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Ces livres que je n’ai pas réussi à terminer #4

Parfois, pour de très diverses raisons, on n’arrive pas à terminer un livre… Trop dense, trop compliqué, écriture déplaisante, pas le bon moment aussi, cela arrive. On pose l’ouvrage et… parfois on ne le reprend jamais !

C’est ce qui m’est arrivé avec quelques rares ouvrages que je vais vous présenter, tout en essayant de vous dire pourquoi ça n’a pas fonctionné avec moi. Bien entendu, tout cela est extrêmement subjectif… Et si vous aussi vous n’avez pas réussit à accrocher sur certains ouvrages, n’hésitez pas à le dire en bas d’article !

Le soupir de l’immortel – Antoine Bueno – Pocket SF :

Présentation de l’éditeur : An 570 après Ford (2478 après J.C.). Une humanité pacifiée, uniformisée, des hommes/femmes bisexués et immortels, le monde est devenu une utopie réalisée. Si ce n’est qu’une humanité immortelle implique un contrôle drastique des naissances, la procréation naturelle n’est plus qu’une scorie du passé. Les enfants, un privilège rare et précieux. Donc cher. Un thème de campagne parfait pour Karl Carnap : la famille régénérée, offrir à tous la joie d’élever un enfant. Bientôt il sera PDG de la fédération mondiale. Mais une cellule familiale plus chaotique qu’elle ne s’en donne l’air, un complot politique machiavélique, une histoire d’amour impossible vont mettre à mal ses projets…

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

Le résumé était très accrocheur pour moi, et pourtant… Le roman commence dans une sorte de réalité augmentée ou créé de toutes pièces, mais on l’ignore avant plusieurs dizaines de pages. Cependant, cela n’enlève rien à l’horreur et à la saleté de ce que j’ai lu. Viol et inceste dès les premières pages, puis, viol collectif plusieurs pages après avec une scène à vomir tout particulièrement qui m’a fait me sentir très mal tant elle était immonde (et cela sur plusieurs pages !)…

Je me suis arrêtée très tôt dans le roman, au bout de 100 pages sur 670. Mais cette lecture était beaucoup trop difficile pour moi humainement parlant. Je n’ai même pas eu le temps de découvrir le côté politique et la partie science-fiction de l’ouvrage. La suite était peut-être moins violente, mais je ne le saurais jamais…

Pour avoir lu beaucoup de romans, je sais que je ne suis pas prude au point de ne pas pouvoir lire des scènes de sexe. Mais lire autant de violence et de gratuité en si peu de pages, c’en est trop.

Hobboes – Philippe Cavalier – J’ai Lu :

Présentation de l’éditeur : Ravagée par une supercrise, l’Amérique doute et vacille. Des millions d’exclus prient pour un avenir meilleur aux marges de ses villes. Des frontières du Canada à celles du Mexique, rumeurs et légendes s’échangent sur les routes. Parmi les hobboes, les vagabonds, on parle d’hommes doués de pouvoirs surnaturels et d’un guide promis à venger les humiliations des pauvres. On parle de révoltes et de NovAmerica, le monde d’après la prochaine révolution. On parle surtout d’un homme capable, à lui seul, de changer le destin de tout un peuple…

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

L’intrigue avait de quoi accrocher le lecteur potentiel, de même que la couverture réalisée par J’ai Lu, que j’ai trouvé très visuelle, très captivante. Mais l’attrait s’arrête là. L’écriture de Hobboes est pénible car remplie de lieux-communs, de personnages ultra-stéréotypés et peu crédibles…

J’aime les romans empli d’étrange et de surnaturel, mais Hobboes se repose tellement là-dessus qu’il en oublie de justifier certaines choses et de camper comme il se doit ses personnages. Peu d’affect pour les personnages, trop de mystères et de destins entremêlés… j’ai abandonné la lecture à la moitié du roman.

Écoutez nos défaites – Laurent Gaudé – Actes Sud :

Présentation de l’éditeur : Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées. Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste… Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

Moi qui adore Laurent Gaudé, cet homme qui a écrit le roman qui me marquera toute la vie (La mort du Roi Tsongor), j’ai été la première déçue en constatant que je peinais à lire son dernier livre…

Ce qui m’a le plus frappée et déstabilisée, c’est le fait que tout soit décousu, entremêlé, on ne sait pas toujours de qui et de quoi on parle et quand ça se passe. L’auteur a voulu juxtaposer plusieurs époques, plusieurs personnages, et l’effet est pour moi raté. On a du mal à suivre, on se perd, et à cause de cela, on n’apprécie plus l’écriture… Trop lourd et indigeste, impossible de suivre le fil de l’histoire.

Présenté comme l’un des romans de la rentrée littéraire 2016, je ne suis absolument pas d’accord. Laurent Gaudé nous a habitués à beaucoup mieux, et quand l’ouvrage coûte 20€, on est en droit d’en vouloir pour son argent… A ce prix là, quand on n’aime pas un roman, il y a de quoi se sentir floué…

L’affaire Sparsholt – Alan Hollinghurst – Albin Michel

Présentation de l’éditeur : En octobre 1940, David Sparsholt fait son entrée à Oxford. Athlète et rameur acharné, il semble d’abord ignorer la fascination qu’il exerce sur les autres – en particulier sur le solitaire et romantique Evert Dax, fils d’un célèbre romancier. Tandis que le Blitz fait rage à Londres, l’université d’Oxford apparaît comme un lieu hors du temps où les attirances secrètes s’expriment à la faveur de l’obscurité. Autour de David, des liens se tissent qui vont marquer les décennies à venir.

Pourquoi je n’ai pas continué la lecture :

J’adore les romans historiques, tout particulièrement quand ils viennent d’Angleterre. Ils ont une atmosphère surannée bienvenue. On s’y sent bien, comme dans un cocon. C’est en tout cas ce que je recherche dans des roman historiques anglo-saxons, et si le tout est dans une ambiance universitaire c’est encore mieux ! Mais ici, ça n’a pas pris malgré tous les signaux qui étaient au vert… Pourquoi ? Très certainement à cause de la lenteur du déroulé des événements… après plus d’une centaine de pages je m’ennuyais déjà ferme… Et je ne me voyais pas continuer dans cette voie… Tout est décrit avec force descriptions, chaque sentiment de chaque personnage y est disséqué, analysé jusqu’à en devenir un enjeu primordial. Mais chez moi, ça n’a pas fonctionné, beaucoup trop lent, on ne voit pas où veux nous emmener Alan Hollinghurst, d’autant que le sujet et les époques ne semblent guère varier chez cet auteur. On parle toujours d’homosexualité dans une Angleterre du début du XXème siècle, sujet très intéressant, mais dont Alan Hollinghurst semble ne jamais réussir à s’émanciper.  

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Chronique album jeunesse : Sisyphe – Le bousier qui en avait assez de rouler sa boule

Un très bel album documentaire pour découvrir l’intérêt primordial des bousiers pour nos campagnes !  

Lucca éditions est un tout petit éditeur qui voit les choses en grand. En effet, c’est ambitieux (et bienvenu) de parler d’écologie et de préservation de l’environnement aux enfants dès l’âge de 4/5 ans environ. Mais quand c’est fait avec talent, le tout accompagné d’illustrations graphiques de toute beauté, le message ne peut que passer ! L’histoire est écrite par Elisabeth Ludes, c’est son premier ouvrage destiné aux enfants. L’illustratrice, Mona Leu-Leu n’en est pas à son premier coup d’essai : elle a travaille régulièrement avec l’édition pour créer de nouvelles illustrations/designs.

Un bousier qui en a marre de que personne n’estime son travail à sa juste valeur…

Sisyphe est un bousier comme les autres : tous les jours, il forme des boules de bouse pour les transporter jusqu’à son terrier. Problème, personne ne se rend réellement compte à quel point son travail est indispensable pour le bien être de la communauté…

C’est ainsi que Sisyphe décide de faire grève, afin que chacun comprenne son importance au sein de la chaine… Il est petit, mais sa présence est vitale. Et à peine a-t-il cessé de travailler, que ça devient la catastrophe dans le pré…

Un album instructif et esthétique !

L’album possède des pages qui se déplie, ça donne une belle frise une fois déployé.

Parfait à lire aux enfants dès l’âge de 3/4 ans, Sisyphe est un album qui raconte une histoire intéressante, mais qui en plus fait office de documentaire. En effet, c’est l’utilité des bousiers que l’on découvre à travers cette histoire !

Moi-même, j’ignorais à quel point ce petit insecte était à ce point indispensable pour nos champs, nos récoltes, nos animaux. Sans le bousier, on marcherait littéralement dans les déjections.

Ils font un travail invisible mais vital pour la planète, et aucun autre animal ou insecte ne peux le faire à part eux… Dans cette histoire, des fourmis ou encore des taupes et des faucons s’y sont essayé, mais aucun n’a réussi à faire le travail de Sisyphe.

En somme, c’est l’album parfait pour initier de façon concrète les enfants aux sciences naturelles. Et pourquoi pas aller faire un tour dans un champ pour peut-être croiser ces insectes discrets et indispensables… ?

Chronique : Cherbourg

Une rade qui s’effondre suite une mystérieuse explosion et une flic un peu trop curieuse… que se passe-t-il dans le port de Cherbourg qui doive absolument être occulté par l’armée ?

Premier roman de l’auteur français Charles Daubas, Cherbourg est un ouvrage qui a du corps, et des personnages bien campés. Découverte d’un premier roman qui présage du meilleur pour la suite…

L’ effondrement brutal d’une construction symbolique…

La rade de Cherbourg est un monument qui a traversé les années, les guerres… mais qui n’a pas survécu à une explosion en juillet 2012. Avec pour seul témoin un adolescent de 15 ans, une flic va devoir faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé… Car il n’y a aucune trace d’explosif, ni disparition, contrairement à ce qu’affirme le jeune homme. Et quand on demande à l’enquêtrice de boucler son enquête pour laisser la place à l’armée, cette dernière décide de ne rien lâcher… quitte à sortir pas mal de choses enfouies…

Un bon premier roman

Rien ne me prédestinait à découvrir Cherbourg, mais j’ai eu envie – sur un coup de tête – de le découvrir. Il faut dire que l’ouvrage si lit rapidement avec ses presque 200 pages. Et le personnage principal qu’est l’enquêtrice Frédérique est pour le moins charismatique. Elle a beau être dans la merde jusqu’au cou, elle continue de persévérer. C’est une femme que l’on a envie de suivre et qui donne l’impression de réussir dans n’importe quelle situation d’adversité. Et pourtant… son enquête s’enlise et commence sérieusement à puer.

Car Cherbourg est une ville qui abrite un grand complexe militaire où l’on désosse notamment des sous-marins nucléaires. Autrement dit, dès que l’on touche de près ou de loin à l’Amirauté, on est certain de se griller. Et il semblerait bien que l’effondrement de la rade ait un lien avec l’armée…

Si vous aimez les bon romans mâtinés de suspense (à petite échelle, on est loin des machinations d’ordre mondial) où vous apprendrez des choses – notamment sur le nucléaire militaire – vous êtes au bon endroit. On y découvre les différents niveaux de secrets-défense, notamment le niveau Très Secret Diamant – fascinant. Ou encore comment sont faites les datation au Carbone 14, ou les dangers du tritium pour votre santé même si sa portée est très faible…

Ce mélange de policier entremêlé de vie quotidienne – car on suit en pointillés la vie de cette femme flic un peu indécise dans sa vie personnelle – est très bien mené. Mon seul regret, c’est la conclusion, qui m’a un peu déçue il faut l’avouer. Je m’attendais à quelque chose de plus retentissant, mais c’est plus dramatique et touchant.

Si vous êtes à la recherche d’un bon polar, Cherbourg ne vous sera pas nécessairement destiné. Cependant, si vous aimez les histoires qui vous tiennent et qui possèdent des personnages bien trempés, ce roman pourrait vous convaincre. Pour un premier ouvrage, je l’ai trouvé très bien. Je vous conseille donc de surveiller les prochaines parutions de Charles Daubas, il sait tenir son lecteur en mélangeant savamment les genres. Et surtout, on apprend beaucoup de choses diverses en le lisant, et c’est ce que je recherche dans une lecture !

EDITEUR :
TRANCHE d´ÂGE :

Chronique album jeunesse : Chouette !

Une toute nouvelle génération de livres animés arrive, et elle est fantastique !

Les éditions Albin Michel se lancent pleinement (et avec talent) dans le livre animé. Mais attention, on ne vous parle pas ici de flaps, de volets à soulever ou de matières à toucher diverses, mais d’un livre interactif qui nécessite l’ouvrage papier et… une tablette ! Il vous suffit de télécharger l’application Histoires Animées (gratuite, on la trouve sur Google Play ou l’App Store), et c’est parti ! Pour le moment, deux titres sont sortis en mai 2016 : Copain ? et Chouette ! Et à votre service, 150 animations visuelles et sonores, vous aurez donc de quoi faire !

Pour cet album magnifique, on découvre les illustrations de Léna Mazilu, elles sont belles, douces et colorées… ambiance magique assurée.

Une chouette… à lunettes !

Tout débute avec une toute petite, toute mignonne chouette. Elle se réveille et elle trouve près d’elle… une paire de lunettes ! A qui sont-elles donc ? Pour le découvrir, elle part à la rencontre des animaux de la forêt… Des chauves-souris, un hérisson, des lucioles, un ours… que de beau monde dans la forêt en pleine nuit !

Un livre magnifique et original sublimé par la réalité augmentée 

La collection des Histoires Animées signe un véritable renouveau dans le monde de la littérature jeunesse, et je pèse mes mots. Cette technologie existe depuis quelques années maintenant, mais jamais elle n’avait été aussi bien mise en application, il s’agit de la réalité augmentée. Les animations sont bien faites, parfaitement intégrées à l’histoire, de même, les bruitages sont également géniaux.

Présentation de la collection Histoires Animées par Les Mums.

On adorera passer ses doigts partout sur la tablette pour trouver toutes les animations et bruitages. Certaines sont évidentes, mais d’autres sont extrêmement bien camouflées, il faut donc avoir l’œil !

Enfin, pour ceux qui n’ont pas envie de lire l’ouvrage à haute voix, l’application peut également s’en charger ! Bref, tout est fait avec énergie. C’est bien pensé, joli, malin… on ne peut que tomber sous le charme de cet album dont les dessins sont magnifiques. Et voir les dessins prendre vie ne le rend que plus beau encore.

En bref, cet album est absolument magnifique. Ne passez pas à côté, je vous le conseille pour des enfants de 3 à 5 ans environ, mais en tant qu’adulte j’ai moi-même été émerveillée de découvrir une si belle alliance entre livre papier et technologie.

Espérons qu’Albin Michel développera cette collection, elle a tous les atouts pour fonctionner en librairie. Par ailleurs, je trouve le prix très correct pour le produit proposé, à savoir 15 euros. Alors, à quand de nouvelles histoires animées ?

Lecture de Chouette ! en réalité augmentée, c’est tout simplement magique…

Chronique : La fille de la supérette

Coup de cœur pour ce roman nippon charmant et atypique.

Premier roman de Sayaka Murata à paraître en France, La fille de la supérette est un roman court, mais charmant qui vient tout juste de paraitre aux éditions Folio. Il était auparavant sorti aux éditions Denoël sous le titre Konbini (nom des petits supermarchés ouverts 24h/24 et 7j/7 au Japon).

Une jeune femme en décalage profond avec la société

Keiko est employée dans le même konbini depuis 18 ans, et elle ne se voit changer de travail pour rien au monde. Mais sa famille et ses proches ne sont pas du tout du même avis… Là où tous ceux et celles de son âge ont trouvé mari ou femme et ont même des enfants, Keiko stagne dans l’univers rassurant et lumineux du konbini. La pression de son entourage peut-elle la faire changer pour qu’elle s’accomplisse enfin aux yeux des autres ?

Aussi beau que très mélancolique

J’ai beaucoup aimé ce roman atypique et pas nécessairement évident à proposer. Tout d’abord parce qu’il parle du Japon et des strates et codes complexes de cette société, mais pas seulement. En effet, Keiko est totalement inadaptée socialement, c’est peut-être pour cela d’ailleurs – paradoxalement – qu’elle est l’une des meilleures employée du magasin. Elle n’a jamais d’avis propre, mais agit constamment par mimétisme. Elle copie le ton de son patron ou de sa collègue, s’insurge quand ils le font, s’agace quand ils le sont… Mais jamais elle n’initie un comportement. De même, elle a apprit par cœur le manuel de l’employé du konbini et se considère comme un simple rouage plus que comme un individu à part entière… Elle a tellement peur que son « imposture » soit découverte qu’elle va jusqu’à regarder dans les casiers la marque des vêtements de ses collègues afin d’en acheter des similaires. Tout cela, encore une fois pour mieux rentrer dans le fameux moule.

« Mon organisme ainsi alimenté par les denrées de la supérette, il me semble faire partie des meubles, au même titre que les étagères de produits ou la machine à café ».

Couverture de la première version de La fille de la supérette paru sous le titre Konbini chez Denoël.

Keiko n’a jamais eu de petit ami, et cela pose problème à sa famille, qui craint de la voir finir vieille fille, sans descendance… Comme si c’était le pire scénario possible pour eux. Et c’est bien le cas, mais pour Keiko, cette situation est parfaite, elle ne demande rien à personne et veut continuer à être heureuse dans son petit konbini et son minuscule studio. Et c’est là que l’on découvre peu à peu jusqu’où Keiko est prête à aller pour qu’on la laisse tranquille…
C’est à la fois courageux et triste (vous découvrirez par vous-même), mais il faut se rendre compte de la pression qu’elle subit : tous les jours ou presque elle a des remarques sur son travail à temps partiel, son absence de mari ou d’enfants dans sa vie. Cela doit être pesant, surtout quand on s’aperçoit que cela rend sa famille très malheureuse… sa sœur va jusqu’à pleurer quand elle se rend compte que Keiko semble sans espoir à ce sujet.

Plus qu’un roman, La fille de la supérette est pour moi une critique de la société (et pas uniquement nippone) qui nous impose ses carcans. Quand une femme a passé la trentaine et qu’elle n’est pas en couple, c’est forcément qu’il y a un problème. Non. Cela peut être un souhait même si il n’est pas majoritaire dans notre société. Quelle que soit l’époque, cela a d’ailleurs toujours été mal vu…
Pour moi, c’est un roman sur la résilience, la différence et le fait de l’assumer, ou non.

A la fois tendre, touchant et très mélancolique (comme les japonais savent faire), ce roman atypique vous touchera en plein cœur. Je l’avoue, j’aurais moi aussi voulu rester plus longtemps dans l’ambiance chaleureuse et bruyante du petit konbini de Keiko… C’était un peu trop court, mais tout a été dit dedans, il ne servait à rien de rallonger l’histoire.
Je vous conseille donc avec plaisir cet ouvrage atypique et attachant, comme l’est le personnage décalé de Sayaka Murata (qui elle aussi a travaillé longtemps dans un konbini !).

Chronique jeunesse : Mimi et le dragon des montagnes

Une histoire d’amitié autour du thème des dragons pour les enfants dès l’âge de six ans environ.

Michael Morpurgo est un auteur britannique à l’œuvre très large. Nombre de ses romans sont prescrits dans les écoles anglaises et françaises. Parmi ses très nombreux romans, on peut citer : Le royaume de Kensuké, Le roi Arthur, Cheval de guerre (dont il y a eu une adaptation cinématographique)…

Avec Mimi et le dragon des montagnes (paru chez Gallimard Jeunesse), l’auteur nous offre un petit conte de son cru à lire aux enfants qui savent lire… ou non !

L’histoire d’une amitié inattendue

Mimi est une jeune fille qui vit dans un petit village tout ce qu’il y a de plus calme. Attention toutefois à la terrible dragonne qui vit en haut de la montagne ! Elle est aussi dangereuse que terrible, et il serait totalement suicidaire d’aller la déranger…

Mais quand Mimi découvre dans l’étable de sa ferme un bébé dragon endormi, elle décide immédiatement de le ramener à se maman, au risque d’encourir son terrible courroux !

Mignon, parfait pour les enfants qui souhaitent une petite histoire de dragons

L’histoire de Mimi et du dragonnent qu’elle découvre est très courte, elle peut se lire en une nuit ou deux pour les parents qui souhaiteraient en faire la lecture à haute voix. Sinon, des enfants de CE2 pourront s’y essayer sans aide.

Dans son traitement, l’histoire étant courte, il n’y a guère de développement. C’est aussi simple qu’efficace. Les illustrations d’Helen Stephens sont adorables, en particulier quand on voit le dragonnet recroquevillé en train de dormir !

En somme, c’est une histoire, mignonne. Pas certaine qu’elle soit mémorable, mais on passe un agréable moment de lecture. C’est un bon mélange entre fantastique et aventure !

Actualité éditoriale : Lancement du phénomène Violette Hurlevent et le Jardin sauvage

Les éditions Sarbacane ont du nez. Du flair. De l’intuition. Et encore une fois, à ne pas en douter, Violette Hurlevent sera leur nouveau bébé phénomène… zoom sur ce futur classique de la littérature jeunesse française !

Violette Hurlevent dans les locaux de Sarbacane

Mais qu’est-ce donc que ce gros pavé intitulé Violette Hurlenvent et le jardin sauvage ? A quel tranche d’âge s’adresse-t-il ? Alors… il s’agit d’un roman en forme de fable qui ne manque pas de poésie et d’onirisme… Violette est une jeune demoiselle qui vit avec sa maman, et quand elle découvre pour la première fois le Jardin sauvage accolé à la maison, c’est tout un univers hors du temps qui s’ouvre à elle. Avec ses mythes, ses croyances, et ses très étranges créatures… Et surtout : son chien Pavel peut lui parler dans cet étrange lieu ! Pour ce qui est de l’âge, on peut dire que l’ouvrage s’adresse aux enfants dès l’âge de 10 ans.

Pour lire la chronique complète de l’ouvrage, c’est ici !

Beaucoup de plantes vertes dans les bureaux de Sarbacane pour le lancement du livre !

Personnellement, j’ai eu la chance de recevoir des épreuves (texte complet ou en partie d’une œuvre à paraître, pas encore corrigée à destination des libraires et de la presse) de la première moitié du livre… Et c’était déjà drôlement bien. Alors, quand j’ai reçu une invitation à la soirée de lancement de cet OVNI littéraire, j’ai foncé sur l’occasion.

C’est ainsi que j’ai pu rencontrer les auteurs : Paul Martin, celui qui tient la plume, et Jean-Baptiste Bourgois, celui qui tient l’autre plume (car il dessine tout au stylo plume – tenu presque à l’envers pour garder un trait fin – c’est extraordinaire de le voir faire).

J-B Bourgois en train de réaliser un dessin sur mon exemplaire de Violette Hurlevent (avec nos deux personnages préférés : Lewice et Pavel !

Il y a une particularité très intéressante concernant la création de cette œuvre : les illustrations existaient bien avant le texte. Ainsi, ce sont les illustrations qui ont servi de ciment à l’histoire et non pas l’inverse. C’est assez rare pour être souligné.

Lors de cette soirée spéciale, on a pu feuilleter tous les carnets contenant les croquis préparatoires (on aurait dit les dessins finaux tant ils étaient détaillés !). Et ce sont des objets de toute beauté. Vous trouverez ci-dessous quelques photos de l’intérieur de ces fameux carnets. Il y avait tant de pages que je n’ai pas pu tout prendre, mais je tenais à ce que vous admiriez ce travail de fourmi…

Ainsi, voici comment est né Violette Hurlevent. Vous en apprendrez très bientôt plus sur ce roman hors du commun au travers d’une chronique complète et d’une interview croisée avec l’auteur et l’illustrateur. En attendant… voici la galerie des images !

Pour lire la chronique complète de l’ouvrage, c’est ici !

On dirait des êtres sylvains un peu biscornus <3

Chronique : Où sont les filles ?

Et si TOUTES les filles de la terre avaient disparu ?

Écrit par Claire Renaud (à qui l’ont doit quantité d’ouvrages pour la jeunesse) et illustré par Églantine Ceulemans (qui avait déjà génialement illustré Carambol’Ange ou encore Rufus le fantôme !), voici un pépix paru en début d’année 2018.

Un postulat simple, mais terrible

Suite à un souhait lancé à la cantonade qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, la jeune Ondine se retrouve à être la SEULE ET UNIQUE fille au monde. Sa mère est devenue son père, sa sœur, un frère, etc.

Ils ont tous exactement la même personnalité qu’avant ce terrible sort, mais elles sont toutes devenues des garçons. Et dans l’école d’Ondine, même problème ! Si elle ne fait rien, elle risque bien de se retrouver bloquée dans un monde peuplé uniquement de garçons…

Une lecture agréable et drôle

Dans le genre original, dynamique et non dénué d’humour, ce roman-ci se pose bien. L’idée de base est très bien trouvée et nous offre une histoire originale comme les 7/9 ans en liront peu. Bien que les motivations du méchant de l’histoire soient un peu trop nébuleuses, on passera un agréable moment de lecture. De plus, les illustrations de Clémentine Ceulemans accolées au texte font merveille. On est parfaitement dans l’esprit, elle a une façon de dessiner très douce et à la fois vivante. 

Ainsi, c’est un bon roman jeunesse qu’il nous est donné de lire ici. Certainement pas le meilleur Pépix, mais il suffira amplement à faire son office : distraire et faire rire ses jeunes lecteurs au travers d’une histoire efficace. Dès 9 ans. 

Chronique : Zodiaque – Tome 2 – L’étoile vagabonde

Suite d’une saga qui avait su me captiver ! L’univers de Zodiaque s’épaissit… de même que ses nombreux secrets…

L’étoile vagabonde est le second tome de la série Zodiaque, paru en avril 2016 chez Michel Lafon. Nous y suivons toujours l’histoire de Rhoma qui nous a laissé avec énormément de questions à la fin du premier tome…

Comment trouver la force de continuer ?

A la fin du premier tome de Zodiaque, nous laissions Rhoma en état de choc, et sans but. Elle a perdu des personnes qu’elle aime, mais surtout la confiance de ceux qui croyaient en elle à travers tout le Zodiaque. Comme se remettre d’une suite de chocs pareils ? Quel but poursuivre quand on a tout perdu ou presque ?

Une suite plus lente en rythme, mais toujours intéressante

Après l’écriture d’un premier tome aussi dense que l’était Zodiaque, l’écriture d’une suite est toujours un exercice délicat. Et Romina Russell s’en sort assez bien étant donné la situation dans laquelle elle laissait son héroïne…

Sans en dire plus, sachez que l’auteure a réussi à rebondir assez efficacement pour continuer à garder Rhoma dans la course, tout en créant de nouveaux enjeux et statuts pour ses nombreux personnages…

Seul défaut, on se lasse légèrement de l’univers que l’on a découvert avec tant d’intérêt dans le premier tome. En effet, Rhoma continue sa « tournée » des planètes composant le Zodiaque pour les prévenir de la menace que représente Ophiuchus. Mais la mécanique utilisée dans le premier tome s’essouffle un peu dans le second, c’est qui est tout à fait normal.

C’est donc un petit passage à vide que l’on croise dans le milieu de ce tome, mais la dernière partie du roman rattrape le tout en redynamisant l’intrigue. Beaucoup de complots à mettre à jour, d’amitiés à créer, d’ambassadeurs à convaincre et de vies à sauver… Les enjeux sont toujours aussi grands pour Rhoma, mais comme toujours, elle sait tenir son rôle avec courage et pugnacité.

Et les rapprochements entre Rhoma et Hysan se concrétisent parfaitement à mon goût ! Mais chut… vous ne saurez rien de plus. Non, n’insistez pas. Mais moi qui suit peu attachée à la romance dans une histoire, j’ai adoré et j’ai encore envie de voir leur relation évoluer !

L’intrigue avance donc, même si c’est parfois un peu long à mon goût. L’histoire de Zodiaque reste toutefois assez intéressante pour vouloir continuer la saga. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir et de mystères à sortir de l’ombre… Une chose est certaine, je lirais la saga jusqu’au dernier tome !

La couverture anglaise du second tome de la saga Zodiaque.

Chronique : Le Collectionneur

Un tueur en série à la marotte bien particulière : il collectionne les ossements malformés…

Vous avez envie d’un bon gros polar qui vous tiens en haleine ? Avec un criminel retord/flippant ? Le Collectionneur pourrait bien être votre prochaine lecture en ce cas…

L’ouvrage est paru en octobre 2018, aux éditions Slatkine & Cie, il est écrit par l’autrice anglaise Fiona Cummins, dont c’est le premier roman en France. Et tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il y en ai d’autres à venir…

Les squelettes d’enfants malformés… une passion pour le collectionneur

Quand on a un enfant atteint d’une dysplasie osseuse progressive (aussi appelée maladie de l’homme de pierre), tout ce qui inquiète, c’est le temps qu’il lui reste à vivre. La maladie progresse, par poussées. Le moindre coup, ou choc peut entraîner une excroissance osseuse en quelques heures à peine… La durée de vie de ces malades est d’une trentaine d’années tout au plus.

Dans ces conditions, difficile pour Lilith et Erdman d’être sereins quant à leur fils, Jakey. Tout lui est interdit : courir, faire du vélo, aller à la récréation. Le moindre petit choc étant prohibé de sa vie, il ne peux rien faire. Et forcément, à presque 7 ans, il n’a qu’une envie, avoir une vie normale et profiter comme tous les enfants de son âge.

Mais, un danger plus terrible encore que la maladie rôde. Un tueur qui amasse les os déformées par la maladie depuis des décennies : le collectionneur. Et il attend son heure pour enfin ajouter les os du jeune Jakey et en faire la clé de voute de sa macabre collection… Et il se pourrait bien que la famille de Jakey ne soit pas la seule à devoir s’inquiéter… et c’est ainsi qu’à lieu la disparition de la jeune Clara Foyle.

Couverture de la version anglaise du premier tome du Collectionneur.

Un polar immersif et glauque comme on aime

Si vous êtes fan de polar assez sombre, celui-ci pourrait combler vos attentes. Narration hachée, chapitres courts qui font que l’on dévore le livre plutôt qu’on ne le lit, Le Collectionneur a toutes les qualités du bon polar. Le portrait de ces familles usées par la maladie de leur enfant est extrêmement bien dépeint. Et encore plus, quand Le collectionneur jette son dévolu sur eux et leurs enfants !

Le côté vraiment intéressant de ce roman, c’est que l’on voit que le malheur peut toucher tout type de familles. De la plus désœuvrée à la plus aisée. En effet, la famille de Jakey a du mal à joindre les deux bouts, en particulier à cause des coups de sang d’Erdman, et de son caractère de cochon. Du côté de la famille de la petite Clara, les Foyle sont des gens respectés et respectables dont le mari est médecin. Ils vivent très confortablement, mais cela ne suffit pas face au chagrin, quel que soit le montant de son compte en banque…

Fiona Cummins réussit ainsi à nous dépeindre deux familles totalement différentes, toutes deux très faillibles mais extrêmement humaines. Difficile de les détester (même la mère de Clara Foyle a un côté touchant, même si il faut chercher longtemps) malgré certains travers déplaisants.

En parallèle, nous voyons très peu le fameux Collectionneur… c’est peut-être justement pour qu’on en ai le plus peur possible… Mais très peu de chapitres lui sont consacrés, et ils font à chaque fois froid dans le dos. Cette fascination malsaine pour les « objets osseux rares » est terrible, mais on en vient à être fascinés nous aussi… En cela, c’est très bien travaillé.

Pour ce qui est de l’enquête qui avance au fil des pages, on est tout de suite en immersion ! L’enquêtrice qui gère le dossier est aussi charismatique que cabossée par la vie. Elle ne vit que pour son travail, quitte à délaisser tout le reste… C’est un personnage que j’aimerais beaucoup revoir car elle a un passé intéressant qui lui donne de l’épaisseur.

Ainsi, sans vous dévoiler la conclusion de ce roman, sachez que Le Collectionneur est un très bon polar. Pour ceux qui aiment être pris par une intrigue, c’est parfait. Et les quelques 500 pages qui le constituent se lisent très (trop) rapidement ! Alors, à quand un autre roman de Fiona Cummins ?

Les dégâts causés par une fibrodysplasie ossifiante progressive.

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