telle force.

Lisez La Faucheuse si vous cherchez une lecture avec du corps et une réflexion profonde, c’est ici que ça se passe.

Et en bonus, un autre opus qui retourne dans l’univers tant aimé de La Faucheuse, avec de nouvelles histoires au format court.