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Chronique : La trilogie des ténèbres – Tome 1 – L’évangile des ténèbres

Un roman qui nous montre au travers d’un polar ce qui se passe en Corée du Nord…il faut le lire pour le croire !

Peut-être connaissez-vous déjà Jean-Luc Bizien, c’est un auteur reconnu dans de nombreux domaines. Polars, jeunesse, fantasy… il s’essaye à tous les genres.

Dans L’évangile des ténèbres, il nous fait découvrir la Corée du Nord à travers le « jeu de piste » fomenté par un tueur en série… Et si vous pensez que l’auteur a une imagination débordante, c’est effectivement le cas, mais sachez qu’il a fait appel à une très solide documentation avant de ce lancer dans l’écriture de ce roman.

L’évangile des ténèbres est le premier tome de la Trilogie des ténèbres, il peut malgré tout se lire indépendamment si vous le souhaitez. Le second tome s’intitule Le berceau des ténèbres et le troisième La frontière des ténèbres.

Un prédateur sévit en Corée du Nord

En Corée de Nord, tout le monde est parfait. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de « détraqués ». Pas de personnes handicapées, pas de malades, pas de nains, pas d’êtres faibles… En réalité, bien sûr que si, il y en a, mais ils sont soigneusement « écartés ». Alors, quand un tueur en série sévit dans les rues de Pyongyang, c’est le pays entier qui est mis en danger. Enormément d’enjeux sont sur la sellette, et arrêter ce tueur devient vite une priorité d’ordre national…

Car un meurtrier n’est rien d’autre qu’un détraqué de plus, or la Corée du Nord ne produit que l’élite de l’humanité, c’est bien connu. Ajoutez à cela un jeune journaliste occidental infiltré au Nord et vous aurez une petite idée du tableau qui vous attend.

Un roman sous haute-tension qui fonctionne à merveille

Pour ceux qui aimeraient un roman noir et corsé avec pour toile de fond le pays le plus secret au monde, c’est parfait !

L’évangile des ténèbres a en effet le mérite de traiter de sujets brulants et malheureusement toujours d’actualité en Corée du Nord : malnutrition de la population, délation pour le moindre regard de travers…

L’intrigue a beau être assez simple dans l’idée, son déroulement reste fascinant pour beaucoup de raisons. Tout d’abord, la découverte totale du monde de la Corée du Nord, ses traditions, sa propagande, ses moyens de pression, son fonctionnement. On en apprend énormément sur les différentes strates de cette société à nulle autre pareille.

Saviez-vous par exemple que les coréens du Nord sont plus petits que ceux du Sud ? La cause : la malnutrition. Que l’on peut être dénoncé par son voisin pour un simple regard de travers ? Que toute personne jugée « non conforme » au régime est envoyée dans des camps de travail, ou pire : fusillé.

Outre donc l’intrigue qui se tient bien, nous avons des personnages pour lui donner corps. Mais certains m’ont beaucoup moins convaincue, du moins ceux qui viennent des États-Unis. L’un des personnages phare du roman, c’est Seth Ballahan, un journaliste américain. Mais pour moi, c’est un concentré de stéréotypes, et même si c’est voulu par l’auteur, il est très vite détestable. Imbu de lui-même, toujours pressé, blasé, égoïste… Il est pour moi loin d’être un atout pour cette histoire.

Mais en ce qui concerne les personnages Nord-Coréens, ils sont extraordinaires ! Alors, ça vaut bien ce petit désagrément.

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Conclusion ? L’évangile des ténèbres est un bon polar qui vous dépaysera à tous points de vue. Une fois dedans, vous serez pris dans les filets de cette histoire qui s’inspire à 100% de faits réels se déroulant encore (ou ayant eu lieu) en Corée du Nord de nos jours.

 

Chronique : Coeur de loup

Un roman aux élans de liberté et d’aventure à savourer !

Katherine Rundell est une auteure Anglaise, elle a eu la chance de grandir au Zimbabwe, à Bruxelles, et à Londres. Elle a également été nommée pour la Médaille Carnegie. En France, nous la connaissons pour deux romans : Le ciel nous appartient (Les Grandes Personnes/Folio Junior) et tout récemment, Cœur de loup chez Gallimard Jeunesse.

Avec ce nouveau roman, Katherine Rundell nous offre une aventure naviguant entre Histoire et merveilleux avec pour toile de fond la Russie des tsars… et son âpreté.

Un univers glacé et merveilleux

Le monde quotidien de Féodora est bien loin de celui des autres enfants et adolescents. Là où certains jouent dans la neige, s’amusent, ou aident leurs parents, Féodora elle, ensauvage des loups avec sa mère, maître-loup de métier.

En Russie, posséder des loups est considéré comme un marqueur de noblesse. Mais comme il s’agit d’animaux sauvages, il arrive régulièrement que certains mordent ou se rebellent contre leur domestication forcée. Ils sont alors abandonnés aux soins de la mère de Féodora, qui s’occupe d’ensauvager les loups, dans un coin isolé de Russie. Car on ne tue jamais un loup, cela apporte un immense malheur… Mais le travail si particulier de Féodora et de sa mère est mis en danger par l’armée du tsar et la folie de son chef.

C’est le début d’une magnifique quête pour Féodora : rébellion, courage, férocité et persévérance, Féo va devoir se surpasser et se découvrir pour libérer sa mère du joug de l’armée du Tsar…

Une belle histoire comme on les aime

Avec Cœur de loup, vous retrouverez tout ce qui fait qu’un ouvrage jeunesse peut être mémorable aux yeux d’un jeune lecteur. Des héros charismatiques, une histoire originale aux élans mystérieux et dangereux, une intrigue efficace et bien menée, et des sentiments poignants qui accaparent le lecteur.

Et surtout, la Russie dépeinte comme elle l’est par Katherine Rundell est une ode à la beauté glacée des forêts de Sibérie, à la liberté, et à l’amour.

Plus qu’un récit d’aventure, c’est un chant de rébellion qui souffle dans ce roman. Ne vous laissez jamais faire, et battez-vous pour vos convictions, voilà l’un des messages de ce récit. Le second grand message étant certainement d’être aussi bon que possible avec ceux qui nous entourent, qu’ils soient humains ou animaux…

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Si vous recherchez une belle histoire pour les jeunes lecteurs entre 10 et 13 ans environ, Cœur de loup est un très bon ouvrage. Son histoire est originale, les illustrations dont est parsemé le récit sont superbes, merci à Emmanuelle Ghez pour cela.

Mention spéciale également pour l’illustration de couverture, le touché pelliculé et doux de l’ouvrage, et le titre argenté. Ce livre est un bijou, à tous points de vue.

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TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : CHEFS – Tome 1 – Gaufres, collège et mystères

Le premier tome d’une série jeunesse qui traite de cuisine, d’amitié, le tout saupoudré de nombreux secrets…

Paru en mars 2017, voici le tout premier tome d’une série culinaire : Chefs. L’ouvrage est écrit par Christelle Chatel, une auteur qui a déjà de nombreux ouvrages à son actif. Elle a écrit de nombreux titres de la saga Le Ranch à la Bibliothèque Rose, c’est également elle qui a écrit la saga jeunesse Brune du Lac chez Nathan.

Avec Chefs aux éditions PlayBac, elle  l’illustration, nous retrouvons Emmanuel Ristord, c’est lui qui illustre la saga jeunesse Je suis en CP et Je suis en CE1 !

Une rentrée des classes stressante

C’est le jour de la rentrée pour de nombreux enfants, avec chacun un tracas. Que ce soit Honoré, Suzette, César, Asal, ou encore Mandoline : certains ont une image à assurer, d’autres on peur de se griller dès le premier jour et de rater l’occasion de se faire des amis, et un essaye de se faire oublier…

Tous à leur manière, quel que soit leur âge, ils ont une passion commune qu’ils ignorent encore chez les autres : l’amour inconditionnel de la cuisine. Mais ils vont bientôt se découvrir les-uns les autres grâce au grand-père d’Honoré… et un mystérieux ouvrage en forme de gaufre. C’est le début d’un jeu de piste culinaire !

Une idée très tentante mais qui manque de saveur

L’idée de base de Chefs me plaît énormément. Lier littérature jeunesse et cuisine m’a toujours séduite, cela encore plus quand c’est joliment illustré. Cependant, le premier tome de Chefs est tellement introductif qu’il est difficile à cerner. Les enjeux de nos héros sont révélés en toute fin d’ouvrage, rendant le premier tome un peu faible en termes d’intrigue, de contenu.

Et en même temps, il est tout à fait normal de prendre le temps de présenter les personnages, poser leur caractère, les spécificités de chacun… Mais tout le long du roman, j’ai été tiraillée par le fait qu’il ne se passait pas grand-chose et qu’en même temps, c’est un premier tome et qu’il faut bien poser le décor.

Mais surtout, j’ai eu du mal à apprécier les personnages. Trop caricaturaux, avec assez peu de relief, on a du mal à s’attacher à eux malgré leurs noms sympathique (chaque personnage a un nom lié au monde de la cuisine, c’est une bonne idée !).

De plus, j’ai trouvé les tournures de phrases parfois franchement étranges. De même, intégrer de façon un peu aléatoire des anglicismes m’a un peu interloquée. Faire découvrir le vocabulaire anglais, c’est super, mais encore faut-il que ça ai un sens et que ça ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe. Il y a toutefois quelques points positifs dans ce premier tome. Tout d’abord les chapitres courts, efficaces du roman qui incitent à la lecture (rapide) du roman pour les jeunes lecteurs.

Ensuite, les illustrations très jolies d’Oriol Vidal, avec une appréciation spéciale pour la couverture, que je trouve magnifique. Elle attire l’œil, elle sait attiser la curiosité, nous faire comprendre qu’il y a une dimension mystérieuse…

Enfin, l’ambiance qu’a voulu créer Christelle Chatel dans son roman est assez réussie également. J’ai vraiment envie de savoir comment elle s’en sort avec la mission qu’elle a donnée à ses Chefs dans le second tome à venir.

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En conclusion, Chefs – Tome 1 – Gaufres, Collège et mystère est un premier tome qui recèle du bon et du moins bon. Ce n’est que mon avis d’adulte très sérieuse, je pense que les enfants ciblés (les 9/10 ans) pourront très bien apprécier cette nouvelle série. A suivre donc !

Chronique : Annihilation

Un roman d’anticipation au rythme lent,  fort nébuleux – mais captivant – aux élans lovecraftiens très développés…

Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la Trilogie du Rempart Sud de Jeff VanderMeer ? Le premier tome, Annihilation, est paru aux éditions Le Diable Vauvert en 2016, il vient tout juste de sortir chez Le livre de poche. Le second tome d’ores et déjà paru le 5 octobre dernier sous le titre Autorité.

Enfin, la saga est en cours d’adaptation cinématographique avec notamment Natalie Portman. La réalisation et le scénario sont signés Alex Garland (Ex Machina, 28 jours plus tard…). Le film est prévu dans les salles obscures pour mars 2018.

Une mission d’exploration dans la Zone X

Etrange, innommable, mystérieuse… voici la Zone X, un endroit impossible à décrire, inhabitable et secret. C’est là-bas que se rendent quatre scientifiques afin de tenter d’en percer les mystères : une anthropologue, une psychologue, une géomètre et une biologiste (la narratrice de ce roman). Elles composent à elles quatre la douzième expédition.

Elles doivent se surveiller mutuellement pour être certaines qu’aucune n’est influencée ou changée par la zone X. Mais peu à peu, la tension monte et l’incertitude également… Que sont-elles censées découvrir ? Qu’on donc apprit les onze expéditions précédentes ? Et ce n’est que le début des interrogations…

Un roman lent et lancinant qui nous contamine à sa façon

On ne peut pas dire qu’Annihilation soit un roman facile d’accès. J’ai d’ailleurs du faire une pause durant ma lecture tant il est lent. Mais il faut insister car son atmosphère d’étrangeté et de danger latent le rend unique.

La narration n’est d’ailleurs pas sans faire penser à H.P. Lovercraft dans les détails sombres, l’atmosphère pesante… et les étranges plantes/choses/organismes que l’on croise !

J’ai adoré cette histoire aux enchainements nébuleux mais toujours intéressants. La pression psychologique entre les membres ne cesse de monter. La suspicion également… Tout ce que nous lisons est écrit du point de vue de la biologiste, elle nous explique la faune, la flore, de la Zone X, me nombreuses questions planent encore.

Il y a un élément de la Zone X en particulier que j’ai trouvé singulier et mémorable : la Tour. Ce qu’elle renferme a quelque chose d’hypnotique qu’il est impossible de décrire. D’autant qu’après les très nombreuses expéditions, elle n’est sur aucune carte ! Jeff VanderMeer maîtrise à la perfection l’art de ne pas trop développer tout en nous laissant une image bien précise en tête.

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Annihilation est donc un excellent premier tome pour qui aime les ambiances emplies d’étrangeté… C’est un roman qui fonctionne comme un huis-clos bien que le décor soit une zone gigantesque non répertoriée… C’est magnifiquement travaillé psychologiquement…

On a tout simplement envie de passer au second tome, Autorité. Il parait qu’il est extrêmement différent du premier en termes d’écriture et de narration, je suis impatiente de vérifier cela !

PS : Mention spéciale à la couverture du roman (qui reprend la version US) car elle retranscrit parfaitement l’univers de la Trilogie du Rempart Sud… Des plantes qui grimpent partout et qui semblent régner en maîtres, une flore foisonnante… c’est exactement ça !

Chronique album jeunesse : Yôkai ! – Le monde étrange des monstres japonais

Un magnifique album aux allures de bestiaire entièrement dédié aux monstres issus du folklore japonais… les yôkai ! Découvrez qu’il y a un esprit pour chaque objet qui nous entoure…

Présenté et écrit par Fleur Dogey, illustré sublimement par Sandrine Thommen, voici l’album Yôkai ! – Le monde des monstres japonais. C’est un magnifique ouvrage dédié à la jeunesse… qui pourrait bien séduire également les adultes passionnés de Japon. Il vient de paraître aux éditions Actes Sud Junior le 11 octobre dernier et il est tout simplement magnifique.

Un bestiaire fantastique qui prend sa source dans la culture nippone

Pour ceux qui aiment les créatures magiques, les choses étranges, les bêtes bizarres, les esprits inquiétants… les yôkai sont une source d’inspiration fascinante. Au Japon, il existe un yôkai pour chaque objet du quotidien, mais aussi pour de très nombreux animaux. Certains yôkai se camouflent même sous des traits humains !

Mais chacun possède une histoire différente, une légende qui lui est propre. Dans cet album aux illustrations détaillées et superbes, découvrez un peu plus d’une trentaine de ces esprits issus d’un folklore captivant…

Un ouvrage d’initiation de qualité

Pour les curieux, cet ouvrage est une véritable petite bible des yôkai (à destiner aux enfants dès l’âge de 9 ans environ). On peut le feuilleter, le découvrir, le parcourir comme on le souhaite…

Certains yôkai sont présentés sur plus de quatre pages, comme le kitsune (le fameux renard à neuf queues), le kappa (et sa terrible physionomie) ou encore le tengu (une créature au très long nez rouge).

D’autres nous sont présentés sous un format plus court, mais tous sans exception sont intéressants. On apprend ainsi qu’un grand nombre de Pokémons ont été inspirés par les yôkai.

Chacun des yôkai présentés bénéficie quoi qu’il en soit d’une belle illustration colorée et vivante. On découvre ainsi qu’il y a des yôkai pour absolument TOUT : la femme esseulée trahie par son mari peut se transformer en yôkai, le chat maltraité par son maître également… Il en est de même pour les objets lorsqu’ils ont plus d’une centaine d’années d’existence, ces derniers sont alors dotés d’une âme : lampions, vaisselle, vêtements, tout y passe ! Et chacun à un nom spécifique qui le défini. Ainsi, le karakasa est le fameux parapluie doté d’une jambe unique, le burabura est quant à lui le lampion qui l’accompagne la plupart du temps…

Et ce n’est pas tout ! Vous apprendrez encore bien d’autres choses si vous osez ouvrir ce livre qui nous présente une culture si différente de la notre qu’elle nous parait fantastique. Cet album est pour moi un futur classique, à classez entre les beaux-livre et les albums destinés à la jeunesse.

Il fera un fabuleux cadeau pour les enfants et les ados qui ont un intérêt tout particulier pour le Japon… Mais les adultes passionnés de culture nippone devraient également y trouver leur compte grâce aux illustrations mémorables de Sandrine Thommen. Personnellement, il a désormais une place de choix dans notre bibliothèque !

Pour aller plus loin : N’hésitez pas à aller voir l’article concernant un roman jeunesse entièrement dédié aux yôkai ! Il s’agit de Une histoire terrifiante – Le miroir aux sortilèges paru chez Flammarion et écrit par N.M. Zimmermann.

Chronique album jeunesse : La peinture d’Uchiki

Un album d’inspiration nippone qui nous fait découvrir une magnifique histoire dans l’univers de la peinture…

La peinture d’Uchiki est un album pour les enfants – dès 5/6 ans – aussi beau qu’original. Il est paru dans la petite maison d’éditions A pas de loups en mars 2017 et gagnerait à être connu…

Son illustratrice Xavière Broncard a déjà réalisé plusieurs albums jeunesse, de même que l’auteure avec qui elle travaille sur cet album, Isabelle Wlodarczyk.

L’histoire d’un peintre qui se mésestime

Uchiki est un homme solitaire qui ne vit que pour peindre ce qui l’entoure. Il trouve de la beauté en chaque chose qui croise son regard : un arbre, une montagne, un oiseau… Mais il n’arrive pas à peindre quelque chose de beau, de mémorable. Tout ce qu’il réalise, il le remise aussitôt dans un coin sans jamais le regarder à nouveau, jugeant que ça n’en vaut pas la peine.

C’est dans ce contexte qu’arrive un vieil homme censé livrer à un sage de la région (le vieux Tetsuchine) des dizaines de rouleaux. Ces rouleaux sont les œuvres que le sage doit découvrir absolument.  En effet,  tous les cents ans, est élu un peintre qui est félicité pour son œuvre par le conseil des sages.

Mais le vieil homme n’a plus la force d’aller livrer les œuvres au vieux sage, alors Uchiki se propose pour le soulager de sa charge de travail.

C’est ainsi qu’Uchiki gravit la montagne avec les œuvre des dizaines de peintres… et devient tenté de les admirer lui aussi. Une en particulier va retenir son admiration, occuper ses nuits… pour finalement le rendre malade de jalousie… Que va donc faire Uchiki ?

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Une belle histoire fort bien pensée et illustrée

La lecture de cet album fut un véritable coup de cœur. De l’histoire en passant par les dessins, il y a quelque chose dans ce livre qui le dote d’une âme. L’ambiance, le graphisme choisit avec soin par Xavière Broncard, tout participe à nous offrir une histoire belle et mémorable.

Suivre l’histoire d’Uchiki et son cheminement est très intéressant. Que l’on soit adulte ou enfant, on meurt d’envie de savoir comment se conclura cette histoire pour le moins originale.

Je ne vous en dis pas plus sur le fin mot de cette histoire qui donne à réfléchir, mais j’ai adoré !

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J’espère maintenant que ce bel album aura pleinement sa chance en librairie car sa diffusion étant très restreinte ce n’est pas évident… Cependant, même si votre libraire ne l’a pas, il pourra très bien vous le commander !

Je vous le promets, c’est un bel album, une belle histoire, et c’est dès l’âge de 6 ans dans l’idéal et 5 ans au grand minium.

Petit plus : Vous découvrirez à la fin de l’album un petit glossaire vous expliquant quelques termes. Quelle est la différence entre peintre et calligraphe à l’époque au Japon, que sont les emaki ou encore de quel peintre ayant réellement existé se sont inspirées les auteures (il s’agit de En-I).

 

Chronique : Heurs et malheurs du sous-majordome Minor

Un roman gothique un peu fou, ce qui ne l’empêche pas d’être génial et extrêmement bien écrit, et traduit… Une belle découverte !

Troisième roman du canadien (côté anglophone) Patrick deWitt à paraître en France, Heurts et malheur du sous majordome Minor est un inclassable à découvrir.

Personnellement, je l’ai découvert avec cette nouveauté, mais d’autres l’avaient déjà remarqué grâce à son excellent Les frères Sister (actuellement en cours d’adaptation par Jacques Audiard). Il a également écrit Ablutions : notes pour un roman. Tous ses ouvrages sont chez Actes Sud en grand format, et Babel en poche.

Si vous ne connaissez pas encore Patrick deWitt, c’est une magnifique occasion de faire connaissance avec sa plume aiguisée…

Une histoire incroyable dans un pays inconnu, dans une région qu’on ignore…

La vie de Lucien Minor est bien fade, il ne lui arrive jamais rien de notable, lui qui vit encore chez sa mère. Il aimerait bien que quelque chose lui arrive, n’importe quoi ! Tout pourvu qu’il fasse des choses, qu’il vive… Ses souhaits vont rapidement être exaucés puisqu’en quelques pages à peine, le voici jeté de chez lui par sa propre mère et lancé à l’aventure. Il réussi à se faire embaucher dans le labyrinthique château von Aux en tant que sous-majordome. Cette fonction n’existe pas, mais qu’importe !

C’est ainsi que débutent les très étranges mais fascinantes aventures de ce jeune homme à qui rien n’est jamais arrivé mais où tout peux survenir à chaque instant…

Un roman débridé, malin et inclassable

Lucien Minor est quelqu’un qui voudrait qu’il lui arrive quelque chose. Et autant dire que du début à la fin, il ne manquera pas d’aventures ! Ce roman est aussi inclassable que génial à découvrir… Et surtout, la traduction de Philippe Aronson nous donne un texte superbe ! On sent que le travail a été soigné pour cet ouvrage où chaque mot, chaque tournure, ont été choisis en connaissance de cause.

Et justement, l’écriture, parlons-en ! Les dialogues sont géniaux, et même exquis. Je pense notamment à la scène de ménage autour d’un malheureux fromage, qui lut à haute voix est encore plus savoureux… Mais ce n’est pas tout, même ce qui est censé être triste ou un peu sombre devient drôle sous la plume de Patrick deWitt. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde de réussir un tel exploit.

Outre la narration, l’intrigue en elle-même est géniale et sort complètement des sentiers battus. Ce qui se fait en littérature est en général plus convenu, et dans un univers moins étrange que celui qui nous est proposé ici. Et justement, c’est cela qui est génial. Je suis ravie de voir que ce roman trouve sa place en littérature dite « blanche » et non pas de genre chez l’éditeur. Cela veux dire que la frontière entre les genres s’efface, et c’est plus facile à conseiller que quand c’est estampillé « étrange » ou « imaginaire ». Le roman n’est pas clairement fantastique, mais pas non plus réaliste… On navigue entre deux eaux tout au long du roman, et cette incertitude, cette ambiance étrange n’est pas pour déplaire, au contraire !

Parmi les nombreux points positifs de cet ouvrage, on peut enfin nommer le décor. Un magnifique château qui surplombe une la petite ville. Un domaine où l’on doit ABSOLUMENT fermer la porte de sa chambre à clé le soir sous peine de subir des événements très malencontreux… Des maitres à moitié fous et des majordomes qui en voient de toutes les couleurs… On plonge entre fantasmagorie et historique, sans oublier une bonne dose d’humour.

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En somme, ce roman est un véritable coup de cœur. J’ai découvert plus qu’un roman génial grâce à cette lecture car Patrick deWitt est un auteur dont la découverte m’a grandie. J’espère sincèrement que ce roman vous plaira autant qu’à moi… C’est une merveille de bizarreries et d’humour ! Si l’on croise l’univers de Tim Burton et de Charles Dickens, on pourrait bien obtenir l’univers si particulier de Patrick deWitt !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique album jeunesse : Joyeux anniversaire maman !

Un amour d’album jeunesse qui nous conte l’histoire de petits poussions souhaitant offrir LE cadeau parfait à leur maman… mais tout ne va pas se dérouler comme prévu !

Satoe Tone est une auteure et illustratrice japonaise. Elle rencontre un franc succès dans les nombreux pays où elle est publiée. Elle a d’ailleurs remporté le prestigieux Grand Prix international de l’Illustration à la foire du livre jeunesse à Bologne.

Elle est l’auteur notamment des albums Le voyage de Pipo, Où est mon étoile ?, Une si jolie terre ou encore La très grande carotte. Elle était libraire avant de devenir illustratrice.

Un amour de poussin

Imaginez un petit poussin tout mignon, tout dodu et paré de petites plumes bien douces. Bien, maintenant multipliez ce poussin mignon par cinq et vous avez au grand complet les enfants de Maman !

Et comme c’est son anniversaire, les cinq petits poussins ont décidé de lui offrir une surprise de taille… mais encore faut-il qu’ils trouvent quoi…

Une quête de cadeau, par monts et par vaux

Encore une fois, cet album de Satoe Tone est une petite merveille d’illustration. C’est mignon, enjoué et entouré d’ondes positives à chaque page !

La quête des petits poussins a beau être compliquée et difficile à mener, on les adore… quel que soit le résultat ! Ils mettent tellement d’ardeur à trouver un magnifique cadeau qui plaira à leur maman que s’en est attendrissant…

On saluera bien évidemment les magnifiques dessins de Satoe Tone. Toujours aussi beaux et doux… Impossible de ne pas tomber sous le charme de son trait de crayon si aisément reconnaissable.

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En somme, ce petit album paru aux éditions Balivernes est un très beau petit cadeau à faire aux enfants dès l’âge de 3/4 ans.

AUTEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique : L’effet ricochet

Un roman d’anticipation qui mélange efficacement suspense et manipulation génétique

Il est sorti en février 2017 chez Seuil Jeunesse, voici l’un des derniers romans en date de la géniale Nadia Coste (j’ai perdu mon objectivité en lisant Le Premier chez Scrinéo).

L’effet Ricochet, c’est l’histoire de l’humanité qui a perdu le moyen de procréer naturellement et qui a du trouver une solution pour le moins extrême : le clonage.

Au cœur d’une famille des années 2074

Malou est une adolescente de 16 ans tout à fait normale. Comme tout le monde de nos jours (en 20174), elle est née grâce au clonage. Elle ressemble donc traits pour traits à sa mère, tout comme ses sœurs, dont elles sont également la copie conforme. Donc, tout se passe bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que… Malou se rende compte qu’il y a un petit grain de sable dans l’engrenage si parfait qui compose sa famille. En effet, elles ont toutes eue les mêmes accidents au même âge. Tout commence avec un bras cassé, mais d’autres « accidents » sont à venir. Il semblerait que les blessures et accidents corporels de leur mère se répercutent sur les trois sœurs, au même âge…

Comment expliquer ce phénomène, et surtout comment l’arrêter ? Les trois sœurs sont-elles les seules à subir cette anomalie ?

Une idée brillante mise au service d’une intrigue efficace !

Autant le dire d’emblée, L’effet ricochet est une petite réussite à mettre entre toutes les mains dès l’âge de 12 ans environ. Il y a tout pour plaire/captiver les lecteurs : de l’action, de la réflexion, de la documentation sur la génétique, les sciences, des personnages forts…

Encore une fois, Nadia Coste sait proposer un roman efficace et malin à ses lecteurs. Elle a toujours une idée de base très forte qu’elle réussit à développer très efficacement. L’effet ricochet ne fait donc pas exception et tient toutes ses promesses.

La seule remarque je pourrais faire serait à propose de la conclusion, que j’ai trouvé légèrement trop rapide. Comme si l’auteure n’avait plus le temps (la place ?) de clore correctement son roman.

En dehors de cela, c’est un sans fautes. C’est une lecture parfaite pour les ados et les préados, ça donne matière à réflexion, c’est intéressant… Et ça ferait même une super idée pour un film sous haute tension je trouve ! (oui, je m’emballe, mais l’idée est si bien trouvée et traitée que ça mérite qu’on s’y penche).

Malou est une ado du futur très crédible, aux sentiments forts, on s’attache très vite à elle et à son étrange destin génétique.

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Si vous recherchez pour vous (ou à offrir) un roman jeunesse et ado qui propose une histoire originale et bien traitée, L’effet ricochet est le roman parfait. C’est à découvrir dès l’âge de 12 ans environ, peut-être même avant pour ceux qui aiment la lecture.

Je vous laisse, je vais maintenant me pencher sur un autre roman de la même auteure (chez le même éditeur) : L’Empire des auras, j’espère qu’il est tout aussi bien !

 

PS : Je dois avouer avoir vraiment eu du mal à apprécier la couverture, que je trouve trop rébarbative. L’idée du visuel dupliqué est très bonne, mais l’illustration, les couleurs choisies ne donne pas quelque chose d’avenant. Quand ont sait à quel point le visuel est important (encore plus en jeunesse), c’est dommage… Mais cela reste mon avis très personnel.

Chronique : L’oiseau qui avait avalé une étoile

Un album pour enfants d’une poésie inouïe et merveilleuse…à découvrir à n’importe quel âge !

Paru en mai 2015 aux éditions La Palissade, voici L’oiseau qui avait avalé une étoile. Laurie Cohen – qui est à la narration – a déjà publié une vingtaine d’ouvrages pour la jeunesse. Toni Demuro – à l’illustration – a quant à lui réalisé plusieurs couvertures de romans et commence à se faire un nom dans le domaine de la jeunesse.

Une histoire sublime et touchante

C’est l’histoire d’un petit oiseau qui par mégarde… a avalé une étoile ! Ainsi, l’oiseau est devenu aussi « brillant qu’un diamant »… Mais même si ce nouveau plumage lui sied magnifiquement, le petit oiseau est très malheureux car sa lumière le rend indésirable aux yeux de tous les autres animaux.

Tous se plaignent qu’il attire les prédateurs avec sa lumière, le petit oiseau est ainsi totalement exclu… Jusqu’à ce que quelqu’un s’intéresse à lui.

Magnifique !

Cet album est à découvrir par tous, quelque soit l’âge tant il est sublime par son visuel, mais aussi par le message qu’il véhicule.

Au travers de ce court texte, c’est une ode à la différence, à l’acceptation et au partage qui nous est offerte. Les dessins sont d’une beauté saisissante, si réussis que parfois, il n’y a pas de texte, l’illustration se suffisant à elle-même. Je vous laisse en savourer la teneur…

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Que dire de plus sinon que cet album est de toute beauté et qu’il est à offrir aux petits comme aux grands pour tout ce qu’il symbolise ?

Pour l’âge du lectorat, L’oiseau qui a avalé une étoile est à découvrir dès l’âge de 4 ou 5 ans. C’est une merveille, et on ne peut espérer qu’une chose, que le duo d’auteurs réitère une aussi belle réussite !